Déclaration de Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication, sur la tapisserie française, Paris le 21 avril 1998.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Vernissage de l'exposition "Métissages, dentelles, broderies, tapis, tapisseries, dans les commandes publiques", à Paris, le 21 avril 1998

Texte intégral

Monsieur le Questeur,
Messieurs les Elus,
Monsieur le Préfet,
Mesdames et messieurs,

J'ai eu le plaisir d'inaugurer, il y a quatre mois, les salles d'accueil et de lecture de la Bibliothèque nationale de France, aux murs desquels sont tendues des tapisseries nées de la collaboration entre lissiers et artistes contemporains.

Je me réjouis de me trouver parmi vous à l'occasion d'une exposition qui illustre de nouveau la vitalité de la création dans notre pays : celle de nos ateliers et manufactures, dont la renommée et l'excellence ont depuis longtemps dépassé nos frontières ; celle également des vingt-trois artistes dont les univers, pourtant si personnels, si singuliers, ont su trouver auprès des métiers d'art un nouvel écho et un nouveau relais.

Je sais que ces œuvres sont nées avant tout de la qualité d'une rencontre, des relations privilégiées, aussi bien professionnelles qu'humaines, qu’ont su nouer, au jour le jour, des artistes et des artisans d'art, au-delà des distinctions hâtives - et trop convenues à mon gré - entre métiers d'art et arts plastiques. Initier, susciter cette rencontre favoriser le dialogue entre art contemporain et arts traditionnels, fait partie de nos missions essentielles, et j'y suis, en tant que Ministre de la culture, tout particulièrement attachée.

Dans mon esprit, le patrimoine est tout sauf une notion figée, tournée vers le passé. Aussi, dans la lignée de Sully et Colbert, père des métiers d'art et créateur des manufactures royales, je crois que mon Ministère doit soutenir les métiers d'art, en mettant l'accent sur l'innovation, le décloisonnement et l'ouverture. Les artistes contemporains sont nécessaires au renouvellement des traditions. Aujourd'hui comme hier, il appartient à l’Etat de jouer ce rôle de médiateur entre métiers d'art et création contemporaine, en proposant à des artistes de travailler en commun avec des artisans.

Ce rôle d'impulsion et d'incitation revient en particulier à la Délégation aux arts plastiques qui, à travers la commande publique, s'attache depuis quinze ans à promouvoir la culture vivante et à diversifier notre patrimoine national. L'exposition Métissages que nous inaugurons est de toute évidence un beau témoignage de sa réussite.

Je tiens à souligner l'heureuse initiative de la Délégation aux arts plastiques qui a permis aux. brodeuses et dentellières de s'associer avec des artistes pour réaliser des créations contemporaines.

Au-delà de la qualité des œuvres, leur collaboration avec Fabrice Hybert, Jean-Michel Othoniel et Annette Messager - entre autres - a donné lieu à des innovations techniques remarquables qui témoignent, si besoin en était, des capacités d'invention des métiers d'art, pour lesquels le geste est autant un savoir-faire éprouvé qu'une recherche en perpétuel devenir, une incessante remise en question.

La célébration de l'An 2000 fait l'objet d'une autre commande d’envergure : celle passée par la Délégation aux arts plastiques en association avec le Musée de la tapisserie d’Aubusson pour débuter le prochain siècle et le prochain millénaire. Composée d'une dizaine de tapisseries, cette commande lancée autour du thème des inventions et des grandes découvertes depuis 2000 ans perpétuera la tradition narrative des tissages des pays de la Marche et sera réalisée par la majeure partie de ses lissiers.

Ce n'est pas un hasard si pour fêter le Jubilé de leur Reine, les Danois ont décidé en 1989 de passer commande à des manufactures françaises. Depuis huit ans, les énergies des manufactures des Gobelins et de Beauvais se trouvent en grandes partie mobilisées par cette tapisserie dite « de la Reine du Danemark », vaste cycle composé de onze tentures et six entrefenêtres. Cet ensemble prestigieux verra son achèvement en 1999 et sera présenté, à cette occasion, au sein-même du Musée du Luxembourg.

Je félicite tous ceux et toutes celles qui ont contribué à l'exposition Métissages.

En premier lieu, les vingt-trois artistes de différentes nationalités qui ont accepté de partager ce qu'ils ont de plus intime en confiant la réalisation de leurs œuvres à d'autres mains, d'autres talents, mais aussi les commissaires de l'exposition, Michèle GIFFAULT et Yves : SABOURIN. Je tiens à saluer les nombreux partenaires qui nous ont accompagnés, le Conseil général de la Creuse, la Caisse des dépôts et consignations, la ville d'Annecy qui accueillera prochainement l'exposition.

Je souhaite rendre hommage, également, aux lissiers, brodeuses et dentellières du Mobilier national, qui ont mis tout leur art au service d'une œuvre, avec beaucoup de cœur, de modestie et si surtout, de talent.

Enfin, je remercie chaleureusement monsieur René Monory, Président du Sénat, qui nous accueille régulièrement en ce lieu pour présenter les richesses artistiques des régions françaises.