Interview de M. Lucien Rebuffel, président de la CGPME, dans "Le Parisien" du 25 mars 1994, sur le contrat d'insertion professionnelle.

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Média : Le Parisien

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Lucien Rebuffel. – "Nous n'avons jamais demandé un sous-salaire"

Le président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) qui emploient en France près de 70 % des salariés, précise sa position sur le CIP. Il fonde ses espoirs sur la commission de suivi dernièrement instaurée.

Le Parisien : Pourquoi avez-vous demandé une publication rapide du décret sur le CIP ?

Lucien Rebuffel : Parce que le contenu de ce CIP est maintenant discuté dans la rue et que ce n'est pas l'endroit pour le faire. Pour la CGPME, ce n'est qu'un outil de plus, à côté des autres formes de contrats d'adaptation, de qualification, d'apprentissage et d'orientation. Ça fait cinq contrats à la disposition des jeunes.

Le Parisien : Mais pour M. Giraud, il s'agissait d'unifier tous ces contrats

Lucien Rebuffel : C'est son erreur c'est un échec pour M. Giraud qui a été contraint de faire machine arrière sur ce point. C'est une conception purement technocratique qui lui a été inspirée, en dépit des mises en garde de tous les partenaires sociaux, par des gens comme Charles Millon très favorable à ce contrat unifié, y compris pour les diplômés. Alors qu'il y a un foisonnement de situations, des analphabètes au bac + 2. Et il y a 1,5 million d'entreprises de moins de 500 salariés, 2 200 grandes entreprises. On ne peut appliquer à toutes les entreprises et à tous les jeunes le même type de contrat d'insertion, c'est absurde.

Le Parisien : Que pensez-vous du caractère dévalorisant du CIP pour des diplômes techniques ?

Lucien Rebuffel : Je tiens à préciser ici de la manière la plus ferme que la CGPME n'a jamais demandé l'établissement d'un sous-salaire pour les emplois d'insertion. Nous étions demandeurs en revanche d'un allègement des charges sociales pesant sur le salaire. Comment voulez-vous qu'on vive et que l'on consomme avec moins de 4 000 F par mois ? Les chefs d'entreprise ne sont pas fous, la baisse des salaires nuit à leur propre destin.

Le Parisien : Est-ce que les niveaux de salaires d'embauche en France peuvent être tenus pour responsables de la crise des entreprises ?

Lucien Rebuffel : Je réponds clairement non. Ce qui place les entreprises françaises dans cette situation dramatique, c'est la récession. Maintenant, il faudra faire un bilan de toutes les formes de contrats jeunes. Et cela c'est la bonne idée de M. Balladur, avec l'instauration de la commission paritaire de suivi.