Texte intégral
Mesdames, Messieurs les Ministres et Secrétaire d'Etat,
Messieurs les Présidents,
Chers amis,
C'est pour moi une très grande joie d'ouvrir ici la conférence annuelle de l'Association internationale des écoles et instituts d'administration et de vous accueillir à Paris.
Je voudrais saluer en particulier la présence ici de Madame Jeanne DAMBENDZET, Ministre de la fonction publique du Congo, de Monsieur Ousmane BATOKO, Ministre de la fonction publique du Bénin et Président de la Conférence des ministres de l'Observatoire des fonctions publiques africaines.
Vous venez de près de 60 pays de toutes les parties du monde et vous représentez une dizaine d'organisations internationales ou non gouvernementales.
A vous tous, je souhaite, au nom du gouvernement français, la bienvenue.
Cette manifestation est remarquable à plusieurs titres.
Tout d'abord, elle s'inscrit dans un ensemble de manifestations. Celles-ci ont débuté avec le XXIVème Congrès des sciences administratives, qui s'est tenu du 7 au 11 septembre à l'UNESCO, sous la responsabilité de l'Institut français des sciences administratives sur le thème « Le Citoyen et l'administration ».
Cette semaine, l'Institut international d'administration publique et l'Ecole nationale d'administration accueillent deux conférences qui vont se dérouler parallèlement dans les locaux de ces deux établissements du 14 au 17 septembre : la conférence annuelle de l'Association internationale des écoles et des instituts d'administration ouvre ce matin, celle du Groupe européen d'administration publique, cet après-midi. Avec d'autres rencontres, ces manifestations forment la Quinzaine de l'administration publique, un évènement exceptionnel pour tous ceux qui s'intéressent à l'administration publique.
C'est la première fois que cette manifestation se déroule à Paris ; cet évènement a pour la France valeur de symbole. En effet, notre pays a une tradition très forte et très ancienne d'administration publique et plus spécifiquement d'écoles de formation des fonctionnaires, tradition de plus de deux siècles. Les plus anciennes écoles formaient les ingénieurs de l'Etat sous l'Ancien Régime : celles des Ponts et Chaussées a été instituée en 1747 celle des Mines en 1783.
Elles ont été suivies de l'Ecole polytechnique en 1795 ainsi que d'autres qui toutes visaient à fournir à l'Etat les corps des hauts techniciens dont il avait besoin. Plus tard ont été créées les écoles d'administration générale, telles l'Ecole nationale d'administration, ou spécialisées comme l'Ecole nationale de la santé publique, créées toutes deux en 1945, ou encore les Instituts régionaux d'administration en 1966. Une session sera consacrée cet après-midi à l'expérience française en matière de formation, présentée non comme un modèle achevé mais plutôt comme un témoignage destiné à confronter différentes voies. En effet, la fonction publique recouvre selon les pays des notions différentes. Le personnel hospitalier, les enseignants, les agents des collectivités locales font partie de la fonction publique en France. Il n'en est pas de même partout. Il faut donc prendre en compte cette dimension pour travailler avec pertinence.
Vous avez vous-même des expériences très différentes. Vous venez de pays extrêmement divers dont certains connaissent ou ont connu à une date récente, des situations de crise ou de transition politique, sociale, économique. La rareté des ressources conduise beaucoup d'entre vous à opérer des choix difficiles.
Vous êtes responsables d'écoles et d'instituts dont certains sont rattachés au gouvernement, d'autres ont un statut universitaire. Vos expériences en matière de gestion de la formation, d'innovations pédagogiques, de formation continue, est pour nous tous très riche d'enseignements.
Certains d'entre vous ont des systèmes de fonction publique de carrière, d'autres des systèmes d'emploi ou encore les deux à la fois. Les modes de recrutement et de formation sont eux-mêmes d'une très grande diversité.
Et pourtant, en dépit de situations nationales très contrastées, vous avez tous une préoccupation commune : comment former au mieux les serviteurs des collectivités publiques, les serviteurs du public ?
Le thème qui a été choisi pour cette conférence me semble particulièrement pertinent : les écoles et instituts d'administration, agents du renforcement de la gestion des ressources humaines et du changement. Il s'agit en effet d'un véritable défi auquel, au sein des séances plénières des ateliers, groupes de travail, vous tenterez de répondre.
En effet, les écoles et instituts de formation jouent désormais un rôle déterminant dans la capacité d'adaptation des administrations publiques aux transformations de la société. Les Etats doivent faire face aux défis de l'internationalisation des économies. Ils doivent accroître en même temps leur efficacité tout en maîtrisant les dépenses publiques. Ils doivent favoriser la croissance économique et la satisfaction des besoins sociaux essentiels que constituent la santé, la réduction de la pauvreté et de l'analphabétisme, la protection de l'environnement, le développement des infrastructures. Mais, ils doivent aussi laisser place à l'initiative privée et aux acteurs sociaux.
Les écoles et instituts d'administration sont des acteurs du changement et doivent développer une vision prospective du rôle de l'Etat, d'un Etat fondé sur les principes d'efficacité et de transparence de l'action publique, de compétence et d'honnêteté des fonctionnaires, de qualité et d'accessibilité à tous des services collectifs, de participation et d'association des citoyens. Un Etat garant de la cohésion sociale et territoriale.
Or, vous le savez, le succès des réformes, aussi pertinentes soient-elles, nécessite la pleine adhésion et l'implication personnelle des agents du service public. Leur formation constitue donc une priorité.
La généralisation de l'usage des technologies et des réseaux d'information ont permis l'émergence du concept de « société de l'information ». L'information est ainsi devenue une arme économique de première grandeur, dont tous les pays doivent s'attacher à tirer le meilleur profit. L'administration doit se situer à l'avant-garde de ce mouvement. Les écoles d'administration ont à cet égard la responsabilité particulière de former leurs élèves à la maîtrise de ces nouveaux outils.
Plus généralement, il appartient aux écoles et instituts de fournir aux gouvernements des administrateurs qui soient à la fois compétents et créatifs, stratèges et hommes de terrains, bons gestionnaires et respectueux de l'Etat de droit, aptes à la réflexion critique et à l'apprentissage permanent.
Ils devront proposer des programmes qui anticipent les évolutions à venir, fournissent les moyens d'une adaptation permanente des administrations aux évolutions sociales ou institutionnelles. Je pense, par exemple, aux fonctionnaires des pays membres de la Communauté Européenne qui doivent intégrer les mécanismes et le droit européens.
Je le disais, la formation est un élément clé de la réforme de l'Etat et de la modernisation des administrations publiques. Elle doit être intégrée dans les stratégies de gestion des ressources humaines. Cela suppose un effort de planification et d'intégration à tous les niveaux en vue d'adapter l'offre de formation aux besoins présents et futurs de la fonction publique.
Les écoles et les instituts doivent aussi jouer un rôle d'initiative et d'expertise. Etablissements d'enseignement et de recherche, situés à la croisée de la réflexion et de l'action publique, ils constituent une force de diagnostic et de proposition dans le processus de réforme de l'Etat. Enfin, ils peuvent constituer des pôles efficaces en matière de coopération internationale. La réunion d'aujourd'hui en est un exemple. Il s'agit d'un domaine que je considère comme essentiel pour aider un certain nombre d'Etats à asseoir une stabilité institutionnelle et finalement conforter la démocratie dans leurs pays.
Ainsi dans l'établissement qui nous accueille aujourd'hui, l'ENA, et à l'Institut international d'administration publique où se poursuivront vos travaux, plus de 10 000 auditeurs étrangers ont été accueillis depuis près de 50 ans. Ces écoles deviennent ainsi des lieux d'échanges culturels qui enrichissent certes les stagiaires eux-mêmes, mais qui permettent aussi de nouer des liens durables entre les futurs responsables administratifs, et parfois politiques, de nos pays. Il faut poursuivre cet effort, l'adapter pour pouvoir répondre plus précisément aux besoins de formation exprimés par les pays ayant des traditions administratives moins affermies.
Aujourd'hui, vous aurez à débattre de toutes ces questions : quel bilan tirer des expériences en cours ? Quelles conséquences pour les écoles et les instituts d'administration ? Quelles perspectives se dessinent pour les années à venir ?
L'Association internationale des écoles et instituts d'administration a établi en effet pour cette conférence un programme particulièrement dense.
Mais le Comité d'organisation de cette conférence a aussi veillé à ce que votre séjour à Paris soit le plus agréable possible et je suis persuadé que vous saurez profiter des possibilités qui vous seront offertes.
Avant de conclure, je souhaite remercier tout particulièrement : le président Gabriel WILLIAM, dont le mandat à la présidence de l'AIEIA s'achève cette semaine, pour le soutien qu'il a apporté à la préparation de cette conférence, Madame Turkia OULD DADDAH pour son attachement aux grandes causes du développement et de la coopération et sa passion pour une administration efficace et humaine, Monsieur Mohan KAUL, Président du Comité des programmes, pour l'intérêt des thèmes retenus, Monsieur Raymond-François LE BRIS pour l'hospitalité qu'il nous accorde, ce matin, dans cette prestigieuse maison, et enfin, Monsieur Didier MAUS, Président du Comité d'organisation et Directeur de l'HAP, et toute l'équipe qui, autour de lui, a travaillé à la réussite de cette rencontre.
Je voudrais remercier par avance tous ceux qui sont ici présents et qui par leurs exposés, leurs témoignages, leurs expériences vont enrichir les débats. C'est pour la France un honneur d'accueillir cette conférence. Je vous adresse mes voeux les plus chaleureux de succès.