Déclaration de M. Manuel Valls, Premier ministre, en réponse à diverses questions portant sur la politique économique et budgétaire, au Sénat le 16 avril 2015.

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Circonstance : Séance des questions au Gouvernement, au Sénat le 16 avril 2015

Texte intégral

Monsieur le Sénateur, mon gouvernement a un cap, et il s'y tient fermement. Il fallait redresser le pays, rétablir nos comptes publics et restaurer la compétitivité de nos entreprises. Progressivement, en faisant preuve à la fois de lucidité, de modestie bien sûr, et de détermination, nous sommes en train d'y parvenir.
(...)
Mon gouvernement a en effet présenté hier matin son programme de stabilité. Christian Eckert l'a soumis, avec talent je suppose, à la commission des finances du Sénat. Ce programme dessine la stratégie des finances publiques de la France pour les trois prochaines années et fixe des objectifs clairs, que vous avez rappelés : le redressement de l'économie française et la poursuite de l'assainissement de nos comptes publics.
Oui, les comptes publics étaient dégradés. Nous les remettons à flot en réalisant des économies sur les dépenses publiques (...) : ces économies atteindront 50 milliards d'euros sur la période 2015-2017.
(...)
Le déficit public pour 2014 s'établit à 4 %. C'est mieux que prévu et, dans un contexte difficile, c'est mieux que les années précédentes ! En outre, pour la première fois depuis 2009, les prélèvements obligatoires se sont stabilisés (...). Cette dynamique de redressement des comptes publics va se poursuivre, à un rythme ne remettant pas en cause la reprise de la croissance, car nos priorités sont de préparer l'avenir, de lutter contre les inégalités et de tout faire pour la croissance et pour l'emploi. C'est pour cela que nous avons décidé de conforter le pouvoir d'achat des ménages. Ainsi la baisse de l'impôt sur le revenu que nous avons décidée l'année dernière concernera-t-elle 9 millions de ménages à la rentrée.
(...)
Nous avons mis en oeuvre des politiques de soutien aux entreprises, qu'il s'agisse du CICE, le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, ou du pacte de responsabilité et de solidarité, pour un montant de 40 milliards d'euros sur quatre ans.
Ces politiques ont permis de diminuer le coût du travail, certes dans un contexte européen et international qui s'améliore, du fait, bien sûr, de la baisse du prix du carburant et du pétrole. Si ce dernier coût avait augmenté, on nous aurait demandé de prendre un certain nombre de mesures, mais tel n'est pas le cas, et c'est tant mieux pour nos entreprises et pour les ménages.
La France a obtenu une baisse des taux d'intérêt et de l'euro, comme elle le réclamait depuis trois ans et comme je l'avais appelé de mes voeux dans mon discours de politique générale. Je me réjouis que, sur cette question comme sur celle des investissements prévus dans le plan Juncker, la parole du président de la République ait été entendue par nos partenaires européens.
Par ailleurs, vous le savez, j'ai présenté la semaine dernière des mesures fortes visant à dynamiser l'investissement, privé comme public.
En outre, conscient des difficultés des collectivités territoriales, je présenterai à la mi-mai un certain nombre de mesures, qui sont actuellement en cours de discussion avec les associations d'élus, notamment l'AMF, l'Association des maires de France.
En tout cas, le message est clair : nous menons une politique de sérieux, une politique de redressement !
Néanmoins, dans un contexte où les indicateurs de croissance évoluent dans le bon sens, rien ne sera fait ? je l'ai d'ailleurs indiqué devant la Commission européenne ? qui pourrait mettre en cause la croissance.
Telle est la politique de la France, celle qu'a présentée hier le secrétaire d'État chargé du budget, et tel est le cap que nous maintiendrons !
Monsieur le Sénateur, je vous réponds bien volontiers (...). Je tiens à mon tour à excuser l'absence de Michel Sapin, car celui-ci participe à une réunion du Fonds monétaire international à Washington. J'estime qu'il est important que le ministre des finances représente notre pays lors des réunions qui se tiennent régulièrement dans ces enceintes internationales.
(...)
Le gouvernement a élaboré une stratégie : rétablir l'équilibre des comptes publics (...) et réaliser tous les efforts possibles pour relancer la croissance, tout en affichant les priorités suivantes : l'éducation nationale, la sécurité et la justice, et l'emploi !
(...)
Quant à nos relations avec l'Union européenne, nous avons toujours dit que nous cherchions à atteindre l'objectif d'une baisse du déficit nominal. La France suit en effet une trajectoire claire en matière de déficit structurel. Toutefois, nous avons clairement annoncé à la Commission européenne que nous ne suivrions pas les préconisations pouvant mettre en cause notre stratégie en matière de croissance.
La parole de la France est forte. Il faut y croire ! C'est vrai tant en termes de réduction des déficits publics qu'en matière d'investissements, comme le montre le plan de 315 milliards d'euros annoncé par Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne.
C'est ainsi que nous bâtissons notre stratégie économique et budgétaire.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 avril 2015