Point presse de Mme Ségolène Royal, ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, sur la préparation de la Conférence de Paris sur le climat et le souhait de la Commission européenne de valider les accords conclus par les États membres avec des pays tiers à propos des livraisons d’énergie, à Bruxelles le 5 mars 2015.

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Circonstance : Conseil des ministres de l’Énergie à Bruxelles, le 5 mars 2015

Texte intégral

Q (Pascal Verdeau, France 3) : Êtes-vous satisfaite du paquet de la Commission pour le plan énergie et notamment tout l'aspect dépendance ou non dépendance de l'Union européenne par rapport au gaz russe ?
Ségolène Royal : l'Union européenne de l'énergie d'abord c'est un projet de grande ampleur, ce n'est pas seulement l'indépendance énergétique, vous avez raison de soulever ce problème, c'est la question de l'indépendance énergétique, de la solidarité énergétique, donc des interconnexions mais aussi de l'entrée de l'Europe dans la priorité des énergies renouvelables et de la préparation de la Conférence de Paris sur le climat. Donc je suis satisfaite de ces travaux de la Commission, ils sont encore en train d'être améliorés. Mon souhaite, c'est que lors du Conseil européen du 20 mars prochain, les chefs d'Etat et de gouvernement, il puisse y avoir deux documents paraphés, l'Union de l'énergie puisque ça y'est, maintenant cela fait deux ans que nous y travaillons, donc il est temps de passer aux conclusions concrètes et deuxièmement, la contribution de l'Union européenne pour la Conférence de Paris sur le climat. L'UE doit être la première partie du monde à mettre sur la table sa contribution pour Paris Climat, parce que d'abord nous sommes en avance, l'Union européenne est en avance sur la question énergétique et ensuite parce que nous devons montrer l'exemple puisque c'est Paris qui accueille la Conférence sur le climat donc c'est l'Europe d'une certaine façon qui accueille la Conférence sur le climat, donc nous devons être exemplaires.
Mon rôle ici, en tant que ministre chargée de l'énergie et de l'environnement du pays qui va accueillir la Conférence Climat, c'est de dire à tous les collègues ministres de l'environnement et à la Commission qu'il faut absolument accélérer pour que le 20 mars, ce soit un moment très fort, qui soit visible sur l'ensemble de la planète, de tous les pays de l'Union européenne qui s'engagent, et pour l'Union de l'énergie, une énergie décarbonée, et pour la contribution à la diminution des gaz à effet de serre, et donc à la lutte contre le réchauffement climatique. Ce sont les objectifs des deux journées d'aujourd'hui et de demain.
Q (Isabelle Ory, Europe 1) : On en prend le chemin ?
S.R : On en prend le chemin, oui, je pense que tout le monde est conscient de cette nécessité d'accélérer, donc les choses sont en train d'être finalisées. Je suis optimiste, il y a beaucoup de travail qui de préparation qui a été fait. Entre aujourd'hui et ce que nous allons stabiliser, le 20 mars, nous allons encore affiner un certain nombre de choses mais il est indispensable que –c'est le message que j'ai délivré aujourd'hui- les choses soient concrétisées le 20 mars prochain au plus tard.
Q (Pascal Verdeau, France 3) : Est-ce que l'offre américaine et chinoise sur le climat est à la hauteur des défis et des enjeux ? Est-ce que vous pouvez la modifier ou en tout cas, faire en sorte que cette offre soit plus ambitieuse ?
S.R : Déjà elle existe, c'est déjà considérable, donc cette offre va se traduire par des engagements écrits et ce qui est très important, c'est qu'il n'y ait pas de procès d'intention qui soit fait aux uns, aux autres. A partir du moment où des grands pays s'engagent, ou disent qu'ils vont s'engager, il faut les prendre au mot et leur demander de traduire concrètement leurs engagements, puisque c'est ce que nous devons faire aujourd'hui à l'échelle mondiale, c'est que chaque pays maintenant doit présenter ses propositions concrètes, c'est-à-dire comment est-ce que concrètement il agit pour maintenir en dessous de 2°C le réchauffement planétaire. C'est dans ce processus-là que nous sommes engagés et C'est pour ça que l'Union européenne doit être exemplaire et mettre sur la table ses propositions opérationnelles. La France le fait avec sa loi de transition énergétique pour la croissance verte que je viens de faire adopter par l'Assemblée nationale et par le Sénat. C'est la façon dont la France fait sa contribution avec une loi qui est la plus ambitieuse d'Europe puisque c'est la seule loi qui englobe la totalité des aspects énergétiques puisque cela va à la fois de la performance énergétique, le renouvelable, la montée en puissance de l'économie circulaire et tout le pilotage du mix énergétique. C'est parce que la France accueille la Conférence Climat que j'ai voulu qu'elle soit exemplaire par cette loi sur la transition énergétique.
Q (Pascal Verdeau, France 3) : Sur les 2 degrés, il est déjà trop tard ?
S.R : Je ne crois pas. Je pense au contraire qu'il faut se dire qu'il y a urgence et que nous avons absolument la possibilité de limiter le réchauffement climatique. Je suis convaincue que nous avons les ressources technologiques, que nous avons les intelligences, que nous avons la volonté citoyenne, que les entreprises peuvent s'engager, que les Etats peuvent se mobiliser, que les territoires peuvent avoir les coopérations décentralisées qui sont très efficaces et je suis convaincue que l'intelligence humaine est à la hauteur des défis qu'elle s'est elle-même posée d'une certaine façon. La question c'est de savoir est-ce que nous serons à la hauteur des problèmes que nous avons-nous-mêmes créés par le réchauffement climatique et je suis convaincue qu'en unissant nos force, nos laboratoires de recherche, nos énergies, nos territoires nous avons la capacité de répondre à ce défi. Et , une fois de plus, ce que je veux, c'est que l'Europe montre l'exemple et que l'Union européenne mette le 20 mars au plus tard , ses propositions et les donnent à voir au reste du monde. Parce que si l'Europe est en avance, si l'Europe a une énergie d'avance alors si les autres parties du monde se diront puisque l'Europe avance, si nombreux ils ont réussi à se mettre ensemble, ce qui avait cruellement manqué au Sommet de Copenhague, et d'ailleurs une des raisons de l'échec de Copenhague, c'était la faiblesse de l'Europe à ce moment-là, l'incapacité à se mettre ensemble et l'incapacité à penser ses relations avec le reste du monde. Aujourd'hui des étapes très importantes ont été franchies, des étapes positives et je pense qu'il reste peu de choses pour que le 20 mars on donne à voir quelque chose de solennel, quelque chose de beau, quelque chose qui a du souffle, qui a de l'ambition pour que le reste du monde se dise , l'Europe a fait un effort sur elle-même pour se tirer vers le haut et pour faire en sorte que ce qui rassemble les pays européens soit plus fort que ce qui les différencie. C'est ça l'enjeu de la discussion sur l'énergie.
Q ( Euranet ) : la Commission veut avoir plus d'informations sur les accords européens que les pays font avec d'autres pays en matière énergétique, qu'en pense la France ?
S.R : Je pense que ce qu'il faut, c'est la transparence. Regardez, même à l'échelle planétaire, ce qui est très important que l'Europe fasse, ce qu'elle n'a pas suffisamment fait dans le passé, c'est-à-dire qu'elle pose les bases de son dialogue avec les autres parties du monde. L'Europe a quelque chose à dire avec l'Afrique, à l'Amérique Latine. Ce qui a également manqué dans le passé, c'est que l'Europe s'est occupée surtout d'elle-même et n'a pas pensé suffisamment à définir ses relations avec d'autres continents. Moi, j'entends peser pour que demain à la réunion, la France puisse aussi peser la base de ses relations avec les autres continents. Que ce ne soit pas par exemple la Chine qui parle au nom de l'Afrique, c'est à l'Europe de parler non pas au nom de l'Afrique mais avec l'Afrique notamment autour du Bassin méditerranéen.
Q (Pascal Verdeau, France 3) : sur ma 1ère question, sur la dépendance au gaz russe, vous n'avez pas tout à fait répondu, vous êtes satisfaite de ce que propose la Commission ?
S.R : la Commission a posé les 2 principes fondamentaux c'est-à-dire indépendance énergétique et solidarité énergétique. Ce sont ces 2 principes fondamentaux qui sont mis concrètement en application. Le texte est en train de finaliser et je pense que cela correspond au souhait qui avait été évoqué il y a plusieurs mois et qui aujourd'hui est clairement rédigé.
Source http://www.rpfrance.eu, le 17 mars 2015