Déclaration de Mme Emmanuelle Cosse, ministre du logement et de l'habitat durable, sur la convention de financement de l'innovation urbaine à Marne-la-Vallée inscrite dans le cadre du programme d'investissements d'avenir (PIA) "Ville de demain", à Champs-sur-Marne le 12 septembre 2016.

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Circonstance : Signature de la convention Ecocité de Marne-la-Vallée, à la cité Descartes, à Champs-sur-Marne le 12 septembre 2016

Texte intégral

Monsieur le sénateur,
Monsieur Le Commissaire général adjoint,
Monsieur de directeur général de l'EPA Marne la vallée,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames Messieurs,
Je suis particulièrement heureuse d'être parmi vous aujourd'hui pour cette signature qui concerne un projet emblématique de l'Ile-de France, dans une région que je connais bien et où les besoins d'aménagement durable sont immenses.
Car comme je le disais à l'instant aux étudiants de l'école des Ponts, les enjeux en matière d'aménagement urbains sont cruciaux, tant pour préserver la cohésion de nos sociétés et que pour répondre aux défis du changement climatique.
Nous sommes en effet confrontés, à l'échelle de la planète, à une accélération de plusieurs tendances :
- accroissement général de la population,
- phénomène de migration vers les villes accentué par les questions climatiques et géopolitiques,
- changement climatique avec 70% des émissions de gaz à effet de serre émis par les métropoles.
Ce contexte exceptionnel appelle des réponses non seulement nouvelles mais surtout coordonnées à l'échelle internationale.
Et c'est tout l'enjeu de la conférence Onusienne de Quito et de la COP 22 auxquelles je me rendrai dans les semaines qui viennent pour justement mettre en avant le savoir-faire national en la matière.
* Rôle fort de l'Etat pour accompagner et stimuler les territoires d'innovation
Vous le savez, la France a une longue expérience dans les réflexions urbaines, dans l'urbanisme, dans la planification, dans les politiques du logement.
Nous avons très tôt pris conscience de la nécessité de jongler avec les échelles, du bâtiment au quartier, du quartier à la ville.
Et quelles que soient les compétences de l'urbaniste, et de l'aménageur, il faut à l'origine une volonté politique, une impulsion, une vision pour concevoir des projets porteurs de sens, d'innovation, de cohésion sociale, de bien être pour les citoyens, de compétitivité pour les entreprises.
Le gouvernement a donc décidé d'accompagner spécifiquement les acteurs des grandes métropoles dans une réflexion sur ce que pourrait être la ville du 21ème siècle.
Et ce de plusieurs manières :
* le Programme d'Investissement d'Avenir « ville de demain »
Comme vient de le rappeler Thierry Franck, au travers du PIA « Ville de demain », l'Etat accompagne des projets portés par des acteurs publics ou privés pour fabriquer des villes attractives et résilientes, qui préservent l'environnement, la cohésion sociale et la qualité de vie de leurs habitants.
L'appel  projets de la seconde tranche ECOCITE a eu lieu en 2015 et ce sont désormais 31 territoires, dont Marne la Vallée, qui sont intégrés à la démarche et qui bénéficient à ce titre d'un soutien financier du Programme « Ville de demain ».
Je tiens à saluer les porteurs de projets présents aujourd'hui, car leurs initiatives sont réellement novatrices et concernent autant des objets que des façons de faire ou de concevoir :
- Que ce soit la route à « énergie positive »
- Les bâtiments à énergie positive et à faible empreinte carbone
- Les outils de concertation numérique
- Ou encore la reconquête des talus du RER A
Car le programme Ecocité a la spécificité de demander une vision d'ensemble du développement urbain de grands secteurs de métropole.
Ce ne sont pas des actions dispersées qu'il finance mais bien des projets qui s'inscrivent dans une vision globale d'aménagement d'un territoire.
Cette approche est essentielle à mes yeux de ministre écologiste. Si j'ai tenu à ce que le ministère dont j'ai la charge soit celui de l'Habitat durable, c'est précisément pour porter activement la nécessité de concevoir nos logements, nos quartiers, nos villes, comme des écosystèmes à part entière, qui intègrent de façon équilibrée les ressources du territoire et les besoins de ses habitants.
* Démonstrateurs Pour la ville durable
Avec le CGI, nous avons même décidé d'aller plus loin en travaillant, toujours en lien avec le programme « Ville de demain » sur les démonstrateurs urbains pour la ville durable.
Cet appel à projet lancé conjointement avec Ségolène Royal et le CGI, est venu compléter le dispositif d'appui à l'innovation en ouvrant notamment des droits à dérogation réglementaire pour des procédés encore non certifiés ou testés.
Et là encore, le territoire de Marne-la-Vallée a été au rendez-vous, puisque le projet DESCARTES 21 a été retenu en décembre 2015.
Il rassemble un consortium d'entreprises, collectivités et l'EPA et vise à développer le concept d'économie globale en mutualisant les productions et les consommations énergétiques pour réduire le coût d'investissement autant que les consommations :
- Mobilisation de la géothermie, du photovoltaïque et récupération des énergies fatales.
- Mise en oeuvre des solutions de stockage
- Valorisation du potentiel énergétique des eaux grises ;
- Complémentarité entre mobilité électrique et énergie par un pilotage intelligent des bornes et la réutilisation de batteries de seconde vie.
* Dans le cadre de la Ville nouvelle et de l'OIN : un rôle stratégique des EPA
Et si le territoire de Marne la Vallée rayonne actuellement au travers ses projets, c'est également parce l'Etat et les collectivités travaillent depuis 40 ans dans le cadre de la Ville nouvelle, avec un d'outil partagé particulièrement efficace: les établissements publics d'aménagement EPA Marne et EPA France qui mènent un travail d'ensemblier et d'opérateur particulièrement robuste.
En créant la ville nouvelle, en faisant de ce secteur une Opération d'Intérêt National, l'Etat a reconnu un potentiel hors norme et la nécessité d'une action forte.
Les EPA ont permis de développer un projet d'envergure, d'en assurer la cohérence à grande échelle et de fédérer un nombre d'acteurs conséquents du territoire : acteurs économiques, écoles, universités, collectivités.
Avec la reconfiguration territoriale votre gouvernance est en train d'évoluer et de s'agrandir.
Je sais que cela a suscité quelques inquiétudes sur le maintien de la qualité d'intervention de l'EPA sur le territoire d'origine de la ville nouvelle.
Mais je tiens à vous rassurer, comme évoqué avec son directeur général, l'activité de l'EPA se maintiendra avec le même niveau d'exigence qui conduit à la réalisation de projets de très haut niveau comme ceux qui nous rassemblent aujourd'hui !
* Politique en matière de ville durable
Dans le cadre de mes fonctions de ministre du Logement et de l'Habitat durable, je m'attache depuis 6 mois à accélérer les chantiers qui permettent une meilleure mise en oeuvre de la politique de ville durable :
- Mission Jund sur la refonte du modèle écoquartier avec prise en compte plus forte de la transition et de la résilience, des boucles locales énergétiques, mais également des questions de santé et de bien être de manière plus générale.
Cette politique s'adresse à tous les territoires et vise à diffuser la notion de qualité : tout nouveau quartier doit être dorénavant pensé comme un écoquartier.
Et je sais que le territoire de Marne la Vallée comprend d'ailleurs plusieurs écoquartiers labellisés par mon ministère.
- accompagnement de 16 démonstrateurs urbains, comme évoqué précédemment, qui innovent en matière notamment de sobriété et de solidarité énergétique, d'association des habitants ou bien encore de services numériques.
Ces véritables laboratoires urbains doivent permettre aux citoyens comme aux entreprises de tester des solutions hors normes, nouvelles pour mieux répondre au défi climatique et aux besoins des populations.
Nous préparons une deuxième vague d'appel à projet début 2017 qui a été annoncée dans le pacte métropolitain national signé par le premier ministre en juillet
- le Réseau National des Aménageurs : mon ministère a mis en place un RNA pour appuyer la structuration et montée en compétence des aménageurs publics et privés dans le cadre d'un réseau d'échange et de partage.
Je leur ai confié une mission de réflexion sur les nouveaux modèles économiques de l'aménagement, sur l'intégration des services urbains.
Et je suis absolument certaine encore une fois que votre territoire sera à la pointe de ces réflexions, car il se trouve que le président de ce réseau national n'est autre que le directeur général des EPA, Nicolas Ferrand. Je tenais à vous remercier, cher Nicolas, pour votre implication.
- installation officielle, à Climate Chance à Nantes le 26 septembre prochain, du réseau Vivapolis des acteurs de la ville durable, qui rassemblera absolument tous les réseaux, associations pour partager collectivement réflexions et savoir-faire en vue de la conférence de Quito et de la COP 22.
Nous sommes à un tournant majeur et l'année 2016 marque réellement une accélération dans la mise en place opérationnelle des actions de lutte contre le changement climatique, comme le laisse augurer la ratification récente de l'Accord de Paris pour le climat par la Chine et les Etats-Unis, qui représentent plus de 40% des émissions mondiales de GES.
Dans cette phase de mise en oeuvre, la France doit continuer de montrer l'exemple comme elle l'a fait avec la Loi de transition énergétique, dont 85% des décrets sont publiés ou sur le point de l'être. D'ores et déjà, ils structurent fortement la politique de transition énergétique
Et si l'Etat peut donner l'impulsion ou accompagner des démarches, ne nous y trompons pas : les énergies pour agir et réaliser sont bien au niveau des acteurs de terrain, dans les territoires. C'est la raison pour laquelle je réalise actuellement un tour des régions pour rencontrer tous les acteurs et discuter avec eux des difficultés de mise en oeuvre. Il nous faut mobiliser les énergies !
D'autant que
- la confiance est revenue, comme le prouvent les chiffres de la construction,
- les outils sont là avec les nombreux décrets et dispositifs financiers d'accompagnement,
- les solutions techniques et technologiques existent,
Il faut maintenant parfaire le modèle économique de notre société bas carbone et surtout mettre en oeuvre au quotidien, à chaque niveau de décision, cette politique.
Car penser le développement de villes durables, c'est traiter les défis de la préservation et de la gestion des ressources, comme de la solidarité entre nations pour financer un développement responsable et surtout résilient face aux conséquences du réchauffement climatique.
Lors de la conférence de Quito, je mettrai en avant les expérimentations menées en France, comme les projets qui nous ont été présentés aujourd'hui.
Il nous faut innover et être exemplaires, pour démontrer qu'une société bas carbone est à la fois compétitive sur le plan économique et gage de qualité de vie de ses citoyens.
Je salue donc une nouvelle fois l'action des porteurs de projets et des collectivités ici présente qui illustre une mobilisation collective en matière :
- de transition écologique
- d'innovation dans la construction et les déplacements durables, sobres en énergie et décarbonés
- d'amélioration du cadre de vie des Français.
Car vous le savez, le logement, la construction, l'urbanisme sont de puissants leviers pour agir en faveur du climat, réduire notre empreinte carbone, favoriser la cohésion de la société.
Il s'agit pour cela de concevoir et de construire des lieux de vie sobres et respectueux de l'environnement, économes et sources de meilleure qualité de vie.
C'est le pari que nous sommes en passe de relever.
Et pour cela, votre conviction, votre mobilisation, vos innovations sont indispensables. C'est ensemble, acteurs publics, privés et associatifs, que nous mènerons à bien le tournant de la transition écologique dans lequel nous sommes résolument engagés. Je sais pouvoir compter sur vous.
Je vous remercie pour votre écoute.
Source http://www.logement.gouv.fr, le 20 septembre 2016