Texte intégral
Nous avons fait du bon travail, chacun est intervenu en rendant hommage au travail remarquable fait par les autres avant et ce n'est pas faux en matière de défense. J'ai conclu en rappelant ce que nous allions faire sur les capacités, la conférence d'engagement qui aura lieu en novembre, le travail que nous allons faire pour préparer le passage à la phase définitive sans fixer de calendrier qui serait un peu artificiel mais en travaillant sur les procédures de gestion de crises, sur les articulations entre les différents organes, sur la sécurité et la protection de la confidentialité des informations à mettre en place au sein de l'Union. Quand nous aurons plus progressé que ce n'est le cas aujourd'hui, on pourra commencer à parler d'un calendrier pour le passage à la phase définitive.
Concernant les relations de l'Union européenne et les pays tiers de l'OTAN il y aura des positions arrêtées à Feira à partir desquelles nous allons gérer cette relation. C'est un travail qui se continue mais nous sommes bien en phase avec la présidence portugaise, nous travaillons bien.
Sous notre présidence, nous aurons à construire des discussions informelles avec l'OTAN pour préparer le mode de fonctionnement définitif. D'autre part, sur la question du renforcement des instruments non-militaires de gestion des crises, vous connaissez l'insistance des pays qui ne sont pas dans l'OTAN ou qui ont des sensibilités nationales sur ce point. Sous notre présidence, nous aurons là-dessus à utiliser le comité pour les aspects civils de la gestion des crises que l'on va créer au prochain Conseil européen. J'ai insisté sur ce point, sur le fait qu'il fallait faire attention à l'unité de la gestion des crises. Nous avons accepté qu'il y ait un comité pour les aspects civils de la gestion des crises ( pour un certain nombre de pays, c'est la condition pour qu'ils puissent agir dans ces domaines) mais en réalité, il n'y a pas des crises militaires d'un côté et des crises civiles de l'autre. Il y a des crises, c'est tout. Nous respectons les particularités de chacun, mais au bout du compte, c'est l'approche d'ensemble qui prévaut. Ceci nous renvoie à nouveau à la responsabilité du CAG car lorsque vous regardez comment fonctionnera le COPS, et le comité pour les aspects civils, le seul endroit où la synthèse peut se faire, c'est le CAG, les Conseils européens étant trop espacés.
Il y a eu quelques échanges sur les modalités des fonctions de l'UEO qui sont nécessaires à l'Union européenne, et enfin, nous avons été plusieurs à insister sur la nécessité de garder un dialogue et une position unie sur cette question de défense. On cite souvent dans les changements en matière de défense, l'exemple des positions britannique et française qui ont permis de créer une synthèse dynamique qui entraîne les autres. C'est vrai, c'est la base, mais on ne cite pas assez souvent le fait que nous avons fait un travail considérable d'explication vers les Américains. Il faut continuer et éviter, à cause du passage de l'administration Clinton à une administration ultérieure, que l'on se retrouve devant une situation où nous reverrions en face de nous des responsables américains qui ne seraient que méfiance concernant cela. Nous avons vraiment réussi à bouger, c'est un point important.
Ensuite il y a eu un échange sur le Zimbabwe qui s'est traduit par une déclaration que vous aurez, je n'y reviens pas; une déclaration suite à l'assassinat d'un journaliste espagnol, et un texte sur l'affaire des Philippines. Dans ce texte, nous avons confirmé - nous c'est-à-dire, les Allemands les Finlandais et nous-mêmes - à M. Solana d'aller sur place, absolument pas pour négocier quoique ce soit, j'insiste, mais pour faire le point avec les autorités philippines et pour transmettre à son niveau le message transmis jusqu'ici qui est que la vie des otages doit être la priorité absolue. Vous savez que nous avons des envoyés spéciaux : j'ai envoyé le directeur d'Asie, les Allemands ont fait la même chose, ils coordonnent leur action sur place, nos ambassadeurs aussi. Il nous a semblé que ce soutien de l'Union européenne en tant que tel par la voix de Javier Solana rendait les choses peut-être encore plus explicites.
Nous avons ensuite entendu notre collègue autrichienne qui est intervenue pour dire ce qu'elle a déjà dit dans plusieurs réunions, que les Autrichiens contestent la validité des mesures prises, que ce n'est pas justifié. A partir de là, presque tout le monde est intervenu et j'ai été appelé à redire que les autorités françaises s'en tenaient à la ligne définie à 14 et qu'il n'y avait pas à leurs yeux d'élément nouveau. Nous avons l'intention de suivre la ligne définie par les Portugais. Et sous des formes différentes, six ou sept pays sont intervenus dans le sens d'une réflexion sur l'avenir, sur une stratégie de sortie de crise, car on ne peut continuer éternellement comme cela. D'autres ont souligné qu'il ne s'agit pas de mesures prises par le CAG donc ce ne sont pas ses décisions qui peuvent modifier des situations créées sur une base politique et non pas institutionnelle.
J'ai demandé personnellement que nous soyons étroitement en relation, les uns avec les autres sur la question russe, car nous entrons dans une période de contacts entre M. Poutine et les dirigeants occidentaux. J'ai demandé que cette liaison soit très étroite sur deux sujets principaux, la Tchétchénie et les modalités et les finalités de notre coopération avec la Russie dans l'esprit de la lettre que nous avons adressée avec Laurent Fabius à nos homologues européens.
Je leur ai confirmé que la tournée de préparation de la présidence française se ferait par visioconférence. J'ai annoncé que cela se ferait du 21 au 24 juin, juste après le dernier Conseil européen sous présidence portugaise.
J'ai trouvé [cette réunion] très bien, extraordinairement sympathique, bien organisé, dans un esprit de simplicité et de détente et je trouve que nous formons un esprit gymnich. L'après-midi d'hier notamment a été vraiment remarquable. Je ne cherche pas à faire du gymnich un exercice seulement sympathique et détendu, mais il faut aussi sortir les gymnich de l'actualité immédiate. C'est très important, c'est ce que nous ne pouvons pas faire dans les CAG car l'emploi du temps est trop chargé. C'est la fonction irremplaçable des gymnich. Je ne sais pas encore sur quoi nous travaillerons lors du gymnich sous présidence française qui se tiendra à Evian, mais je le ferai dans cet esprit et j'essaierai de réserver au moins l'une des deux demi-journées à une réflexion à long terme.
Q - Certains pays ont annoncé qu'ils renonçaient aux sanctions contre l'Autriche ?
R - Aucun pays n'annonce qu'il abandonne. Tous les pays s'estiment engagés par les décisions qu'ils ont prises. Par contre, il y a un certain nombre de pays qui disent qu'ils restent sur cette ligne mais qu'il faut réfléchir à une sortie. Aucun pays n'annonce qu'il sort de la ligne.
Q - sur la position française
R - Je me suis borné à rappeler que les autorités françaises restaient sur la ligne décidée à 14. Ce que j'ai évoqué, c'est par honnêteté intellectuelle, pour évoquer ce qu'ont dit les autres. La ligne des autorités françaises est de poursuivre la ligne fixée par les Portugais.
Q - Vous avez parlé de stratégie de sortie de crise ...
R - C'est ce que demandent certains pays, ce n'est pas moi. Je reprends donc, il y a six pays qui sont intervenus sous des formes diverses pour dire que nous ne pouvions pas continuer comme cela et qu'il fallait réfléchir à une sortie, mais pas la France. Et plusieurs pays ont fait remarquer que ce n'était pas une décision du CAG et que par conséquent ce n'est pas le CAG qui peut modifier une décision politique à 14 et qui n'est pas dans le mécanisme de ses institutions. Personnellement, je me suis borné à faire remarquer que les autorités françaises avaient l'intention de rester sur la ligne des mesures déterminées à 14, bien gérées selon nous par les Portugais, et que nous avons l'intention de continuer. Je n'ai dit que cela, tout le reste, ce sont les remarques des uns et des autres.
Q - Quelle sera la suite de vos travaux, notamment en matière de défense ?
R - C'est une suite normale, le gymnich est une façon de réfléchir mieux, plus tranquillement sur des problèmes qui se posent, qui sont traités selon des procédures et des calendriers normaux. Il y a donc une suite forcément. Je vous ai dit hier mon impression, en dehors du fait que pendant longtemps les discussions sur la combinaison élargissement et forces étaient bloquées par des réactions émotionnelles, épidermiques, démagogiques. Maintenant, nous travaillons bien, avec un cadre de référence commune et les sujets sont bien identifiés.
J'ai senti, et cela m'a paru important, peut-être suis-je trop optimiste, j'ai senti un mouvement vers les coopérations renforcées y compris de la part des pays dont vous savez qu'ils sont réticents. J'ai trouvé que à la fois de la part de pays très prudents sur les réformes et en même temps de pays très allants, très ambitieux, il y a une sorte de rapprochement, ces coopérations renforcées apparaissant comme un tronc commun possible. C'est d'autant plus utile que, dans la discussion actuelle, la CIG ne l'a pas vraiment abordé.
Q - Vous pensez que la CIG va aboutir sous présidence française ?
R - Nous espérons qu'elle aboutisse mais cela ne se décide pas de façon artificielle dans une discussion.
Q - inaudible
R - Je crois qu'elle y est déjà, précisément. La différence après ce gymnich est que, de fait, la question est là, plus qu'elle ne l'a été jusqu'ici dans la CIG. La présidence portugaise a orienté les débats surtout sur la majorité qualifiée. Il faut bien commencer par un bout. Je pense qu'après ce gymnich, cette question va revenir en force. Quand allons-nous conclure ? La réponse est la même que d'habitude. Il est impossible de dire de façon arbitraire quel sera le jour où nous conclurons, ou bien c'est que la négociation est un faux semblant.
Ce que nous disons sans arrêt, c'est que nous allons faire tout ce qui dépend de nous lors de notre présidence, pour qu'elle aboutisse. Le plus tôt sera le mieux, bien sûr.
Q - inaudible
R - Oui, tout le monde le pense, M. Fischer et moi sommes très proches sur cette discussion, nous travaillons beaucoup, nous avons eu un dîner de travail il y a très peu de temps. C'est une remarque de bon sens, nous savons très bien qu'il faut réussir la CIG. C'est un handicap pour l'Europe que la CIG n'ait pas pu être conclue à Amsterdam, c'est dommage, il faut rattraper cela. Il apparaît maintenant aux yeux de quasiment tout le monde que les trois sujets principaux sont réglés mais que cela ne suffit pas. Tout le monde a l'air de mesurer l'importance des coopérations renforcées, je trouve que c'est positif, je crois que c'est un des apports de ce gymnich qui va apparaître dans les négociations normales. Il est clair que cela ne règle pas tous les problèmes définitivement. On sait bien que, dans une Europe élargie, d'autres problèmes se poseront. On sait bien qu'il y a tout un débat d'idées, dans l'Europe d'aujourd'hui, sur ce qu'il faudra faire après. Mais, il faut avancer par étape, progressivement. Ce n'est pas la peine de discuter sur de grandes questions comme la constitution de l'Europe si on n'arrive pas à régler pour commencer, les problèmes qui sont à l'ordre du jour dans les CIG. Nous avons ces deux plans, la CIG et une perspective d'avenir à long terme sur laquelle nous réfléchissons aussi. C'est sans doute pour cela que M. Fischer en a parlé.
Q -( inaudible) sur l'engagement des forces françaises dans les opérations de maintien de la paix.
R - Ce n'est pas le sujet, je ne peux pas me lancer dans un développement maintenant. On ne peut pas sortir ce problème de son contexte, sinon, cela donnerait une impression fausse. La France est l'un de principaux contributeurs de troupes et les forces françaises sont soumises à une tension terrible, compte tenu des missions qu'on leur assigne. On les demande partout parce qu'elles ont une expérience considérable pour ces choses, elles travaillent très bien, en général, on les met dans les endroits les plus difficiles comme au Kosovo, c'est donc tout à fait normal que les autorités françaises soient prudentes.
C'est comme pour la discussion sur le sud-Liban, la FINUL, c'est une discussion que nous menons sérieusement et il est clair que pour que la France puisse y participer dans l'avenir, il faudrait qu'un certain nombre de garanties puissent être rassemblées. Pour toutes ces raisons, ce sont des sujets à traiter très sérieusement. On ne peut pas être partout où c'est difficile même si je reconnais bien sûr que la situation en Sierra Leone est terrible
Q - Quelles décisions avez vous pris concrètement sur la CIG, la défense ?
R - C'est à Feira que nous prendrons des décisions, le gymnich n'est pas un lieu de décision. Sur tous ces points, les discussions se poursuivent. La vraie mission du gymnich est de permettre à des responsables qui se voient tout le temps mais pour prendre des décisions immédiates et d'urgence d'avoir une réflexion à plus long terme. C'est très bien comme cela.
Q - à propos de l'absence du Ministre sur la photo de famille
R - Je n'ai rien évité du tout, j'ai raté la première photo car j'étais au téléphone. La deuxième a été faite ensuite, cela n'a pas de sens particulier.
Q - à propos de l'Autriche
R - Je n'ai pas de commentaire à faire sur la "tactique autrichienne" comme vous dites. Le problème avec l'Autriche n'est pas leur " tactique ", le problème c'est celui créé par la participation d'un parti d'extrême droite et d'une coalition. On ne peut pas commenter chaque projet tactique, chaque déclaration. Je le redis : ne faites pas de ce sujet le centre du gymnich, ce serait une erreur d'analyse énorme. Cela a pris un peu moins d'une heure et dans le souvenir du gymnich que nous garderons, cela ne compte pas auprès de la discussion que nous avons eue hier après-midi.
Q - C'est la première fois que la sortie de ces sanctions est discutée ...
R - Un gymnich, c'est informel.
Q - Mais c'est un débat ?
R - Ce n'est pas un débat, c'est une juxtaposition d'interventions. Méfiez-vous de la surinterprétation.
Q - Il y avait d'autres points à l'ordre du jour ?
R - Un gymnich, c'est informel, c'est pour discuter. Il n'y a pas d'ordre du jour précis, ce n'est pas pour fabriquer du papier c'est pour se parler vraiment./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 mai 2000)
Concernant les relations de l'Union européenne et les pays tiers de l'OTAN il y aura des positions arrêtées à Feira à partir desquelles nous allons gérer cette relation. C'est un travail qui se continue mais nous sommes bien en phase avec la présidence portugaise, nous travaillons bien.
Sous notre présidence, nous aurons à construire des discussions informelles avec l'OTAN pour préparer le mode de fonctionnement définitif. D'autre part, sur la question du renforcement des instruments non-militaires de gestion des crises, vous connaissez l'insistance des pays qui ne sont pas dans l'OTAN ou qui ont des sensibilités nationales sur ce point. Sous notre présidence, nous aurons là-dessus à utiliser le comité pour les aspects civils de la gestion des crises que l'on va créer au prochain Conseil européen. J'ai insisté sur ce point, sur le fait qu'il fallait faire attention à l'unité de la gestion des crises. Nous avons accepté qu'il y ait un comité pour les aspects civils de la gestion des crises ( pour un certain nombre de pays, c'est la condition pour qu'ils puissent agir dans ces domaines) mais en réalité, il n'y a pas des crises militaires d'un côté et des crises civiles de l'autre. Il y a des crises, c'est tout. Nous respectons les particularités de chacun, mais au bout du compte, c'est l'approche d'ensemble qui prévaut. Ceci nous renvoie à nouveau à la responsabilité du CAG car lorsque vous regardez comment fonctionnera le COPS, et le comité pour les aspects civils, le seul endroit où la synthèse peut se faire, c'est le CAG, les Conseils européens étant trop espacés.
Il y a eu quelques échanges sur les modalités des fonctions de l'UEO qui sont nécessaires à l'Union européenne, et enfin, nous avons été plusieurs à insister sur la nécessité de garder un dialogue et une position unie sur cette question de défense. On cite souvent dans les changements en matière de défense, l'exemple des positions britannique et française qui ont permis de créer une synthèse dynamique qui entraîne les autres. C'est vrai, c'est la base, mais on ne cite pas assez souvent le fait que nous avons fait un travail considérable d'explication vers les Américains. Il faut continuer et éviter, à cause du passage de l'administration Clinton à une administration ultérieure, que l'on se retrouve devant une situation où nous reverrions en face de nous des responsables américains qui ne seraient que méfiance concernant cela. Nous avons vraiment réussi à bouger, c'est un point important.
Ensuite il y a eu un échange sur le Zimbabwe qui s'est traduit par une déclaration que vous aurez, je n'y reviens pas; une déclaration suite à l'assassinat d'un journaliste espagnol, et un texte sur l'affaire des Philippines. Dans ce texte, nous avons confirmé - nous c'est-à-dire, les Allemands les Finlandais et nous-mêmes - à M. Solana d'aller sur place, absolument pas pour négocier quoique ce soit, j'insiste, mais pour faire le point avec les autorités philippines et pour transmettre à son niveau le message transmis jusqu'ici qui est que la vie des otages doit être la priorité absolue. Vous savez que nous avons des envoyés spéciaux : j'ai envoyé le directeur d'Asie, les Allemands ont fait la même chose, ils coordonnent leur action sur place, nos ambassadeurs aussi. Il nous a semblé que ce soutien de l'Union européenne en tant que tel par la voix de Javier Solana rendait les choses peut-être encore plus explicites.
Nous avons ensuite entendu notre collègue autrichienne qui est intervenue pour dire ce qu'elle a déjà dit dans plusieurs réunions, que les Autrichiens contestent la validité des mesures prises, que ce n'est pas justifié. A partir de là, presque tout le monde est intervenu et j'ai été appelé à redire que les autorités françaises s'en tenaient à la ligne définie à 14 et qu'il n'y avait pas à leurs yeux d'élément nouveau. Nous avons l'intention de suivre la ligne définie par les Portugais. Et sous des formes différentes, six ou sept pays sont intervenus dans le sens d'une réflexion sur l'avenir, sur une stratégie de sortie de crise, car on ne peut continuer éternellement comme cela. D'autres ont souligné qu'il ne s'agit pas de mesures prises par le CAG donc ce ne sont pas ses décisions qui peuvent modifier des situations créées sur une base politique et non pas institutionnelle.
J'ai demandé personnellement que nous soyons étroitement en relation, les uns avec les autres sur la question russe, car nous entrons dans une période de contacts entre M. Poutine et les dirigeants occidentaux. J'ai demandé que cette liaison soit très étroite sur deux sujets principaux, la Tchétchénie et les modalités et les finalités de notre coopération avec la Russie dans l'esprit de la lettre que nous avons adressée avec Laurent Fabius à nos homologues européens.
Je leur ai confirmé que la tournée de préparation de la présidence française se ferait par visioconférence. J'ai annoncé que cela se ferait du 21 au 24 juin, juste après le dernier Conseil européen sous présidence portugaise.
J'ai trouvé [cette réunion] très bien, extraordinairement sympathique, bien organisé, dans un esprit de simplicité et de détente et je trouve que nous formons un esprit gymnich. L'après-midi d'hier notamment a été vraiment remarquable. Je ne cherche pas à faire du gymnich un exercice seulement sympathique et détendu, mais il faut aussi sortir les gymnich de l'actualité immédiate. C'est très important, c'est ce que nous ne pouvons pas faire dans les CAG car l'emploi du temps est trop chargé. C'est la fonction irremplaçable des gymnich. Je ne sais pas encore sur quoi nous travaillerons lors du gymnich sous présidence française qui se tiendra à Evian, mais je le ferai dans cet esprit et j'essaierai de réserver au moins l'une des deux demi-journées à une réflexion à long terme.
Q - Certains pays ont annoncé qu'ils renonçaient aux sanctions contre l'Autriche ?
R - Aucun pays n'annonce qu'il abandonne. Tous les pays s'estiment engagés par les décisions qu'ils ont prises. Par contre, il y a un certain nombre de pays qui disent qu'ils restent sur cette ligne mais qu'il faut réfléchir à une sortie. Aucun pays n'annonce qu'il sort de la ligne.
Q - sur la position française
R - Je me suis borné à rappeler que les autorités françaises restaient sur la ligne décidée à 14. Ce que j'ai évoqué, c'est par honnêteté intellectuelle, pour évoquer ce qu'ont dit les autres. La ligne des autorités françaises est de poursuivre la ligne fixée par les Portugais.
Q - Vous avez parlé de stratégie de sortie de crise ...
R - C'est ce que demandent certains pays, ce n'est pas moi. Je reprends donc, il y a six pays qui sont intervenus sous des formes diverses pour dire que nous ne pouvions pas continuer comme cela et qu'il fallait réfléchir à une sortie, mais pas la France. Et plusieurs pays ont fait remarquer que ce n'était pas une décision du CAG et que par conséquent ce n'est pas le CAG qui peut modifier une décision politique à 14 et qui n'est pas dans le mécanisme de ses institutions. Personnellement, je me suis borné à faire remarquer que les autorités françaises avaient l'intention de rester sur la ligne des mesures déterminées à 14, bien gérées selon nous par les Portugais, et que nous avons l'intention de continuer. Je n'ai dit que cela, tout le reste, ce sont les remarques des uns et des autres.
Q - Quelle sera la suite de vos travaux, notamment en matière de défense ?
R - C'est une suite normale, le gymnich est une façon de réfléchir mieux, plus tranquillement sur des problèmes qui se posent, qui sont traités selon des procédures et des calendriers normaux. Il y a donc une suite forcément. Je vous ai dit hier mon impression, en dehors du fait que pendant longtemps les discussions sur la combinaison élargissement et forces étaient bloquées par des réactions émotionnelles, épidermiques, démagogiques. Maintenant, nous travaillons bien, avec un cadre de référence commune et les sujets sont bien identifiés.
J'ai senti, et cela m'a paru important, peut-être suis-je trop optimiste, j'ai senti un mouvement vers les coopérations renforcées y compris de la part des pays dont vous savez qu'ils sont réticents. J'ai trouvé que à la fois de la part de pays très prudents sur les réformes et en même temps de pays très allants, très ambitieux, il y a une sorte de rapprochement, ces coopérations renforcées apparaissant comme un tronc commun possible. C'est d'autant plus utile que, dans la discussion actuelle, la CIG ne l'a pas vraiment abordé.
Q - Vous pensez que la CIG va aboutir sous présidence française ?
R - Nous espérons qu'elle aboutisse mais cela ne se décide pas de façon artificielle dans une discussion.
Q - inaudible
R - Je crois qu'elle y est déjà, précisément. La différence après ce gymnich est que, de fait, la question est là, plus qu'elle ne l'a été jusqu'ici dans la CIG. La présidence portugaise a orienté les débats surtout sur la majorité qualifiée. Il faut bien commencer par un bout. Je pense qu'après ce gymnich, cette question va revenir en force. Quand allons-nous conclure ? La réponse est la même que d'habitude. Il est impossible de dire de façon arbitraire quel sera le jour où nous conclurons, ou bien c'est que la négociation est un faux semblant.
Ce que nous disons sans arrêt, c'est que nous allons faire tout ce qui dépend de nous lors de notre présidence, pour qu'elle aboutisse. Le plus tôt sera le mieux, bien sûr.
Q - inaudible
R - Oui, tout le monde le pense, M. Fischer et moi sommes très proches sur cette discussion, nous travaillons beaucoup, nous avons eu un dîner de travail il y a très peu de temps. C'est une remarque de bon sens, nous savons très bien qu'il faut réussir la CIG. C'est un handicap pour l'Europe que la CIG n'ait pas pu être conclue à Amsterdam, c'est dommage, il faut rattraper cela. Il apparaît maintenant aux yeux de quasiment tout le monde que les trois sujets principaux sont réglés mais que cela ne suffit pas. Tout le monde a l'air de mesurer l'importance des coopérations renforcées, je trouve que c'est positif, je crois que c'est un des apports de ce gymnich qui va apparaître dans les négociations normales. Il est clair que cela ne règle pas tous les problèmes définitivement. On sait bien que, dans une Europe élargie, d'autres problèmes se poseront. On sait bien qu'il y a tout un débat d'idées, dans l'Europe d'aujourd'hui, sur ce qu'il faudra faire après. Mais, il faut avancer par étape, progressivement. Ce n'est pas la peine de discuter sur de grandes questions comme la constitution de l'Europe si on n'arrive pas à régler pour commencer, les problèmes qui sont à l'ordre du jour dans les CIG. Nous avons ces deux plans, la CIG et une perspective d'avenir à long terme sur laquelle nous réfléchissons aussi. C'est sans doute pour cela que M. Fischer en a parlé.
Q -( inaudible) sur l'engagement des forces françaises dans les opérations de maintien de la paix.
R - Ce n'est pas le sujet, je ne peux pas me lancer dans un développement maintenant. On ne peut pas sortir ce problème de son contexte, sinon, cela donnerait une impression fausse. La France est l'un de principaux contributeurs de troupes et les forces françaises sont soumises à une tension terrible, compte tenu des missions qu'on leur assigne. On les demande partout parce qu'elles ont une expérience considérable pour ces choses, elles travaillent très bien, en général, on les met dans les endroits les plus difficiles comme au Kosovo, c'est donc tout à fait normal que les autorités françaises soient prudentes.
C'est comme pour la discussion sur le sud-Liban, la FINUL, c'est une discussion que nous menons sérieusement et il est clair que pour que la France puisse y participer dans l'avenir, il faudrait qu'un certain nombre de garanties puissent être rassemblées. Pour toutes ces raisons, ce sont des sujets à traiter très sérieusement. On ne peut pas être partout où c'est difficile même si je reconnais bien sûr que la situation en Sierra Leone est terrible
Q - Quelles décisions avez vous pris concrètement sur la CIG, la défense ?
R - C'est à Feira que nous prendrons des décisions, le gymnich n'est pas un lieu de décision. Sur tous ces points, les discussions se poursuivent. La vraie mission du gymnich est de permettre à des responsables qui se voient tout le temps mais pour prendre des décisions immédiates et d'urgence d'avoir une réflexion à plus long terme. C'est très bien comme cela.
Q - à propos de l'absence du Ministre sur la photo de famille
R - Je n'ai rien évité du tout, j'ai raté la première photo car j'étais au téléphone. La deuxième a été faite ensuite, cela n'a pas de sens particulier.
Q - à propos de l'Autriche
R - Je n'ai pas de commentaire à faire sur la "tactique autrichienne" comme vous dites. Le problème avec l'Autriche n'est pas leur " tactique ", le problème c'est celui créé par la participation d'un parti d'extrême droite et d'une coalition. On ne peut pas commenter chaque projet tactique, chaque déclaration. Je le redis : ne faites pas de ce sujet le centre du gymnich, ce serait une erreur d'analyse énorme. Cela a pris un peu moins d'une heure et dans le souvenir du gymnich que nous garderons, cela ne compte pas auprès de la discussion que nous avons eue hier après-midi.
Q - C'est la première fois que la sortie de ces sanctions est discutée ...
R - Un gymnich, c'est informel.
Q - Mais c'est un débat ?
R - Ce n'est pas un débat, c'est une juxtaposition d'interventions. Méfiez-vous de la surinterprétation.
Q - Il y avait d'autres points à l'ordre du jour ?
R - Un gymnich, c'est informel, c'est pour discuter. Il n'y a pas d'ordre du jour précis, ce n'est pas pour fabriquer du papier c'est pour se parler vraiment./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 mai 2000)