Texte intégral
Chèr(e) s ami(e )s,
Je trouve toujours étonnant qu'on demande à quelqu'un de conclure une réunion ou une assemblée à laquelle il n'a pas assisté. Donc je ne ferai pas la synthèse de vos travaux, dont je ne doute pas qu'ils aient été excellents, et je me contenterai de vous faire partager quelques réflexions. Peut-être le savez-vous, avant de m'occuper pendant quelques années d'environnement et d'aménagement au Ministère, j'ai été conseillère régionale (d'opposition), et j'ai donc eu à connaître un peu des sujets qui vous préoccupent.
***
En préparant cette rencontre, j'ai été frappée, malgré l'expérience accumulée dans les Conseils Régionaux depuis longtemps, par la faiblesse des informations et des analyses rassemblées et traitées au siège national sur vos activités.
Je ne peux donc que me féliciter de la tenue de cette session ; elle constitue une sorte de première, même si à travers l'action du MATE, des embryons de coordinations avaient pu se faire jour sur des questions particulières.
Il y aurait, si nous n'améliorons pas notre coordination un facteur de perte de patrimoine collectif très négatif : il appartient probablement à la FEDEL, dans le plan de travail qu'elle s'est fixée, à partir de son Assemblée Générale de Montpellier, de construire un pôle " élus régionaux " plus conséquent . Sans doute faudrait-il également élargir la fonction des services élection et documentation des Verts à un rôle d'appui à votre activité.
La lecture de quelques- uns de vos documents et bilans préparatoires à cette réunion, m'a fait prendre également conscience du fait que nous avons franchi, dans les Assemblées Régionales un véritable seuil depuis 1998.
Pas essentiellement par le nombre (76 c'est bien peu), mais surtout par la qualité et la diversité.
Les leçons tirées de la présidence de Marie-Christine BLANDIN dans le Nord-Pas de Calais y a été pour quelque chose. La clarification liée à l'unification des écologistes a également donné à notre action une meilleure visibilité. L'accession aux exécutifs dans le cadre de la majorité plurielle aussi.
La progression générale des Verts, dans le cadre de l'exercice des responsabilités gouvernementales et parlementaires, la nette amélioration de nos liens avec des secteurs de plus en plus larges de la société civile, permettent enfin de rendre compte de vos avancées.
Mais surtout, quelle que soit la solidité de vos positions et de vos moyens dans les Conseils (et les situations sont très différentes), vous vous êtes construit votre propre style : vous êtes entrés de plain- pied dans les dossiers.
Vous avez fait l'effort de dépasser les slogans et les affirmations de principe pour vous former et vous informer, presque sur le tas. Vous avez pris la mesure des méandres et des pesanteurs de l'Institution, et de son administration, de l'opacité des conditions de la décision. Vous avez appris, compte tenu de votre petit nombre et des dizaines de délégations et réunions qui caractérisent la fonction, à vous fixer des priorités, à jouer sur les contradictions du système, à compter sur le temps.
A la différence de beaucoup d'élus d'autres formations, votre assiduité est remarquée. Comme celle de nos députés, votre productivité pulvérise la norme : à ceux qui s'interrogent - il est vrai moins depuis quelque temps - sur -à " quoi servent les Verts ", je dis souvent d'aller regarder le résultat considérable de votre travail.
A ceux qui redoutaient l'ingouvernabilité de l'Institution en raison de la part de proportionnelle qui caractérise le mode de scrutin ou de la fragilité des majorités, je fais observer que l'arrivée des élus Verts et leur haut niveau de responsabilité ont été au contraire un facteur de stabilité et de progression qualitative.
Face à des situations de majorité relative et face aux positions de l'extrême droite, nous n'avons jamais, à la différence des petits groupes de droite, joué la politique du pire.
***
Peu de domaines échappent désormais à votre activité. Vous avez commencé à introduire dans les collectivités régionales des préoccupations et des champs d'innovation qui leur étaient, bien qu'ils soient de leur compétence, très largement extérieurs.
En agriculture, le bio, l'accompagnement des CTE, L''hydraulique agricole, l'aide au CUMA , la résistance à la dissémination industrielle des productions porcines ou avicoles, et même la résistance aux OGM.
En matière d'énergie, vous avez initié des programmes d''économie, des plans bois-énergie, le photovoltaïque, l'implantation d'éoliennes, souvent parmi les premières sur vos territoires.
En matière d'environnement proprement dit, vos réalisations ont fait progresser la cartographie et le traitement des sols pollués, la mesure de la pollution de l'air, la lutte contre le bruit, illustrant ainsi notre volonté d'une écologie du quotidien et de la proximité.
Vous commencez, au-delà des dispositifs d'innovation qui valent par l'exemple et " font démonstration ", à influencer des politiques lourdes : ici les déchets, là les transports-express-régionaux, ailleurs les lycées, la formation professionnelle ou la recherche, là enfin un plan régional de lutte contre l'effet de serre.
Sortant des prés carrés et des domaines dans lesquels on entend trop souvent nous enfermer, vous avez commencé à mettre en pratique la conception écologiste du développement local, pour une économie plurielle.
L'économie sociale et solidaire a commencé grâce à vous à dépasser l'ancienne conception de la seule insertion par l'économique.
Les emplois-jeunes ont illustré la réalité des gisements d'activité ouverts dans les nouveaux secteurs de l'environnement.
Votre attention à la question des PME-PMI, marque notre attachement à la solidarité et à la qualité du tissu local.
Vous le savez : les chiffres du chômage ont tendance à s'inverser et des bassins d'emplois, caractéristiques de l'industrialisation de bas de gamme des années 60/70 sont frappés par des vagues de licenciements, comme en Basse-Normandie.
Nos premières expériences nous seront donc précieuses en matière de développement économique régional. La reconversion, l'innovation technologique, la circulation de l'intelligence économique, par exemple sous la forme de systèmes productifs locaux, l'extension des services de proximité, sont les thèmes sur lesquels nous pouvons faire entendre une certaine originalité.
Les réseaux de services publics au milieu rural ont fait l'objet d'intéressantes expérimentations.
En matière d'action sociale, vous avez souvent opposé à la pesanteur des Conseils généraux de nouvelles dynamiques de solidarités urbaines, dont l'attention apportée au dialogue intergénérationnel, aux handicapés ou aux gens du voyage par plusieurs d'entre vous constituent une illustration hautement symbolique.
Enfin, car je ne veux pas être trop longue, vous avez essayé d'asseoir vos réalisations sur de nouvelles pratiques démocratiques. Vous avez, parfois spectaculairement mis fin à des pratiques carrément délictueuse.
Mais surtout en positif et malgré la difficulté de l'exercice pour une institution souvent peu connue de la population et regroupant des territoires parfois très éclatés, vous avez ici ou là expérimenté des dispositifs de coordination associative et de consultation tout à fait intéressants.
***
A cet égard, je crois pouvoir dire que la négociation des contrats de plan Etat-régions puis des schémas de services collectifs nous a collectivement hissés à un niveau que nous avions rarement atteint auparavant. Elle nous a réellement confrontés à un exercice de planification et de prospective qui a donné du contenu à la notion de développement durable.
Je n'en dresserai pas ici le bilan. Je dirai seulement qu'il nous a été rendu possible de voir véritablement à l'échelle hexagonale et en grandeur réelle tout à la fois la possibilité de penser autrement, transversalement et sur la durée, et la multiplicité des freins, resistances et lobbies qui s'opposent quotidiennement au changement.
Chacun ici, et je ne serai pas en reste, pourra faire la liste des avancées, ou des échecs : évaluation des impacts, création d'indicateurs de suivi, intégration des objectifs environnementaux, réorientation des moyens vers des transports alternatifs à la route, prise en compte moins désolante des milieux et des paysages, nous sommes certes loin, malgré l'abandon de quelques gros projets emblématiques et bétonnifères, d 'avoir tout gagné.
Mais nous avons semé des ferments de cohérence dont les effets sur un certain nombre de pratiques publiques et sur l'opinion, seront à l'avenir considérable.
Même des décisions comme la construction du 3è aéroport ou la réouverture du tunnel du Mont Blanc, sont aujourd'hui contestées et minées de l'intérieur par la qualité des questions que nous avons pu poser, et par le débat dont nous avons commencé à insuffler l'envie dans les populations.
J'ai l'autre jour pu constater à Nice, à propos du projet d'extension du port, combien l'action des élus régionaux, victorieuse sur le projet du Verdon, pouvait redonner confiance à des militants associatifs qui ne craignent plus d'être le pot de terre contre le pot de fer.
Nous le verrons encore mieux dans quelques années, mais le schéma de services collectifs des espaces naturels et ruraux aura les mêmes effets positifs : nul ne peut désormais échapper à des problèmes stratégiques, qui se jouent beaucoup au niveau des régions, comme la maîtrise de la péri-urbanisation , la multifonctionnalité des vallées fluviales, la restauration des zones humides, une autre gestion des conflits d'usage sur le littoral, la prévention des atteintes d'origine agricole à la ressource en eau, la gestion durable des forêts, la prévention des risques naturels.
Comme niveau d'articulation, entre le local et le global, nous avons ensemble donné ses lettres de noblesse à la région.
En l'ouvrant sur le monde, par de passionnantes expériences de solidarité internationale, en lui donnant une fonction de chef d'orchestre dans l'organisation des territoires ;
A ce propos, je ne peux que me réjouir de la place qu'occupent de plus en plus les élus régionaux Verts, dans les intercommunalités nouvelles mises en place par la LOADDT.
Là encore tout n'est pas parfait. Cependant, malgré les interférences départementalistes ou clientèlistes, la montée en puissance des Pays, l'avancée dans l'installation de conseils de développement dotés de vrais projets, anticipent sur une nouvelle organisation des territoires et une vision dynamique de leur développement. Il commence à en être de même, après les municipales, pour les agglomérations.
Toutes ces évolutions sont l'illustration de l'impact que nous pouvons avoir à une certaine échelle, quand nous articulons correctement, à travers des contenus nouveaux les différents niveaux d'administration de notre pays.
Certes, rien n'est jamais acquis définitivement.
Lors d'une intervention le 28 novembre, devant les préfets, Yves COCHET a souligné les difficultés rencontrées dans l'application des lois et directives ministérielles, et par exemple :
La montée en puissance trop lente du volet ferroviaire, en particulier de la mise en place des conventions avec les régions.
Le caractère inégal, en qualité, du volet territorial : certains pays sont conçus comme simples agrégats de canton ou collés aux circonscriptions de certains élus. D'autres isolent la ville ou une agglomération de leur arrière-pays rural.
Enfin, la complexité des dispositifs, qui ne sont pas forcément un facteur de clarté ; il est ainsi souhaitable que la définition des futurs périmètres des schémas de cohérence territoriale, prévue par la loi SRU, ne contredise pas les dynamiques d'intercommunalité et leurs projets.
Il vous appartient, à vous, les élus régionaux Verts, d'exercer les pressions nécessaires pour que les orientations du Ministre vert soient relayées au bon niveau.
Comme vous le signalez dans vos bilans, ce n'est pas facile : la multiplication des instances et parfois leur empilement (je pense à l'articulation qui n'est pas toujours simple entre CRADT et CESR), l'accès difficile à l'information, les mauvaises habitudes de l'administration dont les listes d'associations ou d'acteurs de terrain, ne vont pas spontanément à la rencontre de ce qu'il y a d'innovant et de critique, le poids des grands barons quelle que soit leur couleur, sont autant d'obstacles.
Mais notre expérience montre qu'on peut, à force d'obstination, aussi les bousculer.
J'ai parlé tout-à-l'heure d'améliorer le travail de la FEDEL : je suis convaincue qu'une de ses missions fondamentales dans les mois qui viennent sera de donner accès pour les Conseillers régionaux Verts, aux multiples instances de représentation d'élus qui, à l'abri des regard indiscrets, se partagent les postes de représentation dans diverses commissions divers Conseils nationaux : tous sont pourtant fort utiles pour savoir ce qui se passe, pour repérer les opportunités et pour coordonner l'action.
Je trouve par exemple que notre capacité à utiliser correctement les fonds structurels européens est très en dessous de ce qui serait possible : vous devez savoir qu'à ce jour, plusieurs régions ne sont porteuses d'aucun projet dans le cadre du programme LEADER +.
***
Nous avions convenu avec Noël MAMERE, notre candidat à la présidentielle, d'un partage des tâches et des styles dans nos interventions.
Il vous a sans doute mobilisés sur le fond de notre conception de la place des régions en Europe, sur l'idée que nous nous faisons d'une nouvelle étape de la décentralisation, sur les liens indissociables entre cette étape et l'urgente nécessité d'une réforme profonde de l'Etat et de la culture adminstrative.
Nous croyons ensemble que personne dans ce pays n'a le monopole des valeurs républicaines et de l'intérêt général, et que la conception écologiste de l'autonomie des territoires et du développement durable et solidaire renouvelle très profondément ces valeurs qui viennent de loin.
La négociation en cours avec nos partenaires socialistes de la majorité plurielle illustre l'actualité.
Elles seront, au-delà de la démagogie prévisible du Président sortant sur la fracture territoriale, en arrière fond de toute une série de questions fortes débattues dans les campagnes de 2002 : réforme de l'éducation nationale, de la justice, de la police, développement économique, transports, agriculture, énergie, aucune de ces grandes politiques publiques ne peut être changée sans progrès de la régionalisation.
La période qui s'ouvre est décisive pour l'élaboration du programme spécifique des verts, et pour la finalisation d'un accord avec le parti Socialiste, qui redonne du sens et des couleurs à la majorité plurielle.
L'élection au suffrage universel pour les instances intercommunales, le statut de l'élu, le vote des étrangers aux élections locales, la redéfinition du partage des compétences entre les collectivités et l'extension de leurs prérogatives, l'affectation à chacune d'entre elles de ressources fiscales particulières, l'extension du droit à l'expérimentation, figurent par exemple au menu de ces négociations.
Nous avons, à travers l'exemple corse, une illustration de la difficulté qu'il y a à tenir à la fois un discours décentralisateur et une certaine fermeté sur le caractère universel du respect du droit.
Nous avons donc besoin, pour dépasser certaines de mes propres approximations sur ces questions, de mobiliser votre expérience et votre savoir.
Je suis certaine, à l'issue de ces premières rencontres, et parce que nous sommes décidés à rendre notre dialogue plus régulier et plus construit, que vous aurez à cur de contribuer à l'amélioration de ces propositions, de faire connaître mieux votre bilan, et au-delà de 2002, de préparer très tôt, les rendez-vous électoraux régionaux de 2004.
J'en suis certaine aussi,
Ces rendez-vous nous permettront de généraliser les acquis que nous venons d'évoquer, et de gagner de nombreuses nouvelles régions à la perspective du développement durable.
Je vous remercie.
(Source http://www.les-verts.org, le 24 décembre 2001)
Je trouve toujours étonnant qu'on demande à quelqu'un de conclure une réunion ou une assemblée à laquelle il n'a pas assisté. Donc je ne ferai pas la synthèse de vos travaux, dont je ne doute pas qu'ils aient été excellents, et je me contenterai de vous faire partager quelques réflexions. Peut-être le savez-vous, avant de m'occuper pendant quelques années d'environnement et d'aménagement au Ministère, j'ai été conseillère régionale (d'opposition), et j'ai donc eu à connaître un peu des sujets qui vous préoccupent.
***
En préparant cette rencontre, j'ai été frappée, malgré l'expérience accumulée dans les Conseils Régionaux depuis longtemps, par la faiblesse des informations et des analyses rassemblées et traitées au siège national sur vos activités.
Je ne peux donc que me féliciter de la tenue de cette session ; elle constitue une sorte de première, même si à travers l'action du MATE, des embryons de coordinations avaient pu se faire jour sur des questions particulières.
Il y aurait, si nous n'améliorons pas notre coordination un facteur de perte de patrimoine collectif très négatif : il appartient probablement à la FEDEL, dans le plan de travail qu'elle s'est fixée, à partir de son Assemblée Générale de Montpellier, de construire un pôle " élus régionaux " plus conséquent . Sans doute faudrait-il également élargir la fonction des services élection et documentation des Verts à un rôle d'appui à votre activité.
La lecture de quelques- uns de vos documents et bilans préparatoires à cette réunion, m'a fait prendre également conscience du fait que nous avons franchi, dans les Assemblées Régionales un véritable seuil depuis 1998.
Pas essentiellement par le nombre (76 c'est bien peu), mais surtout par la qualité et la diversité.
Les leçons tirées de la présidence de Marie-Christine BLANDIN dans le Nord-Pas de Calais y a été pour quelque chose. La clarification liée à l'unification des écologistes a également donné à notre action une meilleure visibilité. L'accession aux exécutifs dans le cadre de la majorité plurielle aussi.
La progression générale des Verts, dans le cadre de l'exercice des responsabilités gouvernementales et parlementaires, la nette amélioration de nos liens avec des secteurs de plus en plus larges de la société civile, permettent enfin de rendre compte de vos avancées.
Mais surtout, quelle que soit la solidité de vos positions et de vos moyens dans les Conseils (et les situations sont très différentes), vous vous êtes construit votre propre style : vous êtes entrés de plain- pied dans les dossiers.
Vous avez fait l'effort de dépasser les slogans et les affirmations de principe pour vous former et vous informer, presque sur le tas. Vous avez pris la mesure des méandres et des pesanteurs de l'Institution, et de son administration, de l'opacité des conditions de la décision. Vous avez appris, compte tenu de votre petit nombre et des dizaines de délégations et réunions qui caractérisent la fonction, à vous fixer des priorités, à jouer sur les contradictions du système, à compter sur le temps.
A la différence de beaucoup d'élus d'autres formations, votre assiduité est remarquée. Comme celle de nos députés, votre productivité pulvérise la norme : à ceux qui s'interrogent - il est vrai moins depuis quelque temps - sur -à " quoi servent les Verts ", je dis souvent d'aller regarder le résultat considérable de votre travail.
A ceux qui redoutaient l'ingouvernabilité de l'Institution en raison de la part de proportionnelle qui caractérise le mode de scrutin ou de la fragilité des majorités, je fais observer que l'arrivée des élus Verts et leur haut niveau de responsabilité ont été au contraire un facteur de stabilité et de progression qualitative.
Face à des situations de majorité relative et face aux positions de l'extrême droite, nous n'avons jamais, à la différence des petits groupes de droite, joué la politique du pire.
***
Peu de domaines échappent désormais à votre activité. Vous avez commencé à introduire dans les collectivités régionales des préoccupations et des champs d'innovation qui leur étaient, bien qu'ils soient de leur compétence, très largement extérieurs.
En agriculture, le bio, l'accompagnement des CTE, L''hydraulique agricole, l'aide au CUMA , la résistance à la dissémination industrielle des productions porcines ou avicoles, et même la résistance aux OGM.
En matière d'énergie, vous avez initié des programmes d''économie, des plans bois-énergie, le photovoltaïque, l'implantation d'éoliennes, souvent parmi les premières sur vos territoires.
En matière d'environnement proprement dit, vos réalisations ont fait progresser la cartographie et le traitement des sols pollués, la mesure de la pollution de l'air, la lutte contre le bruit, illustrant ainsi notre volonté d'une écologie du quotidien et de la proximité.
Vous commencez, au-delà des dispositifs d'innovation qui valent par l'exemple et " font démonstration ", à influencer des politiques lourdes : ici les déchets, là les transports-express-régionaux, ailleurs les lycées, la formation professionnelle ou la recherche, là enfin un plan régional de lutte contre l'effet de serre.
Sortant des prés carrés et des domaines dans lesquels on entend trop souvent nous enfermer, vous avez commencé à mettre en pratique la conception écologiste du développement local, pour une économie plurielle.
L'économie sociale et solidaire a commencé grâce à vous à dépasser l'ancienne conception de la seule insertion par l'économique.
Les emplois-jeunes ont illustré la réalité des gisements d'activité ouverts dans les nouveaux secteurs de l'environnement.
Votre attention à la question des PME-PMI, marque notre attachement à la solidarité et à la qualité du tissu local.
Vous le savez : les chiffres du chômage ont tendance à s'inverser et des bassins d'emplois, caractéristiques de l'industrialisation de bas de gamme des années 60/70 sont frappés par des vagues de licenciements, comme en Basse-Normandie.
Nos premières expériences nous seront donc précieuses en matière de développement économique régional. La reconversion, l'innovation technologique, la circulation de l'intelligence économique, par exemple sous la forme de systèmes productifs locaux, l'extension des services de proximité, sont les thèmes sur lesquels nous pouvons faire entendre une certaine originalité.
Les réseaux de services publics au milieu rural ont fait l'objet d'intéressantes expérimentations.
En matière d'action sociale, vous avez souvent opposé à la pesanteur des Conseils généraux de nouvelles dynamiques de solidarités urbaines, dont l'attention apportée au dialogue intergénérationnel, aux handicapés ou aux gens du voyage par plusieurs d'entre vous constituent une illustration hautement symbolique.
Enfin, car je ne veux pas être trop longue, vous avez essayé d'asseoir vos réalisations sur de nouvelles pratiques démocratiques. Vous avez, parfois spectaculairement mis fin à des pratiques carrément délictueuse.
Mais surtout en positif et malgré la difficulté de l'exercice pour une institution souvent peu connue de la population et regroupant des territoires parfois très éclatés, vous avez ici ou là expérimenté des dispositifs de coordination associative et de consultation tout à fait intéressants.
***
A cet égard, je crois pouvoir dire que la négociation des contrats de plan Etat-régions puis des schémas de services collectifs nous a collectivement hissés à un niveau que nous avions rarement atteint auparavant. Elle nous a réellement confrontés à un exercice de planification et de prospective qui a donné du contenu à la notion de développement durable.
Je n'en dresserai pas ici le bilan. Je dirai seulement qu'il nous a été rendu possible de voir véritablement à l'échelle hexagonale et en grandeur réelle tout à la fois la possibilité de penser autrement, transversalement et sur la durée, et la multiplicité des freins, resistances et lobbies qui s'opposent quotidiennement au changement.
Chacun ici, et je ne serai pas en reste, pourra faire la liste des avancées, ou des échecs : évaluation des impacts, création d'indicateurs de suivi, intégration des objectifs environnementaux, réorientation des moyens vers des transports alternatifs à la route, prise en compte moins désolante des milieux et des paysages, nous sommes certes loin, malgré l'abandon de quelques gros projets emblématiques et bétonnifères, d 'avoir tout gagné.
Mais nous avons semé des ferments de cohérence dont les effets sur un certain nombre de pratiques publiques et sur l'opinion, seront à l'avenir considérable.
Même des décisions comme la construction du 3è aéroport ou la réouverture du tunnel du Mont Blanc, sont aujourd'hui contestées et minées de l'intérieur par la qualité des questions que nous avons pu poser, et par le débat dont nous avons commencé à insuffler l'envie dans les populations.
J'ai l'autre jour pu constater à Nice, à propos du projet d'extension du port, combien l'action des élus régionaux, victorieuse sur le projet du Verdon, pouvait redonner confiance à des militants associatifs qui ne craignent plus d'être le pot de terre contre le pot de fer.
Nous le verrons encore mieux dans quelques années, mais le schéma de services collectifs des espaces naturels et ruraux aura les mêmes effets positifs : nul ne peut désormais échapper à des problèmes stratégiques, qui se jouent beaucoup au niveau des régions, comme la maîtrise de la péri-urbanisation , la multifonctionnalité des vallées fluviales, la restauration des zones humides, une autre gestion des conflits d'usage sur le littoral, la prévention des atteintes d'origine agricole à la ressource en eau, la gestion durable des forêts, la prévention des risques naturels.
Comme niveau d'articulation, entre le local et le global, nous avons ensemble donné ses lettres de noblesse à la région.
En l'ouvrant sur le monde, par de passionnantes expériences de solidarité internationale, en lui donnant une fonction de chef d'orchestre dans l'organisation des territoires ;
A ce propos, je ne peux que me réjouir de la place qu'occupent de plus en plus les élus régionaux Verts, dans les intercommunalités nouvelles mises en place par la LOADDT.
Là encore tout n'est pas parfait. Cependant, malgré les interférences départementalistes ou clientèlistes, la montée en puissance des Pays, l'avancée dans l'installation de conseils de développement dotés de vrais projets, anticipent sur une nouvelle organisation des territoires et une vision dynamique de leur développement. Il commence à en être de même, après les municipales, pour les agglomérations.
Toutes ces évolutions sont l'illustration de l'impact que nous pouvons avoir à une certaine échelle, quand nous articulons correctement, à travers des contenus nouveaux les différents niveaux d'administration de notre pays.
Certes, rien n'est jamais acquis définitivement.
Lors d'une intervention le 28 novembre, devant les préfets, Yves COCHET a souligné les difficultés rencontrées dans l'application des lois et directives ministérielles, et par exemple :
La montée en puissance trop lente du volet ferroviaire, en particulier de la mise en place des conventions avec les régions.
Le caractère inégal, en qualité, du volet territorial : certains pays sont conçus comme simples agrégats de canton ou collés aux circonscriptions de certains élus. D'autres isolent la ville ou une agglomération de leur arrière-pays rural.
Enfin, la complexité des dispositifs, qui ne sont pas forcément un facteur de clarté ; il est ainsi souhaitable que la définition des futurs périmètres des schémas de cohérence territoriale, prévue par la loi SRU, ne contredise pas les dynamiques d'intercommunalité et leurs projets.
Il vous appartient, à vous, les élus régionaux Verts, d'exercer les pressions nécessaires pour que les orientations du Ministre vert soient relayées au bon niveau.
Comme vous le signalez dans vos bilans, ce n'est pas facile : la multiplication des instances et parfois leur empilement (je pense à l'articulation qui n'est pas toujours simple entre CRADT et CESR), l'accès difficile à l'information, les mauvaises habitudes de l'administration dont les listes d'associations ou d'acteurs de terrain, ne vont pas spontanément à la rencontre de ce qu'il y a d'innovant et de critique, le poids des grands barons quelle que soit leur couleur, sont autant d'obstacles.
Mais notre expérience montre qu'on peut, à force d'obstination, aussi les bousculer.
J'ai parlé tout-à-l'heure d'améliorer le travail de la FEDEL : je suis convaincue qu'une de ses missions fondamentales dans les mois qui viennent sera de donner accès pour les Conseillers régionaux Verts, aux multiples instances de représentation d'élus qui, à l'abri des regard indiscrets, se partagent les postes de représentation dans diverses commissions divers Conseils nationaux : tous sont pourtant fort utiles pour savoir ce qui se passe, pour repérer les opportunités et pour coordonner l'action.
Je trouve par exemple que notre capacité à utiliser correctement les fonds structurels européens est très en dessous de ce qui serait possible : vous devez savoir qu'à ce jour, plusieurs régions ne sont porteuses d'aucun projet dans le cadre du programme LEADER +.
***
Nous avions convenu avec Noël MAMERE, notre candidat à la présidentielle, d'un partage des tâches et des styles dans nos interventions.
Il vous a sans doute mobilisés sur le fond de notre conception de la place des régions en Europe, sur l'idée que nous nous faisons d'une nouvelle étape de la décentralisation, sur les liens indissociables entre cette étape et l'urgente nécessité d'une réforme profonde de l'Etat et de la culture adminstrative.
Nous croyons ensemble que personne dans ce pays n'a le monopole des valeurs républicaines et de l'intérêt général, et que la conception écologiste de l'autonomie des territoires et du développement durable et solidaire renouvelle très profondément ces valeurs qui viennent de loin.
La négociation en cours avec nos partenaires socialistes de la majorité plurielle illustre l'actualité.
Elles seront, au-delà de la démagogie prévisible du Président sortant sur la fracture territoriale, en arrière fond de toute une série de questions fortes débattues dans les campagnes de 2002 : réforme de l'éducation nationale, de la justice, de la police, développement économique, transports, agriculture, énergie, aucune de ces grandes politiques publiques ne peut être changée sans progrès de la régionalisation.
La période qui s'ouvre est décisive pour l'élaboration du programme spécifique des verts, et pour la finalisation d'un accord avec le parti Socialiste, qui redonne du sens et des couleurs à la majorité plurielle.
L'élection au suffrage universel pour les instances intercommunales, le statut de l'élu, le vote des étrangers aux élections locales, la redéfinition du partage des compétences entre les collectivités et l'extension de leurs prérogatives, l'affectation à chacune d'entre elles de ressources fiscales particulières, l'extension du droit à l'expérimentation, figurent par exemple au menu de ces négociations.
Nous avons, à travers l'exemple corse, une illustration de la difficulté qu'il y a à tenir à la fois un discours décentralisateur et une certaine fermeté sur le caractère universel du respect du droit.
Nous avons donc besoin, pour dépasser certaines de mes propres approximations sur ces questions, de mobiliser votre expérience et votre savoir.
Je suis certaine, à l'issue de ces premières rencontres, et parce que nous sommes décidés à rendre notre dialogue plus régulier et plus construit, que vous aurez à cur de contribuer à l'amélioration de ces propositions, de faire connaître mieux votre bilan, et au-delà de 2002, de préparer très tôt, les rendez-vous électoraux régionaux de 2004.
J'en suis certaine aussi,
Ces rendez-vous nous permettront de généraliser les acquis que nous venons d'évoquer, et de gagner de nombreuses nouvelles régions à la perspective du développement durable.
Je vous remercie.
(Source http://www.les-verts.org, le 24 décembre 2001)