Déclaration de Mme Dominique Voynet, secrétaire nationale des Verts, sur les propositions des Verts pour un développement durable et solidaire, Dunkerque le 29 janvier 2002.

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Circonstance : Meeting de campagne pour l'élection présidentielle à Dunkerque (Nord) le 29 janvier 2002

Texte intégral

Mesdames, messieurs,
Cher(e)s ami(e)s,
Le 17 janvier dernier, Noël Mamère, candidat des Verts à l'élection présidentielle, a lancé sa campagne à Toulouse. Toulouse, devenue tragiquement depuis le 21 septembre, le symbole de ces risques industriels longtemps dénoncés par les écologistes et perçus désormais comme très sérieux pour beaucoup.
Il m'est agréable, comme Secrétaire nationale des Verts, d'ouvrir à Dunkerque un cycle de plusieurs centaines de réunions publiques de soutien à Noël Mamère.
Vous vivez dans une région où l'on ne se paye pas de discours. Ici l'histoire du 20è siècle, ses conflits, ses espoirs, ses façons successives de produire de la richesse, ses luttes sociales, ont marqué le paysage, les territoires et les gens.
L'agglomération dunkerquoise, en pleine évolution, ouverte sur l'Europe et sur le monde, est bien placée pour sentir combien nos sociétés sont en train de changer ; pour comprendre à quel point les solutions anciennes se suffiront pas pour imaginer des chemins nouveaux.
Dans cette campagne présidentielle, et dans les législatives qui suivront, nous voulons, nous les Verts, du local au global souligner quatre enjeux décisifs pour les années qui viennent :
1.- La nécessité, pour préserver notre planète et l'avenir de nos enfants, de mieux maîtriser les évolutions technologiques et scientifiques.
2.- L'urgence qu'il y a, à renouveler, à tous les niveaux, notre démocratie.
3.- L'impératif absolu de nouvelles sécurités et de nouvelles solidarités humaines.
4.- Enfin, les réformes de notre façon de gouverner les affaires du monde.

Sur chacun de ces enjeux, je voudrais vous dire quels mots, avant que nous n'engagions en particulier sur les thèmes que vous avez prévus, un débat et un échange plus directs.
Alors, le premier point, c'est-à-dire la maîtrise collective des évolutions technologiques et scientifiques.
Pendant les cinquante dernières années, on nous a répété, à droite comme à gauche d'ailleurs, que la croissance et le progrès allaient en eux-mêmes tirer les femmes et les hommes vers le bonheur. Il suffisait en somme de les accompagner, et le cas échéant d'en faire un bon partage.
Jusqu'à un certain moment, on a pu se dire que c'était vrai. La médecine a fait reculer de graves pathologies ; les techniques agricoles ont permis de nourrir en premier lieu l'Europe, puis une partie de l'humanité. Le développement sans précédent de la production d'énergie a accru la capacité industrielle, la mobilité et les transports. Le niveau de vie, la durée de vie, ont augmenté de façon très significative. Relisons nos livres d'histoire et de géographie, rappelons-nous les illustrations et les graphiques : tout cela ne devait avoir ni fin ni limites.
Et puis, au milieu des années 70, il y a eu les premières alertes : les tensions sur le marché du pétrole, la crise économique, l'explosion du chômage, les restructurations industrielles dont vous avez si intensément vécu ici les conséquences. Et déjà la longue série des catastrophes maritimes...
Et puis, il y a eu un tout petit peu plus tard, les premiers grands accidents industriels et écologiques : l'usine chimique de Bhopal, d'Union Carbide (vous savez les piles UCAR) en 1984, qui a fait 1 200 morts et des milliers d'aveugles ; puis deux ans plus tard, Tchernobyl bien sûr, dont les conséquences humaines, médicales, sont encore incalculables.
Et puis, au-delà de ces catastrophes, qui se sont d'ailleurs multipliées sur tous les continents, on est passé à des inquiétudes plus graves encore sur le court, le moyen et le long terme.
Le risque de changement climatique, causé par l'émission trop forte de gaz à effet de serre, a d'abord été contesté par une partie des experts et des savants ; il ne l'est plus aujourd'hui pas plus que n'est discutée l'origine humaine de la destruction de la couche d'ozone.
La tempête de 1999, certaines inondations récentes en France peut-être, ont attiré l'attention de nos concitoyens.
Plus loin de nous, la désertification, la déforestation, le risque de montée des eaux, annoncent des catastrophes encore plus terribles ; ne croyons pas que ces processus n'auront aucune conséquence sur le monde. La question des réfugiés écologiques va devenir au 21è siècle, une des questions démographiques majeures.
Dans notre propre quotidien, nous commençons à ressentir les effets d'un développement technologique mal maîtrisé : des régions commencent à être privées d'eau potable au robinet ; la plupart de nos villes sont asphyxiées de pollutions diverses et variées. C'est un des sujets sur lesquels vous êtes ici le plus mobilisés et le plus vigilants.
La qualité de notre alimentation et de notre santé est gravement mise en cause par une épidémie comme l'ESB :
Vache folle, mouton fou, poulet dioxine : les journaux en parlent moins mais ce n'est pas fini ... Pas plus que les drames qui ont frappé ici des milliers d'ouvriers comme l'amiante, ou les éthers de glycol !
La question posée par les écologistes, n'est pas de savoir si une société doit accepter de prendre des risques ou pas. Elle en prend évidemment toujours...
La question est de savoir qui décide de ces risques, comment on les réduit, qui fait les choix, et le cas échéant, qui est responsable.
Qui a décidé, dans le secret de quel laboratoire, que telle catégorie de ruminants pouvait être transformée en carnivore ?
Après quel débat et quelle évaluation connue de leurs dangers, la multinationale MONSANTO a-t-elle pu tenter d'inonder le monde d'OGM, en aggravant la dépendance des paysans et en faisant courir à la biodiversité d'énormes dangers ?
Est-il normal que quelques multinationales - toujours les mêmes et parmi elles la compagnie Total - décident quand elles veulent et presque où elles veulent, de l'implantation d'usines fabriquant des produits particulièrement toxiques, ou qu'elles continuent à trimballer sur nos routes et sur nos mers de véritables bombes à pollution ?
Alors en général, on raisonne après les catastrophes, rarement avant. Nos sociétés fonctionnent essentiellement dans la réparation. Elles préfèrent payer ses sommes fabuleuses après, que d'investir pour éviter les drames. Il est vrai que tout ça créé un marché énorme pour les assurances qui ne se font tirer l'oreille que pour payer, comme aujourd'hui à Toulouse. Et je ne dis rien des batailles d'arrière garde pour retarder les procès et diluer les responsabilités : dix ans, voilà le temps qu'il a fallu pour que les victimes de la catastrophe de la raffinerie de La Mede - encore Total - ne puissent entendre justice.
Quand il s'agit de percevoir les primes, elles vont plus vite : rappelez-vous cette compagnie française qui a augmenté de 10 fois le tarif pour certaines catégories de handicapés !
Bien sûr je me réjouis par exemple que Bernard Kouchner ait lancé hier un plan pour mieux détecter et prendre en charge l'asthme, mais c'est en amont avant tout, qu'il faut faire porter l'effort, en particulier dans les innombrables milieux professionnels concernés.
Pour cela les Verts proposent d'autres politiques.
Prévention, Protection, Précaution. Choisir sa vie et maîtriser ses risques : tout cela passe par la possibilité donnée à chacun de redevenir responsable de ses actes, par le rétablissement de la diversité, par la restauration de la pluralité.
Vous me pardonnerez cette évidence, mais pour pouvoir faire des choix, il faut qu'il y ait le choix entre plusieurs solutions !
Que la recherche publique ait exploré plusieurs hypothèses et non une seule ! Que les facultés de médecine dispensent des enseignements adaptés aux nouveaux problèmes de santé environnementale. Qu'on apprenne dans les écoles d'ingénieurs toutes les technologies et non une seule.
Il faut qu'on répartisse les investissements et le capital disponible non pas sur quelques systèmes connus, lourds, mais sur des dispositifs flexibles, réversibles, et décentralisés.
Et cela dans tous les domaines.
Dans celui des déchets, où le tout incinérateur sur-dimensionné a fait tellement de mal, et où il est temps de voir le problème à la source.
Dans celui de l'agriculture : pour respecter la ressource rare, et l'eau en particulier, la biodiversité, les paysages et aussi pour maintenir l'activité des paysans.
Dans le domaine des transports : avec 40 000 morts par an sur les routes européennes, avec une prévision d'augmentation de 50 % du trafic des poids lourds dans les 10 ans, il devient urgent de rationaliser les déplacements, de relocaliser les activités, de donner la priorité aux moyens collectifs. Il est possible de diversifier et de rendre complémentaires les modes d'acheminement des marchandises en faisant un effort particulier pour le ferroutage, le cabotage et la voie d'eau.

Il faut enfin d'autres choix, technologiques en matière d'énergie, pour ne pas laisser à nos enfants le poids de la gestion de nos propres aberrations comme c'est le cas avec le nucléaire.
Oui, contrairement à ce que disent en coeur, M. Pierret, Secrétaire d'Etat à l'industrie et M. Maurel, PDG de Framatome, le temps vient d'envisager sur une génération la sortie du nucléaire et de s'y préparer ; de ramener dans les années à venir la part du nucléaire à 60 % de la production d'électricité ; de reconvertir l'usine de la Hague sans supprimer un seul emploi, en usine de conditionnement de déchets bruts au lieu de mener des milliers d'emplois à la catastrophe avec une filière de retraitement ringarde, dangereuse, et dont les contrats s'écroulent les uns après les autres.
On touche là, vous l'avez compris, au second grand enjeu de cette élection présidentielle, à savoir l'engagement d'une vraie démarche de renouvellement de notre démocratie.
Hélas, les Verts sont trop souvent seuls à le dire : notre modèle de développement, et particulièrement en France - s'est appuyé depuis la 2è guerre mondiale sur la constitution progressive et la domination de groupes de pression, de castes et de lobbies.
Ceux-ci imposent leurs intérêts et leur pensée unique ; ils monopolisent les postes publics et privés ; ils faussent l'information...
Essayez, comme moi-même hier au Ministère, ou comme Yves Cochet aujourd'hui, d'agir dans le sens de la prévention des catastrophes ou des risques industriels : vous les verrez s'agiter, faire du chantage à l'emploi, au retard industriel...
Essayez de promouvoir les alternatives au tout autoroute, au tout camions, au tout pesticides, en proposant, à dose même raisonnable, une réorientation des aides publiques ou une autre fiscalité : vous les verrez monter au créneau, mobiliser certains réseaux d'élus, barrer les routes et perturber les campagnes électorales.
Voilà pourquoi, ouvrir le chantier de la démocratie, c'est aujourd'hui la condition de la réforme. Et cela de bas en haut, et j'allais dire de long en large et en travers.
Il faut commencer par l'avancée vers des procédures transparentes de débat public. En offrant aux citoyens, la possibilité réelle de s'exprimer et la possibilité d'accès aux informations. Nous avons fait quelques pas dans la bonne direction, avec par exemple la conférence des citoyens sur les OGM. Des progrès législatifs ont été accomplis dans le cadre de la loi sur la démocratie de proximité.
Mais on mesure la distance à parcourir quand on voit les conditions dans lesquelles ont été prises les mauvaises décisions de construire un troisième aéroport en grande région Ile de France ; quand on voit qu'on s'apprête à rouvrir le tunnel de Mont-Blanc au grand trafic international de camions sans avancée suffisante, sur des projets conséquents de franchissement des Alpes par d'autres moyens que la route, sans réflexion globale sur la maîtrise des flux européens de marchandises.
Il faut poursuivre l'effort ensuite vers plus de démocratie dans la proximité : Nous devons faciliter l'accès du plus grand nombre à l'exercice de la responsabilité : donner aux conseils de quartier une véritable indépendance, comme les élus verts essaient de le faire ici, et non les mettre sous la coupe des conseils municipaux. Doter les élus, d'un véritable statut. Poursuivre la bataille de la parité, parvenir à une part de proportionnelle à toutes les élections, afin de favoriser la représentation d'autres groupes sociaux et des nouvelles générations. Accorder bien sûr le droit de vote aux élections locales pour les étrangers résidant en France depuis 5 ans.
Il faut démocratiser aussi la négociation sociale, dans et à l'extérieur de l'entreprise. Il n'est pas logique que les chômeurs ne soient toujours pas (ou presque) représentés dans les organismes où les caisses qui traitent de leur avenir. Il reste étonnant que les associations de consommateurs, d'usagers, le soient insuffisamment dans la gestion des services publics, par exemple les hôpitaux.
Il est archaïque qu'on ne discute pas au niveau local des problèmes d'usage collectif du temps, des horaires d'ouverture par exemple des services à la population. Il est anormal que les décisions concernant l'avenir de nos retraites et qui nécessitent des choix complexes - (Plus de cotisations ou des cotisations plus longtemps par exemple ?) ne soient pas précédés d'un vaste débat sur les lieux de travail et dans chaque commune de France.
Enfin, dernier volet du chantier démocratie, on ne peut plus échapper ni à une réforme constitutionnelle, ni à une vraie réforme de l'Etat.
Redonner à l'Assemblée Nationale son rôle d'initiative et de contrôle, transformer le Sénat en véritable chambre des régions, faire du Conseil Constitutionnel une véritable cour constitutionnelle, pouvant être saisie par les citoyens, retrouver le référendum d'initiative populaire, voilà une première vague nécessaire.
Elle doit s'accompagner d'une poursuite de la décentralisation donnant aux régions davantage de rôle, d'une réduction du nombre d'échelons administratifs, d'une élection au suffrage universel des responsables d'agglomération et de pays,... Le rôle des préfets devrait être redéfini, ainsi que les modalités de recrutement des hauts dirigeants de la fonction publique.
Vous le constatez, les propositions vertes sur la démocratie tranchent avec les discours conservateurs, les faux-semblants.
Les enjeux sont lourds : comment croire sinon qu'on sera à la hauteur des défis qui se présentent ?

J'en viens ainsi à la troisième grande priorité des verts dans cette campagne : l'impératif absolu de nouvelles sécurités et de nouvelles solidarités humaines :
Chez nous comme ailleurs, les inégalités minent le civisme, le dialogue social et la responsabilité. Elles se concentrent toujours sur les mêmes. Les victimes du bruit, de la pollution de l'air ou des sols, de la mal bouffe et de la mal vie sont aussi souvent les victimes du chômage, de la pauvreté, de l'exclusion. Les chiffres que je lisais en venant, concernant votre agglomération, confirment cette réalité.
Dans la majorité plurielle, les Verts revendiquent les progrès accomplis depuis 1997. Ce n'est pas rien, en créant 1,5 million d'emplois, grâce aux 35 heures et aux emplois jeunes, d'avoir fait disparaître un million de chômeurs. Ce n'est pas rien d'avoir initié la CMU qui garantit des soins à cinq millions de personnes, et d'avoir installé l'Allocation Personnalisée d'Autonomie qui va réduire considérablement la dépendance. Ce n'est pas rien non plus de contraindre les communes les plus riches à s'acquitter du devoir de construction d'un minimum de logements sociaux.
Mais si nous avons commencé à inverser une tendance négative qu'avaient aggravées les années Balladur puis Juppé, il y a encore plus de chemin à parcourir.
Il reste, si l'on peut dire, encore 2 millions de chômeurs et plus encore de précaires et de travailleurs pauvres ! Des chiffres, aujourd'hui même, indiquent que 100 000 personnes sont sans domicile fixe. Dans certaines villes du Dunkerquois, vous le savez, une personne sur six vit sous le régime des minima sociaux !
Il n'est pas vrai là encore, comme pour le progrès technique dont je parlais tout-à-l'heure, qu'il suffira d'attendre la croissance, la reprise américaine ou je ne sais trop quoi, pour que les choses aillent bien. Surtout quand cette croissance est incertaine ; surtout quand les secousses internationales se traduisent par des charrettes de licenciements dans tous les secteurs phare de la surconsommation de masse, téléphonie, informatique, automobile, électroménager, agro-alimentaire, ...
La lutte contre les inégalités, implique une action volontaire fondée sur des priorités.
Priorité n° 1 : Une autre politique des revenus : nous soumettons au débat électoral la proposition du SMIC à 1 000 euros, le relèvement de tous les minima sociaux et leur indexation sur les revenus du travail, un revenu d'autonomie pour les 18/25 ans, une réforme fiscale profonde faisant porter l'impact avant tout sur les profits et le gaspillage plutôt que sur les revenus du travail - ou le travail lui-même.
Priorité n° 2 : Une politique en faveur d'emplois de qualité : plutôt que le financement des emplois peu qualifiés sur des activités de bas de gamme, les Verts souhaitent qu'on favorise les filières à fort contenu de qualification, et la formation professionnelle tout au long de la vie.
Comme Ministre de l'Environnement, j'ai rencontré les chefs d'entreprises des plus grands groupes industriels, et je le dis avec force : il n'est pas vrai qu'environnement et emploi soient contradictoires ! Les technologies propres, les techniques de dépollution, l'instrumentation de mesure et de prévision des risques naturels, les process écologiques, l'écologie industrielle, les écoproduits, sont l'avenir de l'industrie, y compris de la chimie. Ceux qui investiront dans le développement durable resteront ; ceux qui ne le feront pas, iront dans le mur !
Priorité n° 3 : La poursuite du partage du travail : Nous redoutons le risque d'une division des salariés en deux : ceux qui bénéficieraient des 35 heures dans les grandes entreprises d'un côté, et de l'autre les salariés des PME qui ne verraient rien venir ou ceux de la fonction publique qui connaîtraient une surcharge de travail.
Il y a donc une certaine urgence à résorber cette différence.
Il est même possible d'aller plus loin - ou ailleurs - dans certains cas. Les Verts sont favorables à ce qu'on réunisse les conditions d'une expérimentation sur une grande échelle de la semaine de 4 jours ainsi que la possibilité d'une année sabbatique tous les 9 ans.
Priorité n° 4 : La rénovation de nos services publics : Il y a aujourd'hui d'autres priorités que des baisses d'impôts mal ciblées et indistincte socialement. Il y a d'autres gaspillages à réduire, d'autres économies à faire que le rabiotage et le mégotage des moyens des écoles, des hôpitaux et de la justice.
Pour que nos services publics soient plus efficaces, il importe aujourd'hui, sur la base d'un cahier des charges unique, de les décentraliser davantage, de donner plus d'autonomie aux équipes de terrain, de les coordonner mieux.
Priorité n° 5 : Retisser le lien social dans la proximité :
Les Verts refusent en l'affaire la démagogie ambiante. Oui, notre société sécrète la violence sur les personnes et entre les personnes. Oui, il faut s'occuper mieux des victimes, et donner à chaque acte de délinquance ou d'incivilité une réponse proportionnée.
Mais, la réponse proportionnée et efficace, ce n'est pas l'incarcération systématique, la gesticulation policière en période électorale ou la justice d'abattage qui frappe les pauvres à la chaîne.
Améliorer la police de proximité, réorganiser localement les dispositifs de police, réprimer les grands trafic et la criminalité organisée - y compris quand il faut mettre en cause le laxisme des grandes banques, donner des moyens aux juges, aux éducateurs, aux travailleurs sociaux, voilà ce que proposent les verts.
La renaissance des commerces et des activités dans les quartiers et les cités, le soutien aux associations d'habitants pour le développement de l'économie sociale et solidaire, la rénovation des logements, voilà la politique lente, patiente, dont ont besoin nos villes.
Cher(e)s ami(e)s, cet ensemble de propositions pour la réduction des inégalités et pour les solidarités, m'amènent à conclure cette (trop longue) introduction par quelques mots sur le quatrième et dernier enjeu de l'élection présidentielle, à savoir les réformes nécessaires dans notre façon de gouverner les affaires du monde.
Vous vivez ici dans un environnement mondialisé : le moindre soubresaut économique a des répercussions sur le niveau d'activité du port. La moindre décision prise dans un bureau à Londres, à New-York ou à La Défense, a des répercussions sur le moindre de vos quartiers : vous connaissez donc la fragilité de nos organisations et les interdépendances de la société globalisée !
Les événements du 11 septembre dernier ont été l'occasion, pour chaque habitant des pays riches, de prendre conscience des risques énormes de terrorisme, d'instabilité et de guerre, auxquels nous amène la réalité terrible des inégalités entre les peuples, les Etats et les Régions.
Je ne suis pas certaine malheureusement que les USA aient bien tiré les leçons de tout cela, eux qui poursuivent leur politique d'intervention unilatérale, qui continuent à refuser l'installation d'une justice internationale et viennent de relancer la course aux armements à travers leur projet de boucliers anti-missiles.
Depuis 48 heures en tout cas, s'est ouvert à Porto Alègre, le second sommet social mondial. Noël Mamère y est présent pour dialoguer avec les mouvements de résistance à la mondialisation libérale.
Abolition de la dette des pays pauvres ; lutte contre la spéculation financière et les paradis fiscaux ; réforme du FMI et de la Banque mondiale ; création d'une Organisation Mondiale de l'Environnement pour faire contrepoids à l'OMC qui ne doit ni tout régenter ni tout arbitrer : Les Verts s'efforcent de placer les questions internationales au coeur du débat des présidentielles et des législatives.
Dans tout cela en effet, la France n'est pas exempte de grandes responsabilités : allons-nous, oui ou non, porter le niveau de notre action de coopération, à 1 % du PIB ? Allons-nous soutenir les initiatives civiles de prévention et de médiation dans les conflits où c'est encore possible ? Allons-nous faire entendre la voix de la France, dans le silence retentissant qui entoure les conflits d'Afrique ou de Tchétchénie ? Allons-nous laisser M. Bush porter le coup de grâce à l'Autorité Palestinienne ?
Allons-nous enfin nous engager dans le sens de la constitution fédérale européenne, des politiques européennes sociales, environnementales et fiscales communes qui nous font tant défaut ?
Cher(e)s ami(e)s,
Mesdames, messieurs,
Je trouve comme vous, et comme 2/3 de nos concitoyens si j'en crois la lecture des journaux, que le retard pris par les candidats officiels ou disponibles à débattre sur les enjeux de fond, est fort regrettable.
La course de lenteur, les petites phrases et tout le reste, contribuent à donner de la politique une mauvaise image.
Je redoute que le vide du spectacle ne révèle en fait soit le vide des projets, soit le fait qu'ils sont un peu trop classiques :
à droite, on rabâche une politique dogmatique de baisse des tranches supérieures de l'impôt, de privatisation de la sécurité sociale et des services publics, de rabotage du droit du travail et d'effacement de l'Etat en matière sociale et environnementale. Confondant comme d'habitude intérêt public et intérêt privé, Jacques Chirac a concocté à l'Elysée un programme paresseux : son projet, c'est Balladur-Juppé 1993-97, revisité par Seillères, Berlusconi et Bush 2 001 !

Du côté de nos partenaires socialistes, c'est mieux, mais on voit que les négociations internes ont du être laborieuses ; le résultat : un projet d'accompagnement bien prudent d'évolutions économiques auxquelles on ne souhaite pas vraiment toucher, une trop faible dose d'environnement, et pour le reste, les postures bien classiques : croissance, relance, mais pour quel contenu, pour qui, avec quelle durabilité ?

Voilà pourquoi le résultat des Verts sera si important au soir du 21 avril. Il décidera de l'avenir de notre pays ; il décidera de l'avenir de la gauche.
Si nous comptons suffisamment, alors on pourra réellement commencer à aller au fond des choses.
Alors, les lobbies et les conservatismes qui pèsent sur la classe politique devront reculer. Alors la coalition de majorité plurielle pourra reprendre les couleurs qu'elle a eu un peu tendance à perdre depuis quelques temps !
Je suis sûre que vous entendrez l'appel de notre candidat et qu'il saura convaincre nos concitoyens.
Le 21 avril, je suis sûre que pour un développement durable et solidaire, vous voterez et vous ferez voter Noël Mamère !

(source http://www.les-verts.org, le 11 février 2002)