Déclaration de M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche, sur le développement de la recherche agronomique, la sécurité alimentaire et la biovigilance, la contribution de l'INRA à l'expertise publique en matière de recherche, Paris le 12 décembre 2001.

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Circonstance : Signature du contrat d'objectifs Etat INRA à Paris le 12 décembre 2001

Texte intégral

Monsieur le Ministre et cher collègue,
Monsieur le Président de l'INRA,
Madame la Directrice Générale de l'INRA,
Madame, Messieurs les Directeurs,
Je suis heureux d'être parmi vous aujourd'hui, pour la signature du Contrat d'objectifs liant l'INRA à ses tutelles. Je veux d'abord saluer le travail qui a été réalisé dans des conditions extrêmement positives de dialogue et d'échanges entre l'INRA et nos 2 Ministères. Permettez moi de remercier à mon tour Bertrand HERVIEU, Marion GUILLOU et le Directeur Général de l'Enseignement et de la Recherche, M. Jean Claude LEBOSSÉ.
Si la modernisation de l'agriculture française doit beaucoup à la mobilisation du mouvement professionnel, comme à l'effort collectif consenti à travers les politiques publiques, nationales et européennes, cette modernisation est aussi le résultat d'un développement considérable de la recherche scientifique dans le domaine de l'agronomie.
Lorsque l'INRA fut créé en 1946, l'accroissement de la production agricole était sa principale mission.
Les résultats restent stupéfiants :
- En 40 ans, la production de blé a triplé, passant de 10 millions de tonnes en 1955 à 30 millions de tonnes en 1994. Le rendement à l'hectare a suivi la même progression : 22,8 quintaux en 1955, 67,9 quintaux en 1994.
- La production de maïs, qui était d'un million de tonnes en 1955, passe à 13 millions de tonnes en 1994 (et les rendements à l'hectare de 24 à 80 quintaux).
- Même bond en avant des productions animales : la production de viande de buf double et celle de viande de porc triple entre 1955 et 1994. L'instauration des quotas laitiers en 1984 a stabilisé la production de lait autour de 22 millions de litres. Une vache laitière produit en moyenne 5.260 litres de lait en 1994, contre 1.942 en 1950.
La révolution productiviste de l'agriculture française qui avait été peu touchée par la première vague de progression des rendements entre 1850 et 1914 a bien eu lieu : la productivité a été multipliée par 7,2 entre 1950 et 1980.
Depuis les années 1970, sensible aux conséquences de cette évolution spectaculaire, l'INRA a réorienté ses efforts de recherche : les efforts ne portent plus uniquement sur l'amélioration du matériel génétique et sur les modes de production ; ils portent aussi désormais sur la transformation de ces produits.
Cet élan a contribué à doter la France d'un tissu de PME/PMI dans le domaine agro-alimentaire de premier ordre, et c'est bien la conjugaison de la priorité agricole et de la priorité agro-alimentaire, qui a fait de la France la deuxième puissance exportatrice mondiale dans ces secteurs.
Aujourd'hui, c'est une nouvelle étape que nous devons franchir. Il nous faut maintenant prendre en compte les aspects qualitatifs que sont les problèmes d'environnement, les problèmes de sécurité des aliments, les problèmes de santé comme aussi les problèmes d'emploi, de qualité de la vie et de bien-être animal.
C'est tout l'objet de ce contrat qui s'inscrit naturellement dans la continuité de la Loi d'Orientation Agricole. La multifonctionnalité de l'agriculture, les questions de biovigilance et de sécurité alimentaire, sont autant de nouveaux défis que la communauté scientifique va nous aider à relever.
Mais j'attends aussi de l'INRA, qu'il contribue à l'expertise publique. Les responsables politiques ont besoin, vous le savez, de pouvoir disposer d'un large vivier de compétences non directement liées à des besoins immédiats.
Il importe aussi d'entretenir des lieux de débats où se rencontrent ceux qui ont en charge des politiques publiques et les experts issus de la communauté scientifique. Dans le domaine agricole, ces lieux se sont multipliés ; citons : la Commission Nationale d'amélioration génétique, le Comité technique paritaire sur les semences, la Commission du Génie Biomoléculaire.
En ce qui concerne les OGM, j'adhère à la formule de mon ami Roger-Gérard SCHWARTZENBERG, " Ni aventurisme, ni obscurantisme " !
Après avoir évoqué cette mission fondamentale d'expertise de l'INRA, je veux également vous faire part de l'importance que je porte aux relations entre l'INRA et l'enseignement supérieur agricole.
Devant le Conseil National de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Agricole, Agroalimentaire et Vétérinaire (CNESERAAV) réuni le 3 octobre dernier, j'ai souligné l'intérêt qu'il y a pour les 19 établissements de l'enseignement supérieur à élaborer ensemble un projet en liaison étroite, en particulier, avec l'INRA et le Cemagref.
Et à ce propos, nous devons explorer les différentes modalités qui permettent d'accueillir de plus en plus d'étudiants au sein des unités INRA et la mobilité croisée entre chercheurs et enseignants chercheurs.
Et j'ajouterai enfin que, dans le cadre de la réforme du développement agricole qui est aujourd'hui engagée, l'INRA pourra participer à des programmes de liaison recherche-développement-formation en partenariat avec les instituts et les centres techniques, et les établissements d'enseignement agricole . Je sais que votre Institut a déjà élaboré plusieurs projets de ce type qui permettent de mieux concilier les impératifs des filières et la gestion durable des territoires. J'attends beaucoup de la mise en place des Groupes de recherche, d'expérimentation et de développement (GRED).
Pour conclure, je retiens de ce contrat d 'objectif qu'il intègre la nouvelle dimension de notre agriculture citoyenne, en prenant en compte l'alimentation et l'environnement.
Je prends acte de la volonté de l'INRA de construire sa pratique scientifique en partenariat avec l'enseignement supérieur agricole et les professionnels.
Ce contrat est une chance pour l'INRA, il vous permettra d'être à la fois un établissement produisant des connaissances nouvelles tout en restant à l'écoute de la société.
Je vous remercie de ce travail.

(Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 13 novembre 2001)