Texte intégral
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'abord, soyez le bienvenu Julien DENORMANDIE. Bonjour.
JULIEN DENORMANDIE
Bonjour Jean-Pierre ELKABBACH.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Merci pour ce premier rendez-vous avec nous. Le tribunal administratif de Lille vient d'annuler l'encadrement des loyers qui avait été décidé, institué dans cette ville en vertu de la loi de 2014. Est-ce que ce matin, ici, votre gouvernement décide de faire appel ?
JULIEN DENORMANDIE
Effectivement, le gouvernement va faire appel.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Va faire appel ou fait appel ?
JULIEN DENORMANDIE
Il fait appel. Il fera appel dans les toutes prochaines heures. Il fait appel. Pourquoi il fait appel ? Parce que c'est la décision la plus juste pour l'ensemble des locataires de l'agglomération de Lille. Aujourd'hui, on le sait bien, vous avez certains propriétaires qui sont farouchement opposés à l'encadrement des loyers. Mais le problème de fond que nous avons aujourd'hui, c'est que les loyers progressent trop vite et ils sont trop hauts.
Nous ce que nous disons, c'est que l'encadrement des loyers, aujourd'hui il est testé sur Paris et sur Lille. Effectivement, on ne sait pas si le dispositif est très pertinent ou pas totalement, mais il faut le tester. Il faut aller jusqu'au bout de l'expérimentation. Donc nous ferons appel et ce n'est pas quelques propriétaires qui considèrent que l'encadrement ne marche pas qui s'opposeront à cette plainte.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Parce que cette plainte devant le tribunal administratif, elle ne vient pas des locataires, elle vient des propriétaires.
JULIEN DENORMANDIE
Effectivement, cette plainte a été déposée par des propriétaires qui, eux, sont farouchement opposés à cet encadrement des loyers. Notre position, elle est très claire. Il faut tester l'encadrement des loyers, on ira jusqu'au bout pour le tester au bénéfice des locataires.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que ça veut dire qu'avec cette mesure, l'augmentation des prix des loyers est tenue ?
JULIEN DENORMANDIE
Ce point, on ne le sait pas encore.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On dit que ça a stabilisé les prix à Lille et à Paris parce que c'est des endroits où les prix augmentent facilement.
JULIEN DENORMANDIE
C'est vrai.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça les a au moins stabilisés.
JULIEN DENORMANDIE
Ça les a stabilisés sur Paris. Sur Lille, c'est moins clair encore à ce stade. Mais ce qu'on dit, c'est qu'il faut aller jusqu'au bout de cette expérimentation. Une fois qu'on aura fait cette expérimentation, on décidera si on le généralise ou pas. Mais aujourd'hui, notre position c'est de faire appel au bénéfice des locataires.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous pourriez l'étendre si ça marche ?
JULIEN DENORMANDIE
Exactement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc l'Etat ne cédera pas. Vous pensez que vous pourrez avoir le dernier mot, même si après votre appel d'autres plaintes viennent des mêmes propriétaires.
JULIEN DENORMANDIE
Ecoutez, on va déposer cet appel. On fera les ajustements nécessaires demandés par la juridiction si nécessaire, mais à la fin on ira jusqu'au bout de l'expérimentation avant de voir si on généralise ou non le dispositif.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous estimez, Julien DENORMANDIE, que l'encadrement des loyers est une nécessité économique et sociale ?
JULIEN DENORMANDIE
Aujourd'hui, ce dont je suis convaincu, c'est que les loyers sont trop élevés, et donc il faut lutter contre ces loyers trop élevés. Il y a plusieurs choses qu'on peut faire. Il y a faire ce qu'on appelle un choc de l'offre, c'est-à-dire construire plus parce que c'est ça qui, structurellement, fait diminuer les loyers. On peut agir, et on reparlera, sur le monde social, sur les offices HLM, parce que là aussi on peut diminuer les loyers.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais là, vous pensez que c'est une nécessité économique et sociale, c'est exactement la phrase de Martine AUBRY. Parce que les maires socialistes de Lille et de Paris sont attachés à l'encadrement des loyers, ils viennent de dire que ça leur va.
JULIEN DENORMANDIE
Ils sont attachés, ils ont raison à l'être et nous, on veut expérimenter ce dispositif avant d'éventuellement le généraliser ou non, en fonction de l'expérimentation. Mais il faut aller au bout de cette expérimentation.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire pour la circonstance, MACRON, DENORMANDIE avec HIDALGO et Martine AUBRY, même combat.
JULIEN DENORMANDIE
Mais vous savez, on peut se retrouver sur beaucoup de points, notamment sur ce point. C'est la vraie vie. On peut se retrouver sur beaucoup de points et notamment sur tous ces points qui visent à protéger. Protéger les Français, protéger les locataires et leur apporter des solutions concrètes pour améliorer leur quotidien.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça fait un mois que vous avez lancé avec Jacques MEZARD la politique du logement. J'ai envie de dire où en êtes-vous ? Vous deviez libérer des terrains, obtenir davantage de foncier pour construire plus. Ça commence quand ? Vous faites quoi ? Ça se voit quand ?
JULIEN DENORMANDIE
Nous avons un projet de loi qui est en préparation que nous présenterons mi-décembre en conseil des ministres. Ce projet de loi sera ensuite présenté au Parlement au premier trimestre de l'année prochaine. Aujourd'hui, la stratégie logement conçue est assez simple. On a consulté beaucoup de personnes, deux mille cinq cents personnes, et on est parti des besoins des différentes catégories de Français.
Je prends un exemple très concret. On sait aujourd'hui que pour les étudiants, il n'y a pas assez de logements. Pour répondre à cela, on va construire quatre-vingt mille logements pour les étudiants et les jeunes actifs. On sait que pour une personne en formation professionnelle, aujourd'hui il a trop peu accès à un logement de courte durée. On va créer un bail mobilité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça, les résultats, c'est à la Saint-Glinglin ?
JULIEN DENORMANDIE
Non, les résultats ce n'est pas à la Saint-Glinglin. Typiquement pour les étudiants, on crée une garantie universelle pour tous les étudiants. Ce sera dès 2017.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous deviez réduire les recours si nombreux, si longs, si intéressés des contentieux. Ça vient quand ?
JULIEN DENORMANDIE
Ça viendra aussi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dans la loi ?
JULIEN DENORMANDIE
Dans la loi, donc tout début 2018. Mais vous savez, les recours aujourd'hui, c'est quarante mille projets de logements qui sont bloqués sur le territoire. Quarante mille. Et donc, il faut encadrer ces recours pour lutter contre ce qu'on appelle les recours abusifs.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors faites-le vite. Faites-le vite, il y a un besoin et une impatience de ceux qui cherchent des logements et qui attendent cette mobilité dont nous allons encore parler. La politique du logement, on l'a dit et répété, c'est une dépense publique de quarante milliards et il reste quand même quatre millions et demi de mal logés et d'autres qui attendent la mobilité. Mais la grande difficulté avec votre politique et qui fait qu'elle ne passe pas, c'est la mesure qui concerne les APL, les aides personnalisées au logement. Vous êtes coincés.
JULIEN DENORMANDIE
Non. On n'est pas coincé, on est dans la discussion. Contrairement à ce que beaucoup disent, on est dans la discussion avec l'ensemble des bailleurs sociaux. Là aussi, permettez-moi juste d'être très clair sur ce que nous faisons. On a une boussole, c'est de faire en sorte que toute la réforme que nous portons se fait au bénéfice des locataires et sans aucune contrainte pour ces locataires. Les bailleurs sociaux sont inquiets, il faut entendre leur inquiétude.
Les bailleurs sociaux, il s'avère que c'est nous, c'est l'Etat, qui les finançons. C'est nous qui leur apportons tous les financements. Et donc ce qu'on dit aux bailleurs sociaux, c'est que nous, comme nous vous apportons vos financements, nous allons améliorer toutes vos conditions de financement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qu'est-ce que vous leur offrez là ? Parce que vous discutez tous les jours, ça n'aboutit pas. Qu'est-ce que vous leur offrez pour aller jusqu'à l'accord ?
JULIEN DENORMANDIE
Je vais vous donner quelques exemples. On leur offre quatre milliards d'euros quatre milliards d'euros de prêts très avantageux. Deux milliards d'euros pour de la capitalisation. On leur offre, par exemple, un élément très important : trois milliards d'euros pour qu'ils puissent faire de la rénovation énergétique des bâtiments.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire au total combien ?
JULIEN DENORMANDIE
Au total, c'est plusieurs dizaines de milliards d'euros. Rien que cela, c'est sept milliards.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous les sortez d'où ?
JULIEN DENORMANDIE
L'organe au niveau de l'Etat qui finance les bailleurs sociaux, c'est la Caisse des dépôts et consignations. Cette Caisse des dépôts et consignations, c'est une banque. Une banque à vocation à apporter de l'argent et c'est ce que nous demandons à cette dernière.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le président de la République et son gouvernement veulent faire baisser en même temps les loyers de HLM et les APL qui coûtent dix-huit milliards par an. Vous voulez faire des réductions, il y en a qui se plaignent. Par exemple, le directeur de l'office de HLM de Lyon qui gère seize mille logements sociaux. Ecoutons-le ensemble.
CEDRIC VAN STYVENDAEL, DIRECTEUR GENERAL DE EST METROPOLE HABITAT
Monsieur le Ministre, bonjour. Pourquoi pour faire cette économie d'un milliard sept cents millions d'euros sur un budget de dix-huit milliards qui est réparti entre les bailleurs sociaux à hauteur de neuf milliards et entre les opérateurs privés à hauteur de neuf milliards, pourquoi est-ce que vous faites porter cet effort uniquement sur le logement social et pourquoi est-ce que vous ne proposez pas une autre manière de faire des économies en matière de politique du logement ? Nous sommes prêts à réfléchir avec vous à cette hypothèse.
JULIEN DENORMANDIE
Mais je lui réponds, encore une fois, la réforme que nous portons elle vise à dire aux bailleurs sociaux : vous avez, pour certains, beaucoup d'argent ; pour d'autres, c'est nous qui vous finançons. Et donc, nous faisons en sorte de vous faire gagner plus d'argent par tous les dispositifs financiers que j'ai évoqués. Mais ce qui est important aujourd'hui, c'est que le métier d'un bailleur social, ce n'est pas de garder de l'argent.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et pourtant, il en garde.
JULIEN DENORMANDIE
Certains en gardent. Le métier d'un bailleur social, c'est de plus construire des logements sociaux et d'améliorer le cadre de vie des citoyens. Et donc nous leur disons, tout l'argent qu'on vous fait gagner, on vous demande de le rétrocéder en une baisse de loyer.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et ils résistent.
JULIEN DENORMANDIE
On est dans la discussion. Ceux qui résistent, on est dans la discussion.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Depuis des années, on décrit cette situation absurde : il y a en France sept cent trente offices et sociétés, très grandes et très petites, de HLM et parfois dans une même ville. Est-ce que l'Etat ne peut pas encourager, avec les professionnels, leur regroupement ? Parce que ça coûte combien ? Quelles conséquences ça a qu'il y en ait sept cent trente ?
JULIEN DENORMANDIE
Mais vous avez raison. Vous avez raison. Aujourd'hui, il y a sept cent trente offices.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est trop ?
JULIEN DENORMANDIE
C'est beaucoup trop. C'est beaucoup trop parce que si demain vous arrivez à réduire ce nombre, vous arrivez à faire en sorte que des offices s'allient les uns avec les autres. Qui sont les gagnants ? Ce sont les Français. Parce que quand un office est plus fort, il peut plus facilement accueillir des personnes avec moins de revenus. Il peut plus facilement plus construire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire moins de sept cent trente si vous regroupez, c'est des baisses de loyer.
JULIEN DENORMANDIE
C'est des baisses de frais de fonctionnement évidemment. C'est plus de constructions évidemment. Mais c'est aussi la capacité d'accueillir des publics plus fragiles.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pourquoi vous ne les regroupez pas ? Qu'est-ce qui freine ?
JULIEN DENORMANDIE
On est en train de le faire. Vous savez, c'est comme tout. Les logements sociaux, c'est une histoire de plus de cent vingt ans. On essaye de faire bouger les choses en concertation avec eux. On essaye d'améliorer leurs conditions, leur modèle. Ça prend un peu de temps. En tout cas, ça se fait par la condition mais nous, nous serons très fermes. Il y a une vraie réforme à porter et nous la porterons jusqu'au bout.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dimanche soir, Emmanuel MACRON estimait, je le cite : « Dans le monde HLM, il y a des acteurs qui ont beaucoup trop d'argent, ou qui ont beaucoup d'argent, ou qui ont trop d'argent. » C'est-à-dire ? Parce que vous l'avez dit tout à l'heure aussi. C'est-à-dire « trop d'argent » ?
JULIEN DENORMANDIE
Je pourrais vous citer le rapport de la Cour des comptes qui estime que certains bailleurs disposent de réserves substantielles. C'est vrai.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais qui a ces ressources juteuses ? Est-ce que l'Etat le sait ?
JULIEN DENORMANDIE
L'Etat le sait. L'Etat pourrait le savoir de manière plus précise. Il y a des organismes de contrôle, la Cour des comptes, d'autres. L'Etat doit également mieux travailler avec les bailleurs sociaux pour comprendre exactement quelles sont les réserves des uns et des autres. C'est important, vous savez, la transparence. Elle est essentielle.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est bien de dire la transparence, parce qu'on la demande aux élus, aux ministres, aux députés. On leur demande de publier leur patrimoine et il y a donc des intouchables, des gens qui vivent dans l'opacité et dont on ne sait pas les réserves qu'ils ont et qui pourraient servir la collectivité.
JULIEN DENORMANDIE
Evidemment, il n'y a personne qui peut être en dehors de cette transparence. Mais vraiment ce qui est important, c'est que la réforme que nous portons, elle vise à améliorer les logements des Français. Vous savez, aujourd'hui il y a quatre millions et demi de logements sociaux. Il y a un million et demi de ménages qui est en attente d'avoir un logement social. Donc quand vous avez cette situation, qu'est-ce que vous faites ? Nous, on se retrousse les manches, on dit aux bailleurs sociaux : « Il faut plus construire », on dit aux bailleurs sociaux : « Il faut diminuer les loyers ».
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Eux ils vous répondent : « Non, ce n'est pas possible ». Il y en a un, le plus important, Jean-Louis DUMONT, président de l'Union sociale pour l'habitat. Il répète dans tous ses entretiens qu'après avoir discuté avec vous, les ministres : « On est en face de ministres impuissants contre Bercy qui, depuis vingt-cinq ans il n'y a pas que vous cherche à casser le modèle HLM, à piller les caisses, à stopper les projets pour les petites gens. » Casser le modèle ? Piller les caisses ? Alors que vous ne connaissez pas ce qu'il y a dans les caisses de monsieur DUMONT ?
JULIEN DENORMANDIE
Mais monsieur DUMONT le sait très bien. Monsieur DUMONT, je le vois plusieurs fois par semaine. Il ne s'agit absolument pas de faire ça. Ce que je viens de vous dire tout à l'heure, c'est justement il manque un million et demi de logements. Donc la volonté du gouvernement, c'est effectivement d'utiliser l'argent des bailleurs sociaux là où il est pour plus construire et de faire en sorte que la réforme que nous portons elle se fasse au bénéfice des locataires.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Chercher l'argent là où il est comme vous dites, ce n'est pas mal. Et il y en a un autre aussi qui l'avait dit avant. Président et gouvernement, vous n'arrivez pas à arracher l'étiquette que l'on vous a collée : président et gouvernement des possédants, avec une politique injuste, favorable aux riches.
JULIEN DENORMANDIE
Moi, je m'inscris en faux et ça ne va pas vous étonner. Vous savez, je vais vous donner quelques exemples. On nous dit souvent est-ce qu'on fait une politique de droite, est-ce qu'on fait une politique de gauche. Objectivement, doubler le nombre de professeurs dans les classes des quartiers prioritaires
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais ça ne passe pas. Pardon, mais ça ne passe pas. Est-ce que vous croyez qu'il suffit de promettre qu'on lutte contre la pauvreté ou qu'aller visiter quelques crèches de temps en temps, ça suffit à donner l'impression qu'on est un président aussi des pauvres ?
JULIEN DENORMANDIE
Regardez précisément ce qu'on fait dans le projet de loi de finances. Tenez, un autre exemple très précis : le minimum vieillesse. Le minimum vieillesse aujourd'hui en France, personne ne le dit, il est en dessous du seuil de pauvreté. Il est à huit cents euros, c'est en dessous du seuil de pauvreté. Dans le projet de loi de finances qu'on porte, il va augmenter significativement pour atteindre plus de neuf cents euros.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et pourtant, vos prédécesseurs de droite et de gauche vous font la leçon et en même temps, vous l'avez vu, les cent vingt parlementaires.
JULIEN DENORMANDIE
Oui, je vois tout ça. Mais objectivement, raison garder. Le projet de loi de finances que nous portons, c'est un projet de loi qui permet de redonner du pouvoir d'achat. Moi, je donne rendez-vous à tous les Français au 31 janvier 2018. Sur leur fiche de paie, tous les actifs verront et constateront qu'il y a une augmentation du pouvoir d'achat.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Rendez-vous le 1er février.
JULIEN DENORMANDIE
Ou le 1er février.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On verra. Dès lundi, le président de la République annonçait lancer hier une concertation sur la politique de sécurité du quotidien. Il est surtout question de policiers et de gendarmes. Depuis plus de trente ans, Bernard TAPIE, Jean-Louis BORLOO, Benoist APPARU nous ont parlé et se sont flattés d'une politique de la ville. On a vu quelques évolutions mais on voit délinquance, drogue, parfois radicalisation, dénuement. Au lieu de dire politique de la ville, est-ce qu'on ne peut pas dire et s'y attaquer vraiment politique des quartiers ? Des quartiers ?
JULIEN DENORMANDIE
Vous avez raison. Cette politique de la ville comme on dit, vous avez raison : on peut l'appeler politique des quartiers. Elle a quarante ans, on vient de fêter ses quarante ans. Aujourd'hui, qu'est-ce qu'on constate ? C'est que les frontières, les frontières physiques, les frontières sociales, les frontières mentales, elles sont toujours là. Alors il y a des problèmes réels, des problèmes de sécurité, vous en avez parlé. Il y a un problème d'éducation, c'est pour ça que Jean-Michel BLANQUER a mis en place ce doublement des classes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord, il y a un diagnostic, OK. Mais qu'est-ce qu'on fait ? Qu'est-ce qu'on fait ?
JULIEN DENORMANDIE
Le doublement des classes, c'est une réalité. C'est depuis le 1er septembre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Quoi d'autre ?
JULIEN DENORMANDIE
La rénovation urbaine. Il faut améliorer le cadre de vie. L'Etat met un milliard d'euros sur la table pour rénover l'habitat de ces quartiers, un milliard d'euros. Mais c'est quoi ? J'étais il y a quarante-huit heures à Villeneuve-la-Garenne. Quand vous visitiez Villeneuve-la-Garenne, il y a quelques années c'était un immeuble de quatre cents mètres de long. Le maire de Villeneuve-la-Garenne, qui a fait un travail formidable, a réussi à opérer cette rénovation urbaine, à créer des allées, à changer l'urbanisme.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Casser les barres comme faisait Jean-Louis BORLOO.
JULIEN DENORMANDIE
Casser les barres comme faisait Jean-Louis BORLOO. Et puis, il y a un deuxième volet. Vous savez, la politique de la ville, on ne la fera pas sans ses habitants. Il faut créer du lien social, il faut améliorer
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce n'est pas en envoyant des policiers. Peut-être un peu mais, par exemple, des associations vous demandent des moyens. Elles vous demandent quelques adultes pour encadrer des jeunes. Comment vous leur répondez ?
JULIEN DENORMANDIE
C'est un très bon point et je vais vous donner un exemple concret, là aussi. Le budget de la politique de la ville, ce qui permet de financer ces associations, l'année prochaine on a sanctuarisé tous les crédits. Ça sera plus de six cents millions d'euros.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous ne créez pas des emplois, vous allez supprimer les contrats aidés.
JULIEN DENORMANDIE
Ces politiques de la ville par exemple, c'est peu su, on finance quatre mille ce qu'on appelle des adultes relais. Quatre mille postes d'adultes relais qu'on financera en 2018. Ce sont ces femmes et ces hommes qui travaillent dans des associations, exclusivement dans des associations, pour faire de la médiation, pour aider à l'insertion professionnelle, pour accompagner ceux qui vivent dans ces quartiers. C'est donc quatre mille postes d'adultes relais que nous financerons en 2018.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Deux mots de politique. Bientôt votre parti La République En Marche va avoir un chef. Vous ?
JULIEN DENORMANDIE
Elle aura un chef le 18 novembre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pas avant ? Vous ?
JULIEN DENORMANDIE
Le congrès se réunit le 18 novembre. Non, moi je ne suis pas candidat pour prendre la direction du parti. Vous savez, j'ai de grands chantiers au ministère avec Jacques MEZARD. Le logement, la politique de la ville, l'aménagement rural.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire que si votre ami le président de la République vous dit : « Va en mission. Peu importe ton envie », vous lui dites : « Je suis au ministère, j'y reste » ?
JULIEN DENORMANDIE
Exactement. Je lui dirais que je suis à la tâche à mon ministère avec des chantiers importants.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous le lui avez déjà dit ?
JULIEN DENORMANDIE
Vous savez, il y a beaucoup de personnes. Beaucoup de personnes qui ont toutes les qualités aujourd'hui pour prendre le parti.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors qui ? On dit qu'il y a deux favoris. Christophe CASTANER, qui était là il n'y a pas longtemps, dit qu'il n'en veut pas. Et puis Benjamin GRIVEAUX qui ne dit pas qu'il en rêve. Lequel des deux ?
JULIEN DENORMANDIE
C'est deux personnes qui ont toutes les qualités pour le faire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais il y a peut-être un troisième homme ou une troisième femme.
JULIEN DENORMANDIE
Il y a peut-être un troisième homme ou une troisième femme au sein de nos députés et au sein, vous savez, de tous nos adhérents.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Comment vous fonctionnez avec ce qu'on a appelé dans Libération hier le « tandem atypique », disons bizarre, de vous avec Jacques MEZARD ? Lui a une expérience politique, il a été élu, il est sénateur ; et vous, vous êtes considéré comme un techno alors qu'en réalité, vous venez d'autre chose, d'un autre endroit. Qu'est-ce que vous faisiez ?
JULIEN DENORMANDIE
C'est vrai que j'ai souvent cette image-là mais j'ai une particularité : je suis ingénieur des eaux et forêts.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ingénieur agronome et ingénieur des eaux et forêts.
JULIEN DENORMANDIE
Exactement. C'est un parcours un peu singulier avec cette formation. Ma relation avec Jacques MEZARD est excellente. On fonctionne en tandem, on se connaît depuis longtemps. On a fait toute la campagne ministérielle.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous dites ça pour nous faire plaisir ?
JULIEN DENORMANDIE
Non. Je vous invite à venir passer une journée avec nous, vous verrez à quel point on travaille en commun dans la bonne entente.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que ça veut dire que vous connaissez mieux la vie secrète des arbres que celle des politiciens ? Parce qu'il paraît que dans le livre d'un Allemand qui s'appelle Peter WOHLLEBEN et qui fait un tabac à l'échelle mondiale, les arbres communiquent entre eux, ils ont une certaine mémoire, ils sont solidaires entre eux et ils grandissent quand ils sont en commun.
JULIEN DENORMANDIE
C'est un bel ouvrage. C'est beaucoup de belles choses. Cette solidarité clairement elle m'anime, clairement. Et vous savez, mon rapport à la forêt, si c'est ça votre question, mon rapport à la forêt s'est crée avec la gestion du temps. Ce qui est formidable quand vous gérez une forêt, c'est que vous avez un temps long. Vous êtes un bâtisseur mais sur la durée. Et ça, cette notion-là, quand vous entrez en politique, je pense que c'est une belle vertu de vous dire : « On fait des choses non pas pour l'actualité du moment mais aussi pour transformer les choses en profondeur, quitte à ce que ça prenne un peu de temps. »
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pour répondre à des impatients. Donc protéger les quartiers, créer des logements mais, en même temps, ne pas oublier les arbres et les forêts.
JULIEN DENORMANDIE
Et en même temps ne pas oublier également les générations futures.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Merci, merci d'être venu.
JULIEN DENORMANDIE
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 octobre 2017