Texte intégral
PATRICK COHEN
Bonjour Emmanuelle COSSE.
EMMANUELLE COSSE
Bonjour.
PATRICK COHEN
Votre entrée au gouvernement soulève trois séries de questions sur le projet d'aéroport près de Nantes auquel vous êtes opposée et qui fera l'objet d'un référendum local, sur votre secteur ministériel, le logement et sur l'application de la loi Duflot et sur le parti que vous quittez après d'autres mais que vous dirigiez, Europe Ecologie Les Verts.
Je commence par Notre-Dame-des-Landes, le recours à un référendum, ça a été l'élément clé de votre décision d'accepter la proposition de François HOLLANDE ?
EMMANUELLE COSSE
Je pense qu'il faut dire les choses très simplement ; il n'y a eu aucun marchandage à mon entrée dans ce gouvernement.
PATRICK COHEN
C'est ce qu'a dit François HOLLANDE hier soir aussi mais
EMMANUELLE COSSE
Je le dis très simplement. A un moment, François HOLLANDE m'a appelée, m'a dit qu'il voulait des écologistes dans ce gouvernement, qu'il connaissait mes positions, celles de mon parti, nos différends, y compris sur un sujet comme Notre-Dame-des-Landes et il m'a dit « je souhaite qu'il y ait pour la fin de ce quinquennat des écologistes et je souhaite que tu aies des responsabilités. »
PATRICK COHEN
Donc l'idée du référendum vient de qui ?
EMMANUELLE COSSE
L'idée du référendum qui est portée par quelques élus locaux et qui depuis plusieurs semaines en fait, on en entend parler dans pas mal de ministères, vient en partie notamment des élus du département.
PATRICK COHEN
C'est Nicolas HULOT qui l'a relancée ici même la semaine dernière.
EMMANUELLE COSSE
Nicolas HULOT, Ségolène ROYAL en avait parlé au mois d'octobre dernier et surtout sur Notre-Dame-des-Landes, je tiens à le rappeler, les propos très clairs de Ségolène ROYAL il y a quinze jours ou même trois semaines aujourd'hui, le fait qu'elle ait lancé une inspection générale pour connaître l'état du dossier réellement et aujourd'hui, c'est cela qui à mon avis compte sur le dossier essentiellement.
PATRICK COHEN
C'est-à-dire Ségolène ROYAL qui déclare « on ne
EMMANUELLE COSSE
On ne va pas expulser
PATRICK COHEN
va pas expulser des opposants par la force. »
EMMANUELLE COSSE
. va pas expulser des opposants par la force. » Elle a souhaité que ses services examinent l'ensemble du dossier, rencontrent l'ensemble des parties en présence et ce qu'ils font actuellement. Je crois ce travail extrêmement important parce que je le rappelle sur Notre-Dame-des-Landes, il y a aujourd'hui un grand nombre de recours en instance et après, François HOLLANDE a fait le choix d'annoncer hier ce qu'il a dit sur ce référendum.
PATRICK COHEN
Référendum local oui mais dans quel périmètre ? Vous consultez qui ? Les riverains du projet, les habitants de Loire-Atlantique, ceux des départements voisins ?
EMMANUELLE COSSE
Vous savez, je crois que dans notre pays, on oublie d'utiliser des structures qui sont très utiles ; il y en a une qui s'appelle la commission nationale du débat public qui est chargée notamment de mettre en oeuvre de la démocratie sur des grands projets d'infrastructure et je pense que c'est typiquement ce type de structure qui peut aider le Premier ministre à justement décider quel périmètre, qui vote, quelle est la question et à quelle date cela a lieu. De toute façon
PATRICK COHEN
Vous avez une idée là-dessus ? Vous voyez bien que c'est une question centrale ? Plus vous élargissez le bassin de population consulter et plus vous trouverez des gens favorables au projet ?
EMMANUELLE COSSE
Ecoutez, c'est marrant ce que vous dites parce que j'ai entendu absolument l'argument contraire
PATRICK COHEN
Il y a des gens qui peuvent avoir l'avantage de la desserte sans avoir les inconvénients, les nuisances !
EMMANUELLE COSSE
Moi, je crois qu'aujourd'hui, il y a une volonté de remettre ce dossier dans le débat public parce qu'il ne l'a jamais été vraiment et les populations locales n'ont jamais été vraiment consultées sur ce sujet-là. Je pense que maintenant, il faut que ça se fasse en respectant toutes les parties en présence, je dis bien « toutes », les opposants comme les gens qui y sont favorables et que j'espère, on sorte par le haut de ce dossier.
PATRICK COHEN
Si c'est oui, vous irez en octobre poser la première pierre de l'aéroport ?
EMMANUELLE COSSE
Je n'ai pas accepté de compétences qui sont en lien avec un aéroport et je pense qu'aujourd'hui, la question est de savoir surtout comment remettre de la démocratie locale sur un projet aussi important pour le territoire.
PATRICK COHEN
Et pendant la campagne du référendum, vous irez faire campagne contre Jean-Marc AYRAULT, votre nouveau collègue du gouvernement ?
EMMANUELLE COSSE
Vous savez, je n'ai jamais fait campagne contre Jean-Marc AYRAULT sur ce sujet-là et quand il était Premier ministre et moi secrétaire nationale, nous avions l'intelligence d'avoir de très bons rapports politiques et de discuter de nos différends comme de nos accords. Ma position sur Notre-Dame-des-Landes est connue, je suis apposée à ce projet, j'ai beaucoup travaillé dessus, j'ai rencontré beaucoup de personnes pour comprendre aussi les raisons de cette opposition et je ne changerai pas de point de vue là-dessus évidemment.
PATRICK COHEN
Donc vous assumerez votre désaccord en cas encore une fois de
EMMANUELLE COSSE
Mais bien sûr, mais vous savez, Notre-Dame-des-Landes
PATRICK COHEN
en restant au sein du gouvernement si le projet se fait ?
EMMANUELLE COSSE
Oui, oui mais le fait qu'à un moment, ce soit la démocratie locale qui ait la main et qu'enfin, on discute de ces projets me semble important.
PATRICK COHEN
Le logement, vous voici ministre dans le ministère laissé vacant par Cécile DUFLOT en mars 2014 après adoption d'une loi, la loi ALUR que Manuel VALLS a soigneusement détricotée depuis, encadrement des loyers, garantie universelle, etc. Est-ce que vous allez réactiver cette loi ?
EMMANUELLE COSSE
Déjà, cette loi qui est une grande loi de ce quinquennat et qui a été portée par une grande ministre du Logement porte des éléments extrêmement importants, l'encadrement des loyers, vous l'avez dit, qui devait concerner 28 agglomérations
PATRICK COHEN
Et qui ne concerne que Paris
EMMANUELLE COSSE
concerne Paris pour le moment, plusieurs villes sont en train de le mettre en oeuvre et ça va sortir dans quelques mois. il y a des tas de pans de cette loi sur la question des permis de construire, des plans locaux d'urbanisme intercommunaux de comment est-ce qu'on gère la question du logement à une échelle plus large pour justement activer les choses et surtout cette loi ALUR, elle a permis de redire qu'il faut une mobilisation générale sur la question du logement. Notre pays, 6ème puissance économique mondiale n'arrive pas à en finir avec ses problèmes de logement. C'est singulier dans l'ensemble des démocraties européennes. Que ce soit les classes moyennes, les classées aisées ou les classes défavorisées, tout le monde souffre d'un logement très cher, d'un manque de logement, un manque d'espace, et aujourd'hui, il faut que notre pays sorte de cela parce qu'on parle souvent des problèmes d'emploi. Mais vous savez que beaucoup de personnes refusent ces emplois parce qu'ils n'ont pas de mobilité à cause du logement. Rien qu'en Ile-de-France, vous avez des centaines d'emplois qui ne sont pas pourvues pour cette raison. Ça veut donc dire
PATRICK COHEN
Ça, c'est le constat !
EMMANUELLE COSSE
Ça veut donc dire que l'on doit agir, aider les bailleurs sociaux, les promoteurs privés pour construire mieux et vite et aussi rentrer dans le logement du XXIe siècle, ça veut dire avoir des logements qui sont économes en énergie, qui n'ont pas des charges énormes et qui permettent en plus de vivre dans une ville plus intelligente.
PATRICK COHEN
Juste un mot là-dessus encore, la garantie universelle des loyers, je me souviens de Cécile DUFLOT qui considérait que c'était l'une des dispositions, voire la disposition centrale de son projet. Le gouvernement VALLS n'a pas pris le décret d'application. Ca devait entrer en vigueur au 1er janvier
EMMANUELLE COSSE
Pour avoir beaucoup suivi Cécile DUFLOT à cette époque, il y avait beaucoup de points centraux dans cette loi, non, non mais je tiens à le dire puisque je me rappelle de nombreuses émissions avec vous, la GUL était une mesure très importante, attendue qui depuis le début n'a pas bénéficié de soutiens financiers, il faut le dire. Beaucoup de partenaires n'en ont pas voulu, ont préféré un système d'assurance. Je pense qu'aujourd'hui, ce projet est en effet totalement arrêté mais il pose des questions très simples qui est : comment est-ce qu'on remet de l'égalité sur la question de l'accès au logement ? Il y a des dispositifs, il faut maintenant, moi je vais faire le point avec l'ensemble des services qui sont concernés, avec l'ensemble des acteurs du logement et notamment ceux qui le financent pour trouver des solutions et avoir des réponses sociales à ces questions.
PATRICK COHEN
Et éventuellement, réactiver des dispositifs qui ont été mis en sommeil ?
EMMANUELLE COSSE
En tout cas, nous allons travailler surtout pour faire en sorte que le logement, que la France ne soit pas connue que pour son mal logement mais aussi pour des bonnes conditions de logement.
PATRICK COHEN
J'en viens à la politique, aux critiques des Verts, de ceux qui restent, si je puis dire, ceux qui sont restés, choix personnel, débauchage, aventure individuelle, etc. Vous avez entendu, j'imagine, ces critiques depuis hier. Vous leur répondez quoi ?
EMMANUELLE COSSE
La première chose, vous savez, c'est que j'ai pris cette décision en conscience et j'ai mesuré ma responsabilité. J'ai été secrétaire nationale d'un parti que j'aime, que je défends, dont j'ai porté les idées et à un moment, j'ai cru et je crois qu'aujourd'hui les écologistes doivent être utiles dans l'action, ils doivent être là où se font les arbitrages. Beaucoup de gens regrettent qu'il n'y ait pas assez d'écologie dans ce pays et qu'elle ne pèse pas assez, c'est pour ça que j'ai répondu à cette demande, que je le fais y compris en sachant que ça veut dire que je me suis mise en retrait de mon parti, je n'ai pas fait ça avec légèreté parce que c'est un parti sur lequel je me suis engagé pendant deux ans en le suivant notamment dans quatre élections locales
PATRICK COHEN
Et qui va de moins en moins bien avec votre départ ? L'idée que HOLLANDE se sert de vous pour faire exploser les Verts que vous êtes l'instrument d'une vengeance politique contre Cécile DUFLOT ?
EMMANUELLE COSSE
Je pense qu'il faut être très sérieux. Mon parti a des difficultés et ce n'est pas mon départ qui les aggrave ou pas. Mon parti a des difficultés parce que nous avons échoué aux dernières élections parce que ça fait un an que nous voyons de plus en plus de personnes se détacher de ce parti et pour tout vous dire, moi, je souhaite surtout qu'EELV trace sa route, fasse ce qu'il pense important pour son projet politique et ne pas être justement sur ces histoires d'attaques personnelles ou même de délégitimer l'autre parce que je pense que ce n'est pas comme ça qu'on arrive à porter les uns et les autres l'écologie parce que je crois que tant EELV, tant dans d'autres partis tant dans la société, il y a des personnes qui veulent que notre pays avance sur ces sujets-là, on l'a vu au moment de la COP21 et je crois que la question partidaire est en fait dans ce sujet-là une petite question par rapport à l'enjeu de savoir et vous me posez souvent la question quand on vient sur votre antenne pourquoi est-ce qu'on ne va pas plus loin, sur des sujets comme la condition animale, comme la lutte contre les pesticides, comme la lutte contre la pollution. Et c'est pour cela qu'à un moment il faut sortir de ces chamailleries sur ces questions-là et avancer, avoir des projets pour les Français et des propositions. C'est pour ça que j'ai accepté ce poste et ce n'est évidemment pas pour attaquer, pour ruiner, pour fragiliser un parti dont je souhaite qu'évidemment il continue sa route.
PATRICK COHEN
La déchéance de nationalité, vous avez changé d'avis ?
EMMANUELLE COSSE
Absolument pas.
PATRICK COHEN
« Un non-sens, une incompréhension totale, cette proposition fait du mal à la société », avez-vous tweeté ou déclaré.
EMMANUELLE COSSE
Ma position, vous savez sur ce sujet-là, elle est connue depuis le 17 novembre. Le président de la République et le Premier ministre la connaissent très bien parce qu'on s'est vu à plusieurs reprises puisqu'ils m'ont consultée sur ce sujet quand j'étais secrétaire nationale du parti, je rentre dans ce gouvernement avec cette position, c'est une opposition franche à ce projet. Le président de la République d'ailleurs ne m'a pas demandé de me renier en rentrant dans ce gouvernement ; il connait ma position, je connais la sienne, et maintenant, c'est aux parlementaires de faire ce qu'ils souhaitent avec ce projet là et de décider ou non s'ils vont au bout de ce projet.
PATRICK COHEN
Donc vous continuerez de vous exprimer avec l'accord du président de la République et du Premier ministre ?
EMMANUELLE COSSE
Je n'ai pas besoin de m'exprimer, je suis très opposé à cette mesure, le président a fait ses choix, il me les a expliqués et je lui ai aussi expliqué ma position et je crois que nous sommes sur des bases saines de discussion sur le sujet.
PATRICK COHEN
Vous avez perdu des amis dans cette histoire, Emmanuelle COSSE ?
EMMANUELLE COSSE
Il y a de la distance avec certains et puis, j'ai aussi beaucoup d'amis même s'ils ne partagent pas mon choix qui m'ont envoyé beaucoup de messages d'encouragement et qui m'ont dit qu'ils préféraient que ça soit moi dans ce gouvernement quoi qu'il arrive que de toujours renoncer à agir et donc y compris d'amis qui sont très opposés aux politiques menées actuellement et c'est à ça, vous savez, que l'on mesure l'amitié.
PATRICK COHEN
Emmanuelle COSSE, des questions, beaucoup de questions pour vous ou des commentaires sur les réseaux sociaux et au standard de France Inter, au 01 45 24 70 00, ce sera dans quelques minutes.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 février 2016
Bonjour Emmanuelle COSSE.
EMMANUELLE COSSE
Bonjour.
PATRICK COHEN
Votre entrée au gouvernement soulève trois séries de questions sur le projet d'aéroport près de Nantes auquel vous êtes opposée et qui fera l'objet d'un référendum local, sur votre secteur ministériel, le logement et sur l'application de la loi Duflot et sur le parti que vous quittez après d'autres mais que vous dirigiez, Europe Ecologie Les Verts.
Je commence par Notre-Dame-des-Landes, le recours à un référendum, ça a été l'élément clé de votre décision d'accepter la proposition de François HOLLANDE ?
EMMANUELLE COSSE
Je pense qu'il faut dire les choses très simplement ; il n'y a eu aucun marchandage à mon entrée dans ce gouvernement.
PATRICK COHEN
C'est ce qu'a dit François HOLLANDE hier soir aussi mais
EMMANUELLE COSSE
Je le dis très simplement. A un moment, François HOLLANDE m'a appelée, m'a dit qu'il voulait des écologistes dans ce gouvernement, qu'il connaissait mes positions, celles de mon parti, nos différends, y compris sur un sujet comme Notre-Dame-des-Landes et il m'a dit « je souhaite qu'il y ait pour la fin de ce quinquennat des écologistes et je souhaite que tu aies des responsabilités. »
PATRICK COHEN
Donc l'idée du référendum vient de qui ?
EMMANUELLE COSSE
L'idée du référendum qui est portée par quelques élus locaux et qui depuis plusieurs semaines en fait, on en entend parler dans pas mal de ministères, vient en partie notamment des élus du département.
PATRICK COHEN
C'est Nicolas HULOT qui l'a relancée ici même la semaine dernière.
EMMANUELLE COSSE
Nicolas HULOT, Ségolène ROYAL en avait parlé au mois d'octobre dernier et surtout sur Notre-Dame-des-Landes, je tiens à le rappeler, les propos très clairs de Ségolène ROYAL il y a quinze jours ou même trois semaines aujourd'hui, le fait qu'elle ait lancé une inspection générale pour connaître l'état du dossier réellement et aujourd'hui, c'est cela qui à mon avis compte sur le dossier essentiellement.
PATRICK COHEN
C'est-à-dire Ségolène ROYAL qui déclare « on ne
EMMANUELLE COSSE
On ne va pas expulser
PATRICK COHEN
va pas expulser des opposants par la force. »
EMMANUELLE COSSE
. va pas expulser des opposants par la force. » Elle a souhaité que ses services examinent l'ensemble du dossier, rencontrent l'ensemble des parties en présence et ce qu'ils font actuellement. Je crois ce travail extrêmement important parce que je le rappelle sur Notre-Dame-des-Landes, il y a aujourd'hui un grand nombre de recours en instance et après, François HOLLANDE a fait le choix d'annoncer hier ce qu'il a dit sur ce référendum.
PATRICK COHEN
Référendum local oui mais dans quel périmètre ? Vous consultez qui ? Les riverains du projet, les habitants de Loire-Atlantique, ceux des départements voisins ?
EMMANUELLE COSSE
Vous savez, je crois que dans notre pays, on oublie d'utiliser des structures qui sont très utiles ; il y en a une qui s'appelle la commission nationale du débat public qui est chargée notamment de mettre en oeuvre de la démocratie sur des grands projets d'infrastructure et je pense que c'est typiquement ce type de structure qui peut aider le Premier ministre à justement décider quel périmètre, qui vote, quelle est la question et à quelle date cela a lieu. De toute façon
PATRICK COHEN
Vous avez une idée là-dessus ? Vous voyez bien que c'est une question centrale ? Plus vous élargissez le bassin de population consulter et plus vous trouverez des gens favorables au projet ?
EMMANUELLE COSSE
Ecoutez, c'est marrant ce que vous dites parce que j'ai entendu absolument l'argument contraire
PATRICK COHEN
Il y a des gens qui peuvent avoir l'avantage de la desserte sans avoir les inconvénients, les nuisances !
EMMANUELLE COSSE
Moi, je crois qu'aujourd'hui, il y a une volonté de remettre ce dossier dans le débat public parce qu'il ne l'a jamais été vraiment et les populations locales n'ont jamais été vraiment consultées sur ce sujet-là. Je pense que maintenant, il faut que ça se fasse en respectant toutes les parties en présence, je dis bien « toutes », les opposants comme les gens qui y sont favorables et que j'espère, on sorte par le haut de ce dossier.
PATRICK COHEN
Si c'est oui, vous irez en octobre poser la première pierre de l'aéroport ?
EMMANUELLE COSSE
Je n'ai pas accepté de compétences qui sont en lien avec un aéroport et je pense qu'aujourd'hui, la question est de savoir surtout comment remettre de la démocratie locale sur un projet aussi important pour le territoire.
PATRICK COHEN
Et pendant la campagne du référendum, vous irez faire campagne contre Jean-Marc AYRAULT, votre nouveau collègue du gouvernement ?
EMMANUELLE COSSE
Vous savez, je n'ai jamais fait campagne contre Jean-Marc AYRAULT sur ce sujet-là et quand il était Premier ministre et moi secrétaire nationale, nous avions l'intelligence d'avoir de très bons rapports politiques et de discuter de nos différends comme de nos accords. Ma position sur Notre-Dame-des-Landes est connue, je suis apposée à ce projet, j'ai beaucoup travaillé dessus, j'ai rencontré beaucoup de personnes pour comprendre aussi les raisons de cette opposition et je ne changerai pas de point de vue là-dessus évidemment.
PATRICK COHEN
Donc vous assumerez votre désaccord en cas encore une fois de
EMMANUELLE COSSE
Mais bien sûr, mais vous savez, Notre-Dame-des-Landes
PATRICK COHEN
en restant au sein du gouvernement si le projet se fait ?
EMMANUELLE COSSE
Oui, oui mais le fait qu'à un moment, ce soit la démocratie locale qui ait la main et qu'enfin, on discute de ces projets me semble important.
PATRICK COHEN
Le logement, vous voici ministre dans le ministère laissé vacant par Cécile DUFLOT en mars 2014 après adoption d'une loi, la loi ALUR que Manuel VALLS a soigneusement détricotée depuis, encadrement des loyers, garantie universelle, etc. Est-ce que vous allez réactiver cette loi ?
EMMANUELLE COSSE
Déjà, cette loi qui est une grande loi de ce quinquennat et qui a été portée par une grande ministre du Logement porte des éléments extrêmement importants, l'encadrement des loyers, vous l'avez dit, qui devait concerner 28 agglomérations
PATRICK COHEN
Et qui ne concerne que Paris
EMMANUELLE COSSE
concerne Paris pour le moment, plusieurs villes sont en train de le mettre en oeuvre et ça va sortir dans quelques mois. il y a des tas de pans de cette loi sur la question des permis de construire, des plans locaux d'urbanisme intercommunaux de comment est-ce qu'on gère la question du logement à une échelle plus large pour justement activer les choses et surtout cette loi ALUR, elle a permis de redire qu'il faut une mobilisation générale sur la question du logement. Notre pays, 6ème puissance économique mondiale n'arrive pas à en finir avec ses problèmes de logement. C'est singulier dans l'ensemble des démocraties européennes. Que ce soit les classes moyennes, les classées aisées ou les classes défavorisées, tout le monde souffre d'un logement très cher, d'un manque de logement, un manque d'espace, et aujourd'hui, il faut que notre pays sorte de cela parce qu'on parle souvent des problèmes d'emploi. Mais vous savez que beaucoup de personnes refusent ces emplois parce qu'ils n'ont pas de mobilité à cause du logement. Rien qu'en Ile-de-France, vous avez des centaines d'emplois qui ne sont pas pourvues pour cette raison. Ça veut donc dire
PATRICK COHEN
Ça, c'est le constat !
EMMANUELLE COSSE
Ça veut donc dire que l'on doit agir, aider les bailleurs sociaux, les promoteurs privés pour construire mieux et vite et aussi rentrer dans le logement du XXIe siècle, ça veut dire avoir des logements qui sont économes en énergie, qui n'ont pas des charges énormes et qui permettent en plus de vivre dans une ville plus intelligente.
PATRICK COHEN
Juste un mot là-dessus encore, la garantie universelle des loyers, je me souviens de Cécile DUFLOT qui considérait que c'était l'une des dispositions, voire la disposition centrale de son projet. Le gouvernement VALLS n'a pas pris le décret d'application. Ca devait entrer en vigueur au 1er janvier
EMMANUELLE COSSE
Pour avoir beaucoup suivi Cécile DUFLOT à cette époque, il y avait beaucoup de points centraux dans cette loi, non, non mais je tiens à le dire puisque je me rappelle de nombreuses émissions avec vous, la GUL était une mesure très importante, attendue qui depuis le début n'a pas bénéficié de soutiens financiers, il faut le dire. Beaucoup de partenaires n'en ont pas voulu, ont préféré un système d'assurance. Je pense qu'aujourd'hui, ce projet est en effet totalement arrêté mais il pose des questions très simples qui est : comment est-ce qu'on remet de l'égalité sur la question de l'accès au logement ? Il y a des dispositifs, il faut maintenant, moi je vais faire le point avec l'ensemble des services qui sont concernés, avec l'ensemble des acteurs du logement et notamment ceux qui le financent pour trouver des solutions et avoir des réponses sociales à ces questions.
PATRICK COHEN
Et éventuellement, réactiver des dispositifs qui ont été mis en sommeil ?
EMMANUELLE COSSE
En tout cas, nous allons travailler surtout pour faire en sorte que le logement, que la France ne soit pas connue que pour son mal logement mais aussi pour des bonnes conditions de logement.
PATRICK COHEN
J'en viens à la politique, aux critiques des Verts, de ceux qui restent, si je puis dire, ceux qui sont restés, choix personnel, débauchage, aventure individuelle, etc. Vous avez entendu, j'imagine, ces critiques depuis hier. Vous leur répondez quoi ?
EMMANUELLE COSSE
La première chose, vous savez, c'est que j'ai pris cette décision en conscience et j'ai mesuré ma responsabilité. J'ai été secrétaire nationale d'un parti que j'aime, que je défends, dont j'ai porté les idées et à un moment, j'ai cru et je crois qu'aujourd'hui les écologistes doivent être utiles dans l'action, ils doivent être là où se font les arbitrages. Beaucoup de gens regrettent qu'il n'y ait pas assez d'écologie dans ce pays et qu'elle ne pèse pas assez, c'est pour ça que j'ai répondu à cette demande, que je le fais y compris en sachant que ça veut dire que je me suis mise en retrait de mon parti, je n'ai pas fait ça avec légèreté parce que c'est un parti sur lequel je me suis engagé pendant deux ans en le suivant notamment dans quatre élections locales
PATRICK COHEN
Et qui va de moins en moins bien avec votre départ ? L'idée que HOLLANDE se sert de vous pour faire exploser les Verts que vous êtes l'instrument d'une vengeance politique contre Cécile DUFLOT ?
EMMANUELLE COSSE
Je pense qu'il faut être très sérieux. Mon parti a des difficultés et ce n'est pas mon départ qui les aggrave ou pas. Mon parti a des difficultés parce que nous avons échoué aux dernières élections parce que ça fait un an que nous voyons de plus en plus de personnes se détacher de ce parti et pour tout vous dire, moi, je souhaite surtout qu'EELV trace sa route, fasse ce qu'il pense important pour son projet politique et ne pas être justement sur ces histoires d'attaques personnelles ou même de délégitimer l'autre parce que je pense que ce n'est pas comme ça qu'on arrive à porter les uns et les autres l'écologie parce que je crois que tant EELV, tant dans d'autres partis tant dans la société, il y a des personnes qui veulent que notre pays avance sur ces sujets-là, on l'a vu au moment de la COP21 et je crois que la question partidaire est en fait dans ce sujet-là une petite question par rapport à l'enjeu de savoir et vous me posez souvent la question quand on vient sur votre antenne pourquoi est-ce qu'on ne va pas plus loin, sur des sujets comme la condition animale, comme la lutte contre les pesticides, comme la lutte contre la pollution. Et c'est pour cela qu'à un moment il faut sortir de ces chamailleries sur ces questions-là et avancer, avoir des projets pour les Français et des propositions. C'est pour ça que j'ai accepté ce poste et ce n'est évidemment pas pour attaquer, pour ruiner, pour fragiliser un parti dont je souhaite qu'évidemment il continue sa route.
PATRICK COHEN
La déchéance de nationalité, vous avez changé d'avis ?
EMMANUELLE COSSE
Absolument pas.
PATRICK COHEN
« Un non-sens, une incompréhension totale, cette proposition fait du mal à la société », avez-vous tweeté ou déclaré.
EMMANUELLE COSSE
Ma position, vous savez sur ce sujet-là, elle est connue depuis le 17 novembre. Le président de la République et le Premier ministre la connaissent très bien parce qu'on s'est vu à plusieurs reprises puisqu'ils m'ont consultée sur ce sujet quand j'étais secrétaire nationale du parti, je rentre dans ce gouvernement avec cette position, c'est une opposition franche à ce projet. Le président de la République d'ailleurs ne m'a pas demandé de me renier en rentrant dans ce gouvernement ; il connait ma position, je connais la sienne, et maintenant, c'est aux parlementaires de faire ce qu'ils souhaitent avec ce projet là et de décider ou non s'ils vont au bout de ce projet.
PATRICK COHEN
Donc vous continuerez de vous exprimer avec l'accord du président de la République et du Premier ministre ?
EMMANUELLE COSSE
Je n'ai pas besoin de m'exprimer, je suis très opposé à cette mesure, le président a fait ses choix, il me les a expliqués et je lui ai aussi expliqué ma position et je crois que nous sommes sur des bases saines de discussion sur le sujet.
PATRICK COHEN
Vous avez perdu des amis dans cette histoire, Emmanuelle COSSE ?
EMMANUELLE COSSE
Il y a de la distance avec certains et puis, j'ai aussi beaucoup d'amis même s'ils ne partagent pas mon choix qui m'ont envoyé beaucoup de messages d'encouragement et qui m'ont dit qu'ils préféraient que ça soit moi dans ce gouvernement quoi qu'il arrive que de toujours renoncer à agir et donc y compris d'amis qui sont très opposés aux politiques menées actuellement et c'est à ça, vous savez, que l'on mesure l'amitié.
PATRICK COHEN
Emmanuelle COSSE, des questions, beaucoup de questions pour vous ou des commentaires sur les réseaux sociaux et au standard de France Inter, au 01 45 24 70 00, ce sera dans quelques minutes.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 février 2016