Texte intégral
Monsieur le président du conseil régional,
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le commissaire de la République,
Mesdames, Messieurs,
J'ai reçu ce matin les délégations syndicales. J'ai écouté les sidérurgistes.
Le gouvernement de la gauche est celui du dialogue. Celui de la concertation. Partout et toujours, je serai disponible pour une séance de travail, un échange de vue sérieux.
Les manifestations, je peux les comprendre. J'ai assez souvent défilé moi-même pour mesurer leur valeur symbolique. Elles ont été longtemps la seule arme face à des responsables qui se dérobaient à ce dialogue et à cette concertation. Ce n'est plus le cas aujourd'hui et vous le savez tous.
Les bousculades, je peux les excuser. J'ai été élevé dans un village de sidérurgistes. Je connais ces hommes et leur travail.
Les sidérurgistes, j'ai lutté à leurs côtés quand le capitalisme a foudroyé leurs entreprises. Je ne l'ai pas oublié.
Et je mets aujourd'hui, à leur construire un avenir, la même énergie qu'hier à les défendre.
C'est justement parce que je respecte profondément les sidérurgistes ;
C'est justement parce que je suis issu du même monde qu'eux ;
C'est justement parce que ma propre région est, comme la votre, frappée par la crise,
que je viens pour parler le langage de la franchise et de l'honnêteté.
Oui, nous traversons une crise.
Oui la sidérurgie est l'une des premières victimes.
Oui, la Lorraine, et en particulier certains bassins d'emploi comme Pompey et Longwy, sont sinistrés.
Oui vous avez le droit à la solidarité nationale et vous en bénéficierez. Tel est le premier message que je suis venu vous apporter.
Mais la solidarité ne suffit pas. Pour assurer l'avenir il nous faut reconstruire une sidérurgie nouvelle, forte et rentable. C'est-à-dire une sidérurgie qui prenne en compte l'évolution technologique.
La présence à mes côtés de M. Michel Rocard, ministre d'Etat, ministre du Plan et de l'Aménagement du territoire, de M. Jack Ralite, ministre de la Santé et de M. Jean le Garrec, ministre de l'Emploi ; de M. Jean Laurain, le ministre de votre région, de M. Louis Gallois, directeur général de l'industrie, qui représente M. Jean-Pierre Chevènement, que d'importantes négociations retiennent à l'étranger, et de M. Bernard Attali, Délégué à l'Aménagement du Territoire et à l'action régionale, atteste que le gouvernement mobilise tous ses moyens pour vous aider à affronter la crise de la sidérurgie et à croire en l'avenir.
Les difficultés de votre région sont nombreuses et lourdes. Les organisations syndicales me les ont décrites, le président de la région me les a rappelées.
Je ne viens pas pour vous apporter d'un coup toutes les solutions.
Je viens, plus sérieusement, vous donner les premiers résultats de l'action engagée par l'Etat, sachant qu'il ne s'agit que d'une étape et que les membres du gouvernement viendront en Lorraine régulièrement faire le point des grands dossiers et de leurs solutions.
Je voudrais aujourd'hui, pour l'essentiel, évoquer les problèmes des bassins sidérurgiques, et d'abord de la sidérurgie elle-même.
Je le dis ici avec solennité, la sidérurgie lorraine est une sidérurgie d'avenir.
Elle est d'avenir parce que les travailleurs y sont compétents et courageux,
parce que le minerai lorrain, maintenant délivré des coûts injustifiés qui le chargeaient, est un minerai compétitif,
parce que la nationalisation rend possible un effort d'investissement sans précédent
et parce qu'un énorme effort de développement technologique va être entrepris afin de rendre à cette industrie son caractère d'industrie de pointe. La sidérurgie doit redevenir capable de lutter efficacement avec ses concurrents les plus performants.
Pour la seule Lorraine, huit milliards de francs, je le rappelle, vont être investis pendant cinq ans dans la seule sidérurgie, soit un rythme annuel en augmentation de 50 % par rapport à la période précédente.
J'indique à cette occasion que le gouvernement a pris des dispositions pour que cet effort massif d'investissement soit l'occasion de développer l'industrie française des biens d'équipement sidérurgique. Grâce aux conclusions d'un rapport demandé à M. DELPECH, je peux vous dire que plus de 3000 emplois devraient être créés ou maintenus en Lorraine dans ce secteur.
J'ai écouté les organisations syndicales tout à l'heure. Certaines m'ont dit : il faut remettre les plans de la sidérurgie sur le métier, développer des ateliers dont l'arrêt est prévu, accroître les capacités.
A ceux-là je demande de regarder les choses en face comme le gouvernement les regarde.
La crise mondiale de la sidérurgie nous atteint de plein fouet. Il s'en faut de plusieurs millions de tonnes que nous atteignions cette année l'objectif ambitieux mais réaliste que nous nous sommes fixé pour 1986. Les plans ont été étudiés, discutés, arrêtés, présentés aux autorités communautaires. Il n'est pas possible de considérer qu'ils puissent être encore modifiés.
La concertation a eu lieu, les décisions sont prises. Nous les appliquons.
D'autres syndicalistes, en sens inverse, m'ont exprimé leur scepticisme quant à la réalisation effective du plan. En particulier ils doutent que le maintien à Pompey d'un tiers des effectifs actuels soit crédible. A ce scepticisme - que je rejette - il faut répondre par des faits.
Les voici : dès 1983 un investissement de 80 millions de francs sera engagé pour la modernisation des parachèvements des trains sud afin de compenser, par une meilleure qualité du produit fini, le léger surcoût lié au transport des blooms.
Pompey ne sera pas rayée de la carte.
J'ai aussi noté l'inquiétude des travailleurs sur un sujet très important : les fabrications actuelles des ateliers devant être arrêtées ne risquent-elles pas d'être transférées dans des usines étrangères ?
Cette inquiétude est légitime. Mais je tiens à vous rassurer. Le gouvernement a donné des instructions aux deux sociétés sidérurgiques pour que tout soit mis en oeuvre afin de maintenir sous contrôle français les fabrications en cause. Un premier pointage montre que plus de 90 % de ces fabrications pourront rester sur le territoire national et que les sacrifices demandés ne le sont donc pas en pure perte pour les travailleurs de notre pays.
J'ai noté aussi beaucoup d'inquiétude autour du problème des mines de fer. Je l'ai dit, le problème de leurs surcoûts artificiels est réglé. Il n'est donc plus admissible que leur part diminue sur le marché français au profit du minerai importé et cela ne se produira plus. Par contre coup, les fours à chaux de la Meuse en seront consolidés.
Les organisations syndicales ont enfin évoqué un problème à mes yeux fondamental : celui de la formation. Le véritable défi que nous lance le programme de modernisation de la sidérurgie, c'est que tous les travailleurs de la sidérurgie sont appelés à se former pour adapter leur compétence soit à la nouvelle dimension technologique des métiers de l'acier, soit à des métiers nouveaux créés dans les entreprises que je citerai tout à l'heure.
Je tiens à dire que ce qui sera fait dans ce domaine en Lorraine sera exceptionnel par l'ampleur et par les conditions de mise en oeuvre et de suivi. J'indiquerai dans quelques instants les équipements de formation qui seront mis en place.
Les stages seront organisés à l'initiative des organisations syndicales et des entreprises afin de garantir qu'il s'agit toujours de formations adaptées. Le secrétariat régional de la formation professionnelle, placé auprès du commissaire de la République, sera renforcé. Je ne verrais que des avantages à ce qu'une convention spéciale entre l'Etat et la région vienne compléter ce dispositif s'il en était besoin.
J'ai entendu le rappel fait par M. Rausch des autres grands dossiers industriels de la région. J'ai déjà dit que je souhaitais aujourd'hui parler essentiellement du dossier sidérurgique. Nous aurons prochainement d'autres occasions de parler du textile, de la chimie, de l'agriculture, de la filière bois, dont le développement bientôt mis en oeuvre par le gouvernement aura des retombées importantes dans la Meuse et dans les Vosges.
Je voudrais cependant vous donner tout de suite deux indications :
Tout d'abord sur la charbon.
C'est en Lorraine que se situe l'essentiel des réserves françaises de charbon, et nous en tirerons parti. Dès 1981, j'ai autorisé les Houillères du Bassin de Lorraine à investir 300 millions de francs pour augmenter la production du siège de La Houve de 8.500 tonnes par jour à 10.500 tonnes par jour. Une seconde étape visant à porter la production à 12.500 tonnes par jour sera réalisée dans le cadre du contrat de plan, qui définira pour le IXe plan, les relations entre l'Etat et les Charbonnages de France. A condition bien entendu que la productivité se redresse et permette le financement de cet investissement.
Je voudrais ensuite évoquer rapidement un problème difficile qui est celui des rejets salins des mines, le potasse d'Alsace. Vous connaissez les difficultés d'ordre international auxquelles nous sommes confrontés. A la demande du gouvernement, plusieurs rapports d'expertise ont été établis, notamment sur les conséquences économiques de telle ou telle solution. Ces rapports ont montré que les solutions jusqu'ici envisagées n'étaient pas praticables. Il va donc falloir en trouver d'autres qui ne devront pas conduire à la mise en cause d'un seul emploi en Lorraine.
J'en prends ici l'engagement.
La Lorraine, je vous l'ai dit, et vous le voyez, peut compter sur la solidarité nationale.
Des projets importants et créateurs d'emplois y seront dirigés. Le gouvernement vous aidera en outre à créer les conditions les plus favorables pour le développement de vos entreprises et pour l'accueil d'entreprises nouvelles.
Mais comme nous voulons que cet effort produise des résultats durables, nous donnons la priorité à :
- la formation, la recherche et l'innovation.
Ce sont les clefs de la revitalisation de votre industrie et de sa diversification. Le directeur général de l'ANVAR, M. Christian Marbach, qui est à mes côtés, fera prochainement au gouvernement des propositions en ce domaine. Vous connaissez la mission que je lui ai confiée.
Dès l'année prochaine, un programme exceptionnel de formations nouvelles sera mis en oeuvre par l'A.F.P.A. : 18 sections de formation seront créées à Nancy, à Thionville, à Metz, à Faulquemont-Saint-Avold, à Epinal et à Verdun.
Concernant la formation technologique supérieure, le département "informatique" de l'I.U.T. de Metz sera créé l'année prochaine. Je vous confirme qu'un second département sera ouvert à l'I.U.T. de Longwy dès la rentrée 1984. Sa vocation sera arrêtée avant la fin de l'année et les travaux engagés sans délai afin d'offrir de nouvelles qualifications aux jeunes du "Pays Haut".
A Nancy, en 1984, sera créé un centre de formation en génie chimique, dans le cadre de l'institut national polytechnique de Lorraine. Il sera tourné vers les applications industrielles de la chimie du charbon.
A Metz, les installations de l'institut de soudure seront développées, et 50 chercheurs viendront renforcer l'I.R.S.I.D. à Maizières-les-Metz.
L'agence pour le développement de la production automatisée (l'ADEPA) créera, dès l'année prochaine, une antenne en Lorraine, en liaison avec les entreprises et les organismes locaux. Cette antenne diffusera dans les entreprises de nouveaux processus destinés à améliorer leur compétitivité.
Dans ce domaine, j'ai demandé aussi au groupe Saint-Gobain de faire bénéficier les entreprises lorraines des compétences tout à fait remarquables rassemblées dans son centre de recherche de Pont-à-Mousson, et je sais qu'il y est prêt.
Pour renforcer votre capacité dans le domaine de l'informatique, c'est à Nancy que sera installé d'ici 1984 le quatrième centre de calcul inter-universitaire du schéma directeur du ministère de l'éducation nationale. Je sais l'importance de ce projet, qui va irriguer tout le potentiel de recherche lorrain et qui sera largement ouvert aux entreprises.
Au-delà de ces premières et importantes décisions, je sais qu'il existe d'autres projets en préparation. Je peux vous donner l'assurance que l'Etat soutiendra toutes les initiatives qui contribueraient au renforcement de vos capacités technologiques.
Assurer des meilleures conditions pour l'accueil et le développement des entreprises, c'est d'abord améliorer les conditions de vie des travailleurs.
Le gouvernement a donc décidé d'apporter son concours, dès l'année prochaine, aux premières expériences de réhabilitation des logements ouvriers de la sidérurgie. Le Commissaire de la République est chargé de mettre au point les modalités de ces opérations avec la région qui sera appelée à y apporter également son concours.
Assurer de meilleures conditions d'accueil des entreprises, c'est aussi un effort d'envergure pour les infrastructures de communication.
Sous réserve de l'accord de l'établissement public régional, et avec sa participation, un vaste programme pluriannuel sera engagé d'ici la fin du IXe plan. Venant en complément des actions en cours, il comporte trois objectifs :
1) le désenclavement des bassins sidérurgiques du "Pays Haut", c'est-à-dire le contournement autoroutier de Thionville et la section Mont-Saint-Martin/Longlaville de la rocade de Longwy.
2) le désenclavement des vallées vosgiennes c'est-à-dire la déviation de Remiremont, le contournement de Saint-Dié, la mise à deux fois deux voies de la RN 415 entre Saint-Dié et Saulcy sur Meurthe, et de certaines sections de la nationale 59 entre Lunéville et Saint-Dié.
3) l'amélioration de la RN 4 par son doublement sur la section et de la déviation de Toul, entre Ligny et Void, et entre Ludre et Hudivilliers.
J'en viens au dispositif financier d'aide à l'industrialisation.
Une enveloppe spécifique de 500 millions de francs sur 5 ans est affectée à la Lorraine, dont l'utilisation sera pour l'essentiel décidée en Lorraine.
Ceci est doublement nouveau : jamais un effort d'une telle ampleur n'a été décidé, et pour la première fois les décisions ne seront plus prises à Paris.
Cette enveloppe comprend d'abord 300 millions au titre des sociétés de reconversion qui ont été créées par les groupes sidérurgiques : SODILOR et SOLODEV.
Ces deux sociétés sont bien entendu installées dans la région. Et dans mon esprit il ne s'agit pas de simples guichets. Elles doivent jouer un rôle très actif de prospection, de conseils aux entreprises, d'aides techniques.
Elles apporteront d'ailleurs des aides de toutes natures : prêts participatifs sans garantie et autres formes de prêts, participation au capital, avances en compte courant...
Chaque fois que cela sera possible, elles mobiliseront d'autres partenaires financiers. Elles pourront aussi participer, à titre minoritaire, à l'institut de participation dont vous souhaitez la création et que l'Etat soutiendra.
La région et les organismes financiers régionaux pourront, s'ils le souhaitent, entrer dans leur capital, afin de siéger dans leurs conseils d'administration aux côtés des représentants des groupes sidérurgiques et du commissaire de la République de la région.
SODILOR et SOLODEV seront également dotées de comités d'orientation qui seront consultés régulièrement. Ces comités comprendront des élus locaux, des responsables syndicaux, des responsables consulaires, des personnalités qualifiées et des représentants de l'Etat.
Aux 300 millions des sociétés de conversion s'ajouteront 150 millions de prêts participatifs et 50 millions de crédits de politique industrielle.
Les crédits d'Etat seront bien entendu gérés par l'Etat, mais une large association des élus régionaux sera réalisée pour la définition des grandes orientations.
Les crédits de politique industrielle feront l'objet de dotations annuelles déconcentrées.
En ce qui concerne les prêts participatifs, les décisions d'engagement seront prises, jusqu'à un montant d'un million de francs, par un comité placé sous la présidence du commissaire de la République de la région, et qui comprendra les chefs de services de l'Etat intéressés, ainsi qu'un représentant des services de la région.
Bien entendu, ces crédits spécifiques s'ajoutent aux crédits normaux et je rappelle à ce sujet que la DATAR utilisera à fond le dispositif de la prime d'aménagement du territoire pour favoriser la localisation des projets dans les bassins sidérurgiques. Elle a déjà obtenu des premiers résultats dont je vais maintenant vous faire part.
Trois mois après l'approbation du plan sidérurgique, je suis en mesure aujourd'hui de vous annoncer un certain nombre de décisions précises correspondants à la création de plus de 1.500 emplois, dont plus de 1.000 dans la région de Nancy, et ce n'est que la première phase d'un effort qui sera poursuivi avec ténacité.
A Nancy seront transférés en totalité deux importants services du ministère de la Défense. La direction des essences des armées et l'établissement central des essences, qui représentent plus de 300 emplois, pour la plupart civils, dont une centaine d'ouvriers. Cette opération sera achevée en 1986.
A Metz, M. Jean Laurain a décidé très récemment de décentraliser le centre d'études et de recherches de son ministère. Une quarantaine de techniciens seront effectivement en place d'ici la fin de l'année prochaine.
Par ailleurs certains services centraux de l'office de la chasse, qui dépend du ministère de l'environnement, seront localisés à Metz, en substitution au projet de l'agence de l'air.
Enfin, et cela me parait aller de soi, le président directeur général de SACILOR et certains des services centraux s'installeront effectivement en Lorraine. La première phase, portant sur 60 emplois sera réalisée d'ici la fin de 1983.
Sur le plan industriel, un certain nombre de dossiers sont en cours d'étude dans les services de l'aménagement du territoire. Je n'annoncerai aujourd'hui que les affaires dont l'état de négociation et de mise au point est suffisamment avancé. Je ne veux pas faire, comme certains dans le passé, des promesses qui risqueraient de n'être pas tenues :
Je vous rappelle d'abord que :
- la société de constructions métalliques FILLOD, filiale de SACILOR, crée à Florange une nouvelle unité de 100 personnes qui mettra en oeuvre des techniques de pointe en matière de construction de bâtiments, spécialement en ce qui concerne l'isolation thermique.
- comme l'a indiqué M. Jean-Pierre Chevènement le 28 septembre, la société LE FER BLANC, filiale de SACILOR, va réaliser à Pompey un programme d'investissements portant sur la mise en place de deux lignes de fabrication de boîtes-boisson en fer-blanc. Ce programme va permettre de créer 200 emplois.
Cet investissement, qui a notamment pour objet de reconquérir le marché intérieur, avec la production de 600 millions de boîtes par an, développera une des activités essentielles de SOLLAC en Lorraine.
Par ailleurs vous savez que la société L'AIR LIQUIDE a décidé, en début d'année, d'ouvrir une nouvelle plate-forme de production à ENNERY, en Moselle, avec 65 emplois. Elle vient de décider de réaliser sur ce site un nouveau programme d'investissement qui créera 50 emplois supplémentaires pour la fabrication de matériel de stockage et de transport de fluides à très basse température, alliant donc l'utilisation de l'acier et la technologie des basses températures.
Dans un tout autre domaine, celui de la mécanique de précision, des automatismes et de l'électronique, la CGEE-ALSTHOM, filiale du groupe nationalisé CGE, a décidé d'ouvrir à proximité de Nancy un nouveau site industriel.
La nouvelle usine, qui produira des équipements de contrôle industriel, comportera 160 emplois fin 1985 ; 400 fin 1987, avec un objectif de 600 à l'horizon 1990. Cette nouvelle unité sera consacrée à la fabrication des équipements nécessaires à la commande, à la régulation et à l'automatisation des procédés de fabrication industrielle.
Toujours dans le secteur électronique, le groupe THOMSON va construire à Villers-la-Montagne une unité de production de vidéo-cassettes qui aura une capacité de 5 millions de cassettes par an dont 2 millions à l'exportation.
La réalisation de ce programme est un élément important de reconquête du marché intérieur et de percée à l'exportation. Il permettra dans un premier temps la création de 130 emplois dont 40 techniciens et 10 ingénieurs.
Voilà donc la première phase : 1.500 emplois dus à un certain nombre de projets d'implantations tertiaires et industrielles, auxquels il faudra ajouter les quelque 300 emplois correspondant aux dossiers traités maintenant au niveau régional, les 3.000 emplois liés à la construction d'équipements sidérurgiques et les milliers d'emplois liés à celle de la centrale de Cattenom et à son exploitation. Surtout si, la région prend l'initiative de signer un contrat avec EDF comme je le lui ai suggéré le 30 août dernier.
Je voudrais souligner que cet effort amorce la diversification des activités. Nous souhaitons notamment renforcer le secteur tertiaire, dont vous connaissez l'impact sur l'emploi féminin. Je vous signale à ce propos que le Ministre des transports vient de décider, à titre exceptionnel, de débloquer 3 millions de francs pour le financement de l'échangeur de la ZAC de Frouard. Si les collectivités acceptent d'apporter elles aussi leurs concours, cette opération, qui comprend un complexe tertiaire créateur de 500 emplois à terme, pourra voir le jour. Il offrira aussi des terrains adaptés à l'accueil de nouvelles entreprises.
Enfin, RENAULT qui dispose à Batilly d'une magnifique usine moderne, vide aux deux tiers et qui alimente, je le sais, votre scepticisme quant à la tenue effective des engagements qui sont pris. Eh bien, je peux vous annoncer aujourd'hui, après m'en être entretenu avec les dirigeants de RENAULT, que cet engagement, qui n'avait pu être respecté du temps de nos prédécesseurs, le sera. Il le sera dans le délai du plan de modernisation de la sidérurgie !
Dans le cadre d'une réorganisation globale des fabrications de la Régie, l'usine de Batilly sera remplie et pourra jouer son rôle de pôle d'industrialisation du bassin de Briey.
Voilà quels sont les engagements du gouvernement. Ce sont des faits, je suis suis venu vous les présenter. Ces engagements pris ici devant vous seront tenus.
D'ici six mois, des ministres, dont certains sont ici avec moi, notamment le Ministre de la recherche et de l'industrie qui aurait souhaité être parmi nous, viendront en Lorraine suivre sur place l'avancement des projets.
Moi-même l'an prochain, je tiens à revenir ici voir où en sont alors les engagements que je prends aujourd'hui devant vous.
Donner un avenir à la sidérurgie lorraine, à la Lorraine toute entière est une immense tâche qui requiert la participation de tous.
C'est ensemble que nous ferons vivre la Lorraine.
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le commissaire de la République,
Mesdames, Messieurs,
J'ai reçu ce matin les délégations syndicales. J'ai écouté les sidérurgistes.
Le gouvernement de la gauche est celui du dialogue. Celui de la concertation. Partout et toujours, je serai disponible pour une séance de travail, un échange de vue sérieux.
Les manifestations, je peux les comprendre. J'ai assez souvent défilé moi-même pour mesurer leur valeur symbolique. Elles ont été longtemps la seule arme face à des responsables qui se dérobaient à ce dialogue et à cette concertation. Ce n'est plus le cas aujourd'hui et vous le savez tous.
Les bousculades, je peux les excuser. J'ai été élevé dans un village de sidérurgistes. Je connais ces hommes et leur travail.
Les sidérurgistes, j'ai lutté à leurs côtés quand le capitalisme a foudroyé leurs entreprises. Je ne l'ai pas oublié.
Et je mets aujourd'hui, à leur construire un avenir, la même énergie qu'hier à les défendre.
C'est justement parce que je respecte profondément les sidérurgistes ;
C'est justement parce que je suis issu du même monde qu'eux ;
C'est justement parce que ma propre région est, comme la votre, frappée par la crise,
que je viens pour parler le langage de la franchise et de l'honnêteté.
Oui, nous traversons une crise.
Oui la sidérurgie est l'une des premières victimes.
Oui, la Lorraine, et en particulier certains bassins d'emploi comme Pompey et Longwy, sont sinistrés.
Oui vous avez le droit à la solidarité nationale et vous en bénéficierez. Tel est le premier message que je suis venu vous apporter.
Mais la solidarité ne suffit pas. Pour assurer l'avenir il nous faut reconstruire une sidérurgie nouvelle, forte et rentable. C'est-à-dire une sidérurgie qui prenne en compte l'évolution technologique.
La présence à mes côtés de M. Michel Rocard, ministre d'Etat, ministre du Plan et de l'Aménagement du territoire, de M. Jack Ralite, ministre de la Santé et de M. Jean le Garrec, ministre de l'Emploi ; de M. Jean Laurain, le ministre de votre région, de M. Louis Gallois, directeur général de l'industrie, qui représente M. Jean-Pierre Chevènement, que d'importantes négociations retiennent à l'étranger, et de M. Bernard Attali, Délégué à l'Aménagement du Territoire et à l'action régionale, atteste que le gouvernement mobilise tous ses moyens pour vous aider à affronter la crise de la sidérurgie et à croire en l'avenir.
Les difficultés de votre région sont nombreuses et lourdes. Les organisations syndicales me les ont décrites, le président de la région me les a rappelées.
Je ne viens pas pour vous apporter d'un coup toutes les solutions.
Je viens, plus sérieusement, vous donner les premiers résultats de l'action engagée par l'Etat, sachant qu'il ne s'agit que d'une étape et que les membres du gouvernement viendront en Lorraine régulièrement faire le point des grands dossiers et de leurs solutions.
Je voudrais aujourd'hui, pour l'essentiel, évoquer les problèmes des bassins sidérurgiques, et d'abord de la sidérurgie elle-même.
Je le dis ici avec solennité, la sidérurgie lorraine est une sidérurgie d'avenir.
Elle est d'avenir parce que les travailleurs y sont compétents et courageux,
parce que le minerai lorrain, maintenant délivré des coûts injustifiés qui le chargeaient, est un minerai compétitif,
parce que la nationalisation rend possible un effort d'investissement sans précédent
et parce qu'un énorme effort de développement technologique va être entrepris afin de rendre à cette industrie son caractère d'industrie de pointe. La sidérurgie doit redevenir capable de lutter efficacement avec ses concurrents les plus performants.
Pour la seule Lorraine, huit milliards de francs, je le rappelle, vont être investis pendant cinq ans dans la seule sidérurgie, soit un rythme annuel en augmentation de 50 % par rapport à la période précédente.
J'indique à cette occasion que le gouvernement a pris des dispositions pour que cet effort massif d'investissement soit l'occasion de développer l'industrie française des biens d'équipement sidérurgique. Grâce aux conclusions d'un rapport demandé à M. DELPECH, je peux vous dire que plus de 3000 emplois devraient être créés ou maintenus en Lorraine dans ce secteur.
J'ai écouté les organisations syndicales tout à l'heure. Certaines m'ont dit : il faut remettre les plans de la sidérurgie sur le métier, développer des ateliers dont l'arrêt est prévu, accroître les capacités.
A ceux-là je demande de regarder les choses en face comme le gouvernement les regarde.
La crise mondiale de la sidérurgie nous atteint de plein fouet. Il s'en faut de plusieurs millions de tonnes que nous atteignions cette année l'objectif ambitieux mais réaliste que nous nous sommes fixé pour 1986. Les plans ont été étudiés, discutés, arrêtés, présentés aux autorités communautaires. Il n'est pas possible de considérer qu'ils puissent être encore modifiés.
La concertation a eu lieu, les décisions sont prises. Nous les appliquons.
D'autres syndicalistes, en sens inverse, m'ont exprimé leur scepticisme quant à la réalisation effective du plan. En particulier ils doutent que le maintien à Pompey d'un tiers des effectifs actuels soit crédible. A ce scepticisme - que je rejette - il faut répondre par des faits.
Les voici : dès 1983 un investissement de 80 millions de francs sera engagé pour la modernisation des parachèvements des trains sud afin de compenser, par une meilleure qualité du produit fini, le léger surcoût lié au transport des blooms.
Pompey ne sera pas rayée de la carte.
J'ai aussi noté l'inquiétude des travailleurs sur un sujet très important : les fabrications actuelles des ateliers devant être arrêtées ne risquent-elles pas d'être transférées dans des usines étrangères ?
Cette inquiétude est légitime. Mais je tiens à vous rassurer. Le gouvernement a donné des instructions aux deux sociétés sidérurgiques pour que tout soit mis en oeuvre afin de maintenir sous contrôle français les fabrications en cause. Un premier pointage montre que plus de 90 % de ces fabrications pourront rester sur le territoire national et que les sacrifices demandés ne le sont donc pas en pure perte pour les travailleurs de notre pays.
J'ai noté aussi beaucoup d'inquiétude autour du problème des mines de fer. Je l'ai dit, le problème de leurs surcoûts artificiels est réglé. Il n'est donc plus admissible que leur part diminue sur le marché français au profit du minerai importé et cela ne se produira plus. Par contre coup, les fours à chaux de la Meuse en seront consolidés.
Les organisations syndicales ont enfin évoqué un problème à mes yeux fondamental : celui de la formation. Le véritable défi que nous lance le programme de modernisation de la sidérurgie, c'est que tous les travailleurs de la sidérurgie sont appelés à se former pour adapter leur compétence soit à la nouvelle dimension technologique des métiers de l'acier, soit à des métiers nouveaux créés dans les entreprises que je citerai tout à l'heure.
Je tiens à dire que ce qui sera fait dans ce domaine en Lorraine sera exceptionnel par l'ampleur et par les conditions de mise en oeuvre et de suivi. J'indiquerai dans quelques instants les équipements de formation qui seront mis en place.
Les stages seront organisés à l'initiative des organisations syndicales et des entreprises afin de garantir qu'il s'agit toujours de formations adaptées. Le secrétariat régional de la formation professionnelle, placé auprès du commissaire de la République, sera renforcé. Je ne verrais que des avantages à ce qu'une convention spéciale entre l'Etat et la région vienne compléter ce dispositif s'il en était besoin.
J'ai entendu le rappel fait par M. Rausch des autres grands dossiers industriels de la région. J'ai déjà dit que je souhaitais aujourd'hui parler essentiellement du dossier sidérurgique. Nous aurons prochainement d'autres occasions de parler du textile, de la chimie, de l'agriculture, de la filière bois, dont le développement bientôt mis en oeuvre par le gouvernement aura des retombées importantes dans la Meuse et dans les Vosges.
Je voudrais cependant vous donner tout de suite deux indications :
Tout d'abord sur la charbon.
C'est en Lorraine que se situe l'essentiel des réserves françaises de charbon, et nous en tirerons parti. Dès 1981, j'ai autorisé les Houillères du Bassin de Lorraine à investir 300 millions de francs pour augmenter la production du siège de La Houve de 8.500 tonnes par jour à 10.500 tonnes par jour. Une seconde étape visant à porter la production à 12.500 tonnes par jour sera réalisée dans le cadre du contrat de plan, qui définira pour le IXe plan, les relations entre l'Etat et les Charbonnages de France. A condition bien entendu que la productivité se redresse et permette le financement de cet investissement.
Je voudrais ensuite évoquer rapidement un problème difficile qui est celui des rejets salins des mines, le potasse d'Alsace. Vous connaissez les difficultés d'ordre international auxquelles nous sommes confrontés. A la demande du gouvernement, plusieurs rapports d'expertise ont été établis, notamment sur les conséquences économiques de telle ou telle solution. Ces rapports ont montré que les solutions jusqu'ici envisagées n'étaient pas praticables. Il va donc falloir en trouver d'autres qui ne devront pas conduire à la mise en cause d'un seul emploi en Lorraine.
J'en prends ici l'engagement.
La Lorraine, je vous l'ai dit, et vous le voyez, peut compter sur la solidarité nationale.
Des projets importants et créateurs d'emplois y seront dirigés. Le gouvernement vous aidera en outre à créer les conditions les plus favorables pour le développement de vos entreprises et pour l'accueil d'entreprises nouvelles.
Mais comme nous voulons que cet effort produise des résultats durables, nous donnons la priorité à :
- la formation, la recherche et l'innovation.
Ce sont les clefs de la revitalisation de votre industrie et de sa diversification. Le directeur général de l'ANVAR, M. Christian Marbach, qui est à mes côtés, fera prochainement au gouvernement des propositions en ce domaine. Vous connaissez la mission que je lui ai confiée.
Dès l'année prochaine, un programme exceptionnel de formations nouvelles sera mis en oeuvre par l'A.F.P.A. : 18 sections de formation seront créées à Nancy, à Thionville, à Metz, à Faulquemont-Saint-Avold, à Epinal et à Verdun.
Concernant la formation technologique supérieure, le département "informatique" de l'I.U.T. de Metz sera créé l'année prochaine. Je vous confirme qu'un second département sera ouvert à l'I.U.T. de Longwy dès la rentrée 1984. Sa vocation sera arrêtée avant la fin de l'année et les travaux engagés sans délai afin d'offrir de nouvelles qualifications aux jeunes du "Pays Haut".
A Nancy, en 1984, sera créé un centre de formation en génie chimique, dans le cadre de l'institut national polytechnique de Lorraine. Il sera tourné vers les applications industrielles de la chimie du charbon.
A Metz, les installations de l'institut de soudure seront développées, et 50 chercheurs viendront renforcer l'I.R.S.I.D. à Maizières-les-Metz.
L'agence pour le développement de la production automatisée (l'ADEPA) créera, dès l'année prochaine, une antenne en Lorraine, en liaison avec les entreprises et les organismes locaux. Cette antenne diffusera dans les entreprises de nouveaux processus destinés à améliorer leur compétitivité.
Dans ce domaine, j'ai demandé aussi au groupe Saint-Gobain de faire bénéficier les entreprises lorraines des compétences tout à fait remarquables rassemblées dans son centre de recherche de Pont-à-Mousson, et je sais qu'il y est prêt.
Pour renforcer votre capacité dans le domaine de l'informatique, c'est à Nancy que sera installé d'ici 1984 le quatrième centre de calcul inter-universitaire du schéma directeur du ministère de l'éducation nationale. Je sais l'importance de ce projet, qui va irriguer tout le potentiel de recherche lorrain et qui sera largement ouvert aux entreprises.
Au-delà de ces premières et importantes décisions, je sais qu'il existe d'autres projets en préparation. Je peux vous donner l'assurance que l'Etat soutiendra toutes les initiatives qui contribueraient au renforcement de vos capacités technologiques.
Assurer des meilleures conditions pour l'accueil et le développement des entreprises, c'est d'abord améliorer les conditions de vie des travailleurs.
Le gouvernement a donc décidé d'apporter son concours, dès l'année prochaine, aux premières expériences de réhabilitation des logements ouvriers de la sidérurgie. Le Commissaire de la République est chargé de mettre au point les modalités de ces opérations avec la région qui sera appelée à y apporter également son concours.
Assurer de meilleures conditions d'accueil des entreprises, c'est aussi un effort d'envergure pour les infrastructures de communication.
Sous réserve de l'accord de l'établissement public régional, et avec sa participation, un vaste programme pluriannuel sera engagé d'ici la fin du IXe plan. Venant en complément des actions en cours, il comporte trois objectifs :
1) le désenclavement des bassins sidérurgiques du "Pays Haut", c'est-à-dire le contournement autoroutier de Thionville et la section Mont-Saint-Martin/Longlaville de la rocade de Longwy.
2) le désenclavement des vallées vosgiennes c'est-à-dire la déviation de Remiremont, le contournement de Saint-Dié, la mise à deux fois deux voies de la RN 415 entre Saint-Dié et Saulcy sur Meurthe, et de certaines sections de la nationale 59 entre Lunéville et Saint-Dié.
3) l'amélioration de la RN 4 par son doublement sur la section et de la déviation de Toul, entre Ligny et Void, et entre Ludre et Hudivilliers.
J'en viens au dispositif financier d'aide à l'industrialisation.
Une enveloppe spécifique de 500 millions de francs sur 5 ans est affectée à la Lorraine, dont l'utilisation sera pour l'essentiel décidée en Lorraine.
Ceci est doublement nouveau : jamais un effort d'une telle ampleur n'a été décidé, et pour la première fois les décisions ne seront plus prises à Paris.
Cette enveloppe comprend d'abord 300 millions au titre des sociétés de reconversion qui ont été créées par les groupes sidérurgiques : SODILOR et SOLODEV.
Ces deux sociétés sont bien entendu installées dans la région. Et dans mon esprit il ne s'agit pas de simples guichets. Elles doivent jouer un rôle très actif de prospection, de conseils aux entreprises, d'aides techniques.
Elles apporteront d'ailleurs des aides de toutes natures : prêts participatifs sans garantie et autres formes de prêts, participation au capital, avances en compte courant...
Chaque fois que cela sera possible, elles mobiliseront d'autres partenaires financiers. Elles pourront aussi participer, à titre minoritaire, à l'institut de participation dont vous souhaitez la création et que l'Etat soutiendra.
La région et les organismes financiers régionaux pourront, s'ils le souhaitent, entrer dans leur capital, afin de siéger dans leurs conseils d'administration aux côtés des représentants des groupes sidérurgiques et du commissaire de la République de la région.
SODILOR et SOLODEV seront également dotées de comités d'orientation qui seront consultés régulièrement. Ces comités comprendront des élus locaux, des responsables syndicaux, des responsables consulaires, des personnalités qualifiées et des représentants de l'Etat.
Aux 300 millions des sociétés de conversion s'ajouteront 150 millions de prêts participatifs et 50 millions de crédits de politique industrielle.
Les crédits d'Etat seront bien entendu gérés par l'Etat, mais une large association des élus régionaux sera réalisée pour la définition des grandes orientations.
Les crédits de politique industrielle feront l'objet de dotations annuelles déconcentrées.
En ce qui concerne les prêts participatifs, les décisions d'engagement seront prises, jusqu'à un montant d'un million de francs, par un comité placé sous la présidence du commissaire de la République de la région, et qui comprendra les chefs de services de l'Etat intéressés, ainsi qu'un représentant des services de la région.
Bien entendu, ces crédits spécifiques s'ajoutent aux crédits normaux et je rappelle à ce sujet que la DATAR utilisera à fond le dispositif de la prime d'aménagement du territoire pour favoriser la localisation des projets dans les bassins sidérurgiques. Elle a déjà obtenu des premiers résultats dont je vais maintenant vous faire part.
Trois mois après l'approbation du plan sidérurgique, je suis en mesure aujourd'hui de vous annoncer un certain nombre de décisions précises correspondants à la création de plus de 1.500 emplois, dont plus de 1.000 dans la région de Nancy, et ce n'est que la première phase d'un effort qui sera poursuivi avec ténacité.
A Nancy seront transférés en totalité deux importants services du ministère de la Défense. La direction des essences des armées et l'établissement central des essences, qui représentent plus de 300 emplois, pour la plupart civils, dont une centaine d'ouvriers. Cette opération sera achevée en 1986.
A Metz, M. Jean Laurain a décidé très récemment de décentraliser le centre d'études et de recherches de son ministère. Une quarantaine de techniciens seront effectivement en place d'ici la fin de l'année prochaine.
Par ailleurs certains services centraux de l'office de la chasse, qui dépend du ministère de l'environnement, seront localisés à Metz, en substitution au projet de l'agence de l'air.
Enfin, et cela me parait aller de soi, le président directeur général de SACILOR et certains des services centraux s'installeront effectivement en Lorraine. La première phase, portant sur 60 emplois sera réalisée d'ici la fin de 1983.
Sur le plan industriel, un certain nombre de dossiers sont en cours d'étude dans les services de l'aménagement du territoire. Je n'annoncerai aujourd'hui que les affaires dont l'état de négociation et de mise au point est suffisamment avancé. Je ne veux pas faire, comme certains dans le passé, des promesses qui risqueraient de n'être pas tenues :
Je vous rappelle d'abord que :
- la société de constructions métalliques FILLOD, filiale de SACILOR, crée à Florange une nouvelle unité de 100 personnes qui mettra en oeuvre des techniques de pointe en matière de construction de bâtiments, spécialement en ce qui concerne l'isolation thermique.
- comme l'a indiqué M. Jean-Pierre Chevènement le 28 septembre, la société LE FER BLANC, filiale de SACILOR, va réaliser à Pompey un programme d'investissements portant sur la mise en place de deux lignes de fabrication de boîtes-boisson en fer-blanc. Ce programme va permettre de créer 200 emplois.
Cet investissement, qui a notamment pour objet de reconquérir le marché intérieur, avec la production de 600 millions de boîtes par an, développera une des activités essentielles de SOLLAC en Lorraine.
Par ailleurs vous savez que la société L'AIR LIQUIDE a décidé, en début d'année, d'ouvrir une nouvelle plate-forme de production à ENNERY, en Moselle, avec 65 emplois. Elle vient de décider de réaliser sur ce site un nouveau programme d'investissement qui créera 50 emplois supplémentaires pour la fabrication de matériel de stockage et de transport de fluides à très basse température, alliant donc l'utilisation de l'acier et la technologie des basses températures.
Dans un tout autre domaine, celui de la mécanique de précision, des automatismes et de l'électronique, la CGEE-ALSTHOM, filiale du groupe nationalisé CGE, a décidé d'ouvrir à proximité de Nancy un nouveau site industriel.
La nouvelle usine, qui produira des équipements de contrôle industriel, comportera 160 emplois fin 1985 ; 400 fin 1987, avec un objectif de 600 à l'horizon 1990. Cette nouvelle unité sera consacrée à la fabrication des équipements nécessaires à la commande, à la régulation et à l'automatisation des procédés de fabrication industrielle.
Toujours dans le secteur électronique, le groupe THOMSON va construire à Villers-la-Montagne une unité de production de vidéo-cassettes qui aura une capacité de 5 millions de cassettes par an dont 2 millions à l'exportation.
La réalisation de ce programme est un élément important de reconquête du marché intérieur et de percée à l'exportation. Il permettra dans un premier temps la création de 130 emplois dont 40 techniciens et 10 ingénieurs.
Voilà donc la première phase : 1.500 emplois dus à un certain nombre de projets d'implantations tertiaires et industrielles, auxquels il faudra ajouter les quelque 300 emplois correspondant aux dossiers traités maintenant au niveau régional, les 3.000 emplois liés à la construction d'équipements sidérurgiques et les milliers d'emplois liés à celle de la centrale de Cattenom et à son exploitation. Surtout si, la région prend l'initiative de signer un contrat avec EDF comme je le lui ai suggéré le 30 août dernier.
Je voudrais souligner que cet effort amorce la diversification des activités. Nous souhaitons notamment renforcer le secteur tertiaire, dont vous connaissez l'impact sur l'emploi féminin. Je vous signale à ce propos que le Ministre des transports vient de décider, à titre exceptionnel, de débloquer 3 millions de francs pour le financement de l'échangeur de la ZAC de Frouard. Si les collectivités acceptent d'apporter elles aussi leurs concours, cette opération, qui comprend un complexe tertiaire créateur de 500 emplois à terme, pourra voir le jour. Il offrira aussi des terrains adaptés à l'accueil de nouvelles entreprises.
Enfin, RENAULT qui dispose à Batilly d'une magnifique usine moderne, vide aux deux tiers et qui alimente, je le sais, votre scepticisme quant à la tenue effective des engagements qui sont pris. Eh bien, je peux vous annoncer aujourd'hui, après m'en être entretenu avec les dirigeants de RENAULT, que cet engagement, qui n'avait pu être respecté du temps de nos prédécesseurs, le sera. Il le sera dans le délai du plan de modernisation de la sidérurgie !
Dans le cadre d'une réorganisation globale des fabrications de la Régie, l'usine de Batilly sera remplie et pourra jouer son rôle de pôle d'industrialisation du bassin de Briey.
Voilà quels sont les engagements du gouvernement. Ce sont des faits, je suis suis venu vous les présenter. Ces engagements pris ici devant vous seront tenus.
D'ici six mois, des ministres, dont certains sont ici avec moi, notamment le Ministre de la recherche et de l'industrie qui aurait souhaité être parmi nous, viendront en Lorraine suivre sur place l'avancement des projets.
Moi-même l'an prochain, je tiens à revenir ici voir où en sont alors les engagements que je prends aujourd'hui devant vous.
Donner un avenir à la sidérurgie lorraine, à la Lorraine toute entière est une immense tâche qui requiert la participation de tous.
C'est ensemble que nous ferons vivre la Lorraine.