Conférence de presse conjointe de MM. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, et Erkki Tuomioja, ministre finlandais des affaires étrangères, sur les relations entre la France et la Finlande, et le bilan du Conseil européen de Laeken portant sur l'avenir de l'Europe et la recherche d'un règlement pour l'attribution des sièges des nouvelles agences européennes, Helsinki le 17 décembre 2001.

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Circonstance : Voyage en Finlande de M. Hubert Védrine le 17 décembre 2001

Texte intégral

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Merci. Je me suis rendu avec plaisir, aujourd'hui, à Helsinki, parce que je crois qu'il est très important qu'au sein de l'Union européenne on maintienne et on enrichisse les relations bilatérales et qu'on ne se rencontre pas uniquement dans les réunions à quinze.
Les relations entre la France et la Finlande sont traditionnellement bonnes mais pas assez denses. Nous avons entrepris, depuis quelques années, de les nourrir, de les intensifier. Il y avait eu la présidence finlandaise de l'UE, ce n'est pas très ancien, puis la présidence française, et beaucoup d'actualité européenne. Il ne faut justement pas perdre de vue cet objectif de concertation politique et diplomatique bilatéral.
Je n'ai pas grand chose à ajouter sur les thèmes dont nous avons parlé. Erkki a raison de dire que nous sommes très proches sur tous ces sujets.
Une appréciation positive sur Laeken. Bien sûr, il y a la question des agences qui n'est toujours pas réglée et j'imagine qu'il y a une déception en Finlande. Mais la vie de l'Europe, c'est cette négociation un peu permanente entre nous sur beaucoup de sujets. C'est maintenant à la présidence espagnole de reprendre les choses, de refaire la liste des agences importantes, de vérifier les candidatures et d'essayer de trouver un accord sans que nous ayons à attendre trop longtemps.
Pour le reste, je crois que nous avons bien travaillé à Laeken. Nous, Français, sommes bien évidemment heureux que l'ancien président Valéry Giscard d'Estaing ait été choisi pour présider cette Convention. Nous trouvons aussi que le texte adopté à propos de l'avenir de l'Europe est un bon texte, en tout cas dans sa dernière version. Il est devenu maintenant largement représentatif de toutes les questions que l'on se pose.
Les conclusions générales sont également bonnes et importantes sur beaucoup de points. Sur le Proche-Orient, nous avons ajouté, je crois, des exigences utiles en plus du texte que nous avions adoptés nous-mêmes, lundi dernier au Conseil Affaires générales. Notre vision des choses est très proche et, au cours du déjeuner très amical, nous avons eu un échange sur l'Afghanistan et sur la lutte contre le terrorisme. Nous avons également parlé de la dimension septentrionale et de la Russie.
C'est donc un bon exemple de ce que l'échange franco-finlandais est toujours très riche. Je l'ai constaté sur les grandes questions de politique étrangère.
Q - La querelle de Laeken sur le siège des agences semble ridicule pour beaucoup de gens. Peut-on réellement attendre une décision de la présidence espagnole sur ce point ?
R - Ce n'est pas une querelle entre nous. C'est une négociation. Il est vrai qu'il y a deux candidatures en compétition mais cela n'aigrit pas nos rapports. Cela ne pèse pas sur nos rapports parce qu'au sein de l'Union européenne à quinze, que ce soit pour des nominations ou pour la localisation géographique d'une agence ou à propos des idées générales, nous négocions tout le temps et nous ne sommes jamais du même point de vue qu'au départ. A la longue, une idée se dégage, un consensus s'installe.
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Entre nous, il y a un bon climat qui devrait nous permettre de trouver la bonne solution. Mais là, c'est quand même difficile. Entre la candidature d'Helsinki, que la Finlande juge très bonne, et la candidature de Lille, que la France juge très bonne, nous ne pouvons pas trancher comme ça. C'est donc la présidence espagnole qui va hériter de cela. Nous ne souhaitons pas du tout que la présidence espagnole reporte la question. Si nous pouvions nous mettre d'accord avant le prochain conseil européen par un échange entre les principaux responsables des pays concernés, cela serait mieux.
Q - Selon certaines sources, on souhaiterait élargir les missions de Petersberg pour pouvoir utiliser les troupes européennes, par exemple en Afghanistan. Comment détermineriez-vous les nouvelles missions des forces européennes et dans quelles opérations pourrait-on les utiliser ?
R - Vous parlez de la future force en Afghanistan ?
Q - Non, de la force européenne.
R - Mais il n'y a pas de force européenne à proprement parler en Afghanistan. Ce qui est en constitution, c'est une force multinationale des Nations unies dans le cadre d'un mandat du Conseil de sécurité. Au sein du Conseil de sécurité, en ce moment même, il y a une discussion pour rédiger la résolution qui va servir de mandat. Un certain nombre de pays européens vont participer à cette force. Ce n'est pas en application des mécanismes européens de la politique européenne de sécurité et de défense.
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Q - J'ai demandé au Premier ministre Lipponen pourquoi il était si difficile de prendre des décisions dans l'Union européenne et il m'a répondu que c'était parce que, dans le cas de l'Autorité européenne de la sécurité alimentaire, les Etats membres ne respectaient pas les décisions qu'ils avaient précédemment prises. Qu'en pensez-vous ?
R - Il ne faut pas donner une interprétation dramatique au fait que dans un conseil européen on n'arrive pas à se mettre d'accord sur tout, tout de suite. Il y a pas mal de sujets où il a fallu décider en plusieurs fois. Pour la politique européenne de sécurité qui se développe, les choses se sont décidées en quatre à cinq conseils européens.
C'est une déception aujourd'hui pour la Finlande mais ce n'est pas le signe d'un dysfonctionnement.
D'autre part, quand on discute démocratiquement à quinze, il faut tenir compte de l'avis et la position de chacun des quinze. Il y a une certaine lenteur au bout du compte mais cela montre que les intérêts de tous les pays membres sont respectés. On ne peut pas l'interpréter négativement. On ne peut pas, dans ces domaines, voter à la majorité qualifiée car, sinon, les intérêts de certains pays seraient toujours biaisés, ils ne seraient jamais pris en compte.
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(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 décembre 2001)