Texte intégral
TV Emploi : mardi 1er février 1994
Monsieur le Président, cher Jean Boissonnat,
Monsieur le Directeur général,
Monsieur le Ministre, cher collègue,
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais à mon tour, après Michel Giraud, saluer le travail considérable effectué par le comité de sélection qui depuis le 7 janvier, date de sa première réunion, n'a eu de cesse d'examiner avec la plus grande attention et malgré les activités professionnelles prenantes de chacun des membres du Comité, tous les projets d'émissions qui lui ont été adressés : plus de 850 dossiers proposés par des sociétés de production, des organismes, des associations, des particuliers, sont parvenus au Comité de sélection, à la suite de l'appel à idées ouvert en décembre dernier.
Soit, si mes calculs sont bons, plus de 3 000 idées puisque dans chaque dossier figurait en moyenne 4 idées différentes d'émissions.
3 000 idées : ni Michel Giraud ni moi-même n'avions un seul instant pensé que l'appel à idées susciterait un tel engouement.
Nous avons là la preuve que ce projet de programme télévisé temporaire pour l'emploi, souhaité par le Premier ministre, répond à une véritable attente de la part des Français.
Il y a dans ce pays des gisements d'initiatives inexploités qui viennent de s'exprimer.
Sur des questions aussi difficiles et souvent dramatiques que la perte d'emploi et les difficultés d'insertion qui s'en suivent ou les problèmes de formation et d'orientation professionnelle, les Français manifestent un dynamisme et une créativité qui prouvent bien d'ailleurs, et c'est une leçon pour les pouvoirs publics, que le besoin d'information et de communication sur ces sujets reste considérable.
En tant que ministre de la Communication, je me félicite que ce programme soit l'occasion pour les professionnels de la communication et plus particulièrement les sociétés de production audiovisuelle françaises y compris les plus petites et les plus éloignées de la capitale, de développer des projets innovants sur les problèmes liés à l'emploi et à la formation et de se positionner ainsi sur ce marché qui connaîtra rapidement de nouveaux développement avec le lancement dès novembre prochain de la chaîne du savoir, de la formation et de l'emploi.
Entendons-nous bien : nous avons tout-à-fait conscience avec Michel Giraud et Jean Boissonnat que cet appel à idées, s'il était indispensable pour toutes les raisons que je viens d'évoquer, n'était pas pour autant la voie la plus simple pour mener à bien ce projet.
Il eût été plus confortable de faire appel à un seul opérateur mais c'eût été tourner le dos à la logique qui préoccupe ce gouvernement, c'est-à-dire celle de la participation de chaque citoyen à l'effort collectif de mobilisation pour l'emploi. Cette logique devrait d'ailleurs être poursuivie dans les programmes qui devraient privilégier naturellement l'interactivité avec les téléspectateurs.
Cette phase de l'appel à idées s'achève et s'achève bien grâce à la disponibilité, à la rigueur et à l'indépendance du Comité de sélection qui s'est réuni tous les 2 jours depuis le 7 janvier pour examiner les dossiers.
Jean Boissonnat vous présentera dans quelques instants la méthodologie qui a prévalu à la sélection des projets. Il vous exposera lui-même les conclusions de son équipe qui a eu la lourde responsabilité de retenir les projets les mieux adaptés aux attentes et aux besoins des spectateurs et ces programmes, spectateurs qui, je le rappelle constituent un public très large, et qui, au-delà de ceux qui regardent habituellement la télévision dans la journée ou sont actuellement à la recherche d'un emploi, peuvent être aussi les jeunes en quête d'information sur leur orientation future, les chefs d'entreprise à la recherche de qualifications bien particulières, ou encore les hommes et les femmes qui ont un travail mais souhaitent enrichir leur vie professionnelle par une formation supplémentaire.
Il reste maintenant à, d'une part, réaliser et produire ces différentes rémissions et d'autre part à les organiser de manière à constituer une grille attractive.
Jean Boissonnat n'a eu de cesse de rappeler que cette télévision de service devrait être également une véritable chaîne de télévision.
Sa mise en place appartient maintenant aux professionnels de la télévision, d'une part aux producteurs sélectionnés et d'autre part à France Télévision qui a été jusqu'à présent conseiller technique du Comité de sélection et qui elle a communiqué un avis motivé sur la faisabilité technique et budgétaire de chacun des projets, et qui sera désormais le maître d'œuvre du projet puisque, je vous rappelle qu'elle assure la réalisation effective des programmes de leur diffusion, mais aussi la conception de la ligne éditoriale en liaison avec le Comité de sélection dont deux des membres (monsieur Dominique de Calan au titre du suivi des sujets d'emploi et de formation et monsieur Stéphane Bertin pour les aspects audiovisuels) ont été désignés par Jean Boissonnat pour assurer le suivi des décisions du Comité et veiller au respect de l'esprit éditorial suggéré par ce dernier.
Le Comité restera donc actif et se réunira à l'invitation de son Président tous les dix jours pour suivre, grâce aux comptes rendus que lui en fera le rapporteur du comité, monsieur Édouard Pellet, l'état d'avancement par France Télévision du programme et donner son avis sur les choix stratégiques de la chaîne, comme la finalisation de la grille ou les noms des présentateurs.
Je remercie tout particulièrement Raphaël Hadas-Lebel d'être présent ici aujourd'hui. Jean-Pierre Elkabbach a accepté de mobiliser toutes les forces de France Télévision au service de la réussite de ce projet et m'a assuré à plusieurs reprises de son attachement à la qualité des prestations de France Télévision, considérant à juste titre que cette expérience répond parfaitement aux missions de la télévision publique.
Je précise que c'est d'ailleurs France Télévision qui va déposer très prochainement une autorisation de diffusion temporaire de ce programme auprès du CSA.
J'ai toute confiance dans le professionnalisme de l'équipe spécialement constituée par France Télévision, dans le talent des producteurs et dans la volonté du Comité de sélection à poursuivre sa tâche.
Je laisse maintenant la parole à Jean Boissonnat qui vous présentera les conclusions du groupe d'experts qu'il préside depuis 3 semaines. Raphaël Hadas-Lebel vous précisera ensuite le rôle de France Télévision.
TV Emploi : mardi 22 mars 1994
Monsieur le ministre,
Messieurs les présidents,
Mesdames, Messieurs,
Nous voilà à la veille d'une grande première.
Pour la première fois en effet dans l'histoire de la télévision, une chaîne de télévision hertzienne se met totalement au service de la mobilisation nationale pour l'emploi.
21 jours d'émissions, 222 heures de programmes dont la moitié est consacrée à des productions originales en première diffusion.
Le Premier ministre l'a voulu : il s'agit que le média le plus puissant et le plus accessible participe à la lutte contre l'isolement et le découragement des personnes en recherche d'emploi ou de formation.
Avec Télé emploi, la télévision va pouvoir mesurer sa capacité à mener une action de communication sociale.
La télévision est-elle capable d'aider le citoyen à trouver son chemin dans son environnement économique et social ?
La télévision nationale est-elle capable de valoriser les innovations et les initiatives mise en œuvre au niveau local ?
Peut-elle devenir « la caisse de résonance » d'un esprit d'entreprendre qui existe dans notre pays, démultiplié et décentralisé, mais bien souvent insuffisamment ou mal relayé ? Peut-elle être la traduction concrète de la télévision de la vie et de la proximité ?
La télévision est-elle capable d'être le lieu d'accueil d'un dialogue direct, en suscitant témoignages et propositions, en apportant informations et conseils pratiques ?
Peut-elle démontrer son rôle de télévision de service, parce qu'ancrée dans le quotidien et proche du vécu de chacun ?
Ce sont toutes ces questions auxquelles l'expérience de Télé Emploi va tenter de répondre dans les trois prochaines semaines.
Télévision « citoyenne », télévision différente, télévision évènement, Télé Emploi n'a pas d'antécédent et pas de référents.
Elle est née d'une idée et elle est devenue possible parce que le pays avait justement des idées susceptibles d'améliorer la Communication en matière d'emploi et de formation professionnelle.
Grâce à l'expertise du Comité de sélection présidé par Jean Boissonnat et au savoir-faire de France Télévision, Télé Emploi est aujourd'hui sur les fonts baptismaux.
Nous avons tous en tête la grille des programmes et chacun d'entre nous a été heureusement surpris par tel ou tel projet d'émission.
En tant que maire de Grenoble, j'ai même trouvé un programme qui me parle tout particulièrement puisqu'il traite des métiers de la montagne « Montagne aujourd'hui pour demain » !
Les équipes de France Télévision, sous la direction de Pierre-Henri Arnstam, travaillent jour et nuit à la finalisation des programmes.
Les producteurs retenus mettent la dernière main au tournage de leurs émissions. Ils sont, je le rappelle, 52 au total dont un tiers travaille en région.
France-Inter, France-Info, Europe 1, RMC, Nostalgie, NRJ, RFO, Arte, l'Union des Chambres syndicales françaises d'affichage, et bien sûr France 2 et France 3 se sont mobilisés pour faire connaître à leurs publics Télé Emploi dont ils ont accepté d'être les partenaires privilégiés.
Je remercie les Présidents présents et tout particulièrement Jean-Pierre Elkabbach sans l'aide duquel rien n'aurait été possible.
Tout est en place donc. Chacun y a mis du sien. Les programmes seront non seulement diffusés par voie hertzienne sur le cinquième réseau mais aussi sur la plupart des réseaux câblés et sur les satellites Télécom 2B et TDF.
Reste maintenant l'essentiel : la rencontre entre Télé Emploi et son public, et ses publics.
Comment va-t-elle s'opérer ? Quelles émissions vont retenir l'attention du téléspectateur ? Quel va être le degré d'interactivité avec les usagers de cette télévision ?
Nous ne savons rien de tout cela mais ce que nous savons déjà, c'est que nous ne voulons pas que Télé Emploi soit jugée comme une télévision comme les autres.
L'audimat ne sera pas, ne pourra pas être la seule « grille de lecture » du succès ou de l'échec de cette chaîne.
Ce serait trop facile. Ce serait même injuste.
Une télévision de jour qui se consacre exclusivement à la formation, aux métiers, à l'orientation professionnelle ou à l'adaptation à la vie pratique, on ne peut pas en parler en termes de parts de marché ou de prix de la minute publicitaire.
En revanche, on peut en parler en termes d'intérêt et de mobilisation du téléspectateur-citoyen, de la personne sans emploi ou du jeune en quête d'orientation, des entreprises, des institutions de formation et de lutte contre le chômage ou des collectivités locales.
Les critères d'appréciation du succès ou de l'échec de Télé Emploi sont donc multiples et complexes. Nous avons d'ailleurs d'ores et déjà décidé du principe d'une étude qualitative qui sera menée au lendemain du 17 avril et qui nous permettra de confirmer les points forts et les points faibles de l'expérience.
Et puis, il y aura la suite : le service minitel de France télévision continuera à fonctionner jusqu'au 31 mai, certains concepts d'émissions pourront être repris et je pense en particulier au réseau de télé stations installé par Citcom dans les ANPE, – je sais que France 3 y réfléchit actuellement – et puis, bien sûr, « TSF » qui prendra le relais d'ici la fin l'année, et dont une bonne partie des programmes devrait être consacrée à la formation et à l'adaptation pratique, ainsi que le recommande la mission des experts.
Mais n'anticipons pas.
La priorité, c'est l'ouverture de l'antenne lundi prochain 28 mars à 7 heures du matin et nous devons tous nous mobiliser dans cette perspective.
Je souhaite une bonne chance à Télé Emploi, à ceux qui la pilotent, à ceux qui vont en être les médiateurs, et à ceux qui seront en régie.
Le succès de Télé Emploi, Mesdames et Messieurs, dépend maintenant de vous. Je suis sûr qu'il sera au rendez-vous.