Texte intégral
BRUCE TOUSSAINT
Barbara POMPILI est l'invitée d'I TELE ce matin, bonjour.
BARBARA POMPILI
Bonjour.
BRUCE TOUSSAINT
Et merci d'être avec nous. Vous êtes secrétaire d'Etat chargée de la Biodiversité. On va parler dans un instant de la loi Travail, de la loi sur la biodiversité, mais juste avant cette question importante : est-ce que vous êtes une « hautiste », comme le dit Le Parisien ce matin, on va regarder ça ensemble, tout ça à cause, évidemment, des Hauts-de-France, le nouveau nom de votre région, puisque vous êtes Picarde, par votre mandat ? « Bienvenue chez les Hautistes ! » titre Le Parisien.
BARBARA POMPILI
Oui, oui
BRUCE TOUSSAINT
Alors ?
BARBARA POMPILI
Ecoutez, enfin moi je suis Picarde, déjà, j'aurais pu dire que j'étais du Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Là il y a quand même un problème, c'est qu'on a créé une très grande région, les gens ont du mal à se l'approprier et à la vivre, et là on lui donne un nom complètement techno
BRUCE TOUSSAINT
Hauts-de-France.
BARBARA POMPILI
Qui, à mon avis, ne va pas aider du tout à ce que les gens s'approprient cette région. Ecoutez, on verra bien.
BRUCE TOUSSAINT
C'est un mauvais choix ?
BARBARA POMPILI
Je ne sais pas s'il y avait de bons choix, honnêtement, mais Nord-Pas-de-Calais-Picardie, qui était un peu long, ça avait au moins le mérite de dire ce que c'était, voilà. Je crois que les gens vont rester ce qu'ils sont, c'est-à-dire Picards, c'est-à-dire Chtis, et puis on se contentera de ce nom.
BRUCE TOUSSAINT
Il y avait eu une consultation Internet je crois, 30 % des gens à peu près avaient voté en faveur des Hauts-de-France, c'était le meilleur résultat, mais enfin ce n'était pas non plus une énorme majorité. Alors, juste pour bien comprendre, ce n'est pas forcément le nom, l'appellation Hauts-de-France, qui vous gêne, c'est le fait qu'on ait voulu trouver un nom à cette entité, après tout on aurait pu garder le
BARBARA POMPILI
C'est qu'on cherche un nom qui en fait ne recouvre pas du tout ce qu'est la richesse de cette région. C'est une région qui a un patrimoine, qui a une histoire, qui a une langue, et ça ne se retrouve pas du tout dans le nom qui a été choisi. On est sur un truc très géographique, et encore et encore ! Ça me fait penser un peu, pendant la Révolution ils avaient fait les départements, histoire de casser les provinces et les sentiments d'appartenance, quelquefois je me demande s'ils se rendent compte qu'ils font un peu ça, c'est-à-dire qu'ils cassent un sentiment d'appartenance. Donc, je crois que les gens franchement, je ne vois pas comment ils peuvent se l'approprier, et je trouve dommage qu'on n'ait pas réussi à trouver quelque chose qui pouvait cumuler ces identités. Je trouve que la Picardie, au grand sens du terme, c'était une bonne idée, mais bon !
BRUCE TOUSSAINT
Oui, pour tout.
BARBARA POMPILI
Parce que la Picardie recouvre une immense partie
BRUCE TOUSSAINT
Le Nord-Pas-de-Calais n'aurait pas été content.
BARBARA POMPILI
Recouvre une immense partie de cette région. Le Chti, la langue Chti, est un dérivé de la langue picarde. Bref, écoutez, j'aurais préféré qu'on trouve quelque chose d'un peu plus adapté.
BRUCE TOUSSAINT
Et puis, bon, effectivement, comment on va appeler ces habitants, les « Altaux-Français », ou les Hautois, ce n'est pas terrible.
BARBARA POMPILI
Je n'en sais rien, ce n'est pas mon problème. Moi je crois que les gens continueront à se dire Picards, Chtis, boyaux rouges.
BRUCE TOUSSAINT
Egalement dans Le Parisien, « Tout ça pour ça », ça c'est le titre sur la loi Travail. Tout le monde s'accorde à dire quand même que le Premier ministre a fait trois pas en arrière. Vous êtes d'accord avec ça, et vous assumez, finalement, cela ?
BARBARA POMPILI
Moi ce que j'assume c'est que le Premier ministre et puis les ministres avec qui il travaille sur cette loi, ont décidé de travailler sur l'idée d'un compromis, sur l'idée qu'il faut absolument que l'on avance pour que notre droit du travail soit plus adapté au monde d'aujourd'hui et permette de trouver de l'emploi. Alors évidemment, là il y a des gens comme on doit arbitrer entre pas arbitrer, mais on doit essayer de faire un équilibre entre la sécurité pour les salariés, mais en même temps une certaine souplesse, il va toujours y avoir des gens, c'est la grande tradition, qui vont vous dire « il y a trop de souplesse, pas assez de souplesse. Il y a trop de protections, pas assez de protections », et donc il faut faire un arbitrage entre tout ce monde-là. Il a réussi, le Premier ministre, à trouver, avec des partenaires sociaux qui avaient envie d'avancer, un point de départ qui est un point qui paraît équilibré. Voilà, c'est comme ça qu'on avance.
BRUCE TOUSSAINT
Alors, vous parlez de compromis, c'est un compromis ou c'est une synthèse un peu molle ? Qui ne ressemble pas à du VALLS d'ailleurs !
BARBARA POMPILI
Non, mais voilà, c'est la question du verre à moitié plein ou à moitié vide. Faire de la politique c'est essayer d'avancer en faisant des compromis. Le compromis qui a été trouvé c'est une base de travail, qui est reconnue, notamment par les partenaires sociaux qui sont dans une démarche d'avancée, qui sont dans une démarche de travail pour aboutir, voilà. Je crois qu'il faut se féliciter aussi qu'à un moment on ait pu atterrir sur ce texte alors, atterrir sur un point de départ, puisque le texte est un point de départ. Là il va être transmis au Conseil d'Etat, il va
BRUCE TOUSSAINT
C'est dire si on a du mal à réformer en France !
BARBARA POMPILI
Ce n'est pas évident de réformer parce qu'il y a beaucoup de personnes qui ont cette peur de la réforme, mais en même temps, dans un pays où on a 25% de jeunes au chômage, on ne peut pas continuer à garder un droit du travail qui ne correspond pas à ce qui existe aujourd'hui.
BRUCE TOUSSAINT
Vous pensez que ça va suffire à calmer la rue ? Il y a quand même des appels qui sont toujours lancés, qui ont été maintenus pour jeudi. Les jeunes notamment, restent mobilisés, l'UNEF par exemple.
BARBARA POMPILI
Oui, et les jeunes de la FAGE veulent avancer, donc vous voyez, tout le monde est un peu partagé sur cette question, mais je crois que le partage il est entre ceux qui de toute façon trouveront que ce n'est jamais assez, dans un sens ou dans l'autre, attention, ce n'est jamais assez souple, ce n'est jamais assez protecteur, et ceux qui se disent « écoutez, on va essayer de trouver ce chemin pour aboutir. »
BRUCE TOUSSAINT
Et là, ce que vous nous dites ce matin, c'est quoi, c'est un exemple de solidarité gouvernementale, ou c'est vraiment ce que vous pensez ? Vous avez un nouveau rôle maintenant, ça fait quelques semaines maintenant que vous êtes membre de ce gouvernement, vous êtes obligée, d'une certaine façon, d'être solidaire et de montrer votre soutien.
BARBARA POMPILI
Quand on est dans un gouvernement, il faut se serrer les coudes, et il faut d'autant plus se serrer les coudes dans des situations comme ça, qui sont des situations délicates, et qui sont des situations où il faut qu'on trouve des solutions. Là, j'ai toujours été de celles et de ceux qui pensent qu'il vaut mieux essayer d'avancer, il vaut mieux essayer de faire des compromis, plutôt que le tout ou rien. Donc, je suis satisfaite de voir que cette méthode a été choisie, qui est une méthode de concertation, et qui est une méthode d'avancer au fur et à mesure. Après on peut avoir des discussions sur tel ou tel point, tel ou tel détail, mais ce que je vois surtout c'est que la jeunesse, là, qui se pose des questions, a eu un certain nombre de garanties, qui ont été trouvées là, et qui n'existaient pas dans le texte d'origine, qui me paraissent être des belles avancées.
BRUCE TOUSSAINT
Alors votre loi à vous maintenant, c'est une autre loi importante !
BARBARA POMPILI
Oui.
BRUCE TOUSSAINT
A l'Assemblée aujourd'hui, c'est votre loi sur la diversité. Alors, ça va être votre baptême du feu
BARBARA POMPILI
Oui, complètement.
BRUCE TOUSSAINT
En tant que secrétaire d'Etat. Qu'est-ce qu'il y a dans cette loi ? je me mets à la place de ceux qui nous regardent ce matin, ce mot de biodiversité comme ça, est un peu techno, un peu abstrait
BARBARA POMPILI
C'est vrai.
BRUCE TOUSSAINT
Qu'est-ce que ça va changer pour eux, pour nous ?
BARBARA POMPILI
La biodiversité c'est la nature qui vit, tout ce qui vit dans la nature, les plantes, les animaux, et ce qui fait qu'on peut vivre, c'est-à-dire que sans la biodiversité la vie ne serait pas possible dans le monde, et la qualité de vie, aussi, n'existerait pas. Donc, nous avons besoin de protéger tout cela, mais pas de mettre sous cloche, ce n'est pas du tout l'idée. La loi sur la biodiversité ça va permettre d'avancer en préservant la biodiversité, mais en l'ayant toujours en tête. On va créer, dans cette loi, on va le mettre dans la loi, un principe qui est le principe d'éviter de réduire et de compenser. Ça veut dire quoi ? Quand il y a par exemple un nouveau projet d'urbanisme qui est mis en place, eh bien le principe c'est d'éviter absolument d'abîmer la biodiversité, si on ne peut pas l'éviter on essaye de réduire les impacts, et en dernier lieu, si vraiment on n'a pas réussi, eh bien on compense, c'est-à-dire qu'on essaye, à un autre endroit ou juste à côté, de rétablir de la biodiversité. Ce principe-là il va être mis dans la loi, c'est un principe extrêmement important parce qu'il va falloir toujours anticiper avant de commencer à faire des choses, et ça permet en plus d'avoir une visibilité pour les gens qui sont dans l'économie, d'une manière générale, dans l'urbanisme. Après, il y a aussi la création d'une agence, Agence Française de la Biodiversité, qui va être une agence d'expertise, il va y avoir des gens sur le terrain pour s'occuper de ces choses-là, ça existe déjà, sauf que ce sont des personnes qui sont aujourd'hui dans des organismes différents, on va les regrouper. Alors, ce sont des personnes qui n'ont pas la même culture, qui n'ont pas donc il va falloir ce travail de les regrouper. Et puis enfin, ce qu'on veut aussi, c'est montrer que la biodiversité c'est aussi une opportunité de développement économique, une opportunité de créer des emplois.
BRUCE TOUSSAINT
Ça va créer des emplois ?
BARBARA POMPILI
Mais bien sûr, il y a plein de choses. Alors, on pense évidemment à ceux qui sont dans les parcs nationaux ou dans les réserves, etc., mais il y a aussi tout ce qui est recherche/ développement. Le biomimétisme, vous avez certainement déjà dû en entendre parler, quand on faisait les combinaisons pour les nageurs qui recopient la peau des requins, ou quand on fait des revêtements pour les douches qui copient un certain nombre de plantes qui empêchent que l'eau salisse, que l'eau avec le savon salisse, tout ça c'est regarder la nature pour essayer d'en prendre ce qu'il y a de mieux. Ça aussi ce sont des choses qui vont être favorisées dans cette loi, je suis intarissable
BRUCE TOUSSAINT
Le préjudice écologique.
BARBARA POMPILI
Oui, alors le préjudice écologique, ça c'est suite à ce qui s'est passé avec l'Erika, la catastrophe de l'Erika, il y a une jurisprudence qui s'est développée pour en fait permettre à la nature, c'est-à-dire on donne à la nature le droit par le biais de ses représentants d'aller en justice pour demander réparation d'un mal qui lui a été fait. Ça c'était un droit qui était dans la jurisprudence, mais la jurisprudence ça bouge, donc ce droit-là maintenant on l'inscrit dans la loi, et donc toute personne qui commettra un préjudice à la nature devra y répondre. Ça c'est une belle nouveauté, un beau nouveau droit, dans la nature.
BRUCE TOUSSAINT
C'est une loi, on peut le dire, sur laquelle Ségolène ROYAL travaillait depuis très longtemps. Bon, je vous pose la question, même si je sais déjà la réponse, si je vous demande vos relations avec Ségolène ROYAL, vous allez me dire que tout est formidable, c'est un peu comme quand on demande à des acteurs comment s'est passé le tournage d'un film, c'était génial, c'est génial, tout est formidable, tout est parfait.
BARBARA POMPILI
Non mais, ce qui est surtout fou c'est que, le principe c'est que, comme nous sommes deux femmes qui travaillons ensemble, forcément, ça ne devrait pas bien aller. J'ai entendu des rumeurs terribles. Ecoutez, franchement, si ça ne se passait pas bien est-ce que vous croyez que Ségolène ROYAL m'aurait confié le pilotage de cette loi qui est une loi qui lui tient à coeur ? Voilà, c'est tout. Regardons les faits, et dans les faits, elle m'a confié ce pilotage, on est en lien très régulièrement pour justement avancer ensemble, pour lever un certain nombre de difficultés, parce que quand il y a une loi aussi importante que celle-là il y a des difficultés, mais je vous assure que, franchement, ça se passe très très bien.
BRUCE TOUSSAINT
Avez-vous hésité, quand on vous a proposé d'entrer au gouvernement ?
BARBARA POMPILI
J'ai toujours pensé que les écologistes devaient être là où il y avait des responsabilités, et donc, quand on m'a proposé d'aller au gouvernement, et qu'en plus on m'a proposé d'aller sur un sujet, la biodiversité, qui est au coeur des préoccupations écologistes, évidemment je n'ai pas hésité.
BRUCE TOUSSAINT
Oui, tout de suite.
BARBARA POMPILI
Oui.
BRUCE TOUSSAINT
Qui vous a appelée ?
BARBARA POMPILI
Le président de la République.
BRUCE TOUSSAINT
Le président de la République vous a appelée directement ?
BARBARA POMPILI
Oui, je crois que c'est comme ça que ça fonctionne en général.
BRUCE TOUSSAINT
« Allo, bonjour, c'est François HOLLANDE. »
BARBARA POMPILI
Voilà, absolument, c'est comme ça que ça marche.
BRUCE TOUSSAINT
Vous étiez flattée ?
BARBARA POMPILI
Oui, j'étais c'est surtout une responsabilité assez lourde, parce que quand on est au gouvernement, on est confronté au réel, c'est-à-dire que là on n'est plus dans les incantations, il faut voir ce qu'on peut faire en fonction du monde dans lequel on vit et pas seulement le monde qu'on aimerait, qui existe.
BRUCE TOUSSAINT
En tout cas vous avez bien fait de quitter Europe Ecologie-Les Verts, bien avant d'être nommée au gouvernement, parce que par exemple pour Emmanuelle COSSE c'est très violent ce qui se passe. Comment jugez-vous d'ailleurs ce qu'elle dénonce, elle, comme une sorte d'acharnement, évidemment, contre elle, depuis qu'elle a été nommée ?
BARBARA POMPILI
Ecoutez, ce que font certains membres d'Europe Ecologie-Les Verts, parce que je ne les mets pas tous dans le même panier, mais ce que font certains membres et notamment les membres dirigeants d'Europe Ecologie-Les Verts, montre malheureusement ce pourquoi je suis partie, c'est-à-dire un sectarisme, un rejet de toute opinion qui est une opinion qui n'est pas tout à fait exactement dans la ligne. Des personnes qui aujourd'hui se sont mis dans un positionnement d'opposition systématique, qui ne sont plus dans la construction, et franchement je ne vois pas où ça mène.
BRUCE TOUSSAINT
Elle leur a fait quand même un drôle de coup. Elle était quand même patronne du mouvement, sur une ligne assez claire qui était une ligne vous êtes bien placée pour le savoir puisque vous-même vous étiez partie à cause de ça en grande partie, et du jour au lendemain
BARBARA POMPILI
Moi je suis partie parce que dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie ils préféraient faire perdre le PS et faire gagner le Front national, plutôt que d'essayer de trouver une solution où tout le monde pouvait s'unir, et je trouvais que c'était très très grave parce que ça montrait une grande perte de valeurs. Là, Emmanuelle COSSE n'était pas du tout dans la même situation en Ile-de-France, elle a essayé de tenir les deux bouts, et elle le disait d'ailleurs, elle essayait de tenir les deux bouts entre ceux qui sont vraiment très radicaux, jusqu'au-boutistes, et ceux qui sont plus réformistes, et à un moment elle a bien vu que ça ne pouvait plus tenir, donc elle a décidé d'accéder aux responsabilités, elle a bien fait.
BRUCE TOUSSAINT
Ces personnes que vous accusez de sectarisme, iront jusqu'au bout dans la campagne présidentielle.
BARBARA POMPILI
Oh oui, oui.
BRUCE TOUSSAINT
Il y aura probablement un candidat écologiste. David CORMAND, qui est le nouveau patron d'Europe Ecologie-Les Verts, nous le disait il y a quelques jours
BARBARA POMPILI
Alors, un candidat EELV.
BRUCE TOUSSAINT
EELV, oui, ce n'est pas Ecologie, ce n'est pas la même chose ?
BARBARA POMPILI
Pour moi EELV représente une partie de l'écologie, mais une partie de plus en plus petite, de plus en plus repliée sur elle-même, de plus en plus sectaire, et de moins en moins constructive.
BRUCE TOUSSAINT
Il nous parlait de Nicolas HULOT.
BARBARA POMPILI
Nicolas HULOT est un écologiste aussi, qui n'est pas EELV, vous l'aurez noté.
BRUCE TOUSSAINT
Oui, mais enfin, s'il est le candidat, c'est une belle prise pour Europe Ecologie-Les Verts.
BARBARA POMPILI
Ecoutez, Nicolas HULOT, d'abord personne ne parle à sa place, il est assez grand pour parler lui-même, il a déjà fait l'expérience de la primaire chez les écologistes, chez EELV, et il en a gardé un souvenir, il me semble, qui n'était pas un excellent souvenir. S'il souhaite porter une parole de l'écologie, ce n'est pas tout à fait pareil que d'être dans une parole d'opposition systématique.
BRUCE TOUSSAINT
Il y avait deux noms cités par David CORMAND sur ce plateau, c'était Nicolas HULOT et Cécile DUFLOT.
BARBARA POMPILI
Non mais l'opinion de David CORMAND c'est l'opinion de David CORMAND, elle ne m'intéresse pas énormément je vous avoue.
BRUCE TOUSSAINT
Ah bon ?
BARBARA POMPILI
Non, pas beaucoup.
BRUCE TOUSSAINT
Cécile DUFLOT candidat, ça vous intéresse quand même ?
BARBARA POMPILI
Vous vous rendez compte que là on est en train de parler de 2017
BRUCE TOUSSAINT
Oui, oui, ça approche.
BARBARA POMPILI
Moi je viens d'arriver à un ministère, j'ai une énorme loi à porter, et je considère que moi mon travail ce n'est pas de faire du commentaire politique, mon travail c'est de montrer que les écologistes, quand ils sont au gouvernement, ils sont utiles. J'ai 1 an et 2 mois pour le faire, je peux vous dire que c'est plus ça qui m'intéresse que les agitations. Je sais que tout le monde s'agite, « oui, la présidentielle c'est très important, etc. », oui, la présidentielle, la 5e République, il n'y a que ça qui compte, mais pendant ce temps-là les gens ont envie que leur vie change et ils n'ont pas envie que le monde s'arrête pendant 1 an pour que certains fassent les paons devant les journalistes.
BRUCE TOUSSAINT
On en parlé de votre loi.
BARBARA POMPILI
C'est vrai.
BRUCE TOUSSAINT
Donc, puisque vous insistez, on va continuer à parler de la présidentielle
BARBARA POMPILI
Je vois bien que ça vous intéresse beaucoup.
BRUCE TOUSSAINT
Je voudrais savoir si le fait d'être ministre, membre du gouvernement, c'est un soutien automatique à François HOLLANDE pour vous ?
BARBARA POMPILI
Etre ministre, être au gouvernement, c'est soutenir ce gouvernement et faire en sorte qu'il réussisse, ce n'est pas faire de la politique politicienne pour la prochaine présidentielle, voilà. Moi c'est tout ce qui j'ai à dire.
BRUCE TOUSSAINT
Et Fessenheim, ça ce n'est pas la présidentielle.
BARBARA POMPILI
Oui, Fessenheim, ça c'est un vrai sujet.
BRUCE TOUSSAINT
Apparemment ça pourrait s'arrêter d'ici fin 2016, mais dans le même temps Ségolène ROYAL, votre patronne, dit « on va prolonger la durée de vie de 10 ans, des centrales nucléaires. »
BARBARA POMPILI
Oui, alors il faut
BRUCE TOUSSAINT
Vous avez compris quoi vous ?
BARBARA POMPILI
Moi, ce que j'ai bien compris c'est qu'effectivement Fessenheim doit fermer, et qu'en plus c'était une promesse du président de la République, donc je n'ai aucun doute sur le fait qu'il la tiendra. Après, on a voté une loi sur la transition énergétique qui, encore une fois, est un compromis, un compromis ça veut dire qu'on a décidé qu'on baissait la part du nucléaire et qu'on augmentait la part des renouvelables. Moi, toute seule, j'aurais préféré qu'on arrête complètement le nucléaire d'ici 25 ans, ce n'est pas le cas. Donc, pour baisser la part du nucléaire et augmenter la part des renouvelables, il y a certaines centrales qui aujourd'hui devraient être prolongées, c'était dans la loi de transition énergétique, ceux qui montent sur leurs grands chevaux devraient lire cette loi. Après, ça pose des problèmes financiers, ça pose des problèmes de sécurité, et ces problèmes-là, évidemment, doivent être pris en compte.
BRUCE TOUSSAINT
Quand le président de la République vous appelle et vous propose le job, vous lui dites « au fait, Fessenheim, il n'y a pas de problème, parce que sinon ça peut être un point de rupture. » Est-ce que c'est un sujet qui aurait pu vous empêcher d'entrer au gouvernement ?
BARBARA POMPILI
Je n'ai même pas posé cette question puisque Fessenheim c'est un engagement du président de la République. Vous, vous allez dire au président de la République « je rentre seulement si vous tenez l'engagement que vous avez dit que preniez » ? Moi je considère que quand je travaille avec le président de la république
BRUCE TOUSSAINT
Il y a un certain nombre d'engagements sur lesquels il s'est renié, tout le monde le sait.
BARBARA POMPILI
Justement, là-dessus il a une parole qui est constante, comme sur les gaz de schiste par exemple, une parole constante, et c'est là-dessus que je me fonde.
BRUCE TOUSSAINT
Eric CORMAND, dernier mot, dernière question.
BARBARA POMPILI
Non, c'est David, mais bon !
BRUCE TOUSSAINT
David CORMAND pardon, David CORMAND a parlé de vous, mais aussi de Jean-Vincent PLACE, en disant que vous étiez des enfants perdus de l'écologie. C'est ma dernière question, qu'est-ce que vous lui répondez ?
BARBARA POMPILI
Ecoutez, moi je travaille pour l'écologie, j'essaye de faire avancer l'écologie et je montrerai que l'écologie, quand elle est au gouvernement, elle a des résultats, je serai jugée là-dessus et tout le reste ce sont des paroles.
BRUCE TOUSSAINT
Et vous défendrez aujourd'hui votre loi sur la biodiversité à l'Assemblée. Merci beaucoup.
BARBARA POMPILI
Merci à vous.Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 mars 2016
Barbara POMPILI est l'invitée d'I TELE ce matin, bonjour.
BARBARA POMPILI
Bonjour.
BRUCE TOUSSAINT
Et merci d'être avec nous. Vous êtes secrétaire d'Etat chargée de la Biodiversité. On va parler dans un instant de la loi Travail, de la loi sur la biodiversité, mais juste avant cette question importante : est-ce que vous êtes une « hautiste », comme le dit Le Parisien ce matin, on va regarder ça ensemble, tout ça à cause, évidemment, des Hauts-de-France, le nouveau nom de votre région, puisque vous êtes Picarde, par votre mandat ? « Bienvenue chez les Hautistes ! » titre Le Parisien.
BARBARA POMPILI
Oui, oui
BRUCE TOUSSAINT
Alors ?
BARBARA POMPILI
Ecoutez, enfin moi je suis Picarde, déjà, j'aurais pu dire que j'étais du Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Là il y a quand même un problème, c'est qu'on a créé une très grande région, les gens ont du mal à se l'approprier et à la vivre, et là on lui donne un nom complètement techno
BRUCE TOUSSAINT
Hauts-de-France.
BARBARA POMPILI
Qui, à mon avis, ne va pas aider du tout à ce que les gens s'approprient cette région. Ecoutez, on verra bien.
BRUCE TOUSSAINT
C'est un mauvais choix ?
BARBARA POMPILI
Je ne sais pas s'il y avait de bons choix, honnêtement, mais Nord-Pas-de-Calais-Picardie, qui était un peu long, ça avait au moins le mérite de dire ce que c'était, voilà. Je crois que les gens vont rester ce qu'ils sont, c'est-à-dire Picards, c'est-à-dire Chtis, et puis on se contentera de ce nom.
BRUCE TOUSSAINT
Il y avait eu une consultation Internet je crois, 30 % des gens à peu près avaient voté en faveur des Hauts-de-France, c'était le meilleur résultat, mais enfin ce n'était pas non plus une énorme majorité. Alors, juste pour bien comprendre, ce n'est pas forcément le nom, l'appellation Hauts-de-France, qui vous gêne, c'est le fait qu'on ait voulu trouver un nom à cette entité, après tout on aurait pu garder le
BARBARA POMPILI
C'est qu'on cherche un nom qui en fait ne recouvre pas du tout ce qu'est la richesse de cette région. C'est une région qui a un patrimoine, qui a une histoire, qui a une langue, et ça ne se retrouve pas du tout dans le nom qui a été choisi. On est sur un truc très géographique, et encore et encore ! Ça me fait penser un peu, pendant la Révolution ils avaient fait les départements, histoire de casser les provinces et les sentiments d'appartenance, quelquefois je me demande s'ils se rendent compte qu'ils font un peu ça, c'est-à-dire qu'ils cassent un sentiment d'appartenance. Donc, je crois que les gens franchement, je ne vois pas comment ils peuvent se l'approprier, et je trouve dommage qu'on n'ait pas réussi à trouver quelque chose qui pouvait cumuler ces identités. Je trouve que la Picardie, au grand sens du terme, c'était une bonne idée, mais bon !
BRUCE TOUSSAINT
Oui, pour tout.
BARBARA POMPILI
Parce que la Picardie recouvre une immense partie
BRUCE TOUSSAINT
Le Nord-Pas-de-Calais n'aurait pas été content.
BARBARA POMPILI
Recouvre une immense partie de cette région. Le Chti, la langue Chti, est un dérivé de la langue picarde. Bref, écoutez, j'aurais préféré qu'on trouve quelque chose d'un peu plus adapté.
BRUCE TOUSSAINT
Et puis, bon, effectivement, comment on va appeler ces habitants, les « Altaux-Français », ou les Hautois, ce n'est pas terrible.
BARBARA POMPILI
Je n'en sais rien, ce n'est pas mon problème. Moi je crois que les gens continueront à se dire Picards, Chtis, boyaux rouges.
BRUCE TOUSSAINT
Egalement dans Le Parisien, « Tout ça pour ça », ça c'est le titre sur la loi Travail. Tout le monde s'accorde à dire quand même que le Premier ministre a fait trois pas en arrière. Vous êtes d'accord avec ça, et vous assumez, finalement, cela ?
BARBARA POMPILI
Moi ce que j'assume c'est que le Premier ministre et puis les ministres avec qui il travaille sur cette loi, ont décidé de travailler sur l'idée d'un compromis, sur l'idée qu'il faut absolument que l'on avance pour que notre droit du travail soit plus adapté au monde d'aujourd'hui et permette de trouver de l'emploi. Alors évidemment, là il y a des gens comme on doit arbitrer entre pas arbitrer, mais on doit essayer de faire un équilibre entre la sécurité pour les salariés, mais en même temps une certaine souplesse, il va toujours y avoir des gens, c'est la grande tradition, qui vont vous dire « il y a trop de souplesse, pas assez de souplesse. Il y a trop de protections, pas assez de protections », et donc il faut faire un arbitrage entre tout ce monde-là. Il a réussi, le Premier ministre, à trouver, avec des partenaires sociaux qui avaient envie d'avancer, un point de départ qui est un point qui paraît équilibré. Voilà, c'est comme ça qu'on avance.
BRUCE TOUSSAINT
Alors, vous parlez de compromis, c'est un compromis ou c'est une synthèse un peu molle ? Qui ne ressemble pas à du VALLS d'ailleurs !
BARBARA POMPILI
Non, mais voilà, c'est la question du verre à moitié plein ou à moitié vide. Faire de la politique c'est essayer d'avancer en faisant des compromis. Le compromis qui a été trouvé c'est une base de travail, qui est reconnue, notamment par les partenaires sociaux qui sont dans une démarche d'avancée, qui sont dans une démarche de travail pour aboutir, voilà. Je crois qu'il faut se féliciter aussi qu'à un moment on ait pu atterrir sur ce texte alors, atterrir sur un point de départ, puisque le texte est un point de départ. Là il va être transmis au Conseil d'Etat, il va
BRUCE TOUSSAINT
C'est dire si on a du mal à réformer en France !
BARBARA POMPILI
Ce n'est pas évident de réformer parce qu'il y a beaucoup de personnes qui ont cette peur de la réforme, mais en même temps, dans un pays où on a 25% de jeunes au chômage, on ne peut pas continuer à garder un droit du travail qui ne correspond pas à ce qui existe aujourd'hui.
BRUCE TOUSSAINT
Vous pensez que ça va suffire à calmer la rue ? Il y a quand même des appels qui sont toujours lancés, qui ont été maintenus pour jeudi. Les jeunes notamment, restent mobilisés, l'UNEF par exemple.
BARBARA POMPILI
Oui, et les jeunes de la FAGE veulent avancer, donc vous voyez, tout le monde est un peu partagé sur cette question, mais je crois que le partage il est entre ceux qui de toute façon trouveront que ce n'est jamais assez, dans un sens ou dans l'autre, attention, ce n'est jamais assez souple, ce n'est jamais assez protecteur, et ceux qui se disent « écoutez, on va essayer de trouver ce chemin pour aboutir. »
BRUCE TOUSSAINT
Et là, ce que vous nous dites ce matin, c'est quoi, c'est un exemple de solidarité gouvernementale, ou c'est vraiment ce que vous pensez ? Vous avez un nouveau rôle maintenant, ça fait quelques semaines maintenant que vous êtes membre de ce gouvernement, vous êtes obligée, d'une certaine façon, d'être solidaire et de montrer votre soutien.
BARBARA POMPILI
Quand on est dans un gouvernement, il faut se serrer les coudes, et il faut d'autant plus se serrer les coudes dans des situations comme ça, qui sont des situations délicates, et qui sont des situations où il faut qu'on trouve des solutions. Là, j'ai toujours été de celles et de ceux qui pensent qu'il vaut mieux essayer d'avancer, il vaut mieux essayer de faire des compromis, plutôt que le tout ou rien. Donc, je suis satisfaite de voir que cette méthode a été choisie, qui est une méthode de concertation, et qui est une méthode d'avancer au fur et à mesure. Après on peut avoir des discussions sur tel ou tel point, tel ou tel détail, mais ce que je vois surtout c'est que la jeunesse, là, qui se pose des questions, a eu un certain nombre de garanties, qui ont été trouvées là, et qui n'existaient pas dans le texte d'origine, qui me paraissent être des belles avancées.
BRUCE TOUSSAINT
Alors votre loi à vous maintenant, c'est une autre loi importante !
BARBARA POMPILI
Oui.
BRUCE TOUSSAINT
A l'Assemblée aujourd'hui, c'est votre loi sur la diversité. Alors, ça va être votre baptême du feu
BARBARA POMPILI
Oui, complètement.
BRUCE TOUSSAINT
En tant que secrétaire d'Etat. Qu'est-ce qu'il y a dans cette loi ? je me mets à la place de ceux qui nous regardent ce matin, ce mot de biodiversité comme ça, est un peu techno, un peu abstrait
BARBARA POMPILI
C'est vrai.
BRUCE TOUSSAINT
Qu'est-ce que ça va changer pour eux, pour nous ?
BARBARA POMPILI
La biodiversité c'est la nature qui vit, tout ce qui vit dans la nature, les plantes, les animaux, et ce qui fait qu'on peut vivre, c'est-à-dire que sans la biodiversité la vie ne serait pas possible dans le monde, et la qualité de vie, aussi, n'existerait pas. Donc, nous avons besoin de protéger tout cela, mais pas de mettre sous cloche, ce n'est pas du tout l'idée. La loi sur la biodiversité ça va permettre d'avancer en préservant la biodiversité, mais en l'ayant toujours en tête. On va créer, dans cette loi, on va le mettre dans la loi, un principe qui est le principe d'éviter de réduire et de compenser. Ça veut dire quoi ? Quand il y a par exemple un nouveau projet d'urbanisme qui est mis en place, eh bien le principe c'est d'éviter absolument d'abîmer la biodiversité, si on ne peut pas l'éviter on essaye de réduire les impacts, et en dernier lieu, si vraiment on n'a pas réussi, eh bien on compense, c'est-à-dire qu'on essaye, à un autre endroit ou juste à côté, de rétablir de la biodiversité. Ce principe-là il va être mis dans la loi, c'est un principe extrêmement important parce qu'il va falloir toujours anticiper avant de commencer à faire des choses, et ça permet en plus d'avoir une visibilité pour les gens qui sont dans l'économie, d'une manière générale, dans l'urbanisme. Après, il y a aussi la création d'une agence, Agence Française de la Biodiversité, qui va être une agence d'expertise, il va y avoir des gens sur le terrain pour s'occuper de ces choses-là, ça existe déjà, sauf que ce sont des personnes qui sont aujourd'hui dans des organismes différents, on va les regrouper. Alors, ce sont des personnes qui n'ont pas la même culture, qui n'ont pas donc il va falloir ce travail de les regrouper. Et puis enfin, ce qu'on veut aussi, c'est montrer que la biodiversité c'est aussi une opportunité de développement économique, une opportunité de créer des emplois.
BRUCE TOUSSAINT
Ça va créer des emplois ?
BARBARA POMPILI
Mais bien sûr, il y a plein de choses. Alors, on pense évidemment à ceux qui sont dans les parcs nationaux ou dans les réserves, etc., mais il y a aussi tout ce qui est recherche/ développement. Le biomimétisme, vous avez certainement déjà dû en entendre parler, quand on faisait les combinaisons pour les nageurs qui recopient la peau des requins, ou quand on fait des revêtements pour les douches qui copient un certain nombre de plantes qui empêchent que l'eau salisse, que l'eau avec le savon salisse, tout ça c'est regarder la nature pour essayer d'en prendre ce qu'il y a de mieux. Ça aussi ce sont des choses qui vont être favorisées dans cette loi, je suis intarissable
BRUCE TOUSSAINT
Le préjudice écologique.
BARBARA POMPILI
Oui, alors le préjudice écologique, ça c'est suite à ce qui s'est passé avec l'Erika, la catastrophe de l'Erika, il y a une jurisprudence qui s'est développée pour en fait permettre à la nature, c'est-à-dire on donne à la nature le droit par le biais de ses représentants d'aller en justice pour demander réparation d'un mal qui lui a été fait. Ça c'était un droit qui était dans la jurisprudence, mais la jurisprudence ça bouge, donc ce droit-là maintenant on l'inscrit dans la loi, et donc toute personne qui commettra un préjudice à la nature devra y répondre. Ça c'est une belle nouveauté, un beau nouveau droit, dans la nature.
BRUCE TOUSSAINT
C'est une loi, on peut le dire, sur laquelle Ségolène ROYAL travaillait depuis très longtemps. Bon, je vous pose la question, même si je sais déjà la réponse, si je vous demande vos relations avec Ségolène ROYAL, vous allez me dire que tout est formidable, c'est un peu comme quand on demande à des acteurs comment s'est passé le tournage d'un film, c'était génial, c'est génial, tout est formidable, tout est parfait.
BARBARA POMPILI
Non mais, ce qui est surtout fou c'est que, le principe c'est que, comme nous sommes deux femmes qui travaillons ensemble, forcément, ça ne devrait pas bien aller. J'ai entendu des rumeurs terribles. Ecoutez, franchement, si ça ne se passait pas bien est-ce que vous croyez que Ségolène ROYAL m'aurait confié le pilotage de cette loi qui est une loi qui lui tient à coeur ? Voilà, c'est tout. Regardons les faits, et dans les faits, elle m'a confié ce pilotage, on est en lien très régulièrement pour justement avancer ensemble, pour lever un certain nombre de difficultés, parce que quand il y a une loi aussi importante que celle-là il y a des difficultés, mais je vous assure que, franchement, ça se passe très très bien.
BRUCE TOUSSAINT
Avez-vous hésité, quand on vous a proposé d'entrer au gouvernement ?
BARBARA POMPILI
J'ai toujours pensé que les écologistes devaient être là où il y avait des responsabilités, et donc, quand on m'a proposé d'aller au gouvernement, et qu'en plus on m'a proposé d'aller sur un sujet, la biodiversité, qui est au coeur des préoccupations écologistes, évidemment je n'ai pas hésité.
BRUCE TOUSSAINT
Oui, tout de suite.
BARBARA POMPILI
Oui.
BRUCE TOUSSAINT
Qui vous a appelée ?
BARBARA POMPILI
Le président de la République.
BRUCE TOUSSAINT
Le président de la République vous a appelée directement ?
BARBARA POMPILI
Oui, je crois que c'est comme ça que ça fonctionne en général.
BRUCE TOUSSAINT
« Allo, bonjour, c'est François HOLLANDE. »
BARBARA POMPILI
Voilà, absolument, c'est comme ça que ça marche.
BRUCE TOUSSAINT
Vous étiez flattée ?
BARBARA POMPILI
Oui, j'étais c'est surtout une responsabilité assez lourde, parce que quand on est au gouvernement, on est confronté au réel, c'est-à-dire que là on n'est plus dans les incantations, il faut voir ce qu'on peut faire en fonction du monde dans lequel on vit et pas seulement le monde qu'on aimerait, qui existe.
BRUCE TOUSSAINT
En tout cas vous avez bien fait de quitter Europe Ecologie-Les Verts, bien avant d'être nommée au gouvernement, parce que par exemple pour Emmanuelle COSSE c'est très violent ce qui se passe. Comment jugez-vous d'ailleurs ce qu'elle dénonce, elle, comme une sorte d'acharnement, évidemment, contre elle, depuis qu'elle a été nommée ?
BARBARA POMPILI
Ecoutez, ce que font certains membres d'Europe Ecologie-Les Verts, parce que je ne les mets pas tous dans le même panier, mais ce que font certains membres et notamment les membres dirigeants d'Europe Ecologie-Les Verts, montre malheureusement ce pourquoi je suis partie, c'est-à-dire un sectarisme, un rejet de toute opinion qui est une opinion qui n'est pas tout à fait exactement dans la ligne. Des personnes qui aujourd'hui se sont mis dans un positionnement d'opposition systématique, qui ne sont plus dans la construction, et franchement je ne vois pas où ça mène.
BRUCE TOUSSAINT
Elle leur a fait quand même un drôle de coup. Elle était quand même patronne du mouvement, sur une ligne assez claire qui était une ligne vous êtes bien placée pour le savoir puisque vous-même vous étiez partie à cause de ça en grande partie, et du jour au lendemain
BARBARA POMPILI
Moi je suis partie parce que dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie ils préféraient faire perdre le PS et faire gagner le Front national, plutôt que d'essayer de trouver une solution où tout le monde pouvait s'unir, et je trouvais que c'était très très grave parce que ça montrait une grande perte de valeurs. Là, Emmanuelle COSSE n'était pas du tout dans la même situation en Ile-de-France, elle a essayé de tenir les deux bouts, et elle le disait d'ailleurs, elle essayait de tenir les deux bouts entre ceux qui sont vraiment très radicaux, jusqu'au-boutistes, et ceux qui sont plus réformistes, et à un moment elle a bien vu que ça ne pouvait plus tenir, donc elle a décidé d'accéder aux responsabilités, elle a bien fait.
BRUCE TOUSSAINT
Ces personnes que vous accusez de sectarisme, iront jusqu'au bout dans la campagne présidentielle.
BARBARA POMPILI
Oh oui, oui.
BRUCE TOUSSAINT
Il y aura probablement un candidat écologiste. David CORMAND, qui est le nouveau patron d'Europe Ecologie-Les Verts, nous le disait il y a quelques jours
BARBARA POMPILI
Alors, un candidat EELV.
BRUCE TOUSSAINT
EELV, oui, ce n'est pas Ecologie, ce n'est pas la même chose ?
BARBARA POMPILI
Pour moi EELV représente une partie de l'écologie, mais une partie de plus en plus petite, de plus en plus repliée sur elle-même, de plus en plus sectaire, et de moins en moins constructive.
BRUCE TOUSSAINT
Il nous parlait de Nicolas HULOT.
BARBARA POMPILI
Nicolas HULOT est un écologiste aussi, qui n'est pas EELV, vous l'aurez noté.
BRUCE TOUSSAINT
Oui, mais enfin, s'il est le candidat, c'est une belle prise pour Europe Ecologie-Les Verts.
BARBARA POMPILI
Ecoutez, Nicolas HULOT, d'abord personne ne parle à sa place, il est assez grand pour parler lui-même, il a déjà fait l'expérience de la primaire chez les écologistes, chez EELV, et il en a gardé un souvenir, il me semble, qui n'était pas un excellent souvenir. S'il souhaite porter une parole de l'écologie, ce n'est pas tout à fait pareil que d'être dans une parole d'opposition systématique.
BRUCE TOUSSAINT
Il y avait deux noms cités par David CORMAND sur ce plateau, c'était Nicolas HULOT et Cécile DUFLOT.
BARBARA POMPILI
Non mais l'opinion de David CORMAND c'est l'opinion de David CORMAND, elle ne m'intéresse pas énormément je vous avoue.
BRUCE TOUSSAINT
Ah bon ?
BARBARA POMPILI
Non, pas beaucoup.
BRUCE TOUSSAINT
Cécile DUFLOT candidat, ça vous intéresse quand même ?
BARBARA POMPILI
Vous vous rendez compte que là on est en train de parler de 2017
BRUCE TOUSSAINT
Oui, oui, ça approche.
BARBARA POMPILI
Moi je viens d'arriver à un ministère, j'ai une énorme loi à porter, et je considère que moi mon travail ce n'est pas de faire du commentaire politique, mon travail c'est de montrer que les écologistes, quand ils sont au gouvernement, ils sont utiles. J'ai 1 an et 2 mois pour le faire, je peux vous dire que c'est plus ça qui m'intéresse que les agitations. Je sais que tout le monde s'agite, « oui, la présidentielle c'est très important, etc. », oui, la présidentielle, la 5e République, il n'y a que ça qui compte, mais pendant ce temps-là les gens ont envie que leur vie change et ils n'ont pas envie que le monde s'arrête pendant 1 an pour que certains fassent les paons devant les journalistes.
BRUCE TOUSSAINT
On en parlé de votre loi.
BARBARA POMPILI
C'est vrai.
BRUCE TOUSSAINT
Donc, puisque vous insistez, on va continuer à parler de la présidentielle
BARBARA POMPILI
Je vois bien que ça vous intéresse beaucoup.
BRUCE TOUSSAINT
Je voudrais savoir si le fait d'être ministre, membre du gouvernement, c'est un soutien automatique à François HOLLANDE pour vous ?
BARBARA POMPILI
Etre ministre, être au gouvernement, c'est soutenir ce gouvernement et faire en sorte qu'il réussisse, ce n'est pas faire de la politique politicienne pour la prochaine présidentielle, voilà. Moi c'est tout ce qui j'ai à dire.
BRUCE TOUSSAINT
Et Fessenheim, ça ce n'est pas la présidentielle.
BARBARA POMPILI
Oui, Fessenheim, ça c'est un vrai sujet.
BRUCE TOUSSAINT
Apparemment ça pourrait s'arrêter d'ici fin 2016, mais dans le même temps Ségolène ROYAL, votre patronne, dit « on va prolonger la durée de vie de 10 ans, des centrales nucléaires. »
BARBARA POMPILI
Oui, alors il faut
BRUCE TOUSSAINT
Vous avez compris quoi vous ?
BARBARA POMPILI
Moi, ce que j'ai bien compris c'est qu'effectivement Fessenheim doit fermer, et qu'en plus c'était une promesse du président de la République, donc je n'ai aucun doute sur le fait qu'il la tiendra. Après, on a voté une loi sur la transition énergétique qui, encore une fois, est un compromis, un compromis ça veut dire qu'on a décidé qu'on baissait la part du nucléaire et qu'on augmentait la part des renouvelables. Moi, toute seule, j'aurais préféré qu'on arrête complètement le nucléaire d'ici 25 ans, ce n'est pas le cas. Donc, pour baisser la part du nucléaire et augmenter la part des renouvelables, il y a certaines centrales qui aujourd'hui devraient être prolongées, c'était dans la loi de transition énergétique, ceux qui montent sur leurs grands chevaux devraient lire cette loi. Après, ça pose des problèmes financiers, ça pose des problèmes de sécurité, et ces problèmes-là, évidemment, doivent être pris en compte.
BRUCE TOUSSAINT
Quand le président de la République vous appelle et vous propose le job, vous lui dites « au fait, Fessenheim, il n'y a pas de problème, parce que sinon ça peut être un point de rupture. » Est-ce que c'est un sujet qui aurait pu vous empêcher d'entrer au gouvernement ?
BARBARA POMPILI
Je n'ai même pas posé cette question puisque Fessenheim c'est un engagement du président de la République. Vous, vous allez dire au président de la République « je rentre seulement si vous tenez l'engagement que vous avez dit que preniez » ? Moi je considère que quand je travaille avec le président de la république
BRUCE TOUSSAINT
Il y a un certain nombre d'engagements sur lesquels il s'est renié, tout le monde le sait.
BARBARA POMPILI
Justement, là-dessus il a une parole qui est constante, comme sur les gaz de schiste par exemple, une parole constante, et c'est là-dessus que je me fonde.
BRUCE TOUSSAINT
Eric CORMAND, dernier mot, dernière question.
BARBARA POMPILI
Non, c'est David, mais bon !
BRUCE TOUSSAINT
David CORMAND pardon, David CORMAND a parlé de vous, mais aussi de Jean-Vincent PLACE, en disant que vous étiez des enfants perdus de l'écologie. C'est ma dernière question, qu'est-ce que vous lui répondez ?
BARBARA POMPILI
Ecoutez, moi je travaille pour l'écologie, j'essaye de faire avancer l'écologie et je montrerai que l'écologie, quand elle est au gouvernement, elle a des résultats, je serai jugée là-dessus et tout le reste ce sont des paroles.
BRUCE TOUSSAINT
Et vous défendrez aujourd'hui votre loi sur la biodiversité à l'Assemblée. Merci beaucoup.
BARBARA POMPILI
Merci à vous.Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 mars 2016