Texte intégral
TF1 - 22 juillet 1998
J.-C. Narcy
Peut-on vraiment parler de budget de gauche alors que vous reprenez l'argument libéral de l'allégement des charges des entreprises ?
D. Strauss-Kahn
- « C'est un budget qui est bon pour les familles et pour l'emploi. Pour les familles, c'est clairement un budget de gauche, il n'y a pas de doute. La baisse de la TVA sur les différents points qu'on a évoqués tout à l'heure, la disparition de l'impôt - que payaient 4 millions par an - sur les cartes d'identité, les permis de conduire ; l'absence de hausse de l'essence sans plomb ; bref tout ce qui taxe plus les petits budgets que les gros budgets, c'est clairement un budget de gauche. La réforme de la taxe d'habitation qui est l'impôt le plus injuste qu'on ait aujourd'hui. Les autres impôts ne sont pas parfaits mais la taxe d'habitation est le plus injuste. La réforme engagée - toujours repoussée par les autres gouvernements - cette fois-ci par L. Jospin de la taxe d'habitation c'est vraiment la traduction d'un budget de gauche. Surtout que ces mesures de baisse d'impôt pour les familles sont compensées par une certaine hausse des gros patrimoines, on l'a vu au travers de l'ISF. »
J.-C. Narcy
Mais l'allégement pour les entreprises, n'est-ce pas un peu pour faire passer la pilule des 35 heures ?
D. Strauss-Kahn
- « Il n'y a pas de pilule des 35 heures. Les Français sont satisfaits, je crois, de ce que les 35 heures aient été votées. Mais à côté des allégements pour les familles, j'oubliais les frais de notaire dont vont profiter un jour tous ceux qui vendent leur appartement. A côté des allégements, il y a une mesure très importante pour l'emploi. Ce n'est pas un problème d'entreprise. Il ne s'agit pas d'opposer les familles et les entreprises. C'est la justice sociale pour les familles et l'emploi. Et faire disparaître la part des salaires dans la taxe professionnelle, c'est un formidable atout pour l'emploi. Ca fait des années et des années que c'est réclamé. Tout le monde dit depuis des années que c'est un impôt idiot, un impôt qui ne fonctionne pas et qui nuit à l'embauche. Cette fois-ci, le Gouvernement s'y attaque. Ca prendra un peu de temps parce que c'est une très grosse opération mais en cinq ans... »
J.-C. Narcy
Combien d'emplois alors en cinq ans ?
D. Strauss-Kahn
- « 100 000, 120 000. En tout cas, dès la première année, 70 % des établissements vont voir leur part salaire diminuer. Ca veut dire que dans toutes les villes, les artisans, les commerçants, les petites PME, tous ceux qui payent pour le moment moins de 550 000 francs de salaire dans leurs entreprises, c’est-à-dire une très grosse partie des entreprises françaises vont voir leur taxe professionnelle diminuer massivement. Dans le secteur du bâtiment par exemple, la baisse va être de 50 %. Et quand on sait l'influence du bâtiment sur l'emploi, on voit les conséquences en matière d'emploi »
J.-C. Narcy
Mais c'est aussi un manque pour les collectivités locales. Comment allez-vous compenser ?
D. Strauss-Kahn
- « Bien sûr, comme ce sont les communes qui touchent ça. Il ne faut pas que ça diminue l'argent des communes. Donc l'Etat va leur apporter exactement la même somme, franc pour franc. Pour les communes, ça ne va rien changer. Les entreprises qui n'ont pas de main d'œuvre, une entreprise qui aurait des machines et un ingénieur, ça ne changera pas grand chose puisqu'elles n'ont pas beaucoup de salaire. Mais une entreprise qui a beaucoup de masse salariale, beaucoup d'emplois, celle-là va être beaucoup aidée. Et c'est largement dans les PME, là où sait que les emplois se créent. Donc justice sociale et emploi, vraiment, je veux bien reprendre la qualification d'A. Lajoinie tout à l'heure (cf. passage antenne TF1, ndlr), c'est un budget de gauche. »
J.-C. Narcy
Est-ce que la vraie réforme n'était pas de profiter de la bonne conjoncture économique pour diminuer les dépenses de l'Etat ?
D. Strauss-Kahn
- « Il faut choisir ce que l'on veut faire. Le déficit diminuera en 1999. II diminuera beaucoup, on sera même la plus forte diminution européenne, à part le Danemark qui ira un peu plus loin que nous. Notre déficit aura la plus forte diminution. Mais il y a des dépenses à financer. »
J.-C. Narcy
Vous basez tout sur la bonne croissance. Mais est-ce que vous êtes sûr de la garder ? On n'a même pas eu encore les ondes de choc de la crise asiatique !
D. Strauss-Kahn
- « Sûr, on n'est jamais sûr. Mais ce que je constate, c'est que j'ai annoncé 5 % de croissance pour 1998, ils sont au rendez-vous. Et peut-être même un peu mieux. Peut-être qu'à la fin de l'année, on s'apercevra que c'est un peu mieux que 5 %. Quelles conséquences cela a ? Cela veut dire que j'avais annoncé 500 000 emplois créés dans l'économie en 1998, on aura sans doute plus que 500 000 emplois. J'avais annoncé 2,6 % de pouvoir d'achat, on aura plus que 2,6 % de pouvoir d'achat, peut-être 3 %. Et si vous vous souvenez, le SMIC augmente de juillet à juillet - il a augmenté en juillet 1997, il a ré-augmenté en juillet 1998. Entre les deux, le pouvoir d'achat du SMIC a augmenté de 5 %. Je ne veux pas donner trop de chiffres... Ce que je veux dire, c'est qu'on n'est jamais sûr de l'avenir, bien sûr. Mais nous menons une politique, celle que L. Jospin a voulue, qui est une politique économique qui assure les plus grandes chances à la croissance. Et pour permettre à la croissance de durer - il ne s'agit pas d'avoir une année de croissance, il faut en avoir deux, trois, quatre. Il fallait une mesure, maintenant, qui aide l'emploi dans les entreprises. C'est cette mesure sur la taxe professionnelle. »
J.-C. Narcy
Une dernière question. Vos détracteurs ont parlé d'habillage politique, parce qu’en réalité, plus de forme que de fond, puisque vous faites des cadeaux aux communistes, aux Verts…
D. Strauss-Kahn
- « Vous savez, lutter contre la pollution, ce n'est pas faire un cadeau aux Verts. C'est écouter les Verts. Lutter contre l'injustice en matière d'ISF, c'est pas faire un cadeau aux communistes, c'est écouter ceux qui, de ce point de vue, ont une opinion à émettre. Ce qui est caractéristique dans ces mesures fiscales que je présente aujourd'hui, c'est que le Gouvernement a beaucoup écouté, beaucoup consulté. On en a parlé dans la presse du coup, parce que quand on discute, évidemment, cela se sait partout. Mais la conséquence, c'est qu'après une grande concertation, nous avons un ensemble qui comprend plusieurs mesures : la taxe professionnelle, la réforme de la taxe d'habitation, la baisse de la TVA, la hausse de l'ISF, les mesures sur le gazole. Chacune de ces mesures, pour un Gouvernement, un de ceux auxquels j'aurais pu participer dans le passé, ou un gouvernement de conservateurs, peu importe, aurait suffi à constituer LA réforme de l'année. Un gouvernement qui aurait fait la réforme de la taxe professionnelle aurait dit : voilà, cette année, Je fais la taxe professionnelle, cela me suffit. Un gouvernement qui aurait fait la réforme de la taxe d'habitation aurait dit : cette année, je fais la taxe d'habitation, c'est énorme, cela le suffit. Nous faisons, en même temps, parce que c'est nécessaire, mais en l'étalant progressivement dans le temps, pour que les effets soient mesurés, et la réforme de la taxe professionnelle, parce qu'il la faut pour l'emploi, et la réforme de la taxe d’habitation, parce qu'il la faut pour la justice, et la réforme de l'ISF, parce qu'il la faut aussi pour la justice. Honnêtement, au total, tout ceci, avec une baisse du déficit, je crois que c'est une bonne utilisation de la croissance que nous sommes en train d'essayer de pousser pour cette année, et encore pour l'année prochaine. »
J.-C. Narcy
Ca fait tout de même 1 % en franc constant.
D. Strauss-Kahn
- « Il y a des dépenses à financer absolument. Mais lorsque l'Assemblée nationale, reflétant par là les vœux des Français qui ont élu une majorité pour ça, vote les 35 heures, une loi pour la lutte contre l'exclusion, vote les emplois jeunes, il faut bien les financer. 1 % de hausse, ça n'est pas beaucoup. Les Anglais auront cette année plus de 2,5 % de hausse. Bien sûr, si on peut dépenser moins pour rendre le même service, c'est mieux et on s'y emploie. Mais 1 % de hausse pour financer l'ensemble des mesures que le Gouvernement a décidées, ses priorités, ce n'est pas tellement. Et on arrive à faire dans le même temps, grâce à la croissance, il faut bien le dire, le financement des priorités, la baisse de l'impôt et la baisse des déficits. »
RTL : 23 juillet 1998
R. Artz
Quel est le qualificatif qui, à votre avis, convient le mieux au budget que vous avez présenté hier ? C'est un budget révolutionnaire, audacieux ou simplement pragmatique ?
D. Strauss-Kahn
- « C'est un budget réformiste. C'est un budget qui engage des réformes profondes. Et déjà, à l'époque à laquelle nous vivons, la réforme c'est audacieux, mais cela se fait pragmatiquement. Notamment beaucoup de réformes, celles qui sont les plus significatives en matière de justice sociale - par exemple : la taxe d'habitation va s'étaler sur plusieurs années -, justement parce que les effets sont forts. Les effets de redistribution entre les plus riches et les plus pauvres sont tellement forts, qu'il faut l'étaler sur plusieurs années pour que ça soit acceptable. »
R. Artz
Le débat sur : « budget de gauche ou pas ? », c'est un faux débat à votre avis ? Il existe des budgets de droite ?
D. Strauss-Kahn
- « Oui, oui, il existe des budgets de droite. Prenons une mesure par exemple: le Premier ministre a décidé de baisser la TVA - vous savez qu'on ne peut pas baisser la TVA sur n'importe quoi, pour des raisons européennes d'harmonisation ; il y a certains produits sur lesquels on peut, d'autres on ne peut pas -, de baisser la TVA sur les abonnements EDF, de 20,6 à 5,5. Ca coûte beaucoup d'argent, ça coûte 4 milliards de francs. Mais pourquoi c'est de gauche ? D'abord c'est de gauche, parce que ça va toucher tout le monde, et proportionnellement, plus encore, ceux qui ont de petits revenus. Mais si voulez comparer avec un budget de droite, il faudra simplement se rappeler qu'avant c'était à 5,5. Qui l'a monté de 5,5 à 20,6 ? M. Balladur en 1994. Alors quand on monte la fiscalité sur les abonnements EDF, ça c'est un budget de droite, et quand on la baisse c'est un budget de gauche. »
R. Artz
Autrement dit, il y a une rupture avec les budgets des gouvernements précédents ?
D. Strauss-Kahn
- « II y a une rupture extrêmement sensible. D'abord, dans l'ampleur de ce qui est fait. J’ai parlé de la taxe d'habitation. Vous avez évoqué, tout à l'heure, la taxe professionnelle, la disparition d'impôts comme sur les cartes d'identité ou les permis de conduire ; la diminution de ce qu'on appelle les frais de notaires ; la hausse de 30 % du rendement de l'ISF. Tout ça ce sont des mesures importantes en elles-mêmes. Donc par la masse des mesures, la réforme fiscale est lourde. Mais en plus, le sens dans lequel elle va, pour les ménages et pour l'emploi, ce sont aussi des thèmes de gauche. La solidarité : je ne veux pas dire que les gens de droite ne s'intéressent pas à la solidarité, il ne faut pas être caricatural. Mais c'est quand même plutôt la gauche qui augmente l'ISF et la droite qui fait le contraire ; plutôt la gauche qui baisse la TVA et la droite qui fait le contraire ; et plutôt la gauche, là, qui prend des mesures importantes en faveur de l'emploi, parce qu'au bout du compte, la plus grande inégalité contre laquelle il faut que nous luttions, c'est évidemment le chômage. »
R. Artz
Mais alors il y a quelque chose qui ressort, assez fort, de ce budget, qu'on n'attendait peut-être pas forcément, c'est justement sur la taxe professionnelle. En supprimant progressivement la part salariale de l'établissement de cet impôt, au fond vous vous ralliez à une logique qui n'était peut-être pas la vôtre - je veux dire aux gens du Gouvernement, du Parti socialiste -, c'est que baisser les charges sur les salaires, c'est favorable à l'emploi.
D. Strauss-Kahn
- « La question qui est posée c'est : est-ce que cet impôt-là est favorable ou défavorable à l'emploi ? Et cet impôt-là, il est défavorable à l'emploi. Depuis que la taxe professionnelle a été créée en 1975, il y a eu des rapports et des rapports pour expliquer que c'était nuisible. Et tous les élus, de gauche comme de droite, d'ailleurs... »
R. Artz
Qui l'avait créée en 1975 ?
D. Strauss-Kahn
- « Je ne sais plus qui était Premier ministre en 1975. Enfin bon. En tout cas... »
R. Artz
Chirac.
D. Strauss-Kahn
- « Peut-être oui. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que, depuis, personne n'a dit : c'est un bon impôt, efficace, qui sert l'emploi, qui sert l'investissement. Tout le monde a dit, à droite comme à gauche : c'est un mauvais impôt. Puis personne ne l'a jamais bougé. Alors tout le monde a essayé de le corriger, c'est vrai, à droite comme à gauche, de l'améliorer, d'éviter les effets pervers. Mais au bout du compte, c'est resté un truc extrêmement compliqué, incompréhensible et nuisible à l'emploi. Tout le monde en est d'accord. Alors la question est simple : c'est vrai que, beaucoup n'attendaient pas qu'il soit réformé ; cela fait tellement longtemps maintenant - 23 ans que ça existe -, que tout le monde dit que c'est mauvais et qu'on ne le change pas ; que beaucoup avaient fini par renoncer. Une certaine surprise existe dans le fait que le Gouvernement, parce que c'est nuisible à l'emploi, a décidé de le changer. Et lorsque, dans cinq ans - puisque là aussi c'est une réforme qui va s'étaler dans le temps, parce qu'elle est très importante -, mais dans cinq ans, quand on sera au bout de la réforme, eh bien l'effet sur l'emploi sera considérable, justement parce que, aujourd'hui c'est un frein à l'embauche. Et pour que ça aille vite - parce que cinq ans, vous me direz : c'est long ! - pour que ça aille vite, la modalité que nous avons choisie pour faire disparaître cette taxe professionnelle sur les salaires, c'est de commencer par les plus petits. Et donc, dès l'année prochaine, 70 % des établissements - c'est-à-dire tous les commerçants, tous les artisans, et les PME -… »
R. Artz
… pourront en profiter...
D. Strauss-Kahn
- « ...Non seulement pourront en profiter, mais verront leur taxe professionnelle sur les salaires disparaître. Pour les gros établissements, plusieurs milliers de salariés, ça disparaîtra progressivement. Mais pour les petites entreprises, ou les commerçants et artisans, ça disparaîtra tout de suite. De ce point de vue, l'effet sur l'emploi sera considérable. »
R. Artz
Plus globalement, dans les réactions liées à la présentation du budget, l'opposition, et en particulier le RPR, considère qu'il n’y a pas les vraies réformes de structure qu'il aurait fallu, que c'est un faux-semblant et des occasions perdues.
D. Strauss-Kahn
- « J'ai entendu cela. Cela ne m'a pas beaucoup surpris ; il faut bien que l'opposition s'oppose. Mais derrière des phrases un peu creuses sur le thème "Il n'y a pas les vraies réformes de structure", j'ai attendu qu'on me dise quelles étaient - du point de vue de l'opposition, ça ne veut pas dire que je les partage - selon eux les vraies réformes de structure. Je n'ai rien vu venir, parce qu'en fait, dans ce budget, il y a plusieurs réformes de structure fondamentales. On a parlé de la taxe professionnelle ; il y a la taxe d'habitation qui sera un effort considérable ; le rapprochement de la fiscalité de l'essence et du gazole, qui en termes écologiques a une signification considérable aussi ; la baisse de 20 % de ce qu'on appelle communément les frais de notaire que payent les familles lorsqu'elles vendent un bien immobilier. Ce sont de vraies réformes de structure. »
R. Artz
Donc, des critiques non-fondées ?
D. Strauss-Kahn
- « Des critiques habituelles, un peu mécaniques. »
R. Artz
Le Président Chirac avait insisté le 14 juillet sur la nécessité de réduire la pression fiscale, donc la dépense publique. Peut-il être satisfait ?
D. Strauss-Kahn
- « Il vaut mieux que ce soit à lui que vous le demandiez qu'à moi. Mais la réduction de la pression fiscale est importante. Elle est un peu inattendue. C'est cela aussi qui surprend les commentateurs. Au total, la pression fiscale va baisser de plus de 10 milliards sur les familles, c'est considérable, et à peu près autant sur les entreprises, pour favoriser l'emploi. Cela fait un paquet de mesures qui - on peut le dire, sincèrement, sans exagération - n'a pas son équivalent depuis des années et des années, peut-être même des dizaines d'années. Vous savez que c'est la première fois depuis 20 ans que l'essence à la pompe ne va pas augmenter. »
R. Artz
Dans l'actualité, il y a également le regroupement annoncé hier de l'Aérospatiale et de Matra. Là aussi, on ne s’y attendait pas forcément. Il s'agit de favoriser la constitution d'une aéronautique européenne un peu gênée par l'actionnariat public de l'Aérospatiale ?
D. Strauss-Kahn
- « Oui. Il faut voir les choses en face. Se sont produits aux Etats-Unis des regroupements, notamment autour de Boeing, considérables, avec l'apparition de géants aéronautiques beaucoup plus forts encore qu'hier, s'occupant de l'aviation civile comme de l'aéronautique militaire. Si nous voulons en Europe - nous le pouvons - résister à cela et avoir un pôle aéronautique européen, tout le monde est d'accord sur le fait que ça ne peut être qu'au niveau européen. La France toute seule, l'Angleterre toute seule, l'Allemagne toute seule ne suffisent pas. Il faut grouper nos forces, comme on a su le faire pour Airbus, car Airbus est une coopération. Il faut les regrouper plus, non seulement dans le domaine civil, mais aussi dans le domaine militaire. Avant cela, il faut que du côté français on ait fait ces regroupements. En France, parce qu’il s'est beaucoup intéressé à la haute technologie dans le passé, on a eu beaucoup d'acteurs. Le Gouvernement a déjà traité le problème de Thomson, vous vous en souvenez, il y a un an, en l'alliant avec Alcatel. On a créé un premier pôle. Il y a un deuxième pôle qu'il faut créer et qui va regrouper donc l'Aérospatiale, Dassault et Matra. »
R. Artz
L’Aérospatiale se retrouve privatisée, de fait : l'État passe en-dessous de 50 % avec quelques précautions.
D. Strauss-Kahn
- « L'État plus le personnel aura plus que 50 %. Néanmoins, il est vrai que si on s'allie, si on fusionne, si ça va jusqu'à son terme - ce que j'espère - avec une entreprise privée, Matra, évidemment, la part de l'Etat diminue. C'est le prix à la constitution de quelque chose qui a vocation à s'allier avec l'Allemand Dasa ou British Aerospace, et à constituer ce géant européen qui garantira en termes commerciaux - c'est l'aviation civile, Airbus - mais aussi en termes militaires notre défense dans les années qui viennent. »