Texte intégral
Alphandéry : "La courbe du chômage inversée fin 94"
Défenseur de la loi Giraud, le ministre de l'Économie pense qu'elle "aborde au fond le problème du chômage"
Le ministre de l'Économie plaide avec conviction en faveur du bilan du gouvernement Balladur tout en soulignant qu'un an c'est assez long pour que l'héritage soit oublié, et trop court pour engranger des résultats tangibles". À ceux qui estiment que le gouvernement n'a pas suffisamment engagé de réformes et s'est montré trop prudent, il répond : "En l'espace de douze mois, rarement on aura autant réformé." Après avoir souligné que le déficit budgétaire "trouvé en arrivant aux affaires était deux fois plus important que celui affiché par les socialistes", il affirme : "Les privatisations permettent de mobiliser les moyens pour lutter contre le chômage, pour le progrès social et l'emploi."
Le Figaro : Beaucoup disent, et pas seulement dans l'opposition, que le gouvernement Balladur n'a pas beaucoup réformé la France, notamment dans des domaines comme l'Éducation nationale, où des changements urgents s'imposent. S'il fallait faire un reproche au gouvernement, ne serait-ce pas celui d'une trop grande prudence ?
Edmond Alphandéry : Qu'est-ce qu'il vous faut ? En l'espace de douze mois, rarement on aura autant réformé ! Dans un contexte très difficile, en l'absence de marges de manœuvre, nous avons mené plus de réformes en un an (et un an c'est court) que nos prédécesseurs en cinq ans. La majorité des Français en convient d'ailleurs, à en croire les sondages les plus récents.
Nous avons conduit des réformes dans tous les domaines : les retraités, la fiscalité, la justice, l'aménagement du territoire, l'environnement… En ce qui me concerne, à la demande d'Édouard Balladur, j'ai mis au point le dispositif fiscal du plus grand emprunt jamais lancé en France, 110 milliards de francs, entamé une modernisation de la fiscalité de l'épargne dans le sens d'une plus grande neutralité, réformé le statut de la Banque de France, de la BNP, de Rhône-Poulenc et d'Elf.
Le Figaro : Parlons-en. Ces privatisations ne servent-elles pas, surtout, à boucher les trous du budget de l'État ?
Edmond Alphandéry : Le mauvais procès ! Il nous fallait à la fois respecter les intérêts patrimoniaux de l'État et ceux des épargnants. Le prix fixé à chaque fois correspond à un prix de moyen terme. N'oublions jamais que le prix des actions monte et descend en Bourse. Il faut donc se garder une marge au moment de leur introduction. L'expérience récente prouve combien nous avons eu raison de na pas céder aux sirènes. J'ajoute que nous sommes soumis à un plancher qui est fixé par la Commission de la privatisation dont l'indépendance reconnue par tous a été clairement établie par la loi que j'ai fait voter. C'est cela aussi les privatisations à la française. Et puis, ces privatisations, n'ayons pas peur de le répéter, sont un grand succès populaire.
Le Figaro : Mais vous auriez dû en affecter les recettes au désendettement de l'État…
Edmond Alphandéry : Depuis six mois, nous avons engrangé 76 milliards de francs de recettes. Ce sont des ressources dont nous avions absolument besoin, notamment pour soutenir l'activité, recapitaliser les entreprises publiques, et donc, en définitive, lutter contre le chômage. J'aurais préféré, croyez-moi, affecter le profit de ces privatisations au désendettement de l'État. Mais nous n'avions guère le choix, nécessité fait loi ! Le déficit budgétaire que nous avons trouvé en arrivant était deux fois plus important que celui affiché par les socialistes quelques mois auparavant. En tout cas, je voudrais insister sur la cohérence qu'il y a entre la politique financière et la politique sociale du gouvernement. Les privatisations permettent de mobiliser des moyens pour lutter contre le chômage, pour le progrès social et l'emploi.
Développer le partenariat populaire
Le Figaro : Vous privatisez donc par nécessité et non plus par conviction. On est bien loin des motivations de 1986 !
Edmond Alphandéry : Nullement ! Nous n'avons pas perdu de vue les raisons de fond qui poussent à privatiser. Et c'est précisément parce que les Français savent bien que le passage au secteur privé est porteur pour les entreprises, et donc pour l'économie, que les privatisations ne sont plus un sujet de controverse idéologique. Les entreprises privatisées ont désormais les coudées plus franches, notamment pour faire face à leurs besoins de financement. Les privatisations élargissent la place boursière de Paris. Et surtout, elles sont l'occasion de rendre les Français propriétaires de leurs grandes entreprises en développant l'actionnariat populaire et la participation des salariés. Enfin, laissez-moi ajouter que si j'ai accepté que l'État fasse son devoir d'actionnaire, pour Bull comme pour le Crédit Lyonnais, c'est dans la seule perspective de la privatisation.
Le Figaro : De toutes les réformes engagées par le gouvernement Balladur, laquelle a été, selon vous, la plus décisive ?
Edmond Alphandéry : La loi Giraud, même s'il est de bon ton de la critiquer. Elle aborde, enfin, au fond le problème du chômage. Pourquoi la France a-t-elle un taux de chômage plus élevé que ses partenaires? Parce qu'il n'y a pas assez de flexibilité du marché de l'emploi ; parce qu'il y a un coût du travail, en particulier du travail non qualifié, qui est trop élevé ; parce que la formation professionnelle des jeunes est insuffisante et que les entreprises françaises y sont trop peu associées, à la différence des entreprises allemandes. Ce que nous faisons depuis douze mois vise à répondre à tous ces problèmes. Tel est le sens de la loi Giraud. Elle a introduit plus de flexibilité par l'annualisation de la durée du travail ou le chèque-service ; elle réduit le coût du travail pour les bas salaires par la budgétisation de la politique familiale, une idée qui m'est chère depuis longtemps, et elle vise à impliquer davantage les entreprises dans la formation des jeunes.
Le Figaro : On attendait en effet le gouvernement sur l'emploi. Les résultats se font toujours attendre. Quand les courbes s'inverseront-elles ?
Edmond Alphandéry : Bien sûr, c'est la question cruciale. Mais une haie à la fois ! Il faut d'abord relancer la machine économique. Lorsque j'ai annoncé, à l'automne dernier, dans la morosité ambiante que l'activité devrait repartir au début de 1994 et que nous atteindrions 1,4 % de croissance cette année, ma prévision a suscité un certain scepticisme, c'est le moins qu'on puisse dire. Aujourd'hui, ce chiffre se confirme. On me reprocherait même d'être trop pessimiste ! C'est évident : avec 1,4 % de croissance, il n'y a pas de quoi pavoiser. Mais il faut se souvenir que nous ne sommes là que depuis douze mois. Un an, c'est suffisamment long pour que l'héritage qui nous a été légué soit oublié, mais c'est encore trop court pour engranger des résultats tangibles. Car il faut du temps pour qu'une politique économique exerce ses effets, à fortiori en matière de chômage. Grâce à l'addition des mesures de soutien à la conjoncture et des dispositions structurelles de la loi quinquennale sur l'emploi, il est raisonnable de penser que nous allons connaître un renversement de la situation vers la fin de l'année. Ainsi, les comptes de la Nation indiquent que la France connaîtra à nouveau des créations nettes d'emplois à partir de l'été prochain. Voilà une note d'espoir, dans ce climat social difficile. Par ailleurs, la France n'est-elle pas allée trop loin dans l'amélioration de la productivité dans les services ? Regardez les pays qui résistent le mieux au chômage : le Japon et les États-Unis. Voyez comme ils ont préservé de nombreux emplois de service, dans les commerces, dans les parkings, dans les transports en commun. Le gouvernement réfléchit à la façon d'exploiter ces gisements d'emplois.
Le Figaro : De quoi êtes-vous le plus fier ?
Edmond Alphandéry : Dans un pays miné par le chômage, ce n'est pas la question qui me préoccupe le plus. Néanmoins, je suis heureux d'avoir conçu une politique financière visant à mobiliser, au service du redressement économique, l'épargne à court terme. Pouvait-on orienter cet argent vers le secteur productif là où se crée l'emploi et l'utiliser pour faire repartir l'économie ? Cette question a donné lieu à un ensemble de mesures diversifiées dont on n'a pas toujours perçu la cohérence : une politique monétaire visant à obtenir, de façon durable, une baisse des taux courts plus rapide que celle des taux longs ; le dispositif fiscal de l'emprunt Balladur, dont j'ai voulu qu'il accélère la consolidation de l'épargne ; une réforme de la fiscalité de l'épargne pour redéployer des placements courts vers des placements longs, ainsi que l'ambitieux programme de privatisations que l'on sait. Tout cela pour renouer avec la croissance et endiguer la montée du chômage.
Le Figaro : Et quel est, dans votre domaine, l'échec enregistré par le gouvernement ?
Edmond Alphandéry : D'une certaine manière, notre principal échec est de de ne pas avoir su trouver les mots qui conviennent pour parler aux jeunes. Malheureusement, cela vaut pour tous les gouvernements, dans tous les pays, quelle que soit leur coloration politique. Comment faire comprendre que la CIP est d'abord un passeport pour un premier emploi dans l'entreprise et qu'il est par là-même la clé de l'insertion ?
Propos recueillis par Claude Jacquemart
L'Expansion
Un entretien avec le ministre de l'Économie
Emploi : la leçon du professeur Alphandéry
Les deux erreurs de la France : malthusianisme et alourdissement des frais généraux de la nation.
Au moment où le gouvernement affrontait la tourmente du "smic-jeunes", deux de ses membres revenaient du sommet de Detroit sur l'emploi. Cette coïncidence significative a inspiré au ministre de l'Économie une réflexion en profondeur sur les raisons du chômage français. Graphiques à l'appui – car Edmond Alphandéry n'oublie pas qu'il fut, avant d'entrer en politique, professeur d'économie.
L'expansion : D'après ce que vous avez entendu à Detroit, comment se situe la stratégie française de lutte contre le chômage par rapport à celle des autres grands pays industriels ?
Edmond Alphandéry : En schématisant, il y a trois types de réponse au problème du chômage. D'abord, celle du monde anglo-américain : c'est la flexibilité à tout prix. Avec des résultats positifs sur l'emploi, mais des salaires souvent très bas, à la limite du minimum vital, et les problèmes sociaux qui s'ensuivent. Ensuite, la réponse japonaise : l'entreprise intériorise la question de l'emploi. Elle ne licencie pas – ou très peu –, quitte à faire payer le consommateur ou à puiser dans ses réserves. La réponse de l'Europe continentale, enfin, est un dosage de plusieurs politiques : recherche de la croissance, d'une plus grande flexibilité, mais aussi maintien d'un certain niveau de protection sociale.
L'expansion : Quelles leçons peut-on tirer pour la France de cette typologie ?
Edmond Alphandéry : Les confrontations comme celle de Detroit ont d'abord l'incontestable avantage de relativiser nos débats franco-français et les remèdes miracles qu'on nous propose. Par exemple, le recours au protectionnisme face aux pays à bas salaires. Ou encore les trente-cinq heures imposées autoritairement à travers la baisse de la durée réglementaire du travail – qui est le contraire de la flexibilité. Ou bien, enfin, le freinage de la productivité et du progrès technique, sous prétexte que "la machine tue l'emploi". De ces fausses solutions, il n'a jamais été question au cours des discussions du G7.
En revanche, sur deux points, nous avons vu se dégager un consensus à propos du constat et des actions à mener. D'abord, partout, ce sont les PME qui créent les emplois : il faut les encourager par des politiques dynamiques. Ensuite, dans tous les pays industriels, l'offre d'emplois peu qualifiés de la part des entreprises a fortement baissé au cours des quinze dernières années. D'où le lien étroit qui existe entre chômage et manque de qualification : il faut donc à la fois développer la formation et accroître la flexibilité.
L'expansion : Ces traits communs à tous les pays industriels n'expliquent pas pourquoi la France a le taux de chômage le plus élevé…
Edmond Alphandéry : Bien entendu. Regardez le graphique 1. En quatorze ans, c'est chez nous que le chômage a le plus progressé. Pourquoi ? Voyez le graphique 2, La France a commis d'abord une erreur de pilotage. Première phase, la relance à tout va : entre 1980 et 1983, la progression du chômage chez nous est plus lente qu'en Allemagne, qu'aux États-Unis et qu'au Royaume-Uni, parce que l'activité est artificiellement dopée. Deuxième phase, la facture : de 1983 à 1990, pendant la longue période d'expansion internationale, le chômage baisse fortement chez nos partenaires – mais beaucoup moins nettement en France. Troisième phase, enfin : à partir de 1990, la récession fait remonter le chômage partout.
Que ce serait-il passé si la France n'avait pas connu la désastreuse politique de relance à contretemps de 1981-1982 ? Pendant la première phase, notre taux de chômage aurait progressé autant que celui des autres pays pour arriver probablement aux alentours de 10 % en 1983. Mais ensuite nous aurions connu la décrue au même rythme que les autres, cc qui nous aurait amenés à environ 6 % en 1990. Enfin, la remontée de 2,5 points due à la récession nous aurait situés, aujourd'hui, aux alentours de 8,5 %. Soit près de quatre points au-dessous du taux actuel.
Un chiffre qui n'aurait rien d'exceptionnel, puisqu'il représente la moyenne des pays de l'OCDE.
Nous payons encore en 1991 cette erreur de pilotage. Entre 1981 et 1983, les pouvoirs publics ont brutalement chargé la barque : accroissement du déficit budgétaire, notamment par la création de 110 000 emplois publics, et mise en œuvre d'une série de mesures dont certaines étaient peut-être souhaitables dans l'absolu, mais incompatibles avec les contraintes financières du moment comme le passage immédiat à la retraite à 60 ans ou la hausse de 38 % du salaire minimal. Cette politique a eu deux conséquences. Elle a, très vite, contraint les gouvernants à freiner l'économie pour résorber l'inflation et les déficits – ce fut le plan Delors, en 1983. Elle a entraîné aussi un affaiblissement durable de notre capacité à créer des emplois, en accroissant le coût du travail et en déprimant les investissements – d'où la faible baisse du chômage pendant la période de croissance de 1986-1990. Le mal s'est même aggravé : la France est un des seuls pays industriels où les dépenses de protection sociale rapportées au PIB ont augmenté depuis 1980, alors qu'elles ont baissé en Allemagne et aux États-Unis.
Cette politique reposait sur une série d'erreurs de raisonnement, malheureusement trop consensuelles chez nous.
On a dit : la cause du chômage, c'est la vague démographique, l'afflux des jeunes sur le marché de l'emploi. Il faut donc rationner le travail : d'où la multiplication des préretraités, la semaine de trente-neuf heures. C'est une idée fausse : seul le travail crée de la richesse. Vous voyez cette conception malthusienne à l'œuvre dans le graphique 3. Dans les années 80, le facteur démographique ne pèse pas de façon particulière sur la France. La population d'âge actif (15-64 ans) croît de 9,4 % – comme en Allemagne, mais moins qu'aux États-Unis ou qu'au Japon.
Comment s'est répartie cette population supplémentaire ? D'abord, une constatation frappante : la France est le seul pays où l'emploi privé a diminué (- 1,2 % de la population d'âge actif, contre + 11,5 % aux États-Unis, + 4,4 au Royaume-Uni, + 3,4 % en Allemagne). En revanche, elle détient le record de la hausse du nombre des inactifs. On a écarté des actifs du marché du travail – alors que beaucoup étaient dans la force de l'âge – en croyant que cela diminuerait le nombre des chômeurs, mais on a obtenu le résultat inverse.
On a cru – deuxième erreur – soigner le mal en créant des emplois publics : là aussi, c'est un record français. En réalité, on a réduit la population active sur laquelle repose le financement des charges sociales, tout en accroissant les frais généraux de la nation. Il n'y a pas de meilleur moyen pour augmenter le coût du travail, donc pour fabriquer du chômage.
En effet, où les autres pays ont-ils trouvé de nouvelles sources de création d'emplois ? Dans le développement des services privés. Or, en France, entre 1979 et 1990, 4,1 % seulement de la population adulte sont venus grossir les effectifs de ce secteur, soit presque trois fois moins qu'aux États-Unis (+ 11,5 %), nettement moins qu'au Royaume-Uni (+ 10,3 %), qu'en Allemagne (+ 5,6 %) ou qu'en Italie (+ 6,6 %). Chez nous, la productivité dans les services a progressé deux fois plus vite que dans l'ensemble de la CEE. Pourquoi ? Parce que le coût trop élevé du travail interdit simplement le développement des services à faible productivité – et néanmoins utiles –, qui sont aujourd'hui les plus grands gisements d'emplois.
[Graphiques non reproduits]
L'expansion : N'y a-t-il pas aussi en France un choix collectif en faveur de la hausse des revenus, et au détriment de l'emploi, comme le suggère le graphique 4 ?
Edmond Alphandéry : C'est plus ou moins vrai, car cette hausse des revenus est presque entièrement imputable aux transferts. En d'autres termes, les gains de productivité ont été absorbés par l'augmentation des prestations sociales. Cela explique plusieurs choses. D'abord, la très forte différence qui existe en France entre le salaire net et le coût du travail, comme le montre le tableau 5. Les charges – le "coin social", disent les économistes – abaissent le salaire net, donc l'incitation au travail : en même temps, elles découragent la demande de travail de la part des entreprises.
Autre conséquence : depuis le début des années 80, le mouvement historique de baisse de la durée du travail s'est interrompu. En effet, la stagnation du pouvoir d'achat du salaire net n'incite pas les ménages à arbitrer en faveur du temps libre.
L'expansion : Vous dressez un acte d'accusation contre l'action de la gauche au pouvoir, mais on n'a pas l'impression que la politique actuelle marque une rupture radicale en ce qui concerne le traitement du chômage.
Edmond Alphandéry : C'est pourtant bien le cas. Tout d'abord, nous favorisons la reprise sans aggraver les déficits : grâce à la mobilisation de l'épargne courte – afin qu'elle se porte, soit vers la consommation, soit vers l'investissement –, grâce aussi aux recettes des privatisations, et enfin grâce à la baisse des taux d'intérêt. Cette action conjoncturelle comporte des mesures qui se sont révélées d'un excellent rapport avantage-coût, comme la subvention de 5 000 francs pour le remplacement des vieilles voitures ou les incitations au logement. Ensuite, nous prenons des mesures structurelles pour l'emploi – c'est l'objet de la loi Giraud – dans trois directions. Premièrement, la baisse du coût du travail, à travers la budgétisation des allocations familiales. Deuxièmement, la flexibilité, à travers des mesures comme le chèque-service ou l'annualisation du temps de travail. Troisièmement, la formation professionnelle pour les jeunes, en y associant les entreprises. Sur ces points, il y a bien rupture avec les politiques précédentes.
Propos recueillis par Gérard Moatti