Texte intégral
Madame et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux de vous retrouver aujourd'hui, à l'initiative de Jean Claude GAYSSOT, pour évoquer avec vous plutôt le développement urbain, ses difficultés, ses perspectives. Vous avez engagé un dialogue, avec des experts, avec des élus, surtout avec les habitants de six villes de France. Cette réflexion a naturellement vocation à se poursuivre et à s'approfondir. Mais le débat de cet après-midi nous permet de faire une première synthèse de ces échanges. Je voudrais à cette occasion vous tracer les perspectives de l'action du gouvernement pour l'habitat, les transports, la vie en ville.
De chacune des villes dont vous venez, nous avons, tous, une belle image en tête : celle des traboules de la Croix-Rousse, des ruelles médiévales de Dijon, ou des édifices romains de Nîmes. De l'ancienne Bourse de Lille à la Loge -si " italienne"- de Perpignan, en passant par l'hôtel de ville d'Orléans, chacune garde de l'histoire des traits singuliers. Mais si vous êtes ici ce soir, c'est pour parler de votre vie de chaque jour, et pour trouver les remèdes au malaise qui s'est installé dans la ville.
Un développement trop rapide a transformé ces paysages familiers. La ville s'est métamorphosée sous nos yeux. Elle s'étend, et dévore alentour toujours plus d'espaces. En quarante ans, la région parisienne a vu se bâtir plus de 2 millions et demi de logements. Et pourtant, Paris s'est dépeuplé. C'est le symbole d'une évolution que nombre de villes, moyennes et grandes, ont connue. A mesure qu'elle s'étend, la ville se divise en " cités ", en " quartiers " autour desquels la ségrégation sociale creuse des fossés en apparence infranchissables. Deux décennies de chômage de masse l'ont fragmentée. Elle subit une évolution profonde de ses formes, qui oppose lieux de vie et lieux de travail, lieux du commerce et lieux de détente ou de loisirs. Le besoin de se déplacer s'accroît. La pression de l'automobile se fait plus forte, et, avec elle, les nuisances deviennent plus sensibles - embouteillages, bruit, pollution de l'air.
Des politiques urbaines conçues dans l'après-guerre n'ont pas su maîtriser ce développement. Guidées par le souci de loger rapidement dans de meilleures conditions le plus grand nombre, elles ont permis d'offrir un toit aux générations des " Trente Glorieuses ". Mais elles ont organisé une répartition fonctionnelle de l'espace urbain, distingué des zones selon la nature des activités qui y étaient conduites, se sont fiées à des prévisions de croissance forte pour financer l'aménagement des villes. Ainsi nos règlements, nos méthodes, nos instruments ont été façonnés à une époque où la quantité reléguait au second plan la qualité : pour reconstruire le pays, résorber les bidonvilles, accueillir l'exode rural...
Il a manqué une vision globale liant urbanisme, habitat et transports. Les règles d'urbanisme se sont multipliées sans prendre en compte leurs effets sur les transports. Imposer pour chaque nouveau bureau des places de parking, c'est inciter chacun à prendre sa voiture. Construire des logements là où le terrain est abondant et bon marché -autour des villes- génère de coûteux besoins en équipements et des déplacements plus nombreux. L'implantation autorisée, voulue, planifiée, de vastes centres commerciaux dans cette périphérie appauvrit les centres. Par ailleurs, nos modes de financement des transports demeurent peu cohérents : nous ne payons pas le prix de nos comportements individuels. C'est le contribuable et non l'automobiliste qui paie l'essentiel de la voirie. Or tous les citadins subissent les effets du développement exponentiel du trafic automobile. Et les ressources manquent pour réaliser et exploiter les réseaux de transport en commun confortables, rapides et efficaces dont les usagers ne peuvent, à eux seuls, supporter la charge.
Enfin les inégalités entre les collectivités se sont accentuées. Trop longtemps le développement urbain a été conçu dans le seul cadre de la commune. Chacune a défini sa politique sans prendre en compte celle de ses voisines, voire en rejetant sur elles la charge des ajustements. Les écarts entre villes riches et villes pauvres, entre centre et périphérie en ont été accrus.
Rénover la politique urbaine est donc une nécessité.
C'est une nécessité pour renouer le lien social. Nous avons inscrit dans la loi en 1990 l'objectif de mixité sociale. Il est aujourd'hui urgent de nous donner les moyens de le mettre en oeuvre. Nous ne pouvons en effet laisser le tissu urbain se déchirer irrémédiablement. Des quartiers ne sauraient être interdits à certains. Nul ne doit se croire enfermé dans sa rue, sa cité, son faubourg.
C'est une nécessité pour reconstituer le cadre de la vie civique. N'oublions jamais que la cité est le lieu où s'est inventée la démocratie. Repenser la politique urbaine, c'est donc repenser la politique. Parce que c'est dans la cité que l'action politique s'exprime le plus concrètement, dans des choix qui concernent chacun, chaque jour.
C'est une nécessité enfin parce qu'il s'agit de la vie quotidienne des Français. Aujourd'hui quatre sur cinq vivent en ville. Ce que la ville devrait être pour eux, vous l'avez dit, au cours de vos débats. Le milieu où nous devons trouver notre épanouissement, où chacun doit trouver sa place. Elle est aussi notre environnement, dont la qualité est une constante préoccupation.
Une nouvelle politique urbaine doit se fonder sur des principes clairs : solidarité, cohérence, citoyenneté.
Solidarité entre les villes, solidarité dans les villes, solidarité dans les quartiers. Les agglomérations doivent devenir l'échelon où l'ensemble des problèmes urbains sont appréhendés. Les centres doivent redevenir le lieu où tous se croisent et se rencontrent. Le logement social doit fonctionner de façon plus solidaire.
Cohérence des politiques urbaines : celles-ci doivent privilégier la cohésion sociale des quartiers, l'accès à l'emploi, économiser ce bien rare qu'est l'espace tout en offrant à chacun un logement décent.
Une citoyenneté retrouvée, car la politique urbaine sollicite la mobilisation de tous. L'Etat doit prendre ses responsabilités, en partenariat avec les collectivités locales, avec les associations et surtout avec les citoyens eux-mêmes. C'est loin d'être la voie de la facilité. Car organiser la concertation, c'est appeler à une responsabilité plus grande de chacun, à une conception exigeante de la vie en commun. Vous êtes nombreux à le savoir. Quand des riverains attaquent le permis de construire de logements sociaux ; quand des commerçants s'opposent à la transformation de leur rue en voie piétonnière ; quand beaucoup d'entre nous choisissent la voiture individuelle plutôt que des transports en communs, où est l'intérêt général ?
Nos concitoyens se disent prêts, dans les consultations que vous avez menées, à des approches plus citoyennes. Mais dans les faits, la ville ne changera pas sans que chacun s'engage.
C'est pourquoi le gouvernement met au service du développement urbain une politique globale.
Nous avons dégagé de nouveaux moyens pour la ville. L'effort consenti par la puissance publique a augmenté de 30 % en 1999. Le ministre délégué à la ville, M. Claude BARTOLONE, conclura bientôt la prochaine génération de contrats de ville. Un programme ambitieux de renouvellement urbain est en préparation, dans les secteurs qui nécessitent de façon urgente l'intervention des pouvoirs publics.
Le gouvernement offre un cadre nouveau aux politiques urbaines. La loi sur l'intercommunalité qu'a préparée le ministre de l'Intérieur, Jean-Pierre CHEVENEMENT, fait de l'agglomération l'espace pertinent pour ces politiques. La ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement, Mme Dominique VOYNET, prépare, au-delà des contrats de plan, qui formeront un support approprié pour le financement de nombreuses opérations, des " contrats d'agglomération " afin de mettre en oeuvre de façon coordonnée des actions d'aménagement, de restructuration et d'équipement.
Il faut aller plus loin : en faisant évoluer les règles de l'urbanisme d'abord. Pour favoriser une utilisation plus rationnelle de l'espace. En instaurant de nouvelles procédures pour engager le vaste chantier du renouvellement urbain. Afin de mieux utiliser le parc ancien, de mieux valoriser le centre des villes, dans le respect du tissu urbain, de faire des quartiers périphériques des quartiers " comme les autres " mieux aménagés, mieux desservis, mieux protégés. Cela suppose de mobiliser les moyens nécessaires pour résorber les poches d'habitat insalubre encore trop nombreuses.
Les règles applicables à l'habitat social doivent être revues. Pour mettre réellement en oeuvre une plus grande mixité sociale, chaque partie de chaque agglomération doit prendre sa part du renouvellement et du développement du logement social. La pérennité du parc social doit être confortée, la coordination entre bailleurs sociaux accrue, la solidarité qui les unit devenir plus étroite.
L'organisation des transports doit concilier liberté de circuler et qualité de l'environnement. Chacun aimerait dessiner dans la ville son domaine. Encore faut-il le pouvoir. Dans une ville qui se fragmente, la liberté d'aller et venir est entravée. Chacun, au centre ou en banlieue, doit être libre d'" habiter " ainsi toute la ville. Il faut aussi maîtriser les effets de l'automobile sur l'environnement et l'espace urbain. Le succès de la " journée sans voiture ", la sensibilité des citadins aux pics de pollution témoignent qu'ils y sont prêts. Deux priorités se dégagent des premiers Plans de Déplacement Urbain : accroître la part des transports en commun, en les rendant plus attractifs ; diminuer le trafic automobile en centre ville, tout en facilitant la circulation autour des villes, là où elle est irremplaçable.
De nouvelles politiques de stationnement et de partage de la voirie, une plus grande " vérité des coûts d'usage " de l'automobile, permettraient de prendre en compte ces attentes. La mise en commun, dans les agglomérations, de l'organisation et de la gestion de l'espace public consacré aux déplacements et au stationnement, de l'exploitation de la circulation et des transports collectifs, est une piste à explorer.
Le programme d'action gouvernemental pour la ville et les transports rassemblera les mesures nécessaires. Les dispositions législatives en seront préparées à l'initiative du ministre de l'équipement, des transports et du logement et du secrétaire d'Etat au logement, M. Louis BESSON.
Mesdames, Messieurs,
C'est dans la durée que nous apprécierons les effets de ces mesures. Il faudra compter avec l'inertie des structures de nos villes, comme avec l'inertie des habitudes. Nous devrons donc faire preuve de patience, et de détermination. Car il s'agit de mieux connaître vos attentes et d'appréhender globalement les problèmes. Dans la conduite de cette action, qui sera un grand chantier du Gouvernement pour la fin de l'année et tout au long de 2000, j'ai pleine confiance en Jean-Claude GAYSSOT. Je veux rendre hommage au sérieux avec lequel il mène à bien sa tâche. La concertation inaugurée par ces rencontres s'inscrit naturellement dans les principes d'action de ce gouvernement. C'est avec vous que seront mises en oeuvre les nouvelles politiques urbaines, pour transformer le cadre de votre vie quotidienne. C'est pourquoi je souhaite que vous soyez nombreux à vous y engager.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 25 juin 1999)
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux de vous retrouver aujourd'hui, à l'initiative de Jean Claude GAYSSOT, pour évoquer avec vous plutôt le développement urbain, ses difficultés, ses perspectives. Vous avez engagé un dialogue, avec des experts, avec des élus, surtout avec les habitants de six villes de France. Cette réflexion a naturellement vocation à se poursuivre et à s'approfondir. Mais le débat de cet après-midi nous permet de faire une première synthèse de ces échanges. Je voudrais à cette occasion vous tracer les perspectives de l'action du gouvernement pour l'habitat, les transports, la vie en ville.
De chacune des villes dont vous venez, nous avons, tous, une belle image en tête : celle des traboules de la Croix-Rousse, des ruelles médiévales de Dijon, ou des édifices romains de Nîmes. De l'ancienne Bourse de Lille à la Loge -si " italienne"- de Perpignan, en passant par l'hôtel de ville d'Orléans, chacune garde de l'histoire des traits singuliers. Mais si vous êtes ici ce soir, c'est pour parler de votre vie de chaque jour, et pour trouver les remèdes au malaise qui s'est installé dans la ville.
Un développement trop rapide a transformé ces paysages familiers. La ville s'est métamorphosée sous nos yeux. Elle s'étend, et dévore alentour toujours plus d'espaces. En quarante ans, la région parisienne a vu se bâtir plus de 2 millions et demi de logements. Et pourtant, Paris s'est dépeuplé. C'est le symbole d'une évolution que nombre de villes, moyennes et grandes, ont connue. A mesure qu'elle s'étend, la ville se divise en " cités ", en " quartiers " autour desquels la ségrégation sociale creuse des fossés en apparence infranchissables. Deux décennies de chômage de masse l'ont fragmentée. Elle subit une évolution profonde de ses formes, qui oppose lieux de vie et lieux de travail, lieux du commerce et lieux de détente ou de loisirs. Le besoin de se déplacer s'accroît. La pression de l'automobile se fait plus forte, et, avec elle, les nuisances deviennent plus sensibles - embouteillages, bruit, pollution de l'air.
Des politiques urbaines conçues dans l'après-guerre n'ont pas su maîtriser ce développement. Guidées par le souci de loger rapidement dans de meilleures conditions le plus grand nombre, elles ont permis d'offrir un toit aux générations des " Trente Glorieuses ". Mais elles ont organisé une répartition fonctionnelle de l'espace urbain, distingué des zones selon la nature des activités qui y étaient conduites, se sont fiées à des prévisions de croissance forte pour financer l'aménagement des villes. Ainsi nos règlements, nos méthodes, nos instruments ont été façonnés à une époque où la quantité reléguait au second plan la qualité : pour reconstruire le pays, résorber les bidonvilles, accueillir l'exode rural...
Il a manqué une vision globale liant urbanisme, habitat et transports. Les règles d'urbanisme se sont multipliées sans prendre en compte leurs effets sur les transports. Imposer pour chaque nouveau bureau des places de parking, c'est inciter chacun à prendre sa voiture. Construire des logements là où le terrain est abondant et bon marché -autour des villes- génère de coûteux besoins en équipements et des déplacements plus nombreux. L'implantation autorisée, voulue, planifiée, de vastes centres commerciaux dans cette périphérie appauvrit les centres. Par ailleurs, nos modes de financement des transports demeurent peu cohérents : nous ne payons pas le prix de nos comportements individuels. C'est le contribuable et non l'automobiliste qui paie l'essentiel de la voirie. Or tous les citadins subissent les effets du développement exponentiel du trafic automobile. Et les ressources manquent pour réaliser et exploiter les réseaux de transport en commun confortables, rapides et efficaces dont les usagers ne peuvent, à eux seuls, supporter la charge.
Enfin les inégalités entre les collectivités se sont accentuées. Trop longtemps le développement urbain a été conçu dans le seul cadre de la commune. Chacune a défini sa politique sans prendre en compte celle de ses voisines, voire en rejetant sur elles la charge des ajustements. Les écarts entre villes riches et villes pauvres, entre centre et périphérie en ont été accrus.
Rénover la politique urbaine est donc une nécessité.
C'est une nécessité pour renouer le lien social. Nous avons inscrit dans la loi en 1990 l'objectif de mixité sociale. Il est aujourd'hui urgent de nous donner les moyens de le mettre en oeuvre. Nous ne pouvons en effet laisser le tissu urbain se déchirer irrémédiablement. Des quartiers ne sauraient être interdits à certains. Nul ne doit se croire enfermé dans sa rue, sa cité, son faubourg.
C'est une nécessité pour reconstituer le cadre de la vie civique. N'oublions jamais que la cité est le lieu où s'est inventée la démocratie. Repenser la politique urbaine, c'est donc repenser la politique. Parce que c'est dans la cité que l'action politique s'exprime le plus concrètement, dans des choix qui concernent chacun, chaque jour.
C'est une nécessité enfin parce qu'il s'agit de la vie quotidienne des Français. Aujourd'hui quatre sur cinq vivent en ville. Ce que la ville devrait être pour eux, vous l'avez dit, au cours de vos débats. Le milieu où nous devons trouver notre épanouissement, où chacun doit trouver sa place. Elle est aussi notre environnement, dont la qualité est une constante préoccupation.
Une nouvelle politique urbaine doit se fonder sur des principes clairs : solidarité, cohérence, citoyenneté.
Solidarité entre les villes, solidarité dans les villes, solidarité dans les quartiers. Les agglomérations doivent devenir l'échelon où l'ensemble des problèmes urbains sont appréhendés. Les centres doivent redevenir le lieu où tous se croisent et se rencontrent. Le logement social doit fonctionner de façon plus solidaire.
Cohérence des politiques urbaines : celles-ci doivent privilégier la cohésion sociale des quartiers, l'accès à l'emploi, économiser ce bien rare qu'est l'espace tout en offrant à chacun un logement décent.
Une citoyenneté retrouvée, car la politique urbaine sollicite la mobilisation de tous. L'Etat doit prendre ses responsabilités, en partenariat avec les collectivités locales, avec les associations et surtout avec les citoyens eux-mêmes. C'est loin d'être la voie de la facilité. Car organiser la concertation, c'est appeler à une responsabilité plus grande de chacun, à une conception exigeante de la vie en commun. Vous êtes nombreux à le savoir. Quand des riverains attaquent le permis de construire de logements sociaux ; quand des commerçants s'opposent à la transformation de leur rue en voie piétonnière ; quand beaucoup d'entre nous choisissent la voiture individuelle plutôt que des transports en communs, où est l'intérêt général ?
Nos concitoyens se disent prêts, dans les consultations que vous avez menées, à des approches plus citoyennes. Mais dans les faits, la ville ne changera pas sans que chacun s'engage.
C'est pourquoi le gouvernement met au service du développement urbain une politique globale.
Nous avons dégagé de nouveaux moyens pour la ville. L'effort consenti par la puissance publique a augmenté de 30 % en 1999. Le ministre délégué à la ville, M. Claude BARTOLONE, conclura bientôt la prochaine génération de contrats de ville. Un programme ambitieux de renouvellement urbain est en préparation, dans les secteurs qui nécessitent de façon urgente l'intervention des pouvoirs publics.
Le gouvernement offre un cadre nouveau aux politiques urbaines. La loi sur l'intercommunalité qu'a préparée le ministre de l'Intérieur, Jean-Pierre CHEVENEMENT, fait de l'agglomération l'espace pertinent pour ces politiques. La ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement, Mme Dominique VOYNET, prépare, au-delà des contrats de plan, qui formeront un support approprié pour le financement de nombreuses opérations, des " contrats d'agglomération " afin de mettre en oeuvre de façon coordonnée des actions d'aménagement, de restructuration et d'équipement.
Il faut aller plus loin : en faisant évoluer les règles de l'urbanisme d'abord. Pour favoriser une utilisation plus rationnelle de l'espace. En instaurant de nouvelles procédures pour engager le vaste chantier du renouvellement urbain. Afin de mieux utiliser le parc ancien, de mieux valoriser le centre des villes, dans le respect du tissu urbain, de faire des quartiers périphériques des quartiers " comme les autres " mieux aménagés, mieux desservis, mieux protégés. Cela suppose de mobiliser les moyens nécessaires pour résorber les poches d'habitat insalubre encore trop nombreuses.
Les règles applicables à l'habitat social doivent être revues. Pour mettre réellement en oeuvre une plus grande mixité sociale, chaque partie de chaque agglomération doit prendre sa part du renouvellement et du développement du logement social. La pérennité du parc social doit être confortée, la coordination entre bailleurs sociaux accrue, la solidarité qui les unit devenir plus étroite.
L'organisation des transports doit concilier liberté de circuler et qualité de l'environnement. Chacun aimerait dessiner dans la ville son domaine. Encore faut-il le pouvoir. Dans une ville qui se fragmente, la liberté d'aller et venir est entravée. Chacun, au centre ou en banlieue, doit être libre d'" habiter " ainsi toute la ville. Il faut aussi maîtriser les effets de l'automobile sur l'environnement et l'espace urbain. Le succès de la " journée sans voiture ", la sensibilité des citadins aux pics de pollution témoignent qu'ils y sont prêts. Deux priorités se dégagent des premiers Plans de Déplacement Urbain : accroître la part des transports en commun, en les rendant plus attractifs ; diminuer le trafic automobile en centre ville, tout en facilitant la circulation autour des villes, là où elle est irremplaçable.
De nouvelles politiques de stationnement et de partage de la voirie, une plus grande " vérité des coûts d'usage " de l'automobile, permettraient de prendre en compte ces attentes. La mise en commun, dans les agglomérations, de l'organisation et de la gestion de l'espace public consacré aux déplacements et au stationnement, de l'exploitation de la circulation et des transports collectifs, est une piste à explorer.
Le programme d'action gouvernemental pour la ville et les transports rassemblera les mesures nécessaires. Les dispositions législatives en seront préparées à l'initiative du ministre de l'équipement, des transports et du logement et du secrétaire d'Etat au logement, M. Louis BESSON.
Mesdames, Messieurs,
C'est dans la durée que nous apprécierons les effets de ces mesures. Il faudra compter avec l'inertie des structures de nos villes, comme avec l'inertie des habitudes. Nous devrons donc faire preuve de patience, et de détermination. Car il s'agit de mieux connaître vos attentes et d'appréhender globalement les problèmes. Dans la conduite de cette action, qui sera un grand chantier du Gouvernement pour la fin de l'année et tout au long de 2000, j'ai pleine confiance en Jean-Claude GAYSSOT. Je veux rendre hommage au sérieux avec lequel il mène à bien sa tâche. La concertation inaugurée par ces rencontres s'inscrit naturellement dans les principes d'action de ce gouvernement. C'est avec vous que seront mises en oeuvre les nouvelles politiques urbaines, pour transformer le cadre de votre vie quotidienne. C'est pourquoi je souhaite que vous soyez nombreux à vous y engager.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 25 juin 1999)