Texte intégral
GERARD LECLERC
Barbara POMPILI, rebonjour. La disparition, l'explosion du groupe Europe Ecologie-Les Verts à l'Assemblée nationale, après le départ de six députés écologistes qui vont rejoindre le groupe PS, ils parlent de dérive sectaire à propos de leur ancien collègue. C'est désolant, c'est inédit à l'Assemblée nationale, pourquoi, et pourquoi maintenant ?
BARBARA POMPILI
Bien sûr que c'est désolant, parce que nous avions enfin réussi à avoir un groupe parlementaire à l'Assemblée nationale, ce qui était une première de toute l'histoire de l'écologie, on avait prouvé qu'il était possible, même dans des temps de division. Et nous ne leurrons pas, la division chez les écologistes, depuis la sortie du gouvernement, est quelque chose de très fort, mais on avait réussi à créer un équilibre, c'est-à-dire avec deux sensibilités qui pouvaient s'exprimer au sein d'un groupe, par le biais d'un accord, on avait réussi à déposer des propositions de loi, des amendements, on était audibles. Eh bien, parce que Cécile DUFLOT a refusé de garder ces accords, a refusé de tenir ces accords et a voulu prendre le pouvoir au sein du groupe, malheureusement ça a fait exploser ce fragile équilibre.
GERARD LECLERC
Oui, parce que c'est quand même les députés de votre sensibilité ceux qui sont, pour aller vite, en gros, qui soutiennent le gouvernement, qui sont partis.
BARBARA POMPILI
Vous savez, ça fait, je vous dis, des mois, si ce n'est maintenant des années, que nous essayons de faire tenir ce groupe. Nous avons mis en place un accord de fonctionnement, un mode de fonctionnement, qui permettait de faire s'exprimer deux sensibilités qui aujourd'hui sont vraiment très différentes, il fallait tenir cet accord, tant que cet accord tenait, on pouvait garder le groupe. A partir du moment où quelqu'un
GERARD LECLERC
Et vous dites c'est Cécile DUFLOT qui a pris la responsabilité de rompre cet accord ?
BARBARA POMPILI
Elle l'a fait publiquement, puisqu'elle a indiqué publiquement, sur notamment sur les réseaux sociaux, qu'elle était devenue la seule présidente du groupe, alors qu'un groupe comme cela, qui est en deux parties, on ne peut pas faire cela parce que c'est un coup de force. C'est un coup de force qui faisait que malgré tous les efforts, et je le répète parce que derrière il y a aussi des salariés, malgré tous les efforts qui ont été faits, eh bien on ne pouvait plus, « on », les écologistes réformistes, ne pouvaient plus rester dans un groupe qui n'avait plus deux têtes, qui n'en n'avait plus qu'une, qui était la tête qui représentait une écologie dans laquelle nous ne nous reconnaissons plus, tout simplement.
GERARD LECLERC
Alors, les amis de Cécile DUFLOT ont une autre interprétation, ils disent que derrière tout ça il y a la main de l'Elysée, que c'est l'Elysée, quelque part, qui a provoqué cette explosion, qui a voulu cette explosion, du groupe Europe Ecologie-Les Verts.
BARBARA POMPILI
Oui, oui, l'éternelle théorie du complot, l'éternelle théorie aussi de, ils veulent se placer, ils veulent des postes, moi ça fait des années que j'entends ça. Non. Il y a un vrai problème de fond, et l'écologie politique aujourd'hui est à un tournant de son existence, et l'écologie politique est capable, toute seule, de se diviser. Il n'y a absolument pas eu de pression quelconque de l'Elysée sur cette question-là. Simplement aujourd'hui, effectivement, la césure est profonde, la cassure est profonde, entre ceux qui veulent essayer de faire avancer les choses, dans les institutions, essayer de faire changer la vie des gens, de leur quotidien, et puis ceux qui se réfugient dans des postures, dans le « non » à tout, dans la dénonciation, et qui aujourd'hui apportent certainement une parole au débat, mais en tout cas n'apportent pas grand chose à la vie quotidienne des Français.
GERARD LECLERC
On en vient à votre secrétariat d'Etat. Cette nuit l'Europe n'a pas réussi à se mettre d'accord sur une autorisation ou non du glyphosate, c'est l'herbicide qu'on trouve notamment dans le Roundup, les experts européens sont divisés. Vous, clairement, vous êtes pour l'interdiction ou non ?
BARBARA POMPILI
Oui, et puis le gouvernement est assez clair là-dessus. Le glyphosate, on l'a vu, est un insecticide qui est dangereux, et en plus dont nous savons qu'aujourd'hui il est un perturbateur endocrinien, c'est-à-dire qu'il a des risques pour la santé humaine, donc il est hors de question qu'on puisse utiliser à nouveau le glyphosate, donc je suis là complètement en accord avec la position défendue par le gouvernement, qui est une position de sagesse, qui est une position de précaution. De toute façon, le glyphosate, d'une manière générale les néonicotinoïdes, sont associés à un mode de production agricole qui est un mode de production qui a montré ses limites, qui est un mode de production qui pouvait aller dans les années 50-70, mais qui aujourd'hui ne correspond plus à des objectifs de développement durable, qui ne correspond plus au monde dans lequel on est aujourd'hui. Et donc nous devons orienter autrement notre système agricole pour qu'il soit moins dépendant de ces intrants, tout ce travail-là il est en train d'être fait, et il doit continuer.
GERARD LECLERC
On en parle justement, puisqu'effectivement les néonicotinoïdes font partie de la loi Biodiversité que vous défendez actuellement devant le Parlement, c'est donc des pesticides dangereux, notamment pour les abeilles. Le texte a fluctué, on a parlé d'une interdiction en 2017, puis en 2018, maintenant ce serait en 2020, pourquoi ?
BARBARA POMPILI
Parce qu'il y a des pressions très fortes de certains lobbys pour faire en sorte qu'il n'y ait pas cette interdiction. Parce que, d'abord ça rapporte énormément d'argent, ces insecticides, et en plus, encore une fois, les agriculteurs, aujourd'hui, ont été poussés, et là ce sont des choix politiques qui ont été faits, ont été poussés vers ce mode de production, qui « les oblige » à utiliser beaucoup de ces insecticides.
GERARD LECLERC
Donc les lobbys, vous dites, interviennent
BARBARA POMPILI
Oui, ils interviennent.
GERARD LECLERC
D'ailleurs on remarque d'ailleurs que c'est le Sénat qui plusieurs fois est revenus sur votre texte alors, qu'est-ce qu'on fait ?
BARBARA POMPILI
Eh bien face à cela, ce qu'on a essayé de faire nous c'est de tenir une position équilibrée, c'est-à-dire d'aller vers cette interdiction, et donc là, avec Stéphane LE FOLL, avec Ségolène ROYAL, on s'est mis d'accord, l'interdiction doit être dans la loi, mais on le fait en plusieurs étapes. C'est-à-dire qu'on commence à interdire à partir de 2018, en disant on interdit pour là où il existe des alternatives, et puis, au fur et à mesure, que les alternatives se font pour d'autres cultures, on interdit, pour interdiction, après, définitive, en 2020. Ça permet non seulement d'avoir cet objectif d'interdiction, pour notre santé, pour l'avenir de notre agriculture, mais aussi d'accompagner nos agriculteurs dont certains, sur certaines cultures, ont besoin d'un peu de temps pour s'adapter, c'est notre rôle aussi que de les accompagner, que de ne pas les laisser dans une situation de blocage, ce qui serait évidemment inacceptable.
GERARD LECLERC
Un mot rapide sur l'huile de palme, qui est responsable de la destruction de forêts. Alors là aussi, là il n'est pas question d'interdiction, mais de taxer pour favoriser l'huile de palme durable. En quelques mots.
BARBARA POMPILI
Oui, l'huile de palme aujourd'hui, elle bénéficie d'une niche fiscale, alors qu'il n'y a aucune raison, surtout que l'huile de palme, aujourd'hui, est quand même responsable de la déforestation dans certains pays dont l'Indonésie et la Malaisie.
GERARD LECLERC
Mais en même temps on ne peut pas l'interdire ?
BARBARA POMPILI
Non, parce que d'abord c'est une huile qui est utilisée, qui peut avoir un intérêt si elle est bien utilisée, et puis il ne faut pas oublier qu'il y a des pays qui sont sortis de la pauvreté grâce à cette production, donc nous on n'est pas là pour dire, on vous laisse dans les difficultés, et puis on ne s'en occupe plus. Donc, évidemment on supprime l'avantage fiscal, parce que là ce n'était pas normal, donc on supprime l'avantage fiscal, et parallèlement, par contre, on donne un avantage fiscal aux huiles certifiées durables, qui ont beaucoup augmenté, aujourd'hui la proportion a été multipliée par 10, des huiles certifiées durables, pour aider ces pays, justement, à s'orienter vers des productions qui n'attaquent plus la forêt, qui sont plus respectueuses de l'environnement. Donc nous, notre travail, c'est d'aller avec ces pays pour les aider à se développer, mais à se développer sans faire les mêmes erreurs que nous nous avons faites pendant très longtemps.
GERARD LECLERC
Il y a également dans la loi, mais on n'a plus le temps d'en parler malheureusement, la création d'une Agence de la biodiversité. Je voudrais quand même qu'on dise un mot de l'affaire BAUPIN. Vous n'avez pas témoigné contre lui, comme huit femmes l'ont fait, huit femmes d'Europe Ecologie-Les Verts, certains vous l'ont reproché d'ailleurs, vous dites que vous n'avez pas été harcelée, ce qui est peut-être après tout
BARBARA POMPILI
Je ne vais quand même pas inventer des harcèlements pour satisfaire un certain nombre de personnes. Evidemment je n'ai pas à douter des accusations qui ont été portées, et c'est pourquoi la justice doit en être saisie
GERARD LECLERC
Mais vous, vous n'avez pas été concernée.
BARBARA POMPILI
Mais je n'ai pas été concernée par ces méthodes. Je connais Denis BAUPIN, je sais qu'il peut avoir des tendances à la drague, est-ce qu'il a passé les bornes, ce n'est pas à moi de le dire, c'est à la justice, mais en tout cas moi je n'en n'ai pas été victime et je n'en n'ai jamais été témoin.
GERARD LECLERC
Alors, il y a quand même le sexisme en politique, ça est-ce que ça existe, est-ce que vous l'avez rencontré, est-ce que vous auriez pu signer cet appel qui a été signé par 16 anciennes ministres contre le sexisme et le harcèlement en politique ?
BARBARA POMPILI
Oui, bien sûr qu'il existe du sexisme en politique, bien sûr qu'il existe un sexisme très fort, mais je dirais bien dans notre société. Moi, les manifestations de sexisme dans mon entourage j'en ai eues, mais des manifestations de sexisme au quotidien, que je reçois, et que toutes les femmes politiques reçoivent, c'est sur les réseaux sociaux, c'est dans certains journaux. J'en avais parlé, je vais avoir l'occasion de m'en expliquer, avec des gens de Libération qui ont enfin décidé de me contacter, mais le portrait de Libération, de moi, il y a 2 ans, était extrêmement humiliant. Donc, c'est un système qui existe, auquel il faut s'attaquer, mais ce que je reproche aux appels qui ont été faits, c'est que ce sont des appels uniquement de femmes, laissant penser que tous les hommes sont une armée d'obsédés et imbus de leur importance. Non, il y a plein d'hommes qui sont aussi dans le combat féministe, ces hommes se sentent aujourd'hui un petit peu exclus de ce qui est en train de se passer, et moi ce que je voudrais c'est qu'ensemble on travaille contre le sexisme, ensemble on laisse les femmes qui ont été harcelées, justement, pouvoir libérer leur parole. Mais par contre attention de ne pas tout mélanger, moi j'ai peur aussi d'un espèce de retour à l'ordre moral qui ne me paraîtrait pas être une bonne chose, donc sachons être rationnels et faire la part des choses dans cette histoire, ne laissons pas une forme d'excitation ou d'hystérie, même si je déteste ce mot, s'emparer du débat sur ces questions-là.
GERARD LECLERC
Merci Barbara POMPILI.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 mai 2016
Barbara POMPILI, rebonjour. La disparition, l'explosion du groupe Europe Ecologie-Les Verts à l'Assemblée nationale, après le départ de six députés écologistes qui vont rejoindre le groupe PS, ils parlent de dérive sectaire à propos de leur ancien collègue. C'est désolant, c'est inédit à l'Assemblée nationale, pourquoi, et pourquoi maintenant ?
BARBARA POMPILI
Bien sûr que c'est désolant, parce que nous avions enfin réussi à avoir un groupe parlementaire à l'Assemblée nationale, ce qui était une première de toute l'histoire de l'écologie, on avait prouvé qu'il était possible, même dans des temps de division. Et nous ne leurrons pas, la division chez les écologistes, depuis la sortie du gouvernement, est quelque chose de très fort, mais on avait réussi à créer un équilibre, c'est-à-dire avec deux sensibilités qui pouvaient s'exprimer au sein d'un groupe, par le biais d'un accord, on avait réussi à déposer des propositions de loi, des amendements, on était audibles. Eh bien, parce que Cécile DUFLOT a refusé de garder ces accords, a refusé de tenir ces accords et a voulu prendre le pouvoir au sein du groupe, malheureusement ça a fait exploser ce fragile équilibre.
GERARD LECLERC
Oui, parce que c'est quand même les députés de votre sensibilité ceux qui sont, pour aller vite, en gros, qui soutiennent le gouvernement, qui sont partis.
BARBARA POMPILI
Vous savez, ça fait, je vous dis, des mois, si ce n'est maintenant des années, que nous essayons de faire tenir ce groupe. Nous avons mis en place un accord de fonctionnement, un mode de fonctionnement, qui permettait de faire s'exprimer deux sensibilités qui aujourd'hui sont vraiment très différentes, il fallait tenir cet accord, tant que cet accord tenait, on pouvait garder le groupe. A partir du moment où quelqu'un
GERARD LECLERC
Et vous dites c'est Cécile DUFLOT qui a pris la responsabilité de rompre cet accord ?
BARBARA POMPILI
Elle l'a fait publiquement, puisqu'elle a indiqué publiquement, sur notamment sur les réseaux sociaux, qu'elle était devenue la seule présidente du groupe, alors qu'un groupe comme cela, qui est en deux parties, on ne peut pas faire cela parce que c'est un coup de force. C'est un coup de force qui faisait que malgré tous les efforts, et je le répète parce que derrière il y a aussi des salariés, malgré tous les efforts qui ont été faits, eh bien on ne pouvait plus, « on », les écologistes réformistes, ne pouvaient plus rester dans un groupe qui n'avait plus deux têtes, qui n'en n'avait plus qu'une, qui était la tête qui représentait une écologie dans laquelle nous ne nous reconnaissons plus, tout simplement.
GERARD LECLERC
Alors, les amis de Cécile DUFLOT ont une autre interprétation, ils disent que derrière tout ça il y a la main de l'Elysée, que c'est l'Elysée, quelque part, qui a provoqué cette explosion, qui a voulu cette explosion, du groupe Europe Ecologie-Les Verts.
BARBARA POMPILI
Oui, oui, l'éternelle théorie du complot, l'éternelle théorie aussi de, ils veulent se placer, ils veulent des postes, moi ça fait des années que j'entends ça. Non. Il y a un vrai problème de fond, et l'écologie politique aujourd'hui est à un tournant de son existence, et l'écologie politique est capable, toute seule, de se diviser. Il n'y a absolument pas eu de pression quelconque de l'Elysée sur cette question-là. Simplement aujourd'hui, effectivement, la césure est profonde, la cassure est profonde, entre ceux qui veulent essayer de faire avancer les choses, dans les institutions, essayer de faire changer la vie des gens, de leur quotidien, et puis ceux qui se réfugient dans des postures, dans le « non » à tout, dans la dénonciation, et qui aujourd'hui apportent certainement une parole au débat, mais en tout cas n'apportent pas grand chose à la vie quotidienne des Français.
GERARD LECLERC
On en vient à votre secrétariat d'Etat. Cette nuit l'Europe n'a pas réussi à se mettre d'accord sur une autorisation ou non du glyphosate, c'est l'herbicide qu'on trouve notamment dans le Roundup, les experts européens sont divisés. Vous, clairement, vous êtes pour l'interdiction ou non ?
BARBARA POMPILI
Oui, et puis le gouvernement est assez clair là-dessus. Le glyphosate, on l'a vu, est un insecticide qui est dangereux, et en plus dont nous savons qu'aujourd'hui il est un perturbateur endocrinien, c'est-à-dire qu'il a des risques pour la santé humaine, donc il est hors de question qu'on puisse utiliser à nouveau le glyphosate, donc je suis là complètement en accord avec la position défendue par le gouvernement, qui est une position de sagesse, qui est une position de précaution. De toute façon, le glyphosate, d'une manière générale les néonicotinoïdes, sont associés à un mode de production agricole qui est un mode de production qui a montré ses limites, qui est un mode de production qui pouvait aller dans les années 50-70, mais qui aujourd'hui ne correspond plus à des objectifs de développement durable, qui ne correspond plus au monde dans lequel on est aujourd'hui. Et donc nous devons orienter autrement notre système agricole pour qu'il soit moins dépendant de ces intrants, tout ce travail-là il est en train d'être fait, et il doit continuer.
GERARD LECLERC
On en parle justement, puisqu'effectivement les néonicotinoïdes font partie de la loi Biodiversité que vous défendez actuellement devant le Parlement, c'est donc des pesticides dangereux, notamment pour les abeilles. Le texte a fluctué, on a parlé d'une interdiction en 2017, puis en 2018, maintenant ce serait en 2020, pourquoi ?
BARBARA POMPILI
Parce qu'il y a des pressions très fortes de certains lobbys pour faire en sorte qu'il n'y ait pas cette interdiction. Parce que, d'abord ça rapporte énormément d'argent, ces insecticides, et en plus, encore une fois, les agriculteurs, aujourd'hui, ont été poussés, et là ce sont des choix politiques qui ont été faits, ont été poussés vers ce mode de production, qui « les oblige » à utiliser beaucoup de ces insecticides.
GERARD LECLERC
Donc les lobbys, vous dites, interviennent
BARBARA POMPILI
Oui, ils interviennent.
GERARD LECLERC
D'ailleurs on remarque d'ailleurs que c'est le Sénat qui plusieurs fois est revenus sur votre texte alors, qu'est-ce qu'on fait ?
BARBARA POMPILI
Eh bien face à cela, ce qu'on a essayé de faire nous c'est de tenir une position équilibrée, c'est-à-dire d'aller vers cette interdiction, et donc là, avec Stéphane LE FOLL, avec Ségolène ROYAL, on s'est mis d'accord, l'interdiction doit être dans la loi, mais on le fait en plusieurs étapes. C'est-à-dire qu'on commence à interdire à partir de 2018, en disant on interdit pour là où il existe des alternatives, et puis, au fur et à mesure, que les alternatives se font pour d'autres cultures, on interdit, pour interdiction, après, définitive, en 2020. Ça permet non seulement d'avoir cet objectif d'interdiction, pour notre santé, pour l'avenir de notre agriculture, mais aussi d'accompagner nos agriculteurs dont certains, sur certaines cultures, ont besoin d'un peu de temps pour s'adapter, c'est notre rôle aussi que de les accompagner, que de ne pas les laisser dans une situation de blocage, ce qui serait évidemment inacceptable.
GERARD LECLERC
Un mot rapide sur l'huile de palme, qui est responsable de la destruction de forêts. Alors là aussi, là il n'est pas question d'interdiction, mais de taxer pour favoriser l'huile de palme durable. En quelques mots.
BARBARA POMPILI
Oui, l'huile de palme aujourd'hui, elle bénéficie d'une niche fiscale, alors qu'il n'y a aucune raison, surtout que l'huile de palme, aujourd'hui, est quand même responsable de la déforestation dans certains pays dont l'Indonésie et la Malaisie.
GERARD LECLERC
Mais en même temps on ne peut pas l'interdire ?
BARBARA POMPILI
Non, parce que d'abord c'est une huile qui est utilisée, qui peut avoir un intérêt si elle est bien utilisée, et puis il ne faut pas oublier qu'il y a des pays qui sont sortis de la pauvreté grâce à cette production, donc nous on n'est pas là pour dire, on vous laisse dans les difficultés, et puis on ne s'en occupe plus. Donc, évidemment on supprime l'avantage fiscal, parce que là ce n'était pas normal, donc on supprime l'avantage fiscal, et parallèlement, par contre, on donne un avantage fiscal aux huiles certifiées durables, qui ont beaucoup augmenté, aujourd'hui la proportion a été multipliée par 10, des huiles certifiées durables, pour aider ces pays, justement, à s'orienter vers des productions qui n'attaquent plus la forêt, qui sont plus respectueuses de l'environnement. Donc nous, notre travail, c'est d'aller avec ces pays pour les aider à se développer, mais à se développer sans faire les mêmes erreurs que nous nous avons faites pendant très longtemps.
GERARD LECLERC
Il y a également dans la loi, mais on n'a plus le temps d'en parler malheureusement, la création d'une Agence de la biodiversité. Je voudrais quand même qu'on dise un mot de l'affaire BAUPIN. Vous n'avez pas témoigné contre lui, comme huit femmes l'ont fait, huit femmes d'Europe Ecologie-Les Verts, certains vous l'ont reproché d'ailleurs, vous dites que vous n'avez pas été harcelée, ce qui est peut-être après tout
BARBARA POMPILI
Je ne vais quand même pas inventer des harcèlements pour satisfaire un certain nombre de personnes. Evidemment je n'ai pas à douter des accusations qui ont été portées, et c'est pourquoi la justice doit en être saisie
GERARD LECLERC
Mais vous, vous n'avez pas été concernée.
BARBARA POMPILI
Mais je n'ai pas été concernée par ces méthodes. Je connais Denis BAUPIN, je sais qu'il peut avoir des tendances à la drague, est-ce qu'il a passé les bornes, ce n'est pas à moi de le dire, c'est à la justice, mais en tout cas moi je n'en n'ai pas été victime et je n'en n'ai jamais été témoin.
GERARD LECLERC
Alors, il y a quand même le sexisme en politique, ça est-ce que ça existe, est-ce que vous l'avez rencontré, est-ce que vous auriez pu signer cet appel qui a été signé par 16 anciennes ministres contre le sexisme et le harcèlement en politique ?
BARBARA POMPILI
Oui, bien sûr qu'il existe du sexisme en politique, bien sûr qu'il existe un sexisme très fort, mais je dirais bien dans notre société. Moi, les manifestations de sexisme dans mon entourage j'en ai eues, mais des manifestations de sexisme au quotidien, que je reçois, et que toutes les femmes politiques reçoivent, c'est sur les réseaux sociaux, c'est dans certains journaux. J'en avais parlé, je vais avoir l'occasion de m'en expliquer, avec des gens de Libération qui ont enfin décidé de me contacter, mais le portrait de Libération, de moi, il y a 2 ans, était extrêmement humiliant. Donc, c'est un système qui existe, auquel il faut s'attaquer, mais ce que je reproche aux appels qui ont été faits, c'est que ce sont des appels uniquement de femmes, laissant penser que tous les hommes sont une armée d'obsédés et imbus de leur importance. Non, il y a plein d'hommes qui sont aussi dans le combat féministe, ces hommes se sentent aujourd'hui un petit peu exclus de ce qui est en train de se passer, et moi ce que je voudrais c'est qu'ensemble on travaille contre le sexisme, ensemble on laisse les femmes qui ont été harcelées, justement, pouvoir libérer leur parole. Mais par contre attention de ne pas tout mélanger, moi j'ai peur aussi d'un espèce de retour à l'ordre moral qui ne me paraîtrait pas être une bonne chose, donc sachons être rationnels et faire la part des choses dans cette histoire, ne laissons pas une forme d'excitation ou d'hystérie, même si je déteste ce mot, s'emparer du débat sur ces questions-là.
GERARD LECLERC
Merci Barbara POMPILI.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 mai 2016