Interview de M. Pierre Moscovici, ministre de l'économie et des finances, à "RMC" le 10 septembre 2013, sur l'initiative russe sur la Syrie, sur les orientations budgétaires pour 2014.

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Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN
Initiative russe sur la Syrie, bonne porte de sortie pour Barack OBAMA et François HOLLANDE ?
PIERRE MOSCOVICI
Ce n’est pas à moi, qu’il appartient de commenter ça, je ne suis pas en charge du dossier. Il y a le ministre des affaires étrangères, le ministre de la Défense, tout ça c’est de la responsabilité du président de la République, avec le concours du Premier ministre. Mais vous savez, moi, ce qui me frappe dans cette affaire-là, j’étais avec François HOLLANDE au G20, il y a quelques jours.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C’est pour ça que je vous pose la question.
PIERRE MOSCOVICI
Et je le sens très serein, très déterminé, tout simplement parce que sa position, elle est assise sur des faits, il y a eu un massacre par arme chimique de population civile, dans des quartiers qui sont des quartiers de l’opposition et donc ça prouve la responsabilité du régime. Sur des principes très importants, c'est-à-dire l’humanité tout simplement, et puis enfin sur le droit. C'est-à-dire l’interdiction de ce type d’arme chimique, depuis très longtemps, c’est une convention qui date des années 20. Là, il y a une initiative qui est prise par les Russes, j’observe les réactions ici et là, en toute hypothèse, il faudra sans doute des engagements précis. On sait qu’on…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, pour démanteler l’arme chimique, il va falloir 10-15 ou 20 ans.
PIERRE MOSCOVICI
Il y a un régime qui tout de même n’a pas démontré sa fiabilité. Et donc nous verrons quelle est la réaction des autorités françaises…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc prudence !
PIERRE MOSCOVICI
Mais ce que je veux dire par ailleurs, c’est que si c’était une avancée, ça prouverait que ce type d’avancée ne peut être conquis que par la fermeté, et c’est parce qu’il y a fermeté qu’il y a innovation. Ce n’est pas l’innovation qui doit désarmer la fermeté. Et donc bon, nous verrons quelle est la réaction du président et des autorités françaises. Mais encore une fois, la position française est une position très forte et c’est une position qui n’est nullement isolée. Parce qu’encore une fois, les faits, les principes, le droit, sont du côté de ceux qui disent ça ne peut pas durer et d’ailleurs je note que le secrétaire général des Nations Unies lui-même, avait parlé s’agissant de ce massacre de crime donc l’humanité. On ne peut pas rester insensible à ça. Il faut toujours réfléchir à ce qui se passe, on dit voilà l’intervention c’est dangereux, mais au danger de la non-intervention au signal que ça donne à ce type de régime et sur l’ensemble de la planète.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pierre MOSCOVICI, le budget est prêt. Le budget 2014 ?
PIERRE MOSCOVICI
Le budget est prêt oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il est prêt !
PIERRE MOSCOVICI
Il est prêt !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Déficit fin 2013 ? Je vais entrer dans le budget…
PIERRE MOSCOVICI
Oui, je me doute que vous allez entrer dans le budget, mais moi, je vais vous dire une chose…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y !
PIERRE MOSCOVICI
C’est qu’un budget, je lis la presse tous les jours, ça ne se débite pas en tranche. Ce n’est pas une information…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c’est global.
PIERRE MOSCOVICI
C’est global et c’est un sens. Et le sens, c’est celui d’une politique économique qui vise un objectif, c’est le retour de la croissance et c’est le retour de l’emploi. Le budget 2014, je veux le dire ici…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il est construit.
PIERRE MOSCOVICI
Il est construit autour de cet objectif de croissance et d’emploi. Pourquoi ça ? Parce que nous sortons de 5 années qui sont des années de crise, il y a eu un rebond de l’activité au deuxième trimestre, on l’a vu, avec une croissance de 0,5 % qui a surpris tout le monde, qui a surpris les instituts de conjoncture, qui a surpris les politiques, qui m’a surpris, moi-même. Et qui montre la très grande résistance, résilience de l’économie française et qui montre aussi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et croissance à la fin de l’année, vous pensez sur l’année 2013 ?
PIERRE MOSCOVICI
Alors si vous voulez, là, sur ce sujet-là, il y a ce que l’on appelle un acquis de croissance de 0,1 % à partir des deux premiers trimestres. Je m’explique. Si les deux trimestres consécutifs qui nous restent, 3ème et 4ème est à 0 %, ça ferait 0,1. Moi, j’attends avec prudence, toujours, les prochains résultats des deux trimestres qui restent…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et les indices et les indices ?
PIERRE MOSCOVICI
Mais je note quand même que la BANQUE DE FRANCE a réévalué ses prévisions de croissance à 0,2 %. Que l’OCDE qui nous disait : la France fera moins 0,3 en 2013, nous dit maintenant, la France fera plus 0,3. Qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous pensez qu’on fera plus de 0, qu’on fera 0,2, 0,3 ?
PIERRE MOSCOVICI
Ecoutez, je ne veux pas donner, je vais donner des chiffres dans les tous prochains jours, parce que de toute façon, je dois les adresser avec Bernard CAZENEUVE à ce qu’on appelle le Haut Conseil des Finances Publiques.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien sûr !
PIERRE MOSCOVICI
Donc je tiendrais une conférence de presse demain…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Apparemment, c’est la tendance.
PIERRE MOSCOVICI
Mais 0,1 est un minimum.
JEAN-JACQUES BOURDIN
0,1 est un minimum.
PIERRE MOSCOVICI
Et à partir de ce moment-là, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que la France à qui on promettait la récession est en train de rebondir, et encore une fois…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Doucement, mais en train de rebondir.
PIERRE MOSCOVICI
Oui, doucement, mais il faut consolider ça. Et la politique économique du gouvernement, c’est une politique de compétitivité, d’investissement, d’innovation, qui est faite pour la croissance et pour l’emploi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors on va entrer dans le détail, déficit fin 2013, on sera à combien ?
PIERRE MOSCOVICI
Là, encore, je ne veux pas vous donner les chiffres, pardonnez-moi, parce que je le donnerai au Conseil. Mais ce que je veux dire, c’est que nous avons fait un choix en 2013, qui était de laisser jouer ce que l’on appelle les stabilisateurs automatiques. Autrement dit, toujours pareil, la croissance, la croissance, la croissance. Si nous avions…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Fin 2013, nous serons à combien environ ?
PIERRE MOSCOVICI
Ecoutez, nous serons, on verra !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais nous serons, on verra ! Ça, ça ne va pas ça ?
PIERRE MOSCOVICI
Non, je ne peux pas, non comprenez-le, vous donner de chiffres.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Autour de combien, et fin 2014, nous serons à quoi ? A combien ?
PIERRE MOSCOVICI
Je suis très résistant à la torture, je vais vous donner deux indicateurs. Quand je dis, ça c’est important, que nous avons laissé jouer les stabilisateurs automatiques, ça veut dire que nous n’avons pas souhaité ajouter un plan quelconque de rigueur, à une situation qui était une situation de faible croissance. Autrement dit, le déficit public sera légèrement supérieur à ce qui était attendu, et je rappelle que les prévisions de la Commission étaient à 3,7 ou 3,9.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On sera à plus de 4 ?
PIERRE MOSCOVICI
Je ne donne pas le chiffre, je dis simplement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Supérieur à 3,7 ? Si vous l’avez dit ?
PIERRE MOSCOVICI
Non, je dis juste que nous n’avons pas souhaité ajouter la rigueur, l’austérité, à la stagnation…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc le déficit sera supérieur à 3,7, Pierre MOSCOVICI ?
PIERRE MOSCOVICI
Mais ce déficit, oui, mais ce déficit je veux dire aussi qu’il est maîtrisé, si vous prenez d’ailleurs les chiffres de l’exécution budgétaire en juillet, vous aurez remarqué qu’ils sont nettement meilleurs que ceux de juillet 2012. Et d’ailleurs je vais ajouter une chose qui est très importante, c’est que la dépense publique elle est tenue. Deuxième chose, puisque vous m’interrogez sur 2014, là, nous avons des engagements à l’égard de l’Union européenne, je rappelle que….
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c’est pour ça que je vous pose la question.
PIERRE MOSCOVICI
Je rappelle deux choses. Que la Commission européenne nous a donné un délai de deux ans, pour revenir en deçà de 3 % des déficits publics. Et nous serons sur ce rythme. C'est-à-dire que le déficit public va baisser en 2014, par rapport à 2013 et sur une trajectoire qui nous permettra d’être en deçà de 3 % en 2015. Et la deuxième chose, c’est que ce qui compte et c’est majeur, c’est ce que l’on appelle le déficit structurel, autrement dit, contrôle de la dépense publique. De ce point de vue-là, la France je sais que nous devons échanger avec le Haut Conseil des Finances Publiques, nous devons échanger avec la Commission européenne. La France tiendra là aussi ses objectifs en matière de déficit public. Bref, ce que je veux vous dire, c’est que nous avoir une France à la fois bien gérée, une France économe, des déficits structurels qui sont maîtrisés d’abord par la baisse des dépenses publiques et pas par les prélèvements obligatoires. Et que nous souhaitons soutenir…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Même si nous battons des records en matière de prélèvements obligatoires.
PIERRE MOSCOVICI
C’est bien la raison pour laquelle nous souhaitons les maîtriser. Et donc la France est sérieuse et dynamique. Le budget est sérieux et dynamique, c’est un budget de croissance et de l’emploi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors Pierre MOSCOVICI, entrons dans ce budget. D’abord, j’ai une question finalement personnelle à vous poser. Est-ce que cette année, vous avez payé plus d’impôt que l’année dernière, vous ?
PIERRE MOSCOVICI
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que l’année prochaine vous payerez plus d’impôts que cette année ?
PIERRE MOSCOVICI
Alors attendez, oui, probablement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous payerez plus d’impôt ?
PIERRE MOSCOVICI
Non, je ne sais pas sur quelle année parce que, ce qui s’est passé, c’est que j’ai changé de situation, vous l’avez remarqué, à la mi-2012, donc oui, je payerai plus d’impôts.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que les Français ont payé plus d’impôts cette année, et les Français payeront plus d’impôts l’année prochaine ?
PIERRE MOSCOVICI
Alors puisque vous m’interrogez là-dessus, de quoi s’agit-il ? Quand la droite était aux responsabilités, elle a ce que l’on appelle gelé les rémunérations, plutôt l’index de l’impôt sur le revenu. Nous, nous avons décidé, nous l’avons maintenu l’an dernier, ce gel, nous avons décidé cette année, de réindexer le barème de l’impôt sur le revenu. Ce qui veut dire qu’en réalité, nous sommes dans une neutralité en 2014 par rapport à 2013, avec aussi des effets qui sont des effets redistributifs ou progressifs, puisque vous savez que nous avons créé une tranche à 45 %. Les effets sur l’impôt sur le revenu en 2014, ces effets-là ne seront ne rien négatifs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors on va voir, je reprends tout ce qui a été déclaré sur les impôts. Février 2013, François HOLLANDE 6 milliards de recettes à trouver pour 2014. Mars 2013, François HOLLANDE, en dehors de la TVA aucune autre augmentation d’impôts en 2014. Avril 2013, vous-même, les prélèvements augmenteront bien en 2013. Mai 2013, François HOLLANDE l’idéal serait de ne pas augmenter les impôts. Juillet 2013, François HOLLANDE dans l’idéal le moins possible. Août 2013, François HOLLANDE, le temps est venu de faire une pause fiscale et puis catastrophe, septembre 2013, beaucoup moins de nouveaux impôts que prévus en 2014. Donc quand même plus d’impôts en 2014 ?
PIERRE MOSCOVICI
Alors reprenons les choses. Il y a une volonté de notre part, qui est…
JEAN-JACQUES BOURDIN
De faire de la communication ? Oui, ça vous êtes très bon.
PIERRE MOSCOVICI
Non, de stabiliser les prélèvements obligatoires. Parce que la France a vu en effet, son taux de prélèvement obligatoire augmenter de façon importante au cours des dernières années. Petit retour en arrière tout de même, nous arrivons aux responsabilités, moi, j’arrive à Bercy en mai 2012. La France a un déficit de 5,5 % du PIB. Nous sommes totalement hors des clous. Et si nous ne sommes pas capables…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous sommes à 4, un peu plus de 4 à la fin de l’année.
PIERRE MOSCOVICI
Si nous ne revenons pas dans les clous, que se passe-t-il ? Notre signature est dégradée, c'est-à-dire que les taux d’intérêt commencent à augmenter, et donc nous menons une politique sérieuse. La première année, a été une année d’efforts, avec un effort structurel, la réduction des déficits structurels comme la France n’en a jamais connu, avec un partage, qui n’a jamais été caché, deux tiers de prélèvements, un tiers d’économie. Nous avons décidé et ça, ce n’est pas de la communication, c’est de la réalité d’inverser totalement ce partage et au-delà. Il y aura plus de deux tiers d’économie cette année. Il y aura en en réalité trois quarts…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans le budget 2014.
PIERRE MOSCOVICI
Ce qui veut dire, que compte tenu du fait que la Commission nous a donné ces deux ans, vous vous en souvenez, je l’ai dit tout à l’heure. Compte tenu du fait aussi que la croissance, est en train de reprendre, parce que ce sont des paramètres qu’il faut prendre en compte. Nous avons décidé de faire moins, substantiellement moins, que les 6 milliards qui étaient prévus d’emblée. Ces 6 milliards, ils ne sortent pas de rien, ce n’est pas 6 milliards, c’est 0,3 point de PIB. Ils ont été ceux-là…il y aura beaucoup moins, ceux-là ont été…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Beaucoup moins, c'est-à-dire quoi ? 2-3 milliards ?
PIERRE MOSCOVICI
Attendez la présentation du PLF, parce qu’encore une fois, je ne veux pas le débiter en tranches. Mais il y aura une quasi-stabilité des prélèvements obligatoires en 2014 et ça, si vous voulez, c’est le résultat de nos travaux de l’été, des arbitrages que nous avons fait, pour quoi faire ? Pour que les Français comprennent bien que l’effort, il se fait désormais par des économies de dépenses publiques, c’est ça l’effort, la grande pente de l’effort et que les prélèvements obligatoires doivent être stabilisés, pourquoi ? Pour que les Français ressentent cette pause fiscale qu’a annoncé François HOLLANDE. Et s’agissant de la TVA, c’est en effet la hausse générale d’impôt pour les ménages voilà !
JEAN-JACQUES BOURDIN
La seule ? La seule ?
PIERRE MOSCOVICI
Hausse générale d’impôt pour les ménages.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce qu’il y en a d’autres ?
PIERRE MOSCOVICI
Il y a toujours des mouvements.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a des mouvements oui.
PIERRE MOSCOVICI
Sur 2014, vous ne connaissez pas le PLF, Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais vous poser des questions, puisque je ne connais pas. Question précise.
PIERRE MOSCOVICI
Oui, je ne suis pas à « Questions pour un champion ! »
JEAN-JACQUES BOURDIN
Question précise, ce n’est pas un champion, c’est question pour informer les téléspectateurs et les auditeurs. Hausse des cotisations retraites, compensé pour les entreprises, vous êtes d’accord ?
PIERRE MOSCOVICI
Bien sûr ! C’est moi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Compensée pour les salariés ou pas ?
PIERRE MOSCOVICI
Alors attendez ! Non, là, je crois qu’on prend une mauvaise pense…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C’est ce que demande la CFDT. Monsieur Laurent BERGER dit…
PIERRE MOSCOVICI
Mais je ne procderai pas comme ça, Jean-Jacques BOURDIN. Je vous le dis, avec beaucoup de fermeté, de courtoisie aussi, parce qu’encore une fois, une politique c’est un tout. Ce n’est pas quelque chose que l’on débite en tranches. Alors si vous m’interrogez sur ce point-là, je vais vous expliquer quelle est la logique. La logique, elle est simple, c’est que nous avons décidé dans ce pays…
JEAN-JACQUES BOURDIN
De favoriser les entreprises aux dépens des ménages dans le budget 2014 ? Non, ou pas ?
PIERRE MOSCOVICI
Je suis en total désaccord avec ce point de vue. Et je vais vous expliquer pourquoi. L’idée qu’il y a une fiscalité entreprise et une fiscalité ménage est une idée trop simple. Je prends un exemple, quand vous baissez le coût du travail, qu’est-ce que vous faites ? Quand vous avez une fiscalité favorable au travail, qu’est-ce que vous faites ? Vous créez de l’emploi dans le pays, vous permettez aux entreprises de créer de l’emploi. Dès lors vous créez aussi, de la masse salariale, et donc ce qui compte, c’est ce que l’on appelle l’incidence fiscale à la fin. Je trouve que cette opposition est une opposition simpliste. Et donc qu’est-ce que nous avons voulu faire ? Nous avons voulu depuis le début de ce quinquennat, mener une politique de compétitivité. Souvenez-vous que nous avons commandé un rapport, à un très grand industriel qui s’appelle Louis GALLOIS. Que nous avons décidé la création d’un Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi, qui représentera une baisse des charges considérables…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour les entreprises.
PIERRE MOSCOVICI
Pour les entreprises oui, mais pour embaucher, pour investir, parce que c’est comme ça que l’économie française repartira et nous n’avons pas souhaité au moment du financement des retraites, reprendre ça sur le coût du travail. Ce qui ne veut pas dire que pour le reste, il n’y aura pas d’autres mouvements.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors pour les ménages, hausse de la TVA, baisse du plafond du quotient familial, hausse des cotisations retraites, et hausse aussi des complémentaires, des cotisations complémentaires, niches fiscales rabotées, ça existe ça…
PIERRE MOSCOVICI
Tout ça à la fin, Jean-Jacques BOURDIN. Les niches fiscales rabotées ce ne sont pas les impôts. Ecoutez, franchement, les niches fiscales dans ce pays, c’est 70 milliards d’euros.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y en a trop ?
PIERRE MOSCOVICI
Ça fait très longtemps que tout le monde dit, qu’il faut en faire un inventaire, qu’il faut revenir dessus, et comme l’a dit Bernard CAZENEUVE et il a raison, c’est tout de même mieux que d’augmenter les impôts. Et donc encore une fois, moi, je ne veux pas faire cet espèce de salami, le budget sera présenté…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il ne s’agit pas faire de salami…
PIERRE MOSCOVICI
Si, je vous assure. Je vais vous dire pourquoi ? Parce que comme vous ne connaissez pas la globalité, c’est normal, il n’a pas été présenté. On commente un impôt, puis un impôt, puis un impôt ou un projet d’impôt alors qu’en réalité, on ne voit rien de ce qui est…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C’est des informations que l’on voit ici ou là, sont de bonnes informations Pierre MOSCOVICI. Quand on nous dit par exemple, vous le savez bien, quand on nous dit qu’un chèque sera adressé ou un crédit d’impôt plus modeste pour compenser la hausse du prix de l’électricité, de l’énergie, vous savez bien que c’est vrai, Pierre MOSCOVICI ?
PIERRE MOSCOVICI
Non, écoutez, je sais ce qui est vrai ou pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C’est vrai ou c’est faux d’ailleurs ?
PIERRE MOSCOVICI
Non, écoutez encore une fois non, mais vous pouvez me torturer comme vous voulez. Jean-Jacques BOURDIN ce n’est pas la bonne…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C’est vrai ou c’est faux ?
PIERRE MOSCOVICI
Ce n’est pas la bonne façon de regarder un budget. Je vous assure, qu’encore une fois, vous devez regarder ce qui est plus ce qui est moins et surtout ce qu’est la globalité. Et moi, je le répète, encore une fois, ce budget est un budget de croissance, ce budget est un budget d’emploi. Ce budget est un budget qui fait la quasi-stabilité des prélèvements obligatoires pour la première fois, depuis des années. C’est un budget qui permet aux entreprises d’investir. C’est un budget qui aussi, est un budget qui permet l’emploi, donc le pouvoir d’achat. Il y aura également d’ailleurs des mesures pour le pouvoir d’achat. Et si vous parlez par exemple de niches fiscales…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Réindexation de la prime pour l’emploi ? Réindexation…
PIERRE MOSCOVICI
C’est une possibilité, elle est sur la table, il y en a d’autres.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous y êtes favorable ?
PIERRE MOSCOVICI
Encore une fois, moi, je réserve mes positions dans les arbitrages budgétaires, là, où ça se déroule.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J’attendais le mot.
PIERRE MOSCOVICI
Mais encore une fois, il y aura des mesures pour le pouvoir d’achat et donc nous pensons à ça. Je vais prendre un autre exemple. On a parlé, vous savez, de certaines niches fiscales pour les étudiants, il y aura une augmentation forte, des bourses pour les étudiants, des couches populaires et des classes moyennes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça a été annoncé oui. Les augmentations, tout ce qui est bon on l’annonce et tout ce qui n’est pas très bon pour les ménages, qui augmentent les impôts on ne l’annonce pas ?
PIERRE MOSCOVICI
Non, c’est un peu le contraire, si vous voulez voir, pour l’instant j’ai plutôt l’impression qu’on annonce, plutôt qu’on ne laisse filtrer ou fuiter que les mauvaises nouvelles et pas les bonnes. Et ce gouvernement est un gouvernement qui est soucieux du pouvoir d’achat et de la justice. Efficacité et justice, c’est ça le mot d’ordre de notre action et de la politique économique que nous menons.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc le chèque énergie pour les plus modestes, il faut oublier ça ? Vous l’oubliez ou pas ?
PIERRE MOSCOVICI
On n’oublie rien, mais attendez !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je n’oublie pas rien, donc j’ai compris.
PIERRE MOSCOVICI
Je sais que vous avez de la mémoire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, mais ne vous inquiétez pas, j’ai compris et si je n’oublie rien, si je n’oublie rien, c’est que c’est positif. La taxe à 75 % prélèvement sur les salaires de plus d’un million d’euros, au niveau de l’entreprise, ça ce n’est pas nouveau, ça avait été dit ?
PIERRE MOSCOVICI
Non attendez, ça n’a pas seulement été dit, c’était une promesse de campagne du président élu, désormais, François HOLLANDE. Elle a été vous vous en souvenez, censurée par le Conseil Constitutionnel. Nous y revenons avec des modalités différentes. C'est-à-dire que les entreprises, les entreprises qui paient des rémunérations de plus de 1 million d’euros, seront elles affectées par cette taxe. Il y a un texte qui est en cours d’examen…
JEAN-JACQUES BOURDIN
2013-2014 ?
PIERRE MOSCOVICI
Le temps du redressement en effet.
JEAN-JACQUES BOURDIN
2013-2014, donc oui.
PIERRE MOSCOVICI
Et il y a un texte qui est en cours d’examen devant le Conseil d’Etat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Exception pour les footballeurs ? Oui ou non ?
PIERRE MOSCOVICI
Je ne dirais pas les choses comme ça. Non, vous attendez le texte du Conseil d’Etat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ?
PIERRE MOSCOVICI
Ecoutez, c’est un sujet très compliqué, parce que moi, je ne parlerai pas d’exception pour les footballeurs. En même temps, il faut prendre en compte ce qu’est la situation des clubs de football.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faut préserver les clubs.
PIERRE MOSCOVICI
C'est-à-dire que certains d’entre eux…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc les clubs n’auront pas à payer ce prélèvement, ou autrement, ou moins ?
PIERRE MOSCOVICI
Non, vous savez, je comprends ce que vous dites, mais comprenez-moi aussi. Dans ce pays nous sommes un Etat de droit, et comment les choses se passent-elles ? Il y a un projet, qui est élaboré, il y a des articles, qui sont envoyés au Conseil d’Etat, le conseil d’Etat est une grande juridiction administrative, il donne son avis, le Conseil constitutionnel peut se prononcer ensuite, donc sur ce sujet-là, c’est un sujet sur lequel nous attendrons les avis, mais ce qui est vrai c’est que nous avons des clubs de football dont l’équilibre économique est fragile.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc il y aura une forme d’exception pour les clubs de football ?
PIERRE MOSCOVICI
Je ne formulerai pas les choses comme ça, parce que ça sera forcément…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça sera différent…
PIERRE MOSCOVICI
Ça sera forcément une mesure plus générale. Ce n’est pas possible de faire quelque chose pour les clubs de football, ça peut concerner les clubs de football, ça ne peut pas être pour les clubs de football. De toute façon…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils seront concernés les clubs de football… ?
PIERRE MOSCOVICI
Attendez, encore une fois, ces 75 %, bref, seront appliqués.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La TVA, le taux de TVA…
PIERRE MOSCOVICI
Ça, ça a déjà été voté.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça change en janvier, oui… sur le ticket de cinéma ça va passer à 5 %, c’est vrai ou pas ?
PIERRE MOSCOVICI
Deux choses. D’abord, pourquoi la hausse, ou plutôt pas la hausse, le rééchelonnement des taux de TVA ? Auparavant on avait trois taux, on aura toujours trois taux…
JEAN-JACQUES BOURDIN
20, 10, 5, oui.
PIERRE MOSCOVICI
Il y aura un taux, 5,10, 20, c'est-à-dire que, tout de même, c’est important…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ou 5, 10, 20.
PIERRE MOSCOVICI
Le taux des biens de consommation courante va diminuer jusqu’à 5 %, ensuite il y aura un taux intermédiaire à 10 et un taux à 20, c’est simple. Pourquoi le taux à 20 ? Le taux à 20 c’est notamment pour financer ce crédit d’impôt compétitivité emploi pour rendre la France plus forte et permettre d’embaucher, et permettre de créer des emplois, ce qui est l’objectif dans ce pays. Après, les parlementaires pourront avoir le choix, il y aura une discussion avec eux, avec notamment les rapporteurs généraux des commissions des finances, Christian ECKERT et François MARC, pour voir comment les choses se déroulent entre les différents taux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc ticket de cinéma, 5 ?
PIERRE MOSCOVICI
J’ai lu ça, ça fait partie des hypothèses.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C’est vrai ou ce n’est pas vrai ?
PIERRE MOSCOVICI
Ça fait partie des hypothèses.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous me faites sourire Pierre MOSCOVICI, parce que vous dites toujours ça fait partie des hypothèses.
PIERRE MOSCOVICI
Pour une raison très simple, c’est parce que vous êtes en train…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que c’est décidé ou pas, franchement ?
PIERRE MOSCOVICI
Il y a des textes, encore une fois, qui sont devant le Conseil d’Etat, et c’est normal, c’est le rythme des choses, mais vous êtes en train de faire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C’est décidé ou pas ? Mais tous les textes qui devant le Conseil d’Etat sortent dans la presse, tous.
PIERRE MOSCOVICI
Alors ça je vais vous dire, je le regrette d’abord, parce que, je le répète encore une fois…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les fuites viennent de là, vous le savez bien Pierre MOSCOVICI.
PIERRE MOSCOVICI
Un projet de loi de finances – je ne vais jamais moi, critiquer tel ou tel pour une fuite – un projet de loi de finances ne se débite pas en tranches, ce que je veux dire moi, c’est sa globalité, un projet pour la croissance et pour l’emploi, un projet sérieux, un projet efficace, et un projet qui doit permettre la reprise de l’économie française.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et François HOLLANDE le président des patrons, j’ai lu ça à la Une d’un grand journal ce matin, LIBERATION.
PIERRE MOSCOVICI
Ecoutez…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n’est pas moi qui l’ai écrit.
PIERRE MOSCOVICI
François HOLLANDE, président de la République, a dit, c’était dans une conférence de presse, je pense que c’était en novembre 2012, qu’il y avait deux façons d’être socialiste, qu’il y avait ce qu’on appelle le socialiste de la demande, et c’est toujours très important pour nous, le pouvoir d’achat des ménages, et le pouvoir d’achat des ménages c’est d’abord l’emploi, et puis il y a aussi ce qu’on appelle le socialiste de l’offre, autrement dit on ne peut redistribuer que ce qu’on produit. Et dans ce pays, en effet, ce n’est pas une question de patrons ou pas patrons, il faut que les entrepreneurs de France, il faut que les entreprises de France, sentent qu’il y a un cadre stable, simple, j’aurais aimé qu’on parle de simplification des relations entre l’administration et les entreprises…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On en a parlé, beaucoup.
PIERRE MOSCOVICI
Stable et simple. Qui permet quoi ? qui permet de se dire, voilà, la France c’est un pays qui mérite qu’on lui fasse confiance, la France c’est un pays où on peut investir, la France c’est un pays où on peut embaucher, et la stabilisation des prélèvements obligatoires va aussi dans ce sens-là, et ça, si vous voulez, ce n’est pas les entreprises contre les ménages, ce n’est pas les patrons contre les consommateurs, c’est l’emploi et la croissance, c’est ça la logique qui nous anime. Et, encore une fois, je trouve que les distinctions qu’on fait, sont des distinctions trop simples. Moi je ne sais pas le camarade des patrons, mais en revanche je suis quelqu’un qui veut être le ministre des entreprises et le ministre de la croissance, c’est ça mon job.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 septembre 2013