Allocution de M. Robert Hue, président du PCF, sur l'exception culturelle française, la politique culturelle et les intermittents du spectacle, Nantes, le 18 janvier 2002.

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Circonstance : Déplacement de M. Robert Hue, président du PCF, à Nantes, le 18 janvier 2002

Texte intégral

Merci de votre accueil ici, ce soir, dans Le lieu unique. Merci, en particulier à Jean Blaise, responsable du Centre de recherche pour le développement culturel, qui m'a fait l'amitié de me guider dans cet espace de bouillonnement culturel, imaginatif, comme je les aime.
J'ai tenu tout particulièrement à précéder mon premier meeting régional, par une visite ici, pour marquer mon attachement aux innovations des hommes de culture, qui mettent toute leur passion, pour faire bouger les rapports entre l'art et la société.
Lieu de mémoire sociale, dédié au mélange des genres, des cultures et des publics, cet espace culturel est, en effet, à bien des égards, un lieu unique en France. Il s'inscrit dans le mouvement de ces projets pluridisciplinaires qui, par leur nouveauté et leur caractère inventif, ouvre la voie d'un nouveau réseau culturel qui se développe avec le soutien de mon ami Michel Duffour, membre du gouvernement, qui nous fait l'amitié de sa présence, ce soir.
Il faut bien constater que la place faite à la culture dans le débat public est à mille lieues du désir d'art qui se manifeste dans la société et dont la réussite et l'intérêt de cet équipement témoignent. D'autre part, il y a urgence à traiter de ces questions alors que Jean-Marie Messier vient d'annoncer son ambition : faire disparaître l'exception culturelle pour accompagner le développement financier de son groupe.
Vous pouvez être assuré de ma détermination à agir pour faire échec à cette stratégie qui ne pourra qu'encourager le développement des inégalités culturelles. Ce n'est pas là un débat d'initiés. C'est une question de société. Alors que nous sommes appelés à procéder à des choix qui détermineront l'avenir du pays, osons affirmer, aujourd'hui, qu'il n'y a pas de démocratie sans culture et que la démocratie doit être cultivée. C'est pourquoi, il faut empêcher que des hommes comme Messier puisse mener à bien leur politique de restructuration du secteur culturel, au nom de la mondialisation libérale et de la loi du profit.
C'est d'une toute autre logique dont a besoin notre pays. Aucun homme, aucune femme, aucun enfant ne doit être privé de culture, faute de quoi c'est la maîtrise de sa propre vie, sa liberté, qui lui serait confisquée.
L'essentiel pour moi est d'obtenir des moyens financiers et des actions concrètes permettant de favoriser l'appropriation de la culture par toutes et tous. De la même manière que nous constatons que, derrière le désir d'art, c'est la reconnaissance qui est revendiquée, nous pensons que la politique ne doit pas être frappée d'indignité culturelle. Bien au contraire. La culture a droit à la politique, car celle-ci a besoin d'elle.
Dès lors, je veux contribuer à ce que les enjeux culturels occupent pleinement leur place dans le débat actuel et je souhaite élaborer avec l'ensemble de mes concitoyens, à commencer par les artistes et les opérateurs culturels, des propositions concrètes et chiffrées. Cela passe, en matière d'éducation et d'enseignement, par des moyens d'une toute autre ampleur, en particulier pour soutenir les associations.
Oui, c'est bien tout cela qui doit être au cur du débat électoral. De même, il faut avoir le courage de s'attaquer aux prétentions du Medef qui, de la loi de modernisation sociale aux intermittents du spectacle, prétend mettre à bas tous les statuts professionnels. Nous ne laisserons pas faire cette offensive réactionnaire, relayée par la droite !
C'est pourquoi, je veux redire ici que la spécificité des intermittents du spectacle doit être prise en compte par la convention de l'Unedic. Je serai attentif, avec les députés communistes, à ce que la proposition de loi qui vient d'être adoptée à l'Assemblée nationale, le 12 décembre, débouche sur un véritable règlement du problème. En effet, le secteur culturel, où se conjuguent création et production, est construit sur la succession de périodes de travail et d'inactivité. La reconnaissance de cet état de faits, issu des conditions même d'exercice de ces activités, n'est en rien "exorbitant en regard du droit commun", comme le prétend le Medef.
Surtout, je veux souligner combien le service public et le monde associatif - dont on vient de fêter le centenaire - constituent des outils modernes pour assurer la présence de l'art sur tous les territoires, dans toutes les classes sociales, sur tous les registres de l'existence humaine ; à l'image de cet espace qui témoigne du développement de ces nouveaux lieux de création dont le pays et la création contemporaine ont tant besoin.
Je vous remercie de m'offrir l'occasion de l'affirmer.

(source http://www.roberthue2002.net, le 21 janvier 2002)