Texte intégral
Monsieur le Président,
Madame la Directrice de la Sécurité et de la Circulation Routières,
Messieurs les Directeurs,
Mesdames et Messieurs les responsables,
Mesdames et Messieurs,
Cest avec grand plaisir que jai accepté linvitation de M. Jean Flory douvrir le colloque organisé à loccasion du 50ème anniversaire de la Prévention Routière.
Le 50ème anniversaire est toujours un anniversaire important. Votre association sest constituée dans limmédiate après guerre, en 1949 comme la rappelé Jean Flory à linstant, à un moment où les forces vives de la Nation voulaient sorganiser pour reconstruire la France et prendre en charge les grands risques sociaux. Si la forme associative a été choisie, cest peut-être parce que les initiateurs de la Prévention Routière étaient déjà convaincus de limportance de lengagement citoyen. Je tiens devant vous à leur rendre hommage ainsi quà tous ceux qui, depuis un demi siècle, avec énergie et dévouement, se succèdent pour animer cette association.
Le programme du colloque illustre la complexité de la question qui nous est posée. Pour reprendre lintitulé de votre journée, sagit-il de culture, de formation ou de dissuasion ?
Vous avez souhaité avoir recours à des regards multiples et mieux cerner les pratiques de nos voisins européens.
On sait que la France apparaît comme la mauvaise élève de lEurope, avec un des taux de mortalité routière parmi les plus élevés des pays membres de lUnion européenne, même si des progrès considérables ont été réalisés au fil des décennies qui nous ont précédés. Vous lavez rappelé, Jean Flory, le nombre de tués sur la route a diminué de moitié en 25 ans en même temps que le trafic doublait.
Je me sers souvent de cette statistique pour dire quil ny a pas de fatalité et que nous avons de grandes marges de progrès devant nous : lenjeu de la sécurité routière reste immense.
Est-il nécessaire aujourdhui de redonner les statistiques de 1998 : 8437 tués, 168500 blessés dont plus de 33000 gravement.
Laccident de la route constitue la première cause de mortalité chez les jeunes de 15 à 24 ans. Derrière tous ces chiffres se cachent des malheurs, la douleur des familles décimées dont on parle toujours trop peu.
Cette situation, vous la refusez. Je la refuse.
Un mot à ce propos. Certains voudraient exploiter un accident qui mest arrivé dans lexercice de mes fonctions.
Je le redis haut et fort : rien ne justifie pour quiconque que des vitesses soient dépassées, que le code de la route ne soit pas respecté.
Je tenais à faire cette mise au point devant vous.
Oui, il est possible de faire reculer significativement le fléau de linsécurité routière.
Cest parce que nous partageons cette conviction et que nous avons la ferme volonté de les traduire en actes, que nous sommes rassemblés dans ce même combat pour la vie.
Le Comité Interministériel de la Sécurité Routière (CISR) de novembre 1997, -qui se tenait, je le rappelle, pour la première fois depuis 4 ans- a décidé des mesures nouvelles. Certaines figurent dans le projet de loi sur la sécurité routière qui sera définitivement adopté dans quelques semaines, en tout cas avant lété. Vous en connaissez les principales dispositions :
- création dun délit de récidive dans lannée pour un excès de vitesse de plus de 50 km/h par rapport à la vitesse limité réglementaire,
- instauration de la responsabilité pécuniaire des propriétaires de véhicules quand le conducteur na pas pu être identifié,
- amélioration du fonctionnement des établissements denseignement de la conduite,
- stage de sensibilisation aux causes et conséquences des accidents de la route pour les conducteurs novices, ceux qui ont leur permis depuis moins de deux ans ayant commis des infractions graves.
Les autres mesures du Comité Interministériel de la Sécurité Routière de novembre 1997 rentrent en application. Je me bornerai à citer deux exemples significatifs.
Dans quelques semaines sera publié le décret concernant lapposition dun pictogramme sur le conditionnement extérieur des médicaments contenant des substances susceptibles dentraîner une baisse de vigilance ou une somnolence. Une large information vers le grand public et vers les professionnels de la santé sera donnée sur ce sujet.
Deuxième exemple : les compagnies et mutuelles dassurance ont accepté de développer les rendez-vous dévaluation des conducteurs novices. Cette action commune Etat/assureurs fera lobjet dun protocole qui sera signé avant cet été.
Après ladoption du projet de loi, notre dispositif juridique sera comparable à celui de nos voisins européens. Dorénavant, pour combattre linsécurité routière, notre priorité ne sera pas de la compléter à nouveau mais dobtenir que chacun le respecte. Là est lesprit des décisions prises lors du dernier CISR qui sest tenu le 2 avril, autour de quatre axes principaux :
- faire de la sécurité routière une grande cause dintérêt national, lan prochain, en 2000,
- renforcer les contrôles,
- améliorer les infrastructures,
- développer la formation.
Lenjeu est de taille. Chacun le connaît. Il faut responsabiliser les citoyens et les impliquer dans cette lutte contre linsécurité routière. Le succès dépend de leur prise de conscience et de leur comportement. Je suis sûr que nous partageons tous cette idée ! Il faut multiplier les partenariats avec les associations qui concourent à cette responsabilisation et oeuvrent pour la sécurité routière. la Prévention Routière est, bien sûr, au coeur de ce dispositif.
La campagne que vous venez de lancer sur les ondes avec la Fédération Française des Assurances témoigne dailleurs de cette conviction commune. Par des messages ciblés, vous incitez les automobilistes à changer de comportement tout de suite, et à sinterroger sur ce quils peuvent faire concrètement pour réduire les risques quils prennent et font prendre à leur entourage. Je vous félicite de cette initiative qui participe à cette prise de conscience que jappelle de mes voeux.
Si vous le voulez bien, je souhaiterais maintenant revenir sur certaines actions retenues par le dernier CISR. Je lai indiqué, il a été décidé que les contrôles seraient renforcés.
Cela va dans le sens de ce que souhaite la Prévention Routière qui défend une présence plus forte des forces de lordre sur la route.
Le sentiment dêtre susceptible dêtre contrôlé à tout moment est en effet un élément fortement dissuasif. Cest pourquoi, pour moi, les contrôles ne sont pas seulement un élément de sanction. Ils sont aussi un élément de prévention. La présence des forces de lordre sur les routes et lexercice de leurs missions de contrôle est fondamental pour prévenir les accidents. Elle doit être renforcée surtout dans les endroits les plus dangereux, les week-end, la nuit et là où les enjeux de sécurité sont les plus forts.
Dans ce domaine, Jean-Pierre Chevénement, ministre de lIntérieur, Alain Richard, ministre de la Défense, et moi-même avons donné des instructions précises aux préfets depuis le début de lannée.
Est-ce pour cette raison que les premiers chiffres pour janvier et février 1999 traduisent un début damélioration ? Je dis amélioration mais pas embellie. En janvier, malgré la Saint-Sylvestre catastrophique dont tout le monde se souvient, il y a eu une baisse de - 0,3 % des tués et en février, une baisse de - 8 %. Pour le mois de mars, nous ne disposons que des chiffres de la gendarmerie qui affichent une baisse de plus de 8 % par rapport à mars 1998.
Il ne faut pas se réjouir trop vite, il ne faut pas relâcher nos efforts. Il faut continuer dans cette voie pour que mois après mois cette tendance se confirme.
Pour en revenir au dernier Comité Interministériel de la Sécurité Routière, des décisions importantes ont été prises pour accroître encore le volume et la pertinence des contrôles.
Ainsi, le nombre dheures consacrées par les forces de lordre aux missions de surveillance du trafic et le nombre de contrôles, notamment dalcoolémie et de vitesse, seront augmentés en 1999. Les tâches de sécurité routière sont exercées à la fois par des unités spécialisées et par des unités territoriales polyvalentes de la police et de la gendarmerie nationales. Le CISR a souligné que la sécurité routière fait partie des missions prioritaires dévolues à ces unités polyvalentes. Le nombre dagents de la police nationale affectés dans les unités autoroutières et les unités motocyclistes sera maintenu à son niveau de 1998. Il nest plus question de recul comme ces dernières années. Le niveau des effectifs des unités spécialisées de la gendarmerie nationale sera accru dès 1999 de 250 militaires.
Un renforcement de léquipement des forces de lordre en moyens modernes de contrôle a été décidé. Le ministère de la défense et le ministère de lintérieur mettront en oeuvre un programme triennal, portant à la fois sur le renouvellement des matériels anciens et sur laccroissement du parc, dun montant de 160 MF (100 MF pour la gendarmerie et 60 MF pour la police).
Un plan annuel de contrôles sera établi dans chaque département sous lautorité du préfet. A partir dune analyse des accidents propres au département, il permettra ainsi de mieux coordonner et de mieux cibler les contrôles.
Par ailleurs, la sécurité des infrastructures sera améliorée.
Chacun le sait, les accidents résultent généralement de la conjugaison de plusieurs facteurs. Si 95 % des accidents mortels sont liés à un problème de comportement, il faut aussi savoir que dans 40 % des cas un problème dinfrastructure intervient également.
Un contrôle de sécurité des projets neufs sera effectué à partir de lan prochain sur le réseau de lEtat. Une concertation avec les collectivités territoriales sera engagée pour réaliser ce contrôle sur les projets routiers départementaux et communaux.
Enfin, je demanderai aux préfets que la sécurité routière soit lun des critères prioritaires pour choisir les opérations routières à inscrire dans les prochains contrats Etat-Région. Sur le réseau de lEtat, un programme pluriannuel de traitement des obstacles latéraux et un programme pluriannuel dinstallation de dispositifs de protection des motards seront élaborés courant 1999, pour une mise en oeuvre progressive à partir de lan prochain.
Venons-en maintenant à la formation continue. Dorénavant la mise en place des places de prévention des risques routiers sera encouragée.
Plus de 50 % des décès répertoriés comme accidents du travail sont dus à des accidents de la route. Les entreprises qui ont mis en place les plans de prévention de risques routiers ont dans leur très grande majorité constaté une baisse de leur sinistralité. Lentreprise en tire un bénéfice, le salarié aussi.
La Prévention Routière propose déjà ce type de prestations aux entreprises. Je vous incite à poursuivre en ce sens. Cest une manière de généraliser la formation continue du conducteur dont chacun a souligné limportance dans le cadre de la table ronde animée par Jean Verré pour améliorer la sécurité routière dans notre pays.
Par ailleurs, lEtat devra donner lexemple. Un plan de prévention des risques routiers devra être mis en place dans un délai de trois ans dans tous les services de lEtat.
Pour terminer mon propos sur la formation, je souhaite revenir sur une remarque que jentends souvent : nombreux sont ceux qui opposent en quelque sorte la formation dune part, les contrôles et sanctions dautre part, en considérant que la vraie problématique de la sécurité routière, cest de choisir lun au détriment de lautre. Telle nest pas, je le sais, votre position : toute politique équilibrée et efficace de sécurité routière comporte nécessairement un volet répressif ; le respect des règles du code de la route est une exigence première du respect de lautre dans lacte social que constitue la conduite automobile.
Mais pour moi, il doit y avoir, et ce nest pas un paradoxe, unité et continuité de conception et daction entre la formation, les contrôles et les sanctions.
Avant de conclure ces quelques mots introductifs à vos débats dont je prendrai connaissance des conclusions avec le plus grand intérêt, je voudrais aborder la question du véhicule. Certains prennent position. Ils posent la question : « Pourquoi, après tout, nimpose-t-on pas des limiteurs de vitesse, pourquoi ne bride-t-on pas les véhicules ? » Vous savez, lautomobile est un produit qui séchange à travers le monde. Les réglementations sont fixées au niveau européen et mondial. Et cest pourquoi, par exemple en matière de limiteur de vitesse, mes services prônent une évolution de la réglementation au niveau européen. par ailleurs, croyez bien quavec les constructeurs français comme avec les importateurs, je souhaite coopérer contre linsécurité routière. Je crois quil y a beaucoup à gagner dans ce domaine.
Il y a aussi un autre bras de levier, cest le marché : les constructeurs répondent à la demande. par conséquent, et ce sera ma conclusion à cette introduction, faisons en sorte ensemble que la demande collective qui sexprime soit celle dune conduite plus apaisée, respectueuse de lautre, faisons en sorte que la vitesse ne soit plus tant valorisée, que le plaisir de la route ne soit plus synonyme des règles transgressées. Il faut que chacun prenne conscience quil y a des hommes, des femmes, des enfants dans les voitures, quautour des voitures, il y a des piétons, des deux-roues, des motos, des usagers sans carrosserie, particulièrement fragiles. Chacun doit penser quil sinsère dans un espace à partager et que conduire est un acte social.
Oui, lobjectif de diviser par deux le nombre de tués en cinq ans peut être atteint : nous ne sommes pas différents, pas moins civilisés que nos voisins européens.
Ce nest pas lEtat qui fera seul de la sécurité routière une grande cause nationale. Les associations ont un rôle primordial à jouer en ce sens et je sais que je peux tout particulièrement compter sur laction de la Prévention Routière.
Il ne me reste maintenant quà vous souhaiter un bon congrès, intéressant bien sûr -et il le sera sûrement vu la qualité des thèmes traités- chaleureux et convivial aussi, comme doit lêtre un 50ème anniversaire.
Aussi je vous souhaite à tous : « Bon travail et bonnes contributions à la lutte contre linsécurité routières ».
(Source http://www.equipement.gouv.fr, le 1er juin 1999)
Madame la Directrice de la Sécurité et de la Circulation Routières,
Messieurs les Directeurs,
Mesdames et Messieurs les responsables,
Mesdames et Messieurs,
Cest avec grand plaisir que jai accepté linvitation de M. Jean Flory douvrir le colloque organisé à loccasion du 50ème anniversaire de la Prévention Routière.
Le 50ème anniversaire est toujours un anniversaire important. Votre association sest constituée dans limmédiate après guerre, en 1949 comme la rappelé Jean Flory à linstant, à un moment où les forces vives de la Nation voulaient sorganiser pour reconstruire la France et prendre en charge les grands risques sociaux. Si la forme associative a été choisie, cest peut-être parce que les initiateurs de la Prévention Routière étaient déjà convaincus de limportance de lengagement citoyen. Je tiens devant vous à leur rendre hommage ainsi quà tous ceux qui, depuis un demi siècle, avec énergie et dévouement, se succèdent pour animer cette association.
Le programme du colloque illustre la complexité de la question qui nous est posée. Pour reprendre lintitulé de votre journée, sagit-il de culture, de formation ou de dissuasion ?
Vous avez souhaité avoir recours à des regards multiples et mieux cerner les pratiques de nos voisins européens.
On sait que la France apparaît comme la mauvaise élève de lEurope, avec un des taux de mortalité routière parmi les plus élevés des pays membres de lUnion européenne, même si des progrès considérables ont été réalisés au fil des décennies qui nous ont précédés. Vous lavez rappelé, Jean Flory, le nombre de tués sur la route a diminué de moitié en 25 ans en même temps que le trafic doublait.
Je me sers souvent de cette statistique pour dire quil ny a pas de fatalité et que nous avons de grandes marges de progrès devant nous : lenjeu de la sécurité routière reste immense.
Est-il nécessaire aujourdhui de redonner les statistiques de 1998 : 8437 tués, 168500 blessés dont plus de 33000 gravement.
Laccident de la route constitue la première cause de mortalité chez les jeunes de 15 à 24 ans. Derrière tous ces chiffres se cachent des malheurs, la douleur des familles décimées dont on parle toujours trop peu.
Cette situation, vous la refusez. Je la refuse.
Un mot à ce propos. Certains voudraient exploiter un accident qui mest arrivé dans lexercice de mes fonctions.
Je le redis haut et fort : rien ne justifie pour quiconque que des vitesses soient dépassées, que le code de la route ne soit pas respecté.
Je tenais à faire cette mise au point devant vous.
Oui, il est possible de faire reculer significativement le fléau de linsécurité routière.
Cest parce que nous partageons cette conviction et que nous avons la ferme volonté de les traduire en actes, que nous sommes rassemblés dans ce même combat pour la vie.
Le Comité Interministériel de la Sécurité Routière (CISR) de novembre 1997, -qui se tenait, je le rappelle, pour la première fois depuis 4 ans- a décidé des mesures nouvelles. Certaines figurent dans le projet de loi sur la sécurité routière qui sera définitivement adopté dans quelques semaines, en tout cas avant lété. Vous en connaissez les principales dispositions :
- création dun délit de récidive dans lannée pour un excès de vitesse de plus de 50 km/h par rapport à la vitesse limité réglementaire,
- instauration de la responsabilité pécuniaire des propriétaires de véhicules quand le conducteur na pas pu être identifié,
- amélioration du fonctionnement des établissements denseignement de la conduite,
- stage de sensibilisation aux causes et conséquences des accidents de la route pour les conducteurs novices, ceux qui ont leur permis depuis moins de deux ans ayant commis des infractions graves.
Les autres mesures du Comité Interministériel de la Sécurité Routière de novembre 1997 rentrent en application. Je me bornerai à citer deux exemples significatifs.
Dans quelques semaines sera publié le décret concernant lapposition dun pictogramme sur le conditionnement extérieur des médicaments contenant des substances susceptibles dentraîner une baisse de vigilance ou une somnolence. Une large information vers le grand public et vers les professionnels de la santé sera donnée sur ce sujet.
Deuxième exemple : les compagnies et mutuelles dassurance ont accepté de développer les rendez-vous dévaluation des conducteurs novices. Cette action commune Etat/assureurs fera lobjet dun protocole qui sera signé avant cet été.
Après ladoption du projet de loi, notre dispositif juridique sera comparable à celui de nos voisins européens. Dorénavant, pour combattre linsécurité routière, notre priorité ne sera pas de la compléter à nouveau mais dobtenir que chacun le respecte. Là est lesprit des décisions prises lors du dernier CISR qui sest tenu le 2 avril, autour de quatre axes principaux :
- faire de la sécurité routière une grande cause dintérêt national, lan prochain, en 2000,
- renforcer les contrôles,
- améliorer les infrastructures,
- développer la formation.
Lenjeu est de taille. Chacun le connaît. Il faut responsabiliser les citoyens et les impliquer dans cette lutte contre linsécurité routière. Le succès dépend de leur prise de conscience et de leur comportement. Je suis sûr que nous partageons tous cette idée ! Il faut multiplier les partenariats avec les associations qui concourent à cette responsabilisation et oeuvrent pour la sécurité routière. la Prévention Routière est, bien sûr, au coeur de ce dispositif.
La campagne que vous venez de lancer sur les ondes avec la Fédération Française des Assurances témoigne dailleurs de cette conviction commune. Par des messages ciblés, vous incitez les automobilistes à changer de comportement tout de suite, et à sinterroger sur ce quils peuvent faire concrètement pour réduire les risques quils prennent et font prendre à leur entourage. Je vous félicite de cette initiative qui participe à cette prise de conscience que jappelle de mes voeux.
Si vous le voulez bien, je souhaiterais maintenant revenir sur certaines actions retenues par le dernier CISR. Je lai indiqué, il a été décidé que les contrôles seraient renforcés.
Cela va dans le sens de ce que souhaite la Prévention Routière qui défend une présence plus forte des forces de lordre sur la route.
Le sentiment dêtre susceptible dêtre contrôlé à tout moment est en effet un élément fortement dissuasif. Cest pourquoi, pour moi, les contrôles ne sont pas seulement un élément de sanction. Ils sont aussi un élément de prévention. La présence des forces de lordre sur les routes et lexercice de leurs missions de contrôle est fondamental pour prévenir les accidents. Elle doit être renforcée surtout dans les endroits les plus dangereux, les week-end, la nuit et là où les enjeux de sécurité sont les plus forts.
Dans ce domaine, Jean-Pierre Chevénement, ministre de lIntérieur, Alain Richard, ministre de la Défense, et moi-même avons donné des instructions précises aux préfets depuis le début de lannée.
Est-ce pour cette raison que les premiers chiffres pour janvier et février 1999 traduisent un début damélioration ? Je dis amélioration mais pas embellie. En janvier, malgré la Saint-Sylvestre catastrophique dont tout le monde se souvient, il y a eu une baisse de - 0,3 % des tués et en février, une baisse de - 8 %. Pour le mois de mars, nous ne disposons que des chiffres de la gendarmerie qui affichent une baisse de plus de 8 % par rapport à mars 1998.
Il ne faut pas se réjouir trop vite, il ne faut pas relâcher nos efforts. Il faut continuer dans cette voie pour que mois après mois cette tendance se confirme.
Pour en revenir au dernier Comité Interministériel de la Sécurité Routière, des décisions importantes ont été prises pour accroître encore le volume et la pertinence des contrôles.
Ainsi, le nombre dheures consacrées par les forces de lordre aux missions de surveillance du trafic et le nombre de contrôles, notamment dalcoolémie et de vitesse, seront augmentés en 1999. Les tâches de sécurité routière sont exercées à la fois par des unités spécialisées et par des unités territoriales polyvalentes de la police et de la gendarmerie nationales. Le CISR a souligné que la sécurité routière fait partie des missions prioritaires dévolues à ces unités polyvalentes. Le nombre dagents de la police nationale affectés dans les unités autoroutières et les unités motocyclistes sera maintenu à son niveau de 1998. Il nest plus question de recul comme ces dernières années. Le niveau des effectifs des unités spécialisées de la gendarmerie nationale sera accru dès 1999 de 250 militaires.
Un renforcement de léquipement des forces de lordre en moyens modernes de contrôle a été décidé. Le ministère de la défense et le ministère de lintérieur mettront en oeuvre un programme triennal, portant à la fois sur le renouvellement des matériels anciens et sur laccroissement du parc, dun montant de 160 MF (100 MF pour la gendarmerie et 60 MF pour la police).
Un plan annuel de contrôles sera établi dans chaque département sous lautorité du préfet. A partir dune analyse des accidents propres au département, il permettra ainsi de mieux coordonner et de mieux cibler les contrôles.
Par ailleurs, la sécurité des infrastructures sera améliorée.
Chacun le sait, les accidents résultent généralement de la conjugaison de plusieurs facteurs. Si 95 % des accidents mortels sont liés à un problème de comportement, il faut aussi savoir que dans 40 % des cas un problème dinfrastructure intervient également.
Un contrôle de sécurité des projets neufs sera effectué à partir de lan prochain sur le réseau de lEtat. Une concertation avec les collectivités territoriales sera engagée pour réaliser ce contrôle sur les projets routiers départementaux et communaux.
Enfin, je demanderai aux préfets que la sécurité routière soit lun des critères prioritaires pour choisir les opérations routières à inscrire dans les prochains contrats Etat-Région. Sur le réseau de lEtat, un programme pluriannuel de traitement des obstacles latéraux et un programme pluriannuel dinstallation de dispositifs de protection des motards seront élaborés courant 1999, pour une mise en oeuvre progressive à partir de lan prochain.
Venons-en maintenant à la formation continue. Dorénavant la mise en place des places de prévention des risques routiers sera encouragée.
Plus de 50 % des décès répertoriés comme accidents du travail sont dus à des accidents de la route. Les entreprises qui ont mis en place les plans de prévention de risques routiers ont dans leur très grande majorité constaté une baisse de leur sinistralité. Lentreprise en tire un bénéfice, le salarié aussi.
La Prévention Routière propose déjà ce type de prestations aux entreprises. Je vous incite à poursuivre en ce sens. Cest une manière de généraliser la formation continue du conducteur dont chacun a souligné limportance dans le cadre de la table ronde animée par Jean Verré pour améliorer la sécurité routière dans notre pays.
Par ailleurs, lEtat devra donner lexemple. Un plan de prévention des risques routiers devra être mis en place dans un délai de trois ans dans tous les services de lEtat.
Pour terminer mon propos sur la formation, je souhaite revenir sur une remarque que jentends souvent : nombreux sont ceux qui opposent en quelque sorte la formation dune part, les contrôles et sanctions dautre part, en considérant que la vraie problématique de la sécurité routière, cest de choisir lun au détriment de lautre. Telle nest pas, je le sais, votre position : toute politique équilibrée et efficace de sécurité routière comporte nécessairement un volet répressif ; le respect des règles du code de la route est une exigence première du respect de lautre dans lacte social que constitue la conduite automobile.
Mais pour moi, il doit y avoir, et ce nest pas un paradoxe, unité et continuité de conception et daction entre la formation, les contrôles et les sanctions.
Avant de conclure ces quelques mots introductifs à vos débats dont je prendrai connaissance des conclusions avec le plus grand intérêt, je voudrais aborder la question du véhicule. Certains prennent position. Ils posent la question : « Pourquoi, après tout, nimpose-t-on pas des limiteurs de vitesse, pourquoi ne bride-t-on pas les véhicules ? » Vous savez, lautomobile est un produit qui séchange à travers le monde. Les réglementations sont fixées au niveau européen et mondial. Et cest pourquoi, par exemple en matière de limiteur de vitesse, mes services prônent une évolution de la réglementation au niveau européen. par ailleurs, croyez bien quavec les constructeurs français comme avec les importateurs, je souhaite coopérer contre linsécurité routière. Je crois quil y a beaucoup à gagner dans ce domaine.
Il y a aussi un autre bras de levier, cest le marché : les constructeurs répondent à la demande. par conséquent, et ce sera ma conclusion à cette introduction, faisons en sorte ensemble que la demande collective qui sexprime soit celle dune conduite plus apaisée, respectueuse de lautre, faisons en sorte que la vitesse ne soit plus tant valorisée, que le plaisir de la route ne soit plus synonyme des règles transgressées. Il faut que chacun prenne conscience quil y a des hommes, des femmes, des enfants dans les voitures, quautour des voitures, il y a des piétons, des deux-roues, des motos, des usagers sans carrosserie, particulièrement fragiles. Chacun doit penser quil sinsère dans un espace à partager et que conduire est un acte social.
Oui, lobjectif de diviser par deux le nombre de tués en cinq ans peut être atteint : nous ne sommes pas différents, pas moins civilisés que nos voisins européens.
Ce nest pas lEtat qui fera seul de la sécurité routière une grande cause nationale. Les associations ont un rôle primordial à jouer en ce sens et je sais que je peux tout particulièrement compter sur laction de la Prévention Routière.
Il ne me reste maintenant quà vous souhaiter un bon congrès, intéressant bien sûr -et il le sera sûrement vu la qualité des thèmes traités- chaleureux et convivial aussi, comme doit lêtre un 50ème anniversaire.
Aussi je vous souhaite à tous : « Bon travail et bonnes contributions à la lutte contre linsécurité routières ».
(Source http://www.equipement.gouv.fr, le 1er juin 1999)