Texte intégral
Le Parisien : Les aides à l'embauche ont-elles joué un rôle déterminant dans l'amélioration de la situation de l'emploi des jeunes ?
Jean Domange : Aucune mesure isolée ne peut donner les résultats actuels. Les aides des pouvoirs publics sont toujours utiles pour accompagner les efforts des entreprises. Mais les actions de promotion des responsables professionnels, comme l'opération « Cap sur l'avenir » du C.N.P.F., ont aussi convaincu les patrons que les jeunes constituent une richesse indispensable pour l'avenir des entreprises. L'amélioration que l'on enregistre ces derniers mois résulte de la conjugaison de tous ces facteurs.
Le Parisien : Ces aides suffisent-elles à inciter les entreprises à emboucher des jeunes sans qualification ?
Jean Domange : Certains jeunes, qui, soit n'ont pas de formation, soit ont reçu une formation mal adaptée, sont aujourd'hui sur le bord de la route. Ils se sont marginalisés et les entreprises doivent faire un effort pour leur permettre de se réinsérer. Cela justifie que l'on mette en place des aides spécifiques. Mais il y a des limites à tout, on n'a pas le droit de gâcher les deniers publics. Et il ne faut pas que ces aides produisent des effets pervers, déstabilisateurs, sur les autres catégories de salariés. Ce qui nous fait prêcher .pour des exonérations de charges qui ne favorisent pas seulement les bas salaires mais qui puissent aussi s'appliquer à des salaires plus élevés.
Le Parisien : Malgré ces aides à l'embauche, la reprise semble se traduire davantage par des heures supplémentaires ou des emplois intérimaires. Pourquoi ?
Jean Domange : La reprise n'est pas uniforme pour toutes les entreprises. Nombre d'entre elles, qui ont connu de grandes difficultés, doivent d'abord sortir de la position de repli sur elles-mêmes qu'elles avaient adopté. Il s'agit avant tout pour elles de voir si l'amélioration se confirme. En attendant, elles choisissent d'optimiser les moyens de production dont elles disposent, d'utiliser le potentiel qu'elles ont sous la main, de permettre éventuellement à leurs employés de retrouver leur niveau de salaire antérieur. Si l'on ajoute à cela la complexité qu'il y a à faire marche arrière sur le plan de l'emploi, on comprend que beaucoup d'entreprises jouent sur la flexibilité qu'offre l'intérim. Mais ce développement de l'intérim est un bon indicateur de la réalité de la reprise. Les emplois suivront.