Déclaration de Mme Elisabeth Guigou, ministre de l'emploi et de la solidarité, sur le bilan du programme TRACE, notamment pour l'emploi et l'insertion professionnelle des jeunes, Grenoble le 25 janvier 2002.

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Circonstance : Rencontre nationale des Missions locales et des PAIO à Grenoble le 25 janvier 2002

Texte intégral


Monsieur le Président du CNML et Cher Michel Mesdames,
Mesdames,
Messieurs,
C'est avec grand plaisir que je vous retrouve pour conclure ces deux journées de travaux fructueux. Elles nous auront permis d'évaluer ensemble le programme TRACE et de présenter le nouveau dispositif de la bourse d'accès à l'emploi. Nous commençons bien cette année qui est, dois-je le rappeler, celle du vingtième anniversaire des Missions locales. Vingt ans, quel bel âge, et c'est précisément celui des jeunes pour lesquels nous nous rassemblons ! Un bien joli symbole, et j'ose croire que nous en avons été à la hauteur.
Nous voici de nouveau à Grenoble, trois ans après la conférence nationale de lancement du programme Trace. Cette conférence aura été un moment fort dans l'existence de ce réseau, au même titre que les assises nationales que vous avez tenues à Paris en présence du Premier Ministre. Ces deux rencontres ont scandé une période riche et fertile : vous avez su engager les évolutions indispensables à la consolidation et au développement du réseau, vous avez conçu et donné vie a de nouveaux moyens d'action.
Je vous en remercie.
Permettez-moi également de remercier Michel DESTOT de nous accueillir, je voudrais remercier les collectivités locales en particulier le conseil général de l'Isère et son Président André VALLINI, Grenoble-Alpes-métropole (son Président Didier MIGAUD) et enfin de remercier tous ceux qui ont organisé ces journées et particulièrement Hubert PEURICHARD, le Délégué interministériel qui nous quittera dans quelques semaines pour une autre expérience professionnelle et à qui nous devons beaucoup ainsi que tous ceux qui ont participé aux ateliers. Élus, directeurs, conseillers qui représentez l'ensemble du réseau Bravo, jeunes femmes et hommes qui sont intervenus dans les groupes de travail, merci de vos contributions de vos propositions, merci d'avoir dit vos satisfactions mais surtout vos attentes, vos espoirs. Merci, et c'est essentiel, d'avoir si bien mené ce délicat travail de restitution des travaux d'ateliers.
Vous avez donné de vous-mêmes, et à mon tour je voudrais vous donner mon sentiment profond, et c'est celui d'une grande satisfaction devant le travail accompli. C'est également ma volonté, que des journées comme celles-ci encouragent, de poursuivre ce programme TRACE : en 2002, nous le renforcerons, nous le compléterons. C'est enfin ma conviction profonde que nous sommes dans le vrai quand nous nous attachons à garantir les droits des jeunes dans la société d'aujourd'hui et pour celle de demain.
JE SUIS SATISFAITE DU TRAVAIL ACCOMPLI
Nous enregistrons en effet des résultats aussi encourageants quels sont incontestables.
Le réseau est désormais solidement structuré.
J'en profite pour saluer chaleureusement Bertrand SCHWARZ qui a uvré inlassablement pour constituer ce réseau et apporter aux jeunes une réponse globale qui recouvre tous les aspects de l'insertion sociale et professionnelle.
Le Conseil National des Missions Locales a accompagné la structuration de ce réseau qui couvre aujourd'hui la totalité du territoire national et offre plus de 3 000 points d'accueil aux jeunes. Les associations régionales des missions locales complètent ce balisage national dans le cadre des orientations définies par le protocole 2000.
Plus de 8 500 salariés participent à l'accueil, l'orientation, l'accompagnement des jeunes. La négociation de la convention collective qui vient d'être étendue par arrêté ministériel consacre cette unification et cette cohérence d'action et de démarches.
Les résultats sont encourageants.
Ce sont, en 2001, 350 000 nouveaux jeunes qui auront été accueillis. Et bien que, pour des raisons démographiques et économiques, ce nombre diminue depuis quelques années, il demeure considérable : c'est une énorme responsabilité, à la mesure de la confiance des jeunes dans le réseau.
Les résultats sont là pour illustrer cette dynamique. En 1997, il y avait 588 000 jeunes demandeurs d'emploi dont 130 409 inscrits depuis plus d'un an. Un taux de chômage inacceptable que le Gouvernement s'est attaché à réduire, en développant une politique volontariste en faveur de l'emploi des jeunes. Portés par une croissance que nous avons su soutenir, nous avons mis en uvre des programmes ambitieux tels que celui des nouveaux services emploi jeunes, l'aménagement et la réduction du temps de travail et, bien entendu, le programme TRACE.
Les chiffres semblent nous donner raison, ces mesures ayant permis que de 28, 1 %, le taux de chômage retombe à 18,7 %. Aujourd'hui :
- 362 000 jeunes sont au chômage. C'est encore beaucoup mais c'est 40 % de moins qu'il y a en quatre ans.
- On dénombre 65 000 jeunes chômeurs de longue durée, c'est encore trop mais ils étaient deux fois plus nombreux en 1997.
Les à-coups de la conjoncture nous rappellent qu'il ne faut pas relâcher nos efforts. De nombreux jeunes n'ont pas encore profité du retour à l'emploi : la baisse du chômage est en effet moins significative pour ceux qui ont quitté l'école au niveau du brevet ou sans diplôme. Le taux de chômage des jeunes sans diplôme est supérieur de 20 points à celui des bacheliers.
Des phénomènes plus structurels affectent également l'emploi des jeunes :
- on observe une polarisation sur certains secteurs d'activité : services, commerce, restauration ;
- par ailleurs, la proportion de jeunes employés à des métiers non qualifiés est forte ;
- on sait également que leur parcours est plus instable, que leurs emplois sont plus précaires que ceux de leurs aînés ;
- enfin, les aides à l'emploi semblent jouer un rôle prépondérant, ce dont chacun peut apprécier l'intérêt comme les limites.
Tous ces éléments nous confortent dans nos choix et nos projets : l'emploi des jeunes reste une priorité nationale. Elle est inscrite dans le projet de loi de finances 2002 ce que nous anticipions dès la fin de l'année dernière en créant des mesures supplémentaires, je pense notamment aux 80 000 CES, dont nous comptons bien voir profiter de nombreux jeunes entrés dans un parcours TRACE.
NOUS ALLONS DOUBLER CET EFFORT EN 2002
Vos témoignages, en début d'après midi, me confortent dans mes choix :
- oui Trace est un programme innovant,
- oui l'accompagnement personnalisé remplit son rôle,
c'est bien chaque jeune qui progresse ainsi dans un itinéraire personnel,
- oui la présence du référent est indiscutable,
mais il faut :
- davantage de moyens pour les structures,
- allonger la durée d'accompagnement pour certains jeunes,
- assurer une continuité de ressources financières des jeunes.
Nous avions anticipé des remarques et c'est pourquoi j'ai voulu les inscrire dans le programme de lutte contre les exclusions que nous avons présenté l'été dernier et qui sera opérationnel cette année.
En 1998, le gouvernement a décidé dans le cadre de la loi de prévention des exclusions de développer un programme spécifique pour les jeunes en grande difficulté. Il s'agissait ainsi d'ouvrir à tout jeune l'accès à un parcours d'insertion de 18 mois et de lui proposer un accompagnement particulièrement attentif. 95 000 jeunes ont bénéficié de ce dispositif et plus de la moitié a retrouvé un emploi.
Nous avons pour cette année décidé de doubler le programme Trace : 120 000 jeunes seront accueillis en 2002 dans un parcours d'insertion. L'accompagnement personnalisé y tenant une place essentielle, nous créons 410 postes supplémentaires de référents sans exiger de cofinancement préalable de la part des collectivités. Bien évidemment ce cofinancement est souhaitable, il est nécessaire, même, car il permettrait de doubler les effectifs à des postes cruciaux. Le référent est la principale plus-value de ce programme, sa présence est la garantie que l'ensemble des préoccupations de chaque jeune sera prise en compte, du logement à la santé ou la vie quotidienne.
Pour certains jeunes, et j'en ai rencontré, l'accès même au programme est difficile : 10 000 d'entre eux bénéficieront de 6 mois supplémentaires d'accompagnement, si cela s'avère nécessaire. Cet effort devra s'accompagner d'un travail de partenariat avec les associations d'accueil d'urgence et de réinsertion, les équipes de prévention spécialisée. Il sera formalisé dans des conventions à conclure entre les missions locales et les institutions spécialisées.
Nous avons également pris en considération les suggestions tenant à l'amélioration de la situation financière des jeunes en parcours Trace. Beaucoup de jeunes sont dépourvus de toute ressource et trop souvent cela les amène à interrompre leurs parcours entre deux étapes de travail, de formation. Si le FAJ peut résoudre des difficultés aiguës, il ne peut suffire. La création du dispositif de la bourse d'accès à l'emploi (300 euros par mois versés dans la limite de 900 euros par semestre) est une première étape. C'est opérationnel depuis le 1er janvier.
Ces dispositifs sont les piliers de notre action en faveur de l'emploi des jeunes mais ils ne sont pas les seuls. L'alternance (apprentissage, contrat de qualification...), les emplois jeunes et le programme de consolidation que nous avons lancé en juillet sont d'autant de solutions que les missions locales doivent proposer aux jeunes. J'ai signé la semaine dernière à Dijon la convention portant création du 350 000 millième emploi jeune, ce qui démontre la formidable vitalité de ce programme. 10 000 places nouvelles sont prévues pour 2002. Il est pour cela nécessaire que le réseau des missions locales s'inscrive dans les politiques territoriales de l'emploi, en partenariat avec le service public de l'emploi de façon à assurer une parfaite fluidité entre les opérateurs les mesures : c'est même indispensable. Cette dimension est renforcée avec la loi de modernisation sociale qui complète la composition du Conseil National des Missions locales avec des représentants des Régions, des communes, des départements.
N'oublions pas les CES, qui peuvent être utilement mobilisés pour une première expérience professionnelle, c'est-à-dire la première étape d'un parcours d'insertion.
Ce programme ne se réalisera pas sans le réseau des missions locales. C'est au Conseil National d'animer et de mobiliser le réseau, en liaison avec la Délégation interministérielle à la jeunesse qui fait un travail remarquable. C'est à l'Etat de lui donner les orientations et de contribuer à ses moyens. Je sais que vous êtes attentifs à la sécurisation financière du réseau. Pour 2002, nous renforcerons les moyens financiers en programmant 80 millions d'euros de crédits qui recouvrent tant le développement du programme Trace que les incidences de la convention collective et la revalorisation des rémunérations qui en découle.
J'ai demandé aux services de simplifier les dispositifs de conventionnement des missions locales de façon à ce qu'elles puissent avoir sur un seul document le montant des moyens alloués par l'Etat et l'Europe.
Il nous faut également développer les partenariats :
- avec l'ANPE tout d'abord : c'est le sens de la convention conclue à l'été 2001 pour la mise en oeuvre du PAP - ND ;
- avec les associations des territoires, ensuite : elles peuvent utilement vous accompagner sur les chantiers de l'insertion sociale ;
- avec les entreprises, enfin, et les branches professionnelles.
Vous avez conclu hier une importante convention avec le Fonds d'assurance Formation des artisans du bâtiment (FAFSAB) qui souligne cette nécessité, pour les équipes des structures d'accueil, de renforcer leurs liens avec les entreprises.
Nous devons par ailleurs améliorer nos outils de formation : plus de formations modulaires, plus de formations par alternance, plus de validation des acquis de l'expérience.
Notre programme, votre programme est bien rempli pour l'année mais je sais que nous avons tous à cur de le mener à bien.
QUELLE POLITIQUE POUR LES JEUNES ?
Ce qui m'a frappée en entendant les témoignages des jeunes, c'est leur volonté d'être considérés comme responsables, adultes, autonomes. En ces temps où l'insécurité engendre de mauvais amalgames, cela me conforte dans l'idée qu'on ne construira pas durablement l'avenir et la paix sociale en enfermant les jeunes, mais au contraire en leur donnant les clés.
Pour définir de quelles clés il s'agit, il nous faut prendre en considération des évolutions majeures de notre société :
- Tout d'abord l'allongement de cette période de la jeunesse, du fait de l'allongement des études et des difficultés d'accès à l'emploi, particulièrement marquées ces dernières années. Cette période n'est plus un intermède : c'est une étape importante de la vie.
- La dissociation entre autonomie personnelle et autonomie financière. Autrefois, on quittait sa famille en accédant à l'emploi, à l'autonomie financière, à la citoyenneté. Souvent on fondait simultanément une famille. Aujourd'hui ces événements ne sont plus liés. Les jeunes deviennent plus rapidement autonomes, affectivement, culturellement ; l'emploi, l'autonomie financière viennent parfois plus tard, un décalage qui est forcément difficile à vivre.
- Une perception plus forte des inégalités et donc plus mal ressentie entre ceux qui accèdent rapidement à l'autonomie financière et ceux qui restent provisoirement en dehors de l'emploi, du salaire.
- Il y aussi l'évolution de la société : un monde plus vaste, une accélération des modes de vie, un monde où tout circule, où tout change, où il faut être réactif, mobile... Est-ce dommage, est-ce mieux ? Chacun sa réponse, mais nous devons tous lui intégrer cette donne à l'heure d'élaborer ce qui doit permettre de donner à chacun la place qu'il souhaite, à son rythme, avec ses choix et ses priorités personnelles.
Cet âge que l'on a longtemps cru entre deux âges est une réalité, une période charnière de l'existence. Et même si cela a un côté fataliste qui me déplaît, tout se joue là. Très vite. Avec des conséquences qui sont lourdes, et qui le sont longtemps. Ce qui nous amène à notre responsabilité collective et politique : ce destin personnel qui est scellé si tôt n'est pas seulement affaire de caractère. Il faut y regarder d'un peu plus près. On ne peut se contenter de penser que l'égalité des chances naîtra spontanément des mérites et des efforts de chacun. Si elle n'est pas appuyée, soutenue par un système, des références qui reposent sur une organisation concrète de l'égalité des chances, la liberté bénéficie d'abord aux plus forts et aux mieux armés. Notre vision repose sur un principe structurant : les comportements individuels doivent être confortés par une organisation sociale.
Il y a ainsi trois priorités à notre action.
Une plus forte autonomie
Les jeunes revendiquent leur autonomie. L'autonomie, c'est le premier pas vers la responsabilité, c'est la chance de s'accomplir, de faire ses preuves par soi-même. En contribuant à cette autonomie, la collectivité ne se contente pas de rétablir une justice sociale, elle construit également la paix sociale de demain. Ne serait-ce que parce que ce contrat passé entre un jeune et son pays marque autant qu'il induit un respect mutuel (j'y reviendrai). L'autonomie c'est la possibilité de faire ses propres choix personnels et professionnels, d'avoir une indépendance matérielle et financière. Nous avons développé une gamme de services qui permettent à chaque jeune de construire son parcours.
- La mise en place de Trace répond à cette volonté. Le partenariat avec l'ANPE renforce l'offre de service qui permet à chaque jeune d'accéder aux prestations d'accompagnement vers l'emploi.
En créant la bourse d'accès à l'emploi, nous avons franchi une autre étape. Nous permettons à chaque jeune engagé dans un parcours d'insertion de percevoir pendant les périodes intermédiaires une aide financière qui lui permet de consolider son autonomie et son projet de vie. Nous suivrons attentivement les premiers mois de sa mise en uvre.
Il faut aller plus loin.
- J'ai installé le 4 décembre dernier la commission nationale pour l'autonomie des jeunes. Cette commission, présidée par Jean-Baptiste de FOUCAULD que je salue et où le Conseil National des Missions locales est représenté, a commencé ses travaux autour des notions d'allocation d'autonomie, de contrat d'autonomie. Nous devons bientôt pouvoir travailler sur ses propositions.
Le temps du débat n'est pas clos. On ne peut sans doute pas régler un problème aussi important que celui de l'accès à l'autonomie par le seul versement d'une allocation. Prenons garde à ne pas créer un dispositif qui pourrait créer de nouvelles inégalités. Attachons nous en revanche à permettre à chaque jeune d'emprunter le chemin qui doit lui permettre d'accéder à l'autonomie : un emploi, un logement, une indépendance financière.
Une véritable égalité des chances
- Nous devons dans tous les domaines nous assurer de la réalité de cette égalité des chances. En créant un véritable droit à la formation tout au long de la vie. En offrant à toute personne dès sa sortie du système de formation initiale la possibilité de poursuivre sa trajectoire par l'alternance. Il faut décloisonner les systèmes de formation.
En luttant contre toutes les formes de discrimination à l'embauche, à l'emploi. Combien de témoignages des difficultés à obtenir un entretien d'embauche, une place dans un stage pour un nom, un prénom à consonance étrangère ? C'est inadmissible. Je demande à mes services d'être extrêmement vigilants sur ces questions. Je vous demande de nous aider à éradiquer ces pratiques. La loi votée en décembre nous y aidera.
En permettant à tout jeune, qui le désire, de créer son propre emploi, sa propre entreprise. Des dispositifs existent mais nous devons les rendre plus accessibles, plus attractifs, plus efficaces, plus simples aussi.
En prévenant le chômage et en mobilisant tous les outils qui permettent l'accès à un emploi de qualité.
En permettant à chaque jeune de circuler dans tous les pays de l'espace européen pour développer ses connaissances.
L'égalité des chances, c'est enfin l'accès à la culture, la santé.
Des jeunes citoyens, responsables de leur avenir
C'est aussi un chantier important. La convention qui a été signée tout à l'heure avec le Groupe Dexia est innovante à bien des égards. Elle engage les signataires à développer un ensemble d'actions qui doivent accompagner les jeunes dans leur apprentissage de la citoyenneté.
Notre responsabilité commune c'est bien sûr de donner à chaque jeune tous les éléments pour lui permettre de construire sa vie, mais aussi de comprendre les autres, d'accepter les différences, de vouloir changer ce qui peut l'être.
Ce qui nous réunit ici c'est la lutte contre le chômage de tous les jeunes et au-delà, cette volonté que résume votre charte de " construire une place pour tous les jeunes ", c'est-à-dire chacun la sienne. Il s'agit bien d'autonomie. J'aimerais ajouter que nous avons le devoir de veiller à ce que cette génération de ne scinde pas : d'un côté les inclus - aisés, futurs diplômés, voués à un parcours études-emploi-carrière -, de l'autre les exclus - ils ont peu de ressources, peu de qualification, pas de perspectives professionnelles ou sociales encourageantes et sont parfois d'ores et déjà précarisés. Éducateurs, élus locaux, sociologues, jeunes impliqués, vous nous avertissez de ces risques, et vous avez raison. Il n'y a pas loin du ressentiment au rejet, du rejet à la haine. Quel sera le monde de 2020 s'il grandit sur de telles bases ? À quoi ressemblerait une démocratie où l'envie le dispute à la peur ?
La philosophie d'un projet pour l'autonomie des jeunes c'est précisément de renouer, en créant un nouveau droit, avec une logique de pacte entre les générations, quelle que soit l'activité de la personne, lycéenne ou en insertion, étudiante ou en quête de formation, par delà les clivages sociaux. Ni charité, ni privilège, elle aurait vocation à servir d'assurance et de tremplin supplémentaires.
Enfin, et c'est là une notion commune à toutes les mesures dont j'ai parlé, il y a ce que peut, ce que doit faire la collectivité, et ce qui est du ressort de l'individu. Nous parions sur ce qui, quelle que soit l'époque, quelle que soit la conjoncture économique, est consubstantiel de la jeunesse : l'imagination, l'enthousiasme, l'énergie. Or il est infiniment plus efficace de les consacrer à ce que l'on entrevoit, plus facile d'y croire quand on se sent soutenu par la communauté.
Si nous voulons être fiers de nos enfants, commençons par nous en montrer dignes. Commençons par l'écoute et la solidarité.
Le réseau a vingt ans. Comme la moyenne d'âge des jeunes accueillis. Nous devons permettre à chacun d'entre eux de se dire oui c'est le plus bel âge de la vie.

(source http://www.travail.gouv.fr, le 31 janvier 2002)