Texte intégral
PATRICK COHEN
Bonjour Gérald DARMANIN.
GÉRALD DARMANIN
Bonjour.
PATRICK COHEN
Dans un peu plus de 2 heures vous serez à l'Elysée pour un séminaire de rentrée, réunion de travail autour du président et du Premier ministre, dans quel état d'esprit, est-ce que vous convenez que c'est une rentrée plus compliquée que prévu ?
GÉRALD DARMANIN
Non, je n'en conviens pas, toutes les rentrées sont compliquées, pour les Français, évidemment, mais aussi, bien sûr, pour le gouvernement qui, voilà 3 mois, 4 mois, a connu, dans un pays, des circonstances exceptionnelles. Les deux grands partis politiques ont été éliminés, ce n'est jamais arrivé depuis l'élection du président de la République au suffrage universel, et madame LE PEN a fait 11 millions de voix. On ne peut pas penser que la rentrée, comme par enchantement, se passerait bien, simplement parce qu'Emmanuel MACRON a été élu président de la République et qu'il a nommé un gouvernement.
PATRICK COHEN
Un président de moins en moins populaire, la chute est brutale, vous l'avez vu, est-ce que vous mesurez, est-ce que vous ressentez la déception d'une partie des Français à l'égard d'Emmanuel MACRON ?
GÉRALD DARMANIN
Moi je sens les impatiences des Français de manière générale
PATRICK COHEN
Impatiences, pas déception ?
GÉRALD DARMANIN
Impatiences, depuis que je suis adhérent dans un parti politique, depuis que je m'intéresse à la politique. La popularité ça se regarde, mais ce qui compte c'est de travailler, non pas l'opinion, c'est de travailler pour la Nation. Heureusement que le Général de GAULLE, heureusement que François MITTERRAND, n'ont pas regardé tous les jours les sondages, tous les jours les commentaires, pour savoir s'ils étaient ou pas dans le bon chemin. Moi je suis persuadé que le Premier ministre, le président de la République, le gouvernement, sont en train de travailler dans la bonne direction pour transformer notre pays et pour redonner du pouvoir d'achat aux Français.
PATRICK COHEN
Ce sont justement vos projets budgétaires qui inquiètent les Français, ou qui parfois les déçoivent. Il y a un sentiment d'injustice, ça a été dit ces derniers jours, les 5 euros en moins sur les aides au logement, la baisse des emplois aidés, ça laisse l'idée que les plus fragiles vont financer les baisses d'impôts des plus riches.
GÉRALD DARMANIN
C'est tout à fait faux. Moi je suis, à la fois par ma construction personnelle, mais aussi par la ville où je suis élu, Tourcoing, je suis très attaché, et je sais que le président de la République y est très attaché, à la défense des classes populaires, et le budget que nous allons présenter, dès le mois de septembre, le budget sur les 5 ans que nous allons présenter pour le quinquennat, c'est un budget de transformation pour le pays, et, en même temps, un budget qui va protéger les plus populaires. Nous allons augmenter le pouvoir d'achat de ceux qui travaillent, nous allons supprimer des impôts, comme la taxe d'habitation, nous allons protéger les plus faibles, avec l'augmentation de l'Allocation adulte handicapé, avec l'augmentation du minimum vieillesse, nous allons être au rendez-vous des classes populaires et du pouvoir d'achat, ce qu'aucun gouvernement n'a pas fait depuis très longtemps. Alors, aujourd'hui, alors que le gouvernement commence à préparer la rentrée, nous devons rassurer les Français, et leur dire qu'il ne faut pas écouter les démagogues et les prophètes de malheurs.
PATRICK COHEN
Non, mais ils peuvent regarder les chiffres aussi, voir que le pouvoir d'achat va augmenter de moitié moins que ce qui était prévu en fait, avec votre baisse des cotisations en deux temps.
GÉRALD DARMANIN
Alors, d'abord il y a une augmentation de pouvoir d'achat, ce n'est jamais arrivé, aucun gouvernement ce sera le cas dès le 1er janvier va augmenter concrètement le pouvoir d'achat des Français.
PATRICK COHEN
Tout le monde va y gagner ?
GÉRALD DARMANIN
Tous ceux qui travaillent vont y gagner.
PATRICK COHEN
Tout le monde, sauf les retraités qui touchent plus de 1200 euros de pension.
GÉRALD DARMANIN
Non, ce n'est pas tout à fait vrai, mais je voudrais m'arrêter quelques instants sur ceux qui travaillent. Aujourd'hui, quelqu'un qui est au SMIC, qui touche 1100 euros nets, il va avoir une augmentation, en 2018 vous avez raison, ce sera fait en deux fois, une fois au 1er janvier, une fois au 1er octobre, tout simplement parce que le pays n'est pas riche, comme vous l'avez constaté, nous avons 2200 milliards de dette, si on n'avait pas de dette, évidemment, ce serait toujours plus simple eh bien cette augmentation c'est plus de 130 euros de pouvoir d'achat l'année prochaine, d'augmentation de pouvoir d'achat.
PATRICK COHEN
Au lieu de 260, ce que vous aviez prévu au départ.
GÉRALD DARMANIN
Et, en année pleine, c'est-à-dire en 2019, mais vous pouvez toujours considérer que ce n'est pas assez, mais tout ce je veux dire c'est que nous sommes responsables, nous sommes en responsabilités, et en année pleine ce sera effectivement 260 euros. L'année prochaine, c'est 130 euros de pouvoir d'achat, qui se rajouteront à la suppression de la taxe d'habitation. Dès l'année prochaine, à la demande du président de la République, 80 % des Français vont voir un tiers de leur taxe d'habitation en moins, s'ils payent 600 euros, ils vont recevoir leur taxe d'habitation bientôt, ils vont payer, l'année prochaine, 400 euros, et puis l'année d'après 200 euros, et en 2019 ils ne paieront plus de taxe d'habitation. Nous allons rendre, par exemple, pour quelqu'un qui est au SMIC, l'année prochaine, plus de 350 euros de pouvoir d'achat. Alors, on peut dire que ce n'est pas assez, et les Français, je les comprends, ils ont des difficultés financières, il y a la rentrée scolaire, ils ont les difficultés de la vie, mais c'est la première fois que le pouvoir d'achat va augmenter parce que nous transformerons le pays profondément.
PATRICK COHEN
Les fonctionnaires, les indépendants, ils auront une compensation ?
GÉRALD DARMANIN
Tout à fait, le président de la République l'a dit
PATRICK COHEN
Il l'a promis, mais pour l'instant on ne connaît pas les modalités ni les détails.
GÉRALD DARMANIN
J'entends bien, il y a encore quelques jours beaucoup d'entre nous étions en vacances, à commencer par ceux qui posent des questions aujourd'hui. Vous constaterez que le budget, Monsieur COHEN, ce sera présenté à la fin du mois de septembre, le gouvernement ne fait que présenter ce budget, il y a un Parlement, qu'il faut respecter, le Parlement votera ou modifiera ce budget. Mais, dès l'année prochaine, les fonctionnaires vont évidemment avoir une compensation, et les indépendants, plus de 70 % d'entre eux, vont connaître une augmentation de leur pouvoir d'achat également.
PATRICK COHEN
Alors ça c'est une partie de votre équation, peut-être pas la plus difficile, parce que vous voulez à la fois réduire les déficits sous les 3 % en 2018, redonner du pouvoir d'achat, vous venez d'en parler, donc il va vous falloir tailler dans les dépenses et tailler massivement, tailler partout Gérald DARMANIN ? 20 milliards d'économie d'une année sur l'autre
GÉRALD DARMANIN
Je ne me sens pas le bûcheron qui taille, je me sens celui qui essaye de faire ce que, depuis 30 ans, les gouvernements n'ont pas réussi à faire, c'est-à-dire à la fois à protéger les plus faibles, je l'ai dit, à la fois redonner du pouvoir d'achat, et en même temps être responsable budgétairement, parce que quand on n'est pas responsable budgétairement, et chaque personne qui nous écoute le sait pour sa propre famille, pour sa propre entreprise, ça ne peut pas durer longtemps, donc nous allons diminuer la dépense publique. Tous ceux qui vous disent qu'ils peuvent redonner du pouvoir d'achat, qu'ils peuvent baisser la fiscalité pour les entreprises, qu'ils peuvent protéger les plus faibles, sans baisser la dépense publique, ce sont des menteurs.
PATRICK COHEN
Donc il y aura des emplois en moins, des services en moins. Quand vous dites on protège les plus faibles, ça veut dire aussi, concrètement, regarder les emplois aidés. Il y a des communes qui ont décidé de reporter la rentrée scolaire d'une semaine faute d'avoir les postes d'encadrement qui étaient en contrats aidés.
GÉRALD DARMANIN
Vous savez, il y a encore quelques jours je m'occupais de la rentrée scolaire, aussi, de ma commune, et lorsque vous avez
PATRICK COHEN
Tourcoing.
GÉRALD DARMANIN
Exactement ; lorsque vous avez été maire, vous savez quelles sont les difficultés, effectivement, des élus locaux, mais en même temps, les contrats aidés, c'est 100 % de subventions publiques dans les collectivités locales. On ne peut pas continuer à la fois à précariser des gens, qui ont des contrats pour quelques mois, qui se retrouvent au chômage, qui toutes les études le prouvent ont un grand mal à retrouver un travail salarié, et considérer qu'on a fait notre travail pour l'emploi. Les contrats aidés, malheureusement, n'aident pas structurellement ceux qui recherchent un emploi.
PATRICK COHEN
Enfin, ils aident ceux qui en profitent.
GÉRALD DARMANIN
Non, non, les gens doivent trouver des emplois dans les entreprises, parce que, vous savez quoi Monsieur COHEN, c'est les entreprises qui créent la richesse, donc notre stratégie c'est de baisser les impôts pour les entreprises, dès 2019, le gouvernement d'Emmanuel MACRON c'est zéro charge pour ceux qui seront embauchés dans les entreprises, ce n'est jamais arrivé.
PATRICK COHEN
Il aurait peut-être fallu réformer d'abord et supprimer ensuite.
GÉRALD DARMANIN
Vous le savez cette année, pour les contrats aidés arrêtons de dire n'importe quoi, le Premier ministre l'a décidé c'est 320.000 contrats aidés, le gouvernement précédent en avait budgétisé 280.000 et il avait augmenté il y avait 70 % de consommation de ses crédits lorsque nous sommes arrivés en responsabilités. J'ai été le ministre des Comptes publics qui a remis de l'argent pour pouvoir embaucher des contrats aidés cette année, pour faire justement face aux demandes des collectivités locales notamment.
PATRICK COHEN
La baisse drastique des dépenses publiques, je le répète, 20 milliards d'économie d'une année sur l'autre, c'est considérable, pour mémoire il y a eu 3,3 milliards de fait sur 2016 par le gouvernement précédent. 20 milliards d'économie, vous allez les trouver où Gérald DARMANIN ?
GÉRALD DARMANIN
Il faut baisser les dépenses publiques, c'est évident, il faut moins dépenser, il faut mieux dépenser
PATRICK COHEN
Oui, mais où, comment ?
GÉRALD DARMANIN
Alors, il y a deux politiques. Il y a la politique du rabot, c'est effectivement celle dont le Premier ministre a dit qu'elle n'était pas intelligente, et il a eu raison de le dire, -3 %, -5 %, -6 % à tout le monde, c'est celle qu'on fait en fin d'année parce qu'on n'arrive pas à boucler les budgets, tous les gouvernements ont fait ça depuis 30 ans. Et puis il y a ceux qui vont essayer de transformer profondément le pays, c'est ce que nous allons faire, le président de la République l'a dit, le Premier ministre aussi, réforme profonde de la politique du logement, réforme profonde de la politique du travail. Madame PENICAUD, très courageusement, a travaillé tout l'été à cela, et le 31 août elle va évoquer les textes finaux. Il y aura d'autres politiques qui vont être transformées dans les 5 ans. Le budget que nous allons présenter c'est sur 5 ans, parce que nous allons transformer le pays, nous allons le numériser, nous allons considérer qu'aujourd'hui il y a des économies d'échelle très importantes à faire, mieux travailler avec les collectivités locales, mieux organiser les services de l'État, mieux donner un rôle aux agents du service public. Il faut transformer d'autres pays l'ont fait, le Québec l'a fait, le Canada, avec le Québec, l'ont fait, d'autres pays l'ont fait, des pays européens l'ont fait, moins de dépenses publiques c'est moins d'impôts, moins d'impôts c'est plus de pouvoir d'achat pour les Français.
PATRICK COHEN
L'Education verra son budget augmenter, c'est Jean-Michel BLANQUER qui le dit ce matin dans les colonnes des Echos, les Armées verront leur budget augmenter, ça a été dit en juillet par le président de la République, donc ça va baisser partout ailleurs, Gérald DARMANIN, est-ce qu'on peut en savoir un petit peu plus, quand même ? C'est la quatrième fois que je vous pose la question, mais
GÉRALD DARMANIN
Oui, parce que vous m'invitez le 28 août alors que le budget
PATRICK COHEN
C'est trop tôt ?
GÉRALD DARMANIN
Le vote du budget c'est le 27 septembre, donc, si vous me réinvitez, Monsieur COHEN, je serai très heureux de préciser le budget. Vous permettre que je présente, à mes collègues du gouvernement d'abord, le budget. Vous savez, un bon ministre, ce n'est pas celui qui obtient le plus, ça c'est une idée reçue, un bon ministre c'est celui qui dépense mieux. Et, aujourd'hui, par exemple la ministre du Travail, elle fait un travail considérable, et non seulement elle travaille fortement pour transformer le pays, mais elle participe, par ces réformes, à la baisse de la fiscalité pour les entreprises. Eh bien, la politique ce n'est pas que de l'argent qu'on dépense, « je ne dépense pas, donc j'existe. » Il faut comprendre, chaque Français peut le comprendre, qu'on doit dépenser moins parce qu'on doit faire moins d'impôts, c'est toute la politique du gouvernement. Les Français, ils doivent considérer que l'argent public ce n'est pas l'argent de tout le monde, c'est l'argent de chacun d'entre eux, et nous ferons attention à chaque euro de dépense publique.
PATRICK COHEN
Vous avez dit « ce ne sera pas à la hache », tout à l'heure, ce ne sera pas non plus au rabot
GÉRALD DARMANIN
Non, ce sera transformé.
PATRICK COHEN
Puisqu'Edouard PHILIPPE a dit « le rabot ce n'est pas intelligent », il parlait des aides au logement
GÉRALD DARMANIN
Il a tout à fait raison.
PATRICK COHEN
Donc, quels instruments vous allez utiliser si ce n'est pas la hache ou le rabot, le ciseau ?
GÉRALD DARMANIN
La transformation du pays. La transformation du pays c'est de changer les comportements, de considérer qu'il faut enfin rentrer le pays dans la modernisation, dans la numérisation. Regardez le retard que parfois peut prendre l'Administration, par rapport à d'autres pays européens.
PATRICK COHEN
Encore un mot de politique Gérald DARMANIN, vous regardez ce qui se passe chez Les Républicains, vos amis, vos ex-amis, ou vous vous en fichez, la page est tournée ?
GÉRALD DARMANIN
Non, je suis triste de ce que sont devenus Les Républicains.
PATRICK COHEN
Triste ?
GÉRALD DARMANIN
Oui. Le travail très important qu'avait fait Jacques CHIRAC et Nicolas SARKOZY, pour faire une droite qui était responsable, je suis triste de ce qu'elle est devenue. Quand je vois que, aujourd'hui, ils souhaitent choisir l'opposition alors qu'ils ont un Premier ministre issu de leur famille politique, alors que, quand nous nous battons, quand le président de la République, très courageusement, se bat pour mettre fin à la directive des travailleurs détachés, on voit désormais Les Républicains qui sont contre, alors qu'on a fait toute une campagne, je m'en rappelle, il y a encore quelques mois, pour lutter contre cette directive des travailleurs détachés. Ça ne me paraît pas très responsable.
PATRICK COHEN
Laurent WAUQUIEZ, Daniel FASQUELLE, à la tête de votre famille, ou de votre ex-famille politique, ce sont de bons candidats ?
GÉRALD DARMANIN
Moi je suis ministre de la République et je suis très concentré, mais si vous me posez une question plus politique, si je vois qu'effectivement le choix entre Laurent WAUQUIEZ et Daniel FASQUELLE, j'ai plutôt envie de partir des Républicains.
PATRICK COHEN
Merci Gérald DARMANIN d'être venu ce matin au micro d'Europe 1. Ils vont peut-être vous exclure et pas simplement vous laissez partir, c'est prévu, non ?
GÉRALD DARMANIN
Ecoutez, ça fait 4 mois que je suis membre du gouvernement, ils auraient pu m'exclure avant s'ils le souhaitaient, mais moi ce que je voulais dire c'est qu'aujourd'hui il faut arrêter la politique aigrie, il faut travailler pour la France. Je crois que c'était le message du gaullisme quand j'ai adhéré, me semble-t-il, sous Philippe SEGUIN, à l'UMP et au RPR.
PATRICK COHEN
Merci Gérald DARMANIN, ministre des Comptes publics, d'être venu ce matin au micro d'Europe 1.
source : Service d'information du Gouvernement, le 11 septembre 2017
Bonjour Gérald DARMANIN.
GÉRALD DARMANIN
Bonjour.
PATRICK COHEN
Dans un peu plus de 2 heures vous serez à l'Elysée pour un séminaire de rentrée, réunion de travail autour du président et du Premier ministre, dans quel état d'esprit, est-ce que vous convenez que c'est une rentrée plus compliquée que prévu ?
GÉRALD DARMANIN
Non, je n'en conviens pas, toutes les rentrées sont compliquées, pour les Français, évidemment, mais aussi, bien sûr, pour le gouvernement qui, voilà 3 mois, 4 mois, a connu, dans un pays, des circonstances exceptionnelles. Les deux grands partis politiques ont été éliminés, ce n'est jamais arrivé depuis l'élection du président de la République au suffrage universel, et madame LE PEN a fait 11 millions de voix. On ne peut pas penser que la rentrée, comme par enchantement, se passerait bien, simplement parce qu'Emmanuel MACRON a été élu président de la République et qu'il a nommé un gouvernement.
PATRICK COHEN
Un président de moins en moins populaire, la chute est brutale, vous l'avez vu, est-ce que vous mesurez, est-ce que vous ressentez la déception d'une partie des Français à l'égard d'Emmanuel MACRON ?
GÉRALD DARMANIN
Moi je sens les impatiences des Français de manière générale
PATRICK COHEN
Impatiences, pas déception ?
GÉRALD DARMANIN
Impatiences, depuis que je suis adhérent dans un parti politique, depuis que je m'intéresse à la politique. La popularité ça se regarde, mais ce qui compte c'est de travailler, non pas l'opinion, c'est de travailler pour la Nation. Heureusement que le Général de GAULLE, heureusement que François MITTERRAND, n'ont pas regardé tous les jours les sondages, tous les jours les commentaires, pour savoir s'ils étaient ou pas dans le bon chemin. Moi je suis persuadé que le Premier ministre, le président de la République, le gouvernement, sont en train de travailler dans la bonne direction pour transformer notre pays et pour redonner du pouvoir d'achat aux Français.
PATRICK COHEN
Ce sont justement vos projets budgétaires qui inquiètent les Français, ou qui parfois les déçoivent. Il y a un sentiment d'injustice, ça a été dit ces derniers jours, les 5 euros en moins sur les aides au logement, la baisse des emplois aidés, ça laisse l'idée que les plus fragiles vont financer les baisses d'impôts des plus riches.
GÉRALD DARMANIN
C'est tout à fait faux. Moi je suis, à la fois par ma construction personnelle, mais aussi par la ville où je suis élu, Tourcoing, je suis très attaché, et je sais que le président de la République y est très attaché, à la défense des classes populaires, et le budget que nous allons présenter, dès le mois de septembre, le budget sur les 5 ans que nous allons présenter pour le quinquennat, c'est un budget de transformation pour le pays, et, en même temps, un budget qui va protéger les plus populaires. Nous allons augmenter le pouvoir d'achat de ceux qui travaillent, nous allons supprimer des impôts, comme la taxe d'habitation, nous allons protéger les plus faibles, avec l'augmentation de l'Allocation adulte handicapé, avec l'augmentation du minimum vieillesse, nous allons être au rendez-vous des classes populaires et du pouvoir d'achat, ce qu'aucun gouvernement n'a pas fait depuis très longtemps. Alors, aujourd'hui, alors que le gouvernement commence à préparer la rentrée, nous devons rassurer les Français, et leur dire qu'il ne faut pas écouter les démagogues et les prophètes de malheurs.
PATRICK COHEN
Non, mais ils peuvent regarder les chiffres aussi, voir que le pouvoir d'achat va augmenter de moitié moins que ce qui était prévu en fait, avec votre baisse des cotisations en deux temps.
GÉRALD DARMANIN
Alors, d'abord il y a une augmentation de pouvoir d'achat, ce n'est jamais arrivé, aucun gouvernement ce sera le cas dès le 1er janvier va augmenter concrètement le pouvoir d'achat des Français.
PATRICK COHEN
Tout le monde va y gagner ?
GÉRALD DARMANIN
Tous ceux qui travaillent vont y gagner.
PATRICK COHEN
Tout le monde, sauf les retraités qui touchent plus de 1200 euros de pension.
GÉRALD DARMANIN
Non, ce n'est pas tout à fait vrai, mais je voudrais m'arrêter quelques instants sur ceux qui travaillent. Aujourd'hui, quelqu'un qui est au SMIC, qui touche 1100 euros nets, il va avoir une augmentation, en 2018 vous avez raison, ce sera fait en deux fois, une fois au 1er janvier, une fois au 1er octobre, tout simplement parce que le pays n'est pas riche, comme vous l'avez constaté, nous avons 2200 milliards de dette, si on n'avait pas de dette, évidemment, ce serait toujours plus simple eh bien cette augmentation c'est plus de 130 euros de pouvoir d'achat l'année prochaine, d'augmentation de pouvoir d'achat.
PATRICK COHEN
Au lieu de 260, ce que vous aviez prévu au départ.
GÉRALD DARMANIN
Et, en année pleine, c'est-à-dire en 2019, mais vous pouvez toujours considérer que ce n'est pas assez, mais tout ce je veux dire c'est que nous sommes responsables, nous sommes en responsabilités, et en année pleine ce sera effectivement 260 euros. L'année prochaine, c'est 130 euros de pouvoir d'achat, qui se rajouteront à la suppression de la taxe d'habitation. Dès l'année prochaine, à la demande du président de la République, 80 % des Français vont voir un tiers de leur taxe d'habitation en moins, s'ils payent 600 euros, ils vont recevoir leur taxe d'habitation bientôt, ils vont payer, l'année prochaine, 400 euros, et puis l'année d'après 200 euros, et en 2019 ils ne paieront plus de taxe d'habitation. Nous allons rendre, par exemple, pour quelqu'un qui est au SMIC, l'année prochaine, plus de 350 euros de pouvoir d'achat. Alors, on peut dire que ce n'est pas assez, et les Français, je les comprends, ils ont des difficultés financières, il y a la rentrée scolaire, ils ont les difficultés de la vie, mais c'est la première fois que le pouvoir d'achat va augmenter parce que nous transformerons le pays profondément.
PATRICK COHEN
Les fonctionnaires, les indépendants, ils auront une compensation ?
GÉRALD DARMANIN
Tout à fait, le président de la République l'a dit
PATRICK COHEN
Il l'a promis, mais pour l'instant on ne connaît pas les modalités ni les détails.
GÉRALD DARMANIN
J'entends bien, il y a encore quelques jours beaucoup d'entre nous étions en vacances, à commencer par ceux qui posent des questions aujourd'hui. Vous constaterez que le budget, Monsieur COHEN, ce sera présenté à la fin du mois de septembre, le gouvernement ne fait que présenter ce budget, il y a un Parlement, qu'il faut respecter, le Parlement votera ou modifiera ce budget. Mais, dès l'année prochaine, les fonctionnaires vont évidemment avoir une compensation, et les indépendants, plus de 70 % d'entre eux, vont connaître une augmentation de leur pouvoir d'achat également.
PATRICK COHEN
Alors ça c'est une partie de votre équation, peut-être pas la plus difficile, parce que vous voulez à la fois réduire les déficits sous les 3 % en 2018, redonner du pouvoir d'achat, vous venez d'en parler, donc il va vous falloir tailler dans les dépenses et tailler massivement, tailler partout Gérald DARMANIN ? 20 milliards d'économie d'une année sur l'autre
GÉRALD DARMANIN
Je ne me sens pas le bûcheron qui taille, je me sens celui qui essaye de faire ce que, depuis 30 ans, les gouvernements n'ont pas réussi à faire, c'est-à-dire à la fois à protéger les plus faibles, je l'ai dit, à la fois redonner du pouvoir d'achat, et en même temps être responsable budgétairement, parce que quand on n'est pas responsable budgétairement, et chaque personne qui nous écoute le sait pour sa propre famille, pour sa propre entreprise, ça ne peut pas durer longtemps, donc nous allons diminuer la dépense publique. Tous ceux qui vous disent qu'ils peuvent redonner du pouvoir d'achat, qu'ils peuvent baisser la fiscalité pour les entreprises, qu'ils peuvent protéger les plus faibles, sans baisser la dépense publique, ce sont des menteurs.
PATRICK COHEN
Donc il y aura des emplois en moins, des services en moins. Quand vous dites on protège les plus faibles, ça veut dire aussi, concrètement, regarder les emplois aidés. Il y a des communes qui ont décidé de reporter la rentrée scolaire d'une semaine faute d'avoir les postes d'encadrement qui étaient en contrats aidés.
GÉRALD DARMANIN
Vous savez, il y a encore quelques jours je m'occupais de la rentrée scolaire, aussi, de ma commune, et lorsque vous avez
PATRICK COHEN
Tourcoing.
GÉRALD DARMANIN
Exactement ; lorsque vous avez été maire, vous savez quelles sont les difficultés, effectivement, des élus locaux, mais en même temps, les contrats aidés, c'est 100 % de subventions publiques dans les collectivités locales. On ne peut pas continuer à la fois à précariser des gens, qui ont des contrats pour quelques mois, qui se retrouvent au chômage, qui toutes les études le prouvent ont un grand mal à retrouver un travail salarié, et considérer qu'on a fait notre travail pour l'emploi. Les contrats aidés, malheureusement, n'aident pas structurellement ceux qui recherchent un emploi.
PATRICK COHEN
Enfin, ils aident ceux qui en profitent.
GÉRALD DARMANIN
Non, non, les gens doivent trouver des emplois dans les entreprises, parce que, vous savez quoi Monsieur COHEN, c'est les entreprises qui créent la richesse, donc notre stratégie c'est de baisser les impôts pour les entreprises, dès 2019, le gouvernement d'Emmanuel MACRON c'est zéro charge pour ceux qui seront embauchés dans les entreprises, ce n'est jamais arrivé.
PATRICK COHEN
Il aurait peut-être fallu réformer d'abord et supprimer ensuite.
GÉRALD DARMANIN
Vous le savez cette année, pour les contrats aidés arrêtons de dire n'importe quoi, le Premier ministre l'a décidé c'est 320.000 contrats aidés, le gouvernement précédent en avait budgétisé 280.000 et il avait augmenté il y avait 70 % de consommation de ses crédits lorsque nous sommes arrivés en responsabilités. J'ai été le ministre des Comptes publics qui a remis de l'argent pour pouvoir embaucher des contrats aidés cette année, pour faire justement face aux demandes des collectivités locales notamment.
PATRICK COHEN
La baisse drastique des dépenses publiques, je le répète, 20 milliards d'économie d'une année sur l'autre, c'est considérable, pour mémoire il y a eu 3,3 milliards de fait sur 2016 par le gouvernement précédent. 20 milliards d'économie, vous allez les trouver où Gérald DARMANIN ?
GÉRALD DARMANIN
Il faut baisser les dépenses publiques, c'est évident, il faut moins dépenser, il faut mieux dépenser
PATRICK COHEN
Oui, mais où, comment ?
GÉRALD DARMANIN
Alors, il y a deux politiques. Il y a la politique du rabot, c'est effectivement celle dont le Premier ministre a dit qu'elle n'était pas intelligente, et il a eu raison de le dire, -3 %, -5 %, -6 % à tout le monde, c'est celle qu'on fait en fin d'année parce qu'on n'arrive pas à boucler les budgets, tous les gouvernements ont fait ça depuis 30 ans. Et puis il y a ceux qui vont essayer de transformer profondément le pays, c'est ce que nous allons faire, le président de la République l'a dit, le Premier ministre aussi, réforme profonde de la politique du logement, réforme profonde de la politique du travail. Madame PENICAUD, très courageusement, a travaillé tout l'été à cela, et le 31 août elle va évoquer les textes finaux. Il y aura d'autres politiques qui vont être transformées dans les 5 ans. Le budget que nous allons présenter c'est sur 5 ans, parce que nous allons transformer le pays, nous allons le numériser, nous allons considérer qu'aujourd'hui il y a des économies d'échelle très importantes à faire, mieux travailler avec les collectivités locales, mieux organiser les services de l'État, mieux donner un rôle aux agents du service public. Il faut transformer d'autres pays l'ont fait, le Québec l'a fait, le Canada, avec le Québec, l'ont fait, d'autres pays l'ont fait, des pays européens l'ont fait, moins de dépenses publiques c'est moins d'impôts, moins d'impôts c'est plus de pouvoir d'achat pour les Français.
PATRICK COHEN
L'Education verra son budget augmenter, c'est Jean-Michel BLANQUER qui le dit ce matin dans les colonnes des Echos, les Armées verront leur budget augmenter, ça a été dit en juillet par le président de la République, donc ça va baisser partout ailleurs, Gérald DARMANIN, est-ce qu'on peut en savoir un petit peu plus, quand même ? C'est la quatrième fois que je vous pose la question, mais
GÉRALD DARMANIN
Oui, parce que vous m'invitez le 28 août alors que le budget
PATRICK COHEN
C'est trop tôt ?
GÉRALD DARMANIN
Le vote du budget c'est le 27 septembre, donc, si vous me réinvitez, Monsieur COHEN, je serai très heureux de préciser le budget. Vous permettre que je présente, à mes collègues du gouvernement d'abord, le budget. Vous savez, un bon ministre, ce n'est pas celui qui obtient le plus, ça c'est une idée reçue, un bon ministre c'est celui qui dépense mieux. Et, aujourd'hui, par exemple la ministre du Travail, elle fait un travail considérable, et non seulement elle travaille fortement pour transformer le pays, mais elle participe, par ces réformes, à la baisse de la fiscalité pour les entreprises. Eh bien, la politique ce n'est pas que de l'argent qu'on dépense, « je ne dépense pas, donc j'existe. » Il faut comprendre, chaque Français peut le comprendre, qu'on doit dépenser moins parce qu'on doit faire moins d'impôts, c'est toute la politique du gouvernement. Les Français, ils doivent considérer que l'argent public ce n'est pas l'argent de tout le monde, c'est l'argent de chacun d'entre eux, et nous ferons attention à chaque euro de dépense publique.
PATRICK COHEN
Vous avez dit « ce ne sera pas à la hache », tout à l'heure, ce ne sera pas non plus au rabot
GÉRALD DARMANIN
Non, ce sera transformé.
PATRICK COHEN
Puisqu'Edouard PHILIPPE a dit « le rabot ce n'est pas intelligent », il parlait des aides au logement
GÉRALD DARMANIN
Il a tout à fait raison.
PATRICK COHEN
Donc, quels instruments vous allez utiliser si ce n'est pas la hache ou le rabot, le ciseau ?
GÉRALD DARMANIN
La transformation du pays. La transformation du pays c'est de changer les comportements, de considérer qu'il faut enfin rentrer le pays dans la modernisation, dans la numérisation. Regardez le retard que parfois peut prendre l'Administration, par rapport à d'autres pays européens.
PATRICK COHEN
Encore un mot de politique Gérald DARMANIN, vous regardez ce qui se passe chez Les Républicains, vos amis, vos ex-amis, ou vous vous en fichez, la page est tournée ?
GÉRALD DARMANIN
Non, je suis triste de ce que sont devenus Les Républicains.
PATRICK COHEN
Triste ?
GÉRALD DARMANIN
Oui. Le travail très important qu'avait fait Jacques CHIRAC et Nicolas SARKOZY, pour faire une droite qui était responsable, je suis triste de ce qu'elle est devenue. Quand je vois que, aujourd'hui, ils souhaitent choisir l'opposition alors qu'ils ont un Premier ministre issu de leur famille politique, alors que, quand nous nous battons, quand le président de la République, très courageusement, se bat pour mettre fin à la directive des travailleurs détachés, on voit désormais Les Républicains qui sont contre, alors qu'on a fait toute une campagne, je m'en rappelle, il y a encore quelques mois, pour lutter contre cette directive des travailleurs détachés. Ça ne me paraît pas très responsable.
PATRICK COHEN
Laurent WAUQUIEZ, Daniel FASQUELLE, à la tête de votre famille, ou de votre ex-famille politique, ce sont de bons candidats ?
GÉRALD DARMANIN
Moi je suis ministre de la République et je suis très concentré, mais si vous me posez une question plus politique, si je vois qu'effectivement le choix entre Laurent WAUQUIEZ et Daniel FASQUELLE, j'ai plutôt envie de partir des Républicains.
PATRICK COHEN
Merci Gérald DARMANIN d'être venu ce matin au micro d'Europe 1. Ils vont peut-être vous exclure et pas simplement vous laissez partir, c'est prévu, non ?
GÉRALD DARMANIN
Ecoutez, ça fait 4 mois que je suis membre du gouvernement, ils auraient pu m'exclure avant s'ils le souhaitaient, mais moi ce que je voulais dire c'est qu'aujourd'hui il faut arrêter la politique aigrie, il faut travailler pour la France. Je crois que c'était le message du gaullisme quand j'ai adhéré, me semble-t-il, sous Philippe SEGUIN, à l'UMP et au RPR.
PATRICK COHEN
Merci Gérald DARMANIN, ministre des Comptes publics, d'être venu ce matin au micro d'Europe 1.
source : Service d'information du Gouvernement, le 11 septembre 2017