Texte intégral
HELENE LECOMTE
Tout de suite, c'est « L'invitée politique » de LCI Matin, vous recevez, François-Xavier, Juliette MEADEL, secrétaire d'Etat chargée de l'Aide aux victimes, et soutien de Manuel VALLS.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Bonjour Juliette MEADEL.
JULIETTE MEADEL
Bonjour.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Quelles nouvelles avez-vous des Français qui ont été blessés dans le cadre de l'attentat du 31 décembre en Turquie ?
JULIETTE MEADEL
Il y a aujourd'hui quatre personnes qui sont blessées, deux qui sont des blessées légers, il y a aussi des personnes qui sont des blessées dites impliquées, ces personnes sont, pour la plupart, en train de rentrer, rentreront ce matin à Roissy, et puis, surtout, je pense à ce couple et à cette franco-tunisienne qui est décédée, et ce couple avait une petite fille de 5 mois qui sera adoptée, ce sont les procédures françaises, c'est-à-dire que les orphelins qui sont des victimes de terrorisme sont aujourd'hui dans des procédures d'aide, et nous les adoptons, c'est-à-dire que l'ONAC, l'Etat français, les adopte, ce qui permet d'éviter évidemment autant que faire ce peut que ces enfants ne soient seuls ou livrés à eux-mêmes.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
L'aide aux victimes, ça, c'est une phrase qu'on entend de plus en plus tristement, dans l'actualité en France, et il y a une réunion, la première du genre, qui va se tenir la semaine prochaine, lundi, ce sera à Paris, et vous la présidez, ce sera à l'UNESCO, une réunion, une conférence internationale pour l'aide aux victimes. Qu'est-ce qu'on peut faire aujourd'hui, au-delà des mots et des conférences ?
JULIETTE MEADEL
D'abord, la première chose, c'est de dire que cette lutte contre le terrorisme est une lutte mondiale, est une lutte européenne. On voit bien ce qui s'est passé à Istanbul il y a quelques jours à peine, et si la lutte contre le terrorisme est mondiale, eh bien, l'aide aux victimes doit l'être aussi, et c'est la raison pour laquelle une vingtaine de pays seront présents, viennent à Paris ce 9 janvier, pour dire qu'est-ce que nous pouvons faire ensemble pour aider les victimes, qu'est-ce que nous pouvons faire pour faire en sorte que la vie soit moins dure pour elles, il y aura, bien entendu, le ministre espagnol, le ministre de l'Intérieur espagnol, mais également le Canada, le Royaume-Uni, des pays arabes, des pays d'Afrique qui seront présents, parce que la nécessité, là, de mettre en place un système d'aide est unanimement partagée, il y a plusieurs dizaines de milliers de victimes aujourd'hui
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Mais ça veut dire une aide qui serait pour tous ces pays, qui vont vous rejoindre pour cette conférence, ça veut dire qu'en clair, il y aurait un fonds qui pourrait venir en aide à toutes les victimes des attentats, peu importe la nationalité ou on n'en est pas là ?
JULIETTE MEADEL
Pas du tout, on n'en est pas encore là, on en est déjà à une prise de conscience, et nous allons mettre sur la table toutes les meilleures pratiques, c'est-à-dire que ce que nous faisons en France intéresse beaucoup par exemple aux Etats-Unis, la façon dont nous prenons en charge intégralement les frais de santé, les dépassements d'honoraires aujourd'hui, quand vous êtes victime d'attentat, les dépassements d'honoraires sont pris en charge par la Sécurité sociale. Cette manière que nous avons aussi d'indemniser intégralement votre souffrance et votre préjudice. Tout ça, c'est des spécificités françaises, ça ne se fait pas ailleurs, et ça intéresse, ça intéresse beaucoup de nos partenaires européens, mais ça intéresse aussi un certain nombre de pays en Amérique, en Asie et en Afrique.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Vous dites que c'est très complet, mais beaucoup de familles de victimes, plusieurs d'entre elles en tout cas, ont parfois publiquement dit que ça n'allait pas assez vite, que c'était beaucoup d'administratif et qu'on n'avait pas, au final, suffisamment d'argent pour espérer rebondir, ça, c'est des paroles qu'on a encore entendues ces dernières semaines.
JULIETTE MEADEL
Alors, d'abord, sur le plan financier, nous avons assez d'argent, et tout le monde, toutes les victimes d'attentat seront indemnisées intégralement, il n'y a aucun sujet
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Par exemple pour Nice, pardonnez-moi de rentrer dans les détails, pour Nice, pour les différentes victimes des attentats, aujourd'hui, combien ont été prises en charge ?
JULIETTE MEADEL
Aujourd'hui, il y a 800 demandes d'indemnisation qui ont reçu des premières avances, vous savez, c'est considérable, ça veut dire que
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Sur un total de 2.000 ?
JULIETTE MEADEL
Sur un total de 2.000, mais sur ces 800 demandes-là, c'est considérable, parce que c'est quand même plusieurs dizaines de millions d'euros. Alors, on peut dire, et c'est vrai, que ça ne va jamais assez vite, mais attention, il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Il y a aujourd'hui des dossiers qui sont des dossiers qui ont été déposés par des victimes qui n'en sont pas, puisque, on a vu récemment qu'il y a deux personnes qui sont des escrocs
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Evidemment, des cas particuliers, mais, c'est attaqué, là, en justice
JULIETTE MEADEL
Ce sont des cas particuliers, mais donc, ça signifie que la responsabilité de l'Etat, et donc la responsabilité qui est la mienne, c'est que nous laissions le temps aux services qui font l'instruction des dossiers de veiller à ce que les pièces soient bien présentes, on ne va pas indemniser des victimes qui ne sont pas des victimes. Donc il faut prendre son temps
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
300 millions pour Nice, 300 millions pour les attentats également de Paris, est-ce que l'Etat a les moyens ? De combien d'argent vous disposez dans les caisses pour aider les victimes ?
JULIETTE MEADEL
Aujourd'hui, le FGTI, qui est ce fonds d'indemnisation, dispose de
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Oui, c'est un peu compliqué, mais voilà, c'est le fonds
JULIETTE MEADEL
Dispose de 1,45 milliard d'euros sur du long terme. Et puis, nous venons de prendre la décision d'augmenter la contribution attentat, qui est assise sur les contrats d'assurance de biens, et qui permet, avec une augmentation de 1,30 euro, d'assurer la stabilité financière
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
On le rappelle, c'est les contrats d'assurance qu'on souscrit, il y a donc un petit pourcentage qui va servir pour alimenter ces caisses.
JULIETTE MEADEL
Aujourd'hui, vous avez vous payez, chacun d'entre nous qui a un contrat d'assurance de biens paie 5,90 euros par an pour la contribution attentat notamment. Donc c'est important, parce que ça signifie que c'est un effort de contribution nationale
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Mais l'Etat a les moyens ? L'Etat va mettre encore plus d'efforts pour que ces fonds soient nourris ?
JULIETTE MEADEL
Non, aujourd'hui, ça y est, il n'y aura pas d'augmentation d'impôts supplémentaire, il y a ce qu'il faut, nous avons les décisions pour être certain qu'à l'avenir, et sur du long terme, il n'y aurait pas de sujet ni d'inquiétude à avoir. Mais ce que nous faisons en France intéresse y compris, et c'est pour ça que vingt pays viennent à Paris le 9 janvier pour parler à la conférence internationale de l'aide aux victimes, ils sont très intéressés par ce que nous faisons, parce que c'est une contribution publique, contribution nationale, et en même temps, on est capable d'indemniser intégralement un préjudice physique, un préjudice moral, qui résultent d'un attentat ; c'est une solidarité nationale, et la France peut être fière de ce qu'elle est capable de faire de ce point de vue-là.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Juliette MEADEL, Berlin, pendant les vacances de Noël, la Turquie, le week-end dernier, est-ce que la présidentielle, qui a lieu dans quatre mois en France, est aujourd'hui un risque supplémentaire pour la sécurité des Français ? Autrement dit, est-ce que c'est en train de devenir une cible de Daesh ou d'autres ? Est-ce que vous avez des informations là-dessus ?
JULIETTE MEADEL
Il n'y a pas aujourd'hui, à cause de la présidentielle, d'inquiétudes supplémentaires à avoir, nous sommes déjà
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Certains experts disent le contraire
JULIETTE MEADEL
Oui, mais vous savez, les experts, bon, nous sommes déjà à un niveau de sécurité renforcée, car vous le savez, le risque terroriste est très élevé, ça ne change pas, il y a eu l'Euro, il y a maintenant les élections présidentielles, il y a sans arrêt des événements, et donc il y a eu Noël. Donc nous sommes à un degré de protection tel que l'Etat fait son maximum, bien sûr que le risque zéro n'existe pas ; mais on ne va pas, à chaque événement de la vie publique, s'imaginer que le risque est renforcé, il est là, il est présent, et il va falloir vivre avec.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
La politique, ça y est, c'est ce matin qu'on va découvrir le programme de celui que vous soutenez pour la primaire de la gauche, Manuel VALLS. On est à trois semaines du vote pour le premier tour. Un programme qui est dévoilé en partie, en grande partie ce matin, ça fait un peu amateur.
JULIETTE MEADEL
Enfin, je ne comprends pas très bien ce type de remarque, parce que, on est en plein dans une primaire qui vient de commencer, vous l'avez dit, et l'ancien Premier ministre, Manuel VALLS, était, comme vous le savez, très occupé par ses fonctions de Premier ministre
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Et donc jamais, au grand jamais, quand il était à Matignon, il n'avait réfléchi à ça avant ? On a du mal à vous croire !
JULIETTE MEADEL
Mais vous savez, il n'y a pas une minute de temps disponible quand on est Premier ministre pour faire autre chose que les affaires de l'Etat, et je vous assure que je l'ai constaté et vu de mes yeux, vu. Donc là, le temps maintenant est le temps du débat, c'est-à-dire qu'il va y avoir la présentation de ce programme-là, avec évidemment un grand progrès, qui sera un progrès social réformiste, un progrès d'avenir, un progrès qui redonne de l'espoir.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Quelles mesures phares ? Quelles mesures phares ce soir, quand on allumera la télé, on se dira : tiens, ça, c'est l'idée que va porter Manuel VALLS, et qui fera la différence.
JULIETTE MEADEL
Ecoutez, moi, je vais laisser à Manuel VALLS le soin de présenter ses propositions.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Il ne vous a pas encore dit.
JULIETTE MEADEL
Il y a eu des débats, il y a eu des échanges. Moi, j'ai un point qui m'intéresse en particulier, il a parlé du revenu universel, et je crois que ce qui nous préoccupe aujourd'hui...
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Un revenu autour de 800 , me semble-t-il.
JULIETTE MEADEL
Oui, mais ce qui nous préoccupe aujourd'hui, c'est qu'il y a un sentiment de déclassement, un sentiment qui est vécu, une inquiétude. Nous avons peur que nos enfants réussissent moins bien que leurs parents, et ça c'est quelque chose d'important. Ce revenu universel peut déjà commencer à porter les germes de l'idée d'une vie décente, de l'idée qu'on doit pouvoir s'inscrire dans l'avenir, que chacun doit pouvoir choisir sa vie. Et pour cela, il faut avoir des revenus et travailler sur cette question du pouvoir d'achat.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
On va revenir un moment sur le calendrier. On a PEILLON, MONTEBOURG, qui annoncent des organigrammes qui ne sont pas tout à fait les bons. On a certains candidats qui prévoient un seul meeting avant des débats télé, et des débats télé qui vont être très resserrés en quelques jours seulement. Est-ce que vous pensez que ça peut être un succès cette primaire de la gauche ? Il y a de moins en moins de Français qui le croient aujourd'hui.
JULIETTE MEADEL
La primaire de la gauche, d'abord, c'est la gauche et le Parti socialiste qui a lancé cette idée des primaires et qui l'a mis en oeuvre il y a déjà dix ans.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
On ne peut pas dire que c'est un succès, hein, attention.
JULIETTE MEADEL
Ça a toujours été un succès, les primaires.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Mais précisément, sur ce que certains...
JULIETTE MEADEL
Ça a toujours été un succès.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
... je reviens sur ce mot, beaucoup de personnes, notamment y compris chez les socialistes, quand le micro est éteint, disent : « Tout ça est incroyablement rempli d'impréparation ».
JULIETTE MEADEL
On dit toujours ça avant une consultation interne.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
On ne l'a pas dit pour la primaire de la droite.
JULIETTE MEADEL
On dit toujours ça avant une consultation interne, moi j'ai connu des consultations internes il y a un an au Parti socialiste, où finalement le taux participation était important.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Semble-t-il, on le dit plus à gauche qu'à droite en ce moment.
JULIETTE MEADEL
Nous verrons bien. Et moi j'ai confiance dans l'idée qu'un débat démocratique, quand il est bien organisé, c'est le cas, puisqu'il va y avoir au moins trois débats télévisés, un débat bien organisé, avec des candidats qui sont chacun intéressants, qui ont chacun leur mérite, qui ont porté des projets, qui ont porté des idées, qui ont eu des responsabilités ministérielles...
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Qui portent des projets que l'on va connaitre aujourd'hui, attention.
JULIETTE MEADEL
Et qui ont eu des responsabilités ministérielles, on a un ancien Premier ministre de la France, ça signifie que l'on a quelqu'un qui a aussi une certaine expérience. On a un ancien ministre de l'Education nationale, Vincent PEILLON, on a Arnaud MONTEBOURG, Benoit HAMON, même Sylvia... on a aussi Sylvia PINEL, qui n'est pas socialiste mais qui va aussi porter ses idées. C'est...
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Oui, d'ailleurs, dites-donc, une femme face à six candidats hommes, ça vous fait tousser ou pas ?
JULIETTE MEADEL
C'est toujours mieux quand il y a autant de femmes que d'hommes dans les débats. Aucune femme n'était, n'a eu l'interdiction de se présenter, mais je trouve très bien qu'elle soit là et qu'elle porte aussi d'autres voix, d'autres enjeux.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Ça ne fait pas beaucoup quand même.
JULIETTE MEADEL
Encore une fois, j'aurais préféré, effectivement, qu'on puisse avoir une parité totale, y compris dans les candidatures. Ça viendra peut-être, mais ça doit venir vite.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Bon, alors, le succès pour la primaire de la gauche, il faudra d'abord que ce soit bien organisé, vous l'avez dit, il faudra aussi qu'il y ait beaucoup de personnes à aller voter. En-dessous de combien ça sera un échec ?
JULIETTE MEADEL
Eh bien c'est...
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
On rappelle, 4 millions, 4,5 millions pour la primaire de la droite pour chaque tour.
JULIETTE MEADEL
On ne va pas se lancer là dans le débat...
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Ah ben si, tout le monde le fait à gauche en ce moment, tout le monde dans les coulisses donne des petits pronostics...
JULIETTE MEADEL
... des chiffres. Oui, mais très bien, moi...
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
En-dessous de 2 millions de serait un échec ?
JULIETTE MEADEL
Moi je vais vous dire, ce qui serait très intéressant ça serait qu'on arrive à avoir vraiment un débat de fond et y compris qu'on ne soit pas d'accord. C'est bien quand on n'est pas d'accord à gauche. Moi je ne crois pas du tout...
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
C'est bien parti, là.
JULIETTE MEADEL
Je ne crois pas du tout qu'il faille se rassurer quand tout le monde converge. C'est bien que l'on ait des échanges forts, parce que c'est de la confrontation que nait un beau projet de rassemblement, et moi c'est ça que j'attends pour 2017, une gauche rassemblée.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Vous attendez aussi le vote pour les législatives, vous vous présentez dans la 10ème circonscription de Seine-et-Marne, vous avez remporté la primaire, ces derniers temps, est-ce que vous aurez un gros logo Parti socialiste sur votre affiche ?
JULIETTE MEADEL
Mais je suis très fière de mon appartenance politique, bien sûr, il n'est pas question de renier quoi que ce soit. Le Parti socialiste a porté des réformes, tout n'a pas été parfaitement réussi, c'est certain, mais en attendant je crois que c'est le seul parti aujourd'hui qui est capable de porter un projet de progrès et un projet d'émancipation.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
La question off, mais devant les caméras, c'est tout de suite.
- Jingle -
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Vous êtes l'auteure, vous qui êtes très diplômée, brillamment diplômée, vous êtes l'auteure d'une thèse sur les marchés financiers. Le pire ennemi de François HOLLANDE, on s'en rappelle, lors de la précédente présidentielle, est-ce que vous auriez la franchise de dire que les marchés financiers, eh bien, ça a du bien ?
JULIETTE MEADEL
Mais je l'ai dit déjà à l'époque.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Vous ne l'avez pas dit au président, semble-t-il.
JULIETTE MEADEL
Les marchés financiers produisent de la croissance économique, maintenant toute la question c'est de savoir au service de qui cette croissance économique est émise. Moi je crois précisément que c'est ça l'objectif du politique. On doit être capable de contraindre la finance pour qu'elle serve l'économie et donc la prospérité.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Et pas l'inverse.
JULIETTE MEADEL
Et ne pas mettre, précisément, l'économie au service de la finance. C'est tout l'enjeu de notre siècle, et la crise économique que nous connaissons depuis 2008, est à l'origine d'une crise financière. Donc nous devons encore aujourd'hui réguler mieux...
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Mais vous en voulez à François HOLLANDE, d'avoir peut-être fait ce raccourci quand il a dit que c'était son ennemi et qu'ensuite certains estiment qu'il n'a pas combattu ?
JULIETTE MEADEL
Je ne lui en veux pas du tout, car je pense au contraire que le politique doit reprendre la main sur la régulation de la finance. Ce qui est déjà...
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Mais ce n'est pas ce qu'il a fait pendant cinq ans.
JULIETTE MEADEL
C'est déjà ce qui a été un petit peu fait avec l'Europe, puisqu'aujourd'hui tous les accords, y compris que la France a portés dans le cadre de la régulation financière, sont plus contraignants qu'ils ne l'étaient auparavant, mais ils doivent l'être davantage, et on doit être capable de dire aujourd'hui qu'il faut produire de la valeur ajoutée, et que la valeur ajoutée, qui crée de l'emploi, qui crée de l'avenir, y compris pour nos enfants, ne vient pas uniquement de la finance, loin s'en faut.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Voilà, on peut dire du bien des marchés financiers. Merci Juliette MEADEL...
JULIETTE MEADEL
Merci à vous.Source : Service d'information du Gouvernement, le 4 janvier 2017
Tout de suite, c'est « L'invitée politique » de LCI Matin, vous recevez, François-Xavier, Juliette MEADEL, secrétaire d'Etat chargée de l'Aide aux victimes, et soutien de Manuel VALLS.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Bonjour Juliette MEADEL.
JULIETTE MEADEL
Bonjour.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Quelles nouvelles avez-vous des Français qui ont été blessés dans le cadre de l'attentat du 31 décembre en Turquie ?
JULIETTE MEADEL
Il y a aujourd'hui quatre personnes qui sont blessées, deux qui sont des blessées légers, il y a aussi des personnes qui sont des blessées dites impliquées, ces personnes sont, pour la plupart, en train de rentrer, rentreront ce matin à Roissy, et puis, surtout, je pense à ce couple et à cette franco-tunisienne qui est décédée, et ce couple avait une petite fille de 5 mois qui sera adoptée, ce sont les procédures françaises, c'est-à-dire que les orphelins qui sont des victimes de terrorisme sont aujourd'hui dans des procédures d'aide, et nous les adoptons, c'est-à-dire que l'ONAC, l'Etat français, les adopte, ce qui permet d'éviter évidemment autant que faire ce peut que ces enfants ne soient seuls ou livrés à eux-mêmes.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
L'aide aux victimes, ça, c'est une phrase qu'on entend de plus en plus tristement, dans l'actualité en France, et il y a une réunion, la première du genre, qui va se tenir la semaine prochaine, lundi, ce sera à Paris, et vous la présidez, ce sera à l'UNESCO, une réunion, une conférence internationale pour l'aide aux victimes. Qu'est-ce qu'on peut faire aujourd'hui, au-delà des mots et des conférences ?
JULIETTE MEADEL
D'abord, la première chose, c'est de dire que cette lutte contre le terrorisme est une lutte mondiale, est une lutte européenne. On voit bien ce qui s'est passé à Istanbul il y a quelques jours à peine, et si la lutte contre le terrorisme est mondiale, eh bien, l'aide aux victimes doit l'être aussi, et c'est la raison pour laquelle une vingtaine de pays seront présents, viennent à Paris ce 9 janvier, pour dire qu'est-ce que nous pouvons faire ensemble pour aider les victimes, qu'est-ce que nous pouvons faire pour faire en sorte que la vie soit moins dure pour elles, il y aura, bien entendu, le ministre espagnol, le ministre de l'Intérieur espagnol, mais également le Canada, le Royaume-Uni, des pays arabes, des pays d'Afrique qui seront présents, parce que la nécessité, là, de mettre en place un système d'aide est unanimement partagée, il y a plusieurs dizaines de milliers de victimes aujourd'hui
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Mais ça veut dire une aide qui serait pour tous ces pays, qui vont vous rejoindre pour cette conférence, ça veut dire qu'en clair, il y aurait un fonds qui pourrait venir en aide à toutes les victimes des attentats, peu importe la nationalité ou on n'en est pas là ?
JULIETTE MEADEL
Pas du tout, on n'en est pas encore là, on en est déjà à une prise de conscience, et nous allons mettre sur la table toutes les meilleures pratiques, c'est-à-dire que ce que nous faisons en France intéresse beaucoup par exemple aux Etats-Unis, la façon dont nous prenons en charge intégralement les frais de santé, les dépassements d'honoraires aujourd'hui, quand vous êtes victime d'attentat, les dépassements d'honoraires sont pris en charge par la Sécurité sociale. Cette manière que nous avons aussi d'indemniser intégralement votre souffrance et votre préjudice. Tout ça, c'est des spécificités françaises, ça ne se fait pas ailleurs, et ça intéresse, ça intéresse beaucoup de nos partenaires européens, mais ça intéresse aussi un certain nombre de pays en Amérique, en Asie et en Afrique.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Vous dites que c'est très complet, mais beaucoup de familles de victimes, plusieurs d'entre elles en tout cas, ont parfois publiquement dit que ça n'allait pas assez vite, que c'était beaucoup d'administratif et qu'on n'avait pas, au final, suffisamment d'argent pour espérer rebondir, ça, c'est des paroles qu'on a encore entendues ces dernières semaines.
JULIETTE MEADEL
Alors, d'abord, sur le plan financier, nous avons assez d'argent, et tout le monde, toutes les victimes d'attentat seront indemnisées intégralement, il n'y a aucun sujet
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Par exemple pour Nice, pardonnez-moi de rentrer dans les détails, pour Nice, pour les différentes victimes des attentats, aujourd'hui, combien ont été prises en charge ?
JULIETTE MEADEL
Aujourd'hui, il y a 800 demandes d'indemnisation qui ont reçu des premières avances, vous savez, c'est considérable, ça veut dire que
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Sur un total de 2.000 ?
JULIETTE MEADEL
Sur un total de 2.000, mais sur ces 800 demandes-là, c'est considérable, parce que c'est quand même plusieurs dizaines de millions d'euros. Alors, on peut dire, et c'est vrai, que ça ne va jamais assez vite, mais attention, il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Il y a aujourd'hui des dossiers qui sont des dossiers qui ont été déposés par des victimes qui n'en sont pas, puisque, on a vu récemment qu'il y a deux personnes qui sont des escrocs
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Evidemment, des cas particuliers, mais, c'est attaqué, là, en justice
JULIETTE MEADEL
Ce sont des cas particuliers, mais donc, ça signifie que la responsabilité de l'Etat, et donc la responsabilité qui est la mienne, c'est que nous laissions le temps aux services qui font l'instruction des dossiers de veiller à ce que les pièces soient bien présentes, on ne va pas indemniser des victimes qui ne sont pas des victimes. Donc il faut prendre son temps
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
300 millions pour Nice, 300 millions pour les attentats également de Paris, est-ce que l'Etat a les moyens ? De combien d'argent vous disposez dans les caisses pour aider les victimes ?
JULIETTE MEADEL
Aujourd'hui, le FGTI, qui est ce fonds d'indemnisation, dispose de
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Oui, c'est un peu compliqué, mais voilà, c'est le fonds
JULIETTE MEADEL
Dispose de 1,45 milliard d'euros sur du long terme. Et puis, nous venons de prendre la décision d'augmenter la contribution attentat, qui est assise sur les contrats d'assurance de biens, et qui permet, avec une augmentation de 1,30 euro, d'assurer la stabilité financière
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
On le rappelle, c'est les contrats d'assurance qu'on souscrit, il y a donc un petit pourcentage qui va servir pour alimenter ces caisses.
JULIETTE MEADEL
Aujourd'hui, vous avez vous payez, chacun d'entre nous qui a un contrat d'assurance de biens paie 5,90 euros par an pour la contribution attentat notamment. Donc c'est important, parce que ça signifie que c'est un effort de contribution nationale
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Mais l'Etat a les moyens ? L'Etat va mettre encore plus d'efforts pour que ces fonds soient nourris ?
JULIETTE MEADEL
Non, aujourd'hui, ça y est, il n'y aura pas d'augmentation d'impôts supplémentaire, il y a ce qu'il faut, nous avons les décisions pour être certain qu'à l'avenir, et sur du long terme, il n'y aurait pas de sujet ni d'inquiétude à avoir. Mais ce que nous faisons en France intéresse y compris, et c'est pour ça que vingt pays viennent à Paris le 9 janvier pour parler à la conférence internationale de l'aide aux victimes, ils sont très intéressés par ce que nous faisons, parce que c'est une contribution publique, contribution nationale, et en même temps, on est capable d'indemniser intégralement un préjudice physique, un préjudice moral, qui résultent d'un attentat ; c'est une solidarité nationale, et la France peut être fière de ce qu'elle est capable de faire de ce point de vue-là.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Juliette MEADEL, Berlin, pendant les vacances de Noël, la Turquie, le week-end dernier, est-ce que la présidentielle, qui a lieu dans quatre mois en France, est aujourd'hui un risque supplémentaire pour la sécurité des Français ? Autrement dit, est-ce que c'est en train de devenir une cible de Daesh ou d'autres ? Est-ce que vous avez des informations là-dessus ?
JULIETTE MEADEL
Il n'y a pas aujourd'hui, à cause de la présidentielle, d'inquiétudes supplémentaires à avoir, nous sommes déjà
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Certains experts disent le contraire
JULIETTE MEADEL
Oui, mais vous savez, les experts, bon, nous sommes déjà à un niveau de sécurité renforcée, car vous le savez, le risque terroriste est très élevé, ça ne change pas, il y a eu l'Euro, il y a maintenant les élections présidentielles, il y a sans arrêt des événements, et donc il y a eu Noël. Donc nous sommes à un degré de protection tel que l'Etat fait son maximum, bien sûr que le risque zéro n'existe pas ; mais on ne va pas, à chaque événement de la vie publique, s'imaginer que le risque est renforcé, il est là, il est présent, et il va falloir vivre avec.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
La politique, ça y est, c'est ce matin qu'on va découvrir le programme de celui que vous soutenez pour la primaire de la gauche, Manuel VALLS. On est à trois semaines du vote pour le premier tour. Un programme qui est dévoilé en partie, en grande partie ce matin, ça fait un peu amateur.
JULIETTE MEADEL
Enfin, je ne comprends pas très bien ce type de remarque, parce que, on est en plein dans une primaire qui vient de commencer, vous l'avez dit, et l'ancien Premier ministre, Manuel VALLS, était, comme vous le savez, très occupé par ses fonctions de Premier ministre
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Et donc jamais, au grand jamais, quand il était à Matignon, il n'avait réfléchi à ça avant ? On a du mal à vous croire !
JULIETTE MEADEL
Mais vous savez, il n'y a pas une minute de temps disponible quand on est Premier ministre pour faire autre chose que les affaires de l'Etat, et je vous assure que je l'ai constaté et vu de mes yeux, vu. Donc là, le temps maintenant est le temps du débat, c'est-à-dire qu'il va y avoir la présentation de ce programme-là, avec évidemment un grand progrès, qui sera un progrès social réformiste, un progrès d'avenir, un progrès qui redonne de l'espoir.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Quelles mesures phares ? Quelles mesures phares ce soir, quand on allumera la télé, on se dira : tiens, ça, c'est l'idée que va porter Manuel VALLS, et qui fera la différence.
JULIETTE MEADEL
Ecoutez, moi, je vais laisser à Manuel VALLS le soin de présenter ses propositions.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Il ne vous a pas encore dit.
JULIETTE MEADEL
Il y a eu des débats, il y a eu des échanges. Moi, j'ai un point qui m'intéresse en particulier, il a parlé du revenu universel, et je crois que ce qui nous préoccupe aujourd'hui...
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Un revenu autour de 800 , me semble-t-il.
JULIETTE MEADEL
Oui, mais ce qui nous préoccupe aujourd'hui, c'est qu'il y a un sentiment de déclassement, un sentiment qui est vécu, une inquiétude. Nous avons peur que nos enfants réussissent moins bien que leurs parents, et ça c'est quelque chose d'important. Ce revenu universel peut déjà commencer à porter les germes de l'idée d'une vie décente, de l'idée qu'on doit pouvoir s'inscrire dans l'avenir, que chacun doit pouvoir choisir sa vie. Et pour cela, il faut avoir des revenus et travailler sur cette question du pouvoir d'achat.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
On va revenir un moment sur le calendrier. On a PEILLON, MONTEBOURG, qui annoncent des organigrammes qui ne sont pas tout à fait les bons. On a certains candidats qui prévoient un seul meeting avant des débats télé, et des débats télé qui vont être très resserrés en quelques jours seulement. Est-ce que vous pensez que ça peut être un succès cette primaire de la gauche ? Il y a de moins en moins de Français qui le croient aujourd'hui.
JULIETTE MEADEL
La primaire de la gauche, d'abord, c'est la gauche et le Parti socialiste qui a lancé cette idée des primaires et qui l'a mis en oeuvre il y a déjà dix ans.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
On ne peut pas dire que c'est un succès, hein, attention.
JULIETTE MEADEL
Ça a toujours été un succès, les primaires.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Mais précisément, sur ce que certains...
JULIETTE MEADEL
Ça a toujours été un succès.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
... je reviens sur ce mot, beaucoup de personnes, notamment y compris chez les socialistes, quand le micro est éteint, disent : « Tout ça est incroyablement rempli d'impréparation ».
JULIETTE MEADEL
On dit toujours ça avant une consultation interne.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
On ne l'a pas dit pour la primaire de la droite.
JULIETTE MEADEL
On dit toujours ça avant une consultation interne, moi j'ai connu des consultations internes il y a un an au Parti socialiste, où finalement le taux participation était important.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Semble-t-il, on le dit plus à gauche qu'à droite en ce moment.
JULIETTE MEADEL
Nous verrons bien. Et moi j'ai confiance dans l'idée qu'un débat démocratique, quand il est bien organisé, c'est le cas, puisqu'il va y avoir au moins trois débats télévisés, un débat bien organisé, avec des candidats qui sont chacun intéressants, qui ont chacun leur mérite, qui ont porté des projets, qui ont porté des idées, qui ont eu des responsabilités ministérielles...
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Qui portent des projets que l'on va connaitre aujourd'hui, attention.
JULIETTE MEADEL
Et qui ont eu des responsabilités ministérielles, on a un ancien Premier ministre de la France, ça signifie que l'on a quelqu'un qui a aussi une certaine expérience. On a un ancien ministre de l'Education nationale, Vincent PEILLON, on a Arnaud MONTEBOURG, Benoit HAMON, même Sylvia... on a aussi Sylvia PINEL, qui n'est pas socialiste mais qui va aussi porter ses idées. C'est...
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Oui, d'ailleurs, dites-donc, une femme face à six candidats hommes, ça vous fait tousser ou pas ?
JULIETTE MEADEL
C'est toujours mieux quand il y a autant de femmes que d'hommes dans les débats. Aucune femme n'était, n'a eu l'interdiction de se présenter, mais je trouve très bien qu'elle soit là et qu'elle porte aussi d'autres voix, d'autres enjeux.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Ça ne fait pas beaucoup quand même.
JULIETTE MEADEL
Encore une fois, j'aurais préféré, effectivement, qu'on puisse avoir une parité totale, y compris dans les candidatures. Ça viendra peut-être, mais ça doit venir vite.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Bon, alors, le succès pour la primaire de la gauche, il faudra d'abord que ce soit bien organisé, vous l'avez dit, il faudra aussi qu'il y ait beaucoup de personnes à aller voter. En-dessous de combien ça sera un échec ?
JULIETTE MEADEL
Eh bien c'est...
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
On rappelle, 4 millions, 4,5 millions pour la primaire de la droite pour chaque tour.
JULIETTE MEADEL
On ne va pas se lancer là dans le débat...
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Ah ben si, tout le monde le fait à gauche en ce moment, tout le monde dans les coulisses donne des petits pronostics...
JULIETTE MEADEL
... des chiffres. Oui, mais très bien, moi...
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
En-dessous de 2 millions de serait un échec ?
JULIETTE MEADEL
Moi je vais vous dire, ce qui serait très intéressant ça serait qu'on arrive à avoir vraiment un débat de fond et y compris qu'on ne soit pas d'accord. C'est bien quand on n'est pas d'accord à gauche. Moi je ne crois pas du tout...
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
C'est bien parti, là.
JULIETTE MEADEL
Je ne crois pas du tout qu'il faille se rassurer quand tout le monde converge. C'est bien que l'on ait des échanges forts, parce que c'est de la confrontation que nait un beau projet de rassemblement, et moi c'est ça que j'attends pour 2017, une gauche rassemblée.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Vous attendez aussi le vote pour les législatives, vous vous présentez dans la 10ème circonscription de Seine-et-Marne, vous avez remporté la primaire, ces derniers temps, est-ce que vous aurez un gros logo Parti socialiste sur votre affiche ?
JULIETTE MEADEL
Mais je suis très fière de mon appartenance politique, bien sûr, il n'est pas question de renier quoi que ce soit. Le Parti socialiste a porté des réformes, tout n'a pas été parfaitement réussi, c'est certain, mais en attendant je crois que c'est le seul parti aujourd'hui qui est capable de porter un projet de progrès et un projet d'émancipation.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
La question off, mais devant les caméras, c'est tout de suite.
- Jingle -
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Vous êtes l'auteure, vous qui êtes très diplômée, brillamment diplômée, vous êtes l'auteure d'une thèse sur les marchés financiers. Le pire ennemi de François HOLLANDE, on s'en rappelle, lors de la précédente présidentielle, est-ce que vous auriez la franchise de dire que les marchés financiers, eh bien, ça a du bien ?
JULIETTE MEADEL
Mais je l'ai dit déjà à l'époque.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Vous ne l'avez pas dit au président, semble-t-il.
JULIETTE MEADEL
Les marchés financiers produisent de la croissance économique, maintenant toute la question c'est de savoir au service de qui cette croissance économique est émise. Moi je crois précisément que c'est ça l'objectif du politique. On doit être capable de contraindre la finance pour qu'elle serve l'économie et donc la prospérité.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Et pas l'inverse.
JULIETTE MEADEL
Et ne pas mettre, précisément, l'économie au service de la finance. C'est tout l'enjeu de notre siècle, et la crise économique que nous connaissons depuis 2008, est à l'origine d'une crise financière. Donc nous devons encore aujourd'hui réguler mieux...
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Mais vous en voulez à François HOLLANDE, d'avoir peut-être fait ce raccourci quand il a dit que c'était son ennemi et qu'ensuite certains estiment qu'il n'a pas combattu ?
JULIETTE MEADEL
Je ne lui en veux pas du tout, car je pense au contraire que le politique doit reprendre la main sur la régulation de la finance. Ce qui est déjà...
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Mais ce n'est pas ce qu'il a fait pendant cinq ans.
JULIETTE MEADEL
C'est déjà ce qui a été un petit peu fait avec l'Europe, puisqu'aujourd'hui tous les accords, y compris que la France a portés dans le cadre de la régulation financière, sont plus contraignants qu'ils ne l'étaient auparavant, mais ils doivent l'être davantage, et on doit être capable de dire aujourd'hui qu'il faut produire de la valeur ajoutée, et que la valeur ajoutée, qui crée de l'emploi, qui crée de l'avenir, y compris pour nos enfants, ne vient pas uniquement de la finance, loin s'en faut.
FRANÇOIS-XAVIER MENAGE
Voilà, on peut dire du bien des marchés financiers. Merci Juliette MEADEL...
JULIETTE MEADEL
Merci à vous.Source : Service d'information du Gouvernement, le 4 janvier 2017