Texte intégral
Monsieur le Maire de Saint-Herblain, mon cher Charles,
Monsieur le Président de la communauté urbaine de Nantes-Métropole,
Mesdames, Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les élus, vice-présidents du conseil régional et général, Monsieur le Préfet,
Monsieur le Président de Harmonie Mutuelle, le grand groupe des mutuelles dont fait partie Harmonie Habitat, dont je salue le président et le directeur et l'ensemble du personnel,
D'abord je voudrais vous remercier les uns et les autres de votre accueil, de la spontanéité que j'ai ressentie dès mon arrivée ici, mais ça ne me surprend pas et je peux difficilement cacher mon émotion. En effet, elle a plusieurs raisons cette émotion. Certes, je viens pour inaugurer un projet dont vous venez de parler avec passion, monsieur le Maire, et vous avez bien raison, parce que ce projet est déjà une réussite. C'est une réussite d'abord à travers la volonté d'agir qu'il signifie.
L'émotion, ce sont des souvenirs personnels qu'avec Brigitte, ma femme, et mes filles nous avons ici. D'ailleurs, en arrivant j'ai vu quelques visages connus et d'autres moins connus. Les générations passent. Cela fait plus de quarante ans que nous avons trouvé ici notre premier logement. Nous étions encore à l'université, élève professeur la suite vous la connaissez. Je ne vais pas raconter ma vie, mais ces six années passées ici comme locataire laissent des traces profondes, positives, humaines, chaleureuses et qui marquent une vie.
Et puis, il y a d'autres émotions et Charles Gautier y faisait allusion aussi. Ayant été douze ans à la tête de la mairie de cette ville, depuis 77, avec Charles Gautier et d'autres encore, nous avons engagé une transformation profonde de la manière de gérer une ville et cette histoire continue. Charles Gautier est à la tête de cette municipalité depuis vingt-cinq ans et je voudrais lui adresser devant vous ma gratitude pour ce qu'il a fait pour Saint-Herblain mais aussi pour l'agglomération et lui dire devant vous que Charles Gautier est un grand maire de Saint-Herblain. Vous pouvez applaudir.
L'autre souvenir, c'est en effet la visite de François Mitterrand. C'est vingt-cinq ans presque jour pour jour. Nous avons dévoilé une plaque qui relie les deux événements. Il y a près de vingt-cinq ans, c'était le 8 février 1989, François Mitterrand est venu comme président de la République, et c'était un moment intense, pour saluer le travail engagé, c'était en fait les premiers pas de la politique de la ville. C'est lui qui a lancé l'idée même que l'État devait avoir une politique pour la ville, pour les villes, et que cela passait aussi par la rénovation urbaine et sociale. Et nous, qui dirigions alors la municipalité avec le bailleur qui a changé de nom depuis, le Home Atlantique, nous avons lancé cette première étape de rénovation et de réhabilitation. D'ailleurs, cela s'appelait Habitat et Vie Sociale. Aujourd'hui on dit la politique de la ville.
C'est ce que nous continuons aujourd'hui. Oui, en effet, cette histoire-là est une belle histoire, qui est sans doute partie au départ d'un rêve, d'une utopie, a dit Jacques Stern tout à l'heure. C'est vrai. C'est vrai qu'il y avait sûrement là l'idée généreuse qu'en regroupant de façon très dense dans une tour, et puis cette architecture à étages autour de cette tour centrale, on allait dégager énormément d'espace. Et c'est vrai que cet espace existe. Vous avez d'ailleurs décidé d'en faire un nouveau parc urbain, pas seulement réservé aux habitants du Sillon Bretagne mais pour tout le quartier, pour tout le grand quartier avec le projet urbain que vous avez lancé avec Bagatelle.
C'était ce choix qui avait été fait, mais c'était plus que cela. C'était le choix, déjà à l'époque, de la mixité sociale, du brassage entre les différentes origines, du vivre ensemble, du partage des projets collectifs. Puis, petit à petit, les choses se sont dégradées. Elles se sont dégradées parce que la conception de ce grand ensemble n'avait pas tout prévu. Les quelques grands ascenseurs au milieu de cette tour, et ensuite on traversait des coursives, ont vite posé des problèmes. Puis sont venus se greffer la crise, le chômage déjà, ceux qui partaient, qui quittaient, d'autres arrivant, et les ambitions, les espoirs du départ, avaient tendance à s'effriter. Et pourtant, il est resté quelque chose qui existe toujours. Cette volonté de ne pas baisser la tête, cette volonté de relever le défi du progrès et du progrès pour tous, et c'est pour ça que nous sommes là aujourd'hui.
Après la première rénovation, c'est maintenant la deuxième et c'est un vaste projet qui s'inscrit dans une vision d'ensemble de la manière dont nous concevons la ville aujourd'hui. Charles Gautier a eu raison de rappeler qu'à l'époque, cela avait été difficile. Il s'est battu et je salue son engagement. Je me souviens des discussions que nous avions eues pour que le Sillon de Bretagne soit sur la liste des opérations de l'Agence Nationale de la Rénovation Urbaine. A l'époque, la manière dont on classait les quartiers pour dire : « Ce quartier-là n'a pas tous les critères pour pouvoir être éligible à la Zone Urbaine Sensible » comme on dit
François Lamy, depuis qu'il a pris ses fonctions, a changé les règles du jeu. Il ne s'occupe plus du quartier, il regarde où sont les logements. Et là, le Sillon de Bretagne, il n'y a pas de doute, recueillait tous les critères. Il réunissait tous les critères nécessaires non seulement pour améliorer l'habitat, faire des économies d'énergie, bâtir des équipements publics nouveaux, créer de la mixité sociale, mener une politique éducative, mettre en uvre une politique de l'emploi prioritaire. Tout était concentré sur le quartier du Sillon de Bretagne, le Sillon de Bretagne en tant que tel. Sur toute la France maintenant, ce nouveau classement part de ces critères, ce qui fait qu'on peut corriger des injustices et repartir sur des projets qui permettront de répondre à l'attente des habitants. C'est là que nous sommes aujourd'hui.
Je ne vais pas décrire ce que vous avez entrepris ici. Jacques Stern et Charles Gautier l'ont dit tout à l'heure. Mais ce qui a été fait ici anticipe en quelque sorte la volonté du gouvernement d'améliorer l'accès au logement pour tous. Nous savons que ce pari qui a été gagné grâce à la volonté politique, grâce au professionnalisme d'Harmonie Habitat, grâce au sens de l'innovation de l'architecte du cabinet In Situ Pierrick Beillevaire, mais aussi grâce à l'entreprise, ses ingénieurs, ses techniciens, ses ouvriers, toutes les entreprises qui ont travaillé ici. Vous avez en quelque sorte anticipé ce qu'il faut faire pour la France aujourd'hui, parce que les besoins sont considérables, déjà en logements.
L'objectif du président de la République, lorsqu'il a fixé ses orientations au début du quinquennat, c'est 150 000 logements sociaux par an. Quand nous sommes arrivés aux responsabilités, nous étions un tout petit peu au-dessus de 100 000, donc on était encore loin. En 2013, un après, nous sommes 15 % au-dessus de la situation que nous avons trouvée, à 117 000. Vous allez me dire : « On n'est pas encore à 150 ». Mais nous sommes dans la direction, et je le dis parce qu'on ne peut pas corriger des échecs ou des insuffisances seulement en un an, mais nous sommes engagés dans cette direction, et nous allons poursuivre cet effort.
Cet effort, c'est l'affaire de la Nation tout entière et je le dis d'autant plus qu'il y a un autre souvenir je ne m'en souviens pas personnellement, j'étais trop jeune, j'avais quatre ans : c'est l'appel de l'Abbé Pierre le 1er février 1954. C'est demain cet anniversaire. Et il y a encore en France aujourd'hui, même si nous nous battons pour le logement pour tous, à la fois pour le logement social, à la fois pour l'accession à la propriété et les parcours résidentiels, l'hébergement d'urgence, il y a encore trop de mal logés en France, donc il ne faut pas baisser notre effort. Il faut le poursuivre, l'amplifier.
Je n'oublie pas que l'appel du 1er février 1954 de l'Abbé Pierre avait été particulièrement entendu, ici notamment, dans l'agglomération nantaise, parce que nous étions, en particulier à Nantes, dans une ville profondément meurtrie par la guerre, où les bombardements avaient détruit des milliers de logements, où, jusqu'au milieu des années 60, encore trop d'habitants vivaient dans des baraquements provisoires. C'est pour répondre à cet appel que la France a construit tant de logements sociaux. Et c'est parce que les besoins restent immenses qu'il nous faut continuer à construire pour notre pays.
Je voudrais saluer en cet instant la mobilisation des élus de l'agglomération nantaise. Charles Gautier a dit qu'il y avait trois communes qui respectaient totalement la loi de plus de 20 % de logements sociaux fixée par la loi Renouvellement Urbain dont Patrick Rimbert, le maire de Nantes, avait été le rapporteur à l'Assemblée nationale. 20 % dans les communes de plus de mille cinq cents habitants. C'est le cas pour Saint-Herblain, largement au-dessus ; c'est le cas pour Nantes ; c'est le cas pour Rezé. Il y a des communes qui n'y sont pas encore et je salue l'effort qu'elles font pour y parvenir. Celles qui sont à la traîne et qui ont peut-être moins de volonté, je les encourage vraiment à le faire.
Chacun a sa place, son rôle à jouer. N'opposons pas le logement social au logement en accession, il n'y a pas de raison. Nous voulons rassembler les Français dans leur diversité et leur donner leur chance d'habiter. C'est ce qu'on appelle la mixité urbaine, la mixité sociale. Arrêtons d'avoir peur du logement social, ce serait le contraire : il faut donner une chance et se donner la chance pour la justice, et la justice c'est l'accès au logement. J'entendais ce matin à la radio le témoignage d'une personne qui avait été expulsée de son logement parce qu'elle avait perdu son emploi, et elle racontait que c'était sa dignité qui était atteinte. Donc restons vigilants, restons mobilisés mais je salue l'effort qui est fait ici par les collectivités locales, en particulier à Nantes Métropole, et qui vient amplifier l'engagement de l'État.
Mais il ne suffit pas de disposer d'un parc social important. Il faut lui apporter une attention permanente, l'entretenir, le rénover. C'est comme si vous étiez propriétaire de votre maison : est-ce que vous ne faites pas des travaux d'entretien ? Est-ce que, de temps en temps, vous ne changez pas le système de chauffage ? Est-ce que vous ne faites pas des travaux d'isolation ? Si vous voulez maintenir votre patrimoine, vous devez le faire, et souvent les propriétaires le font quand ils en ont les moyens. Eh bien c'est la même chose pour les bailleurs sociaux : au fil du temps, il faut sans cesse réinvestir pour que le logement reste de qualité. C'est ce qui a été fait ici avec des normes de confort et des normes de sécurité et des normes énergétiques nouvelles.
En ce qui concerne l'énergie, je demandais tout à l'heure s'il s'agissait bien de photovoltaïques qui étaient sur le toit. Oui ! Ça sert comme source d'énergie pour l'eau chaude sanitaire et ça fait une diminution très forte de la facture. Mais plus que ça, vous avez entrepris ici l'isolation thermique des fenêtres, des portes, et là quelques locataires que je rencontrais tout à l'heure m'ont dit : « Notre facture baisse, donc c'est du pouvoir d'achat ». Et donc le chantier, le vaste chantier que le gouvernement a lancé de 500 000 logements par an rénovés, plus le logement social, c'est de l'investissement, c'est de l'emploi. C'est de l'emploi de proximité pour les entreprises du bâtiment. C'est aussi la contribution à la transition énergétique, la baisse de la facture énergétique de la France, donc les chiffres de notre commerce extérieur. Mais pour les familles, pour les ménages, c'est aussi du pouvoir d'achat.
C'est pour ça que la TVA a été baissée à 5,5 %, pour les travaux dans le logement social et chez les particuliers, qu'il y a un crédit d'impôt, qu'il y a également une subvention pour les particuliers. Il faut s'engager encore plus, et je souhaite que nous avancions encore plus vite et plus fort, et là encore avec le concours des collectivités locales.
Et puis, je voudrais sans être trop long vous dire que le troisième pari de la rénovation urbaine, c'est la participation des habitants. Déjà, déjà lorsque François Mitterrand était venu en 1989 après sa réélection, on avait pu tirer le bilan de l'opération Habitat et Vie sociale dont les initiateurs, les concepteurs Michel Cantal-Dupart, qui est un Nantais, architecte urbaniste, et Roland Castro, lui-même aussi architecte urbaniste, avait pensé et avaient dès le départ affirmé que, si les habitants ne sont pas dans le coup, ceux qui vivent, ceux qui résident, s'ils ne donnent pas leur avis, s'ils n'apportent pas leur contribution, alors une partie du projet échouera. Ici, je crois que 25 ans après vous avez fait la démonstration qu'il fallait amplifier cette participation des habitants. Et vous l'avez fait. Et si le résultat est encore à venir, c'est parce que vous n'avez pas fait semblant de les consulter, vous les avez associés à la décision.
Monsieur le maire, cher Charles, vous avez parlé de l'ambition que nous devons avoir pour l'emploi, pour la jeunesse, pour l'éducation. Vous avez raison. La rénovation urbaine, elle est indispensable. Elle est nécessaire. La participation des habitants, elle est indispensable, elle est nécessaire. Les objectifs écologiques, ils sont indispensables, ils sont nécessaires, mais ce qui est indispensable et encore plus indispensable, c'est de permettre à tous d'accéder à la formation et à l'emploi.
Et vous avez ici montré à travers votre projet de réorganisation de la présence scolaire, qui était jusqu'à présent au nord vers la route de Vannes, l'école, le collège, vous avez voulu, dans votre projet global avec d'autres logements, mettre l'école au cur de ce nouveau grand quartier. Et vous avez raison. Ça ne sera pas que des bâtiments scolaires. Et vous avez interpellé l'Etat à juste titre.
Le chantier que nous avons lancé de la refondation de l'école, c'est un chantier difficile, c'est un chantier exigeant qui mobilise des moyens prioritaires du budget de l'Etat au moment où nous devons faire des économies sur la dépense publique. Eh bien, l'école reste et doit demeurer la priorité en terme de moyens humaines, en terme de formation des professeurs pour qu'ils puissent répondre du mieux possible aux besoins de la jeunesse, y compris l'organisation des rythmes scolaires. Tout cela participe à la même ambition. Et la même ambition c'est quoi ? C'est de refuser la fatalité de l'échec scolaire pour une partie de la jeunesse de France. Parce qu'il n'est pas acceptable que 20 % des enfants chaque année échouent à l'école. Alors vous me direz : « oui mais l'école marche pour 80 % des jeunes ». Oui, mais, est-ce que la République si elle veut rester fidèle à sa promesse de l'égalité, de l'émancipation, du progrès social, peut se résigner à cette fatalité ? Non. C'est ce défi que nous avons décidé de relever : faire que tous les jeunes puissent réussir et d'abord réussir à l'école primaire.
Pourquoi avons-nous mis d'abord l'accent sur l'école primaire ? Nous le faisons en partenariat avec les communes, parce que c'est là qu'on apprend les fondamentaux ; c'est là, comme on dit, qu'on apprend à lire et à compter ; on apprend aussi les règles ; on apprend aussi les droits et les devoirs ; on apprend ce que sont les valeurs de la République pour qu'on ne s'en laisse pas conter par tous ceux qui veulent influencer, vous détourner des idées et des valeurs de la République.
Eh bien, c'est là que nous devons mettre le paquet et continuer à le faire. Parce que c'est là, quand on a réussi à maîtriser les apprentissages fondamentaux, que le reste du cursus scolaire se déroulera dans de meilleures conditions. Parce que si on ne fait pas ça, alors on aura cette situation que vous avez constatée, monsieur le maire : que dans une ville où il y a 40 000 emplois, où il y a pourtant des clauses d'insertion dans les chantiers, eh bien, pour autant, ça ne veut pas dire qu'il y a systématiquement une entrée dans l'emploi ou dans la formation dans l'emploi. Cela veut dire qu'il y a un travail à faire. Ce travail il est à prendre dès le départ, dès l'école. Et quand c'est après l'école, parce qu'il y a ceux qui ont grandi, qui sont des jeunes adultes, alors il faut leur tendre la main. Ce sont les clauses d'insertion, mais ce n'est pas suffisant.
Pourquoi avons-nous lancé un programme d'emplois d'avenir ? Pourquoi avons-nous adopté un plan de contrats de génération ? Parce que nous voulons que ces jeunes qui sont sortis depuis longtemps de l'école et qui ne trouvent rien, on leur tende la main, que la société leur tende la main, que la République leur tende la main. Non pas pour faire à leur place, mais pour leur donner leur chance. Et je remercie ceux qui y contribuent, les collectivités locales, les associations, le secteur de la mutualité. Ici Harmonie Habitat a proposé des emplois à des jeunes. Je les ai croisés tout à l'heure. Ils vont apprendre un vrai métier. Et donc leur vie change. Je leur demande : « Qu'est-ce que vous ressentez ? ». « Notre vie change, parce que là on se sent plus fier de nous-mêmes, nos familles aussi ». Donc il y a de l'espoir.
Alors, est-ce que nous avons gagné la bataille du chômage, pour faire reculer durablement le chômage de notre pays, mesdames, messieurs, chers compatriotes ? Non, nous ne l'avons pas encore gagnée. C'est pour cela qu'il faut continuer à se battre et que je veux continuer à me battre. Mais c'est vrai que ces efforts que nous avons faits ont permis que, depuis un an, le chômage des jeunes de moins de 25 ans recule en France. Pour les moins de 50 ans, il a reculé en France. Mais il reste encore trop de chômeurs, beaucoup de chômeurs ; il reste ceux qui ont plus de 50 ans, qu'on appelle les seniors. Mais sont-ils si âgés que cela pour rester au chômage jusqu'à leur retraite qui, peut-être, sera, du fait qu'ils n'ont pas travaillé, d'un piètre niveau ? Non. Et puis, il y a les chômeurs de longue durée. Donc, nous devons continuer à nous battre. Et donc, ce que nous avons lancé, le programme d'emplois d'avenir, nous allons le poursuivre cette année en l'amplifiant encore ; et je remercie ceux qui nous aident, les missions locales par exemple qui sont en contact avec les jeunes, qui vont les convaincre qu'ils peuvent s'en sortir.
Et puis, il faut améliorer la situation économique de notre pays. Parce que c'est par les entreprises aussi, pour les rendre plus dynamiques, plus compétitives, pour qu'elles investissent, pour qu'elles forment davantage, que nous réussirons. C'est le sens du pacte de responsabilité qu'a lancé le président de la République. Et il a raison, c'est un appel à la mobilisation et à la responsabilité de tous. J'ai rencontré les partenaires sociaux, patronat et syndicats cette semaine, j'ai présenté les orientations. J'ai lancé les ateliers de la fiscalité pour les entreprises et pour les ménages cette semaine. Maintenant il faut se mettre au travail. Mais quand l'Etat fait un effort en direction des entreprises pour leur redonner de l'air en quelque sorte, parce qu'elles sont à la peine pour beaucoup d'entre elles, parce qu'on ne sort pas comme ça de tant d'années de crise, 5 ans, 2007-2012 avec une croissance zéro en moyenne, ça laisse des traces. Ca conduit à des pertes d'emplois, ça conduit à la montée du chômage, au chômage de masse, à la précarité, à des territoires impactés. Il ne faut pas se résigner, mais en même temps il faut aller plus vite et plus fort, c'est le sens du pacte.
Le pacte, c'est un compromis. C'est un effort de la nation. Un effort financier pour aider les entreprises, mais il faut des contreparties. J'ai demandé aux partenaires sociaux de se réunir et, dans un délai d'un mois, de donner leurs préconisations. Voilà la règle du jeu que nous allons établir ensemble. Nous allons à la fois améliorer la situation économique des entreprises pour investir, innover et embaucher. Mais aussi mieux former, mieux former, accueillir des jeunes en alternance et ne pas avoir peur de le faire, considérant que c'est une tâche d'intérêt national, et que les entreprises - et les entreprises ce sont des chefs d'entreprise, des salariés-, mais aussi les collectivités publiques, le secteur de l'économie sociale et solidaire dont font partie les mutualistes, doivent prendre leur part.
Que chacun prenne sa part au redressement de la France. Eh bien, ici, vous faites la démonstration chaque jour que c'est votre combat et ce combat, c'est aussi l'investissement public. Et l'investissement public, il va se traduire, après ce programme de rénovation urbaine, par un nouveau programme que j'ai déjà annoncé il y a quelques semaines mais, que je redis ici avec François Lamy, le ministre de la Ville. Ce sont 5 milliards d'euros dont va disposer l'Agence Nationale de Rénovation Urbaine qui permettront dans les 10 prochaines années de lancer de nouveaux programmes de rénovation urbaine et de reconstruction de quartiers dans l'esprit de ce que vous avez fait ici.
Ces investissements permettront d'avoir un effet de levier : 5 milliards de l'Etat, les pouvoirs publics mais, en même temps, mobilisation des financements des collectivités locales et du secteur privé, c'est-à-dire un effet de levier pour 20 milliards. 20 milliards d'euros, c'est beaucoup d'argent, ce sont beaucoup de moyens, c'est beaucoup de travail et ce sont aussi 200 quartiers concernés, qui ne l'étaient pas forcément jusqu'à présent.
Voilà le sens dans lequel nous travaillons avec des exigences, je les ai rappelées, exigences sociales, et mixité sociale, exigences de qualité urbaine, exigences de qualité environnementale, exigences de participation des citoyens et des habitants, exigences éducatives, exigences sanitaires, j'ai entendu votre message. Le message, c'est de tout faire pour l'accès à la santé pour tous, que ce soit dans les grands établissements hospitaliers ou au plus près de la vie des gens. La vie des gens, oui la vie des gens, c'est aussi d'encourager les entreprises, les petites entreprises à mobiliser, et c'est le cas ici. Je l'ai vu, j'ai vu ceux qui s'occupent de microcrédits. Nous avons mis en place avec François Lamy et Fleur Pellerin un crédit de 600 millions d'euros pour les entrepreneurs des quartiers pour embaucher des jeunes et pour former.
Mesdames et messieurs, mes chers amis, je vais terminer en vous disant que j'ai commencé par de l'émotion, et je terminerai par une conviction : c'est que si je trouve chaque jour de la force pour mener l'action qui est la mienne et qui n'est pas facile, ce n'est pas pour vous dire qu'elle est difficile que je suis venu vous voir, c'est pour vous dire merci. Merci pour ce que j'ai appris ici, lorsque vivant ici, participant avec d'autres à tous les combats, je pense aux comités des locataires J'ai une anecdote. Je me souviens, d'ailleurs quelqu'un m'en a parlé tout à l'heure, à propos de l'eau chaude des sanitaires, il y avait eu une grève des charges des locataires -je n'étais plus locataire du Sillon-, il y avait même eu occupation des locaux tout en haut des bureaux du Home Atlantique de l'époque, ça n'avait pas été simple, les locataires étaient déterminés parce qu'ils considéraient que le service rendu était de mauvaise qualité et qu'en plus ils payaient trop cher, vous voyez l'histoire. Les choses ont bien changé. Mais, pour sortir de ce conflit, moi je venais juste d'être élu maire de Saint-Herblain et les habitants ont dit, il faut qu'on demande à Jean-Marc d'être médiateur. Donc j'ai fait médiateur.
J'ai appris beaucoup de choses. J'ai vu des hommes et des femmes qui voulaient trouver des solutions et qui avaient envie de les trouver. Et qui savaient -même si c'était dur, il y a eu parfois des confrontations-, qui avaient envie de s'écouter et de se respecter, qui n'acceptaient pas les invectives, qui n'acceptaient pas qu'on montre du doigt tel ou tel sous prétexte qu'il exerçait des responsabilités. Eh bien, moi, cela m'a inspiré, et pas seulement ce conflit, mais les hommes et les femmes que j'ai vus ici et qui sont restés des amis. Ce sont ceux qui m'inspirent et ceux auxquels je veux rester fidèle dans le combat que je mène à la tête du gouvernement de la France avec l'équipe du gouvernement et sous l'autorité du président de la République.
Oui, c'est cela le sens de mon engagement. Il reste le même à un poste différent, mais toujours avec les mêmes valeurs, celles de la justice, celles du combat contre les discriminations, contre les inégalités, celles de la République.
Vive la République et vive la France.
Source http://www.gouvernement.fr, le 10 février 2014
Monsieur le Président de la communauté urbaine de Nantes-Métropole,
Mesdames, Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les élus, vice-présidents du conseil régional et général, Monsieur le Préfet,
Monsieur le Président de Harmonie Mutuelle, le grand groupe des mutuelles dont fait partie Harmonie Habitat, dont je salue le président et le directeur et l'ensemble du personnel,
D'abord je voudrais vous remercier les uns et les autres de votre accueil, de la spontanéité que j'ai ressentie dès mon arrivée ici, mais ça ne me surprend pas et je peux difficilement cacher mon émotion. En effet, elle a plusieurs raisons cette émotion. Certes, je viens pour inaugurer un projet dont vous venez de parler avec passion, monsieur le Maire, et vous avez bien raison, parce que ce projet est déjà une réussite. C'est une réussite d'abord à travers la volonté d'agir qu'il signifie.
L'émotion, ce sont des souvenirs personnels qu'avec Brigitte, ma femme, et mes filles nous avons ici. D'ailleurs, en arrivant j'ai vu quelques visages connus et d'autres moins connus. Les générations passent. Cela fait plus de quarante ans que nous avons trouvé ici notre premier logement. Nous étions encore à l'université, élève professeur la suite vous la connaissez. Je ne vais pas raconter ma vie, mais ces six années passées ici comme locataire laissent des traces profondes, positives, humaines, chaleureuses et qui marquent une vie.
Et puis, il y a d'autres émotions et Charles Gautier y faisait allusion aussi. Ayant été douze ans à la tête de la mairie de cette ville, depuis 77, avec Charles Gautier et d'autres encore, nous avons engagé une transformation profonde de la manière de gérer une ville et cette histoire continue. Charles Gautier est à la tête de cette municipalité depuis vingt-cinq ans et je voudrais lui adresser devant vous ma gratitude pour ce qu'il a fait pour Saint-Herblain mais aussi pour l'agglomération et lui dire devant vous que Charles Gautier est un grand maire de Saint-Herblain. Vous pouvez applaudir.
L'autre souvenir, c'est en effet la visite de François Mitterrand. C'est vingt-cinq ans presque jour pour jour. Nous avons dévoilé une plaque qui relie les deux événements. Il y a près de vingt-cinq ans, c'était le 8 février 1989, François Mitterrand est venu comme président de la République, et c'était un moment intense, pour saluer le travail engagé, c'était en fait les premiers pas de la politique de la ville. C'est lui qui a lancé l'idée même que l'État devait avoir une politique pour la ville, pour les villes, et que cela passait aussi par la rénovation urbaine et sociale. Et nous, qui dirigions alors la municipalité avec le bailleur qui a changé de nom depuis, le Home Atlantique, nous avons lancé cette première étape de rénovation et de réhabilitation. D'ailleurs, cela s'appelait Habitat et Vie Sociale. Aujourd'hui on dit la politique de la ville.
C'est ce que nous continuons aujourd'hui. Oui, en effet, cette histoire-là est une belle histoire, qui est sans doute partie au départ d'un rêve, d'une utopie, a dit Jacques Stern tout à l'heure. C'est vrai. C'est vrai qu'il y avait sûrement là l'idée généreuse qu'en regroupant de façon très dense dans une tour, et puis cette architecture à étages autour de cette tour centrale, on allait dégager énormément d'espace. Et c'est vrai que cet espace existe. Vous avez d'ailleurs décidé d'en faire un nouveau parc urbain, pas seulement réservé aux habitants du Sillon Bretagne mais pour tout le quartier, pour tout le grand quartier avec le projet urbain que vous avez lancé avec Bagatelle.
C'était ce choix qui avait été fait, mais c'était plus que cela. C'était le choix, déjà à l'époque, de la mixité sociale, du brassage entre les différentes origines, du vivre ensemble, du partage des projets collectifs. Puis, petit à petit, les choses se sont dégradées. Elles se sont dégradées parce que la conception de ce grand ensemble n'avait pas tout prévu. Les quelques grands ascenseurs au milieu de cette tour, et ensuite on traversait des coursives, ont vite posé des problèmes. Puis sont venus se greffer la crise, le chômage déjà, ceux qui partaient, qui quittaient, d'autres arrivant, et les ambitions, les espoirs du départ, avaient tendance à s'effriter. Et pourtant, il est resté quelque chose qui existe toujours. Cette volonté de ne pas baisser la tête, cette volonté de relever le défi du progrès et du progrès pour tous, et c'est pour ça que nous sommes là aujourd'hui.
Après la première rénovation, c'est maintenant la deuxième et c'est un vaste projet qui s'inscrit dans une vision d'ensemble de la manière dont nous concevons la ville aujourd'hui. Charles Gautier a eu raison de rappeler qu'à l'époque, cela avait été difficile. Il s'est battu et je salue son engagement. Je me souviens des discussions que nous avions eues pour que le Sillon de Bretagne soit sur la liste des opérations de l'Agence Nationale de la Rénovation Urbaine. A l'époque, la manière dont on classait les quartiers pour dire : « Ce quartier-là n'a pas tous les critères pour pouvoir être éligible à la Zone Urbaine Sensible » comme on dit
François Lamy, depuis qu'il a pris ses fonctions, a changé les règles du jeu. Il ne s'occupe plus du quartier, il regarde où sont les logements. Et là, le Sillon de Bretagne, il n'y a pas de doute, recueillait tous les critères. Il réunissait tous les critères nécessaires non seulement pour améliorer l'habitat, faire des économies d'énergie, bâtir des équipements publics nouveaux, créer de la mixité sociale, mener une politique éducative, mettre en uvre une politique de l'emploi prioritaire. Tout était concentré sur le quartier du Sillon de Bretagne, le Sillon de Bretagne en tant que tel. Sur toute la France maintenant, ce nouveau classement part de ces critères, ce qui fait qu'on peut corriger des injustices et repartir sur des projets qui permettront de répondre à l'attente des habitants. C'est là que nous sommes aujourd'hui.
Je ne vais pas décrire ce que vous avez entrepris ici. Jacques Stern et Charles Gautier l'ont dit tout à l'heure. Mais ce qui a été fait ici anticipe en quelque sorte la volonté du gouvernement d'améliorer l'accès au logement pour tous. Nous savons que ce pari qui a été gagné grâce à la volonté politique, grâce au professionnalisme d'Harmonie Habitat, grâce au sens de l'innovation de l'architecte du cabinet In Situ Pierrick Beillevaire, mais aussi grâce à l'entreprise, ses ingénieurs, ses techniciens, ses ouvriers, toutes les entreprises qui ont travaillé ici. Vous avez en quelque sorte anticipé ce qu'il faut faire pour la France aujourd'hui, parce que les besoins sont considérables, déjà en logements.
L'objectif du président de la République, lorsqu'il a fixé ses orientations au début du quinquennat, c'est 150 000 logements sociaux par an. Quand nous sommes arrivés aux responsabilités, nous étions un tout petit peu au-dessus de 100 000, donc on était encore loin. En 2013, un après, nous sommes 15 % au-dessus de la situation que nous avons trouvée, à 117 000. Vous allez me dire : « On n'est pas encore à 150 ». Mais nous sommes dans la direction, et je le dis parce qu'on ne peut pas corriger des échecs ou des insuffisances seulement en un an, mais nous sommes engagés dans cette direction, et nous allons poursuivre cet effort.
Cet effort, c'est l'affaire de la Nation tout entière et je le dis d'autant plus qu'il y a un autre souvenir je ne m'en souviens pas personnellement, j'étais trop jeune, j'avais quatre ans : c'est l'appel de l'Abbé Pierre le 1er février 1954. C'est demain cet anniversaire. Et il y a encore en France aujourd'hui, même si nous nous battons pour le logement pour tous, à la fois pour le logement social, à la fois pour l'accession à la propriété et les parcours résidentiels, l'hébergement d'urgence, il y a encore trop de mal logés en France, donc il ne faut pas baisser notre effort. Il faut le poursuivre, l'amplifier.
Je n'oublie pas que l'appel du 1er février 1954 de l'Abbé Pierre avait été particulièrement entendu, ici notamment, dans l'agglomération nantaise, parce que nous étions, en particulier à Nantes, dans une ville profondément meurtrie par la guerre, où les bombardements avaient détruit des milliers de logements, où, jusqu'au milieu des années 60, encore trop d'habitants vivaient dans des baraquements provisoires. C'est pour répondre à cet appel que la France a construit tant de logements sociaux. Et c'est parce que les besoins restent immenses qu'il nous faut continuer à construire pour notre pays.
Je voudrais saluer en cet instant la mobilisation des élus de l'agglomération nantaise. Charles Gautier a dit qu'il y avait trois communes qui respectaient totalement la loi de plus de 20 % de logements sociaux fixée par la loi Renouvellement Urbain dont Patrick Rimbert, le maire de Nantes, avait été le rapporteur à l'Assemblée nationale. 20 % dans les communes de plus de mille cinq cents habitants. C'est le cas pour Saint-Herblain, largement au-dessus ; c'est le cas pour Nantes ; c'est le cas pour Rezé. Il y a des communes qui n'y sont pas encore et je salue l'effort qu'elles font pour y parvenir. Celles qui sont à la traîne et qui ont peut-être moins de volonté, je les encourage vraiment à le faire.
Chacun a sa place, son rôle à jouer. N'opposons pas le logement social au logement en accession, il n'y a pas de raison. Nous voulons rassembler les Français dans leur diversité et leur donner leur chance d'habiter. C'est ce qu'on appelle la mixité urbaine, la mixité sociale. Arrêtons d'avoir peur du logement social, ce serait le contraire : il faut donner une chance et se donner la chance pour la justice, et la justice c'est l'accès au logement. J'entendais ce matin à la radio le témoignage d'une personne qui avait été expulsée de son logement parce qu'elle avait perdu son emploi, et elle racontait que c'était sa dignité qui était atteinte. Donc restons vigilants, restons mobilisés mais je salue l'effort qui est fait ici par les collectivités locales, en particulier à Nantes Métropole, et qui vient amplifier l'engagement de l'État.
Mais il ne suffit pas de disposer d'un parc social important. Il faut lui apporter une attention permanente, l'entretenir, le rénover. C'est comme si vous étiez propriétaire de votre maison : est-ce que vous ne faites pas des travaux d'entretien ? Est-ce que, de temps en temps, vous ne changez pas le système de chauffage ? Est-ce que vous ne faites pas des travaux d'isolation ? Si vous voulez maintenir votre patrimoine, vous devez le faire, et souvent les propriétaires le font quand ils en ont les moyens. Eh bien c'est la même chose pour les bailleurs sociaux : au fil du temps, il faut sans cesse réinvestir pour que le logement reste de qualité. C'est ce qui a été fait ici avec des normes de confort et des normes de sécurité et des normes énergétiques nouvelles.
En ce qui concerne l'énergie, je demandais tout à l'heure s'il s'agissait bien de photovoltaïques qui étaient sur le toit. Oui ! Ça sert comme source d'énergie pour l'eau chaude sanitaire et ça fait une diminution très forte de la facture. Mais plus que ça, vous avez entrepris ici l'isolation thermique des fenêtres, des portes, et là quelques locataires que je rencontrais tout à l'heure m'ont dit : « Notre facture baisse, donc c'est du pouvoir d'achat ». Et donc le chantier, le vaste chantier que le gouvernement a lancé de 500 000 logements par an rénovés, plus le logement social, c'est de l'investissement, c'est de l'emploi. C'est de l'emploi de proximité pour les entreprises du bâtiment. C'est aussi la contribution à la transition énergétique, la baisse de la facture énergétique de la France, donc les chiffres de notre commerce extérieur. Mais pour les familles, pour les ménages, c'est aussi du pouvoir d'achat.
C'est pour ça que la TVA a été baissée à 5,5 %, pour les travaux dans le logement social et chez les particuliers, qu'il y a un crédit d'impôt, qu'il y a également une subvention pour les particuliers. Il faut s'engager encore plus, et je souhaite que nous avancions encore plus vite et plus fort, et là encore avec le concours des collectivités locales.
Et puis, je voudrais sans être trop long vous dire que le troisième pari de la rénovation urbaine, c'est la participation des habitants. Déjà, déjà lorsque François Mitterrand était venu en 1989 après sa réélection, on avait pu tirer le bilan de l'opération Habitat et Vie sociale dont les initiateurs, les concepteurs Michel Cantal-Dupart, qui est un Nantais, architecte urbaniste, et Roland Castro, lui-même aussi architecte urbaniste, avait pensé et avaient dès le départ affirmé que, si les habitants ne sont pas dans le coup, ceux qui vivent, ceux qui résident, s'ils ne donnent pas leur avis, s'ils n'apportent pas leur contribution, alors une partie du projet échouera. Ici, je crois que 25 ans après vous avez fait la démonstration qu'il fallait amplifier cette participation des habitants. Et vous l'avez fait. Et si le résultat est encore à venir, c'est parce que vous n'avez pas fait semblant de les consulter, vous les avez associés à la décision.
Monsieur le maire, cher Charles, vous avez parlé de l'ambition que nous devons avoir pour l'emploi, pour la jeunesse, pour l'éducation. Vous avez raison. La rénovation urbaine, elle est indispensable. Elle est nécessaire. La participation des habitants, elle est indispensable, elle est nécessaire. Les objectifs écologiques, ils sont indispensables, ils sont nécessaires, mais ce qui est indispensable et encore plus indispensable, c'est de permettre à tous d'accéder à la formation et à l'emploi.
Et vous avez ici montré à travers votre projet de réorganisation de la présence scolaire, qui était jusqu'à présent au nord vers la route de Vannes, l'école, le collège, vous avez voulu, dans votre projet global avec d'autres logements, mettre l'école au cur de ce nouveau grand quartier. Et vous avez raison. Ça ne sera pas que des bâtiments scolaires. Et vous avez interpellé l'Etat à juste titre.
Le chantier que nous avons lancé de la refondation de l'école, c'est un chantier difficile, c'est un chantier exigeant qui mobilise des moyens prioritaires du budget de l'Etat au moment où nous devons faire des économies sur la dépense publique. Eh bien, l'école reste et doit demeurer la priorité en terme de moyens humaines, en terme de formation des professeurs pour qu'ils puissent répondre du mieux possible aux besoins de la jeunesse, y compris l'organisation des rythmes scolaires. Tout cela participe à la même ambition. Et la même ambition c'est quoi ? C'est de refuser la fatalité de l'échec scolaire pour une partie de la jeunesse de France. Parce qu'il n'est pas acceptable que 20 % des enfants chaque année échouent à l'école. Alors vous me direz : « oui mais l'école marche pour 80 % des jeunes ». Oui, mais, est-ce que la République si elle veut rester fidèle à sa promesse de l'égalité, de l'émancipation, du progrès social, peut se résigner à cette fatalité ? Non. C'est ce défi que nous avons décidé de relever : faire que tous les jeunes puissent réussir et d'abord réussir à l'école primaire.
Pourquoi avons-nous mis d'abord l'accent sur l'école primaire ? Nous le faisons en partenariat avec les communes, parce que c'est là qu'on apprend les fondamentaux ; c'est là, comme on dit, qu'on apprend à lire et à compter ; on apprend aussi les règles ; on apprend aussi les droits et les devoirs ; on apprend ce que sont les valeurs de la République pour qu'on ne s'en laisse pas conter par tous ceux qui veulent influencer, vous détourner des idées et des valeurs de la République.
Eh bien, c'est là que nous devons mettre le paquet et continuer à le faire. Parce que c'est là, quand on a réussi à maîtriser les apprentissages fondamentaux, que le reste du cursus scolaire se déroulera dans de meilleures conditions. Parce que si on ne fait pas ça, alors on aura cette situation que vous avez constatée, monsieur le maire : que dans une ville où il y a 40 000 emplois, où il y a pourtant des clauses d'insertion dans les chantiers, eh bien, pour autant, ça ne veut pas dire qu'il y a systématiquement une entrée dans l'emploi ou dans la formation dans l'emploi. Cela veut dire qu'il y a un travail à faire. Ce travail il est à prendre dès le départ, dès l'école. Et quand c'est après l'école, parce qu'il y a ceux qui ont grandi, qui sont des jeunes adultes, alors il faut leur tendre la main. Ce sont les clauses d'insertion, mais ce n'est pas suffisant.
Pourquoi avons-nous lancé un programme d'emplois d'avenir ? Pourquoi avons-nous adopté un plan de contrats de génération ? Parce que nous voulons que ces jeunes qui sont sortis depuis longtemps de l'école et qui ne trouvent rien, on leur tende la main, que la société leur tende la main, que la République leur tende la main. Non pas pour faire à leur place, mais pour leur donner leur chance. Et je remercie ceux qui y contribuent, les collectivités locales, les associations, le secteur de la mutualité. Ici Harmonie Habitat a proposé des emplois à des jeunes. Je les ai croisés tout à l'heure. Ils vont apprendre un vrai métier. Et donc leur vie change. Je leur demande : « Qu'est-ce que vous ressentez ? ». « Notre vie change, parce que là on se sent plus fier de nous-mêmes, nos familles aussi ». Donc il y a de l'espoir.
Alors, est-ce que nous avons gagné la bataille du chômage, pour faire reculer durablement le chômage de notre pays, mesdames, messieurs, chers compatriotes ? Non, nous ne l'avons pas encore gagnée. C'est pour cela qu'il faut continuer à se battre et que je veux continuer à me battre. Mais c'est vrai que ces efforts que nous avons faits ont permis que, depuis un an, le chômage des jeunes de moins de 25 ans recule en France. Pour les moins de 50 ans, il a reculé en France. Mais il reste encore trop de chômeurs, beaucoup de chômeurs ; il reste ceux qui ont plus de 50 ans, qu'on appelle les seniors. Mais sont-ils si âgés que cela pour rester au chômage jusqu'à leur retraite qui, peut-être, sera, du fait qu'ils n'ont pas travaillé, d'un piètre niveau ? Non. Et puis, il y a les chômeurs de longue durée. Donc, nous devons continuer à nous battre. Et donc, ce que nous avons lancé, le programme d'emplois d'avenir, nous allons le poursuivre cette année en l'amplifiant encore ; et je remercie ceux qui nous aident, les missions locales par exemple qui sont en contact avec les jeunes, qui vont les convaincre qu'ils peuvent s'en sortir.
Et puis, il faut améliorer la situation économique de notre pays. Parce que c'est par les entreprises aussi, pour les rendre plus dynamiques, plus compétitives, pour qu'elles investissent, pour qu'elles forment davantage, que nous réussirons. C'est le sens du pacte de responsabilité qu'a lancé le président de la République. Et il a raison, c'est un appel à la mobilisation et à la responsabilité de tous. J'ai rencontré les partenaires sociaux, patronat et syndicats cette semaine, j'ai présenté les orientations. J'ai lancé les ateliers de la fiscalité pour les entreprises et pour les ménages cette semaine. Maintenant il faut se mettre au travail. Mais quand l'Etat fait un effort en direction des entreprises pour leur redonner de l'air en quelque sorte, parce qu'elles sont à la peine pour beaucoup d'entre elles, parce qu'on ne sort pas comme ça de tant d'années de crise, 5 ans, 2007-2012 avec une croissance zéro en moyenne, ça laisse des traces. Ca conduit à des pertes d'emplois, ça conduit à la montée du chômage, au chômage de masse, à la précarité, à des territoires impactés. Il ne faut pas se résigner, mais en même temps il faut aller plus vite et plus fort, c'est le sens du pacte.
Le pacte, c'est un compromis. C'est un effort de la nation. Un effort financier pour aider les entreprises, mais il faut des contreparties. J'ai demandé aux partenaires sociaux de se réunir et, dans un délai d'un mois, de donner leurs préconisations. Voilà la règle du jeu que nous allons établir ensemble. Nous allons à la fois améliorer la situation économique des entreprises pour investir, innover et embaucher. Mais aussi mieux former, mieux former, accueillir des jeunes en alternance et ne pas avoir peur de le faire, considérant que c'est une tâche d'intérêt national, et que les entreprises - et les entreprises ce sont des chefs d'entreprise, des salariés-, mais aussi les collectivités publiques, le secteur de l'économie sociale et solidaire dont font partie les mutualistes, doivent prendre leur part.
Que chacun prenne sa part au redressement de la France. Eh bien, ici, vous faites la démonstration chaque jour que c'est votre combat et ce combat, c'est aussi l'investissement public. Et l'investissement public, il va se traduire, après ce programme de rénovation urbaine, par un nouveau programme que j'ai déjà annoncé il y a quelques semaines mais, que je redis ici avec François Lamy, le ministre de la Ville. Ce sont 5 milliards d'euros dont va disposer l'Agence Nationale de Rénovation Urbaine qui permettront dans les 10 prochaines années de lancer de nouveaux programmes de rénovation urbaine et de reconstruction de quartiers dans l'esprit de ce que vous avez fait ici.
Ces investissements permettront d'avoir un effet de levier : 5 milliards de l'Etat, les pouvoirs publics mais, en même temps, mobilisation des financements des collectivités locales et du secteur privé, c'est-à-dire un effet de levier pour 20 milliards. 20 milliards d'euros, c'est beaucoup d'argent, ce sont beaucoup de moyens, c'est beaucoup de travail et ce sont aussi 200 quartiers concernés, qui ne l'étaient pas forcément jusqu'à présent.
Voilà le sens dans lequel nous travaillons avec des exigences, je les ai rappelées, exigences sociales, et mixité sociale, exigences de qualité urbaine, exigences de qualité environnementale, exigences de participation des citoyens et des habitants, exigences éducatives, exigences sanitaires, j'ai entendu votre message. Le message, c'est de tout faire pour l'accès à la santé pour tous, que ce soit dans les grands établissements hospitaliers ou au plus près de la vie des gens. La vie des gens, oui la vie des gens, c'est aussi d'encourager les entreprises, les petites entreprises à mobiliser, et c'est le cas ici. Je l'ai vu, j'ai vu ceux qui s'occupent de microcrédits. Nous avons mis en place avec François Lamy et Fleur Pellerin un crédit de 600 millions d'euros pour les entrepreneurs des quartiers pour embaucher des jeunes et pour former.
Mesdames et messieurs, mes chers amis, je vais terminer en vous disant que j'ai commencé par de l'émotion, et je terminerai par une conviction : c'est que si je trouve chaque jour de la force pour mener l'action qui est la mienne et qui n'est pas facile, ce n'est pas pour vous dire qu'elle est difficile que je suis venu vous voir, c'est pour vous dire merci. Merci pour ce que j'ai appris ici, lorsque vivant ici, participant avec d'autres à tous les combats, je pense aux comités des locataires J'ai une anecdote. Je me souviens, d'ailleurs quelqu'un m'en a parlé tout à l'heure, à propos de l'eau chaude des sanitaires, il y avait eu une grève des charges des locataires -je n'étais plus locataire du Sillon-, il y avait même eu occupation des locaux tout en haut des bureaux du Home Atlantique de l'époque, ça n'avait pas été simple, les locataires étaient déterminés parce qu'ils considéraient que le service rendu était de mauvaise qualité et qu'en plus ils payaient trop cher, vous voyez l'histoire. Les choses ont bien changé. Mais, pour sortir de ce conflit, moi je venais juste d'être élu maire de Saint-Herblain et les habitants ont dit, il faut qu'on demande à Jean-Marc d'être médiateur. Donc j'ai fait médiateur.
J'ai appris beaucoup de choses. J'ai vu des hommes et des femmes qui voulaient trouver des solutions et qui avaient envie de les trouver. Et qui savaient -même si c'était dur, il y a eu parfois des confrontations-, qui avaient envie de s'écouter et de se respecter, qui n'acceptaient pas les invectives, qui n'acceptaient pas qu'on montre du doigt tel ou tel sous prétexte qu'il exerçait des responsabilités. Eh bien, moi, cela m'a inspiré, et pas seulement ce conflit, mais les hommes et les femmes que j'ai vus ici et qui sont restés des amis. Ce sont ceux qui m'inspirent et ceux auxquels je veux rester fidèle dans le combat que je mène à la tête du gouvernement de la France avec l'équipe du gouvernement et sous l'autorité du président de la République.
Oui, c'est cela le sens de mon engagement. Il reste le même à un poste différent, mais toujours avec les mêmes valeurs, celles de la justice, celles du combat contre les discriminations, contre les inégalités, celles de la République.
Vive la République et vive la France.
Source http://www.gouvernement.fr, le 10 février 2014