Texte intégral
CHRISTOPHE BARBIER
André VALLINI, bonjour. Bienvenu.
MONSIEUR LE SECRETAIRE D'ETAT ANDRE VALLINI
Bonjour.
CHRISTOPHE BARBIER
Le Premier ministre a donc reçu hier les députés qui proposent une sorte de contre-plan d'économies. Est-ce que des corrections au premier plan seront apportées d'ici mardi prochain ?
ANDRE VALLINI
Je pense que c'est possible. Je pense que le Premier ministre, et des députés l'ont dit d'ailleurs, les a entendus, il les a écoutés longuement. Il va recevoir aujourd'hui les radicaux de gauche, les écologistes et la majorité parlementaire fonctionne comme elle doit fonctionner. On ne peut pas dire, lorsque les députés exécutent la politique du gouvernement le petit doigt sur la couture du pantalon que ce sont des godillots et s'en lamenter, et en même temps lorsqu'ils décident de jouer leur rôle de se faire entendre du gouvernement dire que c'est le désordre dans la majorité. Non, je crois que la majorité parlementaire joue son rôle.
CHRISTOPHE BARBIER
Est-ce que les petits retraités ce matin peuvent être rassurés ?
ANDRE VALLINI
C'est une demande importante des députés socialistes, et d'ailleurs ils sont dans leur rôle de député face au gouvernement, et de députés socialistes que de se préoccuper des plus modestes. Je pense, d'après ce qu'a dit Bruno LE ROUX, que le Premier ministre a entendu notamment sur ce point les députés, sur le point des petites retraites.
CHRISTOPHE BARBIER
Et pour les fonctionnaires ? Là aussi, c'est quand même en grande partie la France de gauche. Leur demander encore trois ans d'efforts, de gel, est-ce que c'est supportable ?
ANDRE VALLINI
C'est difficile. Les efforts sont demandés à tout le monde. Ils doivent être demandés d'abord à ceux qui ont le plus, aux plus favorisés. De ce point de vue, la politique fiscale du gouvernement depuis deux ans est ciblée, si j'ose dire, sur les plus favorisés. On demande beaucoup plus à ceux qui ont le plus et un peu moins à ceux qui ont moins, et tout le monde doit faire des efforts y compris les fonctionnaires. Je mesure l'effort qui leur est demandé, bien sûr.
CHRISTOPHE BARBIER
Demander aux grands groupes, aux grandes entreprises, d'attendre 2016 pour profiter du Pacte de responsabilité, est-ce que ce n'est pas raisonnable finalement ?
ANDRE VALLINI
Ecoutez, lorsqu'on veut vraiment s'attaquer au problème de la compétitivité des entreprises, il faut y aller vite et fort.
CHRISTOPHE BARBIER
D'abord pour les TPE et les PME ; c'est là qu'est l'emploi.
ANDRE VALLINI
Bien sûr, bien sûr. C'est là qu'est l'emploi, c'est là que sont les gisements de croissance et les TPE, les PME et les PMI sont très importantes. Mais les grands groupes peuvent aussi participer à la croissance.
CHRISTOPHE BARBIER
Et si la gauche de la gauche le 29 avril fait chuter ce vote, s'il est négatif ? Ce n'est pas grave, c'est un vote consultatif.
ANDRE VALLINI
Non, non. Je ne crois pas que le vote sera négatif. Les socialistes, les radicaux, les écologistes même, dans leur grande majorité, ne veulent pas pratiquer la politique du pire. Personne n'a intérêt à une crise politique, à une crise de régime même Il faut donc que tout le monde fasse preuve de responsabilité, que le Premier ministre et le gouvernement entendent les parlementaires et je suis sûr que le vote sera positif.
CHRISTOPHE BARBIER
Le moment de vérité, ce sera la loi de finance rectificative ?
ANDRE VALLINI
Oui, la loi de finance rectificative, la loi de finance initiale pour 2015 aussi ; il y a beaucoup de moments de vérité qui nous attendent. On vit une période difficile, le gouvernement veut redresser les comptes du pays non pas parce que les comptes sont comme ça, une espèce de fétiche pour le gouvernement. Il faut redresser les comptes pour rendre la France plus compétitive pour en finir avec cette dette qui plombe le pays, qui nous rend dépendant de l'extérieur. Il faut donc retrouver de la souveraineté, de la compétitivité, que la France retrouve sa place dans la compétition économique internationale.
CHRISTOPHE BARBIER
Oui, mais l'Etat commence par priver les collectivités locales de 11 milliards. Mais ça, c'est de l'argent qui était investi par les collectivités locales qui donnaient du travail.
ANDRE VALLINI
Pas forcément. Les collectivités locales ont aussi beaucoup de dépenses de fonctionnement et c'est là qu'il faut faire des économies. Sur le fonctionnement des communes, des intercommunalités, des départements et des régions.
CHRISTOPHE BARBIER
C'est-à-dire qu'on va aussi resserrer l'emploi public local et créer du chômage ?
ANDRE VALLINI
On va sans doute créer moins d'emplois. On a crée beaucoup d'emplois dans les communes, les intercommunalités, les départements, les régions. Il faut sans doute ralentir la création de ces emplois, ce que je fais dans le département de l'Isère, bien sûr.
CHRISTOPHE BARBIER
Hier, il y avait aussi à Matignon cette réunion donc avec les régions, avec les départements pour parler de ce redécoupage. Est-ce que vous éviterez la loi sur le rapprochement des régions ? Est-ce que les régions vont se mettre d'accord toutes seules ?
ANDRE VALLINI
On leur demande de se mettre d'accord entre elles d'abord, dans un premier temps. Ça a commencé. Regardez ce qui se passe entre la Franche-Comté et la Bourgogne. Hier le président de l'Alsace était là, celui de la Lorraine aussi. Monsieur RICHERT et monsieur MASSERET nous ont dit qu'ils avaient commencé à discuter d'un rapprochement Alsace-Lorraine.
CHRISTOPHE BARBIER
Mais du côté de la Bretagne, de l'ouest, là c'est l'Etat qui devra trancher.
ANDRE VALLINI
En Bretagne, les choses avancent aussi. Il y a eu un voeu adopté par l'assemblée de Bretagne, le conseil régional pour un jour faire une grande assemblée de Bretagne région-département. Les deux Normandie discutent, il y a des choses qui se passent aussi dans le Midi de la France. Les régions ont conscience qu'elles sont trop petites. Elles manquent de moyens, elles manquent de compétences, elles ont besoin aussi d'être plus grandes, à l'échelle européenne. Les présidents de régions sont conscients, ils nous l'ont dit hier, et ils commencent à discuter.
CHRISTOPHE BARBIER
En revanche, les présidents de départements, eux, rechignent. Pourtant c'est en 2021 que leur assemblée, leur conseil départemental doit disparaître. Est-ce que là vous éviterez le passage en force ? Est-ce qu'il ne faudra pas quand même les brusquer ?
ANDRE VALLINI
Passage en force, non. Il y a un Parlement, tout ça passera par le Parlement, l'Assemblée, le Sénat. Les choses seront peut-être un peu plus difficiles au Sénat mais même au Sénat, vous savez, il y a des réformateurs et des conservateurs. Le clivage n'est pas droite-gauche sur ces questions. Alain JUPPE, Jean-François COPE ont dit encore récemment qu'ils voulaient supprimer les conseils généraux. D'un autre côté les centristes j'ai entendu monsieur VIGIER à l'Assemblée, monsieur ZOCCHETTO au Sénat, madame JOUANNO, monsieur JEGO aussi je les ai entendus dire que la réforme territoriale telle que nous l'envisageons leur semble positive, aller dans le bon sens. Vous savez le clivage, je le répète, il est entre ceux qui veulent moderniser la France et ceux qui ne veulent rien changer.
CHRISTOPHE BARBIER
Mais c'est moderniser que de supprimer le département qui distribue l'argent du social, qui aide les gens ?
ANDRE VALLINI
Aujourd'hui, oui, le département c'est très important. Je préside le département de l'Isère pour quelques semaines encore, je sais bien tout le travail que font les conseillers généraux et les services des conseils généraux. Mais demain, avec de grandes intercommunalités qui seront plus grandes par rapport à la taille, qui seront montées en puissance aussi, qui feront plus de choses, on pourra voir autrement le rôle du département. Les intercommunalités, c'est plus proche encore des gens que les départements. Attendons de voir la montée en puissance des intercommunalités, la montée en puissance des régions et vous verrez que le rôle du département sera appréhendé autrement.
CHRISTOPHE BARBIER
Est-ce qu'il ne faudra pas un référendum quand même pour solenniser cette mutation française ?
ANDRE VALLINI
Pourquoi pas ? Les référendums sont parfois utiles mais c'est délicat, un référendum sur des questions territoriales parce qu'on n'est pas sûr que les gens répondent à la question qui leur est posée.
CHRISTOPHE BARBIER
On l'a vu en Alsace.
ANDRE VALLINI
Oui, on l'a vu en Alsace. On l'a vu en Corse aussi. Voilà, il faut beaucoup écouter, beaucoup consulter, laisser les élus faire leur travail, discuter entre eux, et à la fin je pense que le législateur devra trancher.
CHRISTOPHE BARBIER
Il y a des élections l'année prochaine, justement régionales et départementales, qui vont se faire dans le KO et le trouble. Est-ce qu'il ne faudrait pas repousser ces échéances ?
ANDRE VALLINI
Hier, les présidents de départements et les présidents de régions nous ont dit, les deux, qu'il faudrait peut-être envisager de repousser les élections. Pour le moment, ce n'est pas à l'ordre du jour. Je pense que les cantonales et les régionales de l'année prochaine vont peut-être pour une fois susciter beaucoup d'intérêt, un grand débat dans le pays sur quel avenir pour la région, quel contour, quelle configuration pour ma région, quel avenir pour mon département, quel rôle pour mon département et donc pour les intercommunalités. Pour une fois, grâce à ces réformes annoncées par Manuel VALLS, il se peut qu'il y ait un grand débat démocratique au bon sens du terme dans les régions et les départements.
CHRISTOPHE BARBIER
Mais avant, aux sénatoriales, les candidats conservateurs vont dire : « Votez pour moi, sauvez votre département » et la gauche va perdre.
ANDRE VALLINI
Il y aura aussi des candidats réformateurs qui diront aux sénatoriales : « Il faut changer les choses. Tout ça coûte trop cher, tout ça est trop compliqué ». Les Français attendent cette réforme, monsieur BARBIER. C'est une des réformes les plus populaires si j'ose dire. Dans le discours de Manuel VALLS, son discours de politique générale, c'est ce qui a été retenu par les Français. La France est en retard, l'Italie est en avance sur nous. Elle bouge l'Italie. Matteo RENZI fait bouger les régions, les départements, et en Italie ça avance. Il faut que la France prenne enfin la décision de faire bouger ses territoires.
CHRISTOPHE BARBIER
Jérôme CAHUZAC dans Vanity Fair déclare que sa pire erreur, ç'a été d'accepter d'entrer au gouvernement. Comment réagissez-vous ?
ANDRE VALLINI
Il aurait fallu y penser avant, avant d'entrer au gouvernement.
CHRISTOPHE BARBIER
Et de dire : « Non. Je me mets en règle » ?
ANDRE VALLINI
Evidemment, oui.
CHRISTOPHE BARBIER
Arnaud MONTEBOURG a dîné ostensiblement avec Aquilino MORELLE il y a quelques jours. Est-ce que ce n'est pas choquant qu'un ministre déjeune avec quelqu'un qui est mis en cause ?
ANDRE VALLINI
C'est sa vie privée. Je ne me prononce pas sur la vie privée de mes collègues.
CHRISTOPHE BARBIER
Ce n'est pas un acte politique fort, de dire : « Il est innocent. Je le défends. C'est mon ami » ?
ANDRE VALLINI
Je n'en sais rien.
CHRISTOPHE BARBIER
Et enfin Anne SINCLAIR, vous avez vu, qui donne ses premières confessions, confidences. Elle considère que les autorités consulaires françaises en 2011 ont un peu laissé tomber Dominique STRAUSS-KAHN. C'est votre sentiment ?
ANDRE VALLINI
Je n'ai pas vu l'émission. Je travaillais hier soir, je préparais votre émission de ce matin et je ne sais pas ce qu'elle a dit, je ne sais pas ce qui s'est passé à New York, ni au Sofitel, ni avec les autorités consulaires, donc là je ne me prononce pas non plus.
CHRISTOPHE BARBIER
C'est une page oubliée à gauche, l'affaire Strauss-Kahn ? Ou ça reste dans les mémoires ?
ANDRE VALLINI
Non, ce n'est oublié ni à gauche, ni en France. C'est une page qui a marqué l'histoire politique de notre pays évidemment. Dominique STRAUSS-KAHN était un homme politique de premier plan. Ce qui s'est passé à New York ne peut pas s'oublier comme ça et ça va rester, bien sûr.
CHRISTOPHE BARBIER
Les affaires continuent, les scandales s'ajoutent aux scandales. La gauche n'arrive pas à être cette République exemplaire.
ANDRE VALLINI
Ecoutez, lorsque quelqu'un a enfreint la loi, quelqu'un se comporte mal, il est évacué, entre guillemets, très vite. Aquilino MORELLE, si tant est qu'il ait commis ce qui lui est reproché, a quitté l'Elysée en 24 heures ; CAHUZAC a démissionné très vite. Certes il y a toujours des gens qui commettent des erreurs et des fautes. Ce qu'il faut, c'est les sanctionner très vite. C'est le cas aujourd'hui.
CHRISTOPHE BARBIER
André VALLINI, merci.
ANDRE VALLINI
Merci.
CHRISTOPHE BARBIER
Bonne journée.Source : Service d'information du Gouvernement, le 6 mai 2014
André VALLINI, bonjour. Bienvenu.
MONSIEUR LE SECRETAIRE D'ETAT ANDRE VALLINI
Bonjour.
CHRISTOPHE BARBIER
Le Premier ministre a donc reçu hier les députés qui proposent une sorte de contre-plan d'économies. Est-ce que des corrections au premier plan seront apportées d'ici mardi prochain ?
ANDRE VALLINI
Je pense que c'est possible. Je pense que le Premier ministre, et des députés l'ont dit d'ailleurs, les a entendus, il les a écoutés longuement. Il va recevoir aujourd'hui les radicaux de gauche, les écologistes et la majorité parlementaire fonctionne comme elle doit fonctionner. On ne peut pas dire, lorsque les députés exécutent la politique du gouvernement le petit doigt sur la couture du pantalon que ce sont des godillots et s'en lamenter, et en même temps lorsqu'ils décident de jouer leur rôle de se faire entendre du gouvernement dire que c'est le désordre dans la majorité. Non, je crois que la majorité parlementaire joue son rôle.
CHRISTOPHE BARBIER
Est-ce que les petits retraités ce matin peuvent être rassurés ?
ANDRE VALLINI
C'est une demande importante des députés socialistes, et d'ailleurs ils sont dans leur rôle de député face au gouvernement, et de députés socialistes que de se préoccuper des plus modestes. Je pense, d'après ce qu'a dit Bruno LE ROUX, que le Premier ministre a entendu notamment sur ce point les députés, sur le point des petites retraites.
CHRISTOPHE BARBIER
Et pour les fonctionnaires ? Là aussi, c'est quand même en grande partie la France de gauche. Leur demander encore trois ans d'efforts, de gel, est-ce que c'est supportable ?
ANDRE VALLINI
C'est difficile. Les efforts sont demandés à tout le monde. Ils doivent être demandés d'abord à ceux qui ont le plus, aux plus favorisés. De ce point de vue, la politique fiscale du gouvernement depuis deux ans est ciblée, si j'ose dire, sur les plus favorisés. On demande beaucoup plus à ceux qui ont le plus et un peu moins à ceux qui ont moins, et tout le monde doit faire des efforts y compris les fonctionnaires. Je mesure l'effort qui leur est demandé, bien sûr.
CHRISTOPHE BARBIER
Demander aux grands groupes, aux grandes entreprises, d'attendre 2016 pour profiter du Pacte de responsabilité, est-ce que ce n'est pas raisonnable finalement ?
ANDRE VALLINI
Ecoutez, lorsqu'on veut vraiment s'attaquer au problème de la compétitivité des entreprises, il faut y aller vite et fort.
CHRISTOPHE BARBIER
D'abord pour les TPE et les PME ; c'est là qu'est l'emploi.
ANDRE VALLINI
Bien sûr, bien sûr. C'est là qu'est l'emploi, c'est là que sont les gisements de croissance et les TPE, les PME et les PMI sont très importantes. Mais les grands groupes peuvent aussi participer à la croissance.
CHRISTOPHE BARBIER
Et si la gauche de la gauche le 29 avril fait chuter ce vote, s'il est négatif ? Ce n'est pas grave, c'est un vote consultatif.
ANDRE VALLINI
Non, non. Je ne crois pas que le vote sera négatif. Les socialistes, les radicaux, les écologistes même, dans leur grande majorité, ne veulent pas pratiquer la politique du pire. Personne n'a intérêt à une crise politique, à une crise de régime même Il faut donc que tout le monde fasse preuve de responsabilité, que le Premier ministre et le gouvernement entendent les parlementaires et je suis sûr que le vote sera positif.
CHRISTOPHE BARBIER
Le moment de vérité, ce sera la loi de finance rectificative ?
ANDRE VALLINI
Oui, la loi de finance rectificative, la loi de finance initiale pour 2015 aussi ; il y a beaucoup de moments de vérité qui nous attendent. On vit une période difficile, le gouvernement veut redresser les comptes du pays non pas parce que les comptes sont comme ça, une espèce de fétiche pour le gouvernement. Il faut redresser les comptes pour rendre la France plus compétitive pour en finir avec cette dette qui plombe le pays, qui nous rend dépendant de l'extérieur. Il faut donc retrouver de la souveraineté, de la compétitivité, que la France retrouve sa place dans la compétition économique internationale.
CHRISTOPHE BARBIER
Oui, mais l'Etat commence par priver les collectivités locales de 11 milliards. Mais ça, c'est de l'argent qui était investi par les collectivités locales qui donnaient du travail.
ANDRE VALLINI
Pas forcément. Les collectivités locales ont aussi beaucoup de dépenses de fonctionnement et c'est là qu'il faut faire des économies. Sur le fonctionnement des communes, des intercommunalités, des départements et des régions.
CHRISTOPHE BARBIER
C'est-à-dire qu'on va aussi resserrer l'emploi public local et créer du chômage ?
ANDRE VALLINI
On va sans doute créer moins d'emplois. On a crée beaucoup d'emplois dans les communes, les intercommunalités, les départements, les régions. Il faut sans doute ralentir la création de ces emplois, ce que je fais dans le département de l'Isère, bien sûr.
CHRISTOPHE BARBIER
Hier, il y avait aussi à Matignon cette réunion donc avec les régions, avec les départements pour parler de ce redécoupage. Est-ce que vous éviterez la loi sur le rapprochement des régions ? Est-ce que les régions vont se mettre d'accord toutes seules ?
ANDRE VALLINI
On leur demande de se mettre d'accord entre elles d'abord, dans un premier temps. Ça a commencé. Regardez ce qui se passe entre la Franche-Comté et la Bourgogne. Hier le président de l'Alsace était là, celui de la Lorraine aussi. Monsieur RICHERT et monsieur MASSERET nous ont dit qu'ils avaient commencé à discuter d'un rapprochement Alsace-Lorraine.
CHRISTOPHE BARBIER
Mais du côté de la Bretagne, de l'ouest, là c'est l'Etat qui devra trancher.
ANDRE VALLINI
En Bretagne, les choses avancent aussi. Il y a eu un voeu adopté par l'assemblée de Bretagne, le conseil régional pour un jour faire une grande assemblée de Bretagne région-département. Les deux Normandie discutent, il y a des choses qui se passent aussi dans le Midi de la France. Les régions ont conscience qu'elles sont trop petites. Elles manquent de moyens, elles manquent de compétences, elles ont besoin aussi d'être plus grandes, à l'échelle européenne. Les présidents de régions sont conscients, ils nous l'ont dit hier, et ils commencent à discuter.
CHRISTOPHE BARBIER
En revanche, les présidents de départements, eux, rechignent. Pourtant c'est en 2021 que leur assemblée, leur conseil départemental doit disparaître. Est-ce que là vous éviterez le passage en force ? Est-ce qu'il ne faudra pas quand même les brusquer ?
ANDRE VALLINI
Passage en force, non. Il y a un Parlement, tout ça passera par le Parlement, l'Assemblée, le Sénat. Les choses seront peut-être un peu plus difficiles au Sénat mais même au Sénat, vous savez, il y a des réformateurs et des conservateurs. Le clivage n'est pas droite-gauche sur ces questions. Alain JUPPE, Jean-François COPE ont dit encore récemment qu'ils voulaient supprimer les conseils généraux. D'un autre côté les centristes j'ai entendu monsieur VIGIER à l'Assemblée, monsieur ZOCCHETTO au Sénat, madame JOUANNO, monsieur JEGO aussi je les ai entendus dire que la réforme territoriale telle que nous l'envisageons leur semble positive, aller dans le bon sens. Vous savez le clivage, je le répète, il est entre ceux qui veulent moderniser la France et ceux qui ne veulent rien changer.
CHRISTOPHE BARBIER
Mais c'est moderniser que de supprimer le département qui distribue l'argent du social, qui aide les gens ?
ANDRE VALLINI
Aujourd'hui, oui, le département c'est très important. Je préside le département de l'Isère pour quelques semaines encore, je sais bien tout le travail que font les conseillers généraux et les services des conseils généraux. Mais demain, avec de grandes intercommunalités qui seront plus grandes par rapport à la taille, qui seront montées en puissance aussi, qui feront plus de choses, on pourra voir autrement le rôle du département. Les intercommunalités, c'est plus proche encore des gens que les départements. Attendons de voir la montée en puissance des intercommunalités, la montée en puissance des régions et vous verrez que le rôle du département sera appréhendé autrement.
CHRISTOPHE BARBIER
Est-ce qu'il ne faudra pas un référendum quand même pour solenniser cette mutation française ?
ANDRE VALLINI
Pourquoi pas ? Les référendums sont parfois utiles mais c'est délicat, un référendum sur des questions territoriales parce qu'on n'est pas sûr que les gens répondent à la question qui leur est posée.
CHRISTOPHE BARBIER
On l'a vu en Alsace.
ANDRE VALLINI
Oui, on l'a vu en Alsace. On l'a vu en Corse aussi. Voilà, il faut beaucoup écouter, beaucoup consulter, laisser les élus faire leur travail, discuter entre eux, et à la fin je pense que le législateur devra trancher.
CHRISTOPHE BARBIER
Il y a des élections l'année prochaine, justement régionales et départementales, qui vont se faire dans le KO et le trouble. Est-ce qu'il ne faudrait pas repousser ces échéances ?
ANDRE VALLINI
Hier, les présidents de départements et les présidents de régions nous ont dit, les deux, qu'il faudrait peut-être envisager de repousser les élections. Pour le moment, ce n'est pas à l'ordre du jour. Je pense que les cantonales et les régionales de l'année prochaine vont peut-être pour une fois susciter beaucoup d'intérêt, un grand débat dans le pays sur quel avenir pour la région, quel contour, quelle configuration pour ma région, quel avenir pour mon département, quel rôle pour mon département et donc pour les intercommunalités. Pour une fois, grâce à ces réformes annoncées par Manuel VALLS, il se peut qu'il y ait un grand débat démocratique au bon sens du terme dans les régions et les départements.
CHRISTOPHE BARBIER
Mais avant, aux sénatoriales, les candidats conservateurs vont dire : « Votez pour moi, sauvez votre département » et la gauche va perdre.
ANDRE VALLINI
Il y aura aussi des candidats réformateurs qui diront aux sénatoriales : « Il faut changer les choses. Tout ça coûte trop cher, tout ça est trop compliqué ». Les Français attendent cette réforme, monsieur BARBIER. C'est une des réformes les plus populaires si j'ose dire. Dans le discours de Manuel VALLS, son discours de politique générale, c'est ce qui a été retenu par les Français. La France est en retard, l'Italie est en avance sur nous. Elle bouge l'Italie. Matteo RENZI fait bouger les régions, les départements, et en Italie ça avance. Il faut que la France prenne enfin la décision de faire bouger ses territoires.
CHRISTOPHE BARBIER
Jérôme CAHUZAC dans Vanity Fair déclare que sa pire erreur, ç'a été d'accepter d'entrer au gouvernement. Comment réagissez-vous ?
ANDRE VALLINI
Il aurait fallu y penser avant, avant d'entrer au gouvernement.
CHRISTOPHE BARBIER
Et de dire : « Non. Je me mets en règle » ?
ANDRE VALLINI
Evidemment, oui.
CHRISTOPHE BARBIER
Arnaud MONTEBOURG a dîné ostensiblement avec Aquilino MORELLE il y a quelques jours. Est-ce que ce n'est pas choquant qu'un ministre déjeune avec quelqu'un qui est mis en cause ?
ANDRE VALLINI
C'est sa vie privée. Je ne me prononce pas sur la vie privée de mes collègues.
CHRISTOPHE BARBIER
Ce n'est pas un acte politique fort, de dire : « Il est innocent. Je le défends. C'est mon ami » ?
ANDRE VALLINI
Je n'en sais rien.
CHRISTOPHE BARBIER
Et enfin Anne SINCLAIR, vous avez vu, qui donne ses premières confessions, confidences. Elle considère que les autorités consulaires françaises en 2011 ont un peu laissé tomber Dominique STRAUSS-KAHN. C'est votre sentiment ?
ANDRE VALLINI
Je n'ai pas vu l'émission. Je travaillais hier soir, je préparais votre émission de ce matin et je ne sais pas ce qu'elle a dit, je ne sais pas ce qui s'est passé à New York, ni au Sofitel, ni avec les autorités consulaires, donc là je ne me prononce pas non plus.
CHRISTOPHE BARBIER
C'est une page oubliée à gauche, l'affaire Strauss-Kahn ? Ou ça reste dans les mémoires ?
ANDRE VALLINI
Non, ce n'est oublié ni à gauche, ni en France. C'est une page qui a marqué l'histoire politique de notre pays évidemment. Dominique STRAUSS-KAHN était un homme politique de premier plan. Ce qui s'est passé à New York ne peut pas s'oublier comme ça et ça va rester, bien sûr.
CHRISTOPHE BARBIER
Les affaires continuent, les scandales s'ajoutent aux scandales. La gauche n'arrive pas à être cette République exemplaire.
ANDRE VALLINI
Ecoutez, lorsque quelqu'un a enfreint la loi, quelqu'un se comporte mal, il est évacué, entre guillemets, très vite. Aquilino MORELLE, si tant est qu'il ait commis ce qui lui est reproché, a quitté l'Elysée en 24 heures ; CAHUZAC a démissionné très vite. Certes il y a toujours des gens qui commettent des erreurs et des fautes. Ce qu'il faut, c'est les sanctionner très vite. C'est le cas aujourd'hui.
CHRISTOPHE BARBIER
André VALLINI, merci.
ANDRE VALLINI
Merci.
CHRISTOPHE BARBIER
Bonne journée.Source : Service d'information du Gouvernement, le 6 mai 2014