Texte intégral
JEAN-PIERRE ELKABBACH
« C'est un jour historique » dit Barack OBAMA, jour heureux et prometteur pour la planète, c'est si rare, on va en profiter, bienvenue Emmanuelle COSSE, bonjour.
EMMANUELLE COSSE
Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
L'accord de Paris sur le climat entre en vigueur dans 30 jours, il fallait 55 pays, 72 l'ont ratifié, l'Inde, le Canada, les États-Unis, la Chine, etc., c'est une performance, c'est un succès, pour tous, pour la France. Ce matin on peut faire un petit cocorico !
EMMANUELLE COSSE
Absolument. Il faut quand même le dire, c'est la première fois qu'un accord sur le climat est signé et ratifié moins d'1 an après sa conclusion. Et donc, très clairement, sans la présidence française, de Laurent FABIUS, puis de Ségolène ROYAL, nous n'y serions pas du tout arrivés, et le coup de chapeau il est aussi à l'Europe, parce que Ségolène ROYAL a réussi à convaincre l'ensemble des pays européens de se lancer dans la ratification, et c'est ça qui a entraîné l'application de l'accord.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et elle va ce matin au Parlement européen. 30 jours, c'est-à-dire c'est avant le débat de la COP22 au Maroc.
EMMANUELLE COSSE
Absolument, et donc ça veut dire qu'à la COP22 au Maroc on va discuter de comment on met en oeuvre cet accord, et je vous le rappelle, y compris en France, on a une loi sur la transition énergétique qui, déjà, pose des obligations de réduction des gaz à effet de serre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et on peut dire aujourd'hui que la droite, le centre et la gauche, devraient se réjouir et d'ailleurs le montrer. À Londres, Theresa MAY vient de durcit son Brexit anti-immigration. Je prends deux, trois exemples. Les entreprises sont obligées de publier des listes d'employés non Britanniques, de privilégier la main d'oeuvre nationale, de se séparer, dans les hôpitaux, des médecins étrangers. Il y a des commentaires à Londres : « détestable », « dégueulasse », « raciste », et pour la Première ministre d'Ecosse « c'est répugnant. » Et pour vous, qu'est-ce que c'est ?
EMMANUELLE COSSE
C'est une catastrophe. De toute façon le vote sur le Brexit était déjà une catastrophe parce que c'était, me semble-t-il, pour l'Angleterre, un avenir extrêmement sombre, et Theresa MAY semble vouloir avoir un Brexit total, ça veut dire aussi, j'imagine, sortir du marché intérieur européen. Je me demande quel sera l'avenir de l'Angleterre, mais surtout qu'est-ce que ça veut dire pour tous les salariés Européens qui travaillent aujourd'hui en Grande-Bretagne, mais aussi pour les Britanniques qui sont chez nous en France. Je pense que c'est important de rappeler quand même qu'on a des accords bilatéraux, qu'il y a beaucoup de Britanniques qui vivent en France, et la question va se poser, évidemment, de la réciprocité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est la préférence nationale appliquée en Grande-Bretagne, c'est quand même assez choquant.
EMMANUELLE COSSE
Mais c'est surtout, est-ce qu'on peut penser que l'avenir d'une île, parce que je rappelle quand même que c'est une île, peut se vivre en dehors d'un continent européen qui l'a portée et supportée pendant tant de siècles.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
A eux de le régler, peut-être aux Européens aussi. Le démantèlement de la « jungle » de Calais devrait démarrer dans quelques jours, il vous faudrait 9000 places pour les centres d'accueil, est-ce que vous les avez ?
EMMANUELLE COSSE
Nous avançons, fortement, et comme je l'ai dit à plusieurs reprises, on lancera l'opération du démantèlement de la « jungle » de Calais quand nous aurons toutes les places. L'objectif est très simple
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il vous en manque combien, sur les 9000 ?
EMMANUELLE COSSE
Il nous en manque encore, et je vais vous dire, je ne donnerai pas de chiffres précis, et pour vous dire les choses très franchement, nous les aurons les places, ce n'est pas un problème. Mais aujourd'hui on voit monter, sur le territoire national, dans certains endroits, des réactions de haine extrêmement dangereuses, il y a eu hier soir des coups de feu tirés sur un centre, à Saint-Brévin, que nous allons utiliser justement pour l'accueil des migrants, il y a eu à Vitry-le-François des tracts racistes apposés dans un centre de migrants qui est ouvert depuis plusieurs semaines. Et moi je vous le dis franchement, ce matin, avec Bernard CAZENEUVE on s'est lancé dans cette opération en disant qu'on voulait être digne et responsable, et aujourd'hui moi j'ai besoin que tous les humanistes de ce pays, tous les progressistes, s'opposent, s'expriment, pour dénoncer ces actions extrêmement racistes qu'on voit aujourd'hui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous voyez bien qu'il y a des maires, donc des élus, et des populations, qui ne veulent pas de migrants chez eux, même en petit nombre.
EMMANUELLE COSSE
Mais la majorité des maires, y compris le maire de Saint-Brévin hier, a dit qu'il voulait que ça réussisse, et moi ce que je vois aujourd'hui c'est que l'Etat prend ses responsabilités et que nous demandons aux élus locaux de nous accompagner.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et s'ils ne veulent pas ?
EMMANUELLE COSSE
S'ils ne veulent pas, nous prendrons quand même
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a des manifestations des gens, eux-mêmes.
EMMANUELLE COSSE
Nous prendrons quand même nos responsabilités, parce que
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire ?
EMMANUELLE COSSE
C'est-à-dire que nous ouvrirons des centres pour faire ces 9000 places, parce qu'on ne peut pas accepter de laisser des gens à la rue, dans la boue, alors qu'ils relèvent du droit d'asile, et aujourd'hui nous menons partout en France des réunions de concertation, partout. Moi je vois par contre des militants, notamment d'extrême droite, qui utilisent ça pour faire de la politique, et pour faire de la politique nauséabonde, et moi je le redis, aujourd'hui j'appelle tous les Français a simplement dire que ce n'est pas difficile d'accueillir sur l'ensemble du territoire des petits groupes de personnes, on peut le faire..
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord, ça c'est ceux de Calais, mais il y en a d'autres. Mais, d'une manière générale, Emmanuelle COSSE, est-ce que les demandeurs d'asile seront fixés plus facilement, plus aisément, sur leur propre sort ? Est-ce que ça ira plus vite ?
EMMANUELLE COSSE
D'une part ça ira plus vite, d'autre part, déjà ils pourront faire leur demande d'asile, parce qu'aujourd'hui les gens qui vivent dans la rue à Paris, ou dans la « jungle » à Calais, ils n'ont aucun accès aux droits.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et ceux qui n'ont aucun droit d'asile seront expulsés ?
EMMANUELLE COSSE
Oui, le Premier ministre l'a rappelé, il y a une application du droit d'asile, reconnue pour ceux et celles qui relèvent du droit d'asile, et pour les autres
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et est-ce qu'il sera possible d'organiser, avec les Anglais, des charters communs, comme le disait Nicolas SARKOZY ?
EMMANUELLE COSSE
Non, là je crois que toutes ces solutions, à la va-vite, pour expliquer qu'on peut régler d'un coup de baguette magique cette histoire-là, ça n'existe pas, il y a des milliers de personnes qui arrivent en Europe aujourd'hui, on le voit tous les jours depuis la Libye, il y a des personnes qui relèvent de l'asile
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Onze mille lundi.
EMMANUELLE COSSE
Et elles doivent obtenir leurs droits. Par contre, vous parliez de l'Angleterre, l'Angleterre s'isole, mais l'Angleterre refuse aujourd'hui d'appliquer correctement le regroupement familial. Il y a à Calais des enfants, des mineurs, qui relèvent du regroupement familial, et Bernard CAZENEUVE s'emploie tous les jours à faire accéder les procédures.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Combien de mineurs ?
EMMANUELLE COSSE
Nous pensons entre 800 et 1000 mineurs, et il y a au moins 200 mineurs qui relèvent du regroupement familial.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La région parisienne, à travers vous, l'État, accompagne Anne HIDALGO qui crée un centre à Paris, 18e, porte de la Chapelle, etc., pour 400, puis 600 migrants. Est-ce qu'il sera en place à la date prévue ?
EMMANUELLE COSSE
Oui, il sera en place d'ici la fin mois d'octobre, comme Anne HIDALGO l'avait annoncé, il va permettre à beaucoup de personnes d'être accueillies dignement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et un second centre doit être créé à Ivry-sur-Seine, d'ici à la fin pour 350 femmes, etc., ça veut dire qu'il va y avoir encore d'autres centres ?
EMMANUELLE COSSE
Il va y avoir un centre à Ivry pour accueillir des gens avant de les envoyer dans les centres que nous faisons dans l'ensemble de la France.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire que, plus il y a de centres, plus il y aura de migrants, c'est sans fin.
EMMANUELLE COSSE
Ce n'est pas vrai. La réalité c'est qu'il y a aujourd'hui des migrants, que nous les sortons de la rue tous les jours, en 1 an on a mis à l'abri 19.000 personnes depuis Paris, je redis bien 19.000 personnes, et en même temps, je le redis, des gens continuent d'arriver. Ce qui se passe à Alep, en Syrie, ce qui se passe en Libye, tous ces conflits extrêmement dramatiques, expliquent pourquoi il y a autant de gens qui sont sur les routes de l'exil, qu'ils arrivent en Europe, ils cherchent une protection, et nous ne pouvons pas simplement les regarder « gire » dans la rue comme c'est le cas aujourd'hui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Je parlerai du logement tout à l'heure. Aujourd'hui, deuxième débat de la primaire Europe Écologie-Les Verts, qui concerne à peine 15.000 écolos inscrits, est-ce que vous êtes encore Verte de ce Vert-là ?
EMMANUELLE COSSE
Non, je suis une écologiste, mais je ne vous cache pas que quand je vois cette primaire, moi j'ai un sentiment de gâchis énorme. Vous venez d'en parler, on a signé l'accord de Paris, qui est une avancée
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On ne les a pas entendus d'ailleurs !
EMMANUELLE COSSE
Qui est une avancée historique, et moi en tant qu'écologiste j'ai été encore émue hier quand enfin on a eu cet accord. En juillet on a adopté la première loi mondiale qui interdit les pesticides tueurs d'abeilles, et les écologistes, de cette écologie-là, ne s'en félicitent pas, on a des avancées sur le diesel, et ils ne s'en félicitent pas.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous n'êtes plus Verte de ce Vert-là.
EMMANUELLE COSSE
Je suis une écologiste et je pense que l'écologie elle est bonne en actions et que je préfère mettre mon énergie pour l'intérêt des Français et pas pour des guerres politiques, c'est tout.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le premier des deux tours de scrutin aura lieu le 19 octobre, est-ce que vous voterez ?
EMMANUELLE COSSE
Non, je ne suis pas inscrite à cette primaire et je ne m'inscrirai pas.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Si elle a lieu, est-ce que vous voterez pour la primaire de gauche ?
EMMANUELLE COSSE
Oui, absolument, je vais même défendre un des candidats dans cette primaire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et d'après un sondage pour BFM TV plus d'1 Français sur 2 jugent une candidature écologiste inutile, et vous ?
EMMANUELLE COSSE
Je pense que dans le sujet, actuellement, je préférerai que tout le monde s'inscrive dans la primaire de la gauche et des écologistes, où on peut avoir un débat, et en même temps être réunis au second tour, parce qu'une gauche désunie c'est une gauche éliminée, et donc il faut travailler justement à une candidature de gauche forte, et qui prenne en compte l'écologie.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Emmanuelle COSSE, et en juin 2017, si les écologistes veulent retrouver des sièges de députés, quelle est pour eux la meilleure stratégie ?
EMMANUELLE COSSE
Soutenir le candidat de la gauche qui sortira de la primaire du Parti socialiste.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça sera qui à votre avis ?
EMMANUELLE COSSE
Qui sortira de la primaire de la gauche ? J'attends d'abord les candidats, pour l'instant ils ne sont pas encore là.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, oui L'avenir pour les Verts, ou les écologistes, est-ce que ce n'est pas de verdir tous les grands partis politiques ?
EMMANUELLE COSSE
En tout cas moi mon but, très clairement, c'est d'écologiser la gauche, et surtout montrer que, être écologiste ce n'est pas seulement contester, c'est proposer, en actes, un changement de société.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Demain c'est le Salon de l'immobilier qui commence, le numéro spécial du Parisien dit ce matin : neuf ou ancien, le marché de l'immobilier se porte globalement bien depuis le début 2016. Les acheteurs sont de retour, les prix stables, et surtout les taux d'intérêt ont encore baissé. Tous les indicateurs sont au vert, au moins jusqu'au printemps 2017. Est-ce que c'est vrai ?
EMMANUELLE COSSE
C'est vrai, nous avons des chiffres de logement incroyables, et maintenant il faut simplement garder ces outils, sans ciller, même après le printemps 2017, c'est comme ça qu'on garde la dynamique à la reprise.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais ce n'est pas forcément une confiance en vous tous, c'est plutôt que les taux d'intérêt sont bas.
EMMANUELLE COSSE
Non, on a mis beaucoup d'outils sur le marché du logement, ce qui fait qu'aujourd'hui, sur la construction, sur l'achat, sur la location, nous avons de très bons résultats et il faut continuer.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc après les dégâts Cécile DUFLOT, PINEL, plus aujourd'hui COSSE, ça tourne bien, ou ça tourne mieux, c'est ça ?
EMMANUELLE COSSE
Ça va bien en tout cas pour le logement, je peux vous le dire aujourd'hui, et j'en suis très heureuse parce que derrière il y a des gens qui cherchent à être mieux logés, et c'est très important.Source : Service d'information du Gouvernement, le 12 octobre 2016
« C'est un jour historique » dit Barack OBAMA, jour heureux et prometteur pour la planète, c'est si rare, on va en profiter, bienvenue Emmanuelle COSSE, bonjour.
EMMANUELLE COSSE
Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
L'accord de Paris sur le climat entre en vigueur dans 30 jours, il fallait 55 pays, 72 l'ont ratifié, l'Inde, le Canada, les États-Unis, la Chine, etc., c'est une performance, c'est un succès, pour tous, pour la France. Ce matin on peut faire un petit cocorico !
EMMANUELLE COSSE
Absolument. Il faut quand même le dire, c'est la première fois qu'un accord sur le climat est signé et ratifié moins d'1 an après sa conclusion. Et donc, très clairement, sans la présidence française, de Laurent FABIUS, puis de Ségolène ROYAL, nous n'y serions pas du tout arrivés, et le coup de chapeau il est aussi à l'Europe, parce que Ségolène ROYAL a réussi à convaincre l'ensemble des pays européens de se lancer dans la ratification, et c'est ça qui a entraîné l'application de l'accord.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et elle va ce matin au Parlement européen. 30 jours, c'est-à-dire c'est avant le débat de la COP22 au Maroc.
EMMANUELLE COSSE
Absolument, et donc ça veut dire qu'à la COP22 au Maroc on va discuter de comment on met en oeuvre cet accord, et je vous le rappelle, y compris en France, on a une loi sur la transition énergétique qui, déjà, pose des obligations de réduction des gaz à effet de serre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et on peut dire aujourd'hui que la droite, le centre et la gauche, devraient se réjouir et d'ailleurs le montrer. À Londres, Theresa MAY vient de durcit son Brexit anti-immigration. Je prends deux, trois exemples. Les entreprises sont obligées de publier des listes d'employés non Britanniques, de privilégier la main d'oeuvre nationale, de se séparer, dans les hôpitaux, des médecins étrangers. Il y a des commentaires à Londres : « détestable », « dégueulasse », « raciste », et pour la Première ministre d'Ecosse « c'est répugnant. » Et pour vous, qu'est-ce que c'est ?
EMMANUELLE COSSE
C'est une catastrophe. De toute façon le vote sur le Brexit était déjà une catastrophe parce que c'était, me semble-t-il, pour l'Angleterre, un avenir extrêmement sombre, et Theresa MAY semble vouloir avoir un Brexit total, ça veut dire aussi, j'imagine, sortir du marché intérieur européen. Je me demande quel sera l'avenir de l'Angleterre, mais surtout qu'est-ce que ça veut dire pour tous les salariés Européens qui travaillent aujourd'hui en Grande-Bretagne, mais aussi pour les Britanniques qui sont chez nous en France. Je pense que c'est important de rappeler quand même qu'on a des accords bilatéraux, qu'il y a beaucoup de Britanniques qui vivent en France, et la question va se poser, évidemment, de la réciprocité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est la préférence nationale appliquée en Grande-Bretagne, c'est quand même assez choquant.
EMMANUELLE COSSE
Mais c'est surtout, est-ce qu'on peut penser que l'avenir d'une île, parce que je rappelle quand même que c'est une île, peut se vivre en dehors d'un continent européen qui l'a portée et supportée pendant tant de siècles.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
A eux de le régler, peut-être aux Européens aussi. Le démantèlement de la « jungle » de Calais devrait démarrer dans quelques jours, il vous faudrait 9000 places pour les centres d'accueil, est-ce que vous les avez ?
EMMANUELLE COSSE
Nous avançons, fortement, et comme je l'ai dit à plusieurs reprises, on lancera l'opération du démantèlement de la « jungle » de Calais quand nous aurons toutes les places. L'objectif est très simple
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il vous en manque combien, sur les 9000 ?
EMMANUELLE COSSE
Il nous en manque encore, et je vais vous dire, je ne donnerai pas de chiffres précis, et pour vous dire les choses très franchement, nous les aurons les places, ce n'est pas un problème. Mais aujourd'hui on voit monter, sur le territoire national, dans certains endroits, des réactions de haine extrêmement dangereuses, il y a eu hier soir des coups de feu tirés sur un centre, à Saint-Brévin, que nous allons utiliser justement pour l'accueil des migrants, il y a eu à Vitry-le-François des tracts racistes apposés dans un centre de migrants qui est ouvert depuis plusieurs semaines. Et moi je vous le dis franchement, ce matin, avec Bernard CAZENEUVE on s'est lancé dans cette opération en disant qu'on voulait être digne et responsable, et aujourd'hui moi j'ai besoin que tous les humanistes de ce pays, tous les progressistes, s'opposent, s'expriment, pour dénoncer ces actions extrêmement racistes qu'on voit aujourd'hui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous voyez bien qu'il y a des maires, donc des élus, et des populations, qui ne veulent pas de migrants chez eux, même en petit nombre.
EMMANUELLE COSSE
Mais la majorité des maires, y compris le maire de Saint-Brévin hier, a dit qu'il voulait que ça réussisse, et moi ce que je vois aujourd'hui c'est que l'Etat prend ses responsabilités et que nous demandons aux élus locaux de nous accompagner.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et s'ils ne veulent pas ?
EMMANUELLE COSSE
S'ils ne veulent pas, nous prendrons quand même
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a des manifestations des gens, eux-mêmes.
EMMANUELLE COSSE
Nous prendrons quand même nos responsabilités, parce que
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire ?
EMMANUELLE COSSE
C'est-à-dire que nous ouvrirons des centres pour faire ces 9000 places, parce qu'on ne peut pas accepter de laisser des gens à la rue, dans la boue, alors qu'ils relèvent du droit d'asile, et aujourd'hui nous menons partout en France des réunions de concertation, partout. Moi je vois par contre des militants, notamment d'extrême droite, qui utilisent ça pour faire de la politique, et pour faire de la politique nauséabonde, et moi je le redis, aujourd'hui j'appelle tous les Français a simplement dire que ce n'est pas difficile d'accueillir sur l'ensemble du territoire des petits groupes de personnes, on peut le faire..
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord, ça c'est ceux de Calais, mais il y en a d'autres. Mais, d'une manière générale, Emmanuelle COSSE, est-ce que les demandeurs d'asile seront fixés plus facilement, plus aisément, sur leur propre sort ? Est-ce que ça ira plus vite ?
EMMANUELLE COSSE
D'une part ça ira plus vite, d'autre part, déjà ils pourront faire leur demande d'asile, parce qu'aujourd'hui les gens qui vivent dans la rue à Paris, ou dans la « jungle » à Calais, ils n'ont aucun accès aux droits.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et ceux qui n'ont aucun droit d'asile seront expulsés ?
EMMANUELLE COSSE
Oui, le Premier ministre l'a rappelé, il y a une application du droit d'asile, reconnue pour ceux et celles qui relèvent du droit d'asile, et pour les autres
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et est-ce qu'il sera possible d'organiser, avec les Anglais, des charters communs, comme le disait Nicolas SARKOZY ?
EMMANUELLE COSSE
Non, là je crois que toutes ces solutions, à la va-vite, pour expliquer qu'on peut régler d'un coup de baguette magique cette histoire-là, ça n'existe pas, il y a des milliers de personnes qui arrivent en Europe aujourd'hui, on le voit tous les jours depuis la Libye, il y a des personnes qui relèvent de l'asile
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Onze mille lundi.
EMMANUELLE COSSE
Et elles doivent obtenir leurs droits. Par contre, vous parliez de l'Angleterre, l'Angleterre s'isole, mais l'Angleterre refuse aujourd'hui d'appliquer correctement le regroupement familial. Il y a à Calais des enfants, des mineurs, qui relèvent du regroupement familial, et Bernard CAZENEUVE s'emploie tous les jours à faire accéder les procédures.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Combien de mineurs ?
EMMANUELLE COSSE
Nous pensons entre 800 et 1000 mineurs, et il y a au moins 200 mineurs qui relèvent du regroupement familial.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La région parisienne, à travers vous, l'État, accompagne Anne HIDALGO qui crée un centre à Paris, 18e, porte de la Chapelle, etc., pour 400, puis 600 migrants. Est-ce qu'il sera en place à la date prévue ?
EMMANUELLE COSSE
Oui, il sera en place d'ici la fin mois d'octobre, comme Anne HIDALGO l'avait annoncé, il va permettre à beaucoup de personnes d'être accueillies dignement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et un second centre doit être créé à Ivry-sur-Seine, d'ici à la fin pour 350 femmes, etc., ça veut dire qu'il va y avoir encore d'autres centres ?
EMMANUELLE COSSE
Il va y avoir un centre à Ivry pour accueillir des gens avant de les envoyer dans les centres que nous faisons dans l'ensemble de la France.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire que, plus il y a de centres, plus il y aura de migrants, c'est sans fin.
EMMANUELLE COSSE
Ce n'est pas vrai. La réalité c'est qu'il y a aujourd'hui des migrants, que nous les sortons de la rue tous les jours, en 1 an on a mis à l'abri 19.000 personnes depuis Paris, je redis bien 19.000 personnes, et en même temps, je le redis, des gens continuent d'arriver. Ce qui se passe à Alep, en Syrie, ce qui se passe en Libye, tous ces conflits extrêmement dramatiques, expliquent pourquoi il y a autant de gens qui sont sur les routes de l'exil, qu'ils arrivent en Europe, ils cherchent une protection, et nous ne pouvons pas simplement les regarder « gire » dans la rue comme c'est le cas aujourd'hui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Je parlerai du logement tout à l'heure. Aujourd'hui, deuxième débat de la primaire Europe Écologie-Les Verts, qui concerne à peine 15.000 écolos inscrits, est-ce que vous êtes encore Verte de ce Vert-là ?
EMMANUELLE COSSE
Non, je suis une écologiste, mais je ne vous cache pas que quand je vois cette primaire, moi j'ai un sentiment de gâchis énorme. Vous venez d'en parler, on a signé l'accord de Paris, qui est une avancée
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On ne les a pas entendus d'ailleurs !
EMMANUELLE COSSE
Qui est une avancée historique, et moi en tant qu'écologiste j'ai été encore émue hier quand enfin on a eu cet accord. En juillet on a adopté la première loi mondiale qui interdit les pesticides tueurs d'abeilles, et les écologistes, de cette écologie-là, ne s'en félicitent pas, on a des avancées sur le diesel, et ils ne s'en félicitent pas.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous n'êtes plus Verte de ce Vert-là.
EMMANUELLE COSSE
Je suis une écologiste et je pense que l'écologie elle est bonne en actions et que je préfère mettre mon énergie pour l'intérêt des Français et pas pour des guerres politiques, c'est tout.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le premier des deux tours de scrutin aura lieu le 19 octobre, est-ce que vous voterez ?
EMMANUELLE COSSE
Non, je ne suis pas inscrite à cette primaire et je ne m'inscrirai pas.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Si elle a lieu, est-ce que vous voterez pour la primaire de gauche ?
EMMANUELLE COSSE
Oui, absolument, je vais même défendre un des candidats dans cette primaire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et d'après un sondage pour BFM TV plus d'1 Français sur 2 jugent une candidature écologiste inutile, et vous ?
EMMANUELLE COSSE
Je pense que dans le sujet, actuellement, je préférerai que tout le monde s'inscrive dans la primaire de la gauche et des écologistes, où on peut avoir un débat, et en même temps être réunis au second tour, parce qu'une gauche désunie c'est une gauche éliminée, et donc il faut travailler justement à une candidature de gauche forte, et qui prenne en compte l'écologie.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Emmanuelle COSSE, et en juin 2017, si les écologistes veulent retrouver des sièges de députés, quelle est pour eux la meilleure stratégie ?
EMMANUELLE COSSE
Soutenir le candidat de la gauche qui sortira de la primaire du Parti socialiste.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça sera qui à votre avis ?
EMMANUELLE COSSE
Qui sortira de la primaire de la gauche ? J'attends d'abord les candidats, pour l'instant ils ne sont pas encore là.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, oui L'avenir pour les Verts, ou les écologistes, est-ce que ce n'est pas de verdir tous les grands partis politiques ?
EMMANUELLE COSSE
En tout cas moi mon but, très clairement, c'est d'écologiser la gauche, et surtout montrer que, être écologiste ce n'est pas seulement contester, c'est proposer, en actes, un changement de société.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Demain c'est le Salon de l'immobilier qui commence, le numéro spécial du Parisien dit ce matin : neuf ou ancien, le marché de l'immobilier se porte globalement bien depuis le début 2016. Les acheteurs sont de retour, les prix stables, et surtout les taux d'intérêt ont encore baissé. Tous les indicateurs sont au vert, au moins jusqu'au printemps 2017. Est-ce que c'est vrai ?
EMMANUELLE COSSE
C'est vrai, nous avons des chiffres de logement incroyables, et maintenant il faut simplement garder ces outils, sans ciller, même après le printemps 2017, c'est comme ça qu'on garde la dynamique à la reprise.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais ce n'est pas forcément une confiance en vous tous, c'est plutôt que les taux d'intérêt sont bas.
EMMANUELLE COSSE
Non, on a mis beaucoup d'outils sur le marché du logement, ce qui fait qu'aujourd'hui, sur la construction, sur l'achat, sur la location, nous avons de très bons résultats et il faut continuer.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc après les dégâts Cécile DUFLOT, PINEL, plus aujourd'hui COSSE, ça tourne bien, ou ça tourne mieux, c'est ça ?
EMMANUELLE COSSE
Ça va bien en tout cas pour le logement, je peux vous le dire aujourd'hui, et j'en suis très heureuse parce que derrière il y a des gens qui cherchent à être mieux logés, et c'est très important.Source : Service d'information du Gouvernement, le 12 octobre 2016