Discours de M. Michel Rocard, Premier ministre, sur le bilan et les engagements de la politique gouvernementale, au congrès de Rennes le 16 mars 1990.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Congrès du PS à Rennes du 15 au 18 mars 1990

Texte intégral

De LILLE à RENNES, d'un Congrès à l'autre, il n'y a pas seulement trois ans, il y a une page d'histoire !
François MITTERRAND achevait son premier septennat. Il en a commencé un second.
Nous étions dans l'opposition. Nous sommes au pouvoir.
Nous partions en campagne municipale. Nous avons conquis plus de villes et de villages que jamais dans notre histoire.
Et puis aussi, quel fabuleux bicentenaire ! Qui d'entre nous aurait osé, il y a seulement un an, rêver un aussi magnifique anniversaire ?
La statue de la Liberté dressée par les étudiants de la place TIEN AN MEN, le mur de Berlin abattu à mains nues, MANDELA libre et l'apartheid moribond, Patricio ALWIN démocratiquement élu président du Chili, quel irrésistible mouvement rassemble ainsi 1789 et 1989 dans un même élan vers la liberté, l'égalité et la fraternité !
Oh, bien sûr, il reste de par le monde des Etats totalitaires et des foyers de tension.
Mais qui oserait bouder sa joie et son émerveillement, de voir ainsi en quelques mois, tant et tant de peuples recouvrer avec la liberté, la dignité et la démocratie ?
Et PARIS, capitale de la liberté !
Et notre pays, notre Président, notre Parti sollicités du monde entier, parce qu'au-delà des frontières, on n'oublie pas que les Droits de l'Homme ont une patrie - la France - que l'humanisme et la culture ont une référence - François MITTERRAND -, et que le Parti Socialiste a toujours répondu présent dans la solidarité contre l'oppression, la dictature et l'injustice !
Et moi, comme Premier Ministre, je vous dis que toutes ces victoires sont vôtres. Les unes, parce que vous les avez remportées. Les autres, parce que vous avez pris votre part dans la conjuration mondiale et pacifique des militants du socialisme démocratique !
Laissez à d'autres l'aigreur de la critique, laissez à d'autres le repli chagrin sur eux-mêmes. Et soyez fiers, oui fiers, de ce que nous avons accompli ensemble !
En quelques semaines, en quelques mois, l'ouragan de la liberté a lancé des foules immenses, souvent joyeuses, toujours déterminées, à l'assaut des dictatures. Il a fait tomber les bastilles de l'arbitraire et de la tyrannie.
De quelles couleurs allons-nous voir ces peuples peindre leur rêve ? Couleur de deuil et de sang, couleur de morosité et de désillusion ou couleur de progrès et d'espérance ? Notre responsabilité est là. Et ils appellent. Et ils attendent.
Ils attendent quoi ? Un peuple qui boude les urnes, quand eux aspirent à pouvoir enfin tenir des élections libres ? Une société qui brocarde les partis ou les syndicats, quand eux secouent à peine le joug du parti unique ou des syndicats officiels ? Sommes-nous à ce point les enfants gâtés de la démocratie que nous ne savons plus en mesurer le prix ?
Le grand mouvement de liberté qui est en train de rendre à l'Europe, et son histoire, et sa géographie, s'est fait au nom de valeurs qui sont les nôtres, à nous socialistes, à nous Français, héritiers de la Révolution de 1789.
Oui, assurément, ces valeurs :
- l'exigence de liberté et de pluralisme politique,
- le respect des Droits de l'Homme et le fonctionnement d'un Etat de droit,
- la volonté de permettre l'épanouissement et la création, ce qui s'appelle dans l'ordre économique la liberté d'entreprendre,
- mais en même temps, le souci de préserver, à travers des règles du jeu garanties par l'Etat, la solidarité, la protection sociale et l'égalité des chances,

Oui, ces valeurs constituent l'essence même de cette démocratie accomplie que nous appelons socialisme.
Et pour ces raisons-là, sachons que nous sommes comptables de plus que de nous-mêmes. Nous sommes comptables de l'avenir de l'idée socialiste.
Il dépend de nous, de chacun d'entre nous, que ce Congrès ait un sens, pour le pays et au-delà.
Un sens. Allons-nous pouvoir, au moment même où, soixante dix ans après le Congrès de TOURS, le mouvement des peuples donne raison aux héritiers de JAURES et de BLUM contre ceux de LENINE et STALINE, allons-nous pouvoir, allons-nous savoir donner un sens à notre combat et à notre engagement ?
Sans doute n'est-ce pas simple quand, de partout, on proclame la mort des idéologies. Jamais pourtant la nécessité d'idées fortes et la demande d'idéal n'ont été aussi grandes.
Non, en vérité, ce que les années récentes ont consacré, c'est la mort des théologies politiques. Et 1989 en a dressé l'acte de décès.
A l'Est comme à l'Ouest, le mouvement de l'histoire a mis fin à un système - communisme ou libéralisme -, qui cléricalisait la politique, avec ses dogmes et ses rites, avec ses docteurs de la foi et ses hérétiques, avec ses inquisitions et ses miracles, que l'on inventait au besoin chaque fois que le monde réel ne se pliait pas au dogme.
Nous sommes entrés au contraire, et il faut nous en réjouir, dans l'âge d'une politique laïcisée.
Une ère nouvelle où le libre examen et la délibération démocratique sont la loi, où l'autonomie des groupes et des individus est le principe, où la démarche contractuelle est la règle.
C'est la chance et le défi du socialisme démocratique. Mais si nous avons tous applaudi à cette mort des théologies de l'histoire, combien d'entre nous ont-elles laissés orphelins ?
Comment en effet "aller à l'idéal" si nous ne savons plus "comprendre le réel" ?
Notre société moderne est traversée de clivages multiples, ceux qu'introduisent l'argent, bien sûr, mais aussi la naissance, la formation, la dépendance, les discriminations ethniques ou sexuelles. Et tous ces aspects ne peuvent être réduits à un seul, sauf à passer à côté de la réalité sociale.
Longtemps, nous avons vécu selon un modèle social, qui en dépit de toutes ses injustices, malgré toutes ses inégalités, offrait une sorte de promesse d'ascension.
Le médecin ou le professeur, fils d'instituteur, petit-fils d'ouvrier ou de paysan, constituait souvent la référence de cette conception de la réussite. Les parents savaient que le sort de leurs enfants, que leur statut social, avaient de bonnes chances d'être meilleurs que le leur. Eux-mêmes pouvaient raisonnablement espérer acquérir leur logement, et se constituer ainsi un petit patrimoine.
Les années de crise ont fait voler en éclats ce modèle. L'espoir de voir ses enfants vivre mieux que soi-même n'est plus assuré. Des taux d'intérêt immobiliers trop élevés ont endetté au-delà du supportable des accédants à la propriété. Les études, même supérieures, ne sont plus une garantie de promotion sociale. Les femmes le vivent d'ailleurs plus durement que les hommes. Les années de crise ont rigidifié le tissu social dans la pesanteur des situations acquises.
Aussi bien. voilà l'enjeu : remettre la société en mouvement, franchir une nouvelle étape dans la modernisation du pays, et pour répondre à cette attente qu'en effet nous ressentons tous, redonner au monde du travail une espérance sociale.
Le monde du travail, dans un pays comme le nôtre, où la population active est composée de plus de 85% de salariés, et où de plus en plus, agriculteurs, commerçants, artisans et professions libérales se revendiquent comme travailleurs, ce monde du travail est divers, pluraliste, traversé de contradictions.
Notre parti, pour être authentiquement populaire, doit respecter ce pluralisme, prendre en compte cette diversité mais contribuer à surmonter ces contradictions.
Il ne le pourrait pas, s'il se laissait aller à ne devenir qu'une machine électorale qui ne verrait dans le citoyen qu'un client, dans le militant qu'un démarcheur et dans le corps électoral un conglomérat de féodalités et de groupes de pression.
Non, si notre parti occupe la place qui est la sienne, si les Français ont de lui l'opinion de tolérance et d'ouverture que disent les sondages, c'est parce que nos militants sont des citoyens comme les autres, vivant ce que vivent les autres, partageant les désirs et les rêves de la société dans laquelle ils sont immergés.
Présents, et demain plus encore, dans les syndicats, les associations de locataires ou de parents d'élèves, les clubs sportifs, les mouvements culturels ou d'éducation populaire, c'est la richesse de ce tissu militant qui permet au Parti Socialiste d'être à l'écoute de la société dont il ressent les pulsations et les mouvements de fond, et dont il peut ainsi guider les progrès et les transformations.
Sans doute le militantisme n'est-il pas coté en Bourse. Les convictions n'ont pas de valeur marchande. Et le désintéressement n'est pas toujours médiatique.
Les militants des sections de notre Parti ne mettent dans leur engagement pas d'autre ambition que celle de voir progresser les idées qui nous rassemblent.
Ils n'en espèrent pas d'autre récompense : sachons au moins leur donner celle-là, à travers la fierté de ce que nous avons déjà accompli ensemble et la volonté d'aller de l'avant, dans la camaraderie et la fraternité.
Jamais en fait, depuis 1905, les socialistes n'ont été aussi unis sur le fond : l'unanimité qui a marqué la redéfinition de notre "Déclaration de principes" en atteste.
Qui donc pourrait alors imaginer que, pour gagner les échéances qui nous attendent, on ne trouvera pas ensemble les trois Premiers Ministres socialistes de François MITTERRAND et les deux Premiers Secrétaires qui lui ont succédé à la tête du Parti ?
Voyez-vous, chers camarades, en ce moment où triomphent les principes et les valeurs qu'il avait défendus au Congrès de TOURS, et que sa vie de militant et d'homme d'Etat a illustrés, je songe à Léon BLUM, apostrophant aux lendemains de la libération son parti renaissant et pourtant déjà saisi par le doute.
"Le dynamisme, disait-il aux militants, qu'est-ce que vous croyez donc que c'est ? Croyez-vous que ce soit une drogue pharmaceutique ou un engin mécanique ? Est-ce que vous croyez que c'est quelque chose de concret ? Mais non ! Le dynamisme, ce sont les hommes, c'est la conviction des hommes !"
Le pays se mobilisera à nos côtés parce que nous saurons lui faire partager la confiance que nous devons avoir en nous-mêmes, la confiance que justifient aujourd'hui les premiers résultats engrangés et celle que nous vaudra demain l'accomplissement des chantiers engagés.
En 1933, au plus fort de la crise de l'entre-deux guerres, ROOSEVELT disait au peuple américain : "la seule chose dont il nous faut avoir peur, c'est la peur elle-même".
Aujourd'hui, je vous l'affirme, c'est d'abord en nous-mêmes qu'il faut trouver les ressorts de la mobilisation, de la foi et de la volonté de réussir.
Quelques-uns ont répété, au cours des débats préparatoires à ce Congrès : "nous ne gagnerons les élections législatives que si...". Chers camarades, on ne gagne pas des élections avec des "si" !
Moi, je vous dis ma certitude que nous gagnerons les élections législatives de 1993 parce que.
Parce que nous allons continuer à créer des emplois et à faire diminuer durablement le chômage.
Parce que la rénovation de l'école, celle des programmes, de la formation et de la condition des enseignants, aura commencé à produire des effets visibles.
Parce que nous aurons fait reculer les exclusions, à travers l'insertion réussie des bénéficiaires du R.M.I., par un effort sans précédent pour le logement social, avec la deuxième chance qu'offre le crédit-formation.
Parce que nous aurons montré à tous ceux qui mettent au premier rang de leurs préoccupations le combat pour l'écologie, que la France a accompli pour elle-même et soutenu au plan international des avancées considérables.
Parce que l'Etat modernisé, servi par des fonctionnaires mieux formés, rémunérés et reconnus, plus responsables, fera du citoyen face à l'administration un usager et non plus un sujet.
Parce que les inégalités, qui ont trop progressé au cours des quinze dernières années, et tout particulièrement entre 1986 et 1988, auront recommencé à reculer.
D'abord, l'emploi. Pourquoi avions-nous perdu les élections de 1986 ? Pourquoi la droite a-t-elle perdu les élections de 1988 ? Parce que la croissance du chômage semblait une fatalité inexorable que rien ne pouvait endiguer.
Aujourd'hui, la courbe du chômage est clairement inversée. En deux ans, l'économie aura créé plus de 550.000 emplois nets, y compris dans les secteurs industriels. Le taux de chômage, qui était de 10,6% de la population active en mars 1987, de 10,2% en mars 1988, n'était plus que de 9,6% en mars 1989 et il devrait ce printemps redescendre à 9%.
Quant au chômage des jeunes il a spectaculairement reculé de 15%, depuis mai 1988.
Les Français perçoivent ce mouvement. Du même coup, le pouvoir d'achat a pris le pas sur l'emploi au premier rang de leurs préoccupations. Mais que croyez-vous qu'il adviendrait si par malheur le chômage recommençait à progresser ?
Aucun d'entre nous n'oublie les 2.492.000 chômeurs, qui restent les victimes de la pire des inégalités, celle qui brise l'élan de la jeunesse, celle qui étouffe l'expérience des hommes et des femmes d'âge mûr, celle qui ronge comme un cancer le tissu social.
Et moi, parce que je suis aujourd'hui comptable de nos engagements d'hier, derrière François MITTERRAND, - "d'abord, l'emploi" -, je mesure chaque décision que je suis amené à prendre en fonction de cette unique priorité : dans quelle proportion aurons-nous fait reculer le chômage lorsque nous aurons à rendre compte de notre action devant le pays ?
Les résultats déjà obtenus n'appellent ni triomphalisme déplacé, ni fausse modestie. Mais ils exigent la ténacité et la sereine conviction qui sont nécessaires pour mettre en oeuvre le pacte de croissance que nous avons passé avec les Français.
Un tiers pour l'emploi, un tiers pour la formation et la recherche, un tiers pour l'amélioration du pouvoir d'achat : l'avenir, la solidarité, la justice sociale, et dans ces trois directions, la réduction des inégalités.
Désormais une nouvelle étape nous attend. Le recul du chômage doit maintenant concerner davantage d'une part les chômeurs âgés et les chômeurs de longue durée, et d'autre part les femmes. Les dispositifs de retour à l'emploi seront renforcés dans ce sens.
Le crédit-formation offre une seconde chance aux jeunes de 16 à 25 ans qui, chaque année, quittent l'école sans diplôme. La négociation engagée avec les partenaires sociaux cherchera à étendre ce dispositif aux salariés, puis aux chômeurs sans qualification. Ainsi, comme le Président de la République l'a demandé il y a quelques jours, le nombre des bénéficiaires pourra passer de 100.000 à 200.000 chaque année. Nous veillerons particulièrement à ce que les femmes puissent avoir accès dans une plus grande proportion au crédit-formation, pour que l'égalité professionnelle passe des principes et de la loi à une réalité concrète et vécue.
Une formation qualifiante ou un emploi : voilà ce que doit être la situation pour chaque jeune dans les deux ans qui viennent !
Nous voulons que les emplois créés soient de vrais emplois, pas des petits boulots, que les formations offertes soient des formations qualifiantes, pas des stages-parkings.
Pour lutter contre le développement de l'emploi précaire, nous avons, parce que c'est notre règle, donné la priorité à la négociation collective. Mais les partenaires sociaux, et notamment le patronat, sont avertis : en tout état de cause, dès la session de printemps du Parlement, une loi viendra soit consacrer les résultats de cette négociation, soit pallier son échec ou combler ses insuffisances. Parce qu'il n'y a pas de croissance solide, d'emplois durables, qui se construiraient sur les décombres du progrès social.
Dans la même volonté, j'appelle aussi les partenaires sociaux à accélérer, et à engager là où elles ne le sont pas, les négociations pour le réexamen des classifications dans le secteur privé, notamment là où les minima sont inférieurs au SMIC.
Relancer la politique d'aménagement du temps de travail est un quatrième axe de la lutte contre le chômage.
Déjà les entreprises qui à la fois réduisent la durée du travail et accroissent la durée d'utilisation de leurs équipements bénéficient d'un crédit d'impôt. Par ailleurs, le recours abusif aux heures supplémentaires a été pénalisé. Ce dispositif doit être mieux connu, développé, étendu : voilà, dans les mois qui viennent, une démarche que j'attends des socialistes en direction du monde du travail.
Chers camarades,
L'emploi ne se décrète pas davantage que la croissance. Les emplois créés depuis deux ans l'ont été un par un.
Nous devons être fiers de la France pour ses réussites dans le domaine des transports, de l'agro-alimentaire, des télécommunications, et aussi de l'espace, mais nous devons aussi être lucides sur les faiblesses qui subsistent en matière de formation professionnelle ou de commerce extérieur.
Patience, cohérence, ténacité sont dans la bataille pour l'emploi les clés de la réussite. Ne vous y trompez pas : c'est, au-delà des impatiences du moment, là-dessus que nous serons jugés.
Et c'est en allant de l'avant dans la voie tracée depuis deux ans que nous réussirons. Le premier septennat de François MITTERRAND a vu l'inflation jugulée. A nous de faire du second septennat celui du recul durable du chômage !
L'emploi, l'école. Pourquoi avions-nous essuyé un revers considérable en 1984 ? Pourquoi la droite s'est-elle durablement coupée d'une large fraction de la jeunesse en 1986 ? Parce que l'école, clé de l'égalité des chances, lieu où s'enracinent ou au contraire se défont les espérances de promotion sociale, est un des rares enjeux de société qui puissent encore mobiliser des milliers et des milliers de nos concitoyens.
Aujourd'hui, le budget de l'Education Nationale dépasse pour la première fois celui de la Défense. Il connaît la plus forte croissance depuis dix ans. 6 milliards de F. en 1989, autant en 1990, sont consacrés à la modernisation du système éducatif, 18 milliards de F. sur dix ans sont engagés pour la revalorisation de la condition des enseignants.
Plus de 15.000 postes nouveaux ont été créés au budget 1990, inversant ainsi la tendance antérieure. Un plan d'urgence a été adopté pour ouvrir 200.000 m2 de locaux universitaires supplémentaires à la prochaine rentrée, et un schéma national d'aménagement universitaire est en cours d'élaboration.
Rarement la priorité accordée à l'Education Nationale aura reçu une traduction aussi massive en termes de budget ou de créations de postes. C'est beaucoup, et pourtant, chacun en a conscience, rendre à l'école publique la place qui doit être la sienne dans la société ne se mesure pas uniquement en termes quantitatifs.
L'école n'a pas été mise en situation de s'adapter aux évolutions de ces trente dernières années, à la demande généralisée de scolarisation, à l'exigence d'égalité devant le savoir. L'école d'hier était l'élément majeur de la promotion sociale. Il faudra plus de deux ans, pour reconstruire durablement une école de la réussite, pour restaurer la considération que le corps enseignant mérite de la part du corps social, pour que démocratisation de l'enseignement ne soit pas antinomique de qualité et d'excellence.
C'est d'autant plus nécessaire que le projet d'amener 80% dune classe d'âge au niveau du baccalauréat d'ici l'an 2000 n'est plus un objectif volontariste. C'est devenu un fait de société.
C'est aussi un défi. Et nous n'avons pas le droit à l'échec, parce que notre démarche est un refus du déclin. Ce que Lionel JOSPIN a engagé doit permettre, j'en ai la conviction, d'enregistrer dans les deux ou trois années qui viennent, des résultats significatifs dans la rénovation du système scolaire.
Des rythmes d'apprentissage plus adaptés au niveau de chaque enfant, des programmes respectueux des savoirs fondamentaux et ouverts aux évolutions de la connaissance, un calendrier scolaire plus harmonieux, un enseignement technique mieux reconnu, des maîtres toujours plus disponibles pour aider les élèves à surmonter leurs handicaps dans les zones d'éducation prioritaires, une école plus ouverte, voilà ce que les parents, les enseignants et jeunes attendent concrètement de nous.
Parce que nos valeurs sont d'abord de tolérance et de respect de l'autre, le combat contre l'exclusion est la dimension moderne du combat laïque.
Or, l'échec scolaire est la forme la plus durable de l'exclusion.
Avoir fait sensiblement reculer l'échec scolaire, voilà ce qui nous permettra de rassembler les Français lorsque le moment sera venu de leur rendre compte de notre action !
Là, une logique d'exclusion, ici, une volonté d'intégration. Exclusion par l'argent, par la naissance, par la couleur de la peau. Intégration par la solidarité, par une plus grande égalité des chances, par davantage de justice.
Mis en oeuvre dans les six mois suivant la réélection de François MITTERRAND, le revenu minimum d'insertion a bénéficié à près de 500.000 ménages, soit un million de personnes.
L'allocation comporte un engagement, celui du contrat d'insertion. Un peu plus du tiers des bénéficiaires ont d'ores et déjà pu signer un contrat d'insertion. C'est insuffisant. D'ici la fin de l'année, cette proportion devra avoir plus que doublé, afin que la finalité du RMI soit, au-delà de la main tendue aux plus démunis, le geste qui les aide à vivre en hommes et en femmes debout.
Une loi destinée à prévenir le surendettement des ménages et à les aider à sortir de situations de profonde détresse ; des mesures concrètes pour améliorer vie quotidienne des demandeurs d'emploi : tantôt l'accès gratuit au téléphone dans 500 ANPE, tantôt un bilan de santé, tantôt une amélioration des aides au transport ; est-ce de la gestion quotidienne ? Est-ce de la transformation sociale ? A vous de le dire.
Ma conviction est que c'est dans l'attention rigoureuse portée aux choses de la vie, que s'exprime simplement la volonté de transformation sociale que nous avons résumée dans ce mot d'ordre : "ne laisser personne sur le bord du chemin" !
"Ne laisser personne sur le bord du chemin" : depuis que j'ai la charge de mettre en oeuvre cet objectif, je constate qu'il y faut certes tout l'argent correspondant à une juste redistribution des fruits de la croissance, mais que l'argent n'y suffit pas.
Qu'il s'agisse de remédier à la solitude, d'accompagner la démarche professionnelle d'un handicapé, de favoriser l'insertion sociale d'un jeune sans qualification, de guider une personne sans ressources à travers le maquis des formulaires et des procédures, la politique sociale que nous voulons doit désormais s'appuyer sur un visage, une personne connue, un accompagnateur permanent pour chaque misère ou pour chaque détresse.
Et vous le savez bien, vous les militants, vous aussi les élus, qui êtes souvent ce regard qui soutient, cette personne qui accompagne.
Des formes nouvelles d'exclusion sont apparues depuis une quinzaine d'années : et d'abord, l'exclusion par le logement. N'est-ce pas, avec l'emploi, la principale préoccupation que nous expriment ceux qui ont placé leurs espoirs en nous ?
Pourquoi avions-nous perdu de nombreuses municipalités en 1983 ? Pourquoi le Front National a-t-il détourné, dans les cités populaires, les suffrages de tant d'électeurs qui jusque là faisaient confiance à la gauche ? Parce que la dégradation des logements sociaux, la spirale qui mène du chômage à l'expulsion, la constitution de ghettos où s'exacerbent les tensions entre communautés, ont donné une dimension terriblement proche à la menace de l'exclusion.
L'objectif que s'est fixé le Gouvernement est la remise en état, d'ici à 1995, du patrimoine HLM, soit un million de logements sociaux à rénover. Dès 1988, le rythme de réhabilitation a été porté à près de 200.000 logements par an. En 1990, le budget du logement social a progressé de 17%.
Une loi a rétabli la protection des locataires et permis le freinage des hausses de loyers en région parisienne. Une autre loi, en cours d'adoption, fixe des orientations ambitieuses à l'Etat et aux collectivités locales pour le droit au logement des plus démunis.
Oui, désormais, une nouvelle étape nous attend. Elle doit donner à cette politique de la ville toute sa dimension de solidarité quotidienne. Le rejet de l'autre, la logique de l'exclusion, trouvent plus souvent leur origine dans de petites choses que dans les idéologies : des voisins issus de communautés étrangères que l'on trouve trop bruyants, des jeunes qui se rassemblent dans les caves ou les halls d'immeubles faute de lieux qui leur soient accueillants, des personnes âgées qui prennent peur d'une société qui les abandonne...
Cette dimension de solidarité appelle la mobilisation la plus large : municipalités, départements, offices d'HLM, associations sont appelés à y prendre leur part à travers la démarche contractuelle qui a été mise en place. 420 conventions de quartier, 10 contrats de ville retenus en 1989, des programmes plus spécifiques d'aménagement urbain. Voilà, pour les mois qui viennent, une démarche que j'attends des socialistes, avec leurs élus ou dans les associations de locataires, en direction du monde du travail !
La perte de perspective de promotion sociale, que j'évoquais il y a un instant, nourrit une autre logique d'exclusion : le racisme, qui commence par le rejet de tout ce qui est différent.
Trois jeunes gens en sont morts la semaine dernière. Non pas parce qu'ils étaient étrangers, l'un d'entre eux était français, mais parce qu'ils étaient différents. D'âge, d'allure, de couleur de peau.
La révolte monte de toutes les fibres de notre être devant ces crimes inexpiables de bêtise et de lâcheté. Nous savons ce qui les inspire, et je me réjouis que le Parlement de STRASBOURG ait, à deux reprises, levé l'immunité parlementaire de celui qui s'est fait un fonds de commerce de la haine de l'autre !
Pour empêcher que le venin ne pénètre plus profondément la société française, un sursaut de toutes les forces démocratiques est indispensable.
Un débat aura lieu au Parlement dès la prochaine session. Le Haut Conseil de l'Intégration, où toutes les sensibilités politiques sont présentes, s'est mis au travail. Aucun concours n'est de trop quand il s'agit de combattre le racisme et l'exclusion.
Mais je vous confesse que les propositions de l'opposition m'apparaîtraient plus convaincantes si elle était allée à DREUX ou au LUC faire campagne contre les alliances locales avec le Front National, ou si un ancien Président de la République ne cherchait pas à se faire délivrer des brevets de courtoisie par M. LE PEN !
La lutte contre les inégalités est au centre du combat contre les exclusions. J'ai évoqué celles qui touchent à l'emploi, au logement, à l'école. J'aurais garde d'oublier celles qui touchent à l'argent.
L'inégalité entre les revenus du travail et ceux du capital est une des injustices les moins acceptables. Bien sûr, il ne s'agit pas de la rémunération de l'épargne, qui est légitime puisqu'elle résulte du travail et soutient les investissements collectifs. Il a d'ailleurs fallu attendre 1981 pour que l'épargne populaire, longtemps spoliée, reçoive enfin une juste rémunération.
Il s'agit de l'argent spéculatif, l'argent qui attire l'argent, les fortunes qui s'accumulent sans l'effort ni du travail, ni de l'intelligence, ni de l'investissement. Dans ce domaine, un seuil inacceptable a été franchi, car nos concitoyens n'ont jamais admis l'enrichissement sans cause.
Le partage de l'effort et de la solidarité doit donc trouver là aussi sa pleine application.
Le rétablissement de l'impôt sur les grandes fortunes rapportera 6 milliards de F. en 1990.
Les cotisations sociales d'allocations familiales et d'accidents du travail ont été déplafonnées. La réforme de l'assiette des cotisations sociales agricoles passe progressivement du revenu forfaitaire au revenu réel.
Le plafonnement de la taxe d'habitation à 4% du revenu imposable lance la réforme de la fiscalité locale.
La réduction des taux de TVA s'inscrit dans la volonté de réduire une fiscalité indirecte injuste.
La déduction fiscale du revenu foncier a été ramenée à un plafond de 10%.
Les décisions déjà prises ont une cohérence et s'inscrivent dans une démarche à long terme : à la fois simplifier et rendre plus équitables les prélèvements sur le patrimoine qui, de l'impôt foncier à l'ISF, des droits de succession aux prélèvements sur l'épargne, sont à la fois nombreux et contradictoires.
Mais une nouvelle étape nous attend. Elle commencera avec l'instauration d'une cotisation généralisée à l'ensemble des revenus, destinée au financement de la protection sociale. Son objectif est double : rendre le prélèvement social plus juste, en faisant participer les revenus du capital à l'effort de solidarité nationale, et éviter que les cotisations sociales ne découragent l'embauche en alourdissant le coût de travail.
Elle continuera avec la concertation que nous mènerons avec le groupe parlementaire sur la proposition d'asseoir l'impôt local départemental sur le revenu des gens et non plus sur la propriété. Je suis également favorable à une étude approfondie mais rapide de la proposition d'Henri EMMANUELLI d'instaurer le prélèvement de l'impôt à la source : si le mécanisme en est bien adapté aux revenus non salariaux, ce sera un facteur de simplification, d'équité et de lutte contre la fraude fiscale.
Chers camarades, il n'y a pas plus de grande réforme fiscale que de grand soir social. Mais il y a un mouvement continu, déterminé, cohérent pour que l'effort nécessaire soit plus équitablement partagé.
Davantage de solidarité par la fiscalité, l'inflation toujours maîtrisée, une croissance retrouvée, voilà ce qui nous donne les marges de manoeuvre nécessaires pour entreprendre cette nouvelle étape sociale que je vous ai annoncée il y a trois mois. J'en ai indiqué ici les engagements essentiels dans le domaine de l'emploi, de la formation, du logement et de l'intégration.
Faire reculer durablement le chômage, assurer à chaque jeune soit une formation qualifiante, soit un emploi, garantir une deuxième chance à tous ceux qui sont sortis de l'école sans diplôme, réduire de façon significative l'échec scolaire, rénover l'ensemble du parc locatif HLM, développer le logement social et les équipements urbains, améliorer, avec les fonctionnaires, les moyens et les missions du service public.
La direction est tracée, les moyens sont là, la volonté est claire. Il s'agit, en quelques années, d'assurer à tous nos concitoyens une véritable égalité des chances dans l'accès à l'emploi, à la formation et à un meilleur revenu. Il s'agit d'assurer la modernisation efficace du pays dans la solidarité retrouvée. Cette nouvelle étape sociale, n'est-elle pas à la fois l'esprit et la lettre de la "France unie" de François MITTERRAND ?
Moderniser le pays , ce n'est pas seulement moderniser l'économie, c'est aussi moderniser l'Etat.
La place et le rôle de l'Etat ont été au coeur de l'affrontement séculaire entre les théologies politiques aujourd'hui moribondes. Le communisme et le libéralisme ne nous offraient d'alternative qu'entre l'Etat Moloch et l'Etat médiocre.
Nous ne voulons ni de l'un, ni de l'autre. Et nous ne croyons ni qu'un Etat moderne soit voué à être un Etat modeste, ni que la restauration des droits des usagers passe par l'abaissement de l'Etat.
"Mieux d'Etat" plutôt que "moins d'Etat" a été longtemps une formule. C'est en train de devenir une réalité.
L'Etat est plus efficace quand il sait dialoguer et négocier avec ses agents. Trois accords essentiels ont été signés depuis deux ans : sur les salaires, sur la formation et sur la refonte de la grille de la fonction publique. Une quatrième négociation est en cours sur la mobilité.
L'Etat est plus efficace quand ses fonctionnaires voient leurs responsabilités mieux reconnues. D'ici à la fin de l'année, une charte de la déconcentration des décisions aura été généralisée à tous les ministères. Jusqu'ici, quand des fonctionnaires imaginatifs, soucieux de l'efficacité de l'administration, attentifs au service rendu aux usagers, amélioraient le fonctionnement de leurs services, cela se perdait dans l'anonymat des économies budgétaires.
Aujourd'hui, des centres de responsabilités ont été créés pour que l'amélioration du service public bénéficie tout à la fois aux usagers, aux finances publiques et aux conditions de travail des fonctionnaires.
L'Etat est plus efficace quand il accepte aussi d'être jugé sur ses résultats : nous avons mis en place, pour cela, des procédures d'évaluation des politiques publiques.
J'ai la conviction que, dans les années qui viennent, les citoyens pourront vivre différemment leurs rapports avec l'Etat. D'une part, à travers l'approfondissement de la décentralisation, d'autre part, à travers le renouveau du service public. Plus de liberté et de capacité d'initiative pour le citoyen, plus d'efficacité pour l'Etat dans son rôle de garant des règles du jeu.
En gagnant ce défi majeur, c'est au bout du compte les principes du socialisme démocratique que nous ferons triompher.
Rendre à l'Etat sa juste place est d'autant plus urgent que nous sommes citoyens du Monde et de l'Europe.
Cette Europe qui retrouve si soudainement les territoires et les peuples qui n'appartenaient plus qu'à sa mémoire, quel visage aura-t-elle ?
L'Histoire avance à grands pas. Les premières élections libres qui auront lieu dimanche en Allemagne de l'Est et le 25 mars en Hongrie illustrent l'urgence de relever le défi qui nous est ainsi lancé.
Ce ne sont pas des attitudes frileuses qui nous mettront en situation de répondre aux enjeux nouveaux que fait naître l'aspiration du peuple allemand à retrouver son unité. Elle est un droit. Et quels pauvres internationalistes nous serions devenus, si nous n'étions pas capables de l'accueillir, avec joie d'abord, avec sérénité ensuite, et aussi avec la lucidité vigilante que nous devons à tant de siècles d'histoire commune !
L'unification allemande est l'affaire du peuple allemand lui-même. Mais ses implications nouvelles, en termes de sécurité collective, de respect des frontières existantes, d'édification communautaire, ne pourront être résolues que par l'ensemble des parties concernées. Cette unification, nous aurons d'autant moins à la redouter que nos résultats économiques, grâce à la ténacité de Pierre BEREGOVOY, sont sur certains aspects meilleurs même que ceux de l'Allemagne.
Ce langage de fermeté que le Président de la République et le Ministre des Affaires Etrangères ont tenu a commencé a être entendu. C'est bon signe pour l'avenir de l'Europe.
Mais qui croira un seul instant, que la Communauté telle qu'elle est, avec encore trop d'arrières pensées, de réticences ou d'équilibre institutionnel fragile, qui parfois la paralyse, pourra relever le défi qui lui vient de l'Est si elle n'accomplit pas un puissant effort sur elle-même ?
La Communauté sera d'autant plus capable de tendre la main aux autres pays européens qu'elle aura progressé de manière sensible, politiquement, économiquement, socialement, culturellement.
L'union économique et monétaire constituera, comme le Chef de l'Etat l'a rappelé devant le Parlement de Strasbourg, - et je me réjouis que le Parlement Européen reste le Parlement de Strasbourg ! -, un pas décisif en direction de l'union politique.
Certes, l'objectif le plus immédiat est de réaliser le grand marché intérieur dont le principe a été posé par l'Acte Unique. Mais trop nombreux sont ceux qui oublient encore la dimension sociale de l'Europe, dont l'Acte Unique faisait le corollaire indispensable du grand marché. Il a fallu la présidence française pour que soit enfin adoptée la charte sociale européenne, première étape de nouveaux droits des travailleurs à l'échelle communautaire.
Nous serons vigilants pour que l'Europe sociale avance du même pas que l'Europe économique et monétaire. Et nous serons tout aussi intransigeants, comme j'ai eu à le rappeler il y a 48 heures, sur la nécessité de conserver des instruments de puissance publique pour garantir les règles du jeu, pour défendre les intérêts du monde du travail et pour assurer la cohésion du tissu social aussi bien au niveau des Etats qu'a l'échelle communautaire.
La conjonction du retour des pays de l'Est à la démocratie et de l'accélération de la construction européenne représente une chance historique. Une transition démocratique est en effet engagée, à l'Est bien sûr, mais aussi à l'Ouest, car seule la réalisation d'une véritable citoyenneté européenne pourra donner corps au projet d'union politique.
Le besoin d'une Europe forte et cohérente est d'autant plus ressenti qu'il est de moins en moins de problèmes dont la solution se trouve à un niveau strictement national, ni même au niveau d'un continent.
Aussi, c'est au plan international que la France a pris depuis vingt mois des initiatives majeures dans le domaine de l'environnement :
- l'adoption par 24 pays d'une déclaration invitant les Etats à créer une autorité planétaire pour lutter contre le réchauffement de la planète ;
- la décision européenne de réduire de 85% d'ici dix ans les substances qui attaquent la couche d'ozone ;
- la réduction de 30% des émissions d'oxyde d'azote responsables des "pluies acides" qui détruisent les forêts ;
- l'obligation, décidée au niveau communautaire, de pots d'échappement à essence sans plomb, dès à présent pour les voitures de grosse cylindrée et à partir de 1993 pour les autres véhicules ;
- le renforcement des moyens juridiques de contrôle sur les mouvements de déchets ;
- le refus, conjointement avec l'Australie, de laisser se transformer l'Antartique en zone d'exploitation industrielle ou touristique.

Je pourrais citer bien d'autres exemples, qui pourront paraître plus anodins, comme l'interdiction de vente de l'ivoire afin d'arrêter le massacre des éléphants africains...
Chacun sait bien qu'il n'y aura de France plus vivable pour nos enfants que sur une planète plus propre, plus économe de ses ressources naturelles, plus respectueuse de son environnement.
Certains nous parlent d'écologie comme d'un problème d'alliances politiciennes dans un chef-lieu de canton. A ceux qui placent véritablement l'écologie au premier rang de leurs préoccupations, j'apporte au contraire les résultats concrets d'une politique, dont les effets seront mesurables dans les années qui viennent.
L'Europe, le Monde. Que dire ici de plus que ce que nous savons déjà ? Que faire de mieux que ce qu'a conduit François MITTERRAND au nom de notre pays ?
Guère davantage, si ce n'est dire à Jacques CHIRAC que la démocratie et le pluralisme politique ne sont pas un luxe, mais un besoin vital pour les pays d'Europe, comme pour ceux du Tiers-Monde.
Rappeler à l'Afrique que le despotisme n'est pas une fatalité, ni la misère un hasard.
Rappeler aux Européens de l'Est qu'entre le communisme oppressif et le libéralisme sauvage il y a le socialisme démocratique.
Rappeler enfin aux Etats du Monde entier, que l'organisation collective de la planète n'est plus tout à fait une utopie, que ce sera l'enjeu du XXIème siècle, et que dépendent d'elle, autant le soulagement des misères du Tiers-Monde, que la préservation durable des conditions écologiques de la vie sur terre.
Voilà, Chers Camarades, le message que je voulais, en tant que Premier Ministre, vous adresser.
Un message de confiance parce que, dans l'Europe entière, le socialisme démocratique est une idée dont le temps est venu.
Un message de fraternité parce qu'après le moment du débat, vient celui du rassemblement.
Un message d'espérance parce que les succès de demain sont inscrits dans l'action d'aujourd'hui.
Pour ce gouvernement qui est le vôtre, pour ce parti qui est le mien, j'ai à la fois une grande ambition et une grande exigence : nous gagnerons ensemble !