Texte intégral
Chers camarades, nous approchons insensiblement des échéances.
Dans à peine six mois, si l'on y songe, les Français, à l'occasion de deux scrutins majeurs, vont décider de leur avenir pour cinq ans. L'enjeu est d'importance pour la France parce que l'on sent que, sur des questions aussi décisives que la solidarité, le développement et l'environnement, des choix peuvent se faire dans un sens ou dans un autre.
L'enjeu est également décisif -si l'on regarde plus loin que nos seules frontières- pour l'Europe. Et, au moment où nous tenons cette Convention, se tient à Laeken un Sommet européen qui devrait (en tout cas c'est ce qui est prévu) fixer de nouveaux horizons, de nouveaux schémas institutionnels pour l'Europe.
Alors même que le passage à l'euro se fait, et semble-t-il dans de bonnes conditions, cette interrogation majeure (quelle Europe ?) est une nouvelle fois posée sans que la réponse espérée ne vienne. La réponse peut également venir de l'élection de 2002.
Par rapport à cette échéance, cette confrontation, nous avançons à la fois avec confiance mais aussi avec sérieux.
Nous tirons notre confiance de l'action du Gouvernement de Lionel JOSPIN depuis près de cinq ans, de sa solidité, de sa fiabilité, de sa crédibilité. Cette confiance, nous la tirons aussi des acquis de la législature, ce que nous avons développé dans notre campagne sur le bilan, sur l'emploi, sur la justice sociale, sur le pouvoir d'achat. Cette confiance, nous la tirons enfin des épreuves que nous avons su traverser depuis juin 1997, j'allais dire depuis la dissolution.
Rien ne nous aura été en définitive épargné : une élection inattendue, une victoire - à bien des égards - surprenante, une construction européenne - première étape de notre action dès la constitution du gouvernement de Lionel JOSPIN (ce fut le Traité d'Amsterdam), des retournements conjoncturels au plan économique, des conflits sociaux, des événements internationaux aussi graves qu'hier le Kosovo et maintenant la lutte contre le terrorisme.
Nous avons su, à chaque fois et quelle que fut la vigueur de l'affrontement subi par nous, surmonter toutes les épreuves.
Pour autant, nous l'avons fait dans l'ordre, aussi bien au sein de notre Parti qu'au sein de la majorité plurielle.
Si l'on regarde ces cinq dernières années, nous avons pu faire passer (je le dis devant Jean-Marc AYRAULT, Président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale) tous nos textes, tous nos budgets, toutes nos lois de financement de la sécurité sociale, sans avoir besoin de recourir soit au 49-3, soit à la procédure des ordonnances, qui avait pourtant été indispensable à Alain JUPPE pour présenter le fameux plan sur lequel il subit l'échec le plus grave de son gouvernement.
Alors même que le Parti socialiste n'avait pas la majorité à lui tout seul à l'Assemblée nationale, alors même que nous étions dans une coalition, nous avons été capables d'emporter, à chaque fois, la conviction pour faire passer nos textes, nos projets et donc nos lois.
La confiance, nous la mesurons aussi dans nos rapports avec les Français. Depuis 1997, nous avons surmonté tous les rendez-vous électoraux qui nous ont été proposés, et ils furent nombreux : les Régionales et les Cantonales de 1998, les Européennes de 1999 et les Municipales de 2001. Je ne sous estime pas nos échecs, mais je ne peux pas non plus sous-évaluer nos victoires, et notamment celles à Paris, Lyon, Dijon et d'autres. Je ne veux pas non plus passer sous silence la somme des élections partielles, dimanche après dimanche, baromètre sans doute incertain de rapports de forces électoraux, mais qui prouvent que (encore dimanche dernier à Nice) nous savons garder le lien avec les Français.
Pendant cinq ans, nous n'avons pas été ménagés, ni par les contestations, ni par les conflits, ni par les mouvements d'opinion. Ce fut l'occasion, au moment de la hausse du prix du pétrole, d'avoir des manifestations d'importance ; hier encore par rapport aux métiers de la sécurité ; nous avons vu des entreprises frappées de licenciements et des salariés en être les victimes
Bref, nous avons tout connu et nous avons cependant préservé une relation de respect réciproque entre le gouvernement et les Français.
Ni rejet ni discrédit, nous sommes aujourd'hui - peut-être pour la première fois de notre histoire - en capacité de gagner les élections après avoir gouverné tout au long d'une législature. Il est rare qu'une équipe au pouvoir reste à ce niveau de popularité et de confiance. L'action est toujours un risque et nous l'avons pris. L'inaction, c'est vrai, peut être apparemment protectrice. Mais qui peut se satisfaire d'inspirer de la sympathie pour récompense de sa seule impuissance ? Il vaut mieux prendre sa part dans l'action, prendre le risque et mesurer, à cette aune-là, les rapports avec les Français.
La confiance est également entre nous. Nous avons nos sensibilités ; elles n'ont pas disparu au prétexte de notre présence au gouvernement (ceci justifie souvent toute la discipline).
Les diverses personnalités de notre Parti n'ont pas disparu au prétexte de servir l'ambition légitime de l'un d'entre nous. Et c'est une chance de disposer d'autant de talents, d'autant de visages pour incarner la même idée du socialisme.
Est important également le fait que nous soyons en capacité de proposer aujourd'hui un projet, demain un candidat mais aussi une équipe - une équipe faite d'hommes et de femmes voulant travailler ensemble au gouvernement, au Parti socialiste, une équipe capable d'être aussi dans la campagne comme un élément décisif de la conviction. Cette solidarité, ce rassemblement, ce sens de l'amitié, c'est notre atout décisif. Notre collectif est une force, parce que nous avons beaucoup d'individualités et qu'elles travaillent dans le même sens.
Cette confiance, enfin, nous la retrouvons - lorsque nous pourrions la perdre - dans la confrontation avec la Droite. Tout nous sépare d'avec elle : nos bilans respectifs, nos idées, notre vision de la société, nos choix collectifs mais surtout notre conception de la politique.
Le rapport au pouvoir nous sépare de la Droite car, pour nous les Socialistes le pouvoir est un instrument, un outil non pas pour nous promouvoir, mais pour changer, pour transformer, pour modifier l'état d'une société. Le rapport au pouvoir de nos adversaires est différent. Il est conçu comme une propriété dont ils seraient les seuls détendeurs légitimes, les seuls dépositaires reconnus ! C'est pourquoi notre présence aux responsabilités du pays est toujours, pour nos adversaires, une faute de goût ou une illégitimité.
Nous avons ce même sentiment par rapport à l'élection présidentielle. Elle est, pour la Droite, un rendez-vous conçu au service exclusif d'un homme ; l'ambition de l'un devient l'affaire de tous les autres. Le collectif -à droite- n'a de sens que dans l'accomplissement d'un seul qui assure ensuite le destin de ses obligés.
Notre rapport au politique et aux partis politiques est, lui aussi, différent : l'organisation à droite n'est pas conçue comme devant produire des idées, des débats, des réflexions, mais pour offrir une logistique - y compris financière ce n'est pas son moindre intérêt - et servir une cause personnelle. Le R.P.R. fête son 25ème anniversaire. Tout passe, tout lasse ! 25ème anniversaire qui semble être aussi le moment de sa disparition. Depuis plusieurs jours, c'est la chronique d'une mort annoncée, sans savoir si cela relève de la tragédie - c'est toujours un drame de voir une organisation disparaître, on s'y était habitué - ou de la comédie de boulevard.
Les historiens retiendront, en effet, que le R.P.R. fut une organisation fondée à la Porte de Versailles en 1976 par Jacques CHIRAC et liquidée par Bernadette 25 ans plus tard ! Alain JUPPE, en bon syndic, est en train de procéder à la dissolution de la formation gaulliste (c'est sa manie !), même si on ne sait pas encore si c'est pour servir Jacques CHIRAC pour 2002 ou son avenir personnel pour 2007 ?. Mais dans les 2 cas, nous ne sommes pas davantage rassurés !
C'est donc la fin du gaullisme. La fin du gaullisme était souvent annoncée et le chiraquisme, dans une certaine mesure, en était l'anticipation. C'est maintenant proclamé. La fin du gaullisme dans notre histoire politique n'est pas un événement banal, surtout si elle s'accompagne - et c'est peut-être ce qui est en train de se produire -, de la fin du pluralisme à droite.
C'est la première fois, depuis l'élection présidentielle au suffrage universel, que la Droite n'aura, finalement, qu'un seul candidat crédible. Jacques CHIRAC, pour la première fois de son existence - et ne sous-estimons pas la performance, sera le candidat de toutes les droites. Dès lors, nous n'avons plus un affrontement biaisé, comme il a pu se faire en 1995. Nous avons là un affrontement par rapport à celui qui représentera tous les conservateurs.
C'est pourquoi, il faut appréhender ces élections qui viennent avec confiance, mais aussi avec sérieux. Sérieux par rapport à l'action du gouvernement de Lionel JOSPIN. La fin de la législature est, en effet, marquée par un retournement conjoncturel dont on ne connaît pas encore exactement la nature ni la durée, par des événements internationaux dont nous ne pouvons pas encore imaginer la forme qu'ils pourront prendre et par une montée assez rituelle des revendications, de peur peut-être pour un certain nombre de catégories d'une alternance. Je veux les rassurer. Inutile de protester, inutile de manifester, il se peut que ce soit le même gouvernement ou à peu de choses près après les élections de 2002. Mais par rapport à ces mouvements, le gouvernement a montré une écoute - et il a eu raison- car rien de pire - dans ces moments bien connus de notre chronique sociale- que la surdité, la rigidité, ou le refus de dialogue. Et c'est pourquoi il y a eu, de la part du gouvernement, le souci de donner droit à des revendications - jusqu'à une certaine limite - qui pouvaient effectivement apparaître comme nécessaires. Il l'a fait avec sérieux et avec le souci de la maîtrise des finances publiques.
Laurent FABIUS a eu également raison de nous dire qu'il ne pouvait pas y avoir de satisfaction durable des revendications si, dans le même temps, se creusaient les déficits. Nous ne sommes pas là pour satisfaire telle ou telle catégorie ou complaire à tel ou tel groupe ; nous sommes là pour gérer les intérêts de la France.
Dès lors, nous sommes encore plus soucieux du déficit que d'autres car, finalement, nous préparons notre héritage. Et pour nous, il est important après 2002 d'hériter d'une situation financière meilleure à tous les égards que celle qui nous a été léguée en 1997.
Face à ces mouvements, la Droite elle-même n'a pas été capable d'être cohérente. Elle n'a d'abord cessé de nous inciter à donner droit à toutes les revendications. Et lorsque nous l'avons fait, elle n'a eu de cesse que de nous accuser d'y avoir cédé. Il nous a même été reproché de céder à une forme de " balladurisation " ! Chez eux, et c'est ce qui est cocasse, cette référence est la pire ! c'est une insulte ; c'est vous dire comment ils s'estiment entre eux !
Le sérieux, il faut aussi l'avoir dans le travail de notre parti. Alain CLAEYS a présenté notre ordre du jour pour les prochains mois et il est copieux. Il y a d'abord le travail sur le bilan, il n'est pas achevé, il faut continuer à faire ce jeu politique essentiel à nos yeux qui est de rendre compte de notre mandat, qui n'est pas d'oublier les engagements d'hier et de passer sous silence les manquements d'aujourd'hui.
Ce rapport à la politique, nous l'avons voulu exhaustif et nous avons été capables de produire ce magazine distribué, comme nous le rappelait Alain BERGOUGNIOUX.
Nous avons été capables de le faire à 6 millions d'exemplaires, pour dire : " Nous avions dit que nous baisserions le chômage ; nous avions dit que nous créerions les 35 heures, les emplois jeunes, la couverture maladie universelle. C'est fait ".
Cela ne veut pas dire que nous sommes satisfaits de tout ou que nous avons tout bien fait ; mais que nous sommes au moins en respect avec les citoyens pour faire ce travail d'évaluation. C'est la moindre des choses dans une démocratie et notre parti peut s'honorer d'avoir eu cette démarche.
Ensuite, dans notre programme de travail, il y a le projet, il est fondé sur une méthode d'abord d'élaboration ; c'est un travail collectif autour de Martine AUBRY qui suscite le débat entre nous. Il sera conclu par une convention à la fin du mois de janvier, mais le débat aussi avec les Français. Ce n'est pas un projet que nous avons conçu simplement pour nous ou pour sceller des accords avec la gauche plurielle. C'est un projet qui a vocation à représenter les aspirations de nos concitoyens. Sa méthode de construction est également originale : nous n'avons pas défini simplement quelques propositions phares pour les cinq prochaines années ; nous avons voulu définir une perspective de long terme et réfléchir autant sur les finalités de l'action collective que sur ses instruments.
C'est pourquoi, dans ce texte, il y a des réformes importantes sur les institutions, sur l'Etat, sur la démocratie sociale, sur la décentralisation parce que, pour nous, et c'est peut-être le message majeur qu'il faut faire passer, le projet des Socialistes c'est le projet d'un futur gouvernement de gauche, avec un Président de gauche. Mais c'est aussi le projet des Français pour qu'ils participent eux-mêmes à la transformation de leur propre vie.
Nous avons eu cette intuition, fondée sur une analyse de la société, qu'il fallait aujourd'hui répondre à la fois à un besoin irrépressible d'épanouissement personnel, d'autonomie, de liberté - dont les 35 heures aujourd'hui peuvent être une expression - et en même temps qu'il y avait aussi à prendre en compte ce besoin de protection, de garantie, de solidarité collective, de sûreté et qu'il fallait définir, à ce moment-là, une harmonie entre ces principes d'autonomie et ces principes de responsabilité collective. Le contenu de notre projet en est l'illustration à travers - toujours - cet objectif de plein emploi, avec la volonté de bâtir une société de la connaissance, parce que c'est là que l'on pourra réduire au cur les inégalités. Une société également du temps choisi, au nom de l'épanouissement personnel ; une société de l'autonomie pour chacun mais aussi pour chaque génération. Enfin, une société de solidarité, pas simplement en France ou en Europe, mais aussi au sein même de la planète.
Voilà le travail qu'il faut continuer à mener. Il n'est pas achevé. Le projet va être distribué dès la semaine prochaine à tous les militants. il sera donc soumis au débat collectif. il y a des amendements qui peuvent être portés au niveau national par les sensibilités du parti, par des personnalités, mais aussi des amendements que les fédérations peuvent construire et nourrir avec les militants ; ils seront traités avec considération et respect parce que c'est finalement la seule garantie de notre propre succès
Notre travail de Parti doit être aussi de désigner avec sérieux nos candidats ; notre candidat à l'élection présidentielle, bien sûr, à la fin du mois de février. J'espère, avec l'effort de tous, arriver à le convaincre de présenter sa candidature au bon moment.
Il y a ensuite, et nous venons de faire cet exercice, la désignation de nos candidats sur les élections législatives. Nous sommes la première formation politique, sans doute, à délivrer une liste de candidates et de candidats pour les élections législatives, comme nous avions été d'ailleurs les premiers en 1996 à le faire, sous le sarcasme de quelques-uns. Pourquoi aller si vite ? Mais nous avions sans doute déjà la prescience de la faiblesse du gouvernement JUPPE et la dissolution qui pointait. Nous étions prêts, nous le serons également pour les élections de 2002, parce que nos candidates et candidats seront en campagne pour les élections législatives d'ores et déjà, mais aussi en campagne pour l'élection présidentielle.
Et puis, le fait de désigner - de manière sérieuse et précoce - nos candidats nous a permis d'atteindre au moins la première étape de l'objectif de parité : les 40 %. Michèle SABBAN a bien voulu rendre compte de ce qu'a été l'activité du Parti là-dessus. Nous avons atteint nos objectifs, même s'il y aurait encore beaucoup à faire, j'en conviens.
L'intérêt de cette désignation était aussi de préserver la gauche plurielle. Je sais que c'est difficile. Beaucoup s'exprimeront sur le sacrifice qui leur est demandé - dans telle ou telle circonscription - de laisser une place au candidat Vert ou Radical de Gauche, alors que l'action militante pouvait justifier d'être dans cette circonscription-là en situation même de l'emporter.
Je sais même que certains plaideront qu'une candidature socialiste aurait plus de chance qu'une autre candidature de la Gauche plurielle. C'est notre fierté que de le croire, et en même temps, nous devons rappeler notre responsabilité collective. Si nous voulons que la Gauche plurielle vive, il faut qu'elle ait des représentants partout.
Il y a deux manières d'avoir des candidats partout : soit des primaires partout, nous ne l'avons pas toujours souhaité, soit d'être capables de créer une dynamique collective, c'est ce que nous avons souhaité faire avec nos amis Radicaux de gauche avec lesquels un accord sera vraisemblablement signé la semaine prochaine, ainsi qu'avec les Verts.
Je souhaite, personnellement, que nous puissions aboutir le plus vite possible. Ils ont eux-mêmes des contraintes de calendrier. Soit nous disions : "le 14 décembre, c'est le dernier jour". Nous sommes capables de suspendre nos travaux pendant les fêtes et d'attendre le début du mois de janvier, le temps de leur réunion qui prévoira de ratifier ou non l'accord avec nous. Nous réserverons ces circonscriptions jusqu'à la mi-janvier et puis ensuite, selon la réponse qui nous sera faite, nous procéderons ou à la confirmation de nos choix, ou à l'investiture de nos candidats. Je ne le souhaite pas parce que, pour nous Socialistes, la stratégie de la Gauche plurielle est la seule possible. Elle permet le respect de chacune des identités qui la composent. A l'élection présidentielle, il y aura plusieurs candidats de la Gauche plurielle. Et alors ? Est-ce que cela ne permet pas le succès pour le second tour en mobilisant davantage d'électorat ? C'est aussi une forme de solidarité, parce qu'il n'y a pas de victoire possible pour nous au second tour sans la mobilisation de toute la Gauche plurielle, pas d'autre stratégie que la Gauche plurielle, pour nous comme pour les autres composantes de la Gauche plurielle.
Vers qui pourraient-elles se tourner ces composantes de la Gauche plurielle ? Vers l'extrême-gauche qui refuse de choisir entre la droite soutenue par le MEDEF et nous la Gauche ? Vers le centre ? Qu'est-ce qu'il en reste ? Ou vers la droite ? Mieux vaut éviter ce type de soutien !
La stratégie de la Gauche plurielle finira par s'imposer, parce que c'est la seule possible pour nous et pour tous ceux qui ont créé ce pacte de confiance qui s'appelle "la Gauche plurielle".
Nous avons à mener campagne. Alain Bergounioux et Alain Claeys l'ont évoqué, jusqu'à la fin du mois de février, jusqu'au moment où nous désignerons notre candidat. C'est la campagne du Parti et rien que la campagne du Parti, parce qu'ici il n'y a pas d'autre lieu, pas d'autre structure, pas d'autre organigramme que ceux du Parti socialiste.
C'est le Parti Socialiste qui mènera campagne durant les prochaines semaines, avec son projet, avec son bilan, avec ses candidats et avec la conviction de porter, à partir du mois de mars, notre candidat à l'élection présidentielle, là où il doit être, c'est-à-dire à l'Elysée.
A partir du mois de mars, le Parti ne s'effacera pas, mais il mènera campagne à sa place, derrière celui que nous aurons choisi.
Mais la séquence électorale qui s'ouvre ne doit pas être une simple confrontation entre personnes, un simple règlement d'un différend entre deux protagonistes des cinq dernières années. C'est un débat d'idées au plein sens du terme. C'est une confrontation entre deux conceptions de la politique et entre deux projets.
Le Parti Socialiste, par ses militants, ses candidats, ses élus, sera un atout décisif pour la victoire. A la différence d'autres - je pense à ceux qui fêtent leur anniversaire tristement, c'est en restant fidèles à notre histoire, à nos idées, à nous-mêmes, au Socialisme, que nous servirons au mieux notre idéal et que nous assurerons la victoire de notre candidat qui sera, je l'espère, aussi celle de chacun des Français.
(source http://www.parti-socialiste.fr, le 19 décembre 2001)
Dans à peine six mois, si l'on y songe, les Français, à l'occasion de deux scrutins majeurs, vont décider de leur avenir pour cinq ans. L'enjeu est d'importance pour la France parce que l'on sent que, sur des questions aussi décisives que la solidarité, le développement et l'environnement, des choix peuvent se faire dans un sens ou dans un autre.
L'enjeu est également décisif -si l'on regarde plus loin que nos seules frontières- pour l'Europe. Et, au moment où nous tenons cette Convention, se tient à Laeken un Sommet européen qui devrait (en tout cas c'est ce qui est prévu) fixer de nouveaux horizons, de nouveaux schémas institutionnels pour l'Europe.
Alors même que le passage à l'euro se fait, et semble-t-il dans de bonnes conditions, cette interrogation majeure (quelle Europe ?) est une nouvelle fois posée sans que la réponse espérée ne vienne. La réponse peut également venir de l'élection de 2002.
Par rapport à cette échéance, cette confrontation, nous avançons à la fois avec confiance mais aussi avec sérieux.
Nous tirons notre confiance de l'action du Gouvernement de Lionel JOSPIN depuis près de cinq ans, de sa solidité, de sa fiabilité, de sa crédibilité. Cette confiance, nous la tirons aussi des acquis de la législature, ce que nous avons développé dans notre campagne sur le bilan, sur l'emploi, sur la justice sociale, sur le pouvoir d'achat. Cette confiance, nous la tirons enfin des épreuves que nous avons su traverser depuis juin 1997, j'allais dire depuis la dissolution.
Rien ne nous aura été en définitive épargné : une élection inattendue, une victoire - à bien des égards - surprenante, une construction européenne - première étape de notre action dès la constitution du gouvernement de Lionel JOSPIN (ce fut le Traité d'Amsterdam), des retournements conjoncturels au plan économique, des conflits sociaux, des événements internationaux aussi graves qu'hier le Kosovo et maintenant la lutte contre le terrorisme.
Nous avons su, à chaque fois et quelle que fut la vigueur de l'affrontement subi par nous, surmonter toutes les épreuves.
Pour autant, nous l'avons fait dans l'ordre, aussi bien au sein de notre Parti qu'au sein de la majorité plurielle.
Si l'on regarde ces cinq dernières années, nous avons pu faire passer (je le dis devant Jean-Marc AYRAULT, Président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale) tous nos textes, tous nos budgets, toutes nos lois de financement de la sécurité sociale, sans avoir besoin de recourir soit au 49-3, soit à la procédure des ordonnances, qui avait pourtant été indispensable à Alain JUPPE pour présenter le fameux plan sur lequel il subit l'échec le plus grave de son gouvernement.
Alors même que le Parti socialiste n'avait pas la majorité à lui tout seul à l'Assemblée nationale, alors même que nous étions dans une coalition, nous avons été capables d'emporter, à chaque fois, la conviction pour faire passer nos textes, nos projets et donc nos lois.
La confiance, nous la mesurons aussi dans nos rapports avec les Français. Depuis 1997, nous avons surmonté tous les rendez-vous électoraux qui nous ont été proposés, et ils furent nombreux : les Régionales et les Cantonales de 1998, les Européennes de 1999 et les Municipales de 2001. Je ne sous estime pas nos échecs, mais je ne peux pas non plus sous-évaluer nos victoires, et notamment celles à Paris, Lyon, Dijon et d'autres. Je ne veux pas non plus passer sous silence la somme des élections partielles, dimanche après dimanche, baromètre sans doute incertain de rapports de forces électoraux, mais qui prouvent que (encore dimanche dernier à Nice) nous savons garder le lien avec les Français.
Pendant cinq ans, nous n'avons pas été ménagés, ni par les contestations, ni par les conflits, ni par les mouvements d'opinion. Ce fut l'occasion, au moment de la hausse du prix du pétrole, d'avoir des manifestations d'importance ; hier encore par rapport aux métiers de la sécurité ; nous avons vu des entreprises frappées de licenciements et des salariés en être les victimes
Bref, nous avons tout connu et nous avons cependant préservé une relation de respect réciproque entre le gouvernement et les Français.
Ni rejet ni discrédit, nous sommes aujourd'hui - peut-être pour la première fois de notre histoire - en capacité de gagner les élections après avoir gouverné tout au long d'une législature. Il est rare qu'une équipe au pouvoir reste à ce niveau de popularité et de confiance. L'action est toujours un risque et nous l'avons pris. L'inaction, c'est vrai, peut être apparemment protectrice. Mais qui peut se satisfaire d'inspirer de la sympathie pour récompense de sa seule impuissance ? Il vaut mieux prendre sa part dans l'action, prendre le risque et mesurer, à cette aune-là, les rapports avec les Français.
La confiance est également entre nous. Nous avons nos sensibilités ; elles n'ont pas disparu au prétexte de notre présence au gouvernement (ceci justifie souvent toute la discipline).
Les diverses personnalités de notre Parti n'ont pas disparu au prétexte de servir l'ambition légitime de l'un d'entre nous. Et c'est une chance de disposer d'autant de talents, d'autant de visages pour incarner la même idée du socialisme.
Est important également le fait que nous soyons en capacité de proposer aujourd'hui un projet, demain un candidat mais aussi une équipe - une équipe faite d'hommes et de femmes voulant travailler ensemble au gouvernement, au Parti socialiste, une équipe capable d'être aussi dans la campagne comme un élément décisif de la conviction. Cette solidarité, ce rassemblement, ce sens de l'amitié, c'est notre atout décisif. Notre collectif est une force, parce que nous avons beaucoup d'individualités et qu'elles travaillent dans le même sens.
Cette confiance, enfin, nous la retrouvons - lorsque nous pourrions la perdre - dans la confrontation avec la Droite. Tout nous sépare d'avec elle : nos bilans respectifs, nos idées, notre vision de la société, nos choix collectifs mais surtout notre conception de la politique.
Le rapport au pouvoir nous sépare de la Droite car, pour nous les Socialistes le pouvoir est un instrument, un outil non pas pour nous promouvoir, mais pour changer, pour transformer, pour modifier l'état d'une société. Le rapport au pouvoir de nos adversaires est différent. Il est conçu comme une propriété dont ils seraient les seuls détendeurs légitimes, les seuls dépositaires reconnus ! C'est pourquoi notre présence aux responsabilités du pays est toujours, pour nos adversaires, une faute de goût ou une illégitimité.
Nous avons ce même sentiment par rapport à l'élection présidentielle. Elle est, pour la Droite, un rendez-vous conçu au service exclusif d'un homme ; l'ambition de l'un devient l'affaire de tous les autres. Le collectif -à droite- n'a de sens que dans l'accomplissement d'un seul qui assure ensuite le destin de ses obligés.
Notre rapport au politique et aux partis politiques est, lui aussi, différent : l'organisation à droite n'est pas conçue comme devant produire des idées, des débats, des réflexions, mais pour offrir une logistique - y compris financière ce n'est pas son moindre intérêt - et servir une cause personnelle. Le R.P.R. fête son 25ème anniversaire. Tout passe, tout lasse ! 25ème anniversaire qui semble être aussi le moment de sa disparition. Depuis plusieurs jours, c'est la chronique d'une mort annoncée, sans savoir si cela relève de la tragédie - c'est toujours un drame de voir une organisation disparaître, on s'y était habitué - ou de la comédie de boulevard.
Les historiens retiendront, en effet, que le R.P.R. fut une organisation fondée à la Porte de Versailles en 1976 par Jacques CHIRAC et liquidée par Bernadette 25 ans plus tard ! Alain JUPPE, en bon syndic, est en train de procéder à la dissolution de la formation gaulliste (c'est sa manie !), même si on ne sait pas encore si c'est pour servir Jacques CHIRAC pour 2002 ou son avenir personnel pour 2007 ?. Mais dans les 2 cas, nous ne sommes pas davantage rassurés !
C'est donc la fin du gaullisme. La fin du gaullisme était souvent annoncée et le chiraquisme, dans une certaine mesure, en était l'anticipation. C'est maintenant proclamé. La fin du gaullisme dans notre histoire politique n'est pas un événement banal, surtout si elle s'accompagne - et c'est peut-être ce qui est en train de se produire -, de la fin du pluralisme à droite.
C'est la première fois, depuis l'élection présidentielle au suffrage universel, que la Droite n'aura, finalement, qu'un seul candidat crédible. Jacques CHIRAC, pour la première fois de son existence - et ne sous-estimons pas la performance, sera le candidat de toutes les droites. Dès lors, nous n'avons plus un affrontement biaisé, comme il a pu se faire en 1995. Nous avons là un affrontement par rapport à celui qui représentera tous les conservateurs.
C'est pourquoi, il faut appréhender ces élections qui viennent avec confiance, mais aussi avec sérieux. Sérieux par rapport à l'action du gouvernement de Lionel JOSPIN. La fin de la législature est, en effet, marquée par un retournement conjoncturel dont on ne connaît pas encore exactement la nature ni la durée, par des événements internationaux dont nous ne pouvons pas encore imaginer la forme qu'ils pourront prendre et par une montée assez rituelle des revendications, de peur peut-être pour un certain nombre de catégories d'une alternance. Je veux les rassurer. Inutile de protester, inutile de manifester, il se peut que ce soit le même gouvernement ou à peu de choses près après les élections de 2002. Mais par rapport à ces mouvements, le gouvernement a montré une écoute - et il a eu raison- car rien de pire - dans ces moments bien connus de notre chronique sociale- que la surdité, la rigidité, ou le refus de dialogue. Et c'est pourquoi il y a eu, de la part du gouvernement, le souci de donner droit à des revendications - jusqu'à une certaine limite - qui pouvaient effectivement apparaître comme nécessaires. Il l'a fait avec sérieux et avec le souci de la maîtrise des finances publiques.
Laurent FABIUS a eu également raison de nous dire qu'il ne pouvait pas y avoir de satisfaction durable des revendications si, dans le même temps, se creusaient les déficits. Nous ne sommes pas là pour satisfaire telle ou telle catégorie ou complaire à tel ou tel groupe ; nous sommes là pour gérer les intérêts de la France.
Dès lors, nous sommes encore plus soucieux du déficit que d'autres car, finalement, nous préparons notre héritage. Et pour nous, il est important après 2002 d'hériter d'une situation financière meilleure à tous les égards que celle qui nous a été léguée en 1997.
Face à ces mouvements, la Droite elle-même n'a pas été capable d'être cohérente. Elle n'a d'abord cessé de nous inciter à donner droit à toutes les revendications. Et lorsque nous l'avons fait, elle n'a eu de cesse que de nous accuser d'y avoir cédé. Il nous a même été reproché de céder à une forme de " balladurisation " ! Chez eux, et c'est ce qui est cocasse, cette référence est la pire ! c'est une insulte ; c'est vous dire comment ils s'estiment entre eux !
Le sérieux, il faut aussi l'avoir dans le travail de notre parti. Alain CLAEYS a présenté notre ordre du jour pour les prochains mois et il est copieux. Il y a d'abord le travail sur le bilan, il n'est pas achevé, il faut continuer à faire ce jeu politique essentiel à nos yeux qui est de rendre compte de notre mandat, qui n'est pas d'oublier les engagements d'hier et de passer sous silence les manquements d'aujourd'hui.
Ce rapport à la politique, nous l'avons voulu exhaustif et nous avons été capables de produire ce magazine distribué, comme nous le rappelait Alain BERGOUGNIOUX.
Nous avons été capables de le faire à 6 millions d'exemplaires, pour dire : " Nous avions dit que nous baisserions le chômage ; nous avions dit que nous créerions les 35 heures, les emplois jeunes, la couverture maladie universelle. C'est fait ".
Cela ne veut pas dire que nous sommes satisfaits de tout ou que nous avons tout bien fait ; mais que nous sommes au moins en respect avec les citoyens pour faire ce travail d'évaluation. C'est la moindre des choses dans une démocratie et notre parti peut s'honorer d'avoir eu cette démarche.
Ensuite, dans notre programme de travail, il y a le projet, il est fondé sur une méthode d'abord d'élaboration ; c'est un travail collectif autour de Martine AUBRY qui suscite le débat entre nous. Il sera conclu par une convention à la fin du mois de janvier, mais le débat aussi avec les Français. Ce n'est pas un projet que nous avons conçu simplement pour nous ou pour sceller des accords avec la gauche plurielle. C'est un projet qui a vocation à représenter les aspirations de nos concitoyens. Sa méthode de construction est également originale : nous n'avons pas défini simplement quelques propositions phares pour les cinq prochaines années ; nous avons voulu définir une perspective de long terme et réfléchir autant sur les finalités de l'action collective que sur ses instruments.
C'est pourquoi, dans ce texte, il y a des réformes importantes sur les institutions, sur l'Etat, sur la démocratie sociale, sur la décentralisation parce que, pour nous, et c'est peut-être le message majeur qu'il faut faire passer, le projet des Socialistes c'est le projet d'un futur gouvernement de gauche, avec un Président de gauche. Mais c'est aussi le projet des Français pour qu'ils participent eux-mêmes à la transformation de leur propre vie.
Nous avons eu cette intuition, fondée sur une analyse de la société, qu'il fallait aujourd'hui répondre à la fois à un besoin irrépressible d'épanouissement personnel, d'autonomie, de liberté - dont les 35 heures aujourd'hui peuvent être une expression - et en même temps qu'il y avait aussi à prendre en compte ce besoin de protection, de garantie, de solidarité collective, de sûreté et qu'il fallait définir, à ce moment-là, une harmonie entre ces principes d'autonomie et ces principes de responsabilité collective. Le contenu de notre projet en est l'illustration à travers - toujours - cet objectif de plein emploi, avec la volonté de bâtir une société de la connaissance, parce que c'est là que l'on pourra réduire au cur les inégalités. Une société également du temps choisi, au nom de l'épanouissement personnel ; une société de l'autonomie pour chacun mais aussi pour chaque génération. Enfin, une société de solidarité, pas simplement en France ou en Europe, mais aussi au sein même de la planète.
Voilà le travail qu'il faut continuer à mener. Il n'est pas achevé. Le projet va être distribué dès la semaine prochaine à tous les militants. il sera donc soumis au débat collectif. il y a des amendements qui peuvent être portés au niveau national par les sensibilités du parti, par des personnalités, mais aussi des amendements que les fédérations peuvent construire et nourrir avec les militants ; ils seront traités avec considération et respect parce que c'est finalement la seule garantie de notre propre succès
Notre travail de Parti doit être aussi de désigner avec sérieux nos candidats ; notre candidat à l'élection présidentielle, bien sûr, à la fin du mois de février. J'espère, avec l'effort de tous, arriver à le convaincre de présenter sa candidature au bon moment.
Il y a ensuite, et nous venons de faire cet exercice, la désignation de nos candidats sur les élections législatives. Nous sommes la première formation politique, sans doute, à délivrer une liste de candidates et de candidats pour les élections législatives, comme nous avions été d'ailleurs les premiers en 1996 à le faire, sous le sarcasme de quelques-uns. Pourquoi aller si vite ? Mais nous avions sans doute déjà la prescience de la faiblesse du gouvernement JUPPE et la dissolution qui pointait. Nous étions prêts, nous le serons également pour les élections de 2002, parce que nos candidates et candidats seront en campagne pour les élections législatives d'ores et déjà, mais aussi en campagne pour l'élection présidentielle.
Et puis, le fait de désigner - de manière sérieuse et précoce - nos candidats nous a permis d'atteindre au moins la première étape de l'objectif de parité : les 40 %. Michèle SABBAN a bien voulu rendre compte de ce qu'a été l'activité du Parti là-dessus. Nous avons atteint nos objectifs, même s'il y aurait encore beaucoup à faire, j'en conviens.
L'intérêt de cette désignation était aussi de préserver la gauche plurielle. Je sais que c'est difficile. Beaucoup s'exprimeront sur le sacrifice qui leur est demandé - dans telle ou telle circonscription - de laisser une place au candidat Vert ou Radical de Gauche, alors que l'action militante pouvait justifier d'être dans cette circonscription-là en situation même de l'emporter.
Je sais même que certains plaideront qu'une candidature socialiste aurait plus de chance qu'une autre candidature de la Gauche plurielle. C'est notre fierté que de le croire, et en même temps, nous devons rappeler notre responsabilité collective. Si nous voulons que la Gauche plurielle vive, il faut qu'elle ait des représentants partout.
Il y a deux manières d'avoir des candidats partout : soit des primaires partout, nous ne l'avons pas toujours souhaité, soit d'être capables de créer une dynamique collective, c'est ce que nous avons souhaité faire avec nos amis Radicaux de gauche avec lesquels un accord sera vraisemblablement signé la semaine prochaine, ainsi qu'avec les Verts.
Je souhaite, personnellement, que nous puissions aboutir le plus vite possible. Ils ont eux-mêmes des contraintes de calendrier. Soit nous disions : "le 14 décembre, c'est le dernier jour". Nous sommes capables de suspendre nos travaux pendant les fêtes et d'attendre le début du mois de janvier, le temps de leur réunion qui prévoira de ratifier ou non l'accord avec nous. Nous réserverons ces circonscriptions jusqu'à la mi-janvier et puis ensuite, selon la réponse qui nous sera faite, nous procéderons ou à la confirmation de nos choix, ou à l'investiture de nos candidats. Je ne le souhaite pas parce que, pour nous Socialistes, la stratégie de la Gauche plurielle est la seule possible. Elle permet le respect de chacune des identités qui la composent. A l'élection présidentielle, il y aura plusieurs candidats de la Gauche plurielle. Et alors ? Est-ce que cela ne permet pas le succès pour le second tour en mobilisant davantage d'électorat ? C'est aussi une forme de solidarité, parce qu'il n'y a pas de victoire possible pour nous au second tour sans la mobilisation de toute la Gauche plurielle, pas d'autre stratégie que la Gauche plurielle, pour nous comme pour les autres composantes de la Gauche plurielle.
Vers qui pourraient-elles se tourner ces composantes de la Gauche plurielle ? Vers l'extrême-gauche qui refuse de choisir entre la droite soutenue par le MEDEF et nous la Gauche ? Vers le centre ? Qu'est-ce qu'il en reste ? Ou vers la droite ? Mieux vaut éviter ce type de soutien !
La stratégie de la Gauche plurielle finira par s'imposer, parce que c'est la seule possible pour nous et pour tous ceux qui ont créé ce pacte de confiance qui s'appelle "la Gauche plurielle".
Nous avons à mener campagne. Alain Bergounioux et Alain Claeys l'ont évoqué, jusqu'à la fin du mois de février, jusqu'au moment où nous désignerons notre candidat. C'est la campagne du Parti et rien que la campagne du Parti, parce qu'ici il n'y a pas d'autre lieu, pas d'autre structure, pas d'autre organigramme que ceux du Parti socialiste.
C'est le Parti Socialiste qui mènera campagne durant les prochaines semaines, avec son projet, avec son bilan, avec ses candidats et avec la conviction de porter, à partir du mois de mars, notre candidat à l'élection présidentielle, là où il doit être, c'est-à-dire à l'Elysée.
A partir du mois de mars, le Parti ne s'effacera pas, mais il mènera campagne à sa place, derrière celui que nous aurons choisi.
Mais la séquence électorale qui s'ouvre ne doit pas être une simple confrontation entre personnes, un simple règlement d'un différend entre deux protagonistes des cinq dernières années. C'est un débat d'idées au plein sens du terme. C'est une confrontation entre deux conceptions de la politique et entre deux projets.
Le Parti Socialiste, par ses militants, ses candidats, ses élus, sera un atout décisif pour la victoire. A la différence d'autres - je pense à ceux qui fêtent leur anniversaire tristement, c'est en restant fidèles à notre histoire, à nos idées, à nous-mêmes, au Socialisme, que nous servirons au mieux notre idéal et que nous assurerons la victoire de notre candidat qui sera, je l'espère, aussi celle de chacun des Français.
(source http://www.parti-socialiste.fr, le 19 décembre 2001)