Texte intégral
M. le président. La parole est à M. le ministre de léconomie, du redressement productif et du numérique.
M. Arnaud Montebourg, ministre de léconomie, du redressement productif et du numérique. Monsieur le président, monsieur le secrétaire dÉtat chargé de la réforme de lÉtat et de la simplification, madame la présidente de la commission spéciale, madame la rapporteure, mesdames, messieurs les députés, jaimerais faire aujourdhui léloge de la simplicité.
Si je me retourne quelque dix ou vingt ans en arrière, je constate que nous faisions alors léloge de la complexité. Un grand philosophe Edgar Morin pour ne pas le citer en fit dailleurs un livre célèbre. Cet éloge sest prolongé dans le temps. Je me souviens que, longtemps, on a défendu la complexité, soit à titre dexcuse, soit en guise de référence. Il sagissait, en tout état de cause, dune marque de la modernité dans laquelle nous évoluions tous, presque dune nécessité. La société était complexe, à linstar des rapports humains et de la politique : bref, tout le monde devait saccommoder de cette complexité qui devait être arborée comme un motif de fierté générale.
Puis lère du numérique a bouleversé lesprit qui préside à notre désir dorganisation des sociétés. Le monde a redécouvert la simplicité, linterface accessible, la simplification des tâches, les nouveaux programmes ; la vie quotidienne sest transformée, comme notre vision de lorganisation des sociétés.
Cest lune des raisons pour lesquelles, aujourdhui, à linstar des citoyens et des entreprises, nous imaginons de nouveaux rapports sociaux, plus collaboratifs, participatifs, coopératifs et interactifs : entre les acteurs de la décision, le bouleversement est total, et tous les modèles autoritaires, verticaux, se voient substituer des modèles de discussion horizontaux. Voyez la relativité de la position bien éphémère que joccupe du fait de la puissance des discussions qui ont lieu dans cet hémicycle, dans le cadre dune relation horizontale.
M. Charles de La Verpillière. Cette modestie est inquiétante !
M. Arnaud Montebourg, ministre. Cest pourquoi, aujourdhui, avec Thierry Mandon, qui est en charge de cet important chantier auprès du Premier ministre, je ferai avec vous léloge de la simplicité. Le Gouvernement a fait de la simplification de la vie des citoyens comme de celle des entreprises une grande action prioritaire du quinquennat. Ce choc imaginé par le Président de la République au début de son mandat affronte les complexités administratives et réglementaires qui pèsent notamment sur les entreprises ; le ministre de léconomie est évidemment directement concerné par la question de ces obstacles au développement économique et, partant, à la création demplois.
Le 14 avril dernier, le Conseil de la simplification pour les entreprises, alors coprésidé par M. Thierry Mandon, devenu aujourdhui secrétaire dÉtat chargé de la réforme de lÉtat et de la simplification son ancien siège de député étant désormais occupé par M. Laurent Grandguillaume, que je salue et M. Guillaume Poitrinal, a présenté cinquante premières mesures de simplification.
Pour traduire en actes les recommandations du Conseil, jai donc présenté un nouveau projet de loi de simplification de la vie des entreprises en conseil des ministres, le 25 juin dernier. Le projet de loi reprend quatorze des cinquante recommandations formulées au printemps par le Conseil de la simplification pour les entreprises. Les autres mesures ont déjà été intégrées dans dautres textes législatifs, ou bien ne nécessitent pas un passage au Parlement et seront adoptées par décrets ou arrêtés.
Ce projet de loi se situe dans le prolongement de la loi du 2 janvier 2014 habilitant le Gouvernement à simplifier et à sécuriser la vie des entreprises, qui constituait, en quelque sorte, lacte I de la simplification. Le Gouvernement a immédiatement pris les ordonnances preuve, parmi dautres, du volontarisme de lexécutif à lexception dune seule sur les participations de lÉtat, qui sera promulguée à la rentrée. Parmi les sujets concernés figurent notamment les procédures collectives, limmobilier dentreprise ou la faculté pour les petites entreprises de ne pas publier leurs comptes.
Je sais que vous êtes particulièrement attentifs à lapplication des lois que vous adoptez ; nous le sommes dailleurs tout autant que vous. À cet égard, je veux saluer les parlementaires, notamment Mme Annick Lepetit, qui avait demandé au Gouvernement de faire appliquer plus rapidement encore les dispositions issues du précédent projet de loi de simplification : madame Lepetit, vous avez été entendue.
Par ailleurs, certaines mesures de simplification arrivent déjà au stade de lapplication concrète. Je pense à la mise en uvre du nouveau principe en vertu duquel le silence vaut accord M. Thierry Mandon entrera certainement davantage dans les détails de ce principe au cours de la discussion issu de la loi du 12 novembre 2013. Toutes les procédures pouvant être soumises à ce nouveau principe dont le nombre excède le millier sont désormais inventoriées. Le Conseil dÉtat sera saisi des premiers décrets dès la fin du mois et les premières mises en uvre interviendront dès le mois de septembre.
Pour ma part, jai dressé une feuille de route très claire à mes services et à ladministration économique de notre pays : seules les procédures qui impliquent la santé ou la sûreté des personnes doivent rester sous le régime du rejet implicite, toutes les autres devant épouser le nouveau principe. Plus de 75 % des procédures relevant de la direction générale de la compétitivité, de lindustrie et des services entrent dans le cadre du nouveau régime de laccord tacite ; ce taux sélève à 100 % sagissant des procédures relevant de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes et entrant dans le champ dapplication de la loi de novembre 2013.
Nous pourrions aller encore beaucoup plus loin. La volonté de simplifier la vie des entreprises fait partie, pour ainsi dire, de lADN du ministère dont jai la charge. Depuis le début des fonctions que jai lhonneur doccuper, javais demandé au tout nouveau Conseil national de lindustrie de répertorier les freins réglementaires détectés sur le terrain au développement de notre industrie, secteur par secteur. À lépoque, 64 mesures avaient été répertoriées ; toutes ces mesures ont été révisées ou font lobjet dune procédure de révision. Je prends lexemple dun secteur à limportance majeure auquel nous sommes tous attachés : celui des énergies renouvelables. Huit points de nuds législatifs avaient été identifiés par le Conseil national de lindustrie le CNI , qui sont tous en passe dêtre réglés. Larticle 8 du projet de loi soumis à votre discussion contient une mesure directement issue dune proposition du CNI : la création dune décision unique pour tout projet de production dénergie renouvelable en mer situé sur le domaine public maritime. Nous vous proposons de simplifier la procédure et de réduire les délais dinstruction. Par ailleurs, la future loi de transition énergétique reprend les sept autres propositions du CNI ; sans les citer toutes, je peux évoquer la simplification des procédures relatives aux installations en mer de production dénergie renouvelable ou des procédures relatives aux installations utilisant lénergie des marées.
Mesdames, messieurs les députés, si le volontarisme du Gouvernement en matière de simplification est total, notre méthode est innovante et, je le crois, performante : cest la méthode collaborative chère à M. le secrétaire dÉtat Thierry Mandon. Les entreprises évoquant les difficultés concrètes quelles doivent surmonter, le Conseil de la simplification pour les entreprises permet de faire émerger, à partir de ces dernières, de leur vécu de terrain, notamment au contact des administrations, tous les nuds réglementaires ou législatifs qui entravent notre économie.
Ce nest pas ladministration qui propose au nom et pour le compte des entreprises : ce sont les entreprises qui désignent à lÉtat les points qui sont source de difficultés. Cette méthode coopérative, qui repose sur la franchise, la liberté des propositions, y compris le refus, lorsque nous ne souhaitons pas aller plus loin que nécessaire, permet de travailler dans un cadre interministériel dont M. le secrétaire dÉtat Thierry Mandon a la charge, sous lautorité du Premier ministre. Cela permettra de présenter tous les six mois une série équivalente de mesures de simplification. Nous pourrons ainsi voir évoluer, de manière significative et concrète, ce dossier qui ne peut pas rester incantatoire.
Par ailleurs, par application de cette méthode collaborative, dans le cadre des 34 plans industriels que nous avons bâtis avec les industriels eux-mêmes, jai demandé à chaque responsable de plan didentifier les verrous réglementaires qui empêchent, ne permettent pas ou freinent laboutissement de linnovation. Il est important quun pays comme le nôtre, qui consacre un gros effort à se renouveler, à réinventer son industrie, soit capable den déduire la fin dun certain nombre de pratiques ou de règles administratives ou législatives qui freinent son évolution.
Les mesures contenues dans le texte en discussion, qui doivent être mises en uvre, pour certaines dentre elles, dici au 1er janvier 2015, concernent différents pans de notre droit : le droit du travail, le droit de la Sécurité sociale, lurbanisme, lenvironnement, le droit des sociétés et les obligations comptables et fiscales. Elles vont de lharmonisation des notions de « jour » dans le code du travail à la suppression de la déclaration des congés dété pour certaines professions, dont lorigine remontait à la Révolution française.
Sont également prévus la réduction du nombre de commissions administratives locales, la simplification de la réalisation des projets daménagement et de construction et lajustement des dispositions des ordonnances des 20 mars et 12 juin 2014 relatives aux autorisations uniques en matière dinstallations classées et autres installations soumises à autorisation, pour ne citer que ces mesures.
Je dirai un mot également de lextension des rescrits à de nouveaux domaines de laction publique. En cas de doute sur lapplication dune norme à une situation concrète, une entreprise pourra interroger ladministration qui sera tenue de lui délivrer une prise de position formelle et opposable juridiquement, dans la mesure où la situation lui aura été décrite de bonne foi. Cela permettra de prémunir les entreprises dun changement dinterprétation ou dappréciation de ladministration.
Le Gouvernement souhaite faciliter la création dentreprises à travers plusieurs mesures concrètes figurant dans ce texte, telles que lallégement des autorisations préalables à la création dentreprise et la possibilité de créer son entreprise avec un seul document en un seul lieu : cette mesure permettra le dépôt dun seul exemplaire des statuts auprès dun seul organisme au moment de la création dune entreprise. Avec un seul guichet et une seule démarche, je crois que nous pouvons dire que créer son entreprise naura jamais été aussi simple.
Le projet de loi met laccent sur la simplification en matière de construction. Cest un secteur essentiel à notre économie, qui représente environ 6 % de notre richesse nationale, qui a besoin dêtre encouragé et soutenu. Je sais que les parlementaires de cette assemblée partagent cette conviction. Il sagit non seulement de réduire les délais de délivrance des autorisations durbanisme, mais aussi délargir le champ dapplication des dérogations aux documents durbanisme pour faciliter la réalisation des projets dans les secteurs où la demande est forte, le but étant de réduire les contraintes, de faciliter la construction et de permettre une accélération des projets durbanisme.
Je voudrais revenir sur une dernière mesure, avant que mon collègue Thierry Mandon ne me succède à cette tribune : celle de la simplification des règles de la commande publique. Cest un sujet central et crucial pour léconomie de notre pays. Jai voulu cette simplification car, aujourdhui, nous devons favoriser laccès des PME à la commande publique, promouvoir le développement des critères sociaux et environnementaux et permettre un meilleur accès de ces entreprises locales à la commande publique. Nous devons utiliser à plein toutes les options et opportunités que le droit européen nous offre ; or, elles ne sont pas pleinement exploitées, notamment en ce qui concerne les établissements publics industriels et commerciaux, lorsquils évoluent au sein de secteurs concurrentiels. Ces derniers sont aujourdhui entravés par un système dappels doffres et une réglementation de la commande publique qui ne sont pas des plus performants. Or, il faut rappeler que la France consacre 80 milliards deuros à la commande publique ; nous sommes de loin le premier pays européen par le nombre dopérateurs adjudicateurs.
Les mesures de simplification de la commande publique seront présentées sous la forme dun amendement qui sera discuté devant vous, mesdames, messieurs les députés. Cest, jy insiste, un objectif tout à fait central que de faire évoluer les grands principes de la commande publique. Il nest pas inutile, à cette fin, dériger au rang législatif des mesures jusque-là dordre réglementaire. En effet, jusquà présent, la commande publique navait pas vu son rôle dinstrument au service de notre économie réaffirmé dans notre droit, au niveau législatif. Voilà qui sera chose faite.
Pour conclure, je voudrais remercier lensemble des parlementaires nombreux aujourdhui, de la majorité comme de lopposition qui se sont consacrés et attelés à cette tâche, en particulier les membres de la commission spéciale, qui effectuent un travail de grande qualité. Je salue la présidente de la commission, Mme Descamps-Crosnier, ainsi que la rapporteure, Mme Sophie Errante, qui nont pas compté leurs efforts.
Je vous remercie dautant plus que le recours aux ordonnances nest pas toujours chose facile à accepter pour les parlementaires, mais cest là le prix de la vitesse dexécution. Je veux rassurer un certain nombre de ceux qui sen inquiètent et leur dire que lancien parlementaire que je suis est évidemment tout à fait attentif au respect de la discussion devant la représentation nationale et quil est parfaitement possible, dans le cadre des lois dhabilitation, daccomplir un travail de suivi, au côté du Gouvernement, pour concilier la vitesse, la précision de laction et la force de lintervention du législateur et de lexécutif.
En tout état de cause, mesdames, messieurs les parlementaires, cette simplification constitue un grand changement dans notre pays. Parfois, les acteurs nous font part de leur sentiment diffus, imprécis que la France est bloquée, paralysée, que nous serions tombés dans le formol et quil est interdit de bouger. Il est vrai que le monde a changé, à linstar des relations que les citoyens entretiennent entre eux et de celles que les entreprises nouent avec les administrations. Mais les règles, elles, nont pas changé. Telle est la raison du travail auquel nous nous attelons les uns et les autres.
Je vous remercie en tout état de cause de votre grand volontarisme qui permettra à la France de se transformer avec votre soin et sous nos yeux. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
source http://www.assemblee-nationale.fr, le 23 juillet 2014
M. Arnaud Montebourg, ministre de léconomie, du redressement productif et du numérique. Monsieur le président, monsieur le secrétaire dÉtat chargé de la réforme de lÉtat et de la simplification, madame la présidente de la commission spéciale, madame la rapporteure, mesdames, messieurs les députés, jaimerais faire aujourdhui léloge de la simplicité.
Si je me retourne quelque dix ou vingt ans en arrière, je constate que nous faisions alors léloge de la complexité. Un grand philosophe Edgar Morin pour ne pas le citer en fit dailleurs un livre célèbre. Cet éloge sest prolongé dans le temps. Je me souviens que, longtemps, on a défendu la complexité, soit à titre dexcuse, soit en guise de référence. Il sagissait, en tout état de cause, dune marque de la modernité dans laquelle nous évoluions tous, presque dune nécessité. La société était complexe, à linstar des rapports humains et de la politique : bref, tout le monde devait saccommoder de cette complexité qui devait être arborée comme un motif de fierté générale.
Puis lère du numérique a bouleversé lesprit qui préside à notre désir dorganisation des sociétés. Le monde a redécouvert la simplicité, linterface accessible, la simplification des tâches, les nouveaux programmes ; la vie quotidienne sest transformée, comme notre vision de lorganisation des sociétés.
Cest lune des raisons pour lesquelles, aujourdhui, à linstar des citoyens et des entreprises, nous imaginons de nouveaux rapports sociaux, plus collaboratifs, participatifs, coopératifs et interactifs : entre les acteurs de la décision, le bouleversement est total, et tous les modèles autoritaires, verticaux, se voient substituer des modèles de discussion horizontaux. Voyez la relativité de la position bien éphémère que joccupe du fait de la puissance des discussions qui ont lieu dans cet hémicycle, dans le cadre dune relation horizontale.
M. Charles de La Verpillière. Cette modestie est inquiétante !
M. Arnaud Montebourg, ministre. Cest pourquoi, aujourdhui, avec Thierry Mandon, qui est en charge de cet important chantier auprès du Premier ministre, je ferai avec vous léloge de la simplicité. Le Gouvernement a fait de la simplification de la vie des citoyens comme de celle des entreprises une grande action prioritaire du quinquennat. Ce choc imaginé par le Président de la République au début de son mandat affronte les complexités administratives et réglementaires qui pèsent notamment sur les entreprises ; le ministre de léconomie est évidemment directement concerné par la question de ces obstacles au développement économique et, partant, à la création demplois.
Le 14 avril dernier, le Conseil de la simplification pour les entreprises, alors coprésidé par M. Thierry Mandon, devenu aujourdhui secrétaire dÉtat chargé de la réforme de lÉtat et de la simplification son ancien siège de député étant désormais occupé par M. Laurent Grandguillaume, que je salue et M. Guillaume Poitrinal, a présenté cinquante premières mesures de simplification.
Pour traduire en actes les recommandations du Conseil, jai donc présenté un nouveau projet de loi de simplification de la vie des entreprises en conseil des ministres, le 25 juin dernier. Le projet de loi reprend quatorze des cinquante recommandations formulées au printemps par le Conseil de la simplification pour les entreprises. Les autres mesures ont déjà été intégrées dans dautres textes législatifs, ou bien ne nécessitent pas un passage au Parlement et seront adoptées par décrets ou arrêtés.
Ce projet de loi se situe dans le prolongement de la loi du 2 janvier 2014 habilitant le Gouvernement à simplifier et à sécuriser la vie des entreprises, qui constituait, en quelque sorte, lacte I de la simplification. Le Gouvernement a immédiatement pris les ordonnances preuve, parmi dautres, du volontarisme de lexécutif à lexception dune seule sur les participations de lÉtat, qui sera promulguée à la rentrée. Parmi les sujets concernés figurent notamment les procédures collectives, limmobilier dentreprise ou la faculté pour les petites entreprises de ne pas publier leurs comptes.
Je sais que vous êtes particulièrement attentifs à lapplication des lois que vous adoptez ; nous le sommes dailleurs tout autant que vous. À cet égard, je veux saluer les parlementaires, notamment Mme Annick Lepetit, qui avait demandé au Gouvernement de faire appliquer plus rapidement encore les dispositions issues du précédent projet de loi de simplification : madame Lepetit, vous avez été entendue.
Par ailleurs, certaines mesures de simplification arrivent déjà au stade de lapplication concrète. Je pense à la mise en uvre du nouveau principe en vertu duquel le silence vaut accord M. Thierry Mandon entrera certainement davantage dans les détails de ce principe au cours de la discussion issu de la loi du 12 novembre 2013. Toutes les procédures pouvant être soumises à ce nouveau principe dont le nombre excède le millier sont désormais inventoriées. Le Conseil dÉtat sera saisi des premiers décrets dès la fin du mois et les premières mises en uvre interviendront dès le mois de septembre.
Pour ma part, jai dressé une feuille de route très claire à mes services et à ladministration économique de notre pays : seules les procédures qui impliquent la santé ou la sûreté des personnes doivent rester sous le régime du rejet implicite, toutes les autres devant épouser le nouveau principe. Plus de 75 % des procédures relevant de la direction générale de la compétitivité, de lindustrie et des services entrent dans le cadre du nouveau régime de laccord tacite ; ce taux sélève à 100 % sagissant des procédures relevant de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes et entrant dans le champ dapplication de la loi de novembre 2013.
Nous pourrions aller encore beaucoup plus loin. La volonté de simplifier la vie des entreprises fait partie, pour ainsi dire, de lADN du ministère dont jai la charge. Depuis le début des fonctions que jai lhonneur doccuper, javais demandé au tout nouveau Conseil national de lindustrie de répertorier les freins réglementaires détectés sur le terrain au développement de notre industrie, secteur par secteur. À lépoque, 64 mesures avaient été répertoriées ; toutes ces mesures ont été révisées ou font lobjet dune procédure de révision. Je prends lexemple dun secteur à limportance majeure auquel nous sommes tous attachés : celui des énergies renouvelables. Huit points de nuds législatifs avaient été identifiés par le Conseil national de lindustrie le CNI , qui sont tous en passe dêtre réglés. Larticle 8 du projet de loi soumis à votre discussion contient une mesure directement issue dune proposition du CNI : la création dune décision unique pour tout projet de production dénergie renouvelable en mer situé sur le domaine public maritime. Nous vous proposons de simplifier la procédure et de réduire les délais dinstruction. Par ailleurs, la future loi de transition énergétique reprend les sept autres propositions du CNI ; sans les citer toutes, je peux évoquer la simplification des procédures relatives aux installations en mer de production dénergie renouvelable ou des procédures relatives aux installations utilisant lénergie des marées.
Mesdames, messieurs les députés, si le volontarisme du Gouvernement en matière de simplification est total, notre méthode est innovante et, je le crois, performante : cest la méthode collaborative chère à M. le secrétaire dÉtat Thierry Mandon. Les entreprises évoquant les difficultés concrètes quelles doivent surmonter, le Conseil de la simplification pour les entreprises permet de faire émerger, à partir de ces dernières, de leur vécu de terrain, notamment au contact des administrations, tous les nuds réglementaires ou législatifs qui entravent notre économie.
Ce nest pas ladministration qui propose au nom et pour le compte des entreprises : ce sont les entreprises qui désignent à lÉtat les points qui sont source de difficultés. Cette méthode coopérative, qui repose sur la franchise, la liberté des propositions, y compris le refus, lorsque nous ne souhaitons pas aller plus loin que nécessaire, permet de travailler dans un cadre interministériel dont M. le secrétaire dÉtat Thierry Mandon a la charge, sous lautorité du Premier ministre. Cela permettra de présenter tous les six mois une série équivalente de mesures de simplification. Nous pourrons ainsi voir évoluer, de manière significative et concrète, ce dossier qui ne peut pas rester incantatoire.
Par ailleurs, par application de cette méthode collaborative, dans le cadre des 34 plans industriels que nous avons bâtis avec les industriels eux-mêmes, jai demandé à chaque responsable de plan didentifier les verrous réglementaires qui empêchent, ne permettent pas ou freinent laboutissement de linnovation. Il est important quun pays comme le nôtre, qui consacre un gros effort à se renouveler, à réinventer son industrie, soit capable den déduire la fin dun certain nombre de pratiques ou de règles administratives ou législatives qui freinent son évolution.
Les mesures contenues dans le texte en discussion, qui doivent être mises en uvre, pour certaines dentre elles, dici au 1er janvier 2015, concernent différents pans de notre droit : le droit du travail, le droit de la Sécurité sociale, lurbanisme, lenvironnement, le droit des sociétés et les obligations comptables et fiscales. Elles vont de lharmonisation des notions de « jour » dans le code du travail à la suppression de la déclaration des congés dété pour certaines professions, dont lorigine remontait à la Révolution française.
Sont également prévus la réduction du nombre de commissions administratives locales, la simplification de la réalisation des projets daménagement et de construction et lajustement des dispositions des ordonnances des 20 mars et 12 juin 2014 relatives aux autorisations uniques en matière dinstallations classées et autres installations soumises à autorisation, pour ne citer que ces mesures.
Je dirai un mot également de lextension des rescrits à de nouveaux domaines de laction publique. En cas de doute sur lapplication dune norme à une situation concrète, une entreprise pourra interroger ladministration qui sera tenue de lui délivrer une prise de position formelle et opposable juridiquement, dans la mesure où la situation lui aura été décrite de bonne foi. Cela permettra de prémunir les entreprises dun changement dinterprétation ou dappréciation de ladministration.
Le Gouvernement souhaite faciliter la création dentreprises à travers plusieurs mesures concrètes figurant dans ce texte, telles que lallégement des autorisations préalables à la création dentreprise et la possibilité de créer son entreprise avec un seul document en un seul lieu : cette mesure permettra le dépôt dun seul exemplaire des statuts auprès dun seul organisme au moment de la création dune entreprise. Avec un seul guichet et une seule démarche, je crois que nous pouvons dire que créer son entreprise naura jamais été aussi simple.
Le projet de loi met laccent sur la simplification en matière de construction. Cest un secteur essentiel à notre économie, qui représente environ 6 % de notre richesse nationale, qui a besoin dêtre encouragé et soutenu. Je sais que les parlementaires de cette assemblée partagent cette conviction. Il sagit non seulement de réduire les délais de délivrance des autorisations durbanisme, mais aussi délargir le champ dapplication des dérogations aux documents durbanisme pour faciliter la réalisation des projets dans les secteurs où la demande est forte, le but étant de réduire les contraintes, de faciliter la construction et de permettre une accélération des projets durbanisme.
Je voudrais revenir sur une dernière mesure, avant que mon collègue Thierry Mandon ne me succède à cette tribune : celle de la simplification des règles de la commande publique. Cest un sujet central et crucial pour léconomie de notre pays. Jai voulu cette simplification car, aujourdhui, nous devons favoriser laccès des PME à la commande publique, promouvoir le développement des critères sociaux et environnementaux et permettre un meilleur accès de ces entreprises locales à la commande publique. Nous devons utiliser à plein toutes les options et opportunités que le droit européen nous offre ; or, elles ne sont pas pleinement exploitées, notamment en ce qui concerne les établissements publics industriels et commerciaux, lorsquils évoluent au sein de secteurs concurrentiels. Ces derniers sont aujourdhui entravés par un système dappels doffres et une réglementation de la commande publique qui ne sont pas des plus performants. Or, il faut rappeler que la France consacre 80 milliards deuros à la commande publique ; nous sommes de loin le premier pays européen par le nombre dopérateurs adjudicateurs.
Les mesures de simplification de la commande publique seront présentées sous la forme dun amendement qui sera discuté devant vous, mesdames, messieurs les députés. Cest, jy insiste, un objectif tout à fait central que de faire évoluer les grands principes de la commande publique. Il nest pas inutile, à cette fin, dériger au rang législatif des mesures jusque-là dordre réglementaire. En effet, jusquà présent, la commande publique navait pas vu son rôle dinstrument au service de notre économie réaffirmé dans notre droit, au niveau législatif. Voilà qui sera chose faite.
Pour conclure, je voudrais remercier lensemble des parlementaires nombreux aujourdhui, de la majorité comme de lopposition qui se sont consacrés et attelés à cette tâche, en particulier les membres de la commission spéciale, qui effectuent un travail de grande qualité. Je salue la présidente de la commission, Mme Descamps-Crosnier, ainsi que la rapporteure, Mme Sophie Errante, qui nont pas compté leurs efforts.
Je vous remercie dautant plus que le recours aux ordonnances nest pas toujours chose facile à accepter pour les parlementaires, mais cest là le prix de la vitesse dexécution. Je veux rassurer un certain nombre de ceux qui sen inquiètent et leur dire que lancien parlementaire que je suis est évidemment tout à fait attentif au respect de la discussion devant la représentation nationale et quil est parfaitement possible, dans le cadre des lois dhabilitation, daccomplir un travail de suivi, au côté du Gouvernement, pour concilier la vitesse, la précision de laction et la force de lintervention du législateur et de lexécutif.
En tout état de cause, mesdames, messieurs les parlementaires, cette simplification constitue un grand changement dans notre pays. Parfois, les acteurs nous font part de leur sentiment diffus, imprécis que la France est bloquée, paralysée, que nous serions tombés dans le formol et quil est interdit de bouger. Il est vrai que le monde a changé, à linstar des relations que les citoyens entretiennent entre eux et de celles que les entreprises nouent avec les administrations. Mais les règles, elles, nont pas changé. Telle est la raison du travail auquel nous nous attelons les uns et les autres.
Je vous remercie en tout état de cause de votre grand volontarisme qui permettra à la France de se transformer avec votre soin et sous nos yeux. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
source http://www.assemblee-nationale.fr, le 23 juillet 2014