Texte intégral
M. Cazeneuve : "Nous sortons de cette réunion du Conseil Justice/Affaires intérieures et nous voulons, avec Thomas de Maizière, vous faire un compte-rendu de la manière dont les choses se sont passées et des conclusions auxquelles nous parvenons.
D'abord nous avons eu l'occasion de rappeler l'un et l'autre qu'il y a des moments dans l'Histoire où il faut être à la hauteur. Pendant que nous parlons il y a des migrants qui sont sur la route de l'exode qui ont subi des persécutions, et qui pour un certain nombre d'entre eux meurent. Et chaque minute que nous perdons, ce sont des morts supplémentaires.
Nous avons voulu dire, avec Thomas de Maizière, et je l'ai exprimé très fortement à l'occasion de la dernière partie de cette réunion, que nous ne pouvons plus perdre de temps et que les décisions que nous pouvons prendre doivent être des décisions qui soient conformes aux valeurs des pères fondateurs de l'Union européenne et qui renvoient chacun des pays de l'UE à sa responsabilité.
Cette réunion a permis de progresser sur un certain nombre de points sur lesquels nous avions, avec Thomas, décidé de mettre l'accent ensemble depuis plusieurs semaines.
Le premier point c'est la nécessité d'avoir un véritable dispositif de contrôle des frontières extérieures de l'UE par la mise en place de ce que l'on appelle les hotspots. Il y avait des réticences de la part d'un certain nombre de pays. La Grèce et l'Italie ont accepté de mettre en place ces hotspots, et nous avons souhaité ensemble qu'ils soient mis en place dès à présent puisqu'il y a un accord des pays pour le faire -un accord de la totalité du Conseil justice/affaires intérieures pour que cela soit mis en uvre rapidement. Cette décision qui a été prise est positive. Nous devons la mettre en uvre vite.
Deuxièmement, nous devons impérativement armer davantage Frontex en moyens pour lui permettre d'organiser les retours de ceux qui sont migrants économiques irréguliers vers les pays de provenance, et pour cela nous souhaitons aussi, et c'est acquis dans les principes par l'ensemble des membres du Conseil que le dialogue avec les pays de provenance permette la conclusion d'accords permettant le retour de ceux qui sont en situation irrégulière lorsqu'ils franchissent les frontières extérieures de l'Union.
Ce qui a également été acté, c'est la nécessité de travailler avec les pays dans lesquels existent des centres de réfugiés. Nous pensons à la Turquie, nous pensons au Liban et à la Jordanie, pour rehausser les moyens du HCR de sorte qu'un traitement humanitaire le plus digne, aux meilleurs standards soit réservé aux réfugiés.
Le point sur lequel la discussion doit se poursuivre, même si une majorité, une grande majorité des Etats s'est prononcée en faveur de ce dispositif, c'est sur le processus de relocalisation de 120 000 réfugiés supplémentaires -Il a été décidé de mettre en uvre la décision sur les 40 000, et c'est une décision positive-. Un certain nombre de pays ne veulent pas adhérer à ce processus de solidarité. Ce sont notamment les pays du groupe de Visegrad.
Et là la France tient à être extrêmement claire et Thomas de Maizière aura aussi à s'exprimer sur ce sujet- l'Europe n'est pas une Europe à la carte, et la solidarité n'est pas divisible. La charge de l'accueil des réfugiés ne peut pas reposer sur seulement 5 pays de l'UE qui accueillent à eux seuls 75 % des demandeurs d'asile et des réfugiés.
Si l'Europe veut être à la hauteur de ce que les opinions publiques attendent d'elle dans cette épreuve humanitaire, il faut que tous les pays prennent leurs responsabilités. Nous sommes déterminés, dans la perspective du prochain Conseil justice/affaires intérieures qui doit se tenir au mois d'octobre nous n'excluons pas de demander une réunion plus rapide : il est indispensable que dans cette perspective chacun soit bien conscient des responsabilités qui lui incombent.
Pour conclure, ce Conseil justice/affaires intérieures a permis de progresser. Une majorité qualifiée s'est dégagée autour des grands principes que nous souhaitions mettre en uvre. Le principe des hotspots et du contrôle des frontières extérieures de l'UE, qui est la condition de la soutenabilité de ce que nous voulons mettre en uvre est désormais acté. Pour le processus de relocalisation il reste un effort à faire. Et cet effort doit être fait par tous les Etats de l'UE, avec à l'esprit ce qu'est la solidarité dans l'Union, et ce qu'est la solidarité que nous devons à ceux qui aujourd'hui sont en souffrance en raison des persécutions qu'ils subissent dans leur pays".
Est-ce que la Hongrie s'associe à cet accord ? Va-t-elle être un pays bénéficiaire ?
"Pour l'instant non, puisque la Hongrie n'est pas dans la décision adoptée à la majorité qualifiée, mais la Grèce et l'Italie oui. Et quand on sait le nombre de migrants qui arrivent en Grèce et qui relèvent du statut de réfugié, le fait que l'Italie et la Grèce aient accepté la mise en place de ces dispositifs est un progrès considérable. Nous souhaitons que ce dispositif soit mis en place de façon rapide, car si nous parvenons à traiter dans les deux pays de première entrée que sont la Grèce et l'Italie la question de la mise en place de hotspots, nous aurons réglé une grande partie du problème qui se présente à nous.
Si en Grèce ces hotspots se mettent en place très rapidement, il est évident que les flux qui passent par la Hongrie, par la Serbie, par l'Autriche, seront beaucoup mieux maitrisés qu'ils ne le sont jusqu'à présent. Donc de ce point de vue-là, notre insistance depuis des mois à obtenir cette décision de mise en place des hotspots et à obtenir aussi qu'elle soit contrôlée par la Commission européenne est un point très positif de la journée d'aujourd'hui. C'est le résultat de la proposition mise sur la table par la présidence luxembourgeoise -je souhaite remercier Jean Asselborn pour l'importance du travail qu'il a fait. C'est aussi le résultat de la dynamique franco-allemande, de l'accord qui existe entre nous depuis des semaines et qui nous conduit à travailler ensemble en permanence et qui a permis aujourd'hui de faire un pas décisif, qui en appelle d'autres.
Il reste encore, comme l'a dit Thomas de Maizière, à convaincre un certain nombre de partenaires à entrer dans le processus de relocalisation qui doit selon nous concerner l'ensemble des pays de l'Union européenne".
M. de Maizière, avez-vous été très critiqué par vos collègues pour la décision de rétablissement du contrôle aux frontières ?
[réponse de M. de Maizière]
M. Cazeneuve : "Sur ce point si vous le permettez, la France comprend la décision prise par l'Allemagne hier, qui n'est pas une décision de fermeture de ses frontières, mais qui est une décision de contrôle à ses frontières des conditions dans lesquelles les règles de l'Union européenne s'appliquent et sont respectées.
Je veux redire que j'avais eu la même préoccupation il y a quelques semaines de cela à la frontière franco-italienne. Le respect des règles de l'UE est la garantie du bon fonctionnement de l'UE.
Je voudrais appeler chacun à sa responsabilité dans les commentaires qui sont faits, dans mon pays et pas seulement. Il y a d'autres formations d'extrême-droite qui sur ces sujets essaient de ruiner les valeurs de l'Union européenne en convoquant l'outrance, les amalgames, les approximations et parfois les haines.
L'Europe suppose de la rigueur intellectuelle quand on évoque les sujets. Elle suppose aussi de la responsabilité. La responsabilité, cela passe par le choix des mots que l'on utilise lorsque l'on parle d'êtres humains en situation de détresse, lorsque l'on parle de l'Europe dans les responsabilits qui lui incombent. Parce que jamais autant qu'au cours des derniers mois nous aurons été confrontés à une responsabilité qui est une responsabilité morale et politique, et qui implique que chacun soit à la hauteur, et que les mots qu'il utilise soient à la hauteur des enjeux".
Source http://www.rpfrance.eu, le 18 septembre 2015
D'abord nous avons eu l'occasion de rappeler l'un et l'autre qu'il y a des moments dans l'Histoire où il faut être à la hauteur. Pendant que nous parlons il y a des migrants qui sont sur la route de l'exode qui ont subi des persécutions, et qui pour un certain nombre d'entre eux meurent. Et chaque minute que nous perdons, ce sont des morts supplémentaires.
Nous avons voulu dire, avec Thomas de Maizière, et je l'ai exprimé très fortement à l'occasion de la dernière partie de cette réunion, que nous ne pouvons plus perdre de temps et que les décisions que nous pouvons prendre doivent être des décisions qui soient conformes aux valeurs des pères fondateurs de l'Union européenne et qui renvoient chacun des pays de l'UE à sa responsabilité.
Cette réunion a permis de progresser sur un certain nombre de points sur lesquels nous avions, avec Thomas, décidé de mettre l'accent ensemble depuis plusieurs semaines.
Le premier point c'est la nécessité d'avoir un véritable dispositif de contrôle des frontières extérieures de l'UE par la mise en place de ce que l'on appelle les hotspots. Il y avait des réticences de la part d'un certain nombre de pays. La Grèce et l'Italie ont accepté de mettre en place ces hotspots, et nous avons souhaité ensemble qu'ils soient mis en place dès à présent puisqu'il y a un accord des pays pour le faire -un accord de la totalité du Conseil justice/affaires intérieures pour que cela soit mis en uvre rapidement. Cette décision qui a été prise est positive. Nous devons la mettre en uvre vite.
Deuxièmement, nous devons impérativement armer davantage Frontex en moyens pour lui permettre d'organiser les retours de ceux qui sont migrants économiques irréguliers vers les pays de provenance, et pour cela nous souhaitons aussi, et c'est acquis dans les principes par l'ensemble des membres du Conseil que le dialogue avec les pays de provenance permette la conclusion d'accords permettant le retour de ceux qui sont en situation irrégulière lorsqu'ils franchissent les frontières extérieures de l'Union.
Ce qui a également été acté, c'est la nécessité de travailler avec les pays dans lesquels existent des centres de réfugiés. Nous pensons à la Turquie, nous pensons au Liban et à la Jordanie, pour rehausser les moyens du HCR de sorte qu'un traitement humanitaire le plus digne, aux meilleurs standards soit réservé aux réfugiés.
Le point sur lequel la discussion doit se poursuivre, même si une majorité, une grande majorité des Etats s'est prononcée en faveur de ce dispositif, c'est sur le processus de relocalisation de 120 000 réfugiés supplémentaires -Il a été décidé de mettre en uvre la décision sur les 40 000, et c'est une décision positive-. Un certain nombre de pays ne veulent pas adhérer à ce processus de solidarité. Ce sont notamment les pays du groupe de Visegrad.
Et là la France tient à être extrêmement claire et Thomas de Maizière aura aussi à s'exprimer sur ce sujet- l'Europe n'est pas une Europe à la carte, et la solidarité n'est pas divisible. La charge de l'accueil des réfugiés ne peut pas reposer sur seulement 5 pays de l'UE qui accueillent à eux seuls 75 % des demandeurs d'asile et des réfugiés.
Si l'Europe veut être à la hauteur de ce que les opinions publiques attendent d'elle dans cette épreuve humanitaire, il faut que tous les pays prennent leurs responsabilités. Nous sommes déterminés, dans la perspective du prochain Conseil justice/affaires intérieures qui doit se tenir au mois d'octobre nous n'excluons pas de demander une réunion plus rapide : il est indispensable que dans cette perspective chacun soit bien conscient des responsabilités qui lui incombent.
Pour conclure, ce Conseil justice/affaires intérieures a permis de progresser. Une majorité qualifiée s'est dégagée autour des grands principes que nous souhaitions mettre en uvre. Le principe des hotspots et du contrôle des frontières extérieures de l'UE, qui est la condition de la soutenabilité de ce que nous voulons mettre en uvre est désormais acté. Pour le processus de relocalisation il reste un effort à faire. Et cet effort doit être fait par tous les Etats de l'UE, avec à l'esprit ce qu'est la solidarité dans l'Union, et ce qu'est la solidarité que nous devons à ceux qui aujourd'hui sont en souffrance en raison des persécutions qu'ils subissent dans leur pays".
Est-ce que la Hongrie s'associe à cet accord ? Va-t-elle être un pays bénéficiaire ?
"Pour l'instant non, puisque la Hongrie n'est pas dans la décision adoptée à la majorité qualifiée, mais la Grèce et l'Italie oui. Et quand on sait le nombre de migrants qui arrivent en Grèce et qui relèvent du statut de réfugié, le fait que l'Italie et la Grèce aient accepté la mise en place de ces dispositifs est un progrès considérable. Nous souhaitons que ce dispositif soit mis en place de façon rapide, car si nous parvenons à traiter dans les deux pays de première entrée que sont la Grèce et l'Italie la question de la mise en place de hotspots, nous aurons réglé une grande partie du problème qui se présente à nous.
Si en Grèce ces hotspots se mettent en place très rapidement, il est évident que les flux qui passent par la Hongrie, par la Serbie, par l'Autriche, seront beaucoup mieux maitrisés qu'ils ne le sont jusqu'à présent. Donc de ce point de vue-là, notre insistance depuis des mois à obtenir cette décision de mise en place des hotspots et à obtenir aussi qu'elle soit contrôlée par la Commission européenne est un point très positif de la journée d'aujourd'hui. C'est le résultat de la proposition mise sur la table par la présidence luxembourgeoise -je souhaite remercier Jean Asselborn pour l'importance du travail qu'il a fait. C'est aussi le résultat de la dynamique franco-allemande, de l'accord qui existe entre nous depuis des semaines et qui nous conduit à travailler ensemble en permanence et qui a permis aujourd'hui de faire un pas décisif, qui en appelle d'autres.
Il reste encore, comme l'a dit Thomas de Maizière, à convaincre un certain nombre de partenaires à entrer dans le processus de relocalisation qui doit selon nous concerner l'ensemble des pays de l'Union européenne".
M. de Maizière, avez-vous été très critiqué par vos collègues pour la décision de rétablissement du contrôle aux frontières ?
[réponse de M. de Maizière]
M. Cazeneuve : "Sur ce point si vous le permettez, la France comprend la décision prise par l'Allemagne hier, qui n'est pas une décision de fermeture de ses frontières, mais qui est une décision de contrôle à ses frontières des conditions dans lesquelles les règles de l'Union européenne s'appliquent et sont respectées.
Je veux redire que j'avais eu la même préoccupation il y a quelques semaines de cela à la frontière franco-italienne. Le respect des règles de l'UE est la garantie du bon fonctionnement de l'UE.
Je voudrais appeler chacun à sa responsabilité dans les commentaires qui sont faits, dans mon pays et pas seulement. Il y a d'autres formations d'extrême-droite qui sur ces sujets essaient de ruiner les valeurs de l'Union européenne en convoquant l'outrance, les amalgames, les approximations et parfois les haines.
L'Europe suppose de la rigueur intellectuelle quand on évoque les sujets. Elle suppose aussi de la responsabilité. La responsabilité, cela passe par le choix des mots que l'on utilise lorsque l'on parle d'êtres humains en situation de détresse, lorsque l'on parle de l'Europe dans les responsabilits qui lui incombent. Parce que jamais autant qu'au cours des derniers mois nous aurons été confrontés à une responsabilité qui est une responsabilité morale et politique, et qui implique que chacun soit à la hauteur, et que les mots qu'il utilise soient à la hauteur des enjeux".
Source http://www.rpfrance.eu, le 18 septembre 2015