Interview de M. Bernard Cazeneuve, ministre de l'intérieur, à Europe 1 le 4 février 2016, sur la décision d'interdire les manifestations susceptibles de troubler l'ordre public à Calais et les politiques mises en oeuvre pour régler la crise migratoire.

Prononcé le

Média : Europe 1

Texte intégral

THOMAS SOTTO
Une matinale spéciale depuis Calais, depuis 6 h et jusqu'à 9 h ce matin. L'Interview politique à présent, Jean-Pierre ELKABBACH vous recevez ce matin Bernard CAZENEUVE, le ministre de l'Intérieur, messieurs c'est à vous.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Nous devions être à Calais ensemble mais à 10 h, Monsieur le Ministre, vous prenez l'avion pour la Grèce et la Turquie, bienvenue Bernard CAZENEUVE, bonjour.
BERNARD CAZENEUVE
Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
A Calais vous avez interdit toutes les manifestations qui peuvent troubler l'ordre public, ça veut dire que vous durcissez le durcissement, est-ce que les provocations se multiplient ?
BERNARD CAZENEUVE
Je ne durcis pas, je prends mes responsabilités. Il y a eu des manifestations il y a de ça une dizaine de jours qui ont abouti à des troubles extrêmement graves à l'ordre public, je n'ai pas interdit les manifestations précédentes parce qu'on n'interdit pas des manifestations pour des raisons de confort et on le fait quand on le fait dans le respect rigoureux du droit. Aujourd'hui les troubles à l'ordre public qui ont eu lieu montrent qu'il y a des risques de division, de confrontation, d'appel à la haine…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Entre qui et qui ?
BERNARD CAZENEUVE
Entre des militants ou des acteurs d'extrême droite qui peuvent être violents, entre les no borders qui sont irresponsables et manipulent les migrants en les mettant en situation de grands dangers, parfois jusqu'en allant à encourager les passeurs à faire le travail, tout ça n'est pas acceptable. Donc moi je souhaite qu'il soit mis fin à cela et je n'accepterai pas qu'il y ait des manifestations qui occasionnent des troublent à l'ordre public, donc je prends mes responsabilités.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous êtes en train de dire qu'extrême droite et extrême gauche ont intérêt au maintien de la jungle, en quelque sorte ?
BERNARD CAZENEUVE
Ce que je suis en train de vous dire c'est qu'il y a toujours des acteurs irresponsables lorsqu'il y a des sujets difficiles qui posent des problèmes humanitaires extrêmement graves, il y a toujours des acteurs qui ont intérêt à ce que les choses ne se règlent pas et, moi, j'estime que pour des raisons humanitaires il faut régler les problèmes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
A Grande Synthe, près de Dunkerque, 2.000 migrants vivent dans des conditions qui sont effroyables - et Europe 1 le racontait tout à l'heure – jusqu'ici les passeurs faisaient la loi, quand les policiers feront définitivement la chasse aux passeurs et qu'on n'en verra plus, si c'est possible ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais vous savez très bien que depuis l'an dernier nous avons démantelé 25 % de filières de passeurs en plus dans le Nord-Pas-de-Calais, pour ce qui concerne…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça veut dire qu'ils se renouvellent sans arrêt ?
BERNARD CAZENEUVE
Pour ce qui concerne le seul camp de Calais c'est 25 filières, représentant près de 700 personnes, qui étaient impliquées dans ces activités criminelles…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qu'est-ce que vous en faites ?
BERNARD CAZENEUVE
Ils sont tous judiciarisés ! Et il y a une très forte activité des services de la Police de l'Air et des Frontières, des services de police pour démanteler ces filières qui sont ensuite judiciarisées et très traitées finalement par la justice.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce qu'il y en a qui sont expulsés ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais bien entendu ! Ils sont expulsés et emprisonnés, et nous faisons cela avec une détermination sans faille qui a vocation à s'amplifier, à s'approfondir.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Quand vous dites avec une détermination c'est vrai qu'on vous voit beaucoup maintenant avec Jean-Jacques URVOAS, vous êtes souvent ensemble, est-ce que vous vous entendez bien ?
BERNARD CAZENEUVE
Formidablement bien ! C'est un garçon qui a énormément de compétences, de sérieux et de connaissances et qui travaille admirablement avec le ministère de l'Intérieur.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous êtes sur la même ligne de fermeté tous les deux ?
BERNARD CAZENEUVE
Nous sommes dans le même souhait de faire en sorte, face à une menace terroriste grave, face à une situation qui implique de la fermeté, d'agir ensemble.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire que les sanctions vont tomber encore plus vite et plus fortes…
BERNARD CAZENEUVE
Mais ce n'est pas…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Avec le ministère de la Justice tel qu'il est ?
BERNARD CAZENEUVE
Comme vous le savez ce n'est pas le ministre de la Justice qui rend les jugements, les juges sont indépendants, mais nous sommes ensemble dans la lutte antiterroriste sur la même ligne, nous faisons nous au ministère de l'Intérieur notre travail et le ministère de la Justice fait le sien dans le respect rigoureux des principes de droit : indépendance de la Justice et indépendance du Parquet…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien !
BERNARD CAZENEUVE
Et nous sommes Jean-Jacques URVOAS et moi depuis des mois en relation, nous travaillons ensemble - nous l'avons fait excellemment sur la loi sur le Renseignement et d'autres sujets lorsqu'il était au Parlement - et c'est un homme qui a d'éminentes qualités.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous, vous êtes Bernard CAZENEUVE sept fois je crois ou huit fois à Calais, Jean-Jacques URVOAS va se rendre bientôt à Calais - en tout cas c'est la première fois qu'un ministre de la Justice ira à Calais voir sur place ce qui s'y passe - n'est-ce pas, c'est ça ?
BERNARD CAZENEUVE
Il a indiqué hier effectivement – et je l'en remercie parce que ça a permis à cette réunion d'aborder tous les sujets – il a indiqué qu'il irait voir les magistrats sur place pour analyser avec eux le volet judiciaire de la situation, ce qui est excellent bien entendu.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On a entendu tout à l'heure un des représentants, sinon le président des commerçants de Calais, est-ce que le gouvernement entend dédommager les commerçants d'une manière ou d'une autre - parce qu'ils perdent leur image, ils perdent les touristes, ils perdent leur développement économique - il parlait d'un moratoire fiscal, est-ce que le gouvernement fait un geste-là, ce matin vous nous le dites, à leur égard ?
BERNARD CAZENEUVE
Non ! Ça ne se passe pas comme ça, nous avons déjà signé avec la ville de Calais un contrat qui va permettre de développer de l'activité économique à hauteur de 50 millions d'euros, ce qui était une demande de la maire de Calais, il y a aujourd'hui un préjudice pour l'activité économique – notamment commerçante – à Calais. Je me rendrai moi-même à Calais dans les prochaines semaines…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Avec un chèque ?
BERNARD CAZENEUVE
Non ! Ce n'est pas comme ça que les choses se passent. Nous analyserons…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Avec le moratoire ?
BERNARD CAZENEUVE
Non ! Les affaires de l'Etat ne se traitent pas de cette manière-là, on ne vient pas au micro de Jean-Pierre ELKABBACH – fut-il sympathique – en bonimenteur, en promettant des choses que l'on ne pourrait pas tenir. Ça implique…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors, qu'est-ce que vous pouvez tenir ?
BERNARD CAZENEUVE
Non ! Il faut voir les commerçants, faire un travail avec eux sur le préjudice subi et regarder en liaison avec le ministre de l'Economie et des Finances, sous l'autorité du Premier ministre, ce qui peut être fait, ça correspond aux orientations et aux directives qui ont été données par le Premier ministre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc, vous vous intéressez à eux naturellement. A terme, Bernard CAZENEUVE, est-ce que la jungle peut être supprimée ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais je voudrais quand même profiter du fait que je suis à votre antenne pour dire ce que nous faisons ! Il y avait, vous le savez, vous en avez parlé à votre antenne avec d'autres journalistes ailleurs en France, 6.000 migrants à Calais il y a deux mois, il y en a aujourd'hui 3.800, c'est-à-dire que nous avons diminué fortement l'emprise du camp. Pourquoi est-ce qu‘il y en a 3.800 aujourd'hui ? Parce que nous avons mis en place une politique qui doit se déployer dans le temps et il n'y a qu'une politique dans le temps qui puisse donner des résultats ! Quelle est cette politique ? 1) nous luttons résolument contre les filières de passeurs, je vous ai dit que l'an dernier nous avions démantelé 25 % de plus de filières ; 2) nous offrons des solutions humanitaires sur place à ceux qui arrivent…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a les containers…
BERNARD CAZENEUVE
C'est-à-dire 1.500 places + plusieurs centaines de places pour les femmes et les enfants ; 3)…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais ils ne sont pas tous dans les containers, ils iront.
BERNARD CAZENEUVE
Mais ils iront progressivement ; 3) la vraie solution humanitaire, si on est soucieux du sort des migrants, ce n'est pas la même chose si on est soucieux de leur manipulation ou de la médiatisation de sa propre image à travers le traitement de leur sort, si on est vraiment soucieux du mieux-être des migrants il faut les éloigner de Calais, les mettre dans des petites structures où ils sont véritablement pris en charge sur le plan humain, où ils ont accès à la langue, où ils sont mis dans un…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Là, ce sont les 98 centres d'accueil.
BERNARD CAZENEUVE
Ce sont les 93 centres d'accueil. Vous savez que depuis que j'ai mis en place ces centres d'accueil il y a 2.375 migrants qui ont quitté Calais pour être mis dans ces centres d'accueil, nous avons sorti de France des migrants qui sont irréguliers et qui n'ont pas vocation à être accueillis sur le territoire national parce qu'ils ne relèvent pas de l'asile - 1.500 migrants sont partis - et nous avons offert hors les centres d'accueil à 1.500 migrants qui étaient à Calais l'asile parce qu'ils en relevaient.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qui attendent tous, ceux qui sont dans les 93 centres d'accueil, attendent la demande d'asile.
BERNARD CAZENEUVE
Donc, laissez-moi simplement vous dire… Jean-Pierre ELKABBACH ! Ce sujet implique de la pédagogie, donc nous étions 6.000, nous sommes à 3.00, c'est parce que nous avons mis en place cette politique - qui est une véritable politique humanitaire - que nous sommes à ce résultat, il faut amplifier cela
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais est-ce que vous ne redoutez pas ce qui va se passer à partir du mois de mars – avril, un nouvel afflux migratoire ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais c'est précisément pour cela que je me rends en Grèce et en Turquie aujourd'hui, parce que je pense qu'il faut aujourd'hui que l'Europe prenne des décisions plus vite, et je sais parfaitement quelles sont les décisions qui doivent être prises et je vais les plaider.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Je me demande ce qui vous a énervé à ce point ce matin, mais enfin on va le voir…
BERNARD CAZENEUVE
Mais je ne suis pas du tout énervé !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pas du tout.
BERNARD CAZENEUVE
Pas du tout.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Un jour est-ce qu'il faudra, avec le sourire, est-ce qu'il faudra renégocier les accords du Touquet - pas tout de suite peut-être - mais est-ce qu'un jour il faudra poser le problème, parce que la frontière de la France ce n'est pas Calais ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais pourquoi faire ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pour que l'Angleterre prenne ses responsabilités !
BERNARD CAZENEUVE
C'est-à-dire que ce que vous nous proposez c'est d'ouvrir la frontière pour envoyer le signal aux passeurs qu'ils sont les légitimes…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qu'ils peuvent venir et qu'ils y aillent.
BERNARD CAZENEUVE
Qu'ils sont légitimes à mettre tous les migrants à la frontière pour qu'ils passent et donc demain il n'y en aura plus 6.000…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc, on ne touche pas à…
BERNARD CAZENEUVE
Mais il y en aura 20.000
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On ne reviendra pas sur les accords de 2003 ?
BERNARD CAZENEUVE
Non ! Mais quand on me parle de la renégociation des accords du Touquet - et c'est pour ça que je posais la question de savoir quel était l'avantage de la chose – le résultat c'est ce que je viens de vous dire, donc est-ce que l'on veut continuer à diminuer la jungle à Calais ou est-ce que l'on veut faire de Calais un véritable aimant dans un contexte où les passeurs qui sont des acteurs du crime international agissent pour faire en sorte qu'il n'y en ai pas 4 - 5.000 mais 20.000 à Calais.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui ! Mais, nous, nous allons…
BERNARD CAZENEUVE
Moi, la politique, ce n'est pas qu'il y en ait 20.000 à Calais.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Nous allons avancer ! Il y a eu tout à l'heure le message, qu'on a entendu, de la témoin-clé qui avait permis de retrouver la planque des terroristes à Saint-Denis, elle se dit abandonnée par l'Etat qui ne tient pas ou qui ne tiendrait pas ses promesses de la protéger et qui ne l'a pas aidé à retrouver un nom, de la protection policière, etc. Quelle est la vérité ?
BERNARD CAZENEUVE
Et moi je sais précisément ce que nous avons fait semaine par semaine, mais contrairement à ceux qui parlement j'ai une responsabilité c'est de ne pas exposer la vie de cette personne et donc je n'entends pas traiter ce sujet ce matin…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Elle est en danger ? Elle se met en danger ou elle est en danger ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais je pense que tous ceux qui diffusent des interviewes font du bruit sur ce sujet-là plutôt que de traiter discrètement cette question comme nous nous employons à le faire, lui font prendre un risque et moi je suis responsable.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous la protégerez ?
BERNARD CAZENEUVE
Je sais ce que nous faisons, ce que nous faisons n'a pas à être dit – sauf à prendre le risque de l'exposer – et je n'entends pas traiter ce sujet, ni à votre antenne, ni à aucune autre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien ! Mais vous estimez que vous faites ce qu'il faut ?
BERNARD CAZENEUVE
Ah ! J'estime que nous faisons ce qu'il faut dans un contexte extrêmement compliqué compte du sujet et nous le faisons de façon extrêmement responsable, mais la responsabilité n'est pas nécessairement la chose la plus partagée en cette matière.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La meilleure manière de la protéger c'est de ne pas en parler pour vous, d'après vous ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais la meilleure manière de la protéger c'est d'agir et de se taire, parce que parfois il vaut agir en se taisant plutôt que d'entretenir le vacarme en exposant les gens.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
A 10 h Bernard CAZENEUVE vous partez pour la Turquie et d'abord pour la Grèce, à Lesbos d'abord et puis à Athènes avec votre collègue et ami Allemand Thomas de MAIZIERE, c'est une démarche franco-allemande…
BERNARD CAZENEUVE
Oui !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La Grèce a des difficultés avec les flux continus, qu'est-ce que vous attendez de monsieur TSIPRAS que vous allez rencontrer ?
BERNARD CAZENEUVE
Nous allons avec Thomas de MAIZIERE avec un agenda précis, vous parliez tout à l'heure du mois de mars et du printemps qui arrive, nous ne pouvons pas en Europe vivre dans quelques semaines ce que nous avons vécu l'an dernier avec les réfugiés…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire pour vous 2016 ne doit pas ressembler à 2015 : 1 million 100 entrées…
BERNARD CAZENEUVE
2016 doit être l'année de la maîtrise et la maîtrise elle ne se décrète pas, elle se construit, il faut des politiques. Quelles sont ces politiques ? 1) il faut qu'il y ait un véritable contrôle aux frontières extérieures de l'Union européenne, plus de moyens pour Frontex ; 2) il faut interroger les fichiers au moment de l‘arrivée des migrants et il faut que les migrants soient retenus aussi longtemps que les empreintes et l'identité n'est pas établie ; 3) il faut lutter contre les faux documents, on sait que Daech a récupéré des passeports vierges, alimentent en faux documents les combattants étrangers, les terroristes, il faut mettre fin à cela ; 4) il faut connecter le fichier Schengen aux autres fichiers criminels et, ça, c'est un agenda concret et précis. Je l'ai proposé au Conseil justice affaires intérieures à Amsterdam il y a 10 jours, je suis allé au conseil des ministres allemand où devant les ministres Allemands nous avons travaillé et fait de cet agenda un agenda franco-allemand et je vais avec mon homologue Allemand en Grèce pour plaider cela.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et, après, il y aura la Turquie. Est-ce qu'il est vrai que parmi les migrants récents figurent de nombreux jeunes qui viennent du Maghreb maintenant ?
BERNARD CAZENEUVE
Il y a dans l'accord qui a été passé avec la Turquie la volonté de faire en sorte que la Turquie mette en place une politique de visa beaucoup plus rigoureuse pour éviter cela précisément, ce que vous venez de dire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Comment on peut éviter monsieur CAZENEUVE que plusieurs centaines d'enfants périssent en Méditerranée, il parait plusieurs centaines en cinq mois, on a vu des photos de l'AFP publiées par Le Monde hier qui sont insupportables, insoutenables, parce qu'il y a des enfants ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais pour faire cela il faut continuer à faire ce que nous faisons en coopération avec les pays de provenance, les pays de la bande sahélienne de lutte contre les réseaux criminels, parce que ce sont les réseaux criminels qui mettent sur des embarcations de fortune ces familles en prélevant sur des gens qui n'ont rien des sommes considérables, ce sont donc des monstres qui opèrent ainsi, il faut démanteler ces filières ; Deuxièmement, il faut mettre en place un dispositif de maintien dans les camps des réfugiés avec une aide humanitaire puissante - et j‘ai rencontré le secrétaire général du HCR pour ça – parce qu'un jour, quand ces pays se reconstruiront, ils auront besoin de leurs étudiants, ils auront besoin de leurs universitaires.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le temps passe vite et on nous attend aussi à Calais, mais une question politique, demain s'ouvre à l'Assemblée nationale les discussions sur la réforme de la Constitution, la déchéance de nationalité passe mal à droite maintenant et surtout à gauche, est-ce que cette réforme aura vraiment lieu et est-ce que vous finirez par réunir le Parlement en congrès à Versailles comme le veut le président de la République ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais nous mettrons tout en oeuvre pour cela, parce qu'au lendemain des attentats du 13 novembre…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ah ! Non, non, mais vous mettez en oeuvre mais vous y aboutirez ?
BERNARD CAZENEUVE
Mais bien entendu que nous y aboutirons, parce qu'il y en va de l'essentiel : de l'unité nationale, de la force de notre pays face au terrorisme, du rassemblement de tous ces citoyens autour des valeurs de la République et, à partir du moment où l'on comment les crimes abjects qui ont été commis le 13 novembre, on rompt de fait le contrat qui lie aux valeurs de la République.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc, vous appelez la droite et la gauche à plus de responsabilité si je comprends bien…
BERNARD CAZENEUVE
Mais j'appelle…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Sinon c'est un échec du président de la république ?
BERNARD CAZENEUVE
J'appelle au rassemblement autour de la nécessité face aux risques terroristes de conforter les valeurs de la République.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Merci d'être venu, bon voyage en Grèce et en Turquie…
BERNARD CAZENEUVE
Merci.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est important pour ne pas avoir encore des concentrations à Calais où se trouvent Thomas SOTTO et les équipes d'Europe 1.
THOMAS SOTTO
Merci beaucoup Jean-Pierre ELKABBACH. En direct de Calais, donc à suivre la revue de presse avec Natacha POLONY et puis ce sera la Revue de presque de Nicolas CANTELOUP en direct qui va débriefer cette matinale spéciale.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 février 2016