Texte intégral
ALICE DARFEUILLE
L'invité politique de la Matinale, ce matin je reçois Barbara POMPILI, bonjour à vous.
BARBARA POMPILI
Bonjour.
ALICE DARFEUILLE
Vous êtes secrétaire d'Etat à la Biodiversité. Avant de parler de l'actualité de ces derniers jours, de votre actualité, j'aimerai aussi vous entendre sur cette nouvelle polémique ce matin sur les éventuelles failles de sécurité à Nice le soir du 14 juillet. Le journal Libération explique ce matin, photos à l'appui, que le soir du drame, au moment où le camion a forcé l'entrée de la Promenade des Anglais, ce sont des policiers municipaux qui étaient présents sur place, au niveau de ce premier point d'entrée, et non des fonctionnaires de la Police nationale, comme l'avait expliqué le ministère de l'Intérieur au lendemain de l'attentat. Bernard CAZENEUVE a réagi, il parle dans un communiqué de « procédé qui relève du complotisme, de procédé grave », il va y avoir une conférence de presse ce matin du directeur de la Sécurité publique. Question simple : est-ce que Bernard CAZENEUVE a parlé trop vite ?
BARBARA POMPILI
Ecoutez, franchement, des articles sensationnalistes comme ça, j'aimerais savoir ce qu'ils apportent au débat. On a un dispositif, qui est un dispositif qui n'a pas été pris tout seul dans son coin, ce dispositif de sécurité sur le 14 juillet ça a été répété à de nombreuses reprises, c'est un dispositif qui a été pris en lien entre la préfecture et la mairie de Nice. Donc, à moins de développer une théorie du complot qui engloberait la préfecture, la mairie de Nice et puis le monde entier, à un moment il faut bien voir qu'il y a eu un dispositif, que ce dispositif, effectivement, mettait en oeuvre un travail entre la police nationale et la police municipale, ils s'étaient repartis un certain nombre de points. Donc, il y a une opération de totale transparence qui a été faite par le gouvernement sur cette question, on a mis à plat ce qui a été fait, il va y avoir une conférence de presse, encore aujourd'hui, pour repréciser les choses, là on est en train de monter de la polémique, dans quel but ? Je n'en sais rien.
ALICE DARFEUILLE
Ce que cherche à savoir Libération c'est si le dispositif qui a été décrit par le ministre de l'Intérieur était bien celui qui était en vigueur ce soir-là.
BARBARA POMPILI
Mais, encore une fois, c'est un dispositif transparent, c'est un dispositif qui était décidé en lien avec la mairie de Nice. Donc, soit tout le monde ment, la préfecture, la mairie de Nice, et il y a un complot mondial pour ne pas expliquer ce qui se passe, ou bien on peut simplement se dire que, effectivement, il y avait un dispositif en place. Effectivement on peut débattre de l'amélioration des conditions de sécurité, c'est ce qui a été fait notamment dans le débat sur la prolongation de l'état d'urgence, on peut débattre, mais à un moment sortons des polémiques stériles et essayons d'être utiles et d'avancer ensemble. Encore une fois, les théories du complot, ce n'est jamais très bon.
ALICE DARFEUILLE
La prolongation de l'état d'urgence à présent, un texte commun a été trouvé hier soir entre les sénateurs et les députés, cette version finale doit maintenant être votée à l'Assemblée nationale puis au Sénat, ce qui est une simple formalité. Cette prolongation, et ces nouvelles mesures pour muscler cet état d'urgence, entreront en vigueur à partir du 27 juillet prochain. Est-ce que ce compromis, cette dernière version, est la bonne selon vous ?
BARBARA POMPILI
A partir du moment où les députés et les sénateurs ont réussi à se mettre d'accord sur la meilleure solution possible, dans le contexte actuel, je crois qu'on avance, et encore une fois c'est comme ça qu'on doit avancer, c'est tous ensemble. On peut débattre, j'ai entendu dans les débats ces derniers jours des choses un petit peu scandaleuses, mais globalement, si on veut avancer, si on veut lutter contre le terrorisme, si on veut que la France s'en sorte, il faut qu'on travaille ensemble, c'est le rôle du Parlement, je suis contente qu'ils aient réussi à trouver un accord.
ALICE DARFEUILLE
La droite avait proposé pas mal de mesures, qui ont été entendues, intégrées à cet état d'urgence. L'offensive sécuritaire de la droite est réussie tout de même !
BARBARA POMPILI
Non, ne mélangeons pas tout. Que l'opposition nationale fasse des propositions et que parmi ces propositions il y en ait qui soient retenues, et d'autres rejetées, c'est le travail démocratique normal. Après, quand on parle de dérive sécuritaire, non. On a des questions qui se posent sur le renforcement de notre sécurité dans une période d'attentats, maintenant jamais nous ne devons perdre de vue que nous sommes dans un Etat de droit, que c'est aussi pour ça que nous sommes attaqués, parce que nous sommes un pays de liberté, donc toujours, toujours, quand nous prenons des mesures, gardons en tête que nous devons rester à l'intérieur de cet Etat de droit et ne pas tomber dans des excès qui pourraient nous entraîner dans de graves dérives.
ALICE DARFEUILLE
Justement, je pense à la fermeture des lieux de culte dans lesquels sont tenus des propos incitant à la haine et la violence, une mesure a été intégrée à cet état d'urgence pour faciliter ces fermetures. C'est une mesure difficile à appliquer.
BARBARA POMPILI
Ce n'est pas simple à appliquer mais ça existait déjà, il y a déjà eu un certain nombre de lieux de culte qui ont été fermés suite à ce genre d'incidents. Donc, encore une fois, là on est simplement dans la facilitation de mesures qui existaient déjà. Et puis ça, ça a été proposé, il me semble, au Sénat, voilà un compromis qui a été trouvé et qui montre que l'on peut avancer quand on est dans le débat démocratique, et j'insiste beaucoup là-dessus, nous devons toujours être vigilants. Nous sommes dans un Etat de droit et de liberté, ne l'oublions jamais, c'est aussi ça qu'on veut détruire, on veut nous séparer, on veut nous diviser, on veut créer des guerres entre nous, ne tombons pas dans ce piège.
ALICE DARFEUILLE
Lors du débat à l'Assemblée nationale 26 voix de députés ont voté contre cette prolongation de l'état d'urgence, et parmi ces députés beaucoup de gauche, beaucoup écologistes aussi. Je m'adresse à l'ancienne membre du parti des écologistes. Il y a par exemple Isabelle ATTARD qui considère que l'état d'urgence n'a montré son efficacité que dans les premiers mois, les faits ne lui donnent pas vraiment tort.
BARBARA POMPILI
Isabelle ATTARD n'est membre d'aucun parti écologiste à ma connaissance. Vous savez, les écologistes aujourd'hui c'est une famille
ALICE DARFEUILLE
Elle est dans les non-inscrits en l'occurrence, aux côtés de Cécile DUFLOT et Noël MAMERE.
BARBARA POMPILI
Voilà, très séparée, très éclatée. Ça ne vous aura pas échappé que nous sommes un certain nombre d'écologistes à avoir quitté le parti EELV parce que c'était un parti qui était en train de se recroqueviller et de se mettre dans une position d'être contre tout, donc de ne participer à aucune construction collective, eh bien ils le montrent encore avec ce vote sur l'état d'urgence, qui n'est pas étonnant, qui est le même que celui qu'ils ont eu, déjà, à de nombreuses reprises. Donc, c'est une partie des écologistes, mais qui ne correspondent pas du tout à ce que je ressens et à ce que ressentent une grande partie des écologistes, qui aujourd'hui veulent avancer ensemble et trouver des solutions. Aujourd'hui on ne peut pas faire comme si on était dans un monde où il n'y avait pas d'attentat, on ne peut pas faire comme si on était dans un monde où il n'y avait pas de grosse déchirure dans notre société, avec les extrêmes, les fascismes, qui sont en train de pousser, et contre lesquels nous devons lutter.
ALICE DARFEUILLE
« La menace terroriste est permanente, il faut vivre avec », c'est ce que dit Manuel VALLS, et dans le même temps le ministre de l'Intérieur disait hier dans une interview au Monde que « l'état d'urgence ne peut pas être permanent. » Il n'y a pas une contradiction ?
BARBARA POMPILI
Non, l'état d'urgence, là, a été prolongé parce qu'on a été confrontés à un attentat qui nous a remis dans une imminence de danger, et donc cet état d'imminence le gouvernement s'est dit « c'est dommage de se priver de cet outil de l'état d'urgence, là maintenant, tout de suite. »
ALICE DARFEUILLE
A quel moment on prend la responsabilité de le lever, cet état ?
BARBARA POMPILI
Il va bien évidemment falloir en sortir. On a pris un certain nombre de mesures législatives qui aujourd'hui sont en cours de mise en place et qui vont bientôt être tout opérationnelles qui permettront justement de pouvoir sortir de l'état d'urgence entre guillemets tranquillement mais n'oublions pas aussi et c'est aussi un point sur lequel qui pour moi est très important, c'est que nous sommes dans un monde où nous essayons de nous diviser, enfin certains essayent de nous diviser où beaucoup de forces essayent de nous éclater, n'oublions pas quand même que nous sommes tous les citoyens d'une même terre et j'insiste aussi beaucoup là-dessus parce que cet humanisme que nous devons avoir en tête, c'est aussi pour ça que je suis écologiste, c'est se rappeler que nous partageons le même monde et que nous devons vivre ensemble dans le même monde que nous devons aussi protéger ce monde
ALICE DARFEUILLE
Justement, la classe politique a-t-elle été à la hauteur selon vous ? Je pense notamment au débat à l'Assemblée nationale sur la prolongation de l'état d'urgence marqué par du chahut, des cris, des invectives ? Est-ce que certains ne sont pas allés trop loin ?
BARBARA POMPILI
Beaucoup tombent assez bas et ne savent pas être à la hauteur du débat qui mérite d'être mené aujourd'hui
ALICE DARFEUILLE
Qui par exemple ?
BARBARA POMPILI
Oh bah écoutez, beaucoup de gens de l'opposition notamment parce que c'est eux qui ont fait beaucoup de bruit. Moi, je ne suis pas là pour pointer untel ou untel mais quand on est dans une période grave, dans une période de guerre comme aujourd'hui, savoir garder de la hauteur, savoir aussi ne pas mentir aux gens, ne pas raconter qu'on peut empêcher tous les attentats, qu'il suffirait de mettre des lance-roquettes pour empêcher un camion de foncer dans la foule, je crois que l'on mérite, notre démocratie mérite un débat à la hauteur.
ALICE DARFEUILLE
Un mot sur la loi Travail. Le Premier ministre hier, Manuel VALLS, a une nouvelle fois utilisé l'article 49-3 donc après cinq mois de polémiques politiques et de contestations sociales aussi. Cette loi sera définitivement considérée comme adoptée dans un délai de 24 heures, soit cet après-midi. C'est la quille pour reprendre les mots du journal Le Parisien ce matin ?
BARBARA POMPILI
Non. On arrive à la fin d'un processus, ça a été un processus douloureux mais cette loi devait être mise en place on va enfin pouvoir entrer dans son application et montrer justement, faire sortir des fantasmes, montrer que cette loi aide à faciliter le monde du travail d'une manière générale ; elle aide à faciliter le travail des chefs d'entreprise mais aussi des salariés, leur donne des protections. Sortons des fantasmes, on va être dans le réel et c'est une très bonne chose et d'ailleurs, ce n'est pas la seule loi qui a été adoptée hier
ALICE DARFEUILLE
Justement, on y vient. C'est votre actualité. Le projet de loi sur la biodiversité qui a été définitivement adopté hier. Que retenir de cette version finale ?
BARBARA POMPILI
Ecoutez, malheureusement, le contexte ne s'y prête pas et pourtant, cette loi est une grande loi, c'est la première loi depuis quarante ans qui offre enfin un cadre pour la préservation de la biodiversité, qui va donner à tous ceux qui agissent dans le quotidien aux élus, aux bâtisseurs d'une manière générale un cadre qui va leur permettre de pouvoir le faire en toute sécurité et sans abimer notre biodiversité. Il va y avoir une nouvelle agence qui va être créée, qui va être un relais et qui va permettre de monter et d'aider tous ceux qui travaillent sur ces questions et puis, on va avoir aussi quelques mesures symbolique comme l'interdiction des néonicotinoïdes donc ces insecticides tueurs d'abeilles qui a été adopté hier, qui est un vrai progrès. Pourquoi ? Parce que notre agriculture doit être accompagnée dans une évolution vers moins de pesticides et bien voilà, on est dans le concret.
ALICE DARFEUILLE
On pourra les utiliser encore jusqu'en 2020 tout de même !
BARBARA POMPILI
Non, 2018. L'interdiction est en 2018 ; on a fait un certain nombre de dérogations mais qui seront très strictement encadrées pour là où il y aurait des vrais problèmes de transition. On n'est pas là pour mettre nos agriculteurs dans la difficulté. On est là pour les accompagner dans une transition. Cette loi est une grande loi on aura le temps certainement de refaire le point un peu plus longuement mais enfin, nous travaillons pour le vivre ensemble. N'oublions pas qu'aujourd'hui, la protection de la nature, c'est un sujet géopolitique. Aujourd'hui, des guerres ont lieu à cause de l'accès aux ressources naturelles. Donc le fait de protéger nos ressources naturelles, le fait de protéger le tissu de la vie, c'est absolument important. Je sais, on a toujours l'impression que ça passe en troisième priorité mais non, c'est le sujet essentiel de la vie.
ALICE DARFEUILLE
Et ce qui est important aussi, c'est que le préjudice écologique sera désormais inscrit dans le Code civil, c'est important de le signaler. Les débats ont été compliqués, je crois savoir, notamment au Sénat. La protection des abeilles, ça ne parle pas à tous les sénateurs !
BARBARA POMPILI
Non ! Il y a encore quelques élus du monde rural qui croient qu'on ne peut pas protéger la biodiversité et protéger le développement économique dans le monde du rural. C'est l'inverse. La protection de la biodiversité, l'écologie, ça crée de nombreux emploi que ce soit en ville ou en campagne, c'est une chance de développement et dans cette période un peu difficile, un peu de bonnes nouvelles et un peu de perspective positive, c'est une bonne chose et je suis heureuse d'avoir apporté ma contribution avec Ségolène ROYAL à cette belle loi qui va avoir des belles conséquences pour notre pays.
ALICE DARFEUILLE
Et on terminera sur cette bonne nouvelle donc. Merci beaucoup Barbara POMPILI d'avoir été l'invitée de la matinale.Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 juillet 2016
L'invité politique de la Matinale, ce matin je reçois Barbara POMPILI, bonjour à vous.
BARBARA POMPILI
Bonjour.
ALICE DARFEUILLE
Vous êtes secrétaire d'Etat à la Biodiversité. Avant de parler de l'actualité de ces derniers jours, de votre actualité, j'aimerai aussi vous entendre sur cette nouvelle polémique ce matin sur les éventuelles failles de sécurité à Nice le soir du 14 juillet. Le journal Libération explique ce matin, photos à l'appui, que le soir du drame, au moment où le camion a forcé l'entrée de la Promenade des Anglais, ce sont des policiers municipaux qui étaient présents sur place, au niveau de ce premier point d'entrée, et non des fonctionnaires de la Police nationale, comme l'avait expliqué le ministère de l'Intérieur au lendemain de l'attentat. Bernard CAZENEUVE a réagi, il parle dans un communiqué de « procédé qui relève du complotisme, de procédé grave », il va y avoir une conférence de presse ce matin du directeur de la Sécurité publique. Question simple : est-ce que Bernard CAZENEUVE a parlé trop vite ?
BARBARA POMPILI
Ecoutez, franchement, des articles sensationnalistes comme ça, j'aimerais savoir ce qu'ils apportent au débat. On a un dispositif, qui est un dispositif qui n'a pas été pris tout seul dans son coin, ce dispositif de sécurité sur le 14 juillet ça a été répété à de nombreuses reprises, c'est un dispositif qui a été pris en lien entre la préfecture et la mairie de Nice. Donc, à moins de développer une théorie du complot qui engloberait la préfecture, la mairie de Nice et puis le monde entier, à un moment il faut bien voir qu'il y a eu un dispositif, que ce dispositif, effectivement, mettait en oeuvre un travail entre la police nationale et la police municipale, ils s'étaient repartis un certain nombre de points. Donc, il y a une opération de totale transparence qui a été faite par le gouvernement sur cette question, on a mis à plat ce qui a été fait, il va y avoir une conférence de presse, encore aujourd'hui, pour repréciser les choses, là on est en train de monter de la polémique, dans quel but ? Je n'en sais rien.
ALICE DARFEUILLE
Ce que cherche à savoir Libération c'est si le dispositif qui a été décrit par le ministre de l'Intérieur était bien celui qui était en vigueur ce soir-là.
BARBARA POMPILI
Mais, encore une fois, c'est un dispositif transparent, c'est un dispositif qui était décidé en lien avec la mairie de Nice. Donc, soit tout le monde ment, la préfecture, la mairie de Nice, et il y a un complot mondial pour ne pas expliquer ce qui se passe, ou bien on peut simplement se dire que, effectivement, il y avait un dispositif en place. Effectivement on peut débattre de l'amélioration des conditions de sécurité, c'est ce qui a été fait notamment dans le débat sur la prolongation de l'état d'urgence, on peut débattre, mais à un moment sortons des polémiques stériles et essayons d'être utiles et d'avancer ensemble. Encore une fois, les théories du complot, ce n'est jamais très bon.
ALICE DARFEUILLE
La prolongation de l'état d'urgence à présent, un texte commun a été trouvé hier soir entre les sénateurs et les députés, cette version finale doit maintenant être votée à l'Assemblée nationale puis au Sénat, ce qui est une simple formalité. Cette prolongation, et ces nouvelles mesures pour muscler cet état d'urgence, entreront en vigueur à partir du 27 juillet prochain. Est-ce que ce compromis, cette dernière version, est la bonne selon vous ?
BARBARA POMPILI
A partir du moment où les députés et les sénateurs ont réussi à se mettre d'accord sur la meilleure solution possible, dans le contexte actuel, je crois qu'on avance, et encore une fois c'est comme ça qu'on doit avancer, c'est tous ensemble. On peut débattre, j'ai entendu dans les débats ces derniers jours des choses un petit peu scandaleuses, mais globalement, si on veut avancer, si on veut lutter contre le terrorisme, si on veut que la France s'en sorte, il faut qu'on travaille ensemble, c'est le rôle du Parlement, je suis contente qu'ils aient réussi à trouver un accord.
ALICE DARFEUILLE
La droite avait proposé pas mal de mesures, qui ont été entendues, intégrées à cet état d'urgence. L'offensive sécuritaire de la droite est réussie tout de même !
BARBARA POMPILI
Non, ne mélangeons pas tout. Que l'opposition nationale fasse des propositions et que parmi ces propositions il y en ait qui soient retenues, et d'autres rejetées, c'est le travail démocratique normal. Après, quand on parle de dérive sécuritaire, non. On a des questions qui se posent sur le renforcement de notre sécurité dans une période d'attentats, maintenant jamais nous ne devons perdre de vue que nous sommes dans un Etat de droit, que c'est aussi pour ça que nous sommes attaqués, parce que nous sommes un pays de liberté, donc toujours, toujours, quand nous prenons des mesures, gardons en tête que nous devons rester à l'intérieur de cet Etat de droit et ne pas tomber dans des excès qui pourraient nous entraîner dans de graves dérives.
ALICE DARFEUILLE
Justement, je pense à la fermeture des lieux de culte dans lesquels sont tenus des propos incitant à la haine et la violence, une mesure a été intégrée à cet état d'urgence pour faciliter ces fermetures. C'est une mesure difficile à appliquer.
BARBARA POMPILI
Ce n'est pas simple à appliquer mais ça existait déjà, il y a déjà eu un certain nombre de lieux de culte qui ont été fermés suite à ce genre d'incidents. Donc, encore une fois, là on est simplement dans la facilitation de mesures qui existaient déjà. Et puis ça, ça a été proposé, il me semble, au Sénat, voilà un compromis qui a été trouvé et qui montre que l'on peut avancer quand on est dans le débat démocratique, et j'insiste beaucoup là-dessus, nous devons toujours être vigilants. Nous sommes dans un Etat de droit et de liberté, ne l'oublions jamais, c'est aussi ça qu'on veut détruire, on veut nous séparer, on veut nous diviser, on veut créer des guerres entre nous, ne tombons pas dans ce piège.
ALICE DARFEUILLE
Lors du débat à l'Assemblée nationale 26 voix de députés ont voté contre cette prolongation de l'état d'urgence, et parmi ces députés beaucoup de gauche, beaucoup écologistes aussi. Je m'adresse à l'ancienne membre du parti des écologistes. Il y a par exemple Isabelle ATTARD qui considère que l'état d'urgence n'a montré son efficacité que dans les premiers mois, les faits ne lui donnent pas vraiment tort.
BARBARA POMPILI
Isabelle ATTARD n'est membre d'aucun parti écologiste à ma connaissance. Vous savez, les écologistes aujourd'hui c'est une famille
ALICE DARFEUILLE
Elle est dans les non-inscrits en l'occurrence, aux côtés de Cécile DUFLOT et Noël MAMERE.
BARBARA POMPILI
Voilà, très séparée, très éclatée. Ça ne vous aura pas échappé que nous sommes un certain nombre d'écologistes à avoir quitté le parti EELV parce que c'était un parti qui était en train de se recroqueviller et de se mettre dans une position d'être contre tout, donc de ne participer à aucune construction collective, eh bien ils le montrent encore avec ce vote sur l'état d'urgence, qui n'est pas étonnant, qui est le même que celui qu'ils ont eu, déjà, à de nombreuses reprises. Donc, c'est une partie des écologistes, mais qui ne correspondent pas du tout à ce que je ressens et à ce que ressentent une grande partie des écologistes, qui aujourd'hui veulent avancer ensemble et trouver des solutions. Aujourd'hui on ne peut pas faire comme si on était dans un monde où il n'y avait pas d'attentat, on ne peut pas faire comme si on était dans un monde où il n'y avait pas de grosse déchirure dans notre société, avec les extrêmes, les fascismes, qui sont en train de pousser, et contre lesquels nous devons lutter.
ALICE DARFEUILLE
« La menace terroriste est permanente, il faut vivre avec », c'est ce que dit Manuel VALLS, et dans le même temps le ministre de l'Intérieur disait hier dans une interview au Monde que « l'état d'urgence ne peut pas être permanent. » Il n'y a pas une contradiction ?
BARBARA POMPILI
Non, l'état d'urgence, là, a été prolongé parce qu'on a été confrontés à un attentat qui nous a remis dans une imminence de danger, et donc cet état d'imminence le gouvernement s'est dit « c'est dommage de se priver de cet outil de l'état d'urgence, là maintenant, tout de suite. »
ALICE DARFEUILLE
A quel moment on prend la responsabilité de le lever, cet état ?
BARBARA POMPILI
Il va bien évidemment falloir en sortir. On a pris un certain nombre de mesures législatives qui aujourd'hui sont en cours de mise en place et qui vont bientôt être tout opérationnelles qui permettront justement de pouvoir sortir de l'état d'urgence entre guillemets tranquillement mais n'oublions pas aussi et c'est aussi un point sur lequel qui pour moi est très important, c'est que nous sommes dans un monde où nous essayons de nous diviser, enfin certains essayent de nous diviser où beaucoup de forces essayent de nous éclater, n'oublions pas quand même que nous sommes tous les citoyens d'une même terre et j'insiste aussi beaucoup là-dessus parce que cet humanisme que nous devons avoir en tête, c'est aussi pour ça que je suis écologiste, c'est se rappeler que nous partageons le même monde et que nous devons vivre ensemble dans le même monde que nous devons aussi protéger ce monde
ALICE DARFEUILLE
Justement, la classe politique a-t-elle été à la hauteur selon vous ? Je pense notamment au débat à l'Assemblée nationale sur la prolongation de l'état d'urgence marqué par du chahut, des cris, des invectives ? Est-ce que certains ne sont pas allés trop loin ?
BARBARA POMPILI
Beaucoup tombent assez bas et ne savent pas être à la hauteur du débat qui mérite d'être mené aujourd'hui
ALICE DARFEUILLE
Qui par exemple ?
BARBARA POMPILI
Oh bah écoutez, beaucoup de gens de l'opposition notamment parce que c'est eux qui ont fait beaucoup de bruit. Moi, je ne suis pas là pour pointer untel ou untel mais quand on est dans une période grave, dans une période de guerre comme aujourd'hui, savoir garder de la hauteur, savoir aussi ne pas mentir aux gens, ne pas raconter qu'on peut empêcher tous les attentats, qu'il suffirait de mettre des lance-roquettes pour empêcher un camion de foncer dans la foule, je crois que l'on mérite, notre démocratie mérite un débat à la hauteur.
ALICE DARFEUILLE
Un mot sur la loi Travail. Le Premier ministre hier, Manuel VALLS, a une nouvelle fois utilisé l'article 49-3 donc après cinq mois de polémiques politiques et de contestations sociales aussi. Cette loi sera définitivement considérée comme adoptée dans un délai de 24 heures, soit cet après-midi. C'est la quille pour reprendre les mots du journal Le Parisien ce matin ?
BARBARA POMPILI
Non. On arrive à la fin d'un processus, ça a été un processus douloureux mais cette loi devait être mise en place on va enfin pouvoir entrer dans son application et montrer justement, faire sortir des fantasmes, montrer que cette loi aide à faciliter le monde du travail d'une manière générale ; elle aide à faciliter le travail des chefs d'entreprise mais aussi des salariés, leur donne des protections. Sortons des fantasmes, on va être dans le réel et c'est une très bonne chose et d'ailleurs, ce n'est pas la seule loi qui a été adoptée hier
ALICE DARFEUILLE
Justement, on y vient. C'est votre actualité. Le projet de loi sur la biodiversité qui a été définitivement adopté hier. Que retenir de cette version finale ?
BARBARA POMPILI
Ecoutez, malheureusement, le contexte ne s'y prête pas et pourtant, cette loi est une grande loi, c'est la première loi depuis quarante ans qui offre enfin un cadre pour la préservation de la biodiversité, qui va donner à tous ceux qui agissent dans le quotidien aux élus, aux bâtisseurs d'une manière générale un cadre qui va leur permettre de pouvoir le faire en toute sécurité et sans abimer notre biodiversité. Il va y avoir une nouvelle agence qui va être créée, qui va être un relais et qui va permettre de monter et d'aider tous ceux qui travaillent sur ces questions et puis, on va avoir aussi quelques mesures symbolique comme l'interdiction des néonicotinoïdes donc ces insecticides tueurs d'abeilles qui a été adopté hier, qui est un vrai progrès. Pourquoi ? Parce que notre agriculture doit être accompagnée dans une évolution vers moins de pesticides et bien voilà, on est dans le concret.
ALICE DARFEUILLE
On pourra les utiliser encore jusqu'en 2020 tout de même !
BARBARA POMPILI
Non, 2018. L'interdiction est en 2018 ; on a fait un certain nombre de dérogations mais qui seront très strictement encadrées pour là où il y aurait des vrais problèmes de transition. On n'est pas là pour mettre nos agriculteurs dans la difficulté. On est là pour les accompagner dans une transition. Cette loi est une grande loi on aura le temps certainement de refaire le point un peu plus longuement mais enfin, nous travaillons pour le vivre ensemble. N'oublions pas qu'aujourd'hui, la protection de la nature, c'est un sujet géopolitique. Aujourd'hui, des guerres ont lieu à cause de l'accès aux ressources naturelles. Donc le fait de protéger nos ressources naturelles, le fait de protéger le tissu de la vie, c'est absolument important. Je sais, on a toujours l'impression que ça passe en troisième priorité mais non, c'est le sujet essentiel de la vie.
ALICE DARFEUILLE
Et ce qui est important aussi, c'est que le préjudice écologique sera désormais inscrit dans le Code civil, c'est important de le signaler. Les débats ont été compliqués, je crois savoir, notamment au Sénat. La protection des abeilles, ça ne parle pas à tous les sénateurs !
BARBARA POMPILI
Non ! Il y a encore quelques élus du monde rural qui croient qu'on ne peut pas protéger la biodiversité et protéger le développement économique dans le monde du rural. C'est l'inverse. La protection de la biodiversité, l'écologie, ça crée de nombreux emploi que ce soit en ville ou en campagne, c'est une chance de développement et dans cette période un peu difficile, un peu de bonnes nouvelles et un peu de perspective positive, c'est une bonne chose et je suis heureuse d'avoir apporté ma contribution avec Ségolène ROYAL à cette belle loi qui va avoir des belles conséquences pour notre pays.
ALICE DARFEUILLE
Et on terminera sur cette bonne nouvelle donc. Merci beaucoup Barbara POMPILI d'avoir été l'invitée de la matinale.Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 juillet 2016