Déclaration de M. Jean-Marie Le Pen, président du Front national, sur son procès en appel de sa condamnation par le Tribunal de Versailles pour "violence en réunion" pendant la campagne des élections législatives à Mantes la Jolie et sur sa volonté de créer une Europe des Patries, paru dans "Présent" le 22 septembre 1998.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Fête des BBR (Bleu Blanc Rouge) à Paris les 19 et 20 septembre 1998

Média : Présent

Texte intégral

Le rendez-vous de Versailles

Dans une semaine va s'ouvrir à Versailles le procès en appel du scandaleux jugement qui a suivi l'embuscade politico-médiatique de Mantes-la-Jolie.

Il est nécessaire de s'y attacher quelques instants.

Cette affaire est, en effet, emblématique des procédés totalitaires employés contre le FN, en vertu du principe « contre le FN, tout est permis ».

Venu à Mantes-la-folie pour accompagner ma fille Marie-Caroline arrivée en tête au 1er tour de l'élection législative, je suis tombé, lors d'une visite de commerçants, dans une embuscade tendue par les socialo-communo-gauchistes.

En effet, ceux-ci avertis à l'initiative d'une militante RPR, Mme Schwob, par le sous-préfet Schmitt de la Brelie, organisèrent une manifestation pour m'empêcher de faire la visite projetée des commerçants.

La voiture de police qui précédait la mienne ayant été bloquée par des manifestants, je suis descendu avec Thierry, mon garde du corps. Nous avons été immédiatement pris à partie, insultés, et bousculés.

Un incident verbal m'a opposé pendant quelques secondes à la candidate socialiste qui m'avait accroché par la manche de ma chemise. Je lui ai crié que nous en avions marre de ces agressions permanentes et systématiques.

A partir de cet incident de campagne électorale minime, et dont j’aurais pu me plaindre, le parquet de Versailles, diligenté par Mme Guigou, a engagé contre moi des poursuites qui ont abouti, après une campagne de presse, à ma condamnation à trois mois de prison avec sursis, une lourde amende, et fait extraordinaire, une peine de deux ans d'inéligibilité, et à l'invalidation de mon mandat de député européen.

Ce jugement scandaleux et mirobolant a été, il faut le savoir, prononcé par une présidente et un assesseur membres du « Syndicat » de la magistrature, organisation dont on sait qu'elle s'est définie comme ennemie du Front national.

Bien que, je l'affirme solennellement, Je n'aie porté aucun coup à Mme Peulvast, celle-ci contredisant ses premières déclarations a porté plainte pour blessures volontaires. Ce qui constitue un faux témoignage et une escroquerie au jugement pour lesquels j'ai porté plainte contre elle, ainsi que contre le policier, chef des Renseignements Généraux.

Il n'y a pas un seul témoignage, pas un seul rush de télévision, pas une seule photo qui vienne à l'appui de mon inculpation.

J'ai été pourtant condamné, et qui plus est condamné pour « violences en réunion », délit qui n'existe pas dans le droit pénal français et qui a été inventé par le parquet et imposé par le tribunal.

Il n'y a pas eu interruption temporaire de travail.

Bref, je suis totalement innocent. Plus, je suis une victime.

Il n'y a qu'un seul coup dans cette affaire : le coup monté, le coup de Jarnac.

Je ne vous en dis pas plus, mais l'opinion peut s'attendre à quelques révélations croustillantes qui, j'en suis sûr, vont démonter toute cette machination et faire échec au complot tramé contre le président du Front national.

Je compte que vous-serez nombreux à venir y assister et m'assister dans cette circonstance.


La Patrie en danger

Français et Françaises, mes chers compatriotes, et vous, amis et camarades du combat national, je vous le dis avec gravité : la Patrie est en danger comme elle le fut en d'autres temps. Contre les trahisons et les désertions, elle sera défendue comme elle l'a toujours été, fût-ce au prix de notre vie et de celle de nos ennemis.

Quel que soit le domaine, qu'il soit économique, diplomatique, politique, financier, social, militaire, constitutionnel, on a abouti à une politique inverse de celle initiée en 1958 par les pères de la Ve République, et ceci avec l'accord, express ou tacite, de ceux qui osent encore tenir boutique à  l’enseigne du gaullisme. A titre d'exemple : Jacques Chirac avait promis de soumettre le Traité d'Amsterdam au référendum, l'une des innovations les plus intéressantes de la Ve République. Il a trahi sa parole et ses références au général de Gaulle, adversaire résolu de l'Europe fédérale.

On a modifié une douzaine de fois la Constitution de 1958 pour pouvoir faire à l'aise ce que précisément elle interdisait. Des moyens inouïs ont été mis en œuvre, en faveur de la propagande de européiste, et à Bruxelles ou à Strasbourg, ceux qui ne se soumettent pas à la pensée unique sont dénoncés, au mieux comme des patriotes ringards, ou pis encore comme des nationalistes fauteurs de guerre et empêcheurs « d'europer » en rond !

Récemment, à la commission du règlement traitant à Bruxelles de ma levée d'immunité parlementaire, l'un des commissaires a fait une déclaration conforme au nouvel esprit de démocratie totalitaire qu'illustra la formule, Vous avez juridiquement tort puisque vous êtes politiquement minoritaire, je cite : « Il n'y a aucune raison de ne pas profiter de la circonstance et lever l'immunité de M. Le Pen, puisqu'il est un adversaire de nos idées européennes ».

La France, nation plus que millénaire, est au bord d'être mise hors l'histoire. Ceux qui avaient en charge de défendre l'unité de la nation, et l'indivisibilité de la République : Président de la République, ministres, députés, sénateurs, Conseil constitutionnel, Cour de cassation, Conseil d’Etat, se sont rués dans la servitude, capitulant les pouvoirs de la République, au bénéfice d'une entité hypothétique, dont jusqu'ici toutes les promesses de prospérité, de sécurité et de bien-être ont pourtant été trahies.

On est bien obligés de constater, en effet, que plus d’Europe, c’est plus de chômage, plus d’insécurité, plus d'immigration, plus de fiscalité (plus 100 milliards par an, en attendant l'impôt européen...), plus de corruption morale et politique.

Au stade actuel, il est clair que, s'appuyant sur les petites nations bénéficiaires des fonds structurels, les européistes ont sacrifié délibérément les réalités historiques. Mitterrand, mourant, était venu lancer à la tribune de l'Assemblée européenne une de ces formules fallacieuses dont il avait le secret : « le nationalisme, c'est la guerre », alors que les guerres ont généralement été le fait des races, des religions, des idéologies, de l’ambition des princes, à part peut-être le nationalisme révolutionnaire de 1789, celui des grands ancêtres chers à François Mitterrand. Lui, il aura surtout contribué à supprimer le franc, et détruire la France, avec l'aide des Chirac, des Giscard, des Juppé, des Madelin, dont la clientèle électorale, décidément l'une des plus aveugles du monde, affiche pourtant des sentiments nationaux.

Soixante ans après le déclenchement par Hitler de la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne est redevenue la première puissance européenne, une super-puissance à I échelon de notre continent, mais beaucoup plus liée au Gulliver américain qu'elle ne l'est aux Lilliputiens d’Europe.

J'ai dit, et je répète, aux Françaises et aux Français, que le Front national et ses députés européens sont les seuls à être restés fidèles, dans l'Europe des Patries, à la nation et à la Patrie française. Ils sont encore aujourd'hui les seuls à incarner l'espérance de la liberté et de la grandeur de de notre pays la France, ainsi d’ailleurs que celle de l'Europe.

Nous allons, tout au long des mois qui nous séparent de l'élection de juin, mobiliser les Français pour tenter d'arracher la France à l'Europe de Maastricht, de Schengen et d'Amsterdam, à l'Europe asservie aux lobbies, au grand capitalisme financier, aux gnomes anonymes de Francfort et de Wall Street.

Aux prochaines élections européennes, le Front national sera le seul à représenter légitimement le combat pour une France souveraine dans une autre Europe que celle de Maastricht et celle d’Amsterdam : l'Europe des Nations, l'Europe des Patries.

RPR et UDF, socialistes et communistes ont, à chaque étape décisive, choisi contre la France, pour l'Europe de Bruxelles. Or, celle-ci, c'est la fin de la France française, la mort de la République française, la soumission de notre peuple au Nouvel Ordre Mondial.

Voilà pourquoi nous voulons reconquérir notre indépendance, et dans une autre Europe, celle des nations, celle des Patries, avec nos différences et nos particularismes, pratiquer la fraternité de destin que nous désignent la géographie, l'histoire, la culture, la politique, et même l’économie.


La dette et le devoir

Une fois encore, et chaque année davantage, la preuve publique est apportée que, contre vents et marées, agressions et complots, mensonges et vilenies, persécutions et diabolisations, le Front national est là, solide, ardent, dynamique, progressant d'une année sur l'autre dans tous les domaines.

Il est aujourd'hui l'espoir, le seul espoir de la France française et de l'Europe européenne. Face au Nouvel Ordre Mondial, les mouvements nationaux s'inspirent de lui, de son expérience, de son programme, de son organisation, et surtout de son esprit d'unité, comme en témoigne la présence des délégations européennes ici présentes, et que je salue une fois encore en votre nom.

Le Front national est aussi, et quoi qu'ils en disent, le centre de la politique française, et les partis du Système sont contraints de se définir par rapport à lui.

Nous sommes fiers de n'être pas du gang des quatre, nous sommes pauvres mais libres, et nous marchons tête haute et mains propres.

Notre force est celle de l’âme. Elle est inspirée par les forces spirituelles qui, depuis deux millénaires, rayonnent sur notre pays.

Elle est riche de notre culture chrétienne et humaniste, synthèse des expériences et des pensées humaines, les plus fortes et les plus élevées, des œuvres humaines les plus belles.

De chair et de sang, avec nos cœurs, nos âmes, nos esprits, nous faisons partie, par toutes nos fibres du corps mystique de la Patrie. C'est le sang de nos pères qui coule dans nos veines,
 le même qui a coulé pour la défense et la grandeur du pays. Ce sont les paysages, qu'ils ont préservés et embellis, qui sont le cadre de notre vie. Quand nous mangeons les produits de la terre, symbolisés par le pain et le vin, nous communions avec eux, dans le sentiment chaleureux de l'appartenance à la nation charnelle et spirituelle.

Nous croyons que, comme les totalitarismes que nous avons combattus, et qui ont été vaincu, le mondialisme et ses épigones le seront aussi.

Plus ambitieux que Léonidas qui tomba aux Thermopyles avec ses Spartiates pour respecter la loi de son peuple, nous voulons la Victoire.

Nous voulons que la France  illustre le troisième millénaire, et qu’avec elle, et par et elle, l'Europe, celle des nations et des Patries, occupe dans le monde la place qui doit être la sienne.

La grandeur et la pérennité de la France ont été construites par son peuple, et par le dépassement des individus dans le travail, le dévouement, l'excellence et le sacrifice.

Les héros, les martyrs, les saints, les poètes, ont plus fait pour elle que quiconque dans le service de la vérité et de la beauté, aussi nécessaires à la vie que le pain et le vin.

C'est pourquoi nous rejetons de toutes nos forces le projet matérialiste, mercantile et suicidaire d'euromondialisme. Nous refusons la servitude, l’uniformité, la décadence et l'inversion des valeurs qu'elle implique.

Nous refusons de plier nos esprits et d’asservir nos cœurs à ces apprentis-sorciers, à ces tueurs d’âme.

Parce que je crois que les hommes sont des créatures de Dieu, je crois qu'elles ont un devoir de transcendance, une dette immense envers ceux qui leur ont donné, avec la vie, le sens de l'amour, de la beauté, de l'harmonie, dans l'un des plus beaux pays du monde. Un devoir sacré à l'égard de leurs enfants, à qui ils doivent, sous peine de trahison, transmettre le patrimoine, et à l'égard de l'humanité tout entière et de son histoire, celui de témoigner de la grandeur et de la noblesse de leur Patrie.