Texte intégral
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs les Sénateurs,
Je remercie le Sénat d'avoir choisi comme sujet de cette séance de questions cribles le tourisme, dont on ne répétera jamais assez qu'il est un secteur majeur de notre économie, créateur d'emplois non délocalisables, et qu'il faut le soutenir.
Une réforme de la taxe de séjour était nécessaire et, me semble-t-il, souhaitée par tout le monde. L'augmentation initialement envisagée était à notre avis excessive. Après une concertation à laquelle ont participé des parlementaires et des représentants de la profession, nous aboutissons finalement à une solution raisonnable : aucune modification de tarif pour les hôtels 1 et 2 étoiles, une hausse très modeste pour les hôtels 3 et 4 étoiles, une augmentation plus importante pour les hôtels 5 étoiles et les palaces.
S'agissant des plateformes de réservation, il a été souhaité que la taxe de séjour leur soit étendue, selon des modalités de prélèvement à définir, afin que la concurrence puisse s'exercer normalement. En effet, il n'y a aucune raison que toute une série d'opérations soit hors du champ de cette taxe.
Enfin, la question des gîtes demande une attention particulière. Nous la traiterons dans la concertation.
Vous avez dit, Madame la Sénatrice, que la France était la première destination touristique au monde. Cela est vrai en nombre de visiteurs, mais, en termes de recettes - et c'est là l'essentiel -, la France ne se classe qu'au troisième rang mondial. Il y a donc un gros effort à faire.
Si l'on veut que le secteur du tourisme soit dynamique, efficace, il faut que les salariés soient bien formés et que leurs conditions de travail et de vie soient correctes. En matière de formation, notamment, beaucoup de progrès restent à faire.
À cet égard, l'initiative que vous avez citée me paraît extrêmement intéressante. La profession et les pouvoirs publics souhaitent mettre l'accent sur la formation.
Évidemment, les métiers du tourisme présentent des contraintes spécifiques, en termes d'horaires, de durée du travail, de saisonnalité des emplois. Il faut trouver un équilibre, entre la réponse aux attentes des touristes et la nécessité d'assurer aux salariés des conditions de travail correctes. Les assises du tourisme se sont penchées sur cette problématique.
En ce qui concerne les incidences de la réforme administrative, l'idée du gouvernement est de confier, pour l'essentiel, la compétence en matière de tourisme aux régions, sans perdre pour autant la vitalité locale. Il faut trouver une bonne articulation avec les offices de tourisme locaux, qui devront avoir une taille suffisante. Nous y travaillons, mais une assise régionale est nécessaire.
Monsieur le Sénateur,
Le gouvernement a l'intention de mettre en oeuvre une réflexion nationale sur la capacité de charge des territoires permettant de rendre cette notion de tourisme durable opérationnelle
Vous mettez l'accent sur un point important : on note une évolution dans la demande des touristes, qu'ils soient français ou étrangers. Bien évidemment, on souhaite visiter Paris, le château de Versailles, le Mont-Saint-Michel, mais, en même temps, se fait jour une demande de tourisme plus individuel, plus adapté. Je ne sais pas exactement comment on pourrait le qualifier : tourisme doux, lent, durable... Nous avons l'intention, avec M. Fekl, de constituer un pôle autour de cette notion.
D'une part, cela correspond à une demande. D'autre part, il convient d'éviter des déséquilibres qui se retourneraient contre le tourisme lui-même. En effet, si les touristes ne sont pas satisfaits de ce qu'ils vivent et de ce qu'ils voient, le bouche-à-oreille est mauvais. J'accueille donc tout à fait positivement l'orientation générale que vous avez tracée.
Il faut une diversité des formes de tourisme et des sites si nous voulons accueillir 100 millions de touristes étrangers. Voilà dans quelle direction nous voulons travailler.
Monsieur Carvounas, je vous remercie d'avoir été à l'origine de cette séance de questions cribles.
Vous mettez l'accent sur un fait crucial : désormais, les clients tapotent sur un outil informatique et font des recherches sur internet avant même d'avoir choisi leur destination. Cette tendance est encore plus nette parmi les plus jeunes.
Toute la question est de savoir qui contrôle l'offre. Aujourd'hui, ce sont souvent des plateformes américaines. Pour être répertorié, un hôtelier, par exemple, doit leur reverser un pourcentage de son chiffre d'affaires, qui va croissant... C'est un problème. Il faut donc que nous soyons excellents en matière d'e-tourisme.
Nous avons un gros travail à accomplir. Dans le cadre du Conseil de promotion du tourisme, dont vous faites partie, Monsieur Carvounas, j'ai demandé à Mme Faugère, qui a oeuvré dans ce domaine pour la SNCF, et au président-fondateur d'Easy Voyage de se pencher sur la question. Ils ont procédé à une quarantaine d'auditions et nous allons, dans les jours à venir, nous attacher à élaborer un dispositif.
Il importe que les Français soient très présents sur la Toile, que les marques que nous mettons en avant soient connues et reconnues de tous. Cela nécessite que, aux plans français, européen et mondial, nous défendions ces marques, y compris juridiquement.
De plus en plus d'opérateurs comprennent l'importance de cette démarche. Si nous ne sommes pas très présents, très performants en matière numérique, notre industrie touristique en pâtira. Il ne suffit pas que nous soyons les premiers en termes de nombre de touristes accueillis : nous devons être parmi les premiers en matière d'e-tourisme.
Monsieur le Sénateur, vous insistez, à juste titre, sur les marques. Si l'on veut attirer les touristes, qu'ils soient français ou étrangers, il faut mettre en avant un nombre raisonnable de marques qui leur parlent. En tout cas, il n'en faut pas 500, sauf à se disperser et à finir par arroser le sable. Cette idée de promouvoir des marques et des contrats de destination me semble donc assez porteuse.
En ce qui concerne l'organisation territoriale, le choix a été fait de donner l'essentiel de la compétence à la région. Cela ne signifie pas que les autres échelons disparaissent : les communautés d'agglomération, en particulier, auront des responsabilités. Le gouvernement a aussi accédé à la demande de ceux qui voulaient que la spécificité des zones de montagne soit prise en compte. En tout état de cause, il faudra trouver une articulation. Les départements n'ont pas vocation à disparaître. Il faut néanmoins atteindre une masse critique, d'où le choix des marques et de la région, tout en adaptant le dispositif à la réalité territoriale.
Madame la Sénatrice, j'étais récemment à Nancy pour ouvrir le soixante-deuxième congrès de l'UMIH, l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie. Le président de l'UMIH a prononcé un discours extrêmement responsable, exposant les difficultés de la profession auxquelles vous avez fait allusion. Il a aussi pris acte de la volonté du gouvernement de donner une nouvelle impulsion à ce secteur, et nous avons abordé la question de la simplification administrative.
Le Sénat a examiné un projet de loi d'habilitation portant sur ce thème et concernant différents domaines, tels que l'urbanisme ou l'environnement. Nous avons travaillé avec la profession pour simplifier les normes. Je ne dis pas que cela sera suffisant, mais cette démarche devrait nous permettre d'avancer de manière significative.
La loi ayant été votée, il revient ensuite au gouvernement de remplir les cases. L'article 31 bis prévoit une habilitation en vue de procéder à diverses simplifications concernant en particulier la procédure de mise aux normes et d'urbanisme pour les équipements et aménagements touristiques. Dans les limites de ce champ assez vaste, nous allons procéder à une simplification, en lien avec la profession.
Les professionnels de l'hôtellerie sont très souvent des entrepreneurs individuels, accompagnés de quelques salariés. Ils doivent pouvoir consacrer leur temps à exercer leur métier, et non à remplir des papiers. Nous sommes absolument d'accord là-dessus. Dès lors que nous irons dans ce sens, non seulement l'accueil sera meilleur, mais le moral des professionnels s'améliorera. Je compte sur l'Assemblée nationale et le Sénat pour nous aider
Je me réjouis de cette question, qui nous donne l'occasion d'aborder un sujet peu fréquemment traité au sein de nos assemblées.
Le tourisme industriel ou des savoir-faire revêt une grande importance. EDF fait visiter ses barrages, Veolia et la RATP ouvrent les portes de leurs établissements, les bonbons Haribo celles de leur usine... Il peut aussi s'agir d'entreprises plus modestes. Me trouvant moi-même récemment au Mont-Saint-Michel, j'en ai profité pour visiter l'entreprise Saint James, qui produit des tricots, des marinières. Je n'en porte pas aujourd'hui
Cette entreprise dispose d'un savoir-faire absolument magnifique. L'organisation de telles visites est positive pour les touristes, bien sûr, mais aussi pour les salariés, dont le travail est valorisé. Cela donne une image extrêmement fidèle et gratifiante de la réalité de la France.
Par conséquent, nous avons bien l'intention de favoriser le développement de cette forme de tourisme. J'ai demandé au patron de Saint James, M. Luc Lesénécal, de prendre la tête du nouveau pôle d'excellence du savoir-faire. Son travail, non rémunéré d'ailleurs, consistera à rassembler toutes les expériences allant dans le sens que vous préconisez, Monsieur le Sénateur.
Votre question est très intéressante, Monsieur le Sénateur, car elle retrace bien la situation extrêmement difficile que connaît depuis près de vingt ans le secteur du tourisme outre-mer. De nombreux rapports publics ont été produits sur ce sujet.
Cette situation est marquée par une baisse de la fréquentation touristique dans plusieurs territoires. Les causes en sont multiples et doivent être envisagées avec lucidité.
L'offre touristique outre-mer souffre d'un manque de compétitivité dans un contexte de forte concurrence. Le rapport qualité-prix est bien sûr un élément déterminant dans le choix d'une destination par les touristes. Or la qualité de service laisse parfois à désirer. En outre, certains instruments de promotion ne sont pas toujours au point et les dessertes, régionales et internationales, ne sont pas forcément satisfaisantes. Si l'on additionne tout cela, on aboutit à un constat qui n'est guère brillant.
Nous avons pourtant entre les mains un joyau, avec des sites absolument magnifiques et un grand potentiel de croissance. À côté des pistes traditionnelles, à savoir l'amélioration de la qualité des hôtels, du service, de la formation, de l'accueil, apparaissent de nouvelles pistes, avec le développement des croisières, du nautisme, de la petite et moyenne hôtellerie, du tourisme de gîtes : ce sont autant de directions intéressantes.
La question des dessertes aériennes n'est pas la plus aisée à résoudre, mais elle est décisive, car si nos territoires sont mal desservis ou le sont à des coûts très élevés, les touristes iront ailleurs.
J'ai demandé au Conseil de promotion du tourisme de travailler sur l'outre-mer. Nous allons consacrer une séance spécifiquement à ce sujet, qui sera précédée de multiples échanges, afin d'étudier comment renforcer l'attractivité et la promotion de nos sites ultramarins. Nous rendrons au printemps nos conclusions, qui déboucheront sur un plan d'action précis.
De mon côté, Monsieur le Sénateur, je n'ose penser que de telles considérations sont la cause de votre question !
C'est la deuxième fois que le parc du Puy du Fou reçoit cette récompense internationale. Je vous remercie de souligner l'excellence de ce site, qui reçoit un très grand nombre de visiteurs. Au reste, chaque fois que vos collègues sénateurs vous entendront vanter l'excellence française, ils s'en réjouiront certainement.
Les efforts que nous consentons, les uns et les autres, aux niveaux départemental, régional et national, visent à renforcer encore notre attractivité, non seulement parce qu'il s'agit de l'image de la France, mais aussi parce qu'il y va de nos emplois : le secteur du tourisme en compte 2,2 millions, non délocalisables de surcroît. J'ajoute que les perspectives de créations d'emplois sont immenses dans ce domaine.
Il est très important, à cet égard, que la France soit ouverte sur l'extérieur, car nos sites touristiques reçoivent de plus en plus de visiteurs européens et internationaux. Pour que l'économie de son secteur touristique puisse rayonner, la France doit rester fidèle à sa meilleure tradition d'ouverture et de qualité.
Tout à l'heure, j'insistais sur la nécessité de développer l'e-tourisme. Malheureusement, beaucoup de noms de domaine sont déjà pris, et nous ne pouvons donc pas les utiliser. Cela étant, j'ai demandé à toutes nos ambassades de renvoyer, sur leur site internet, aux activités touristiques. Chacun d'entre nous, quelles que soient ses responsabilités, doit se faire le promoteur du tourisme français.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 décembre 2014