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Le Figaro : Les places de port semblent insuffisantes. De nouveaux ports sont-ils prévus ?
Bernard Bosson : Effectivement, le nombre d'anneaux ne correspond pas au nombre de bateaux de plaisance et il y a un déficit global particulièrement marqué dans des secteurs comme la Bretagne-Sud ou la Méditerranée-Est. Les collectivités locales ont autorité pour créer ou étendre des ports mais elles doivent garantir la qualité de l'opération en conciliant urbanisme et rentabilité...
Aussi est-il souhaitable d'inciter les ports existants à se réorganiser en interne. L'État peut montrer l'exemple en favorisant la cohabitation de la pêche ou du commerce avec la plaisance. Une loi importante sur l'aménagement du domaine public maritime vient d'être votée permettant d'éviter des friches ou des espaces inutiles. Parmi les réaménagements envisagés, on peut citer le port de La Rochelle ; des réflexions sont en cours à Dieppe et à Boulogne. Enfin, on ne doit pas oublier les investissements légers que sont les mouillages.
Le Figaro : La grande majorité des plaisanciers juge les opérations « coupe de frein » souhaitables. En revanche, un manque de coordination entre les administrations est mal accepté : un bateau peut être contrôlé plusieurs fois dans la même journée…
Bernard Bosson : On admet d'être arrêté une fois ; au-delà, on est exaspéré. Nous allons trouver une formule pour créer un signal, laisser une trace ou donner un récépissé qui permette, sinon de ne plus être arrêté une nouvelle fois, du moins de ne pas entraîner un autre contrôle des documents du bord ou du matériel de sécurité.
« La sécurité, ce n'est pas la mer à boire », tel est le thème de la campagne menée pendant les vacances par mon ministère. Nous avons une volonté de mettre fin comme sur la route au système du gendarme et du voleur. Les contrôles, cet été, vont être tournés vers la formation et visent avant tout à expliquer la mer aux plaisanciers. Le personnel des administrations est d'ailleurs beaucoup plus intéressé par cette mission d'éducation.
L'opération expérimentale conduite l'an dernier [illisible] à former des équipes [illisible] dix hommes dotés de matériels nautiques à grande mobilité vont être développée dans quatre départements supplémentaires, Côtes-d'Armor, Loire-Atlantique, Vendée et Pyrénées-Orientales, soit au total dix départements ; d'ici à 1996, je pense l'étendre à l'ensemble des 5 500 km de côtes. Ces équipes qui ont en charge un secteur du littoral sont les îlotiers du domaine maritime, chargés de rendre service au public ; ils ne sont pas là avec un sifflet.
Le Figaro : La hausse récente de 350 à 500 F de la redevance du radiotéléphone VHF automatique est jugée importante pour un moyen de communication également utilisé pour la sécurité en mer.
Bernard Bosson : Cette hausse de l'abonnement, qui reste inférieur à celui d'un téléphone cellulaire, est la conséquence d'investissements importants apportant une amélioration considérable du service. Si une utilisation est faite par un grand nombre de plaisanciers, on peut penser que le coût diminuera ensuite.
Le Figaro : La VHF ou le radeau est une question que se posent les plaisanciers comme les sauveteurs, constatant que le radeau de classe V pour naviguer en 4e catégorie à moins de 20 milles des côtes, rendu obligatoire, il y a vingt ans, n'a pas vraiment prouvé son utilité. En revanche, l'émetteur-récepteur VHF, non obligatoire, montre chaque mois comment on peut éviter des accidents ?
Bernard Bosson : Pour la navigation côtière, le choix entre ces deux moyens est d'actualité : lors de la récente assemblée générale du Conseil supérieur de la navigation de plaisance et des sports nautiques, j'ai demandé [illisible] nouveau président, Gérard d'Aboville, qui est un homme d'expérience dans ce domaine, de réfléchir à ce thème. C'est un vieux dossier et je pense faire évoluer la nouvelle réglementation d'ici à la fin de l'année.
Le Figaro : Des modifications sont-elles encore envisagés pour le permis mer ?
Bernard Bosson : J'espère qu'il est arrivé à maturité. Les adaptations prévues par décret et arrêté d'application paru au Journal officiel du 16 juin dernier suppriment la limite des deux tonneaux pour la carte Mer, assouplissent les règles de la conduite accompagnée et divisent le permis Mer en deux à moins de 5 milles des côtes et sans limite. On constate d'ailleurs cette année un nombre très important de candidats. À la fin de l'été, comme à trois reprises on 1993, l'observatoire du permis se réunira et nous communiquera ses conclusions ; nous avons le souci de monter un système qui soit ferme et solide mais aussi souple et intelligent.
De même, dans le domaine de la navigation fluviale, il est souhaitable de simplifier des règles disproportionnées : la pratique est différente sur un lac, un canal ou un fleuve.
Le Figaro : Que va changer l'Europe pour le plaisancier et son bateau ?
Bernard Bosson : La France a voté contre la directive européenne adoptée le 6 juin par le conseil des ministres qui concerne la construction des navires de plaisance de 2,5 à 24 mètres de long. Ce texte laisse une part trop grande à l'autocertification et le respect des normes de construction n'est pas suffisamment privilégié.
Une période transitoire de quatre ans est prévue, mais dans deux ans les navires marqués « CE » seront dispensés de l'obligation de conformité aux réglementations nationales. Dans un autre domaine, dès juillet 1995, les brassières vendues sur le territoire communautaire devront correspondre aux normes européennes qui viennent d'être publiées.