Texte intégral
R. Sicard Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale a été adopté hier à l'Assemblée nationale, avec difficulté. Vous avez dû rajouter 4 milliards pour les hôpitaux, pour obtenir l'abstention des communistes. N'est-ce pas un petit peu cher 4 milliards ?
- "C'est votre façon de présenter les choses. Il fallait cet argent pour l'hôpital. Je vais quand même rappeler que le budget de la Sécurité sociale, qui a été adopté avec treize voix d'écart, c'est plus de 2.000 milliards de francs, c'est-à-dire plus que le budget de l'Etat et nous avons rétabli l'équilibre de la Sécurité sociale. Il faut se souvenir qu'il y a quelques années, on avait un déficit qui dépassait les 200 milliards de francs sur quatre ans. Aujourd'hui, nous avons un excédent qui est d'une vingtaine de milliards de francs. Donc avec cet excédent de la Sécurité sociale, nous pouvons financer des actions qui sont extrêmement importantes pour la vie quotidienne des Françaises et des Français. Par exemple, dans ce budget, nous avons décidé que tous les enfants de 6 ans et que tous les enfants de 12 ans bénéficieraient d'un examen des dents gratuit, 1.400.000 enfants, parce qu'on a trop de caries dentaires en France, alors que cela été éradiqué dans d'autres pays européens. Nous allons aussi supprimer l'entente préalable pour un certain nombre d'opérations sur les dents, notamment pour les personnes âgées. Nous avons encore décidé, avec ce budget, de permettre de donner des aides à l'installation pour les médecins et les infirmières dans les zones rurales - il n'y en a pas assez - ou dans les zones urbaines qui sont difficiles. Pour les familles, nous avons, grâce à ce budget, le congé de paternité qui est de deux semaines, nous avons ensuite décidé d'augmenter les places de crèches - il y en aura 20.000 de plus - , nous avons aussi décidé d'augmenter l'allocation pour les parents qui ont des enfants malades pour qu'ils puissent rester auprès d'eux - plus de 5.000 francs par mois au lieu de 3.000 - et de desserrer les conditions d'attribution. Vous voyez que c'est extrêmement concret et je ne vous parle pas de l'indemnisation des accidents du travail, c'est très important. Nous allons, pour les victimes de l'amiante, fléau terrible, dans ce budget, nous avons voté plus de 3 milliards de francs pour le fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante. Ce sont des mesures concrètes. Alors on peut en venir à l'hôpital si vous voulez maintenant !"
Est-ce que la rallonge accordée aux hôpitaux va suffir pour désamorcer la grogne et les grèves à répétition dans les hôpitaux ?
- "Nous avons le système de santé le plus performant du monde, c'est l'Organisation mondiale de la santé qui le dit. Donc nous avons des hôpitaux en France, des cliniques aussi - il ne faut pas les oublier, elles participent à notre système de soins..."
Cliniques qui sont en grève aussi de temps en temps.
- "Ouin mais qui vraiment nous donnent des soins d'une très grande qualité. C'est vrai que l'exigence des malades, l'exigence des pouvoirs publics vis-à-vis de l'hôpital est sans cesse plus grande. Par exemple, nous avons imposé à l'hôpital des règles draconiennes en matière de sécurité, surtout après le problème de la vache folle pour la stérilisation des instruments pour éviter les maladies nosocomiales. Donc c'est vrai que l'exigence est toujours plus grande vis-à-vis des hôpitaux, que les personnels font face, avec une compétence, un dévouement extraordinaire - on l'a vu après l'accident de Toulouse, il y a eu une mobilisation formidable. Ces demandes toujours croissantes font qu'il faut augmenter toujours les moyens pour l'hôpital, ce que nous avons fait depuis quelques années de façon considérable. Nous avons triplé l'augmentation annuelle de l'enveloppe pour l'hôpital. Là, nous avons décidé, - parce que les députés nous ont dit que ce que nous proposons est bien, nous avons tout de même injecté 10 milliards de plus pour l'hôpital depuis trois ans, entre la revalorisation des formations, les salaires des personnels -, de mettre 3,9 milliards de plus, dont 1,9 milliard qui arriveront avant la fin de l'année. J'ai réuni les directeurs des Agences régionales pour leur dire qu'il faut engager ces crédits rapidement, il y a trop de tension sur les personnels. On a besoin d'améliorer leurs conditions de travail, de sécurité et le fonctionnement."
Vous avez également un autre texte très important en préparation qui est celui de la modernisation sociale. Il va durcir les conditions de licenciement. Les patrons sont vent debout contre ce texte, est-ce que l'on va vers un bras de fer avec les patrons ?
- "Ce texte demande aux chefs d'entreprise d'engager un dialogue avec leurs salariés en amont des décisions de restructuration, sur la stratégie de l'entreprise. Cela me paraît normal et ce qui me paraît anormal, c'est que les discussions avec les salariés n'interviennent que quand il y a des licenciements, c'est-à-dire sur le niveau des licenciements ou sur le nom des salariés concernés. Heureusement, beaucoup de grands groupes ne procèdent plus comme ça, mais la loi que je fais voter, qui arrive maintenant en bout de course au Parlement, est destinée à cela : que les salariés aient le droit à la parole sur la stratégie de l'entreprise. Qu'ils puissent poser des questions, proposer des alternatives. Beaucoup de patrons s'imaginent qu'on allonge les délais - on allonge les délais, oui, pour permettre à un médiateur, le cas échéant, d'intervenir - mais de vingt et un jours."
Ce qui inquiète aussi les patrons, c'est la situation économique, sans parler des chiffres du chômage que l'on connaîtra dans la journée. Est-ce que vous pensez que la crise économique en France va s'aggraver, est-ce que la France est en risque de récession ?
- "Pour l'instant, nous ne voyons pas ce risque. C'est vrai qu'il reste encore très difficile d'évaluer les conséquences des événements tragiques du 11 septembre. Aujourd'hui, nous observons un ralentissement depuis le début de l'année - nous l'avons pris dans nos comptes, dans le budget, dans les prévisions de Sécurité sociale -, qui fait que nous observons une légère remontée du chômage depuis trois ou quatre mois. Nous pensons que cette situation de ralentissement est temporaire et que l'économie va reprendre en 2002. C'est ce qui nous paraît le plus logique, d'abord parce que les Etats-Unis ont injecté massivement de l'argent dans l'économie, les taux d'intérêt ont beaucoup baissé. En Europe, il y a encore de la marge pour la baisse des taux d'intérêt. Nous-mêmes, nous avons soutenu avec la Prime pour l'emploi, avec les mesures..."
C'est suffisant comme mesures ?
- "Pour l'instant, cela nous paraît suffisant. Mais nous sommes très réactifs : j'ai décidé, par exemple, depuis le mois de juillet, d'augmenter de 100.000 le nombre de contrats aidés de retour à l'emploi, destinés aux personnes qui sont les plus fragiles par rapport à l'emploi, celles dont on se débarrasse le plus facilement ou celles qui ont des difficultés à revenir vers l'emploi - qui ont du travail partiel par exemple. 100.000 emplois aidés de plus sont donc aujourd'hui proposés par les Directions départementales du travail et je veille à ce que ce programme soit vraiment appliqué sur le terrain. J'y vais moi-même et j'ai désigné une personne spécialement chargée de cela, pour être sûre que les dispositifs que nous avons sont vraiment utilisés à plein. Nous réagissons, nous tachons d'anticiper. Pour l'instant, nous pensons que nos prévisions de reprise l'année prochaine devraient être satisfaites."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 31 octobre 2001)
- "C'est votre façon de présenter les choses. Il fallait cet argent pour l'hôpital. Je vais quand même rappeler que le budget de la Sécurité sociale, qui a été adopté avec treize voix d'écart, c'est plus de 2.000 milliards de francs, c'est-à-dire plus que le budget de l'Etat et nous avons rétabli l'équilibre de la Sécurité sociale. Il faut se souvenir qu'il y a quelques années, on avait un déficit qui dépassait les 200 milliards de francs sur quatre ans. Aujourd'hui, nous avons un excédent qui est d'une vingtaine de milliards de francs. Donc avec cet excédent de la Sécurité sociale, nous pouvons financer des actions qui sont extrêmement importantes pour la vie quotidienne des Françaises et des Français. Par exemple, dans ce budget, nous avons décidé que tous les enfants de 6 ans et que tous les enfants de 12 ans bénéficieraient d'un examen des dents gratuit, 1.400.000 enfants, parce qu'on a trop de caries dentaires en France, alors que cela été éradiqué dans d'autres pays européens. Nous allons aussi supprimer l'entente préalable pour un certain nombre d'opérations sur les dents, notamment pour les personnes âgées. Nous avons encore décidé, avec ce budget, de permettre de donner des aides à l'installation pour les médecins et les infirmières dans les zones rurales - il n'y en a pas assez - ou dans les zones urbaines qui sont difficiles. Pour les familles, nous avons, grâce à ce budget, le congé de paternité qui est de deux semaines, nous avons ensuite décidé d'augmenter les places de crèches - il y en aura 20.000 de plus - , nous avons aussi décidé d'augmenter l'allocation pour les parents qui ont des enfants malades pour qu'ils puissent rester auprès d'eux - plus de 5.000 francs par mois au lieu de 3.000 - et de desserrer les conditions d'attribution. Vous voyez que c'est extrêmement concret et je ne vous parle pas de l'indemnisation des accidents du travail, c'est très important. Nous allons, pour les victimes de l'amiante, fléau terrible, dans ce budget, nous avons voté plus de 3 milliards de francs pour le fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante. Ce sont des mesures concrètes. Alors on peut en venir à l'hôpital si vous voulez maintenant !"
Est-ce que la rallonge accordée aux hôpitaux va suffir pour désamorcer la grogne et les grèves à répétition dans les hôpitaux ?
- "Nous avons le système de santé le plus performant du monde, c'est l'Organisation mondiale de la santé qui le dit. Donc nous avons des hôpitaux en France, des cliniques aussi - il ne faut pas les oublier, elles participent à notre système de soins..."
Cliniques qui sont en grève aussi de temps en temps.
- "Ouin mais qui vraiment nous donnent des soins d'une très grande qualité. C'est vrai que l'exigence des malades, l'exigence des pouvoirs publics vis-à-vis de l'hôpital est sans cesse plus grande. Par exemple, nous avons imposé à l'hôpital des règles draconiennes en matière de sécurité, surtout après le problème de la vache folle pour la stérilisation des instruments pour éviter les maladies nosocomiales. Donc c'est vrai que l'exigence est toujours plus grande vis-à-vis des hôpitaux, que les personnels font face, avec une compétence, un dévouement extraordinaire - on l'a vu après l'accident de Toulouse, il y a eu une mobilisation formidable. Ces demandes toujours croissantes font qu'il faut augmenter toujours les moyens pour l'hôpital, ce que nous avons fait depuis quelques années de façon considérable. Nous avons triplé l'augmentation annuelle de l'enveloppe pour l'hôpital. Là, nous avons décidé, - parce que les députés nous ont dit que ce que nous proposons est bien, nous avons tout de même injecté 10 milliards de plus pour l'hôpital depuis trois ans, entre la revalorisation des formations, les salaires des personnels -, de mettre 3,9 milliards de plus, dont 1,9 milliard qui arriveront avant la fin de l'année. J'ai réuni les directeurs des Agences régionales pour leur dire qu'il faut engager ces crédits rapidement, il y a trop de tension sur les personnels. On a besoin d'améliorer leurs conditions de travail, de sécurité et le fonctionnement."
Vous avez également un autre texte très important en préparation qui est celui de la modernisation sociale. Il va durcir les conditions de licenciement. Les patrons sont vent debout contre ce texte, est-ce que l'on va vers un bras de fer avec les patrons ?
- "Ce texte demande aux chefs d'entreprise d'engager un dialogue avec leurs salariés en amont des décisions de restructuration, sur la stratégie de l'entreprise. Cela me paraît normal et ce qui me paraît anormal, c'est que les discussions avec les salariés n'interviennent que quand il y a des licenciements, c'est-à-dire sur le niveau des licenciements ou sur le nom des salariés concernés. Heureusement, beaucoup de grands groupes ne procèdent plus comme ça, mais la loi que je fais voter, qui arrive maintenant en bout de course au Parlement, est destinée à cela : que les salariés aient le droit à la parole sur la stratégie de l'entreprise. Qu'ils puissent poser des questions, proposer des alternatives. Beaucoup de patrons s'imaginent qu'on allonge les délais - on allonge les délais, oui, pour permettre à un médiateur, le cas échéant, d'intervenir - mais de vingt et un jours."
Ce qui inquiète aussi les patrons, c'est la situation économique, sans parler des chiffres du chômage que l'on connaîtra dans la journée. Est-ce que vous pensez que la crise économique en France va s'aggraver, est-ce que la France est en risque de récession ?
- "Pour l'instant, nous ne voyons pas ce risque. C'est vrai qu'il reste encore très difficile d'évaluer les conséquences des événements tragiques du 11 septembre. Aujourd'hui, nous observons un ralentissement depuis le début de l'année - nous l'avons pris dans nos comptes, dans le budget, dans les prévisions de Sécurité sociale -, qui fait que nous observons une légère remontée du chômage depuis trois ou quatre mois. Nous pensons que cette situation de ralentissement est temporaire et que l'économie va reprendre en 2002. C'est ce qui nous paraît le plus logique, d'abord parce que les Etats-Unis ont injecté massivement de l'argent dans l'économie, les taux d'intérêt ont beaucoup baissé. En Europe, il y a encore de la marge pour la baisse des taux d'intérêt. Nous-mêmes, nous avons soutenu avec la Prime pour l'emploi, avec les mesures..."
C'est suffisant comme mesures ?
- "Pour l'instant, cela nous paraît suffisant. Mais nous sommes très réactifs : j'ai décidé, par exemple, depuis le mois de juillet, d'augmenter de 100.000 le nombre de contrats aidés de retour à l'emploi, destinés aux personnes qui sont les plus fragiles par rapport à l'emploi, celles dont on se débarrasse le plus facilement ou celles qui ont des difficultés à revenir vers l'emploi - qui ont du travail partiel par exemple. 100.000 emplois aidés de plus sont donc aujourd'hui proposés par les Directions départementales du travail et je veille à ce que ce programme soit vraiment appliqué sur le terrain. J'y vais moi-même et j'ai désigné une personne spécialement chargée de cela, pour être sûre que les dispositifs que nous avons sont vraiment utilisés à plein. Nous réagissons, nous tachons d'anticiper. Pour l'instant, nous pensons que nos prévisions de reprise l'année prochaine devraient être satisfaites."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 31 octobre 2001)