Point presse conjoint de M. Bernard Cazeneuve, ministre de l'intérieur, avec son homologue allemand M. Thomas de Maizière, sur la mise en application de la politique européenne d'accueil des migrants fondée sur les principes des accords de Schengen et de Dublin, à Luxembourg le 16 juin 2015.

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Circonstance : Conseil Justice et Affaires intérieures (JAI), à Luxembourg le 16 juin 2015

Texte intégral

Nous venons de nous retrouver avec Thomas de Maizière, Angelino Alfano et le commissaire européen Avrampoulos de manière à ce que nous puissions, comme vient de le dire mon collègue allemand, à l'instant, trouver des solutions. La réunion d'aujourd'hui est une réunion importante parce qu'elle doit nous permettre d'avancer ensemble vers des solutions. Quels sont les principes qui peuvent nous permettre d'atteindre rapidement l'objectif compte tenu du drame humanitaire auquel des populations sont confrontées, qui ont quitté leur pays pour des raisons qui tiennent aux persécutions qu'elles y subissent ?
D'abord la solidarité : la solidarité à l'égard des réfugiés qui sont persécutés, qui meurent en mer et face auxquels l'UE doit trouver une solution. Il y a eu le triplement des moyens de FRONTEX, il y a des interventions en mer qui permettent de sauver des vies mais lorsque les réfugiés ont franchi les frontières extérieures de l'UE, dès lors qu'ils relèvent de l'asile en Europe, il faut trouver des solutions solidaires.
Solidarité également entre nous, car face à un tel drame humain, les problèmes des uns sont les problèmes des autres à condition qu'aux côtés de la solidarité, il y ait la responsabilité partagée. C'est exactement la démarche de la France et de l'Allemagne depuis l'origine. Comment articuler solidarité et responsabilité ? Il faut apporter maintenant des questions précises aux questions qui se posent.
Est-ce-que nous sommes favorables à des mécanismes de relocalisation, de réadmission tels que définis par la Commission européenne ? La France et l'Allemagne ont apporté ensemble une réponse, elle est positive, c'est clairement oui.
Deuxièmement, est-ce que nous sommes favorables à ce qu'il y ait un dispositif, qui pour des raisons humanitaires et d'efficacité, permette de distinguer au moment de leur arrivée au sein de l'UE, ceux qui relèvent du statut de réfugiés de ceux qui relèvent de l'immigration économique irrégulière, qui doivent être reconduits. Nous pensons que cela est nécessaire, nous pensons que sur ce point aussi la solidarité doit s'exercer et que la Commission européenne doit prendre en charge la maîtrise d'ouvrage, le financement de ces hotspots pour que la solidarité dans la mise en œuvre de ces hotspots fonctionne aussi et qui dit une véritable soutenabilité du dispositif. Il faut qu'il ait un dispositif de reconduite à la frontière de ceux qui relèvent de l'immigration économique irrégulière sinon ce que nous faisons en termes de solidarité pour les réfugiés ne sera pas, à terme, soutenable.
Enfin troisième question, je vais y répondre clairement : est-ce-qu'il y a aux frontières entre la France et l'Italie une fermeture des frontières décidée par la France ? La réponse est non. Il y a des règles au sein de l'UE. Ces règles sont celles de Schengen et sont celles de Dublin : lorsque des migrants franchissent des frontières alors qu'il est établi que leur arrivée s'est faite en Italie, ils est normal qu'ils soient réadmis en Italie. Nous avons d'ailleurs des accords. Nous procédons donc actuellement à des contrôles pour que ces accords soient respectés. Et par ailleurs, j'ai donné des instructions hier à mon administration pour que nous travaillions en étroite liaison avec l'Italie, avec laquelle nous n'avons cessé de parler et c'est normal puisque nous sommes ensemble face à ce défi de manière à ce que sur le plan humain, sur le plan de l'application des principes de Schengen et de Dublin, nous soyons là aussi, ensemble.
Donc Thomas de Maizière et moi-même nous voulons des solutions et des réponses concrètes aux questions qui se posent. Les principes c'est solidarité et responsabilité. Solidarité, oui, pour la relocalisation et la réadmission. Responsabilité, par la mise en place des hotspots sous maîtrise d'ouvrage de l'UE. Responsabilité par un système d'organisation des retours de ceux qui relèvent de l'immigration économique irrégulière. Tout cela, nous allons le faire avec la volonté d'aboutir parce , c'est un défi considérable pour l'avenir de Schengen, pour la maîtrise de notre politique migratoire, pour la soutenabilité de ce que nous voulons faire en faveur des réfugiés. Et s'il n'y a pas responsabilité et solidarité alors nous mettons en danger Schengen et il risque à la fin de ne pas pouvoir y avoir de solidarité du tout. Et nous, nous tenons à la solidarité.
- Pourquoi le ministre italien n'est-il pas à vos côtés maintenant ?
Bernard Cazeneuve : Le ministre italien est à nos côtés, nous venons de travailler ensemble. Nous avons une position franco-allemande qui a été exprimée à l'origine, nous avons fait un communiqué commun, Thomas de Maizière et moi il y a dix jours. Nous avons travaillé aujourd'hui et l'objectif c'est de faire en sorte qu'à la fin nous soyons tous ensemble autour de la solution de manière à avancer encore une fois vers la solidarité et la responsabilité.
- Quel est votre message aux collègues italiens ?
Bernard Cazeneuve : Le message que j'adresse à mon collègue italien Alfano est le message que je lui adresse à chaque instant et chaque jour : c'est un message d'amitié, de solidarité, de responsabilité. Nous l'avons dit ensemble avec Thomas de Maizière, nous sommes conjointement soucieux de régler le problème douloureux auquel les réfugiés sont confrontés et, en même temps, d'avoir une politique migratoire soutenable. Donc, il faut que nous construisions la solidarité vis-à-vis de nos amis italiens et que nos amis italiens construisent avec nous la responsabilité, tous ensemble. Et la responsabilité, c'est un dispositif qui permette, à partir des points d'arrivée des migrants en Europe, de distinguer ceux qui relèvent de l'asile en Europe de ceux qui relèvent de l'immigration économique irrégulière, organiser le retour de ceux qui relèvent de l'immigration économique irrégulière et accueillir ensemble les réfugiés et cela suppose la mise en place de ces hotspots en Italie sous maîtrise d'ouvrage de l'UE. Il faut désormais construire des solutions et apporter des réponses précises aux questions qui se posent. Et, encore une fois, nous les apportons. Nous sommes l'un et l'autre en faveur de la solidarité. Il n'y a pas de solidarité sans responsabilité. Et, la responsabilité, c'est les retours et les hotspots, sinon le mécanisme de relocalisation et de réadmission ne fonctionne pas. Et c'est cet équilibre que nous sommes en train de construire ensemble : ce n'est pas facile parce que le sujet est d'une extraordinaire complexité pour des raisons qui tiennent au contexte international, pour des raisons qui tiennent aux souffrances endurées par ces migrants et qui apprennent notre solidarité. Mais c'est parce que le problème est complexe qu'il faut y mettre toute notre énergie et toute notre volonté dans la confiance, la solidarité et la responsabilité.Source http://www.rpfrance.eu, le 18 juin 2015