Texte intégral
ALEXANDRA BENSAID
Bonjour Jacqueline GOURAULT.
JACQUELINE GOURAULT
Bonjour.
ALEXANDRA BENSAID
A Marseille, la colère des élus locaux qui dénoncent la recentralisation, et Edouard PHILIPPE y va, il va prendre la parole, il s'invite. Est-ce qu'il y a urgence à éteindre le feu ?
JACQUELINE GOURAULT
Il y a sûrement nécessité d'expliquer un certain nombre de politiques, mais je vais reprendre le sujet que Dominique SEUX exprimait
ALEXANDRA BENSAID
Ah ben on a en parler, oui, est-ce que vous les trouvez laxistes ces élus locaux, vous qui voulez leur imposer de revenir sur certains accords avec leurs fonctionnaires territoriaux ?
JACQUELINE GOURAULT
Alors, je voulais dire simplement qu'il y a quelques semaines, le président de la République a proposé aux élus locaux de gérer, au fond, la Fonction publique territoriale. Vous savez, on a souvent entendu dire : c'est le gouvernement qui décide de l'augmentation du point d'indice ou pas, ou de telle décision, les élus locaux voudraient se gérer eux-mêmes ou gérer leurs personnels eux-mêmes. Le président de la République leur a proposé, il y a eu un travail de fait notamment par Philippe
ALEXANDRA BENSAID
Et donc, qu'ont répondu les élus locaux ?
JACQUELINE GOURAULT
Pardon ?
ALEXANDRA BENSAID
Et donc, qu'ont répondu les élus locaux ?
JACQUELINE GOURAULT
Eh bien au final, ils ont dit non, le Conseil supérieur de la Fonction publique a fait un travail important et au final ils ont dit non, ils ont préféré que ce soit l'Etat qui continue de gérer les personnels de la Fonction publique territoriale.
ALEXANDRA BENSAID
C'est un manque de courage, de votre point de vue ?
JACQUELINE GOURAULT
On ne peut pas accuser le gouvernement de centralisation, alors que quand il propose un geste de décentralisation, les élus le refusent le refusent.
ALEXANDRA BENSAID
C'est un manque de courage de la part des élus locaux ?
JACQUELINE GOURAULT
En tout cas c'est plus facile de dire : c'est de la faute du gouvernement.
ALEXANDRA BENSAID
Que ce soit sur l'apprentissage, sur les emplois aidés, sur les mineurs isolés, sur la taxe d'habitation, ils ont quand même des sujets ces élus locaux et ils vous reprochent toujours moins de pouvoir et toujours moins d'argent. Ils sont de mauvaise foi ?
JACQUELINE GOURAULT
Eh bien en tout cas ça n'est pas la réalité. Je rappelle tout de même qu'il y a eu une période extrêmement difficile, où l'argent était été prélevé directement sur les budgets des collectivités territoriales, toutes les collectivités territoriales, de la plus petite commune à la plus grande, de tous les niveaux de collectivités territoriales et que le gouvernement a changé sa politique, en faisant une politique de contractualisation.
ALEXANDRA BENSAID
Mais justement, c'est ce qu'ils dénoncent.
JACQUELINE GOURAULT
Oui, mais quand j'entends aujourd'hui, prenons l'exemple, j'entends François BAROIN s'exprimer haut et fort, la contractualisation
ALEXANDRA BENSAID
Le président de l'Association des maires de France.
JACQUELINE GOURAULT
Absolument. La contractualisation ne concerne que 322 communes en France et c'est une proposition d'ailleurs qui a été faite par l'Association des communautés de France que cette contractualisation. Et moins de 1 % des communes sont concernées par cette contractualisation. Donc il y an, comment dire, une exagération, et d'autre part le budget et les recettes des collectivités locales, sont restés au même niveau, puisque l'Etat donne autant que l'année précédente. C'est une politique, si vous voulez, qui est une politique de collaboration entre les collectivités locales et l'Etat.
ALEXANDRA BENSAID
Donc, ce que vous dites, c'est qu'ils sont de mauvaise foi, vous ne comprenez pas leur colère, je ne vois pas de raison de se plaindre.
JACQUELINE GOURAULT
Je vous laisse la formule, si je puis dire, parce que moi je ne suis pas du genre à vouloir mettre de l'huile sur le feu, mais je pense que les... quand on entend parfois les élus dire, et en particulier les responsables d'associations, il y a baisse des dotations de l'Etat, c'est faux.
ALEXANDRA BENSAID
C'est inégalement réparti, les maires ruraux vous le disent : il n'y a peut-être pas baisse, il n'y a peut-être pas baisse globale, mais c'est inégalement réparti.
JACQUELINE GOURAULT
Ça a toujours été inégalement réparti, puisque quand même, il faut bien tenir compte de la population, il faut bien tenir compte, excusez-moi c'est un peu technique, de la richesse de la population, ce qu'on appelle le potentiel fiscal, il faut bien tenir compte aussi de ce qui... des quartiers qui sont pauvres, donc on fait de la péréquation, les plus riches doivent donner au plus pauvres, donc c'est un calcul assez subtil mais qui en tout cas ne provoque pas une baisse des ressources des collectivités territoriales, que ce soit sur le fonctionnement ou l'investissement, jamais les dotations d'investissements n'ont été aussi fortes en France, en direction des territoires ruraux.
ALEXANDRA BENSAID
Jacqueline GOURAULT, est-ce que, par exemple la vague de démissions des maires et en particulier des maires ruraux, qui existait avant d'Emmanuel MACRON et qui s'est amplifiée sous Emmanuel MACRON, vous inquiète ?
JACQUELINE GOURAULT
Là encore c'est une image, il y a toujours eu des démissions de maires, pour des raisons
ALEXANDRA BENSAID
C'est une comptabilité, ce sont des chiffres qui s'accumulent.
JACQUELINE GOURAULT
Oui, ce sont des chiffres
ALEXANDRA BENSAID
Ce sont des voix qui deviennent de plus en plus fortes.
JACQUELINE GOURAULT
Il y a toujours eu des démissions d'élus, pour des raisons professionnelles, de maladie, de décès, etc., de mésentente au sein de conseil municipal, de gens qui se font mettre en minorité, et il ne vous a pas échappé qu'il y a deux phénomènes nouveaux qui expliquent aussi l'augmentation du nombre de démissions, c'est la fin du cumul des mandats, et que donc un certain nombre par exemple de sénateurs et députés ont été obligés de quitter leur mairie, ça fait des démissions, et il y a un deuxième phénomène aussi, c'est les communes nouvelles, qui sont comptabilisées puisque quand vous faites, je ne sais pas moi, une comme une nouvelle à partir de cinq communes traditionnelle, si je puis dire, il n'y a plus qu'un maire. Et ça
ALEXANDRA BENSAID
Donc, Edouard PHILIPPE, va leur dire à Marseille : je vous entends, mais il n'y aura pas de
JACQUELINE GOURAULT
... et donc il n'y a pas d'augmentation, il n'y a pas d'augmentation pour raison politique.
ALEXANDRA BENSAID
Il n'y aura pas de preuve d'amour ? Il y aura des déclarations d'amour à Marseille, le Premier ministre, mais il n'y aura pas de preuves d'amour.
JACQUELINE GOURAULT
Il y aura des explications, et je ne sais pas, on remettra l'église au milieu du village, si je puis dire.
ALEXANDRA BENSAID
Quand, quand même, votre ministre Gérard COLLOMB, lui regrette le manque d'humilité de l'exécutif .Quand votre ministre dit qu'on devrait renouer avec la promesse du pacte girondin, est-ce que lui il est de mauvaise foi, est-ce que lui il fait de la politique ?
JACQUELINE GOURAULT
Le ministre d'Etat a ses mots propres, moi je suppose qu'il a voulu exprimer quelque chose qui lui est personnel, quant à moi je pense qu'il y a, écoutez, moi je suis sur le terrain sans arrêt, demain je vais dans le Var, après-demain je vais en Moselle, je vais voir des maires toutes les semaines au moins deux fois par semaine, je suis toujours très bien accueillie, alors je ne dis pas que les maires n'ont pas besoin d'explications, sur par exemple le dégrèvement de la taxe d'habitation qui était un engagement de campagne du président de la République. Il faut.
ALEXANDRA BENSAID
On ne sait toujours pas comment ça va être compensé
JACQUELINE GOURAULT
Mais si on le sait, on le sait très bien, pendant 3 ans c'est un dégrèvement, c'est l'Etat qui prend la place et qui donne la somme identique aux collectivités territoriales. Et après...
ALEXANDRA BENSAID
Une vingtaine de milliards.
JACQUELINE GOURAULT
Et après, il y aura une réforme de la fiscalité locale, et on espère bien que les élus et les associations viendront à la table pour discuter de cette réforme. Je rappelle que sous
ALEXANDRA BENSAID
Gérard COLLOMB, Jacqueline GOURAULT, j'aimerais vous questionner, sur Gérard COLLOMB, est-ce que c'est compliqué quand même, est-ce que ça n'est pas compliqué de travailler avec un ministre qui a autant l'esprit critique désormais et qui a même la tête ailleurs, aux municipales ?
JACQUELINE GOURAULT
Ça n'est pas du tout difficile pour moi, d'abord parce qu'on se connaît depuis longtemps, on était sénateurs ensemble, et il est avec moi en totale confiance et il me laisse gérer les collectivités territoriales
ALEXANDRA BENSAID
Certains au gouvernement disent qu'il devrait partir plus vite.
JACQUELINE GOURAULT
Pardon ?
ALEXANDRA BENSAID
Certains au gouvernement disent que Gérard COLLOMB devrait partir plus vite.
JACQUELINE GOURAULT
Eh bien je leur laisse leur avis.
ALEXANDRA BENSAID
Quand le député MoDem Jean-Louis BOURLANGES dit que les femmes MoDem au gouvernement sont des sous-ministres, sans portefeuille, que leur rôle est dérisoire, c'est violent mais est-ce que c'est vrai ?
JACQUELINE GOURAULT
Je n'ai pas l'impression de ne pas avoir de travail et de portefeuille, j'ai eu une explication avec Jean-Louis BOURLANGES, qui comme vous le savez a un art de la rhétorique assez développé, ça n'était pas très agréable pour moi cette expression, ni pour Geneviève DARRIEUSSECQ
ALEXANDRA BENSAID
Mais c'est l'aigreur du MoDem.
JACQUELINE GOURAULT
C'est au fond dire qu'il faudrait plus de ministres MoDem, au gouvernement, et peut-être qu'il pensait à certaines autres personnes.
ALEXANDRA BENSAID
Jacqueline GOURAULT, la ministre, merci d'avoir été sur France Inter.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 28 septembre 2018