Texte intégral
Mes chers collègues,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, Chers amis,
Voici donc revenu le temps charmant des voeux qui sont un peu, pour chacun d'entre nous, ce que les cerises sont au printemps : le temps des espoirs et des souhaits que l'approche des échéances électorales transforme parfois en promesses inconsidérées.
Mais, rassurez-vous, je ne suis qu'un très improbable candidat à l'élection présidentielle...
2002 : à l'orée de cette nouvelle année, ce siècle, le XXIème, a deux ans.
Vous me pardonnerez, chers amis, ce clin d'oeil à Victor Hugo, cette légende des siècles, ce génie protéiforme, cet " homme océan " dont nous commémorerons cette année le bicentenaire de la naissance.
Mais il m'était impossible, pour au moins deux raisons, de ne pas faire référence à ce géant qui, par son itinéraire politique, incarne et résume, à lui seul, ce beau XIXème siècle, tout à la fois pétri du siècle des lumières et épris de progrès social.
En premier lieu, il m'était impossible d'oublier, au moment où l'euro devient enfin une réalité concrète pour 300 millions d'européens, que ce visionnaire fut, dès 1855, l'apôtre de la monnaie unique européenne, cette " monnaie continentale ", cette " monnaie une ", qui, - je le cite encore -, " remplacerait et résorberait toutes les absurdes variétés monétaires d'aujourd'hui, effigies de princes, figures des misères ".
Certes les effigies ont changé, avec l'avènement de la démocratie, et le petit Prince de Saint-Exupéry, figure de la douceur enfantine, a même remplacé, sur un billet, le visage buriné de Victor Hugo ; mais nos amis britanniques devraient néanmoins méditer cette phrase du proscrit de Guernesey...
En second lieu, il m'était impossible de ne pas faire appel à Victor Hugo, ce chantre du progrès humain, cet avocat de la République universelle, cet apôtre de la Paix perpétuelle, pour éclairer d'une lumière humaniste et optimiste, ce XXIème siècle qui est sans doute né ce funeste mardi noir du 11 septembre 2001.
Ce jour là, l'humanité toute entière, saisie de stupéfaction et d'horreur, a assisté, en direct, à la naissance d'un hyperterrorisme suicidaire, froid, calculateur et organisé dont la haine est le seul ressort.
Ce jour là, les Etats-Unis, qui constituent pourtant le centre du système international, ont, pour la première fois de leur histoire, pris conscience de leur vulnérabilité, même si vulnérabilité ne signifie pas faiblesse.
Ce jour là, l'humanité toute entière a éprouvé le sentiment diffus que rien ne serait plus comme avant et que le monde était entré dans l'ère de l'incertain.
Cette nouvelle donne internationale, faite d'incertitudes, contraste, en effet, avec le court XXème siècle. Ce siècle fut certes le siècle des extrêmes avec, d'une part, son funèbre cortège de guerres et de génocides, et d'autre part, son flux positif de progrès scientifiques, médicaux et technologiques, facteurs et vecteurs de progrès économique, social et humain.
Mais ce siècle expérimental fut un siècle prévisible, surtout durant la guerre froide, au cours de laquelle chacun des deux adversaires, - qu'opposaient pourtant deux visions du monde et de sa transformation -, anticipait les réactions de l'autre et savait, surtout depuis la crise de Cuba, jusqu'où ne pas aller trop loin.
Ce monde est désormais révolu ; mais loin de nous résigner à la fatalité de cette nouvelle barbarie, nous devons tirer les leçons du 11 septembre pour faire reculer cette incertitude et bâtir un monde solidaire, équitable et pacifié.
De l'horreur du 11 septembre doit naître une ardeur nouvelle pour dessiner de nouvelles perspectives et formuler de nouveaux projets politiques afin de rendre à jamais impossible la répétition de cette tragédie des temps modernes.
A cet égard, nous pouvons, d'ores et déjà, nous réjouir que nos amis américains, grâce aux recommandations de certains membres de la coalition, dont la France, aient évité, jusqu'à présent, de tomber dans le piège tendu par les terroristes, le pire des pièges, celui du choc des civilisations, du conflit des religions et de l'affrontement des cultures.
Aujourd'hui, il nous faut, à nous femmes et hommes de bonne volonté, tirer, pour notre pays et pour le monde, les leçons de cette horreur qui a endeuillé nos amis américains.
Pour notre pays, le séisme du mardi noir a souligné, si besoin en était, l'urgente nécessité et l'ardente obligation qui s'attachent à la restauration d'un Etat républicain, c'est-à-dire d'un Etat fort mais svelte, car recentré sur ses indispensables fonctions régaliennes et sur son rôle irremplaçable de garant de l'égalité des chances des citoyens et des territoires.
Un Etat fort, c'est-à-dire un Etat capable de faire régner les lois de la République sur tout le territoire national, sans exception, un Etat capable d'éradiquer les zones de non droit qui constituent une injure au principe républicain de l'égalité devant la loi, bref un Etat capable de faire reculer l'insécurité qui frappe surtout les plus démunis.
N'oublions pas que dans nos banlieues, des délinquants à la dérive, dépourvus de repères et ayant échappé à toute sanction peuvent être tentés de devenir des supplétifs des terroristes...
Un Etat fort et républicain, c'est-à-dire un Etat capable de remettre en marche la machine à intégrer, de replacer l'école de la promotion sociale au coeur de notre société et de restaurer les valeurs républicaines, aujourd'hui en déshérence, pour combler le vide spirituel de nos sociétés matérialistes.
La République, loin d'être une fédération de communautés, doit redevenir une communauté de citoyens.
Ce message de renouveau républicain, personne n'en a ou ne doit en avoir le monopole, surtout lorsque ceux qui tentent de se l'approprier le présentent de manière tronquée ou réductrice.
Car pour être fort et efficace, cet Etat républicain, restauré et rénové, devra être un Etat modeste et recentré sur sa raison d'être.
En effet, la réussite de cette République moderne, que j'appelle de mes voeux, passe par l'instauration d'une République territoriale avec la consécration constitutionnelle du concept d'autonomie locale dans toutes ses dimensions et la relance d'une décentralisation, pour tous mais à la carte, en métropole comme outre-mer, afin de continuer à libérer les énergies et les initiatives locales qui font la richesse de notre Nation.
Cet avènement de la République territoriale serait le contrepoint de l'inéluctable réforme de l'Etat à laquelle vont inciter la réforme de l'ordonnance organique sur les lois de finances, fruit d'une conjonction politique exceptionnelle, et surtout l'instauration de l'euro, baromètre des compétitivités respectives des entreprises et des structures administratives des Etats membres de l'Union européenne.
Rénover l'Etat républicain passe aussi par un approfondissement de la démocratie avec la recherche d'une synthèse harmonieuse entre la démocratie participative et la démocratie représentative.
Cette démarche suppose un renforcement des pouvoirs du Parlement afin d'accroître sa fonction d'instance de débat, son rôle de contrôleur de l'action du Gouvernement et sa mission d'éclaireur de l'avenir.
Renforcement d'un Parlement bicaméral, bien sûr, car comme l'écrivait Victor Hugo " La France gouvernée par une assemblée unique, c'est l'océan gouverné par l'ouragan "...
Le bicamérisme est à l'évidence un instrument de bonne gouvernance institutionnelle comme en témoigne son essor dans le monde et son succès auprès des jeunes démocraties.
Il est vrai que l'existence de deux chambres constitue un facteur d'amélioration de la production législative, un gage d'équilibre des pouvoirs et un outil au service d'une représentation plus harmonieuse des hommes, -terme générique qui embrasse les femmes-, et des territoires.
Rendre notre pays plus efficace, moderne et solidaire, mais aussi tenter d'apprivoiser et d'humaniser la mondialisation qui constitue un processus inéluctable, irréversible et, à terme, bénéfique pour tous.
Cette ambition passe, tout d'abord, par la concrétisation d'un impératif catégorique : réussir l'Europe, l'Europe de l'après euro, qui sera un sas entre le local et le global et un pôle de stabilité permettant de mieux maîtriser la mondialisation.
Ce besoin d'une Europe unie et intégrée, ce besoin des Etats-Unis d'Europe, que Victor Hugo appelait de ses veux, nos concitoyens l'expriment avec force comme en témoigne cette " europhorie " qui accompagne le passage à l'euro, après 641 ans de bons et loyaux services du franc.
Vecteur d'échanges économiques mais aussi culturels et humains, l'euro, cette utopie réaliste, va devenir un accélérateur de la conscience européenne.
Car loin d'être une fin en soi, l'euro est un début qui renforce l'urgente nécessité d'une convergence des politiques économiques et d'une harmonisation fiscale et sociale.
Réussir l'Europe c'est aussi parvenir à concilier une double exigence : celle de l'élargissement qui fera de l'Union européenne une puissance de 450 millions de citoyens ; celle de l'approfondissement de son intégration institutionnelle et politique pour éviter que l'Europe ne se dilue dans une simple zone de libre échange sans supplément d'âme.
A cet égard, il est indispensable d'humaniser les institutions européennes en faisant vivre le principe de subsidiarité dont la sauvegarde serait assurée par une seconde assemblée, le Sénat européen, composé, sur une base égalitaire, de représentants des Parlements des pays membres.
Géant économique, l'Europe ne saurait rester trop longtemps un nain politique, surtout à un moment où le récent sommet de Shangaï pourrait préfigurer un nouveau Yalta.
Il est urgent de bâtir l'Europe de la défense qui passe notamment par une reprise de notre effort de défense afin que nos forces redeviennent efficacement opérationnelles après ces années de digestion de leur professionnalisation.
Réussir l'Europe, c'est également préserver la diversité culturelle de ses membres car l'exception culturelle européenne ne doit pas mourir. Les biens culturels ne sont pas des marchandises et chaque pays doit pouvoir promouvoir et soutenir une création culturelle originale.
Réussir l'Europe, c'est enfin, contribuer à " civiliser la Terre-Patrie " selon la belle expression d'Edgar Morin.
Il s'agit de porter remède à toutes ces frustrations, colères et humiliations qui forment le terreau du terrorisme.
Cette entreprise difficile mais inéluctable suppose, pour le conflit isréalo palestinien, une issue acceptée de tous et fondée sur la coexistence d'un Etat israélien sûr et d'un Etat palestinien viable.
En second lieu, il est urgent que les sociétés occidentales prennent conscience de la nécessité de lutter contre le sous-développement, d'enrayer la chute de l'aide publique au développement et de tendre enfin vers l'objectif de 0,7 % du PNB fixé il y a .... 31 ans...
Tels sont, Mesdames, Messieurs, à l'orée de cette année doublement électorale, les thèmes, graves mais mobilisateurs, dont je souhaiterais que les politiques et les citoyens puissent débattre.
Mais à chaque jour suffit sa peine et pour l'heure je voudrais vous présenter, Chers amis, tous les voeux que nous formons, mes collègues sénateurs et moi-même, pour vous, pour ceux qui vous sont chers, pour la France, pour l'Europe et pour l'humanité.
Puisse 2002 voir l'humanité reprendre sa marche sur la voie du progrès qui est, comme le disait Victor Hugo, le " mode de l'homme ".
(Source http://www.senat.fr, le 21 janvier 2002)
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, Chers amis,
Voici donc revenu le temps charmant des voeux qui sont un peu, pour chacun d'entre nous, ce que les cerises sont au printemps : le temps des espoirs et des souhaits que l'approche des échéances électorales transforme parfois en promesses inconsidérées.
Mais, rassurez-vous, je ne suis qu'un très improbable candidat à l'élection présidentielle...
2002 : à l'orée de cette nouvelle année, ce siècle, le XXIème, a deux ans.
Vous me pardonnerez, chers amis, ce clin d'oeil à Victor Hugo, cette légende des siècles, ce génie protéiforme, cet " homme océan " dont nous commémorerons cette année le bicentenaire de la naissance.
Mais il m'était impossible, pour au moins deux raisons, de ne pas faire référence à ce géant qui, par son itinéraire politique, incarne et résume, à lui seul, ce beau XIXème siècle, tout à la fois pétri du siècle des lumières et épris de progrès social.
En premier lieu, il m'était impossible d'oublier, au moment où l'euro devient enfin une réalité concrète pour 300 millions d'européens, que ce visionnaire fut, dès 1855, l'apôtre de la monnaie unique européenne, cette " monnaie continentale ", cette " monnaie une ", qui, - je le cite encore -, " remplacerait et résorberait toutes les absurdes variétés monétaires d'aujourd'hui, effigies de princes, figures des misères ".
Certes les effigies ont changé, avec l'avènement de la démocratie, et le petit Prince de Saint-Exupéry, figure de la douceur enfantine, a même remplacé, sur un billet, le visage buriné de Victor Hugo ; mais nos amis britanniques devraient néanmoins méditer cette phrase du proscrit de Guernesey...
En second lieu, il m'était impossible de ne pas faire appel à Victor Hugo, ce chantre du progrès humain, cet avocat de la République universelle, cet apôtre de la Paix perpétuelle, pour éclairer d'une lumière humaniste et optimiste, ce XXIème siècle qui est sans doute né ce funeste mardi noir du 11 septembre 2001.
Ce jour là, l'humanité toute entière, saisie de stupéfaction et d'horreur, a assisté, en direct, à la naissance d'un hyperterrorisme suicidaire, froid, calculateur et organisé dont la haine est le seul ressort.
Ce jour là, les Etats-Unis, qui constituent pourtant le centre du système international, ont, pour la première fois de leur histoire, pris conscience de leur vulnérabilité, même si vulnérabilité ne signifie pas faiblesse.
Ce jour là, l'humanité toute entière a éprouvé le sentiment diffus que rien ne serait plus comme avant et que le monde était entré dans l'ère de l'incertain.
Cette nouvelle donne internationale, faite d'incertitudes, contraste, en effet, avec le court XXème siècle. Ce siècle fut certes le siècle des extrêmes avec, d'une part, son funèbre cortège de guerres et de génocides, et d'autre part, son flux positif de progrès scientifiques, médicaux et technologiques, facteurs et vecteurs de progrès économique, social et humain.
Mais ce siècle expérimental fut un siècle prévisible, surtout durant la guerre froide, au cours de laquelle chacun des deux adversaires, - qu'opposaient pourtant deux visions du monde et de sa transformation -, anticipait les réactions de l'autre et savait, surtout depuis la crise de Cuba, jusqu'où ne pas aller trop loin.
Ce monde est désormais révolu ; mais loin de nous résigner à la fatalité de cette nouvelle barbarie, nous devons tirer les leçons du 11 septembre pour faire reculer cette incertitude et bâtir un monde solidaire, équitable et pacifié.
De l'horreur du 11 septembre doit naître une ardeur nouvelle pour dessiner de nouvelles perspectives et formuler de nouveaux projets politiques afin de rendre à jamais impossible la répétition de cette tragédie des temps modernes.
A cet égard, nous pouvons, d'ores et déjà, nous réjouir que nos amis américains, grâce aux recommandations de certains membres de la coalition, dont la France, aient évité, jusqu'à présent, de tomber dans le piège tendu par les terroristes, le pire des pièges, celui du choc des civilisations, du conflit des religions et de l'affrontement des cultures.
Aujourd'hui, il nous faut, à nous femmes et hommes de bonne volonté, tirer, pour notre pays et pour le monde, les leçons de cette horreur qui a endeuillé nos amis américains.
Pour notre pays, le séisme du mardi noir a souligné, si besoin en était, l'urgente nécessité et l'ardente obligation qui s'attachent à la restauration d'un Etat républicain, c'est-à-dire d'un Etat fort mais svelte, car recentré sur ses indispensables fonctions régaliennes et sur son rôle irremplaçable de garant de l'égalité des chances des citoyens et des territoires.
Un Etat fort, c'est-à-dire un Etat capable de faire régner les lois de la République sur tout le territoire national, sans exception, un Etat capable d'éradiquer les zones de non droit qui constituent une injure au principe républicain de l'égalité devant la loi, bref un Etat capable de faire reculer l'insécurité qui frappe surtout les plus démunis.
N'oublions pas que dans nos banlieues, des délinquants à la dérive, dépourvus de repères et ayant échappé à toute sanction peuvent être tentés de devenir des supplétifs des terroristes...
Un Etat fort et républicain, c'est-à-dire un Etat capable de remettre en marche la machine à intégrer, de replacer l'école de la promotion sociale au coeur de notre société et de restaurer les valeurs républicaines, aujourd'hui en déshérence, pour combler le vide spirituel de nos sociétés matérialistes.
La République, loin d'être une fédération de communautés, doit redevenir une communauté de citoyens.
Ce message de renouveau républicain, personne n'en a ou ne doit en avoir le monopole, surtout lorsque ceux qui tentent de se l'approprier le présentent de manière tronquée ou réductrice.
Car pour être fort et efficace, cet Etat républicain, restauré et rénové, devra être un Etat modeste et recentré sur sa raison d'être.
En effet, la réussite de cette République moderne, que j'appelle de mes voeux, passe par l'instauration d'une République territoriale avec la consécration constitutionnelle du concept d'autonomie locale dans toutes ses dimensions et la relance d'une décentralisation, pour tous mais à la carte, en métropole comme outre-mer, afin de continuer à libérer les énergies et les initiatives locales qui font la richesse de notre Nation.
Cet avènement de la République territoriale serait le contrepoint de l'inéluctable réforme de l'Etat à laquelle vont inciter la réforme de l'ordonnance organique sur les lois de finances, fruit d'une conjonction politique exceptionnelle, et surtout l'instauration de l'euro, baromètre des compétitivités respectives des entreprises et des structures administratives des Etats membres de l'Union européenne.
Rénover l'Etat républicain passe aussi par un approfondissement de la démocratie avec la recherche d'une synthèse harmonieuse entre la démocratie participative et la démocratie représentative.
Cette démarche suppose un renforcement des pouvoirs du Parlement afin d'accroître sa fonction d'instance de débat, son rôle de contrôleur de l'action du Gouvernement et sa mission d'éclaireur de l'avenir.
Renforcement d'un Parlement bicaméral, bien sûr, car comme l'écrivait Victor Hugo " La France gouvernée par une assemblée unique, c'est l'océan gouverné par l'ouragan "...
Le bicamérisme est à l'évidence un instrument de bonne gouvernance institutionnelle comme en témoigne son essor dans le monde et son succès auprès des jeunes démocraties.
Il est vrai que l'existence de deux chambres constitue un facteur d'amélioration de la production législative, un gage d'équilibre des pouvoirs et un outil au service d'une représentation plus harmonieuse des hommes, -terme générique qui embrasse les femmes-, et des territoires.
Rendre notre pays plus efficace, moderne et solidaire, mais aussi tenter d'apprivoiser et d'humaniser la mondialisation qui constitue un processus inéluctable, irréversible et, à terme, bénéfique pour tous.
Cette ambition passe, tout d'abord, par la concrétisation d'un impératif catégorique : réussir l'Europe, l'Europe de l'après euro, qui sera un sas entre le local et le global et un pôle de stabilité permettant de mieux maîtriser la mondialisation.
Ce besoin d'une Europe unie et intégrée, ce besoin des Etats-Unis d'Europe, que Victor Hugo appelait de ses veux, nos concitoyens l'expriment avec force comme en témoigne cette " europhorie " qui accompagne le passage à l'euro, après 641 ans de bons et loyaux services du franc.
Vecteur d'échanges économiques mais aussi culturels et humains, l'euro, cette utopie réaliste, va devenir un accélérateur de la conscience européenne.
Car loin d'être une fin en soi, l'euro est un début qui renforce l'urgente nécessité d'une convergence des politiques économiques et d'une harmonisation fiscale et sociale.
Réussir l'Europe c'est aussi parvenir à concilier une double exigence : celle de l'élargissement qui fera de l'Union européenne une puissance de 450 millions de citoyens ; celle de l'approfondissement de son intégration institutionnelle et politique pour éviter que l'Europe ne se dilue dans une simple zone de libre échange sans supplément d'âme.
A cet égard, il est indispensable d'humaniser les institutions européennes en faisant vivre le principe de subsidiarité dont la sauvegarde serait assurée par une seconde assemblée, le Sénat européen, composé, sur une base égalitaire, de représentants des Parlements des pays membres.
Géant économique, l'Europe ne saurait rester trop longtemps un nain politique, surtout à un moment où le récent sommet de Shangaï pourrait préfigurer un nouveau Yalta.
Il est urgent de bâtir l'Europe de la défense qui passe notamment par une reprise de notre effort de défense afin que nos forces redeviennent efficacement opérationnelles après ces années de digestion de leur professionnalisation.
Réussir l'Europe, c'est également préserver la diversité culturelle de ses membres car l'exception culturelle européenne ne doit pas mourir. Les biens culturels ne sont pas des marchandises et chaque pays doit pouvoir promouvoir et soutenir une création culturelle originale.
Réussir l'Europe, c'est enfin, contribuer à " civiliser la Terre-Patrie " selon la belle expression d'Edgar Morin.
Il s'agit de porter remède à toutes ces frustrations, colères et humiliations qui forment le terreau du terrorisme.
Cette entreprise difficile mais inéluctable suppose, pour le conflit isréalo palestinien, une issue acceptée de tous et fondée sur la coexistence d'un Etat israélien sûr et d'un Etat palestinien viable.
En second lieu, il est urgent que les sociétés occidentales prennent conscience de la nécessité de lutter contre le sous-développement, d'enrayer la chute de l'aide publique au développement et de tendre enfin vers l'objectif de 0,7 % du PNB fixé il y a .... 31 ans...
Tels sont, Mesdames, Messieurs, à l'orée de cette année doublement électorale, les thèmes, graves mais mobilisateurs, dont je souhaiterais que les politiques et les citoyens puissent débattre.
Mais à chaque jour suffit sa peine et pour l'heure je voudrais vous présenter, Chers amis, tous les voeux que nous formons, mes collègues sénateurs et moi-même, pour vous, pour ceux qui vous sont chers, pour la France, pour l'Europe et pour l'humanité.
Puisse 2002 voir l'humanité reprendre sa marche sur la voie du progrès qui est, comme le disait Victor Hugo, le " mode de l'homme ".
(Source http://www.senat.fr, le 21 janvier 2002)