Texte intégral
CAROLINE ROUX
Bonjour Christophe CASTANER.
CHRISTOPHE CASTANER
Bonjour.
CAROLINE ROUX
Alors tout d'abord naturellement cette explosion à Manchester, 19 blessés, 50 morts (sic) pour un premier bilan à la sortie d'une salle de concert, la Première ministre parle d'une épouvantable attaque terroriste, une nouvelle fois le réveil est douloureux en Europe.
CHRISTOPHE CASTANER
Evidemment douloureux parce que les enfants de Manchester sont nos enfants. Je suis père, j'ai deux filles adolescentes, on écoute chez moi Ariana GRANDE et on voit bien comment le mal peut frapper à nos portes et Manchester, ce sont aussi nos portes.
CAROLINE ROUX
Alors l'explosion a eu lieu à la sortie de la salle de concert, alors c'est vrai qu'on a sécurisé les endroits, après ce qui s'était passé au Bataclan, il y a des portiques de sécurité, mais on n'a pas sécurisé les abords des salles de concerts. Est-ce qu'à la lumière de ce qui se passe, alors il faut être prudent, il faut attendre que l'enquête soit menée, mais est-ce que d'ores et déjà, vous nous dites, comme c'est le cas aux Etats-Unis ce matin, puisque le gouverneur de New York a annoncé le renforcement des mesures de sécurité aux abords de concerts, qu'il faut faire plus ?
CHRISTOPHE CASTANER
Oui, je crois qu'il faut faire plus parce que de toute façon les terroristes savent s'adapter aux situations. Il n'y a pas de politique qui permet de garantir la sécurité pour chacun de nos citoyens en permanence, mais il faut faire le maximum. Le maximum, c'est-à-dire d'abord
CAROLINE ROUX
Il faut s'adapter ?
CHRISTOPHE CASTANER
Bien sûr qu'il faut s'adapter, mais c'est d'abord frapper à l'international, au Sahel, au Levant, là où on a l'origine du mal et l'organisation. Mais on sait aussi qu'on peut avoir une personne qui va se radicaliser très brutalement, qui sur les réseaux sociaux va trouver les moyens d'agir, il nous faut là aussi renforcer totalement notre renseignement intérieur. Et donc c'est pour ça que nous devons agir sur différents niveaux, un plan de recrutement de 10.000 policiers et gendarmes supplémentaires, le renforcement de la sécurité, un task force qui va permettre de centraliser toute l'information qui remonte des différents services au niveau du Premier ministre et du président de la République. Et puis enfin la question du renseignement territorial, mais du renseignement numérique informatique, qui aujourd'hui est quelque chose qui nous échappe en partie et nous voulons qu'il y ait un quatrième corps d'armée qui justement permette de mener la guerre contre toutes les formes de cyber-terrorisme et de cyber-attaque.
CAROLINE ROUX
Alors ce qui est compliqué dans un cas comme celui-ci, c'est que systématiquement on en est à se dire, comment faire mieux ? La question de la levée de l'état d'urgence, on est bien d'accord, n'est pas un débat en France.
CHRISTOPHE CASTANER
De toute façon, nous avons les moyens d'agir avec l'état d'urgence, sans l'état d'urgence, nous verrons mi-juillet, le président de la République, le Premier ministre se prononceront avec le ministre de l'Intérieur sur ce sujet. Mais peu importe, je dirais, la question de l'état d'urgence ou pas, nous devons nous mobiliser au maximum pour protéger les Français.
CAROLINE ROUX
C'est déjà le cas, non ?
CHRISTOPHE CASTANER
C'est le cas, mais il faut aller plus loin encore et c'est pour ça qu'il faut lancer des moyens d'investissements pour tout type d'intervention de nos forces militaires et policières sur le renseignement notamment et puis il nous faut aussi recruter. Il faut aussi des femmes et des hommes, petit à petit le gouvernement précédent a commencé une politique de recrutement, nous devons la renforcer.
CAROLINE ROUX
Mais là ce que vous dites ce matin aux gens qui vous regardent et qui sont peut-être inquiets, qui ont prévu peut-être d'aller à des concerts à Paris ou ailleurs en France, les leçons de ce qui s'est passé à Manchester seront tirées naturellement en France ?
CHRISTOPHE CASTANER
Je ne veux pas tenir le discours de dire le risque zéro est possible, certains l'ont fait, y compris pendant la période électorale, ils ont menti aux Français, mais nous devons être extrêmement vigilants. Le président de la République et le Premier ministre ont déjà échangé ce matin, ils font un point avec le ministre de l'Intérieur et nous devons, là encore, veiller à ce qu'il n'y ait pas un plan coordonné au niveau international pour frapper l'Europe. Nous n'avons aucune indication sur ce sujet, donc je voudrais rassurer les Français là-dessus. Et donc nous continuerons à être à un haut niveau de vigilance et puis chacun doit aussi assumer une part de responsabilité dans l'information, dans le contact, dans la prévention.
CAROLINE ROUX
Ça veut dire quoi ça, chacun doit assumer une part de responsabilité ?
CHRISTOPHE CASTANER
Chacun doit assumer d'être un observateur attentif de ce qui peut se passer et de penser que la police est notre amie au quotidien aussi quand on doit l'informer. Je crois que sur la radicalisation par exemple, il faut que chacun au niveau des préfets, au niveau d'une école, d'un lycée soit aussi en responsabilité. Mais surtout je voudrais aussi rassurer les Français, il ne faudrait surtout pas céder aux terroristes en disant on annule les concerts, on ne va plus nulle part. Vivre, c'est notre coeur et au fond les terroristes veulent attaquer notre façon de vivre et donc ne leur cédons jamais, à charge pour nous, les responsables politiques, de tout mettre en oeuvre pour garantir la sécurité de nos concitoyens.
CAROLINE ROUX
Alors dans le reste de l'actualité, Emmanuel MACRON reçoit les syndicats des salariés, le patronat aujourd'hui, on connait désormais la volonté de réforme d'Emmanuel MACRON, alors ces rencontres, c'est quoi ? Ce sont des rencontres de courtoisie, on sait exactement où veut aller Emmanuel MACRON, qu'attend t-il de ces rencontres avec les partenaires sociaux ?
CHRISTOPHE CASTANER
Il veut dialoguer. Il ne veut pas dialoguer seulement sur la réforme du dialogue social, nous devons parler de la réforme de la formation professionnelle, nous devons parler du plan d'investissement de 15 milliards d'euros que nous voulons mobiliser pour améliorer la formation professionnelle, mais nous devons parler de la meilleure façon d'aller vers le plein emploi. Aujourd'hui on a une société du travail qui est une société figée, qui protège ceux qui sont déjà en emploi mais, qui exclue ceux qui n'ont pas accès à l'emploi. Donc nous devons tout mettre en oeuvre, donc il nous faut dialoguer. Nous savons quel est notre objectif, mais par contre le texte n'est pas écrit, les textes ne sont pas écrits, il est important qu'il y ait ce niveau de dialogue avec le président de la République et dès demain, avec le Premier ministre et la ministre du Travail.
CAROLINE ROUX
Alors vous savez que les partenaires sociaux, ils sont très vigilants sur les mots qui sont utilisés et ils ont un petit problème avec les mots qui sont utilisés. Alors on va clarifier ce matin le lexique, est-ce qu'il s'agit de consultation, est-ce qu'il s'agit de concertation ou de négociation, dans quel état d'esprit vous êtes avec les partenaires sociaux ? Parce que d'un côté, on ne peut pas dire, on veut aller vite, on veut réformer et de l'autre, soyez les bienvenues et apportez vos propositions, on les connait les propositions de Emmanuel MACRON et on connait les lignes rouges des syndicats, alors quel mot vous choisissez ?
CHRISTOPHE CASTANER
Moi, je choisirais le dialogue, parce que le dialogue, il est absolument nécessaire tout le temps. Mais si le dialogue est utilisé pour empêcher, je crois qu'on a besoin aujourd'hui de libérer le travail et donc c'est important qu'on puisse se donner les moyens d'aller vite sur ces questions là. Les Français ne peuvent pas attendre. Vous savez une loi, une bonne loi, pour qu'elle soit mise en oeuvre, tout compris, il faut deux ans. Est-ce qu'aujourd'hui on peut se dire, ce n'est pas très grave, la situation qui fait que dans certains quartiers 50 % des jeunes sont au chômage et n'ont pas de perspective d'emploi, on va attendre deux ans, non, il nous faut aujourd'hui aller vite. On a les éléments qui permettent de construire ce dialogue social.
CAROLINE ROUX
Dialogue social, est-ce que les réserves des syndicats ou leurs lignes rouges ont vocation à infléchir le rythme de cette réforme ou le continu de cette réforme ? Vous avez dit tout à l'heure, c'est intéressant, les textes ne sont pas écrits, vous avez d'ores et déjà les positions des uns et des autres, vous les connaissez, il y a certains sujets qui hérissent les syndicats, notamment la question des indemnités de licenciement, est-ce que sur un point comme celui-ci, le dialogue tel que vous le défendez ce matin, ça peut être aussi, pas forcément de reculer, mais de changer un peu la ligne qui était celle du président de la République ?
CHRISTOPHE CASTANER
A l'heure qu'il est, je ne vais pas vous donner les lignes rouges, parce qu'elles n'existent pas justement, vu qu'on est dans cette discussion, mais si on cherche à faire une loi qui rassure tout le monde et donne raison à tout le monde, le texte, il est déjà écrit, il n'y aura pas de texte. Et donc je crois qu'aujourd'hui il faut accepter ce dialogue, mais il faut aussi que les syndicats entendent la nécessité de faire bouger les lignes, parce que l'objectif, c'est de faire en sorte que l'artisan de Barcelonnette dans le Nord de ma circonscription puisse demain ne pas avoir peur d'embaucher un apprenti, ne pas avoir peur d'embaucher un gars, c'est ça l'enjeu aujourd'hui, faire en sorte qu'on puisse tendre la main. Aujourd'hui il y a un vivier d'emplois, on voit bien qu'on a une dynamique économique forte, il ne faut surtout pas la fragiliser par un carcan administratif.
CAROLINE ROUX
Il y a certaines images qui font peur aux Français et ils ont le souvenir de ce qui s'est passé au moment de la loi El Khomri, c'est la France bloquée. Ce sont les manifestations, voilà c'est un bras de fer qui se durcit et qui traine, est-ce que vous dites ce matin, l'objectif pour nous, à tout prix, c'est d'éviter cette situation là ? On sait bien que ce sont des sujets, encore une fois, qui crispe une certaine partie des Français et des partenaires sociaux.
CHRISTOPHE CASTANER
Bien sûr, il faut empêcher tout blocage, mais on n'a pas le droit de bloquer la France parce qu'on n'est pas d'accord avec telle ou telle mesure, surtout quand elle était au coeur du projet présidentiel d'Emmanuel MACRON. La loi El Khomri, la difficulté, c'est que ça n'était pas au coeur du projet politique, du mandat politique de François HOLLANDE et elle est venue en fin de mandat. Là, je crois qu'aujourd'hui pour les Français, les choses sont claires, ils ont élu Emmanuel MACRON avec la volonté de libérer le travail. Donnons-nous les moyens du dialogue et jamais du blocage.
CAROLINE ROUX
Merci beaucoup Christophe CASTANER.Source : Service d'information du Gouvernement, le 24 mai 2017