Article de M. Jean-Marie Le Pen, président du Front national, dans "Français d'abord" de la deuxième quinzaine de juin 1998, sur la proposition de M. Balladur d'ouvrir un débat dans la classe politique sur la préférence nationale, intitulé "L'honnête homme et la préférence nationale".

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Circonstance : Interview de M. Edouard Balladur proposant un débat sur la préférence nationale, à RTL le 14 juin 1998

Média : Français d'abord

Texte intégral

Récemment, la caste politico-médiatique s'est déchaînée contre Edouard Balladur. Cause de cette chasse aux sorcières ? M. Balladur serait “coupable”, d'avoir voulu dialoguer démocratiquement avec le Front national sur la préférence nationale…

Que ce soient les marxistes de tout poil et de toutes obédiences, en (in)dignes représentants du parti de l'étranger, qui distribuent les blâmes ou les satisfecit sur la scène politique française est proprement ahurissant, et en dit long sur la décomposition d'une “droite” qui n'arrive décidément pas à retrouver ses véritables valeurs…

Je ne crains pas de le dire : M. Balladur paraît être un honnête homme. Ce qualificatif qui honorait les gentilshommes de la société française des siècles passés, est, certes, quelque peu tombé en désuétude. De la mesure, de la souplesse, une intelligence d'esprit alliée à une générosité de coeur, voilà ce qui caractérise l'honnête homme. Il faut bien reconnaître que ce sont là des qualités rares dans les états-majors des partis de l'Etablissement, qui ont une fâcheuse tendance à ressembler de plus en plus à des prétoires ou des bureaux de juges d'instruction… Autant dire que l'honnête homme n'est pas dans l'air du temps !

M. Balladur a beau être un hiérarque RPR, il paraît cependant être un honnête homme. Il l'avait prouvé en son temps en me recevant à Matignon, comme tous les autres chefs de partis politiques qu'il consultait. Ses prédécesseurs comme ses successeurs n'ont pas eu cette élémentaire politesse. Cette qualité d'honnête homme, il faut la lui reconnaître encore aujourd'hui, quand il a le courage de s'interroger à haute voix sur certaines questions, qui hantent une grande majorité d'électeurs RPR-UDF en leur for intérieur. Pour avoir récemment fait une déclaration de bon sens, il a reçu une volée de bois vert en même temps qu'un procès en sorcellerie en bonne et due forme s'instaurait à son encontre. Qu'a donc dit l'ancien Premier ministre pour susciter l'ire des prêtes du Veau d'Or ? Il s'est borné à évoquer l'idée qu'il fallait se réunir autour d'une table pour parler de cette fameuse “préférence nationale”, et que l'on pouvait inviter le Front National à ce débat. Notons, au passage, que c'est bien la moindre des choses, puisque c'est le Front National qui, le premier, a dénoncé les méfaits de l'immigration, et le premier a proposé que la préférence national soit inscrite clairement dans la Constitution. Que M. Balladur soit cloué au pilori et voué aux gémonies pour un propos aussi banal n dit long sur l'état de décomposition mentale de la pseudo-droite ! Mais MM. Chirac, Séguin et consorts sont-ils seulement des hommes de droite ? Il est permis d'en douter… et même permis de peser exactement l'inverse !

* Savoir faire des choix

M. Balladur paraît être un honnête homme, et à ce titre, il n'y a rien de plus normal qu'il rejoigne les positions défendues par le Front National. Tout homme sain, doué de coeur et de raison, ferait de même. La préférence nationale, en effet, n'a rien à voir avec le racisme, le nazisme ou que sais-je encore… La préférence nationale est une préférence naturelle. Elle est inscrite dans la logique naturelle du monde, qui veut que l'on protège en priorité ses petits, ses proches, en un mot ceux qui appartiennent à la même communauté. L'éthologie, l'étude du comportement des espèces animales dans leur meilleur naturel, est à cet égard une science du plus haut intérêt pour la vie politique.

* La préférence nationale est inscrite dans la logique naturelle du monde

Pour nous autres, Français, c'est sur le sentiment d'appartenance à la nation, qui est une communauté de destin, que se fonde notre Constitution. Il est donc normal que l'organisation de la vie sociale prenne en compte la “préférence nationale” quand certains problèmes se posent à grande échelle. Même Michel Rocard, Premier Ministre lui aussi, reconnaissait que la trace ne pouvait accueillir toute la misère du monde. L'une des fonctions essentielles de la politique consiste à procéder à des choix. Certains sont faits à contre-coeur, sans enthousiasme, mais doivent l'être car l'intérêt supérieur du pays l'exige. L'inversion des flux migratoires est de ceux-là. Quand un pays n'est plu à même de fournir du travail à ses enfants, quand il n'est plus capable de leur assurer un niveau de vie décent, quand le niveau des prestations sociales baissent, alors, oui, quand on est homme politique, il faut avoir le courage de faire des choix.

* La France et les Français d'abord

Face à une telle situation, il y a deux attitudes.

Ou bien se verser d'illusions et d'utopies, continuer à prendre des vessies, pour des lanternes sans voir plus loin que le bout de son nez, comme le font les pseudo-autorités morales, qui prétendent que la terre n'est qu'un seul monde, qu'il n'est pas de frontières, ni de races, ni de patries. On remarquera d'ailleurs que les totalitarismes puisent leur source dans ce genre de constructivisme. Car, nier les réalités, nier les évidences naturelles, aboutit toujours au désastre.

Ou bien regarder la réalité en face, et agir lucidement. C'est ce que nous essayons de faire. M. Balladur se pose des questions. Il a raison. Et qu'il se rassure : Le Front National a les bonnes réponses. Depuis longtemps, nous avons entamé une réflexion générale sur les causes de la décadence de notre pays, et depuis longtemps nous proposons des solutions humaines, dignes et réalistes. Notre entreprise de redressement national est fondée sur un impératif : la France et les Français d'abord. C'est ce simple message de bon sens que nos ennemis s'efforcent de noyer sous des flots d'injures, de mensonges, de calomnies.

Aussi, que le mur de la bêtise commence à se fissurer et que des hommes de bonne volonté se rallient à nos idées et à notre programme est de bon augure pour les combats à venir.


* Une Idée qui fait son chemin

En lançant le 14 juin dernier, l'idée d'un débat sur la préférence nationale l'ancien Premier ministre Edouard Balladur a jeté un pavé dans la mare du consensus politicien. Qu'un dirigeant politique de premier plan estime nécessaire, conformément au souhait de sa base électorale, d'ouvrir un débat sur le coeur même du programme frontiste de renaissance nationale montre combien la « lépenisation des esprits » avance

En mars dernier, dans sa stratégie de main tendue en direction de tous les adversaires du socialo-communiste, le Bureau Politique du FN avait jugé prématuré d'inscrire dans les six points devant orienter l'action des futurs exécutifs régionaux la notion de préférence nationale, coeur même du programme frontiste. Il ne s'agissait évidemment pas de renier ni même d'abandonner provisoirement cette partie essentielle du discours nationaliste, mais de permettre un dialogue sur des points de plus grande convergence avec tous ceux qui souhaitaient empêcher la conquête des régions par des minorités de gauche. L'onde de choc déclenchée par cette stratégie n'a pas fini d'être ressentie sur la scène politique française. Ce qui était encore vrai, il y a quatre mois ne l'est déjà plus aujourd'hui pour une droite déboussolée.

* La fin d'un tabou

Les dernières déclarations d'Edouard Balladur en témoignent. Non pas qu'elles aillent bien loin : Jean-Marie Le Pen a d'ailleurs estimé qu'il s'agissait d'“une initiative modeste, simple et naturelle”. Mais elles ont forcé l'ensemble de la classe politique à prendre position, d'Alain Krivine à Alain Madelin. Chacun y a été de sa petite phrase, mais le sentiment laissé à l'opinion est incontestablement que la préférence nationale est bien désormais au coeur du débat politique français. On peut être pour ou contre, favorable à un débat comme Giscard d'Estaing ou Millon, dire comme Nicolas Sarkozy que la préférence nationale n'est pas choquante puisqu'elle est appliquée dans la fonction publique ou juger encore qu'il s'agit là d'un piège frontiste comme la plupart des ténors de gauche, il n'en reste pas moins que tout le monde en parle. C'est-à-dire que le sujet n'est plus tabou. Il faut dire qu'il ne l'était vraiment qu'en France puisqu'on se souvient des récentes déclarations favorables à certaines mesures de préférence nationale des dirigeants conservateurs de première.

* Et chez les autres ?

Diabolisée en France par l'intelligentsia de gauche et les gardiens d'orthodoxie mondialiste, la préférence nationale est appliquée dans de nombreux pays étrangers et ceux des domaines aussi variés que l'[illisible], les prestations sociales ou l'accession à la propriété. Au Maroc par exemple il est impossible pour tout étranger de posséder des terres agricoles, tandis que certaines professions libérales sont réservées exclusivement aux nationaux. En Suisse, la préférence nationale est le fondement de la Constitution. L'exemple du métier d'avocat, des professions libérales, ou la gestion d'une entreprise lié à la possession de la nationalité helvétique, et l'obtention d'un permis.