Interview de Mme Laurence Rossignol, ministre des familles, de l'enfance et des droits des femmes à France-Info le 3 août 2016, sur la réforme du prélèvement de l'impôt sur le revenu et le climat politique.

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Média : France Info

Texte intégral


SIMON LE BARON
L'invitée politique de France Info ce matin est ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des Femmes. Laurence ROSSIGNOL bonjour.
LAURENCE ROSSIGNOL
Bonjour.
SIMON LE BARON
Après avoir quitté ce studios tout à l'heure vous allez vous rendre à l'Elysée donc pour le dernier Conseil des ministres avant une pause de presque trois semaines, vous en avez besoin, on l'imagine que pour le gouvernement aussi la période est difficile.
LAURENCE ROSSIGNOL
On a besoin de retrouver un peu nos familles aussi. Les vacances c'est ce moment-là, c'est le moment où on se retrouve avec les siens. Les nôtres ont besoin de nous et nous avons besoin d'eux. Mais ce sera effectivement des vacances un peu particulières parce qu'en fait d'abord on ne décroche jamais totalement. Et puis là dans ce contexte on va être particulièrement vigilant et attentif à tout ce qui peut se passer aussi bien sur le plan des débats dans la société que sur le plan d'événements. Nous sommes toujours dans une période de menace terroriste élevée et aussi de menaces idéologiques sur nos sociétés.
SIMON LE BARON
Et justement dans ce contexte quelles sont les consignes que vous avez reçues de la part du chef de l'Etat et du Premier ministre ?
LAURENCE ROSSIGNOL
Les consignes sont toujours à peu près les mêmes : ne pas trop s'éloigner de Paris, pouvoir rentrer rapidement à Paris et suivre tout ce qui se passe à la fois dans nos propres secteurs mais globalement dans le pays.
SIMON LE BARON
Je le disais au programme de ce dernier Conseil des ministres, la dernière grande réforme du quinquennat c'est le prélèvement de l'impôt à la source. Vos collègues des Finances et du Budget paraissent confiants, ils disent qu'elle sera appliquée au 1er janvier 2018 quel que soit le résultat de la présidentielle. Est-ce qu'ils ont raison d'être aussi confiant, si on en croit la droite pas vraiment quand même.
LAURENCE ROSSIGNOL
Ils ont raison d'être confiants d'autant plus que c'est une réforme qui avait déjà été travaillée par des gouvernements antérieurs à nous. Je crois que déjà en 2002, 2004 la réforme avait été étudiée donc que nos collègues du budget et de Bercy ont retravaillé sur cette réforme, ils l'ont bien affinée et en particulier ce qui était important, de mon point de vue, ministre des Familles, c'était que le caractère familial de l'impôt sur le revenu soit bien protégé puisque qu'en France on a un système d'impôts qui prend en compte les charges familiales et il fallait articuler le prélèvement à la source et ce système familial ; donc ceci est fait de même que j'avais un petit sujet sur la manière dont les impôts allaient être prélevés dans les couples quand les salaires sont inégaux.
SIMON LE BARON
Oui.
LAURENCE ROSSIGNOL
Et là encore le ministère des Finances a trouvé la solution qui va permettre que les femmes par exemple quand elles gagnent moins que leurs maris ne se voient pas affecter par un prélèvement au taux de l'impôt du ménage, ce qui parfois l'amènerait à payer tout leur salaire en impôt du ménage.
SIMON LE BARON
Alors cette réforme malgré tout ne convient pas à la droite. Le président des Républicains de la commission des Finances, Gilles CARREZ, dit déjà que si la droite revient au pouvoir en 2017 cette réforme sera annulée notamment en raison des conditions de confidentialité et des risques d'après les opposants au texte pour la vie privée des contribuables.
LAURENCE ROSSIGNOL
Rien ne convient à la droite de ce que nous faisons de manière générale, donc aucune proposition…
SIMON LE BARON
La CGT par exemple, la CGT Finances qui était avec nous tout à l'heure, fait part de ses inquiétudes aussi pour la vie privée des contribuables.
LAURENCE ROSSIGNOL
Oui mais tous ces sujets-là ont été abordés, traités et sécurisés par la réforme et par le travail qui a été mené par Michel SAPIN et Christian ECKERT. Donc la confidentialité sera respectée quant à la droite, je le disais à l'instant je ne comprends pas tellement pourquoi elle est aussi hostile à cette réforme puisque sous les gouvernements de droite elle avait été envisagée, elle avait été travaillée donc il n'y avait pas de position de principe de la droite contre le prélèvement à la source ; donc là c'est juste parce que nous sommes dans une période où la droite préparant à la fois sa primaire et l'élection présidentielle est systématiquement contre tout ce qui émane du gouvernement, bon on fera avec et le débat aura plutôt lieu avec les Français qui eux vont y trouver des facilités et des avantages dans cette réforme qui par ailleurs ne change rien à la structure de l'impôt, c'est juste une technique de prélèvement, ce n'est pas une réforme fiscale, il faut aussi le rappeler.
SIMON LE BARON
Le chef de l'Etat, François HOLLANDE l'a dit hier soir, pas question de financer le culte musulman comme l'avait laissé entendre Manuel VALLS dans les colonnes de Libération. En revanche, le président de la République insiste sur la création d'une fondation pour l'Islam de France. Qui pourrait la présider d'après vous ?
LAURENCE ROSSIGNOL
Ecoutez, le bon profil selon moi c'est d'abord quelqu'un de culture musulmane, qui a une connaissance de la subtilité humaine de l'Islam, quelqu'un de laïque et peut-être le meilleur profil ce serait une femme également parce que…
SIMON LE BARON
Donc pas Jean-Pierre CHEVENEMENT comme l'a évoqué François HOLLANDE ?
LAURENCE ROSSIGNOL
Déjà il ne répond pas au troisième critère que je viens d'évoquer, c'est-à-dire le fait d'être une femme, parce qu'il y a un sujet qui est l'islam et les femmes comme il y a d'ailleurs un sujet dans toutes les religions, sur le rapport des religions aux femmes et je pense que ce serait bien qu'une femme puisse justement confronter les textes, la culture, la vie, le quotidien des femmes musulmanes et puisse aussi porter cette dimension d'égalité femme-homme qui est une dimension moderne et républicaine qui doit aujourd'hui concerner l'ensemble des religions.
SIMON LE BARON
Une dernière chose on parlait du prélèvement de l'impôt à la source, je voudrais parler aussi d'un autre sujet qui concerne de nombreux français c'est l'Allocation de rentrée scolaire, elle sera versée à 3 millions de familles quasiment à partir du 18 août, vous avez annoncé avec la ministre Marisol TOURAINE, votre collègue, qu'elle ne serait quasiment pas changée pour la deuxième année de suite, pour quelle raison ?
LAURENCE ROSSIGNOL
D'ailleurs parce que le taux d'indexation des prestations familiales est calé sur le coût de la vie déjà et c'est sur l'inflation, mais c'est surtout parce que cette prestation est augmentée de 25 %, en 2012 il y a eu une augmentation, une vraie, alors là c'était un coup de pouce, c'était un coup de main qui a été donné à l'Allocation de rentrée scolaire, et cette forte augmentation de 2012 fait qu'aujourd'hui l'Allocation de rentrée scolaire est une prestation qui est quand même élevée puisqu'elle est entre 363 et 393 euros selon l'âge de l'enfant. C'est une prestation que nous avons considéré pouvoir aujourd'hui être augmentée dans l'indexation logique de la période.
SIMON LE BARON
Laurence ROSSIGNOL, ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes, merci d'avoir été l'invitée politique de France info ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 4 août 2016