Texte intégral
OLIVIER MAZEROLLE
Bonjour Emmanuelle COSSE.
EMMANUELLE COSSE
Bonjour.
OLIVIER MAZEROLLE
Ce soir, « oh, He, la gauche ! », meeting de soutien à François HOLLANDE, vous y serez avec beaucoup d'autres ministres, parce que vous y êtes obligée, parce qu'au gouvernement ?
EMMANUELLE COSSE
Absolument pas, ça fait plutôt partie des initiatives dont j'avais discuté avec Stéphane LE FOLL il y a maintenant plus d'un mois, où je lui disais que je pense qu'il était temps que, il y ait une volonté de la gauche du gouvernement de défendre ce qu'elle a fait, et y compris d'expliquer ce qu'elle a fait et d'arrêter de laisser dire à sa place, notamment son bilan.
OLIVIER MAZEROLLE
Mais vous estimez qu'avec la dispersion actuelle de la gauche, François HOLLANDE est le seul à pouvoir éviter un 21 avril l'an prochain ?
EMMANUELLE COSSE
Je pense surtout, vous savez, moi, je suis une militante de gauche, et je pense surtout qu'entre la gauche et la droite, il y a des vraies différences, et qu'à un moment, quand on a fait des choses, aussi incomplètes qu'elles soient, il faut les expliquer, il faut se battre et il faut, à chaque fois, dire sur quoi on s'est battu, il se trouve que depuis que je suis ministre, il y a deux mois, je m'occupe de discuter des questions d'hébergement, d'accès au logement pour les plus pauvres, de mettre en place des mesures extrêmement précises, et je ne vois pas pourquoi j'aurais à rougir par exemple de ce qu'a fait ce gouvernement, et le précédent, depuis 2012, sur la pauvreté. Je vous donne juste cet exemple pour vous expliquer qu'à un moment, il faut aussi arrêter de rentrer dans ce bruit médiatique qui est constamment de dire : HOLLANDE n'a pas fait ça, HOLLANDE n'a pas fait ça, mais de pouvoir avoir un meeting de gauche, et d'expliquer ce que l'on fait, et y compris ce qu'on doit continuer à faire, parce que pour moi, le quinquennat est loin d'être fini.
OLIVIER MAZEROLLE
Mais vous êtes sûr quand même que c'est audible pour ceux qui sont convaincus qu'il y a une trahison de François HOLLANDE par rapport à son discours du Bourget : mon ennemie, c'est la finance, par rapport à ce qu'il avait dit aux ouvriers de Florange et de GOODYEAR, qui ont cru qu'il n'y aurait plus jamais de licenciements boursiers. Vous êtes sûr qu'ils vont comprendre ça ?
EMMANUELLE COSSE
Mais vous savez, quand on fait de la politique, la première chose que l'on fait, en tout cas, que moi, je fais, c'est d'aller discuter avec des gens, de respecter évidemment leurs opinions, mais aussi d'essayer de les convaincre, et je pense que tant qu'on n'a pas essayé de convaincre des gens de ce qu'on a fait, de ce qui reste à faire, de ce qu'on peut continuer à défendre, notamment dans les textes de loi qui vont arriver, notamment celui que je vais défendre avec Patrick KANNER dans quelques semaines, sur l'égalité et la citoyenneté, tant qu'on n'a pas fait ça, ça veut dire qu'on n'avance pas, et c'est pour ça que, il y a certainement des personnes qui ont voté pour François HOLLANDE en 2012, qui, aujourd'hui, disent : est-ce que je vais revoter pour lui ? Je n'en sais rien. Vous avez parlé d'un mot très fort qui est celui de la trahison, je pense que c'est à nous aujourd'hui d'expliquer des choses, et puis après, c'est aussi à François HOLLANDE d'expliquer en son temps ce qu'il voudra faire avec les Français.
OLIVIER MAZEROLLE
Alors, il y a peu de temps, vous étiez encore la leader d'Europe Ecologie-Les Verts, aujourd'hui, il y a une conférence intergouvernementale sur l'environnement, alors concernant le nucléaire, les boues rouges, Notre-Dame-des-Landes, l'absence de programmation précise avec des dates d'engagement sur les mesures à prendre pour assurer la transition énergétique, tout va bien quand même ?
EMMANUELLE COSSE
Tout ne va pas bien, et c'est d'ailleurs pour ça que cette conférence environnementale est extrêmement importante. Il y a eu un choix qui a été fait en 2012, et c'était notamment à la demande des écologistes et des associations en général, qui est que chaque année, il y ait une conférence environnementale pour faire la feuille de route de l'action du gouvernement.
OLIVIER MAZEROLLE
Donc c'est la dernière ?
EMMANUELLE COSSE
C'est la dernière. Ce qui a changé quand même depuis l'avant-dernière, c'est la signature de l'accord de Paris sur le climat. On fait comme si c'était extrêmement simple, c'est énorme ce qui s'est passé en décembre dernier, et on l'a vu aux Nations Unies
OLIVIER MAZEROLLE
Oui, mais est-ce que la France met ses paroles ses actes en conformité avec ses paroles ?
EMMANUELLE COSSE
Mais justement, j'y viens. Déjà, ce qu'on a vu, ce qui est extrêmement important, c'est qu'il y avait 175 pays aux Nations Unies vendredi pour signer cet accord, c'est très rare, c'est suffisamment rare pour le dire. Et maintenant, il faut que la France engage, écrive sa feuille de route, notamment pour la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre. Vous me parlez du nucléaire, il y a une loi, la loi de Transition énergétique, et vous le savez, les écologistes étaient très impliqués sur cette loi, qui a dit qu'il fallait faire baisser la part du nucléaire dans la production électrique. Nous attendons maintenant la publication de cette programmation pluriannuelle. Elle doit être publiée pour fin juin, j'ai dit à plusieurs reprises, et je l'ai dit aussi en tant que ministre, que cette programmation devait respecter la loi de Transition énergétique, donc elle doit afficher une baisse de la part du nucléaire
OLIVIER MAZEROLLE
Avec des dates ?
EMMANUELLE COSSE
Avec des dates, la programmation
OLIVIER MAZEROLLE
Eh bien, pour l'instant, on nous dit que Fessenheim ne fermera que lorsque l'EPR de Flamanville entrera en fonction
EMMANUELLE COSSE
Mais vous êtes extraordinaire, François HOLLANDE, la semaine dernière, sur France 2, a redit que Fessenheim allait fermer, il y a un moment, je pense qu'il faut aussi
OLIVIER MAZEROLLE
Oui, allait fermer, mais bon, voilà
EMMANUELLE COSSE
Non, je peux aussi vous sortir exactement sa citation, allait fermer, un décret qui serait pris d'ici fin juin, un moment, vous savez, moi, tant que je suis en capacité d'agir, je le fais, et je pense qu'aujourd'hui, il faut que la France devienne le leader, le leader des énergies renouvelables, parce que nous le voyons bien avec ce qui se passe avec EDF, que ce n'est pas dans le nucléaire que nous allons écrire l'avenir de notre pays
OLIVIER MAZEROLLE
Eh bien alors, justement
EMMANUELLE COSSE
Et donc c'est pour ça que nous allons continuer à nous battre, pour avoir cette programmation pluriannuelle
OLIVIER MAZEROLLE
Justement, EDF, recapitalisation, Emmanuel MACRON explique, parce qu'il faut lui permettre d'entretenir le parc nucléaire, et lancer les EPR en Grande-Bretagne.
EMMANUELLE COSSE
Il y a une difficulté qui est très grave sur EDF, et là, le fait qu'EDF soit dans cette difficulté-là vous montre, si ça suffisait d'avoir un exemple aussi précis, qu'aujourd'hui, le modèle du nucléaire n'est pas le modèle le plus sûr pour un groupe énergétique au niveau mondial. Il faut simplement se rappeler que, en 2015, plus de la moitié des investissements mondiaux sur la production en électricité s'est faite dans les énergies renouvelables. Et l'aveuglement d'EDF, pendant des années, à ne vouloir faire que du nucléaire, quand d'autres groupes, y compris des groupes français, sont partis sur les énergies renouvelables, montre que, aujourd'hui, c'est une impasse. Mais on l'a toujours dit
OLIVIER MAZEROLLE
Mais la recapitalisation, dit Emmanuel MACRON, c'est pour permettre de maintenir le parc nucléaire
EMMANUELLE COSSE
La recapitalisation, c'est aussi, il me semble, pour éviter que, EDF, qui est malgré tout un fleuron français, s'écroule, et que derrière, des salariés ne soient plus en capacité de travailler. Je pense que même quand on est militant anti-nucléaire, comme moi, on se soucie de l'avenir des salariés de ce groupe, et c'est pour ça qu'il faut trouver une solution. Mais je le redis, l'avenir d'EDF ne passera pas par le nucléaire, et c'est pour ça que plus la France traînera, attendra sur les énergies renouvelables, moins elle aura la capacité de réagir.
OLIVIER MAZEROLLE
Alors, c'est rare, mais je le souligne, vous êtes une ministre heureuse, parce que les constructions de logements redémarrent en France, grâce notamment au prolongement du dispositif PINEL, le prêt à taux zéro. Sur la transition énergétique, est-ce que tout le monde a bien compris qu'il y avait des possibilités fiscales, d'exonération ?
EMMANUELLE COSSE
Je pense qu'on peut encore faire des efforts, il y a eu en effet une volonté d'aider à la construction nouvelle de logements, et à la rénovation des logements. Il y a aujourd'hui un éco-prêt à taux zéro, donc pour faire de la rénovation, un crédit d'impôt transition énergétique, pour aider un certain nombre de ménages à justement financer leurs travaux, et puis, au-delà de ça, nous avons aussi aidé les ménages modestes, dans le cadre du programme Habiter Mieux, où nous donnons des subventions pour rénover les logements des ménages les plus modestes, qui ont des gros problèmes de précarité énergétique.
OLIVIER MAZEROLLE
Est-ce que vous allez étendre l'encadrement des loyers à d'autres zones ?
EMMANUELLE COSSE
Aujourd'hui, il est mis en place à Paris, il sera mis en place d'ici la fin de l'année à Lille, on a une demande sur Rennes, et je viens d'être saisie sur la métropole parisienne, et je donnerai ma réponse dans quelques mois, mais il me semble qu'elle sera favorable.
OLIVIER MAZEROLLE
J'ai vu un communiqué de votre ministère, la politique de relance de la construction initiée depuis deux ans porte ses fruits. Alors, j'ai regardé, il y a deux ans, Cécile DUFLOT quittait précisément le ministère du Logement
EMMANUELLE COSSE
Oui, elle le quittait
OLIVIER MAZEROLLE
C'est un hasard ?
EMMANUELLE COSS
Elle le quittait en avril 2014, et
OLIVIER MAZEROLLE
Donc ça va mieux depuis qu'elle n'est plus là ?
EMMANUELLE COSSE
Pas du tout, mais depuis début 2014, un certain nombre de mesures avaient été prises, notamment des aides fiscales, on a une baisse de la construction de 2008 à 2013 environ, et c'est pour cela qu'il y a eu un certain nombre de dispositifs qui ont été mis en place, pour aider tout le secteur. Et moi, ce que je suis très heureuse aujourd'hui de voir, c'est que tout le secteur est en train de redémarrer, construction de logements, construction de maisons individuelles, construction de bureaux, aides aux artisans ; mais il faut quand même le dire, on doit encore continuer l'effort avec les acteurs du bâtiment, et c'est pour ça qu'il faut faire appel à ces entreprises quand vous rénovez vos logements, parce que c'est extrêmement important d'avoir des professionnels sur qui compter.
OLIVIER MAZEROLLE
Merci Emmanuelle COSSE, et peut-être sans trop de travailleurs détachés. Merci Emmanuelle COSSE.
EMMANUELLE COSSE
Evidemment.
YVES CALVI
Le quinquennat n'est pas fini, et l'avenir d'EDF ne passera pas par le nucléaire, nous a dit notamment Emmanuelle COSSE. Emmanuelle COSSE, je vous garde une seconde, un mot sur le fameux TAFTA, vous savez, c'est ce traité de libre-échange Transatlantique dont les négociations reprennent aujourd'hui, en fait, la question est de savoir si on doit assouplir les normes alimentaires, notamment pour favoriser les échanges commerciaux, est-ce qu'il faut signer ?
EMMANUELLE COSSE
Moi, je ne le crois pas, mais il me semble que c'est aujourd'hui à Jean-Marc AYRAULT et à François HOLLANDE de prendre cette responsabilité. Il y a une grande difficulté sur cet accord, c'est notamment et ça a été discuté à plusieurs reprises à l'Assemblée nationale, mais aussi au Parlement européen c'est le manque de transparence sur les négociations, puisque, en fait, on parle d'un accord dont personne, enfin, je veux dire, vous ou moi
YVES CALVI
Tout est secret !
EMMANUELLE COSSE
Tout est secret, et simplement, quelques parlementaires, notamment au Parlement européen, pouvaient aller le consulter dans une chambre fermée.
YVES CALVI
On a le droit d'avoir peur ?
EMMANUELLE COSSE
Je ne sais pas si la question est une question d'avoir peur, c'est que je pense qu'au nom de la libéralisation des échanges, il me semble qu'il faut quand même, à chaque fois, protéger le consommateur et le citoyen.
OLIVIER MAZEROLLE
Et on en reparlera demain matin avec le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Matthias FEKL, qui est très hostile à ce traité.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 27 avril 2016
Bonjour Emmanuelle COSSE.
EMMANUELLE COSSE
Bonjour.
OLIVIER MAZEROLLE
Ce soir, « oh, He, la gauche ! », meeting de soutien à François HOLLANDE, vous y serez avec beaucoup d'autres ministres, parce que vous y êtes obligée, parce qu'au gouvernement ?
EMMANUELLE COSSE
Absolument pas, ça fait plutôt partie des initiatives dont j'avais discuté avec Stéphane LE FOLL il y a maintenant plus d'un mois, où je lui disais que je pense qu'il était temps que, il y ait une volonté de la gauche du gouvernement de défendre ce qu'elle a fait, et y compris d'expliquer ce qu'elle a fait et d'arrêter de laisser dire à sa place, notamment son bilan.
OLIVIER MAZEROLLE
Mais vous estimez qu'avec la dispersion actuelle de la gauche, François HOLLANDE est le seul à pouvoir éviter un 21 avril l'an prochain ?
EMMANUELLE COSSE
Je pense surtout, vous savez, moi, je suis une militante de gauche, et je pense surtout qu'entre la gauche et la droite, il y a des vraies différences, et qu'à un moment, quand on a fait des choses, aussi incomplètes qu'elles soient, il faut les expliquer, il faut se battre et il faut, à chaque fois, dire sur quoi on s'est battu, il se trouve que depuis que je suis ministre, il y a deux mois, je m'occupe de discuter des questions d'hébergement, d'accès au logement pour les plus pauvres, de mettre en place des mesures extrêmement précises, et je ne vois pas pourquoi j'aurais à rougir par exemple de ce qu'a fait ce gouvernement, et le précédent, depuis 2012, sur la pauvreté. Je vous donne juste cet exemple pour vous expliquer qu'à un moment, il faut aussi arrêter de rentrer dans ce bruit médiatique qui est constamment de dire : HOLLANDE n'a pas fait ça, HOLLANDE n'a pas fait ça, mais de pouvoir avoir un meeting de gauche, et d'expliquer ce que l'on fait, et y compris ce qu'on doit continuer à faire, parce que pour moi, le quinquennat est loin d'être fini.
OLIVIER MAZEROLLE
Mais vous êtes sûr quand même que c'est audible pour ceux qui sont convaincus qu'il y a une trahison de François HOLLANDE par rapport à son discours du Bourget : mon ennemie, c'est la finance, par rapport à ce qu'il avait dit aux ouvriers de Florange et de GOODYEAR, qui ont cru qu'il n'y aurait plus jamais de licenciements boursiers. Vous êtes sûr qu'ils vont comprendre ça ?
EMMANUELLE COSSE
Mais vous savez, quand on fait de la politique, la première chose que l'on fait, en tout cas, que moi, je fais, c'est d'aller discuter avec des gens, de respecter évidemment leurs opinions, mais aussi d'essayer de les convaincre, et je pense que tant qu'on n'a pas essayé de convaincre des gens de ce qu'on a fait, de ce qui reste à faire, de ce qu'on peut continuer à défendre, notamment dans les textes de loi qui vont arriver, notamment celui que je vais défendre avec Patrick KANNER dans quelques semaines, sur l'égalité et la citoyenneté, tant qu'on n'a pas fait ça, ça veut dire qu'on n'avance pas, et c'est pour ça que, il y a certainement des personnes qui ont voté pour François HOLLANDE en 2012, qui, aujourd'hui, disent : est-ce que je vais revoter pour lui ? Je n'en sais rien. Vous avez parlé d'un mot très fort qui est celui de la trahison, je pense que c'est à nous aujourd'hui d'expliquer des choses, et puis après, c'est aussi à François HOLLANDE d'expliquer en son temps ce qu'il voudra faire avec les Français.
OLIVIER MAZEROLLE
Alors, il y a peu de temps, vous étiez encore la leader d'Europe Ecologie-Les Verts, aujourd'hui, il y a une conférence intergouvernementale sur l'environnement, alors concernant le nucléaire, les boues rouges, Notre-Dame-des-Landes, l'absence de programmation précise avec des dates d'engagement sur les mesures à prendre pour assurer la transition énergétique, tout va bien quand même ?
EMMANUELLE COSSE
Tout ne va pas bien, et c'est d'ailleurs pour ça que cette conférence environnementale est extrêmement importante. Il y a eu un choix qui a été fait en 2012, et c'était notamment à la demande des écologistes et des associations en général, qui est que chaque année, il y ait une conférence environnementale pour faire la feuille de route de l'action du gouvernement.
OLIVIER MAZEROLLE
Donc c'est la dernière ?
EMMANUELLE COSSE
C'est la dernière. Ce qui a changé quand même depuis l'avant-dernière, c'est la signature de l'accord de Paris sur le climat. On fait comme si c'était extrêmement simple, c'est énorme ce qui s'est passé en décembre dernier, et on l'a vu aux Nations Unies
OLIVIER MAZEROLLE
Oui, mais est-ce que la France met ses paroles ses actes en conformité avec ses paroles ?
EMMANUELLE COSSE
Mais justement, j'y viens. Déjà, ce qu'on a vu, ce qui est extrêmement important, c'est qu'il y avait 175 pays aux Nations Unies vendredi pour signer cet accord, c'est très rare, c'est suffisamment rare pour le dire. Et maintenant, il faut que la France engage, écrive sa feuille de route, notamment pour la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre. Vous me parlez du nucléaire, il y a une loi, la loi de Transition énergétique, et vous le savez, les écologistes étaient très impliqués sur cette loi, qui a dit qu'il fallait faire baisser la part du nucléaire dans la production électrique. Nous attendons maintenant la publication de cette programmation pluriannuelle. Elle doit être publiée pour fin juin, j'ai dit à plusieurs reprises, et je l'ai dit aussi en tant que ministre, que cette programmation devait respecter la loi de Transition énergétique, donc elle doit afficher une baisse de la part du nucléaire
OLIVIER MAZEROLLE
Avec des dates ?
EMMANUELLE COSSE
Avec des dates, la programmation
OLIVIER MAZEROLLE
Eh bien, pour l'instant, on nous dit que Fessenheim ne fermera que lorsque l'EPR de Flamanville entrera en fonction
EMMANUELLE COSSE
Mais vous êtes extraordinaire, François HOLLANDE, la semaine dernière, sur France 2, a redit que Fessenheim allait fermer, il y a un moment, je pense qu'il faut aussi
OLIVIER MAZEROLLE
Oui, allait fermer, mais bon, voilà
EMMANUELLE COSSE
Non, je peux aussi vous sortir exactement sa citation, allait fermer, un décret qui serait pris d'ici fin juin, un moment, vous savez, moi, tant que je suis en capacité d'agir, je le fais, et je pense qu'aujourd'hui, il faut que la France devienne le leader, le leader des énergies renouvelables, parce que nous le voyons bien avec ce qui se passe avec EDF, que ce n'est pas dans le nucléaire que nous allons écrire l'avenir de notre pays
OLIVIER MAZEROLLE
Eh bien alors, justement
EMMANUELLE COSSE
Et donc c'est pour ça que nous allons continuer à nous battre, pour avoir cette programmation pluriannuelle
OLIVIER MAZEROLLE
Justement, EDF, recapitalisation, Emmanuel MACRON explique, parce qu'il faut lui permettre d'entretenir le parc nucléaire, et lancer les EPR en Grande-Bretagne.
EMMANUELLE COSSE
Il y a une difficulté qui est très grave sur EDF, et là, le fait qu'EDF soit dans cette difficulté-là vous montre, si ça suffisait d'avoir un exemple aussi précis, qu'aujourd'hui, le modèle du nucléaire n'est pas le modèle le plus sûr pour un groupe énergétique au niveau mondial. Il faut simplement se rappeler que, en 2015, plus de la moitié des investissements mondiaux sur la production en électricité s'est faite dans les énergies renouvelables. Et l'aveuglement d'EDF, pendant des années, à ne vouloir faire que du nucléaire, quand d'autres groupes, y compris des groupes français, sont partis sur les énergies renouvelables, montre que, aujourd'hui, c'est une impasse. Mais on l'a toujours dit
OLIVIER MAZEROLLE
Mais la recapitalisation, dit Emmanuel MACRON, c'est pour permettre de maintenir le parc nucléaire
EMMANUELLE COSSE
La recapitalisation, c'est aussi, il me semble, pour éviter que, EDF, qui est malgré tout un fleuron français, s'écroule, et que derrière, des salariés ne soient plus en capacité de travailler. Je pense que même quand on est militant anti-nucléaire, comme moi, on se soucie de l'avenir des salariés de ce groupe, et c'est pour ça qu'il faut trouver une solution. Mais je le redis, l'avenir d'EDF ne passera pas par le nucléaire, et c'est pour ça que plus la France traînera, attendra sur les énergies renouvelables, moins elle aura la capacité de réagir.
OLIVIER MAZEROLLE
Alors, c'est rare, mais je le souligne, vous êtes une ministre heureuse, parce que les constructions de logements redémarrent en France, grâce notamment au prolongement du dispositif PINEL, le prêt à taux zéro. Sur la transition énergétique, est-ce que tout le monde a bien compris qu'il y avait des possibilités fiscales, d'exonération ?
EMMANUELLE COSSE
Je pense qu'on peut encore faire des efforts, il y a eu en effet une volonté d'aider à la construction nouvelle de logements, et à la rénovation des logements. Il y a aujourd'hui un éco-prêt à taux zéro, donc pour faire de la rénovation, un crédit d'impôt transition énergétique, pour aider un certain nombre de ménages à justement financer leurs travaux, et puis, au-delà de ça, nous avons aussi aidé les ménages modestes, dans le cadre du programme Habiter Mieux, où nous donnons des subventions pour rénover les logements des ménages les plus modestes, qui ont des gros problèmes de précarité énergétique.
OLIVIER MAZEROLLE
Est-ce que vous allez étendre l'encadrement des loyers à d'autres zones ?
EMMANUELLE COSSE
Aujourd'hui, il est mis en place à Paris, il sera mis en place d'ici la fin de l'année à Lille, on a une demande sur Rennes, et je viens d'être saisie sur la métropole parisienne, et je donnerai ma réponse dans quelques mois, mais il me semble qu'elle sera favorable.
OLIVIER MAZEROLLE
J'ai vu un communiqué de votre ministère, la politique de relance de la construction initiée depuis deux ans porte ses fruits. Alors, j'ai regardé, il y a deux ans, Cécile DUFLOT quittait précisément le ministère du Logement
EMMANUELLE COSSE
Oui, elle le quittait
OLIVIER MAZEROLLE
C'est un hasard ?
EMMANUELLE COSS
Elle le quittait en avril 2014, et
OLIVIER MAZEROLLE
Donc ça va mieux depuis qu'elle n'est plus là ?
EMMANUELLE COSSE
Pas du tout, mais depuis début 2014, un certain nombre de mesures avaient été prises, notamment des aides fiscales, on a une baisse de la construction de 2008 à 2013 environ, et c'est pour cela qu'il y a eu un certain nombre de dispositifs qui ont été mis en place, pour aider tout le secteur. Et moi, ce que je suis très heureuse aujourd'hui de voir, c'est que tout le secteur est en train de redémarrer, construction de logements, construction de maisons individuelles, construction de bureaux, aides aux artisans ; mais il faut quand même le dire, on doit encore continuer l'effort avec les acteurs du bâtiment, et c'est pour ça qu'il faut faire appel à ces entreprises quand vous rénovez vos logements, parce que c'est extrêmement important d'avoir des professionnels sur qui compter.
OLIVIER MAZEROLLE
Merci Emmanuelle COSSE, et peut-être sans trop de travailleurs détachés. Merci Emmanuelle COSSE.
EMMANUELLE COSSE
Evidemment.
YVES CALVI
Le quinquennat n'est pas fini, et l'avenir d'EDF ne passera pas par le nucléaire, nous a dit notamment Emmanuelle COSSE. Emmanuelle COSSE, je vous garde une seconde, un mot sur le fameux TAFTA, vous savez, c'est ce traité de libre-échange Transatlantique dont les négociations reprennent aujourd'hui, en fait, la question est de savoir si on doit assouplir les normes alimentaires, notamment pour favoriser les échanges commerciaux, est-ce qu'il faut signer ?
EMMANUELLE COSSE
Moi, je ne le crois pas, mais il me semble que c'est aujourd'hui à Jean-Marc AYRAULT et à François HOLLANDE de prendre cette responsabilité. Il y a une grande difficulté sur cet accord, c'est notamment et ça a été discuté à plusieurs reprises à l'Assemblée nationale, mais aussi au Parlement européen c'est le manque de transparence sur les négociations, puisque, en fait, on parle d'un accord dont personne, enfin, je veux dire, vous ou moi
YVES CALVI
Tout est secret !
EMMANUELLE COSSE
Tout est secret, et simplement, quelques parlementaires, notamment au Parlement européen, pouvaient aller le consulter dans une chambre fermée.
YVES CALVI
On a le droit d'avoir peur ?
EMMANUELLE COSSE
Je ne sais pas si la question est une question d'avoir peur, c'est que je pense qu'au nom de la libéralisation des échanges, il me semble qu'il faut quand même, à chaque fois, protéger le consommateur et le citoyen.
OLIVIER MAZEROLLE
Et on en reparlera demain matin avec le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Matthias FEKL, qui est très hostile à ce traité.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 27 avril 2016