Texte intégral
AUDREY CRESPO-MARA
Bonjour à tous. Bonjour Gérald DARMANIN.
GERALD DARMANIN
Bonjour.
AUDREY CRESPO-MARA
Ministre des Comptes publics. C'est donc à vous qu'on doit la baisse des APL, les coupes dans les budgets de l'Etat, la fin des contrats aidés, c'est donc à vous qu'Emmanuel MACRON doit sa baisse de popularité ?
GERALD DARMANIN
Oh, je ne le crois pas, je pense que, au contraire, nous sommes en train de préparer un budget, le budget qui sera présenté au mois de septembre, à la fin du mois de septembre, le 27 septembre, qui est le premier budget du quinquennat. Auparavant, nous avons un héritage, celui du gouvernement précédent, là, nous formons un budget de transformation et de pouvoir d'achat, et c'est dans ce budget qu'il y aura la transformation de l'Etat, la transformation écologique et la transformation économique et le pouvoir d'achat rendu aux citoyens et aux entreprises.
AUDREY CRESPO-MARA
Alors, cette baisse des APL, elle est très mal passée auprès des Français, auprès d'Emmanuel MACRON, qui essaie de s'en dépêtrer aujourd'hui, il aurait dit : c'est une connerie sans nom, alors, ce nom, c'est le vôtre, ça vous a vexé, ce coup de « une connerie sans nom » ?
GERALD DARMANIN
Pas du tout, d'abord, je rappelle que, qu'est-ce qui se passe sur les APL ? Le gouvernement précédent avait budgétisé une baisse sur le budget des APL pour pouvoir notamment boucler leur budget, et n'avait jamais pris ces mesures de baisse des APL, la majorité socialiste sortante avait voté cette baisse des APL. Et aujourd'hui, on constate qu'avec démagogie, ils contestent le fait qu'ils avaient pris cette décision alors que nous avons effectivement pu montrer que c'était effectivement quelque chose qui avait été voté. Nous, ce que nous souhaitons, c'est revoir toutes les politiques publiques dont nous considérons que l'argent est inefficace, parce qu'il n'est pas bien utilisé, si je prends l'exemple de la
AUDREY CRESPO-MARA
Donc qu'il n'y ait juste cette éco sur la baisse des 5 euros, cétait une erreur ?
GERALD DARMANIN
Si je prends la politique du logement, c'est quarante milliards la politique du logement en France, et c'est notamment dix-huit milliards pour les APL, et pourtant, il y a toujours autant de mal logés, et même la Fondation Abbé Pierre dit de plus en plus. Il faut utiliser cet argent, peut-être en réformant la politique du logement, c'est ce que nous allons faire la semaine prochaine, et ce qu'a dit le président de la République, c'est qu'il faut que les loyers baissent, plutôt que les APL baissent. Aujourd'hui, c'est quelque chose de totalement inflationniste, quand j'étais étudiant, on m'a demandé le prix, le montant de mon APL, et on a fixé le loyer, eh bien, l'argent
AUDREY CRESPO-MARA
Et une baisse de 5 euros, ça vous aurait énervé, non ?
GERALD DARMANIN
L'argent de l'Etat eh bien, il est fort probable que mon propriétaire aurait baissé du coup le loyer
AUDREY CRESPO-MARA
Vous pensez que les propriétaires vont vous obéir au doigt et à l'oeil ?
GERALD DARMANIN
Non, ce n'est pas une question d'obéir, mais vous savez, il y a une jolie phrase du président KENNEDY : il faut arrêter de se demander ce que le pays peut faire pour soi, mais ce qu'on peut faire pour le pays. Aujourd'hui, chacun, y compris les propriétaires, peut contribuer à l'intérêt général. Nous avons un pays endetté, la situation économique est difficile, la reprise est là, puisque la confiance autour du président de la République est là. Mais nous avons une situation politique difficile, et une situation économique qui parfois rend la politique de la France inécoutable à l'extérieur. 2.200 milliards de dettes, ce n'est pas
AUDREY CRESPO-MARA
Mais le président MACRON a parlé hier, dans votre idée, de responsabilité collective, en parlant, en demandant aux propriétaires de baisser leurs loyers de 5 euros. Mais responsabilité collective, ce n'est pas à l'Etat d'avoir cette responsabilité collective, d'être solidaire, pourquoi ce serait aux Français de l'être ?
GERALD DARMANIN
Alors, attendez, mais, l'Etat, ce sont les Français, l'Etat fonctionne avec l'argent des Français, plus vous dépensez
AUDREY CRESPO-MARA
Mais ce n'est pas la même démarche
GERALD DARMANIN
Mais si, plus vous dépensez d'argent public l'argent public, il n'est pas dans des coffres, on ne fait pas de création de billets de banque à la Banque de France ou dans le ministère de l'Economie, il vient de quelque part, et ce quelque part, c'est le travail des Français, ce sont les impôts, c'est les impôts que paient les entreprises. Et si nous pensons, si vous pensez qu'il faut baisser les impôts, qu'il faut baisser les charges pour les entreprises, pour pouvoir relancer l'économie et redonner aux Français leur pouvoir d'achat, redonner aux chefs d'entreprise, aux salariés leur pouvoir d'achat, alors, il faut baisser la dépense publique. Il y a de la bonne
AUDREY CRESPO-MARA
Mais repousser la faute sur les propriétaires, et se dédouaner, ce n'est quand même pas un peu facile, non ?
GERALD DARMANIN
Ce n'est pas la faute sur les propriétaires, chacun doit pouvoir contribuer, et le président de la République l'a dit, et c'est son rôle, de rappeler que l'intérêt général, c'est le travail de tous. Il faut arrêter aussi cette infantilisation, et demander toujours plus à l'Etat. L'Etat, il doit être juste, il doit être efficace, l'Etat, il ne doit pas non plus faire trop de dépenses publiques, souvent inefficaces, et ça se traduit par de la dette, et donc par de l'impôt. Il faut rompre avec ça depuis trente ans.
AUDREY CRESPO-MARA
Est-ce que vous allez demander aussi aux entreprises de baisser le prix de leurs produits pour compenser la baisse de pouvoir d'achat des retraités, si on vous suit
GERALD DARMANIN
Aujourd'hui, non, mais ce n'est pas absolument pas la même chose, qu'est-ce qui se passe sur la politique du logement, et Jacques MEZARD et Julien DENORMANDIE l'évoqueront la semaine prochaine, avec un plan très ambitieux de l'offre, de l'ouverture du foncier, lorsqu'on décide de doubler les crédits ANRU, c'est-à-dire à la rénovation des quartiers, faire ce qu'a fait Jean-Louis BORLOO, et, si j'ose dire, en mieux, on va passer de cinq milliards à dix milliards, ce sera très concrètement dans le budget, c'est tous nos quartiers qui seront rénovés. Ça, c'est une grande promesse du président de la République, elle sera financée, et nous voulons aussi dire qu'il y a aussi, dans la politique du logement, des politiques inefficaces, la Cour des comptes, les parlementaires, les journalistes le disent, mais il faut simplement avoir du courage, pas simplement faire les constats, mais de rénover profondément, transformer profondément la France.
AUDREY CRESPO-MARA
Hier aussi, le gouvernement a dévoilé ses mesures en faveur des travailleurs indépendants avec notamment la fin du RSI, les indépendants seront adossés au régime général de la Sécurité sociale. Alors, les indépendants sont heureux, c'est votre fierté de la semaine, mais vos opposants n'y voient que la défense d'une société ultra libérale, prônée par Emmanuel MACRON, par vous
GERALD DARMANIN
Oh, ce n'est pas très raisonnable, c'est-à-dire que ces gens ne connaissent pas l'économie française et ne connaissent pas bien le fonctionnement de la France, les artisans, les commerçants, les agriculteurs, les professions libérales, ces indépendants qui ont choisi l'indépendance, qui travaillent en se disant qu'ils vont pouvoir créer une entreprise, créer de la richesse, qui veulent embaucher, qui vivent dans notre territoire, eh bien, ils ont parfois des freins administratifs très forts. Et notamment, il y avait le RSI, et malgré le travail important qu'a fait le personnel du RSI pour que ça aille mieux, on sait bien qu'il y a eu un accident industriel. Ça a été le cas de la campagne électorale, et vos journaux télévisés ont été pleins de ces calvaires, malheureusement, qu'ont vécus les artisans et les commerçants, les agriculteurs. Eh bien, nous avons décidé, à la demande du Premier ministre et du président de la République, de supprimer ce régime, de laisser aux indépendants, évidemment, la particularité de leur régime d'indépendance, mais de le rattacher au régime général, la fin du RSI, tout le monde en a parlé, Emmanuel MACRON et le gouvernement le fait.
AUDREY CRESPO-MARA
Vous avez récemment déclaré : nous allons augmenter le pouvoir d'achat, supprimer les impôts, protéger les plus faibles, vous ne vous êtes pas un peu emballé quand même, non ?
GERALD DARMANIN
Non, non, non, nous allons augmenter le pouvoir d'achat, moi, je
AUDREY CRESPO-MARA
Protéger les plus faibles sauf les retraités ?
GERALD DARMANIN
Non, le pouvoir d'achat ce n'est pas vrai, les retraités, notamment ceux jusqu'à 2.000 euros en couple, et 1.200 euros personnellement, s'ils vivent, pardon, tout seuls, ils n'ont aucune augmentation de CSG. Et même ceux qui connaîtront une augmentation de la CSG verront leur taxe d'habitation supprimée. Nous allons, pour quelqu'un qui paie 600 euros de taxe d'habitation cette année, il va recevoir sa taxe d'habitation, faire une taxe d'habitation à 400 euros l'année prochaine, puis, 200 euros l'année d'après, et en troisième année, ne paiera plus sa taxe d'habitation. C'est par exemple 600 euros de pouvoir d'achat redonnés, y compris aux retraités. Le pouvoir d'achat des concitoyens, ils vont le voir très concrètement à partir du 1er janvier, tous les salariés vont connaître une augmentation de pouvoir d'achat.
AUDREY CRESPO-MARA
Justement, cette hausse du pouvoir d'achat, elle est quand même moins importante que prévu, puisque la baisse des cotisations sociales se fera en deux temps, en janvier, puis, à l'automne, alors que la hausse de la CSG, de 1,7 %, intervient dès janvier. Est-ce que vous confirmez l'information des Echos selon laquelle, la hausse annoncée de la CSG sera déductible de l'impôt sur le revenu ?
GERALD DARMANIN
D'abord, évidemment, et Emmanuel MACRON l'a déjà évoqué, il n'y aura pas d'augmentation de l'impôt sur le revenu, et effectivement, la CSG sera déductible. Mais ce que je veux surtout oui, bien sûr, mais ce que je veux surtout
AUDREY CRESPO-MARA
Mais ce n'est pas une usine à gaz, pardon, mais augmenter un impôt pour ensuite le déduire d'un autre impôt ?
GERALD DARMANIN
Mais absolument pas, ce que je voudrais surtout vous dire, c'est que votre première phrase n'est pas vraie, l'augmentation de pouvoir d'achat en 2018 sera totale pour les salariés
AUDREY CRESPO-MARA
Elle est moindre dès janvier
GERALD DARMANIN
Quelle est l'idée ? L'idée, c'est de dire que le travail doit payer, qu'aujourd'hui, la secrétaire qui est au SMIC, la caissière de supermarché, l'ouvrier qui travaille dans l'usine à Tourcoing ou à Lille, aujourd'hui, cet ouvrier, il n'a pas un travail qui paie par rapport à sa force de travail, par rapport à son pouvoir d'achat qu'il pourrait avoir. Et nous allons donc augmenter son pouvoir d'achat. Donc dès l'année prochaine, nous allons faire effectivement en deux temps la baisse des cotisations, et nous allons pouvoir lui redonner à cet ouvrier au SMIC 150 euros de pouvoir d'achat. Et en année pleine, c'est-à-dire dans
AUDREY CRESPO-MARA
150 alors que c'était plutôt plus initialement prévu
GERALD DARMANIN
Mais ce pouvoir d'achat, vous pouvez toujours considérer que ce n'est pas assez, c'est la première fois qu'un gouvernement redonne de l'argent à ceux qui travaillent, c'est la première fois qu'un gouvernement va augmenter autant l'allocation adulte handicapé, c'est la première fois qu'un gouvernement va augmenter autant le minimum vieillesse, 100 euros par mois de plus pour les personnes âgées, qui ont une petite retraite. C'est la première fois que c'est un gouvernement qui rentre dans une perspective où le travail doit payer, et il vaut mieux choisir le travail plutôt que de ne pas travailler. Nous allons augmenter la prime d'activité, nous allons doubler les crédits ANRU, nous allons être effectivement aux côtés des plus faibles, et aux côtés de ceux qui travaillent. Il faut changer
AUDREY CRESPO-MARA
Ces toutes ces mesures que vous annoncez, là, que vous énumérez, c'est aussi pour tenter de compenser l'image que le gouvernement, avec le président, ont eu ces derniers temps, c'est-à-dire d'être le président des riches, de favoriser le MEDEF, de favoriser les patrons, vous le savez
GERALD DARMANIN
Mais j'ai du mal à comprendre votre argumentation, comment voulez-vous qu'on gouverne un pays, si vous vous intéressez seulement à l'opinion et aux présentations qui, au bout de cent jours, considèrent que c'est ou pas réussi. Un quinquennat, c'est cinq ans, c'est une information à connaître que je vous donne, dans ce quinquennat, il y a les promesses du président de la République, dans le budget, et le budget, sur les cinq ans que nous allons présenter, il y a toutes les promesses du président de la République, et la question n'est pas de faire la politique du patronat ou des syndicats, la question est de faire la politique de l'intérêt général. Est-ce que nous pensons qu'il y a trop d'impôts en France ? La réponse est oui. Est-ce que des Français qui travaillent ont assez de pouvoir d'achat ? La réponse est non. Est-ce qu'on peut continuer avec autant de dettes ? La réponse est non. Est-ce qu'on doit transformer écologiquement notre pays pour éviter les pics de pollution et pour éviter la multiplication des maladies dues au mauvais environnement ? La réponse est oui. Nous allons réformer la France. Et si ça avait été facile, d'autres l'auraient fait avant nous.
AUDREY CRESPO-MARA
Alors, aujourd'hui, Jean-Luc MELENCHON et Philippe MARTINEZ finalement se rencontrent pour articuler leurs deux journées de mobilisation contre la réforme du code du travail. Ça ne vous inquiète pas que les forces d'opposition se réunissent ?
GERALD DARMANIN
Non, moi, ce qui ne m'inquiète pas du tout, c'est le fait que le gouvernement a réussi à mettre en place les ordonnances autour de la loi Travail, qui vont réformer le code du travail, libérer les énergies, protéger les salariés
AUDREY CRESPO-MARA
Mais cette union des forces d'opposition, qui est nouvelle
GERALD DARMANIN
Oui, mais, mais moi, vous pouvez parler des oppositions, et elles sont respectables en démocratie, et si elles souhaitent manifester, évidemment qu'elles ont le droit de manifester, mais ce qui est surtout l'information la plus importante, c'est qu'après nous avoir promis que ces ordonnances n'étaient pas possibles, ces ordonnances sont sorties, et vont libérer le travail pour neuf entreprises sur dix, toutes les TPE et PME, le code du travail aujourd'hui, il était fait pour les grandes entreprises, avec le travail qu'a fait Edouard PHILIPPE, et Muriel PENICAUD, c'est désormais les plus petites d'entre elles qui vont être libérées et qui vont pouvoir embaucher
AUDREY CRESPO-MARA
Donc pas d'inquiétude. Autre rencontre qui pourrait vous inquiéter, les maires de France, derrière François BAROIN, expriment leur colère contre les réductions budgétaires qu'ils subissent, baisse des impôts, baisse des subventions, des contrats aidés. Vous qui étiez maire de Tourcoing jusqu'à il y a une semaine encore, vous comprenez que certains soient inquiets, justement par un tel désengagement de l'Etat, et par une désespérance locale que ça engendre ?
GERALD DARMANIN
Alors, d'abord, certains d'entre eux sont en campagne sénatoriale, et on connaît tous ces propos de campagne, ils sont parfois excessifs.
AUDREY CRESPO-MARA
Donc c'est électoraliste
GERALD DARMANIN
Nous n'avons pas été nous ne sommes pas, justement, et y compris François BAROIN, qui a été ministre du Budget, qui a été à ma place, nous allons faire l'inverse de ce qui a été fait par les politiques précédents, nous n'allons pas baisser les dotations, pour la première fois depuis onze ans, nous ne baissons pas les dotations aux collectivités locales, nous les respectons, mais nous disons aux collectivités locales qu'il faudra faire des économies, mais chaque citoyen qui vit dans sa commune demande à son maire de faire des économies, et ne pas augmenter les impôts
AUDREY CRESPO-MARA
Les contrats aidés à Tourcoing, il y en a 250
GERALD DARMANIN
Exactement, eh bien, nous allons considérer que ces contrats, qui ne sont pas des contrats aidés, ce sont des contrats précaires subventionnés, qui ne correspondent pas à la réalité de l'économie, eh bien, soit, les gens vont travailler à la mairie, et nous allons les embaucher, soit en contractuels en CDI, soit, ils vont rentrer dans la Fonction publique, soit, nous considérons que c'était des contrats qui ont été faits simplement pour baisser les chiffres du chômage juste avant les élections présidentielles, et nous allons travailler avec Pôle emploi pour la formation de chacun de ces demandeurs d'emploi et de chacun de ces contrats précaires, et nous allons trouver des places dans les entreprises, puisque c'est l'entreprise qui crée l'emploi, ce n'est pas le contrat subventionné. Si vous multipliez les contrats subventionnés, vous allez alors augmenter les impôts, et je m'étonne que monsieur BAROIN, qui a été un des grands porte-paroles de la campagne de François FILLON, et qui voulait supprimer jusqu'à 500.000 agents publics, aujourd'hui, ne soutienne pas le travail très important de transformation que nous mettons en place.
AUDREY CRESPO-MARA
Vous êtes devenu en quelques mois une star du gouvernement puisque vous faites partie de ces Républicains passés à l'ennemi, ministre d'Emmanuel MACRON, au sein des Républicains, on envisage de vous exclure, au moins vous n'aurez pas à voter pour Laurent WAUQUIEZ ?
GERALD DARMANIN
Alors vous savez, pour moi, l'ennemi, c'est Marine LE PEN, et j'ai été profondément scandalisé, profondément choqué pour reprendre les mots d'Edouard PHILIPPE, que mon parti politique, celui qui se disait Gaulliste et démocrate chrétien, ait pu choisir le bulletin blanc, c'est le cas de Laurent WAUQUIEZ, ça a été le cas d'Eric CIOTTI, face à Emmanuel MACRON.
AUDREY CRESPO-MARA
Donc vous êtes content de partir de ce parti ?
GERALD DARMANIN
Non, je pense
AUDREY CRESPO-MARA
Et ne pas avoir à voter pour Laurent WAUQUIEZ.
GERALD DARMANIN
Je pense que c'est mon parti qui est parti, si j'ose dire, de ses convictions. On a toujours pensé que le Gaullisme et la démocratie chrétienne, c'était l'intérêt général et c'était finalement la France avant les politiques politiciennes. Alors moi, je suis très heureux de servir la France plutôt que de servir ceux qui, comme le disait le Général de GAULLE, faisaient leur petite soupe sur leur petit feu.
AUDREY CRESPO-MARA
La ligne de Laurent WAUQUIEZ, est-ce que c'est parce qu'une partie de votre famille est d'origine algérienne que vous êtes contre et que vous vous y opposez, que vous ne voterez pas pour ?
GERALD DARMANIN
Alors laissez-moi vous dire que quand mon grand-père était harki et qu'il est né en Algérie, l'Algérie était française. Et mon grand-père a été un soldat français et vous savez, aujourd'hui, il n'y a pas de honte d'être fils ou petit-fils d'immigrés, je le suis par une partie de ma famille, mais je considère surtout que ce qui est important, c'est la patrie, et le fait que vous aimiez ou que vous n'aimiez pas la France. Et effectivement, pour moi, la France, ce n'est ni une religion, ni une race, ni un engagement particulier selon tel ou tel penseur, ou tel ou tel parti politique.
AUDREY CRESPO-MARA
Donc vous allez adhérer à la République En Marche ?
GERALD DARMANIN
Aujourd'hui, je considère qu'une partie de ma famille politique dérive scandaleusement vers l'extrême droite, d'ailleurs simplement en n'ayant même pas choisi le bulletin de vote Emmanuel MACRON face à Marine LE PEN, ce qui est absolument scandaleux. Dans la région des Hauts-de-France, une partie de la gauche n'a pas hésité à voter pour la liste des Républicains, et Xavier BERTRAND par exemple, pour battre Marine LE PEN, moi, j'aurais aimé que toute ma famille fasse effectivement la même chose au moment des présidentielles.
AUDREY CRESPO-MARA
Tous les matins, je pose une question récurrente, la question off, mais devant les caméras. C'est off, entre nous.
GERALD DARMANIN
Ca se voit.
AUDREY CRESPO-MARA
N'est-ce pas ? Vous êtes l'enfant d'une famille modeste, votre père était tenancier de bar à Valencienne, votre mère, femme de ménage, comment vous pouvez vous retrouver dans la peau d'un ministre des Comptes publics, un peu rigide envers les défavorisés ?
GERALD DARMANIN
Mais c'est absolument faux, quand on augmente l'allocation adulte handicapé, quand on augmente le minimum vieillesse, quand on redonne du pouvoir d'achat, ma mère effectivement, elle est femme de ménage, ma mère, c'est scandaleux qu'elle ne puisse pas gagner plus d'argent alors qu'elle travaille, qu'elle se lève, tous les matins à 5h00 du matin. Vous voyez, quand le président de la République dit : on va favoriser le travail, on va baisser les impôts, eh bien, je crois que ça rentre tout à fait dans le travail que les femmes de ménage courageuses qui se lèvent à 5h00 du matin et qui vous regardent peut-être sur ce plateau, eh bien, elles auront 250 euros de pouvoir d'achat en plus, je suis très heureux d'avoir servi la France dans ce cadre-là. Et j'ai plutôt l'impression de protéger le travail, plutôt que de protéger les plus riches.
AUDREY CRESPO-MARA
Merci beaucoup Gérald DARMANIN.
GERALD DARMANIN
Merci beaucoup.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 septembre 2017
Bonjour à tous. Bonjour Gérald DARMANIN.
GERALD DARMANIN
Bonjour.
AUDREY CRESPO-MARA
Ministre des Comptes publics. C'est donc à vous qu'on doit la baisse des APL, les coupes dans les budgets de l'Etat, la fin des contrats aidés, c'est donc à vous qu'Emmanuel MACRON doit sa baisse de popularité ?
GERALD DARMANIN
Oh, je ne le crois pas, je pense que, au contraire, nous sommes en train de préparer un budget, le budget qui sera présenté au mois de septembre, à la fin du mois de septembre, le 27 septembre, qui est le premier budget du quinquennat. Auparavant, nous avons un héritage, celui du gouvernement précédent, là, nous formons un budget de transformation et de pouvoir d'achat, et c'est dans ce budget qu'il y aura la transformation de l'Etat, la transformation écologique et la transformation économique et le pouvoir d'achat rendu aux citoyens et aux entreprises.
AUDREY CRESPO-MARA
Alors, cette baisse des APL, elle est très mal passée auprès des Français, auprès d'Emmanuel MACRON, qui essaie de s'en dépêtrer aujourd'hui, il aurait dit : c'est une connerie sans nom, alors, ce nom, c'est le vôtre, ça vous a vexé, ce coup de « une connerie sans nom » ?
GERALD DARMANIN
Pas du tout, d'abord, je rappelle que, qu'est-ce qui se passe sur les APL ? Le gouvernement précédent avait budgétisé une baisse sur le budget des APL pour pouvoir notamment boucler leur budget, et n'avait jamais pris ces mesures de baisse des APL, la majorité socialiste sortante avait voté cette baisse des APL. Et aujourd'hui, on constate qu'avec démagogie, ils contestent le fait qu'ils avaient pris cette décision alors que nous avons effectivement pu montrer que c'était effectivement quelque chose qui avait été voté. Nous, ce que nous souhaitons, c'est revoir toutes les politiques publiques dont nous considérons que l'argent est inefficace, parce qu'il n'est pas bien utilisé, si je prends l'exemple de la
AUDREY CRESPO-MARA
Donc qu'il n'y ait juste cette éco sur la baisse des 5 euros, cétait une erreur ?
GERALD DARMANIN
Si je prends la politique du logement, c'est quarante milliards la politique du logement en France, et c'est notamment dix-huit milliards pour les APL, et pourtant, il y a toujours autant de mal logés, et même la Fondation Abbé Pierre dit de plus en plus. Il faut utiliser cet argent, peut-être en réformant la politique du logement, c'est ce que nous allons faire la semaine prochaine, et ce qu'a dit le président de la République, c'est qu'il faut que les loyers baissent, plutôt que les APL baissent. Aujourd'hui, c'est quelque chose de totalement inflationniste, quand j'étais étudiant, on m'a demandé le prix, le montant de mon APL, et on a fixé le loyer, eh bien, l'argent
AUDREY CRESPO-MARA
Et une baisse de 5 euros, ça vous aurait énervé, non ?
GERALD DARMANIN
L'argent de l'Etat eh bien, il est fort probable que mon propriétaire aurait baissé du coup le loyer
AUDREY CRESPO-MARA
Vous pensez que les propriétaires vont vous obéir au doigt et à l'oeil ?
GERALD DARMANIN
Non, ce n'est pas une question d'obéir, mais vous savez, il y a une jolie phrase du président KENNEDY : il faut arrêter de se demander ce que le pays peut faire pour soi, mais ce qu'on peut faire pour le pays. Aujourd'hui, chacun, y compris les propriétaires, peut contribuer à l'intérêt général. Nous avons un pays endetté, la situation économique est difficile, la reprise est là, puisque la confiance autour du président de la République est là. Mais nous avons une situation politique difficile, et une situation économique qui parfois rend la politique de la France inécoutable à l'extérieur. 2.200 milliards de dettes, ce n'est pas
AUDREY CRESPO-MARA
Mais le président MACRON a parlé hier, dans votre idée, de responsabilité collective, en parlant, en demandant aux propriétaires de baisser leurs loyers de 5 euros. Mais responsabilité collective, ce n'est pas à l'Etat d'avoir cette responsabilité collective, d'être solidaire, pourquoi ce serait aux Français de l'être ?
GERALD DARMANIN
Alors, attendez, mais, l'Etat, ce sont les Français, l'Etat fonctionne avec l'argent des Français, plus vous dépensez
AUDREY CRESPO-MARA
Mais ce n'est pas la même démarche
GERALD DARMANIN
Mais si, plus vous dépensez d'argent public l'argent public, il n'est pas dans des coffres, on ne fait pas de création de billets de banque à la Banque de France ou dans le ministère de l'Economie, il vient de quelque part, et ce quelque part, c'est le travail des Français, ce sont les impôts, c'est les impôts que paient les entreprises. Et si nous pensons, si vous pensez qu'il faut baisser les impôts, qu'il faut baisser les charges pour les entreprises, pour pouvoir relancer l'économie et redonner aux Français leur pouvoir d'achat, redonner aux chefs d'entreprise, aux salariés leur pouvoir d'achat, alors, il faut baisser la dépense publique. Il y a de la bonne
AUDREY CRESPO-MARA
Mais repousser la faute sur les propriétaires, et se dédouaner, ce n'est quand même pas un peu facile, non ?
GERALD DARMANIN
Ce n'est pas la faute sur les propriétaires, chacun doit pouvoir contribuer, et le président de la République l'a dit, et c'est son rôle, de rappeler que l'intérêt général, c'est le travail de tous. Il faut arrêter aussi cette infantilisation, et demander toujours plus à l'Etat. L'Etat, il doit être juste, il doit être efficace, l'Etat, il ne doit pas non plus faire trop de dépenses publiques, souvent inefficaces, et ça se traduit par de la dette, et donc par de l'impôt. Il faut rompre avec ça depuis trente ans.
AUDREY CRESPO-MARA
Est-ce que vous allez demander aussi aux entreprises de baisser le prix de leurs produits pour compenser la baisse de pouvoir d'achat des retraités, si on vous suit
GERALD DARMANIN
Aujourd'hui, non, mais ce n'est pas absolument pas la même chose, qu'est-ce qui se passe sur la politique du logement, et Jacques MEZARD et Julien DENORMANDIE l'évoqueront la semaine prochaine, avec un plan très ambitieux de l'offre, de l'ouverture du foncier, lorsqu'on décide de doubler les crédits ANRU, c'est-à-dire à la rénovation des quartiers, faire ce qu'a fait Jean-Louis BORLOO, et, si j'ose dire, en mieux, on va passer de cinq milliards à dix milliards, ce sera très concrètement dans le budget, c'est tous nos quartiers qui seront rénovés. Ça, c'est une grande promesse du président de la République, elle sera financée, et nous voulons aussi dire qu'il y a aussi, dans la politique du logement, des politiques inefficaces, la Cour des comptes, les parlementaires, les journalistes le disent, mais il faut simplement avoir du courage, pas simplement faire les constats, mais de rénover profondément, transformer profondément la France.
AUDREY CRESPO-MARA
Hier aussi, le gouvernement a dévoilé ses mesures en faveur des travailleurs indépendants avec notamment la fin du RSI, les indépendants seront adossés au régime général de la Sécurité sociale. Alors, les indépendants sont heureux, c'est votre fierté de la semaine, mais vos opposants n'y voient que la défense d'une société ultra libérale, prônée par Emmanuel MACRON, par vous
GERALD DARMANIN
Oh, ce n'est pas très raisonnable, c'est-à-dire que ces gens ne connaissent pas l'économie française et ne connaissent pas bien le fonctionnement de la France, les artisans, les commerçants, les agriculteurs, les professions libérales, ces indépendants qui ont choisi l'indépendance, qui travaillent en se disant qu'ils vont pouvoir créer une entreprise, créer de la richesse, qui veulent embaucher, qui vivent dans notre territoire, eh bien, ils ont parfois des freins administratifs très forts. Et notamment, il y avait le RSI, et malgré le travail important qu'a fait le personnel du RSI pour que ça aille mieux, on sait bien qu'il y a eu un accident industriel. Ça a été le cas de la campagne électorale, et vos journaux télévisés ont été pleins de ces calvaires, malheureusement, qu'ont vécus les artisans et les commerçants, les agriculteurs. Eh bien, nous avons décidé, à la demande du Premier ministre et du président de la République, de supprimer ce régime, de laisser aux indépendants, évidemment, la particularité de leur régime d'indépendance, mais de le rattacher au régime général, la fin du RSI, tout le monde en a parlé, Emmanuel MACRON et le gouvernement le fait.
AUDREY CRESPO-MARA
Vous avez récemment déclaré : nous allons augmenter le pouvoir d'achat, supprimer les impôts, protéger les plus faibles, vous ne vous êtes pas un peu emballé quand même, non ?
GERALD DARMANIN
Non, non, non, nous allons augmenter le pouvoir d'achat, moi, je
AUDREY CRESPO-MARA
Protéger les plus faibles sauf les retraités ?
GERALD DARMANIN
Non, le pouvoir d'achat ce n'est pas vrai, les retraités, notamment ceux jusqu'à 2.000 euros en couple, et 1.200 euros personnellement, s'ils vivent, pardon, tout seuls, ils n'ont aucune augmentation de CSG. Et même ceux qui connaîtront une augmentation de la CSG verront leur taxe d'habitation supprimée. Nous allons, pour quelqu'un qui paie 600 euros de taxe d'habitation cette année, il va recevoir sa taxe d'habitation, faire une taxe d'habitation à 400 euros l'année prochaine, puis, 200 euros l'année d'après, et en troisième année, ne paiera plus sa taxe d'habitation. C'est par exemple 600 euros de pouvoir d'achat redonnés, y compris aux retraités. Le pouvoir d'achat des concitoyens, ils vont le voir très concrètement à partir du 1er janvier, tous les salariés vont connaître une augmentation de pouvoir d'achat.
AUDREY CRESPO-MARA
Justement, cette hausse du pouvoir d'achat, elle est quand même moins importante que prévu, puisque la baisse des cotisations sociales se fera en deux temps, en janvier, puis, à l'automne, alors que la hausse de la CSG, de 1,7 %, intervient dès janvier. Est-ce que vous confirmez l'information des Echos selon laquelle, la hausse annoncée de la CSG sera déductible de l'impôt sur le revenu ?
GERALD DARMANIN
D'abord, évidemment, et Emmanuel MACRON l'a déjà évoqué, il n'y aura pas d'augmentation de l'impôt sur le revenu, et effectivement, la CSG sera déductible. Mais ce que je veux surtout oui, bien sûr, mais ce que je veux surtout
AUDREY CRESPO-MARA
Mais ce n'est pas une usine à gaz, pardon, mais augmenter un impôt pour ensuite le déduire d'un autre impôt ?
GERALD DARMANIN
Mais absolument pas, ce que je voudrais surtout vous dire, c'est que votre première phrase n'est pas vraie, l'augmentation de pouvoir d'achat en 2018 sera totale pour les salariés
AUDREY CRESPO-MARA
Elle est moindre dès janvier
GERALD DARMANIN
Quelle est l'idée ? L'idée, c'est de dire que le travail doit payer, qu'aujourd'hui, la secrétaire qui est au SMIC, la caissière de supermarché, l'ouvrier qui travaille dans l'usine à Tourcoing ou à Lille, aujourd'hui, cet ouvrier, il n'a pas un travail qui paie par rapport à sa force de travail, par rapport à son pouvoir d'achat qu'il pourrait avoir. Et nous allons donc augmenter son pouvoir d'achat. Donc dès l'année prochaine, nous allons faire effectivement en deux temps la baisse des cotisations, et nous allons pouvoir lui redonner à cet ouvrier au SMIC 150 euros de pouvoir d'achat. Et en année pleine, c'est-à-dire dans
AUDREY CRESPO-MARA
150 alors que c'était plutôt plus initialement prévu
GERALD DARMANIN
Mais ce pouvoir d'achat, vous pouvez toujours considérer que ce n'est pas assez, c'est la première fois qu'un gouvernement redonne de l'argent à ceux qui travaillent, c'est la première fois qu'un gouvernement va augmenter autant l'allocation adulte handicapé, c'est la première fois qu'un gouvernement va augmenter autant le minimum vieillesse, 100 euros par mois de plus pour les personnes âgées, qui ont une petite retraite. C'est la première fois que c'est un gouvernement qui rentre dans une perspective où le travail doit payer, et il vaut mieux choisir le travail plutôt que de ne pas travailler. Nous allons augmenter la prime d'activité, nous allons doubler les crédits ANRU, nous allons être effectivement aux côtés des plus faibles, et aux côtés de ceux qui travaillent. Il faut changer
AUDREY CRESPO-MARA
Ces toutes ces mesures que vous annoncez, là, que vous énumérez, c'est aussi pour tenter de compenser l'image que le gouvernement, avec le président, ont eu ces derniers temps, c'est-à-dire d'être le président des riches, de favoriser le MEDEF, de favoriser les patrons, vous le savez
GERALD DARMANIN
Mais j'ai du mal à comprendre votre argumentation, comment voulez-vous qu'on gouverne un pays, si vous vous intéressez seulement à l'opinion et aux présentations qui, au bout de cent jours, considèrent que c'est ou pas réussi. Un quinquennat, c'est cinq ans, c'est une information à connaître que je vous donne, dans ce quinquennat, il y a les promesses du président de la République, dans le budget, et le budget, sur les cinq ans que nous allons présenter, il y a toutes les promesses du président de la République, et la question n'est pas de faire la politique du patronat ou des syndicats, la question est de faire la politique de l'intérêt général. Est-ce que nous pensons qu'il y a trop d'impôts en France ? La réponse est oui. Est-ce que des Français qui travaillent ont assez de pouvoir d'achat ? La réponse est non. Est-ce qu'on peut continuer avec autant de dettes ? La réponse est non. Est-ce qu'on doit transformer écologiquement notre pays pour éviter les pics de pollution et pour éviter la multiplication des maladies dues au mauvais environnement ? La réponse est oui. Nous allons réformer la France. Et si ça avait été facile, d'autres l'auraient fait avant nous.
AUDREY CRESPO-MARA
Alors, aujourd'hui, Jean-Luc MELENCHON et Philippe MARTINEZ finalement se rencontrent pour articuler leurs deux journées de mobilisation contre la réforme du code du travail. Ça ne vous inquiète pas que les forces d'opposition se réunissent ?
GERALD DARMANIN
Non, moi, ce qui ne m'inquiète pas du tout, c'est le fait que le gouvernement a réussi à mettre en place les ordonnances autour de la loi Travail, qui vont réformer le code du travail, libérer les énergies, protéger les salariés
AUDREY CRESPO-MARA
Mais cette union des forces d'opposition, qui est nouvelle
GERALD DARMANIN
Oui, mais, mais moi, vous pouvez parler des oppositions, et elles sont respectables en démocratie, et si elles souhaitent manifester, évidemment qu'elles ont le droit de manifester, mais ce qui est surtout l'information la plus importante, c'est qu'après nous avoir promis que ces ordonnances n'étaient pas possibles, ces ordonnances sont sorties, et vont libérer le travail pour neuf entreprises sur dix, toutes les TPE et PME, le code du travail aujourd'hui, il était fait pour les grandes entreprises, avec le travail qu'a fait Edouard PHILIPPE, et Muriel PENICAUD, c'est désormais les plus petites d'entre elles qui vont être libérées et qui vont pouvoir embaucher
AUDREY CRESPO-MARA
Donc pas d'inquiétude. Autre rencontre qui pourrait vous inquiéter, les maires de France, derrière François BAROIN, expriment leur colère contre les réductions budgétaires qu'ils subissent, baisse des impôts, baisse des subventions, des contrats aidés. Vous qui étiez maire de Tourcoing jusqu'à il y a une semaine encore, vous comprenez que certains soient inquiets, justement par un tel désengagement de l'Etat, et par une désespérance locale que ça engendre ?
GERALD DARMANIN
Alors, d'abord, certains d'entre eux sont en campagne sénatoriale, et on connaît tous ces propos de campagne, ils sont parfois excessifs.
AUDREY CRESPO-MARA
Donc c'est électoraliste
GERALD DARMANIN
Nous n'avons pas été nous ne sommes pas, justement, et y compris François BAROIN, qui a été ministre du Budget, qui a été à ma place, nous allons faire l'inverse de ce qui a été fait par les politiques précédents, nous n'allons pas baisser les dotations, pour la première fois depuis onze ans, nous ne baissons pas les dotations aux collectivités locales, nous les respectons, mais nous disons aux collectivités locales qu'il faudra faire des économies, mais chaque citoyen qui vit dans sa commune demande à son maire de faire des économies, et ne pas augmenter les impôts
AUDREY CRESPO-MARA
Les contrats aidés à Tourcoing, il y en a 250
GERALD DARMANIN
Exactement, eh bien, nous allons considérer que ces contrats, qui ne sont pas des contrats aidés, ce sont des contrats précaires subventionnés, qui ne correspondent pas à la réalité de l'économie, eh bien, soit, les gens vont travailler à la mairie, et nous allons les embaucher, soit en contractuels en CDI, soit, ils vont rentrer dans la Fonction publique, soit, nous considérons que c'était des contrats qui ont été faits simplement pour baisser les chiffres du chômage juste avant les élections présidentielles, et nous allons travailler avec Pôle emploi pour la formation de chacun de ces demandeurs d'emploi et de chacun de ces contrats précaires, et nous allons trouver des places dans les entreprises, puisque c'est l'entreprise qui crée l'emploi, ce n'est pas le contrat subventionné. Si vous multipliez les contrats subventionnés, vous allez alors augmenter les impôts, et je m'étonne que monsieur BAROIN, qui a été un des grands porte-paroles de la campagne de François FILLON, et qui voulait supprimer jusqu'à 500.000 agents publics, aujourd'hui, ne soutienne pas le travail très important de transformation que nous mettons en place.
AUDREY CRESPO-MARA
Vous êtes devenu en quelques mois une star du gouvernement puisque vous faites partie de ces Républicains passés à l'ennemi, ministre d'Emmanuel MACRON, au sein des Républicains, on envisage de vous exclure, au moins vous n'aurez pas à voter pour Laurent WAUQUIEZ ?
GERALD DARMANIN
Alors vous savez, pour moi, l'ennemi, c'est Marine LE PEN, et j'ai été profondément scandalisé, profondément choqué pour reprendre les mots d'Edouard PHILIPPE, que mon parti politique, celui qui se disait Gaulliste et démocrate chrétien, ait pu choisir le bulletin blanc, c'est le cas de Laurent WAUQUIEZ, ça a été le cas d'Eric CIOTTI, face à Emmanuel MACRON.
AUDREY CRESPO-MARA
Donc vous êtes content de partir de ce parti ?
GERALD DARMANIN
Non, je pense
AUDREY CRESPO-MARA
Et ne pas avoir à voter pour Laurent WAUQUIEZ.
GERALD DARMANIN
Je pense que c'est mon parti qui est parti, si j'ose dire, de ses convictions. On a toujours pensé que le Gaullisme et la démocratie chrétienne, c'était l'intérêt général et c'était finalement la France avant les politiques politiciennes. Alors moi, je suis très heureux de servir la France plutôt que de servir ceux qui, comme le disait le Général de GAULLE, faisaient leur petite soupe sur leur petit feu.
AUDREY CRESPO-MARA
La ligne de Laurent WAUQUIEZ, est-ce que c'est parce qu'une partie de votre famille est d'origine algérienne que vous êtes contre et que vous vous y opposez, que vous ne voterez pas pour ?
GERALD DARMANIN
Alors laissez-moi vous dire que quand mon grand-père était harki et qu'il est né en Algérie, l'Algérie était française. Et mon grand-père a été un soldat français et vous savez, aujourd'hui, il n'y a pas de honte d'être fils ou petit-fils d'immigrés, je le suis par une partie de ma famille, mais je considère surtout que ce qui est important, c'est la patrie, et le fait que vous aimiez ou que vous n'aimiez pas la France. Et effectivement, pour moi, la France, ce n'est ni une religion, ni une race, ni un engagement particulier selon tel ou tel penseur, ou tel ou tel parti politique.
AUDREY CRESPO-MARA
Donc vous allez adhérer à la République En Marche ?
GERALD DARMANIN
Aujourd'hui, je considère qu'une partie de ma famille politique dérive scandaleusement vers l'extrême droite, d'ailleurs simplement en n'ayant même pas choisi le bulletin de vote Emmanuel MACRON face à Marine LE PEN, ce qui est absolument scandaleux. Dans la région des Hauts-de-France, une partie de la gauche n'a pas hésité à voter pour la liste des Républicains, et Xavier BERTRAND par exemple, pour battre Marine LE PEN, moi, j'aurais aimé que toute ma famille fasse effectivement la même chose au moment des présidentielles.
AUDREY CRESPO-MARA
Tous les matins, je pose une question récurrente, la question off, mais devant les caméras. C'est off, entre nous.
GERALD DARMANIN
Ca se voit.
AUDREY CRESPO-MARA
N'est-ce pas ? Vous êtes l'enfant d'une famille modeste, votre père était tenancier de bar à Valencienne, votre mère, femme de ménage, comment vous pouvez vous retrouver dans la peau d'un ministre des Comptes publics, un peu rigide envers les défavorisés ?
GERALD DARMANIN
Mais c'est absolument faux, quand on augmente l'allocation adulte handicapé, quand on augmente le minimum vieillesse, quand on redonne du pouvoir d'achat, ma mère effectivement, elle est femme de ménage, ma mère, c'est scandaleux qu'elle ne puisse pas gagner plus d'argent alors qu'elle travaille, qu'elle se lève, tous les matins à 5h00 du matin. Vous voyez, quand le président de la République dit : on va favoriser le travail, on va baisser les impôts, eh bien, je crois que ça rentre tout à fait dans le travail que les femmes de ménage courageuses qui se lèvent à 5h00 du matin et qui vous regardent peut-être sur ce plateau, eh bien, elles auront 250 euros de pouvoir d'achat en plus, je suis très heureux d'avoir servi la France dans ce cadre-là. Et j'ai plutôt l'impression de protéger le travail, plutôt que de protéger les plus riches.
AUDREY CRESPO-MARA
Merci beaucoup Gérald DARMANIN.
GERALD DARMANIN
Merci beaucoup.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 septembre 2017