Déclaration de Mme George Pau-Langevin, ministre des outre-mer, sur la politique de construction de logement sociaux en Guyane et la consultation des élus locaux au sujet du décret réformant la gouvernance de l'Établissement public d'aménagement de la Guyane (EPAG), à Cayenne le 31 mars 2016.

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Circonstance : Pose de la première pierre de l'éco-quartier Vidal, à Cayenne (Guyane) le 31 mars 2016

Texte intégral

Monsieur le maire,
Monsieur le directeur général de l'établissement public d'aménagement de Guyane,
Mesdames, Messieurs,
Nous sommes réunis aujourd'hui pour la pose de la première pierre de l'éco-quartier Vidal. Cette opération va permettre la construction de 1500 logements, deux groupes scolaires, un collège, une crèche, un équipement culturel, un parc et des espaces dédiés aux activités et aux commerces. Des centaines de guyanais vont ainsi profiter d'un cadre de vie amélioré.
Je me réjouis de la mise en œuvre de ce projet, qui sera le premier éco-quartier de Guyane, véritable démonstrateur de la « ville amazonienne durable » : la Guyane a en effet besoin d'un véritable changement de paradigme : face aux besoins très importants en matière de logements sociaux, il s'agit non seulement de répondre aux enjeux en termes quantitatifs, mais également en termes qualitatifs : l'amélioration de la qualité de vie de nos concitoyens guyanais passe par une réflexion approfondie sur l'insertion des projets d'aménagement dans l'environnement exceptionnel de la Guyane, sur la prise en compte des particularités liées au climat tropical et sur les réponses à apporter aux attentes sociales et économiques des futurs habitants.
A cet égard, l'éco-quartier Vidal sera particulièrement exemplaire : énergie, modes de transport durables, gestion de l'eau, utilisation de matières premières locales : tout a été pensé pour limiter l'impact environnemental du projet. L'intégration d'espaces publics et d'équipements structurants pour la vie de tous les jours (écoles, commerces) dans ce futur quartier permettra à ses habitants de bénéficier d'un cadre de vie exceptionnel.
Je souhaite saluer l'implication des acteurs locaux : élus, entreprises, mais aussi bien sûr l'établissement public d'aménagement de la Guyane (EPAG), qui ont su faire preuve de grandes capacités d'innovation pour concevoir un projet de qualité, tout à fait adapté au mode de vie guyanais. Vous le savez, la politique du logement, et en particulier du logement social, constitue l'une des priorités de mon ministère. C'est dans ce sens que j'ai lancé il y a un an, avec mes collègues ministres du logement et de la ville, le plan logement pour l'outre-mer.
La problématique du logement en Guyane revêt une importance particulière pour l'aménagement du territoire, compte tenu des évolutions démographiques prévisibles à l'horizon 2040, date à laquelle la Guyane pourrait accueillir plus de 500 000 habitants. C'est pourquoi j'ai souhaité que l'implication de l'État en faveur de la construction de logements en Guyane soit exemplaire. 2015 a été dans ce cadre une année particulièrement importante :
- l'enveloppe budgétaire consacrée à la construction de logements sociaux a été considérablement augmentée, permettant de quasiment doubler le nombre de logements sociaux financés en 2015 par rapport à l'année 2014.
- j'ai annoncé le 23 juin 2015, avec ma collègue ministre du logement, le lancement du processus de création d'une opération d'intérêt national en Guyane, répondant ainsi à une demande forte des acteurs locaux. Cette opération d'intérêt national, doit permettre à la Guyane de faire face aux besoins de logements liés à sa forte croissance démographique, tout en contribuant au développement économique et à l'équipement du territoire L'année 2016 sera consacrée à la poursuite de cet effort : l'enveloppe budgétaire (la « Ligne Budgétaire Unique ») pour la construction de logements sociaux neufs a été augmentée de 9M€. Par ailleurs, l'année 2016 sera également l'année de la concrétisation de l'engagement du gouvernement concernant l'opération d'intérêt national.
Comme je l'ai déjà souligné, l'ampleur des besoins en matière de logements et plus largement d'aménagement du territoire justifie une implication exceptionnelle de l'État via une opération d'intérêt national. Ce sera la première des outre-mer. Elle aura pour mission de réaliser des projets d'aménagement basés sur des principes de mixité sociale, d'adaptabilité, d'excellence environnementale, à l'image de l'écoquartier Vidal qui sortira bientôt de terre. Elle constitue par ailleurs l'une des mesures essentielles dans l'axe 1 du futur Pacte d'Avenir pour la Guyane qui est consacré aux infrastructures.
Pour réaliser l'OIN, l'État s'appuiera sur l'Établissement Public d'Aménagement de la Guyane (EPAG), dont la gouvernance sera revue pour tenir compte de son rôle fondamental en tant qu'outil de production de foncier aménagé, à la hauteur des besoins de la Guyane de demain. Je n'oublie pas cependant la composante agricole des missions de l'EPAG et je confirme qu'une réflexion devra être engagée, avec l'ensemble des acteurs, sur la façon de répondre aux besoins considérables de la Guyane dans ce domaine.
En termes de calendrier, le lancement de l'OIN est aujourd'hui un processus largement engagé. J'ai reçu mardi dernier, avec ma collègue Emmanuelle COSSE, ministre du logement et de l'habitat durable, le rapport de Philippe SCHMIT, ingénieur du Conseil Général de l'Environnement et du Développement Durable, relatif à la création de l'OIN. Ce rapport avait notamment pour but de préparer la création de la future OIN, en menant une concertation auprès des élus pour proposer un périmètre d'intervention adapté aux besoins. C'est sur la base de ce rapport, qui a fait l'objet d'une concertation approfondie avec les élus locaux, que sera mise en place l'OIN, qui s'articulera autour de trois pôles prioritaires : la région de Cayenne et du centre littoral, le Nord-Ouest de la Guyane et notamment St-Laurent-du-Maroni et Mana, et la région de Kourou. Le périmètre préconisé par le rapport couvre plus de 5200 hectares. Je connais les inquiétudes exprimées par les maires concernant la création de cette OIN, notamment en ce qui concerne les autorisations d'urbanisme, qui seront du ressort de l'État. Je souhaite vous assurer que les élus concernés seront étroitement associés aux opérations menées dans le cadre de l'OIN, tout comme la collectivité territoriale de Guyane. Cette OIN se fera pour la Guyane, avec les acteurs locaux.
Je connais également vos attentes en matière de financement : l'OIN connaîtra une montée en charge progressive, à partir de 2016 et jusqu'en 2020. Les deux premières années de son existence seront consacrées aux études d'aménagement indispensables pour mener à bien des projets de qualité, adaptés à l'environnement guyanais, et représentatif de la « ville amazonienne durable ».
J'ai obtenu que ces besoins, estimés dans le rapport « Schmit » à 2M€ pour 2016 et 4M€ en 2017, soient financés par une augmentation du budget de l'État consacré au logement en Guyane. Pour les années suivantes, l'État accompagnera la montée en puissance de l'OIN. En ce qui concerne la question du foncier : le gouvernement procèdera à la cession à titre gratuit du foncier d'État inclus dans le périmètre de la future OIN, ce qui correspond à 1706 hectares, soit près d'un tiers de la superficie totale de l'OIN.
Ces deux mesures visent à créer dès maintenant les conditions de la réussite du lancement de l'OIN.
Après la phase de concertation qui a été menée depuis l'été 2015, il est désormais nécessaire d'agir vite. J'ai demandé au préfet de Guyane Martin JAEGER de rencontrer chacun des 9 maires concernés ainsi que le président de la collectivité territoriale de Guyane d'ici la mi-mai, afin de leur présenter les propositions précises de périmètre de l'OIN issues du rapport Schmit et recueillir leurs observations éventuelles. A l'issue de cette ultime phase de discussion, le décret portant création de l'opération d'intérêt national sera finalisé, en vue d'une publication à l'été 2016.
En parallèle, le décret relatif à la réforme de la gouvernance de l'EPAG sera lui aussi prochainement soumis à la consultation des élus locaux. Vous pouvez le constater, l'État s'engage pour relever le défi du logement en Guyane, aux côtés des élus guyanais. Soyez assurés que je reste à votre écoute et que je suis déterminée à continuer à avancer. Je sais pouvoir continuer à compter sur votre engagement pour garantir à nos concitoyens guyanais un logement de qualité, dans des conditions abordables.
Je vous remercie.
Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 6 avril 2016