Texte intégral
Monsieur le Conseiller de Sa Majesté le Roi,
Messieurs les Premiers Ministres,
Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires
Monsieur le Président de la Communauté urbaine de Fès,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
En convoquant pour les 26 et 27 novembre prochain à l'Institut du monde arabe les 3èmes assises nationales de la coopération décentralisée, je savais que la réflexion des collectivités locales et territoriales françaises serait sûrement renouvelée par les échanges de Fès que nous ouvrons aujourd'hui. Comment en serait-il autrement, s'agissant avec le Maroc d'une des relations les plus originales et profondes que la France ait à l'international ?
Il n'y a là aucun hasard de calendrier. Depuis un an, notre ambassade (et notamment son service de coopération) réfléchissait avec le ministère de l'Intérieur du Maroc (et sa direction générale des collectivités locales) à un forum qui mette en lumière les expériences conduites depuis le premier rendez-vous que s'étaient donné, à Marrakech, en 1996, nos coopérations décentralisées. Parallèlement, cheminait chez moi la conviction que le moment était venu, en France, de mettre en valeur ce que l'engagement international de nos collectivités apporte à des sociétés éloignées dans l'espace mais dont les affinités électives, tissées souvent par l'histoire et la fidélité, toujours par l'estime voire l'attraction réciproque, réclament chaque jour des preuves plus tangibles et mutuellement profitables de leurs liens.
Aujourd'hui la mondialisation, touchée au cur, après avoir été si profondément questionnée ces derniers mois, en appelle à toutes les bonnes volontés pour régénérer l'échange international, et opposer à toute forme de régression et de repli sur soi engendrés par la peur, les forces d'un progrès nourri d'humanité, de compréhension mutuelle et de désir de l'autre.
Avant le 11 septembre cette réunion eut été un pas de plus dans une coopération entre le Maroc et la France, déjà extraordinairement dense.
Je souhaite que nous en fassions un moment de réflexion exemplaire sur ce que deux sociétés - que leur fréquentation quotidienne a portées à un haut degré de connaissance et de confiance réciproques - peuvent espérer du mouvement qui portent les uns vers les autres des villes, des régions et des territoires, animés par le même désir de solidarité.
Au Maroc, la France apporte une expérience déjà concluante, avec des partenariats anciens, perpétués par des engagements individuels - les vôtres - forgés dans l'amitié et dans l'action. "Cités Unies France", à qui nous avons confié le soin de préparer ces rencontres, en liaison avec la FMCU, - et je rends hommage au nom du gouvernement français qui apprécie leurs services, à leur capacité d'opérateur, voulue par le président Stasi et la présidente Mercedès Bresso -, CUF donc recense ici une centaine de partenariats dont 34 désormais pérennes, et dont les actions seront versées à votre réflexion. Cela est bien. Mais nous pouvons faire beaucoup plus, tant la relation de confiance et de compréhension entre nous est propice à de nouvelles percées.
Ai-je besoin de rappeler que le Premier ministre Lionel Jospin, lorsqu'il a décidé en 1997 de réformer notre dispositif de coopération, a particulièrement veillé à y préciser votre rôle : ni comme une forme d'appoint à la coopération d'Etat - ce qui n'eut pas été dans l'esprit de la décentralisation en France accentuant la responsabilité directe des élus locaux - ni comme forme alternative de coopération, dans une conception de désengagement de l'Etat non conforme à la vision que nous partageons tous d'une action publique régulée. Plutôt comme une forme concertée d'action extérieure ou, aux côtés des Etats, le point de vue, l'initiative et le savoir-faire locaux se déploient dans un espace géographique économique et social adéquat à une démocratie de proximité et à une mobilisation accrue des forces vives de notre société.
C'est exactement sur ce terrain que, me semble-t-il, nous rencontrons le Maroc aujourd'hui.
Dans trois discours récents, sa Majesté le roi Mohammed VI rappelait qu'il attendait de la décentralisation une pratique de démocratie locale et une démarche de développement régional intégré propices à une prise d'initiative cohérente avec les besoins économiques, sociaux et culturels du pays, vu dans la diversité de ses territoires et de ses traditions culturelles.
La France - particulièrement attentive à mettre les outils de sa coopération au service d'une vision du développement national qui a guidé, depuis vingt ans nos propres gouvernements et profondément remodelé les principes d'une action publique partagée entre l'Etat et les collectivités - ne peut que marquer sa disponibilité à une telle évolution, qui entre désormais dans le projet de société du Maroc.
Déjà j'observe que, conformément aux vux de nos Premiers ministres, exprimés lors de leurs rencontres de Fès en 1999, puis de Paris, le 3 mai dernier, notre coopération d'Etat à Etat s'est nettement infléchie. Dans ses objectifs, elle se concentre de façon volontariste sur la mise à niveau de l'économie marocaine et le développement des secteurs sociaux, éducation, et santé qui freinent encore le développement. Dans la méthode, elle s'appuiera de plus en plus directement sur les réseaux d'acteurs qui innervent les différents domaines d'activités : universités, entreprises, chambres consulaires, établissement scolaires, associations et organisations non gouvernementales auxquels le Maroc concède désormais, souvent dans le cadre de réformes hardies, de larges espaces d'autonomie que les uns et les autres devront désormais apprivoiser.
Il nous a semblé enfin indispensable d'être présents aux côtés du Maroc quand il a voulu, à la suite d'un "grand débat" national formuler une politique d'aménagement du territoire sans laquelle sa décentralisation serait en quelques sorte aveugle sur les principes d'un développement concerté. C'est le premier projet que nous ayons financé en 2000 au titre du fonds de solidarité prioritaire auquel est désormais éligible le Maroc, et j'en remercie notre ambassadeur, Michel de Bonnecorse, qui en a eu l'heureuse initiative.
Ainsi toutes les conditions me semblent-elles réunies ici pour qu'une coopération étroitement concertée entre nos Etats et nos collectivités locales et territoriales permettent à celles-ci de donner toute leur mesure. Oserais-je verser à notre débat l'idée, probablement partagée par beaucoup, qu'une relation déjà prometteuse, le sera davantage encore si vous marquez votre attention à 4 éléments qui entrent dans cette "chimie complexe" et que je connais bien de la coopération décentralisée : la continuité d'abord, sans laquelle notre apport commun risquerait d'être quelque peu marginal par rapport aux problématiques de développement local qui ont à traiter au Maroc de lourd sujets, qu'il s'agisse des schémas de développement urbain, de l'habitat, des problèmes d'assainissement solides et liquides, de transports ou d'infrastructures sociales et culturelles.
La visibilité ensuite car les populations adhéreront à la démarche pourvu qu'elles voient se concrétiser des projets qui améliorent leur vie quotidienne. Continuité et visibilité sont, on le sent bien, les deux faces liées de l'action. Cohérence, concertation et information permanentes entre l'Etat, ses prolongements sur le terrain et les collectivités sont également la règle d'or des projets qui n'aboutissent que grâce à un tour de table confiant. Professionnalisme enfin, mais je sais bien que l'un des apports les plus féconds de vos relations est justement cette infusion permanente d'expertise qui se forge sur le terrain, et forge une culture commune.
Vous voyez que je n'hésite pas, à ces conditions, à imaginer une nouvelle génération de projets de coopération entre la France et le Maroc, ou le développement local mobiliserait coude-à-coude nos collectivités, les Etats et les secteurs socio-professionnels, au service des priorités nationales du pays, auxquelles se réfèrent nos Premiers ministres dans leurs rencontres régulières pour fixer le cap de nos échanges bilatéraux et en évaluer les effets.
Cette réunion doit avoir un tour concret et elle a été conçue en conséquence. Sans en alourdir l'introduction, je voudrais maintenant vous témoigner le haut degré d'engagement qui nous anime pour que les coopérations décentralisées entre la France et le Maroc disposent d'une feuille de route, encouragée et facilitée par notre coopération :
1 - Comme vous le savez, depuis 1996 ce sont près de 20 millions de francs qui ont été alloués par le ministère français des Affaires Etrangères à la coopération décentralisée franco-marocaine. Leviers d'investissements qui se montent sûrement à 5 ou 6 fois cette somme, ces financements doivent désormais selon moi agir dans le sens de la continuité que j'évoquais mais aussi contribuer au développement local dans les domaines dont le gouvernement marocain a fait ses priorités. Voilà pourquoi je demande à notre poste diplomatique à Rabat, en étroite relation avec la Direction générale de la coopération internationale et du développement de prévoir l'instruction pour 2002 d'un projet de fonds de solidarité prioritaire, qui autorise le co-financement de projets d'intérêt économique, social et culturel, appuyant les efforts des collectivités, selon une clé de répartition, un montant plafond des projets et des thèmes qui devront faire l'objet d'un cahier des charges préalable, concerté entre Etats et collectivités.
Cette expérience serait la première du genre, les financements des coopérations décentralisées relevant jusqu'ici de la DGCID à Paris et pour partie du poste. Or, je crois que le moment est venu, pour fortifier la coopération décentralisée, de déconcentrer résolument les financements qui lui sont affectés, sous la forme d'un guichet unique et d'un tour de table aussi proche que possible des activités de terrain. Je ne doute pas que cette méthode saura alors convaincre d'autres grands organismes de financement du développement local avec lesquels nous travaillons déjà.
2 - Vous savez également que la rénovation de notre cadre de coopération, décidée par nos Premiers ministres, est entreprise. Il me semble maintenant nécessaire, ainsi que l'expérience en a utilement été conduite avec quelques pays, de veiller à la présence de nos coopérations décentralisées, en France et au Maroc encouragées par la loi, dans les mécanismes de notre échange bilatéral. S'il est encore prématuré de préciser ce point, compte tenu des échanges en cours de nos diplomaties, le principe peut néanmoins en être posé.
3 - Enfin, certain qu'un élément de réussite de ce type de coopération réside dans une bonne information qui donne à la coordination entre acteurs une base sure, je suggère que l'on confie à CUF, en liaison avec le FMCU, le soin de créer un site des coopérations décentralisées France-Maroc, dont le matériau est d'ailleurs, grâce au travail fait pour préparer ces rencontres, à portée de main.
Monsieur le Conseiller de Sa Majesté le Roi,
Monsieur le Président de la communauté urbaine de Fès,
Chers amis,
En choisissant Fès pour accueillir ces rencontres, le Maroc choisissait une cité du monde. De celles qui savent combien leur rayonnement et leur prestige sont redevables à leur tradition d'ouverture. Ville de spiritualité, de science et de culture, Fès est pour nous tous un creuset des civilisations dont nous sommes héritiers et dont nous ressentons tellement le besoin dans cette période troublée. Voilà pourquoi nous ne nous lassons pas de parcourir et d'interroger le grand patrimoine vivant de l'humanité.
Non seulement je souhaite que ces rencontres augmentent encore la qualité et la richesse de l'amitié franco-marocaine, mais je forme le vu qu'avec cette Europe dont vous aspirez à vous rapprocher, elles vous apportent un outil de plus qui serve le développement de votre pays.
Monsieur le Conseiller de Sa Majesté le roi,
Au nom de tous mes amis français ici, qui ont tenus à être présents aujourd'hui, je vous suis reconnaissant de transmettre à sa majesté le Roi Mohammed VI l'expression de notre disponibilité pour les efforts qu'il poursuit pour le Maroc, et nos remerciements à Monsieur le Premier Ministre et au gouvernement pour l'accueil qu'ils nous réservent.
A vous Monsieur le Président, je dis notre amitié et notre gratitude pour le soin que vous avez personnellement apporté pour que Fès soit le succès que nous attendons.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 novembre 2001)
Messieurs les Premiers Ministres,
Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires
Monsieur le Président de la Communauté urbaine de Fès,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
En convoquant pour les 26 et 27 novembre prochain à l'Institut du monde arabe les 3èmes assises nationales de la coopération décentralisée, je savais que la réflexion des collectivités locales et territoriales françaises serait sûrement renouvelée par les échanges de Fès que nous ouvrons aujourd'hui. Comment en serait-il autrement, s'agissant avec le Maroc d'une des relations les plus originales et profondes que la France ait à l'international ?
Il n'y a là aucun hasard de calendrier. Depuis un an, notre ambassade (et notamment son service de coopération) réfléchissait avec le ministère de l'Intérieur du Maroc (et sa direction générale des collectivités locales) à un forum qui mette en lumière les expériences conduites depuis le premier rendez-vous que s'étaient donné, à Marrakech, en 1996, nos coopérations décentralisées. Parallèlement, cheminait chez moi la conviction que le moment était venu, en France, de mettre en valeur ce que l'engagement international de nos collectivités apporte à des sociétés éloignées dans l'espace mais dont les affinités électives, tissées souvent par l'histoire et la fidélité, toujours par l'estime voire l'attraction réciproque, réclament chaque jour des preuves plus tangibles et mutuellement profitables de leurs liens.
Aujourd'hui la mondialisation, touchée au cur, après avoir été si profondément questionnée ces derniers mois, en appelle à toutes les bonnes volontés pour régénérer l'échange international, et opposer à toute forme de régression et de repli sur soi engendrés par la peur, les forces d'un progrès nourri d'humanité, de compréhension mutuelle et de désir de l'autre.
Avant le 11 septembre cette réunion eut été un pas de plus dans une coopération entre le Maroc et la France, déjà extraordinairement dense.
Je souhaite que nous en fassions un moment de réflexion exemplaire sur ce que deux sociétés - que leur fréquentation quotidienne a portées à un haut degré de connaissance et de confiance réciproques - peuvent espérer du mouvement qui portent les uns vers les autres des villes, des régions et des territoires, animés par le même désir de solidarité.
Au Maroc, la France apporte une expérience déjà concluante, avec des partenariats anciens, perpétués par des engagements individuels - les vôtres - forgés dans l'amitié et dans l'action. "Cités Unies France", à qui nous avons confié le soin de préparer ces rencontres, en liaison avec la FMCU, - et je rends hommage au nom du gouvernement français qui apprécie leurs services, à leur capacité d'opérateur, voulue par le président Stasi et la présidente Mercedès Bresso -, CUF donc recense ici une centaine de partenariats dont 34 désormais pérennes, et dont les actions seront versées à votre réflexion. Cela est bien. Mais nous pouvons faire beaucoup plus, tant la relation de confiance et de compréhension entre nous est propice à de nouvelles percées.
Ai-je besoin de rappeler que le Premier ministre Lionel Jospin, lorsqu'il a décidé en 1997 de réformer notre dispositif de coopération, a particulièrement veillé à y préciser votre rôle : ni comme une forme d'appoint à la coopération d'Etat - ce qui n'eut pas été dans l'esprit de la décentralisation en France accentuant la responsabilité directe des élus locaux - ni comme forme alternative de coopération, dans une conception de désengagement de l'Etat non conforme à la vision que nous partageons tous d'une action publique régulée. Plutôt comme une forme concertée d'action extérieure ou, aux côtés des Etats, le point de vue, l'initiative et le savoir-faire locaux se déploient dans un espace géographique économique et social adéquat à une démocratie de proximité et à une mobilisation accrue des forces vives de notre société.
C'est exactement sur ce terrain que, me semble-t-il, nous rencontrons le Maroc aujourd'hui.
Dans trois discours récents, sa Majesté le roi Mohammed VI rappelait qu'il attendait de la décentralisation une pratique de démocratie locale et une démarche de développement régional intégré propices à une prise d'initiative cohérente avec les besoins économiques, sociaux et culturels du pays, vu dans la diversité de ses territoires et de ses traditions culturelles.
La France - particulièrement attentive à mettre les outils de sa coopération au service d'une vision du développement national qui a guidé, depuis vingt ans nos propres gouvernements et profondément remodelé les principes d'une action publique partagée entre l'Etat et les collectivités - ne peut que marquer sa disponibilité à une telle évolution, qui entre désormais dans le projet de société du Maroc.
Déjà j'observe que, conformément aux vux de nos Premiers ministres, exprimés lors de leurs rencontres de Fès en 1999, puis de Paris, le 3 mai dernier, notre coopération d'Etat à Etat s'est nettement infléchie. Dans ses objectifs, elle se concentre de façon volontariste sur la mise à niveau de l'économie marocaine et le développement des secteurs sociaux, éducation, et santé qui freinent encore le développement. Dans la méthode, elle s'appuiera de plus en plus directement sur les réseaux d'acteurs qui innervent les différents domaines d'activités : universités, entreprises, chambres consulaires, établissement scolaires, associations et organisations non gouvernementales auxquels le Maroc concède désormais, souvent dans le cadre de réformes hardies, de larges espaces d'autonomie que les uns et les autres devront désormais apprivoiser.
Il nous a semblé enfin indispensable d'être présents aux côtés du Maroc quand il a voulu, à la suite d'un "grand débat" national formuler une politique d'aménagement du territoire sans laquelle sa décentralisation serait en quelques sorte aveugle sur les principes d'un développement concerté. C'est le premier projet que nous ayons financé en 2000 au titre du fonds de solidarité prioritaire auquel est désormais éligible le Maroc, et j'en remercie notre ambassadeur, Michel de Bonnecorse, qui en a eu l'heureuse initiative.
Ainsi toutes les conditions me semblent-elles réunies ici pour qu'une coopération étroitement concertée entre nos Etats et nos collectivités locales et territoriales permettent à celles-ci de donner toute leur mesure. Oserais-je verser à notre débat l'idée, probablement partagée par beaucoup, qu'une relation déjà prometteuse, le sera davantage encore si vous marquez votre attention à 4 éléments qui entrent dans cette "chimie complexe" et que je connais bien de la coopération décentralisée : la continuité d'abord, sans laquelle notre apport commun risquerait d'être quelque peu marginal par rapport aux problématiques de développement local qui ont à traiter au Maroc de lourd sujets, qu'il s'agisse des schémas de développement urbain, de l'habitat, des problèmes d'assainissement solides et liquides, de transports ou d'infrastructures sociales et culturelles.
La visibilité ensuite car les populations adhéreront à la démarche pourvu qu'elles voient se concrétiser des projets qui améliorent leur vie quotidienne. Continuité et visibilité sont, on le sent bien, les deux faces liées de l'action. Cohérence, concertation et information permanentes entre l'Etat, ses prolongements sur le terrain et les collectivités sont également la règle d'or des projets qui n'aboutissent que grâce à un tour de table confiant. Professionnalisme enfin, mais je sais bien que l'un des apports les plus féconds de vos relations est justement cette infusion permanente d'expertise qui se forge sur le terrain, et forge une culture commune.
Vous voyez que je n'hésite pas, à ces conditions, à imaginer une nouvelle génération de projets de coopération entre la France et le Maroc, ou le développement local mobiliserait coude-à-coude nos collectivités, les Etats et les secteurs socio-professionnels, au service des priorités nationales du pays, auxquelles se réfèrent nos Premiers ministres dans leurs rencontres régulières pour fixer le cap de nos échanges bilatéraux et en évaluer les effets.
Cette réunion doit avoir un tour concret et elle a été conçue en conséquence. Sans en alourdir l'introduction, je voudrais maintenant vous témoigner le haut degré d'engagement qui nous anime pour que les coopérations décentralisées entre la France et le Maroc disposent d'une feuille de route, encouragée et facilitée par notre coopération :
1 - Comme vous le savez, depuis 1996 ce sont près de 20 millions de francs qui ont été alloués par le ministère français des Affaires Etrangères à la coopération décentralisée franco-marocaine. Leviers d'investissements qui se montent sûrement à 5 ou 6 fois cette somme, ces financements doivent désormais selon moi agir dans le sens de la continuité que j'évoquais mais aussi contribuer au développement local dans les domaines dont le gouvernement marocain a fait ses priorités. Voilà pourquoi je demande à notre poste diplomatique à Rabat, en étroite relation avec la Direction générale de la coopération internationale et du développement de prévoir l'instruction pour 2002 d'un projet de fonds de solidarité prioritaire, qui autorise le co-financement de projets d'intérêt économique, social et culturel, appuyant les efforts des collectivités, selon une clé de répartition, un montant plafond des projets et des thèmes qui devront faire l'objet d'un cahier des charges préalable, concerté entre Etats et collectivités.
Cette expérience serait la première du genre, les financements des coopérations décentralisées relevant jusqu'ici de la DGCID à Paris et pour partie du poste. Or, je crois que le moment est venu, pour fortifier la coopération décentralisée, de déconcentrer résolument les financements qui lui sont affectés, sous la forme d'un guichet unique et d'un tour de table aussi proche que possible des activités de terrain. Je ne doute pas que cette méthode saura alors convaincre d'autres grands organismes de financement du développement local avec lesquels nous travaillons déjà.
2 - Vous savez également que la rénovation de notre cadre de coopération, décidée par nos Premiers ministres, est entreprise. Il me semble maintenant nécessaire, ainsi que l'expérience en a utilement été conduite avec quelques pays, de veiller à la présence de nos coopérations décentralisées, en France et au Maroc encouragées par la loi, dans les mécanismes de notre échange bilatéral. S'il est encore prématuré de préciser ce point, compte tenu des échanges en cours de nos diplomaties, le principe peut néanmoins en être posé.
3 - Enfin, certain qu'un élément de réussite de ce type de coopération réside dans une bonne information qui donne à la coordination entre acteurs une base sure, je suggère que l'on confie à CUF, en liaison avec le FMCU, le soin de créer un site des coopérations décentralisées France-Maroc, dont le matériau est d'ailleurs, grâce au travail fait pour préparer ces rencontres, à portée de main.
Monsieur le Conseiller de Sa Majesté le Roi,
Monsieur le Président de la communauté urbaine de Fès,
Chers amis,
En choisissant Fès pour accueillir ces rencontres, le Maroc choisissait une cité du monde. De celles qui savent combien leur rayonnement et leur prestige sont redevables à leur tradition d'ouverture. Ville de spiritualité, de science et de culture, Fès est pour nous tous un creuset des civilisations dont nous sommes héritiers et dont nous ressentons tellement le besoin dans cette période troublée. Voilà pourquoi nous ne nous lassons pas de parcourir et d'interroger le grand patrimoine vivant de l'humanité.
Non seulement je souhaite que ces rencontres augmentent encore la qualité et la richesse de l'amitié franco-marocaine, mais je forme le vu qu'avec cette Europe dont vous aspirez à vous rapprocher, elles vous apportent un outil de plus qui serve le développement de votre pays.
Monsieur le Conseiller de Sa Majesté le roi,
Au nom de tous mes amis français ici, qui ont tenus à être présents aujourd'hui, je vous suis reconnaissant de transmettre à sa majesté le Roi Mohammed VI l'expression de notre disponibilité pour les efforts qu'il poursuit pour le Maroc, et nos remerciements à Monsieur le Premier Ministre et au gouvernement pour l'accueil qu'ils nous réservent.
A vous Monsieur le Président, je dis notre amitié et notre gratitude pour le soin que vous avez personnellement apporté pour que Fès soit le succès que nous attendons.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 novembre 2001)